Pinocchia

pinocchia


Titre : Pinocchia
Scénariste : Francis Leroi
Dessinateur : Jean-Pierre Gibrat
Parution : Novembre 1995


Lorsque j’ai appris que Jean-Pierre Gibrat avait dessinĂ© une bande-dessinĂ©e Ă©rotique, mon sang n’a fait qu’un tour ! En effet, le dessinateur possĂšde un trait magnifique, des couleurs splendides et sa façon de dessiner les femmes ne laisse jamais indiffĂ©rent. Parue il y a bientĂŽt 20 ans, Jean-Pierre Gibrat dessinait un scĂ©nario de Francis Leroi. IntitulĂ© « Pinocchia », l’ouvrage rĂ©interprĂšte le conte de Pinocchio Ă  sa sauce. Continuer la lecture de « Pinocchia »

Madame désire ?

MadameDesire


Titre : Madame désire ?
Scénariste : Grégory Mardon
Dessinateur : Grégory Mardon
Parution : Août 2009


Depuis quelques annĂ©es, la bande-dessinĂ©e Ă©rotique vit un nouveau souffle. Des ouvrages paraissent rĂ©guliĂšrement, avec des styles graphiques trĂšs diffĂ©rents. Parfois, ils ne sont mĂȘme pas rĂ©aliser pour Ă©moustiller. GrĂ©gory Mardon, que je ne connaissais pas alors, rĂ©alise en 2009 le bien nommĂ© « Madame DĂ©sir ». Paru dans la collection Fluide Glamour (le label coquin de Fluide Glacial), cet ouvrage oscille entre sexe explicite et finesse. Sombrera-t-il dans le vulgaire ou fera-t-il parti de ces fameux ouvrages qualifiĂ©s de porno chic ?  Continuer la lecture de « Madame dĂ©sire ? »

Goliath

Goliath


Titre : Goliath
Scénariste : Tom Gauld
Dessinateur : Tom Gauld
Parution : Mai 2013


Ayant beaucoup entendu parler de Tom Gauld ces derniers temps ainsi que de son dernier ouvrage intitulĂ© « Goliath », je me suis dĂ©cidĂ© Ă  dĂ©couvrir l’univers de cet auteur britannique. Son livre est paru Ă  L’Association, dans la collection EspĂŽlette. C’est un format A5 qui nous est proposĂ©, avec prĂšs de 90 pages de lecture.  Continuer la lecture de « Goliath »

Carnet du Pérou

CarnetDuPerou


Titre : Carnet du Pérou, sur la route de Cuzco
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Octobre 2013


Lorsque « Carnet du PĂ©rou » est sorti, j’ai pestĂ© contre Fabcaro. Qu’est-ce qui avait piquĂ© l’auteur pour partir dans un carnet de voyage ? Bien mal m’en a pris, puisque le dessinateur avait créé une supercherie avec ce livre. Il Ă©tait temps de rattraper mon retard sur ce bouquin, publiĂ© logiquement chez 6 pieds sous terre. Continuer la lecture de « Carnet du PĂ©rou »

In God we trust

InGodWeTrust


Titre : In God we trust
Scénariste : Winshluss
Dessinateur : Winshluss
Parution : Novembre 2013


AprĂšs avoir rafflĂ© un Fauve d’Or au Festival Internationale de la Bande-DessinĂ©e d’AngoulĂȘme en 2009 pour « Pinocchio », Winshluss Ă©tait forcĂ©ment trĂšs attendu. Cinq longues annĂ©es plus tard, il accouche de « In God we trust », un pavĂ© d’une centaine de pages proposant une relecture de la Bible, que l’on devine bien trash. Le tout paraĂźt aux Ă©ditions Les Requins Marteaux et coĂ»te la bagatelle de 25 euros. Continuer la lecture de « In God we trust »

La favorite

LaFavorite


Titre : La favorite
Scénariste : Matthias Lehmann
Dessinateur : Matthias Lehmann
Parution : Avril 2015


À force d’entendre du bien de « La favorite », j’ai fini par arriver Ă  me le procurer. La bande dessinĂ©e de Matthias Lehmann proposait un parti pris graphique intĂ©ressant couplĂ© Ă  une histoire intrigante. Mais les promesses Ă©taient-elles tenues ? Le livre est paru chez Actes Sud BD et pĂšse pas moins de 150 pages. Continuer la lecture de « La favorite »

Le guide du mauvais pĂšre, T3

LeGuideDuMauvaisPere3


Titre : Le guide du mauvais pÚre, T3
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Janvier 2015


AprĂšs avoir obtenu le fauve d’or pour ses carnets de voyage (l’aboutissement Ă©tant Les Chroniques de JĂ©rusalem), Guy Delisle s’est lancĂ© dans une sĂ©rie bien moins sĂ©rieuse retraçant son quotidien d’homme au foyer qui s’occupe de ses deux enfants. Le tout est publiĂ© chez Shampooing, au format manga noir et blanc.

