Tu mourras moins bête, T1 : La science, c’est pas du cinéma ! – Marion Montaigne

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Titre : Tu mourras moins bête, T1 : La science, c’est pas du cinéma !
Scénariste : Marion Montaigne
Dessinatrice : Marion Montaigne
Parution : Septembre 2011


Marion Montaigne s’est créé une forte réputation dans la blogosphère grâce à ton blog « Tu mourras moins bête ». Dans ce dernier, elle se représente en Professeur Moustache (avec un moustache donc, curieux pour une femme !) ayant pour but de vulgariser la science. Avec un thème original, Marion Montaigne s’est ainsi garanti une forte visibilité. Ajoutez à cela beaucoup d’humour et vous avez un blog à succès !

Comme beaucoup de blogs célèbres, « Tu mourras moins bête » est désormais édité en format papier chez Ankama Editions. Cette conversion d’un numérique gratuit vers un objet papier payant est toujours délicate et pas toujours réussie. Qu’en est-il ici ?

Ce premier tome est intitulé « La science, c’est pas du cinéma ». Marion Montaigne s’attaque donc aux films et aux séries qui, souvent, vulgarisent eux-mêmes la science. On retrouve donc plusieurs chapitres : action, science-fiction et séries télé (où on retrouvera une analyse de Jurassic Park…). Ce regroupement en chapitres n’est pas forcément très judicieux car il reprend des thèmes proches, apportant un peu de redite. Un mélange simple aurait peut-être été plus pertinent.

On prend alors pleinement conscience du travail effectué.

Car ce premier tome est très fourni. 255 pages sont au rendez-vous avec beaucoup de textes. Bref, il y a peu de chances que vous le lisiez d’une traite. On prend alors pleinement conscience du travail qu’effectue régulièrement Marion Montaigne sur son blog. Alors que sur internet, la lecture verticale est choisie, ici on retrouve une lecture plus traditionnelle. Le tout est segmenté (le plus souvent en trois cases verticales) et on s’aperçoit que de nombreuses pages constituent une seule note de blog.

La vulgarisation scientifique menée par Marion Montaigne est efficace et facilement compréhensible. Quelques chiffres et données sont soutenus par un humour grinçant très efficace. Il n’est pas rare que l’on rit devant les aventures du Professeur Moustache. C’est vraiment là où réside la grande qualité de cet ouvrage : on apprend des choses tout en rigolant. Seul bémol : les liens que Marion Montaigne ajoutaient à la fin de chaque note qui faisaient office de bibliographie ne sont évidemment pas disponibles ici. Pour ma part, je n’allais pas les visiter et ça ne m’a jamais empêché d’apprécier son blog !

Ce premier tome est orienté séries/films et possède donc de nombreuses références. Même si connaître les films en question n’est pas forcément nécessaire pour apprécier les différentes histoires, c’est quand même mieux. Concernant les films, je les avais (presque) tout vus ou au moins, j’en connaissais les grandes lignes. En revanche, je ne connaissais absolument pas les séries et cela ne m’a pas empêché de rire.

Le dessin, très relâché de Marion Montaigne avec des touches de couleur, n’est pas sans rappeler Reiser. De même que ses techniques narratives d’ailleurs. Tout le monde n’aimera pas ce style de dessin à l’aspect brouillon. Personnellement, je trouve que c’est un régal !

Chaque début de note commence par une carte postale qui pose une question au Professeur Moustache. Pour l’occasion, ce sont des auteurs qui les ont dessinées. On ne peut que saluer cette initiative. De même, l’ouvrage en lui-même est de très bonne qualité. Le papier est épais, l’ouvrage bien finalisé. Clairement, l’acheteur n’aura pas l’impression de se faire avoir !

Au final, ce passage au format papier est réussi. L’ouvrage est de bonne qualité et l’humour de Marion Montaigne fait mouche. Certes, les répétitions sont plus flagrantes en papier que sur une mise à jour d’un blog, mais l’humour fait mouche bien souvent.

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Note : 15/20

Les Forêts d’Opale, T5 : Onze Racines – Christophe Arleston & Philippe Pellet

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Titre : Les Forêts d’Opale, T5 : Onze Racines
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Philippe Pellet
Parution : Mai 2007


« Onze racines » est le cinquième tome de « Les forêts d’Opale ». Cette série de fantasy est le fruit de la collaboration de Christophe Arleston et Philippe Pellet. C’est la présence du premier cité qui m’avait attiré vers cette nouvelle aventure il y a une dizaine d’années. Je le connaissais par mes lectures de « Lanfeust de Troy » ou « Les maîtres cartographes ». Depuis, je m’offre chaque nouvelle parution de cette saga. L’apparition de « Onze racines » chez Soleil date de deux mille sept. L’ouvrage est de qualité et nous offre une couverture qui attire l’œil. Elle nous présente le héros en train de tenir une épée à deux mains et s’apprêtant à achever le corps d’une femme allongée à terre. En arrière-plan, apparait des grands éclairs de feu.

