Universal War Two, T1 : Le temps du désert – Denis Barjam

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Titre : Universal War Two, T1 : Le temps du désert
Scénariste : Denis Barjam
Dessinateur : Denis Barjam
Parution : Septembre 2013


Universal War One est ma série de science-fiction préférée. J’ai eu le plaisir de découvrir régulièrement la sortie de chacun des tomes de cette grande saga du neuvième art. J’avais succombé sous le charme de ce scénario complexe et travaillé. Il maîtrisait le voyage dans le temps avec une maestria assez remarquable. Le dénouement du sixième et dernier tome offrait une conclusion à la hauteur de l’intrigue. Cela ne m’a pas empêché d’être agréablement surpris de voir que cette grande aventure allait connaître une suite intitulée sobrement Universal War Two. Le premier tome s’intitule Le temps d’un désert. Il est édité chez Casterman et sa parution date du vingt et un septembre dernier. Il est toujours l’œuvre de Denis Bajram.

UW21cLa quatrième de couverture propose le résumé suivant : « La Première Guerre Universelle a été apocalyptique. L’humanité a manqué d’être anéantie en même temps que la Terre. Et la situation des survivants reste dramatique partout dans le système solaire. Sur Mars, on observe avec inquiétude le soleil mourir, dévoré par l’ultime wormhole laissé par la dictature. Après quelques années de paix, c’est une nouvelle tragédie qui se prépare. Et cette fois, elle embrasera toute la galaxie. »

Ecrire une suite est quelque chose de complexe. En effet, le lecteur s’y plonge avec la nostalgie du plaisir ressenti en lisant la série originale. Il est toujours difficile de répondre à des attentes élevées. C’est donc plein d’espoirs que j’ai découvert la première page de ce nouvel album. Il se situe quelques années après le dénouement du cycle précédent. La conséquence est que la continuité n’est pas trop compliquée à reformer. Je n’ai eu aucun mal à prendre mes repères dans cette période post-apocalyptique. Par contre, je me dois de préciser qu’il est indispensable d’avoir lu le premier cycle pour maîtriser tous les tenants et les aboutissants de la trame.

L’auteur ne se refuse rien

Cet opus est un nouveau départ. Il nécessite donc de remettre la machine en marche. Bajram ne s’en sort pas trop mal. La narration n’est pas rouillée et les nouveaux enjeux sont rapidement présentés. La situation est claire et les personnages sont installés. J’étais évidemment curieux de savoir ce qu’étaient devenus mes héros familiers. Ils sont évoqués sans excès. Je n’ai donc eu aucun mal à me plonger dans cet univers que j’appréciais temps. J’ai ressenti le plaisir de retrouver un monde familier auquel j’associais de très bons souvenirs.

UW21aL’auteur ne se refuse rien. Il s’offre une machine apte à faire disparaître le soleil à moyen terme. Ce n’est pas rien ! Le fait de détruire la Terre dans la première saga ne lui avait pas suffi. D’ailleurs les événements s’enchaînent assez vite. Le fait que le wormhole soit connu fait disparaitre le côté mystérieux qui habitait la première saga. Le suspense ressenti était donc moins intense que je l’espérais. J’ai été moins surpris que je le supposais au cours de ma lecture. Néanmoins, je ne me suis pas ennuyé, loin s’en faut. La trame est relativement dense. L’auteur ne se perd pas en digression. C’est agréable car beaucoup de premiers tomes ont ce défaut. La fin de l’album laisse le lecteur plein de questions bien qu’il l’ait abreuvé d’informations tout au long de la cinquantaine de pages qui compose ce tome.

Concernant les dessins, le travail est sérieux et appliqué. Les illustrations spatiales sont remarquables et facilitent le dépaysement. Je n’ai eu aucun mal à m’imaginer dans l’espace sur des planètes inconnues. Les décors et les vaisseaux sont également très détaillés et raviront les adeptes de Star Wars. Concernant les personnages, je suis moins sous le charme. Malgré tout, ils possèdent suffisamment d’identité graphique pour que je me les approprie au cours de ma lecture.

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En conclusion, ce nouveau cycle débute sur des bases sérieuses. Je suis optimiste quant à l’évolution de cette nouvelle aventure qui pourrait se montrer à la hauteur de son prédécesseur. Il ne me reste donc plus qu’à attendre la parution du prochain tome. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 15/20

La Capote qui Tue – Ralf König

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Titre : La Capote qui Tue
Scénariste : Ralf König
Dessinateur : Ralf König
Parution : Mai 1999


Ralf König est un auteur de bandes-dessinées humoristiques allemand dont les protagonistes sont pour la plupart homosexuels. Dans le recueil « La capote qui tue », on trouve deux histoires : « La capote qui tue » et « le retour de la capote qui tue ». Tout de suite on comprend combien il va falloir faire preuve de second degré pour avaler la pilule ! Je connaissais déjà Ralf König par « Les nouveaux mecs » qui tenait plus de l’analyse sociologique des rapports hétéro/homo.