Le livre reprend des saynĂštes entre le pĂšre et son fils ou le pĂšre et sa fille. Le tout est essentiellement basĂ© sur des dialogues oĂč Guy Delisle est en dĂ©calage avec la personne qu’il a en face. Soit il tente des techniques d’éducation fumeuse, soit il traite ses enfants comme des adultes. La plupart du temps, il fait preuve de beaucoup mauvaise foi, d’oĂč le titre de l’ouvrage !

On attend avec impatience une intégrale.

LeGuideDuMauvaisPere3aDans ce troisiĂšme tome, Guy Delisle ne faiblit pas. Les scĂšnes sont drĂŽles, toutes rĂ©ussies et les dialogues truculents. MĂȘme si la mĂ©canique est bien huilĂ©e, c’est un vĂ©ritable plaisir de lecture. HĂ©las, le fait que seulement deux dessins (voire un seul) soient imprimĂ©s par page fait que l’ouvrage se lit trĂšs vite et on reste immanquablement sur sa faim. Comme pour les prĂ©cĂ©dents, c’est le format choisi par l’éditeur pour ces recueils de blog qui est Ă  blĂąmer. Tout ça se lit trop vite. À 10 euros le livre, on prĂ©fĂ©rerait une intĂ©grale plutĂŽt que trois petits bouquins, quitte Ă  avoir un livre plus grand ou plus Ă©pais.

Du coup, le dessin de Guy Delisle, plutĂŽt agrĂ©able dans ses carnets de voyage, paraĂźt ici plus limitĂ©, presque flemmard. TrĂšs peu de dĂ©cors, des personnages statiques
 C’est trĂšs limitĂ©, mĂȘme si c’est efficace. Alors ce qui passe sur Ă©cran passe beaucoup moins sur papier. Clairement, des petites scĂšnes animĂ©es et dialoguĂ©es seraient l’idĂ©al. Le passĂ© de Guy Delisle dans l’animation peut-il nous faire rĂȘver ?

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Comme pour beaucoup d’ouvrages de cette collection, on ne peut qu’ĂȘtre rebutĂ© devant la rapiditĂ© de lecture et l’aspect des dessins vite faits, en copier-coller. MalgrĂ© tout, il ne faut pas que cela cache l’humour percutant de l’auteur et la qualitĂ© constante de ses saynĂštes. Bref, un livre parfait Ă  prendre en bibliothĂšque ou Ă  se faire prĂȘter. Pour l’acheter, c’est Ă  vous de voir.

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note3

Le reste du monde

LeResteDuMonde


Titre : Le reste du monde
Scénariste : Jean-Christophe Chauzy
Dessinateur : Jean-Christophe Chauzy
Parution : Mars 2015


La mode du post-apocalyptique actuelle est plutĂŽt basĂ©e sur les zombies. Jean-Christophe Chauzy dĂ©cide de l’orienter sur une catastrophe naturelle, Ă  savoir une sĂ©rie de sĂ©ismes. Comment une famille, coincĂ©e dans une vallĂ©e, va-t-elle survivre dans cet environnement oĂč tout commence Ă  manquer ? Ce one-shot d’une centaine de pages est publiĂ© chez Casterman.

Marie, enseignante, termine ses vacances avec ses deux fils. Pendant ce temps-lĂ , son mari la trompe, l’ayant quittĂ© quelques semaines auparavant. C’est donc aigri qu’elle s’apprĂȘte Ă  quitter le chalet. Mais voilĂ  que des sĂ©ries de sĂ©ismes viennent tout bouleverser, coupant la vallĂ©e du reste du monde. Commence alors la difficile tentative de survie en attendant d’hypothĂ©tiques secours.

Un survival franchouillard.