Pour ceux qui n’auraient pas lu mes critiques précédentes ou pour qui « Les forêts d’Opale » est une histoire inconnue, je vous cite le texte ornant la quatrième de couverture de l’album : « Opale est le monde des forêts. Le clergé de la Lumière y fait régner un pouvoir assis sur la puissance des Pierres Magiques. Mars Darko est celui qui doit réaliser la Prophétie et faire revenir les Titans pour libérer les Cinq Royaumes… Aidé du barde Urfold, de la jolie jongleuse Sleilo et du monstrueux Ghörg, Darko est plongé dans une aventure où se joue le destin du monde… »

Pour les adeptes du genre, ils retrouveront les codes de la fantasy. La lutte entre le bien et le mal, la notion d’élu, le parcours initiatique, un groupe hétéroclite dans un combat type « David et Goliath »… La recette est un classique. Néanmoins, quand elle est bien exécutée, elle peut offrir un festin de qualité. Les débuts de la série étaient agréables et dynamiques. On prenait plaisir à suivre des personnages sympathiques. La maladresse de l’un, les charmes de l’autre, la roublardise d’un troisième ou la bestialité du dernier rendait notre voyage haut en couleur. Mais l’avancée de la trame avait tendance à ralentir et le quatrième tome était décevant. J’étais donc curieux de savoir si les choses allaient repartir dans le bon sens dans « Onze racines ».

Le scénario possède une épaisseur qu’il avait tendance à perdre.

Mes attentes ont été globalement comblées. Le fil conducteur de la quête principale retrouve une place de choix dans l’histoire. Je ne vais évidemment pas vous conter les différents événements qui accompagnent notre lecture, mais on n’a pas le sentiment de faire du surplace. Le scénario possède une épaisseur qu’il avait tendance à perdre. On rencontre des personnages secondaires qui semblent posséder un rôle qui ne se restreint pas à l’album qu’on est en train de lire. Leur destin devrait se prolonger dans les opus suivants. Cela coupe la sensation que chaque tome était un épisode qui tendait de plus en plus à être indépendant du précédent et du suivant. « Onze racines » redonne un sens à la saga « Les forêts d’Opale ». J’espère que cette ampleur grandira dans les albums suivants et que le soufflet ne retombera pas.

Cette amélioration a pour conséquence que notre attrait pour le devenir des héros voit sa flamme ravivée. Notre curiosité ainsi ranimée découvre donc avec plaisir une évolution importante des relations entre nos héros. Même si cette évolution apparaissait prévisible, c’est avec plaisir qu’on voit certains sentiments se révéler et offrir à la trame un nouvel aspect à développer. Le scénariste arrive à mêler cette apparition à un événement important de l’histoire. Cette toile d’araignée ainsi tissée densifie ainsi l’intrigue et rend la lecture d’autant plus passionnante. Même si l’album se conclue sur quelques pages plutôt calmes et apaisée, cela ne nous empêche d’espérer nous plonger au plus vite dans le sixième tome intitulé « Le sortilège du pontife ».

Les dessins de Pellet suivent également une courbe croissante. Ils ne m’ont jamais gêné, je tiens à être clair. Par contre, longtemps, je trouvais qu’ils servaient essentiellement de support à l’histoire sans réellement la transcender. Je trouve que le retour de flamme de mon attrait pour la série est mis en valeur par le trait du dessinateur. Je trouve que ses personnages apparaissent plus vivants, plus expressifs. Les décors sont très réussis. Les forêts, lieux récurrents de l’histoire, sont mises en valeur et participent à l’atmosphère de la lecture qui se veut dépaysant. Au final, la réussite est au rendez-vous à ce niveau-là.

En conclusion, « Onze racines » est une agréable surprise. J’avais peur de voir « Les forêts d’Opale » devenir, à l’image d’autres séries, une saga à épisode qui négligerait sa trame au profit d’événements gadget. J’ai donc hâte de découvrir « Le sortilège du pontife » en croisant les doigts pour que cette poussée de qualité ne soit pas sans lendemain. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 15/20

L’invention du vide – Nicolas Debon

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Titre : L’invention du vide
Scénariste : Nicolas Debon
Dessinateur : Nicolas Debon
Parution : Juin 2012


Étant soumis au vertige, l’escalade est quelque chose qui m’est interdite par la force des choses. Histoire de pouvoir profiter des sensations au mieux malgré mon handicap, je me suis procuré« L’invention du vide » de Nicolas Debon. Paru chez Dargaud, dans la collection Long Courrier, ce one-shot de belle taille narre l’ascension d’un pic du massif du Mont Blanc par Mummery, Burgener et Venetz. Continuer la lecture de « L’invention du vide – Nicolas Debon »

Poulet aux prunes – Marjane Satrapi

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Titre : Poulet aux prunes
Scénariste : Marjane Satrapi
Dessinatrice : Marjane Satrapi
Parution : Octobre 2004


Après la lecture de Persépolis, j’étais resté un peu dubitatif. Si cette oeuvre possédait des qualités indéniables, je la trouvais un peu sur-côtée. Du coup, cela m’avait passé l’envie de lire d’autres livres de Marjane Satrapi. Le temps passant, je décidais de réviser mon jugement en lisant « Poulet aux prunes », son autre livre adapté (par l’auteure) sur le grand écran. Ce one-shot est paru dans la collection Ciboulette de l’Association.