Car ici, c’est de série B qu’il s’agit (voire de série Z). C’est complètement barré mais parfaitement assumé. Le tout est présenté comme un film, avec nom d’acteurs, de réalisateur… Rapidement, on voit que c’est les milieux les plus mal famés de l’homosexualité que l’on va explorer. Hôtels de passe avec travestis, milieu du cuir… König ne fait pas dans la dentelle.

On suit l’histoire de Mécaroni, un inspecteur homosexuel et un peu rustre sur les bords. Sa particularité est d’avoir un sexe énorme (40 cm) et d’arriver à se taper à chaque histoire un bel étalon. Son côté blasé et homo le met en complet décalage avec ses collègues qui lui reprochent sa vie de débauche. Essentiellement, Mécaroni est l’homme qui permet de montrer la vision du monde consensuel sur l’homosexualité.

Concernant l’histoire, cette capote tueuse apporte un vrai suspense : Mécaroni va-t-il se faire manger le sexe après s’être fait mangé une première couille ? La tension est palpable de bout en bout. La première histoire fait appel aux hôtels de passe, la seconde (qui voit le retour de la capote) est encore plus barrée et part dans des histoires de savants fous. Elle a le mérite d’expliquer l’existence de cette fameuse capote.

Homo refoulé, bars gay et vie d’hétéro chiante à mourir

Remise dans le contexte, il faut signaler que ces histoires sont parues en pleine campagne de prévention contre le SIDA (première publication en 1988 et 1990). C’est donc en pleine peur du sexe et apprentissage du préservatif que se situe l’intrigue. Il y a donc une forme de message dans cette histoire. Ainsi, un flic déclare : « Cette putain de campagne anti-SIDA coûte au gouvernement des millions de dollars, rien que pour que les gens mettent des capotes avant de baiser. Maintenant, ils ont tous peur que ces trucs les bouffent !!! » Cela n’est évidemment pas anodin et permet de voir plus loin que la simple série B dans cet ouvrage. On retrouve également des thèmes récurrents dans les ouvrages de König : l’homosexuel refoulé, les bars gay, la vie de l’hétéro chiante à mourir…

Le graphisme de König, très reconnaissable avec ses gros nez, fait mouche. Un soin particulier a été apporté aux ambiances pour coller à l’esprit cinématographique. Les premières pages sont simplement magnifiques. Les scènes de nuit et de bars sont également très réussies. Le tout est dessiné dans un noir et blanc très maîtrisé.

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Je préfère prévenir que König n’hésite pas à montrer des scènes d’accouplement entre hommes à de multiples reprises. Si certains sont gênés par ce genre de choses, mieux vaut éviter « La capote qui tue »qui a tendance à être bien plus explicite que dans d’autres des ouvrages de l’auteur. Si je ne trouve pas ça particulièrement choquant (ce n’est pas trash en soit), cela dépend de la sensibilité de chacun.

« La capote qui tue » est donc une BD complètement déjantée et menée avec brio. Il y a un vrai suspense, des personnages secondaires réussis, un humour omniprésent… Le tout se lit avec plaisir, même s’il vaut mieux ne pas lire les deux histoires à la suite, à cause d’une certaine redondance entre elles. A lire d’urgence pour les moins coincés d’entre vous !

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Note : 15/20

Templiers, T1 : La chute – Jordan Mechner & LuUyen Pham

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Titre : Templiers, T1 : La chute
Scénariste : Jordan Mechner
Dessinateur : LuUyen Pham
Parution : Janvier 2014


Les Templiers m’ont toujours intrigué. Toute histoire les mettant en jeu m’attire. Ils cumulent un bon nombre d’arguments à mes yeux : le Moyen-Âge est une époque qui me plaît, la dimension religieuse est toujours intéressante, le mystère qui les entoure attise la curiosité… Enfin, il est aisé de greffer une petite dose d’ésotérisme pour finaliser la recette.

C’est pourquoi, au hasard de mes pérégrinations dans les rayons de librairie, j’ai été appâté par un ouvrage à la couverture sobre. D’un format davantage proche de celui d’un roman que d’un album de bandes dessinées, il s’intitule « Templiers ». Ce seul titre a éveillé mon attrait. En le feuilletant, je suis tombé sous le charme des dessins. En quelques pages, j’avais commencé à voyager dans le temps et avait plaisir à me retrouver dans les pas de ces célèbres chevaliers.

templiers1aLa quatrième de couverture présente les mots suivants : « Les Chevaliers du Temple. Vénérés pour leur noblesse, leur férocité dans la bataille, et leur dévotion religieuse, les Templiers étaient des chevaliers de Dieu, exempts de tout péché et à l’âme pure. Du moins la plupart d’entre eux. Martin n’est pas exactement la plus opiniâtre ou le plus pieux des chevaliers, mais il parvient à s’échapper quand le roi de France décide d’abattre l’Ordre des Templiers afin de mettre la main sur leur légendaire trésor. Après un temps de souffrance et d’errance, il retrouve d’anciens compagnons et met au point un plan des plus audacieux… voler le plus grand trésor du monde au nez du roi. »

Le bouquin est le premier tome de l’histoire. Il s’intitule « La chute ». Edité chez Akileos, il se compose de deux cents quarante pages. J’ai souvent du mal avec une telle structure. Il est en effet rare qu’un album arrive à conserver une qualité constante sur une telle longueur. En tout cas, sorti de « Blast », je ne vois pas parmi mes lectures récentes un autre exemple d’opus aussi long à m’avoir conquis. Ce livre se découpe en chapitres qui offrent des repères intéressants dans la lecture.