LeResteDuMonde1b« Le reste du monde » a tout du rĂ©cit catastrophe classique. Des individus ordinaires se retrouvent perdus face Ă  une situation inconnue et doivent se dĂ©brouiller. Certains dĂ©pĂ©rissent, d’autres s’aguerrissent. Jean-Christophe Chauzy, en prenant pour personnage principal une femme, fait preuve d’originalitĂ©. Ce n’est pas une pin-up, elle est mĂšre de famille trompĂ©e et n’est pas prĂ©parĂ©e Ă  ce qu’elle va vivre. HĂ©las, c’est la seule vĂ©ritable originalitĂ© du livre. Les Ă©tapes qui s’enchaĂźnent sont trĂšs classiques et on devine sans peine ce qu’il va se passer pour les pages suivantes. AprĂšs un premier intĂ©rĂȘt en dĂ©but de lecture, le soufflet retombe un peu dans la deuxiĂšme partie.

La grande catastrophe touchant un petit village montagnard, « Le reste du monde » prend un aspect « survival franchouillard ». En soit, ce n’est pas forcĂ©ment dĂ©sagrĂ©able, mais pas passionnant non plus. L’auteur ancre fortement son rĂ©cit dans un lieu donnĂ©, oĂč chaque non de ville parle aux protagonistes, chacun connaissant parfaitement la rĂ©gion. La fin, ouverte, laisse un goĂ»t amer au lecteur. PrĂ©sentĂ© comme un one-shot, « Le reste du monde » se laisse clairement la possibilitĂ© d’une suite. Or, aprĂšs un constat assez moyen en premiĂšre lecture (et globalement sans rĂ©ponse), difficile d’ĂȘtre catĂ©gorique. Car s’il y a une suite, cela pourrait donner (un peu) plus de matiĂšre Ă  ce premier tome. VoilĂ  qui laisse un peu perplexe.

Le dessin de Jean-Christophe Chauzy est des plus convaincants. Optant pour une absence de noir Ă  l’encrage, son trait fait preuve de dynamisme, dans un rĂ©alisme expressif. Il prend plaisir Ă  rĂ©aliser de grandes cases et les scĂšnes de sĂ©ismes sont trĂšs rĂ©ussies. Les couleurs se veulent tantĂŽt vives, tantĂŽt beaucoup plus dĂ©saturĂ©es, renforçant efficacement les ambiances. Un bilan des plus positifs concernant le dessin.

LeResteDuMonde1a

Optant pour un rĂ©cit classique sans grandes surprises ni rĂ©ponses, Jean-Christophe Chauzy laisse son lecteur sur sa faim. « Le reste du monde », comme one-shot, manque d’originalitĂ© pour sĂ©duire. Et sa fin ouverte, prĂ©sageant une suite, laisse un peu dubitatif devant la dĂ©marche. Bref, il faudra attendre de voir si suite il y a pour avoir un avis dĂ©finitif. Et c’est un peu dommage


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note3

L’enfant cachĂ©e

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Titre : L’enfant cachĂ©e
Scénariste : Loïc Dauvillier
Dessinateur : Marc Lizano
Parution : Janvier 2012

Relater l’occupation française n’est pas un sujet Ă©vident. Beaucoup traitĂ©, il est dans « L’enfant cachĂ©e » abordĂ© du point de vue d’une enfant, Dounia. Cette derniĂšre, grand-mĂšre, raconte Ă  sa petite-fille cette pĂ©riode de sa vie, sous forme de devoir de mĂ©moire. Le tout est paru au Lombard.

Tout commence par l’occupation. Dounia sait que la France a perdu, mais elle s’en moque : la guerre est terminĂ©e et son pĂšre est rentrĂ© vivant, c’est le principal pour elle. HĂ©las, la petite juive va vite dĂ©chanter. Les mesures contre les siens vont se multiplier, provoquant l’incomprĂ©hension totale de Dounia.

L’occupation vue par une enfant juive.

LEnfantCachee2L’originalitĂ© de « L’enfant cachĂ©e » est de tout raconter du point de vue de l’enfant. Ainsi, Dounia subit comme les juifs les mesures de coercition, mais Ă©galement les choix de ses parents, sans jamais saisir rĂ©ellement ce qui se passe. Cet aspect est trĂšs rĂ©ussi, renforcĂ© par une narration volontairement naĂŻve, sans analyse autre que factuel ou enfantine. L’injustice paraĂźt d’autant plus forte que Dounia nous est forcĂ©ment trĂšs sympathique, petite fille innocente et joyeuse en dĂ©but de livre.

La narration prend le temps de traiter tous les sujets : la mise de cĂŽtĂ© Ă  l’école, l’étoile juive, la perte des parents, la fuite de Paris
 La gradation dans les difficultĂ©s est bien mise en scĂšne. Ainsi, Dounia n’est pas forcĂ©ment trĂšs affectĂ©e au dĂ©part en tant qu’enfant. Aussi bien rester chez elle ne la dĂ©range pas, mais ĂȘtre mise de cĂŽtĂ© Ă  l’école est trĂšs difficile.