Téhéran, 1958. Nasser Ali cherche un tar. Son instrument a été cassé et sans sa musique, il n’est plus rien. Mais malgré toutes ses tentatives, impossible de trouver un tar correct dans le pays, car il possédait le meilleur de tous. Incapable de jouer une quelconque mélodie, Nasser Ali perd sa raison de vivre et décide de se laisser mourir.

Le portrait d’un homme désespéré

« Poulet au prunes » est construit sur une série de chapitres articulés sur les journées que Nasser Ali passe à attendre la mort. Des flashbacks viennent compléter l’ensemble afin d’expliquer la vie de cet homme et ce qui l’a amené aujourd’hui à de telles extrémités. La narration est plaisante et facile à suivre. Les zones d’ombres s’éclaircissent régulièrement et tracent le portrait d’un homme. Comme pour « Persépolis », Satrapi décrit quelque peu l’Iran, même si ici la personne de Nasser Ali reste centrale. Malgré tout, le livre fait de multiples digressions sur la famille de l’homme. Parfois, on s’égare un peu, Satrapi s’inspirant avant tout une nouvelle fois de sa propre famille pour écrire.

Beaucoup de lecteurs citent l’humour comme force de Marjane Satrapi. J’avoue ne pas y voir de quoi sourire. C’est avant tout la capacité de traiter de sujets graves sans pathos inutile et avec une sorte de légèreté qui fait la force de l’ouvrage. Il y a beaucoup de sensibilité dans ce « Poulet aux prunes ».

Au niveau du dessin, je ne suis pas vraiment fan du trait de Marjane Strapi. Son noir et blanc pur est un peu inégal, capable de très belles choses et parfois un peu léger. Malgré tout, cela suffit à faire passer les émotions et c’est tout ce qui compte !

Marjane Satrapi nous propose ici un conte triste et sensible, où la légèreté de la narration atténue quelque peu le drame. On s’attache beaucoup à Nasser Ali et on le pleure comme la perte d’un vieil ami. Une belle histoire.

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Note : 15/20

La vie secrète des jeunes – Riad Sattouf

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Titre : La vie secrète des jeunes
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Octobre  2007


Ce que j’aime avant tout chez Riad Sattouf, c’est sa série « Pascal Brutal » que je qualifierai sans peine de culte. Après cette découverte, je me suis intéressé aux autres travaux de l’auteur. Or, une bonne partie des livres qui ont fait la renommée de ce dernier sont des reportages ou de l’autobiographie. J’avoue que je n’ai jamais été pleinement emballé par cette partie de l’œuvre de Sattouf. Mais il me restait encore « La vie secrète des jeunes » pour revoir mon jugement. Il s’agit ici du premier tome paru à L’Association dans la collection Ciboulette. Le tout fait 160 pages pour 160 saynètes.

A l’origine, « La vie secrète des jeunes » paraît dans Charlie Hebdo. L’auteur raconte en une page des anecdotes sur des passants qu’il a pu rencontrer. Cela se passe dans la rue, le métro, au bistrot, dans le taxi… Les histoires ne sont pas forcément des gags à chute puisqu’ils trahissent une réalité de situation, mais le tout est clairement destiné à faire rire (ou à pleurer ?).

Observer ses contemporains

Dès le départ, on voit que Riad Sattouf possède un vrai sens de l’observation. Clairement, il ne doit pas avoir des écouteurs vissés en permanence à ses oreilles car il profite pleinement des conversations de ses contemporains. Vivre à Paris l’aide forcément beaucoup pour observer les comportements erratiques de la faune locale. En revanche, le titre est plutôt mal choisi, car le livre ne se limite pas forcément aux jeunes. Certes, ils sont très présents car bruyants et faciles à écouter, mais toutes les générations sont représentées.

J’ai un sentiment mitigé sur cet ouvrage. Le sujet en lui-même fait que l’ensemble est assez inégal. Certaines anecdotes sont très croustillantes, d’autres sont assez banales. Cependant, l’auteur fait montre d’une vraie capacité de mise en situation. De même, il retranscrit parfaitement les attitues des jeunes, leur façon de se parler et de se comporter. Et on sent qu’il choisit au mieux le point de vue pour raconter. Si bien qu’il faut avouer que le livre est addictif. Lorsque l’on est lancé, on a du mal à décrocher.

Le trait de Sattouf, simple et expressif, est parfaitement adapté au sujet. Le noir et blanc de l’ouvrage et le découpage au gaufrier rendent la lecture simple et efficace. C’est vraiment dans l’expression des personnages et des phylactères que l’auteur fait passer le rire.

« La vie secrète des jeunes » possède un charme particulier. Observant le même genre de comportements dans mon quotidien, je vois bien que Riad Sattouf n’a pas besoin d’inventer quoique ce soit et qu’il est avant tout un fin observateur de ses contemporains. Une belle découverte, qui donne envie de lire les tomes suivants.

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Note : 15/20