L’avantage d’allonger l’intrigue sur plus de deux cents pages est de permettre la construction de beaucoup de personnages qu’ils soient centraux ou secondaires. La trame est relativement dense et fait exister un grand nombre de protagonistes. Le travail graphique de LeUyem Pham que je découvre ici fait exister chaque membre de l’aventure et implique ainsi fortement le lecteur. La sympathie dégagée par Martin et ses amis apporte un écot certain au plaisir de la découverte de leurs pérégrinations.

On entre vite dans le vif du sujet.

L’intrigue ne se résume pas à suivre les pas de personnages auxquels on s’est attaché. La trame ne perd pas de temps à se mettre en place. Le scénariste Jordan Mechner ne s’autorise pas à un long round d’observation. Malgré le grand nombre de pages, il ne perd pas de temps à plonger ses héros dans le vif du sujet. La conséquence est que l’immersion du lecteur est rapidement profonde. Les événements s’enchaînent à un rythme soutenu. Martin est un fugitif. Il est donc en permanence sur le qui-vive. L’histoire ne s’autorise donc aucun temps mort pour notre plus grand plaisir. Le suspense, sans être insoutenable, est toujours présent. La narration est agréable et les pages défilent sans qu’on s’en rende compte.

Le travail graphique qui m’avait conquis lors de ma première rencontre avec l’ouvrage a enchanté ma découverte du tome. Je trouve que le trait de Pham accompagne parfaitement le côté rythmé des scènes et l’aventure qui transpire de chaque page. L’identité des personnages s’accordent aussi parfaitement avec l’atmosphère générale. Les décors suggèrent aisément le dépaysement autour temporel que géographique.

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Au final, « Templiers » est un premier opus intéressant. Je me suis laissé prendre par l’intrigue et suis curieux de lire la suite. La bonne nouvelle est que le deuxième épisode est sorti en avril dernier. Il ne me reste donc plus qu’à me le procurer. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 15/20

 

Maurice et Patapon, T5 : Ni dieu, ni maître ! – Charb

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Titre : Maurice et Patapon, T5 : Ni dieu, ni maître !
Scénariste : Charb
Dessinateur : Charb
Parution : Mai 2012


« Ni Dieu ni maître ! » est le titre ambitieux du cinquième tome des aventures de « Maurice et Patapon ». Les deux personnages sont le fruit de l’imagination de Charb, auteur connu pour son travail avec « Charlie Hebdo ». D’ailleurs ce dernier ouvrage a été édité aux Editions Les Echappés dans la collection Charlie Hebdo. Son apparition dans les rayons date de mai dernier. Il est d’un format classique et est vendu pour environ treize euros. La couverture nous présente Dieu en train de donner des hosties à un chat pendant qu’un chien s’apprête à lui donner un coup de marteau sur la tête. Tout un programme !

Wikipedia (www.wikipedia.fr) offre une présentation à la fois synthétique et limpide de cet ouvrage : « Maurice est un chien bisexuel, anarchiste aimant les excréments, la sodomie et le sexe tandis que Patapon est un chat asexuel, fasciste et ultra-libéral, aimant la mort et la souffrance (des autres). » Voilà qui est clair : âme sensible s’abstenir !

Cet album peut se lire sans avoir lu les quatre précédents. D’ailleurs, chacune de ses pages est indépendante des autres. Les planches se  décomposent essentiellement en strip développé sen trois cases. Chacune possède quatre gags. Ponctuellement, une anecdote occupe toute la page. Cela offre une lecture dense. Cette construction empêche les temps morts et les périodes de transition. Vu la présentation faite des personnages, il apparait évident que cette lecture s’adresse à un public averti. Les plus jeunes risquent de ne pas sortir indemne d’une telle découverte.

Une absence de limite et de tabou.

Les différentes caractéristiques de Maurice et de Patapon laissent ouvert bon nombre de thématiques humoristiques. Certains gags sont scatologiques, pornographiques ou amoraux. Le point commun entre toutes ces scénettes est l’absence de limite et de tabou que s’autorise l’auteur. Charb dit tout ce qu’on peut imaginer de plus crade et immoral sans se l’interdire. Sa vision du monde et de l’humanité est radicale et assez pessimiste. On ne peut pas dire que les bons sentiments soient de sortie. En ce sens, « Ni Dieu ni maître ! » ne s’adresse pas à tout le monde. Je comprends aisément que certains soient mal à l’aise ou choqués devant de tels propos. Mais je rassure les adeptes du genre : c’est du haut de gamme ! L’immense majorité des strips font mouche. On rigole avec plaisir des excès crades et moraux du scénariste. La variété des thématiques traitées fait qu’on ne ressent à aucun moment un sentiment de répétition ou de lassitude. La performance est d’autant plus remarquable que Charb a déjà offert quatre albums construits sur ce principe. A priori, son imagination est sans limite dans le domaine.

