Réalités obliques

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Titre : Réalités obliques
Scénariste : Clarke
Dessinateur : Clarke
Parution : Octobre 2015


Je n’ai jamais rien lu de Clarke. Et pourtant, il est le dessinateur de la bien connue « MĂ©lusine ». C’est ainsi un changement de style radical que le dessinateur effectue en proposant « RĂ©alitĂ©s obliques », un one-shot en noir et blanc dĂ©rangeant, oĂč fantastique et onirisme se cĂŽtoient. Paru au Lombard, l’ouvrage titille les 160 pages.

Clarke nous propose plus d’une vingtaine de petites histoires de 4 pages carrĂ©es, chaque page contenant elle-mĂȘme quatre cases carrĂ©es. Chaque scĂšne possĂšde une composante plus ou moins fantastique (on est souvent dans l’idĂ©e du cauchemar, Ă  la frontiĂšre du rĂ©el). Le tout se veut dĂ©rangeant et c’est plutĂŽt rĂ©ussi. Difficile de ne pas faire le rapprochement avec la dĂ©marche de Franquin et de ses « IdĂ©es noires ». MĂȘme si le contenu reste diffĂ©rent, on reste sur un auteur qui change de style vers des histoires plus glauques et avec un noir et blanc poussĂ©s dans ses retranchements.

4 pages carrées par histoire. 4 cases carrées par planche.

Si toutes les histoires sont loin d’atteindre le mĂȘme niveau, la qualitĂ© est de mise. Clarke maĂźtrise son rythme de 16 cases pour faire monter la tension et aboutir sur une derniĂšre case qui, souvent, donne le sens au reste. En cela, les histoires de Clarke ne coulent pas toujours de source et nous surprennent. Une lecture trop rapide ou en diagonal amĂšne parfois l’incomprĂ©hension. Tout est pesĂ©, tant dans les textes que dans le dessin. Et le rĂ©sultat est rĂ©ussi : on est mal Ă  l’aise face Ă  ces histoires qui touchent Ă  nos phobies les plus primitives.

Concernant le dessin, difficile de ne pas penser au « Sin City » de Frank Miller. Il semble que ce soit l’influence majeure de Clarke sur cet album. MalgrĂ© tout, les cadrages, les clairs-obscurs forcent le respect et on sent un auteur en pleine possession de son art. Surtout que beaucoup de scĂšnes possĂšdent peu d’action, le dessinateur change les points et angles de vue intelligemment.

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« RĂ©alitĂ©s obliques » est une Ɠuvre qui permet Ă  Clarke de prĂ©senter une autre palette de son talent. Si on pense beaucoup Ă  Franquin et Miller pendant la lecture, difficile de ne pas adhĂ©rer Ă  l’ouvrage, dont l’ambition initiale est atteinte. Un beau livre, simplement.

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note4

Okko, T7 : Le cycle du feu, premiĂšre partie

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Titre : Okko, T7 : Le Cycle du Feu, premiĂšre partie
Scénario : Hub
Dessin : Hub
Parution : Octobre 2011


« Okko » est une sĂ©rie basĂ© sur des cycles Ă©lĂ©mentaires composĂ©s de deux tomes chacun, scĂ©narisĂ©e et dessinĂ©e par Hub. AprĂšs le cycle de l’eau, le cycle de la terre et le cycle de l’air, voici venir le cycle du feu. Premier tome de ce cycle et donc septiĂšme de la sĂ©rie, celui-ci dĂ©marre sur un mariage entre deux familles trĂšs puissantes. Devant l’ampleur du phĂ©nomĂšne (qui pourrait amener un nouvel empereur), les familles font appel Ă  la garde blanche, composĂ©e des cent samouraĂŻs les plus valeureux. Auquel s’ajoute un cent-uniĂšme bien connu : Okko. Bien qu’étant dĂ©shonorĂ© et diminuĂ© (il a perdu une main lors du cycle prĂ©cĂ©dent), ce qui fait de lui un ronin, ses faits d’armes le rendent indispensables. Cependant, notre hĂ©ros sait prendre du recul et Ă©vite de se mĂ©langer avec des pairs qui le renient.