Le propos est renforcĂ© par un dessin parfaitement adaptĂ© rĂ©alisĂ© par Marc Lizano. Son trait typĂ© jeunesse, fait de personnages aux grosses tĂȘtes, ancre d’autant plus l’histoire vers un point de vue d’enfant. Le tout est enrichi par une colorisation tout aussi rĂ©ussie. On retrouve un belle synergie dans cet album, une vraie cohĂ©rence entre le texte et l’image.

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« L’enfant cachĂ©e » remplit parfaitement son rĂŽle de devoir de mĂ©moire. En adoptant le point de vue d’un enfant et en ne montrant et n’expliquant que ce que Dounia peut comprendre, les auteurs produisent un album jeunesse d’une grande qualitĂ©, qui peut ĂȘtre lu et apprĂ©ciĂ© par tout le monde. ForcĂ©ment touchant, « L’enfant cachĂ©e » est une Ɠuvre d’une grande justesse et d’une vraie dĂ©licatesse.

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note4

Shenzhen

shenzhen


Titre : Shenzhen
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Avril 2000


Avec ses quatre carnets de voyage, Guy Delisle a fini par obtenir un prix Ă  AngoulĂȘme pour « Chroniques de JĂ©rusalem ». Mais tout a commencĂ© Ă  2000 avec Shenzhen, oĂč il relate son expĂ©rience en Chine, dans la ville de Shenzhen. Si Guy Delisle a visitĂ© des pays trĂšs diffĂ©rents (Chine, CorĂ©e du Nord, Birmanie, IsraĂ«l), il en rĂ©cupĂšre Ă  chaque fois tout ce qui en fait le dĂ©calage culturel. En passant plusieurs mois sur place, il s’approprie rĂ©ellement la vie locale. Le tout est publiĂ© Ă  L’Association pour 150 pages de dĂ©calage culturel.

À l’époque, Guy Delisle travaille dans l’animation. Cette derniĂšre Ă©tant dĂ©localisĂ©e en Asie (en Chine donc, puis en CorĂ©e du Nord), il part superviser les Ă©quipes locales et vĂ©rifier que les plans sont correctement faits. C’est l’occasion d’un premier choc culturel sur la façon de travailler des Chinois


Le Lost in translation de la bande-dessinée

shenzhen1L’autre partie est bien Ă©videmment le choc culturel avec le pays. La Chine n’est pas le pays le plus ouvert du monde et les problĂšmes de passages dans certaines zones le montre bien. Mais surtout, la langue est un vrai souci. Peu de chinois parlent anglais et beaucoup le parlent trĂšs mal. Guy Delisle est donc souvent dans l’incapacitĂ© de communiquer et passent des week-ends seuls
 Sur ce point, on ressent parfaitement le cĂŽtĂ© « Lost in translation ». Seul membre occidental Ă  ĂȘtre venu sur place, il est trĂšs isolĂ©. De plus, la Chine ne propose pas rĂ©ellement de moyen de se rĂ©unir entre expats.

La force des carnets de voyage de Guy Delisle est de ne pas chercher Ă  Ă©crire un documentaire dĂ©taillĂ© sur son expĂ©rience. Il dit ce qu’il voit, ce qui le choque, sans chercher Ă  appuyer sur l’aspect politique des choses. C’est le lecteur qui, guide subtilement, se fait son opinion. L’auteur exprime un ressenti et ne cherche pas Ă  nous le prĂ©senter comme une vĂ©ritĂ© objective.

Concernant le dessin, l’auteur opte pour un dessin plus fouillĂ© que ce qu’il produira par la suite. Le trait reste simple, mais la colorisation en niveaux de gris apporte de la matiĂšre. C’est expressif et plutĂŽt rĂ©ussi comme choix graphique. Et plutĂŽt adaptĂ© Ă  la saletĂ© de la Chine dĂ©crite par le livre.

« Shenzhen » est une rĂ©ussite. Guy Delisle trouve vite son ton. Son carnet de voyage, sous forme d’anecdotes, passionne. On s’intĂ©resse autant aux pĂ©ripĂ©ties de Guy qu’au pays en lui-mĂȘme. Un subtil Ă©quilibre que l’auteur saura garder Ă  chacun de ses bouquins.

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note4