Mais le propos ne prendrait pas toute son ampleur sans un dessin à l’avenant. Charb n’a pas de limite dans ses vannes, pourquoi en aurait-il dans son trait ? Les deux personnages principaux sont graphiquement réussis et leurs expressions donnent une vraie matière à leurs discours. Mais l’auteur ne nous montre pas toujours tout. Certains gags justifient une mise en image de l’idée présentée. D’autres laissent notre imagination travailler et ce n’est pas rien vu les thèmes évoqués ! La coloration est simple car, à l’exception de quelques objets ponctuels, seuls nos héros sont colorés. Maurice est orange et Patapon jaune. Les décors sont quasiment inexistants.

En conclusion, « Ni Dieu ni maitre ! » est un ouvrage qui ne laisse pas insensible. Son humour ne fera pas rire tout le monde, je le consens aisément. Par contre, ceux qui riront le feront de bon cœur et prendront un vrai plaisir à découvrir chacune des pages. De plus, le fait que « Maurice et Patapon » ne baisse pas de qualité après autant de tomes est un gage de qualité qu’on se doit de signaler. Cela fait que je n’hésiterai pas à m’offrir le prochain opus des aventures de ces héros dès sa sortie. Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 15/20

 

Le journal de Jules Renard lu par Fred – Fred

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Titre : Le journal de Jules Renard lu par Fred
Scénariste : Fred
Dessinateur : Fred
Parution originale : Avril 1988
Réédition : Janvier 2014


Jules Renard est un écrivain français décédé il y a un petit peu plus d’un siècle. Son Journal est un de ses œuvres majeures. Rédigé entre 1887 et 1910, il a été édité à titre posthume en 1925. Je ne l’ai jamais lu. Il n’est donc pas directement le sujet de ma critique d’aujourd’hui. En effet, l’album que j’évoque aujourd’hui m’a attiré par le nom de son auteur, Fred. Cet écrivain est le créateur de Philémon, œuvre majeure à mes yeux du neuvième art. Le brillant créateur est décédé l’année dernière. Sa disparition a donné lieu à bon nombre de rééditions d’œuvres anciennes nées de sa plume.

LeJournalDeJulesRenard1« Le Journal de Jules Renard lu par Fred » date de 1988. L’opus que je me suis procuré est paru en janvier dernier chez Dargaud. Il se démarque de son prédécesseur par le fait qu’il ait été mise en couleur par Isabelle Cochet. Il s’agit d’un très bel objet. La texture de la couverture ou l’épaisseur des pages participent pleinement au plaisir de la lecture et incite fortement à s’y plonger. Il se compose de cinquante-quatre planches. François Morel préface cet ouvrage.

Chaque planche peut se lire indépendamment.

La trame se construit à travers le dialogue de Jules Renard avec un corbeau. Ils échangent au cours d’une balade qui débute à la première page et se clôt à la dernière. Malgré cette continuité narrative, chaque planche peut se lire indépendamment. Elle se conclut toute de la même manière : Renard et le corbeau s’éloignent vers l’horizon en offrant une morale ou une vérité. La force de cette construction est d’offrir une densité de lecture importante. Il n’y a aucun temps mort. Les périodes de transition sont proscrites. Ce bouquin peut se dévorer d’une traite ou au contraire se déguster par petites bouchées au hasard des pages et des moments.

LeJournalDeJulesRenard2Le texte est issu du Journal de Jules Renard. Si je ne le savais pas, je n’aurais eu aucun mal à imaginer que ces mots sont nés dans l’esprit de Fred. En effet, le ton et la profondeur des propos coïncident parfaitement avec ceux qui habitent habituellement les productions du talentueux auteur de bandes dessinées. L’heure n’est pas à la rigolade. La dépression et le fatalisme sont davantage de sortie. Malgré cela, la lecture est agréable et prenante. Je suis totalement conquis par l’atmosphère qui transpire de cette balade champêtre au milieu de nulle part. Le travail graphique permet un dépaysement qui place le lecteur dans les conditions optimales pour savourer le contenu des bavardages entre cet homme et ce corbeau. Les planches sont un plaisir pour les yeux. S’immerger à nouveau dans l’univers pictural de Fred est un vrai bonheur.

Quasiment l’intégralité de l’espace est occupée par les deux protagonistes principaux. Ils ne croisent presque personne au cours de leurs pérégrinations à la campagne. Ce sentiment d’être coupé du monde ou de voir la réalité en suspens intensifie leurs propos. La force des mots attise alors la curiosité et incite le lecteur à s’investir complètement dans sa lecture. De plus, la densité des déclarations faites par l’homme ou le volatile fait qu’une relecture est presque aussi riche qu’une première découverte.

Au final, cet opus est une belle réussite. J’ai pris énormément de plaisir à le lire et n’hésiterai pas à m’y plonger à nouveau à l’occasion. Malgré le côté linéaire de sa narration, il ne manque pas d’aspérités et ne laisse pas indifférent bon nombre de fois. Je suis ravi qu’il trouve sa place dans ma bibliothèque et ne peut que vous inciter à partir à sa rencontre…

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Note 15/20

Le jeu vidéo – Bastien Vivès

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Titre : Le jeu vidéo
Scénariste : Bastien Vivès
Dessinateur : Bastien Vivès
Parution : Décembre 2011


Bastien Vivès a tenu ce qui était certainement l’un des meilleurs blogs BD de la blogosphère. Utilisant le copier-coller pour créer de longues conversations souvent absurdes, il a parfaitement su utiliser le principe du défilement vertical pour créer un effet de temporalité (renforcé par les cases muettes). Fin 2011, la collection Shampooing lui ouvre les portes avec la publication de ses notes de blog. Et là, curieusement, il est décidé de sortir pas moins de six volumes pesant près de 200 pages dont les parutions sont étalées sur un peu plus d’un an. A dix euros le bouquin, ça fait cher le recueil de blog… Trop pour moi qui décidais de les lire en bibliothèque. Surtout que l’aspect thématique des ouvrages est plus ou moins réussi. Intéressons-nous ici au jeu vidéo dans ce qui est le premier opus publié.

LeJeuVidéo1Le livre se présente sous un format poche rappelant le manga. Chaque page comporte deux dessins (voire même un seul pour des questions de mise en page) apposés verticalement. Chaque scène présente de nombreux copier-coller ou presque. Certaines modifications apparaissent entre deux cases parfois, mais cela reste léger. Cela explique la pagination, car il n’y a pas tant de scènes que ça. C’est clairement un choix d’édition et on comprend bien vite qu’avec un autre format, on aurait eu droit à un seul recueil à vingt euros.

Street fighter & joystick

Malgré cet effet de répétition, le lecteur en a pour son argent. Les nombreux dialogues rendent la lecture relativement lente et si on a l’impression de tourner les pages à toute vitesse, le bouquin nous occupe un certain temps. Pour « Le jeu vidéo », Bastien Vivès est très à l’aise et il n’y a pas vraiment de déchets dans ses histoires. La qualité des scènes est constante et on sourit beaucoup. Mieux vaut connaître un peu les années 90 car il en est beaucoup fait mention. On parle de joystick et de Street Fighter (visiblement un jeu qui a marqué l’auteur). L’aspect nostalgique est très présent, notamment dans les conflits générationnels.

Le dessin de Bastien Vivès est ici réussi, même si les copier-coller rendent l’exercice un peu biaisé. Son dessin ultra-dynamique fait de touches de noir est reconnaissable et remarquable. Cela reste quand même très statique. Il est cependant impressionnant de voir que l’auteur peut nous faire rire sans même utiliser les expressions de ses personnages…

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Si les choix éditoriaux sont contestables, la qualité de l’ouvrage ne l’est pas. Drôle et un brin nostalgique, « Le jeu vidéo » se lit avec grand plaisir et vous rappellera vos moments de jeunesse devant la console, un magazine sur les genoux, à essayer de faire un coup spécial jusqu’à l’épuisement.

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Note : 15/20

L’infiniment moyen – Fabcaro

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Titre : L’infiniment Moyen
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Avril 2011


Dans « L’infiniment moyen », Didier Tronchet dit dans sa préface que Fabcaro « met beaucoup d’application à ne pas être connu ».Et c’est bien dommage, car Fabcaro a du talent à revendre ! « L’infiniment moyen » est un recueil de planches déjà parues entre 2003 et 2011, notamment dans Psikopat, Bedaine et CQFD. Un florilège sur 8 ans de dessin, on pourrait craindre un ensemble disparate. Heureusement, ce n’est pas du tout le cas.

« L’infiniment moyen » comporte trois types de planches. Les premières sont muettes et la chute est souvent un contre-pied complètement absurde. Les deuxièmes sont plus classiques, avec dialogues et chutes finales (où l’auteur se met parfois en scène). Enfin, quelques illustrations complètent le tableau. Le tout est évidemment entièrement humoristique.

Un humour oscillant entre humour classique et humour franchement glauque.

La variation des situations et des personnages peut être pris comme un défaut et pourtant il est aussi révélateur de la capacité de Fabcaro à faire des blagues en créant un contexte rapidement. Pas d’univers sur lequel se reposer, pas de blagues récurrentes, uniquement de l’instantané. Et force est de constater que le tout est très drôle, oscillant entre le classique et le franchement glauque. Il y en a pour tous les goûts.

Je tiens à féliciter les personnes qui ont participé à la maquette de cet ouvrage. En effet, les différents types de planches sont parfaitement équilibrés entre illustration, muet et parlant. On croirait presque que c’est un ouvrage dessiné pour l’occasion. On découvre ainsi un Fabcaro possédant un véritable univers, une ambiance pleine d’humour noir et décalé. On est souvent surpris et les rires sont fréquents lors de la lecture. Encore une fois, Fabcaro confirme tout le bien que je pense de lui.

Le style graphique de l’auteur est toujours aussi sympathique. Le trait est dynamique, tout en noir et blanc. C’est un vrai plaisir. Une mention spéciale est à accorder aux visages qui semblent toujours sur la brèche, que ce soit d’angoisse, de colère ou de désespoir. Les personnages ne semblent jamais sereins (et ceux qui semblent heureux sont source d’angoisse pour les autres). Cela participe fortement à l’ambiance noire qui se dégage des planches.

Au final, « L’infiniment moyen » est un recueil des plus réussis. Certes, ce n’est peut-être pas le meilleur moyen de découvrir Fabcaro, mais il comblera sans peine les adeptes de l’auteur et les lecteurs amateurs d’humour grinçant.

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Note : 15/20

L’Album de l’Année – Fabcaro

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Titre : L’Album de l’Année
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Février 2011


Il existe un exercice classique chez les auteurs de BD, c’est de réaliser un dessin par jour pendant un an. Nombreux sont ceux à s’y essayer (notamment depuis l’avènement des blogs BD), mais peu sont ceux qui vont au bout. Mais si faire ses 365 dessins est un but, un autre objectif est évidemment de leur donner un véritable intérêt. Et pour ça, il faut un véritable talent ! Ce talent, Fabcaro l’a sans aucun doute. Alors que vaut son ouvrage « L’album de l’année », regroupant 365 dessins retraçant une année de sa vie ?

Cet ouvrage, publié aux éditions de La Cafetière, fait 53 pages, comme le nombre de semaines dans une année. Intelligemment, l’ouvrage est découpé comme un agenda. On a droit au numéro de la semaine, les dates, un petit dessin de Fabcaro à son bureau pour dessiner et une citation (par exemple : « Avril sous les eaux, Tintin au Congo »). Voilà pour l’habillage. Mine de rien, cette présentation a un vrai sens et augmente l’intérêt de l’ouvrage. Outre les citations, les petits dessins forment à eux seuls une petite histoire et méritent une seconde lecture… En plus de cet en-tête, on retrouve donc à chaque fois sept dessins. En gros, un descriptif rapide (« je boucle mon album « Jean-Louis » sur le rotules) et un dessin qui l’illustre (Fabcaro, écroulé sur son bureau, essaye en vain d’ouvrir une bière pour fêter ça).

Des running-gags à trois mois d’intervalle

Il est évident qu’avec ce genre d’ouvrage, chaque illustration ne possède pas un intérêt énorme et tout n’est pas drôle. L’important est que l’auteur parvienne à faire rire régulièrement. Mission réussie ! Fabcaro parvient régulièrement à nous faire sourire et rire avec son humour tout en autodérision. Or, ce n’est pas évident car à certains moments, il n’a vraiment rien à raconter ! Il utilise alors l’intérêt d’un dessin par jour pour amener une répétition bienvenue… D’ailleurs, il est impressionnant de voir comme le projet est remarquablement géré sur une telle durée. Fabcaro parvient à mettre des gags de répétition à trois mois d’intervalle… Du grand art !

Evidemment, l’aspect autobiographique est essentiel ici. Les névroses de Fabcaro sont d’autant plus visibles (il se présente comme hypocondriaque). Cependant, ce qui change avec ses autres ouvrages autobiographiques, c’est que certains évènements dramatiques arrivent pendant cette année 2009. Au point que l’auteur se demande s’il doit continuer l’ouvrage. On le sent particulièrement angoissé, voire déprimé et on le voit lutter pour poursuivre sa bande-dessinée. Cela donne un aspect touchant, différent de l’autodérision habituelle.

C’est aussi l’occasion d’appréhender la vie d’un artiste auteur de bande-dessinée. Fabcaro y parle beaucoup de son travail (hésitations, nouveaux projets, angoisses, bouclages, etc). Pour ceux qui s’y intéressent un minimum, c’est très intéressant par exemple de voir que Fabcaro déclare avoir un « style de merde tout figé », ou encore qu’il déteste faire les couleurs…

Graphiquement, c’est impeccable. Les dessins sont imprimés petit mais ne posent pas de problème de lecture. On retrouve le trait de Fabcaro, noir et blanc et relâché. Evidemment, comme tout est petit, les décors et détails sont rares. Mais avec peu, Fabcaro sait renforcer son propos avec un dessin toujours expressif.

Si « L’album de l’année » n’est pas l’album de l’année, il est une preuve de plus que Fabcaro est un auteur de grand talent. Cet ouvrage se dévore de la première à la dernière page sans jamais lasser. Pour les fans de l’auteur, c’est un livre à ne pas manquer. Pour ceux qui ne connaissent pas encore Fabcaro, je vous conseille de démarrer par ses premières autobiographies.

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Note : 15/20

De cape et de crocs, T5 : Jean sans lune – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T5 : Jean sans lune
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Septembre 2002


« Jean sans lune » est le cinquième opus de « De Cape et de Crocs ». Sa parution date d’une dizaine d’années maintenant chez les éditions Delcourt. Il appartient à la collection « Terres de Légende », se compose d’une grosse quarantaine de pages et a un prix proche de quatorze euros. Comme pour les autres tomes de la série, il est le fruit de la collaboration d’Alain Ayroles et de Jean-Luc Masbou. Le premier se charge du scénario et le second des dessins. La couverture possède une dimension féérique. On découvre messire Maupertuis en train de voler avec l’élue de son cœur au beau milieu d’une belle nuit étoilée éclairée par la lune. La surprise réside dans la présence également d’un navire dans cet endroit peu approprié pour lui. Mais je compte sur ma lecture pour apporter une explication à ses événements peu orthodoxes…

decapeetdecrocs5bLa quatrième de couverture nous offre une présentation succincte de ce cinquième acte : « Où l’on verra Messieurs de Maupertuis et Villalobos percer enfin le secret des îles Tangerines et de leurs hôtes mystérieux, affronter le lunatique prince Jean, élaborer d’improbables machines, retrouver l’ombrageux Raïs Kader, l’infâme Mendoza, le fourbe Cenile, la belle Séléné et le fougueux Eusèbe, avant d’embarquer pour un fabuleux voyage… »

Pour ceux qui ont lu mes critiques sur les quatre premiers tomes, vous savez que je suis un grand fan de cette série. Je lui trouve toutes les qualités. Une des plus importantes est de voir que chaque épisode s’avère passionnant et que rien n’a été négligé malgré la parution régulière des différents albums. J’étais donc confiant en découvrant « Jean sans lune ». Ma curiosité était plutôt forte à l’idée de me plonger de ma lecture. En effet, l’acte précédent avait vu apparaitre de curieux habitants sur les îles Tangerines qui présentaient ainsi une version bien originale du trésor tant recherché par les protagonistes. Ce nouvel ouvrage devait donc finaliser de clarifier la situation et de nous remettre les idées en place quant à ces curieuses nouvelles rencontres.

Un tome de transition.

 « Jean sans lune » s’avère être un tome de transition. Je tiens à préciser qu’il ne faut rien y voir de péjoratif. En effet, cet album clôt la quête des îles Tangerines et de leur secret. Parallèlement, il sert d’introduction vers un voyage d’une toute autre ampleur. C’est en ce sens qu’il joue le rôle de liant entre ces deux quêtes. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne passe rien et que l’heure est au farniente sur le plan scénaristique. Ayroles est plein d’idées et fait en sorte que l’histoire ne souffre d’aucun temps mort. Néanmoins, on ne retrouve pas autant de pics d’intensité que dans les autres épisodes. Ce n’est pas bien grave. On a le sentiment de vivre le calme qui précède une tempête d’une grande ampleur.

decapeetdecrocs5cLes premières pages de l’album nous présentent les « habitants » des îles Tangerines. Ils sont des habitants de la Lune ayant été banni de leur planète. Ils avaient besoin d’une pierre de lune pour rentrer chez eux. Pour l’obtenir, ils décidaient de disséminer à travers le monde des fausses cartes au trésor dont la seule requête était de venir accompagné du précieux bijou. C’est ainsi que nos amis permettront à l’insu de leur plein gré à ces sélénites de rentrer chez eux. Mais cette aventure ne s’arrête pas là. Nos héros voient dans ce merveilleux voyage l’occasion de vivre une épopée légendaire. C’est cet objectif dont on suit l’avancée tout au long de cet ouvrage au rythme de la conception de leur nouveau vaisseau.

Une des forces de cet album est de, malgré l’unité de lieu quasi permanente, parvenir à ne jamais tomber dans le creux ou l’ennui. La richesse des dialogues et la profondeur des personnages permettent cette performance narrative. On est curieux de suivre les réflexions de Bombastus, ce génial inventeur. De plus, l’auteur arrive faire exister les nombreux membres de ce remarquable casting. Il arrive même à tous les regrouper au moment où se clôt cet ouvrage. Ce choix confirme que « Jean sans lune » est la fin de la première étape de cette grande saga.

Les dessins de Masbou sont une nouvelle fois parfaitement adapté à l’esprit de la série. Que ce soit les scènes nocturnes ou le quotidien sur une île paradisiaque, le dessinateur arrive à donner vie à tous les décors. De plus, sa capacité à faire exister chaque protagoniste physiquement et par ses expressions est indispensable au plaisir généré par cette lecture. Les couleurs souvent pastelles agrémentent l’ensemble avec une subtilité agréable.

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En conclusion, « Jean sans lune » confirme le talent qui se dégage de chacune des pages de « De Cape et de crocs ». La richesse du scénario et des dialogues sont particulièrement bien mis en forme par le trait de Masbou. Son absence d’intensité du fait de l’histoire ne pénalise absolument pas la qualité de la lecture. Il ne me reste donc plus qu’à me plonger au plus vite dans le prochain opus intitulé « Luna Incognita ». Il marque le début d’un voyage vers l’inconnu qui devrait être du condensé de bonheur pour chaque lecture. Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 15/20

Le Siècle des Ombres, T2 : L’Antre – Eric Corbeyran & Michel Suro

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Titre : Le Siècle des Ombres, T2 : L’Antre
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Michel Suro
Parution : Octobre 2010


« L’antre » est le deuxième tome de la série de bandes dessinées intitulées « Le siècle des ombres ». Cet album a été édité chez Delcourt en octobre deux mille dix. L’histoire se déroule sur une cinquantaine de pages. Cette saga s’inscrit dans l’univers des Stryges créé par Eric Corbeyran. Ce dernier est le scénariste de toutes les séries s’y déroulant : « Le chant des stryges », « Le maître de jeu », « Le clan des chimères » et donc « Le siècle des ombres ». Pour la réalisation de cette dernière, il s’est associé à Michel Suro pour les dessins et à Luca Malisan pour les couleurs. La couverture nous présente un groupe d’hommes en train de rejoindre la plage à pied avec au second plan un navire en flamme. Le ton rouge de la couverture est original et attire l’œil.

La quatrième de couverture présente la série avec les mots suivants : « 1751. Quelques décennies avant la Révolution française, un vent d’idées nouvelles souffle à travers l’Europe. Un vent de progrès et de liberté… Mais au cœur de ce Siècle des lumières, la découverte d’une étrange météorite à l’autre bout du monde ravive les vieux antagonismes. Au service du cardinal d’Orcières, Cylinia et Abeau de Roquebrune se lancent alors aux trousses du baron d’Holbach, philosophe et encyclopédiste éclairé, qu’ils soupçonnent d’être insaisissable Sandor G. Weltman. Cette traque se double d’une lutte acharnée pour la possession de cette pierre aux mystérieux pouvoirs…»

lesiecledesombres2aComme dit précédemment, cet ouvrage s’inscrit dans une œuvre assez importante tournant autour de personnage ailés mystérieux : les Stryges. Pour ceux qui voudraient découvrir cet univers, je vous conseille de commencer vos lectures par « Le chant des stryges » qui est la série au centre de tout l’ensemble. Cela vous permettra de profiter pleinement de « Le siècle des ombres ». Ce prérequis n’est pas indispensable mais néanmoins recommandé pour maitriser tous les tenants et les aboutissants de certains personnages. Cylinia et Abeau naissent dans « Le clan des chimères » et réapparaissent dans « Le chant des stryges ». D’Holbach est un personnage central bien que longtemps mystérieux de « Le chant des stryges ».

« L’aspect mystique et ésotérique intègre le courant philosophique des Lumières. »

Le fait que des personnages apparaissent dans trois séries qui s’étalent sur plusieurs siècles ou que des créatures ailées soient au centre des histoires font que la dimension fantastique de la trame ne vous a pas échappé. Je trouve d’ailleurs intéressant de voir apparaitre cette dimension dans une trame qui se déroule au dix-huitième siècle. La cohabitation entre ce genre et cette époque est rare et donc attise la curiosité. De plus, les auteurs intègrent l’aspect mystique et ésotérique dans le courant philosophique apparu à l’époque des Lumières. Je trouve cet aspect très intéressant. Cette série possède ainsi une identité propre et arrive à se démarquer des autres pendants de l’univers des Stryges.

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Au-delà de cet aspect scénaristique original et attrayant, la richesse de l’album réside dans son exil en Amérique du Sud. Nos héros sont à la recherche d’une mystérieuse pierre trouvée au fond d’une mine exploitée. Suite à un concours de circonstance, Cylinia, Abeau et d’Holbach se trouvent tous à partir en quête de ce mystérieux rocher. Mais, il a disparu et voilà tout ce beau monde en train de s’aventurer au beau milieu de la jungle locale en quête de cette curieuse météorite. On découvre alors bon nombre d’autochtones qui apportent chacun une part non négligeable à l’intérêt de la lecture. On voit se présenter devant nous un grand nombre de pièces et le puzzle n’est pour l’instant pas encore prêt d’être complètement assemblée. La trame est donc dense et passionnante. On se laisse porter avec une joie certaine d’une page à l’autre. Le dénouement est réussi et alimente notre curiosité en attendant de se plonger dans le troisième opus.

Le dépaysement passe aussi par les dessins de Suro. Je découvre ce dessinateur par cette série. J’ai un sentiment plutôt positif à son égard. Je trouve qu’il arrive vraiment à créer des ambiances très différentes dans un même ouvrage. Les longues marches dans la jungle amazonienne sont bien retranscrites. On ressent la moiteur et le côté oppressant de ses territoires inconnus. A d’autres moments, on se retrouve aux plus profondeurs de la Terre dans des grottes lesiecledesombres2cimmenses et angoissantes. On ressent sincèrement l’impression de ne pas être où on devrait être. La peur générée par ses lieux obscurs dont chaque recoin semble cacher un gros problème est bien transmise et participe à notre plaisir de lecture.

En conclusion, « L’antre » est un ouvrage de qualité qui est dans la ligné du premier tome et qui fait de « Le siècle des ombres » une série de qualité. Elle possède un vrai attrait et apporte quelque chose à l’univers des Stryges. Ce n’est pas un spin off sans intérêt comme le présente de temps en temps les auteurs quand il possède une série à succès. J’ai donc hâte de me plonger dans le troisième tome paru récemment et intitulé « Le fanatique ». J’espère qu’il possèdera le même rythme et la même ambiance que ses deux prédécesseurs. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 15/20