La rĂ©ussite d’ « Okko » tient Ă  plusieurs facteurs. Le japon mĂ©diĂ©val, teintĂ© de fantastique, est Ă  la fois terriblement exotique et sombre. Hub crĂ©e un monde d’hĂ©roĂŻc-fantasy japonais avec ses guerriers, ses nobles, ses monstres et ses sorciers. La balance entre l’aspect historique (et documentĂ©) et fantastique est parfaitement dosĂ©e et accouche d’un univers crĂ©dible et cohĂ©rent.

Un Japon médiéval, exotique et sombre.

Autre facteur de rĂ©ussite : les personnages. Comme dans toute saga de fantasy, « Okko » est avant tout l’histoire d’un groupe. On y trouve Okko, samouraĂŻ dĂ©chu, Noburo, guerrier gĂ©ant cachĂ© derriĂšre un masque, Noshin, moine alcoolique et Tikku, jeune apprenti du moine. La galerie est pittoresque mais moins caricaturale qu’elle n’y paraĂźt. Les relations entre les personnages sont souvent conflictuelles et les problĂšmes viennent souvent de l’une des personnes du groupe. Le vrai lien est Okko, qui n’hĂ©site pas Ă  se mettre en danger (voire Ă  se sacrifier) pour dĂ©fendre l’un de ses compagnons. C’est une vraie force dans cette BD car Okko est parfois Ă  la limite de l’antipathique. Aigri et agressif avec le moine, Hub ne lui fait pas non plus de cadeau. Mais son personnage prĂ©fĂšre ses amis Ă  son honneur. L’auteur en fait donc une version nouvelle du samouraĂŻ, trĂšs intĂ©ressante.

Comme d’habitude, l’histoire se passe sur une Ăźle. Cycle du feu oblige, elle est volcanique ! Dans ce premier tome du cycle, Hub distille son atmosphĂšre lentement sans dĂ©voiler les vrais tenants de l’intrigue. Et Ă  la fin du tome, un Ă©vĂšnement avive un suspense insoutenable. L’auteur maĂźtrise rĂ©ellement la construction en deux tomes et c’est sans doute ce qui fait tout le charme de cette Ɠuvre. PlutĂŽt que d’écrire une longue Ă©popĂ©e de 8 tomes, Hub Ă©crit des histoires denses Ă  l’identitĂ© fortement marquĂ©e. RĂ©sultat : on a l’impression que « Okko » s’amĂ©liore de tomes en tomes.

A force de passer les tomes, on en apprend un peu plus sur les personnages. Hub nous prĂ©sente un Okko en apparence vieilli et affaibli. Bien que pouvant ĂȘtre lu indĂ©pendamment des autres tomes, je conseille tout de mĂȘme une lecture prĂ©alable des ouvrages prĂ©cĂ©dents. De mĂȘme, le jeune Tikku, si timide et effrayĂ© au dĂ©part, vieillit et prend de plus en plus d’initiatives. On a vraiment l’impression de voir Ă©voluer les personnages. Mais comme toujours, c’est trĂšs lĂ©ger et subtil. Hub mĂ©nage ses informations, ses Ă©volutions afin de crĂ©er une Ɠuvre des plus intĂ©ressantes.

Et que dire du dessin ? Il est simplement magnifique. DĂ©taillĂ© et expressif, il sait se faire dynamique dans les combats. La faune et la flore sont parfaitement retranscrits et donnent de la chaleur Ă  ce cycle ardent. De mĂȘme, tous les apparats du japon mĂ©diĂ©val donnent vraiment l’impression d’y ĂȘtre, facilitant notre plongĂ©e dans l’univers. Sans en faire trop, Hub sait crĂ©er des moments forts dans ses planches. Une grande rĂ©ussite comme toujours ! De plus, chaque cycle a une vraie identitĂ©, que ce soit dans les tons, les couleurs et les ambiances.

« Okko » est une vraiment une Ɠuvre majeure de la bande-dessinĂ©e. Construite selon des cycles de deux tomes, tout y est rĂ©ussi. Un dessin virtuose reconnaissable immĂ©diatement, des intrigues teintĂ©es de fantastique, un univers original et cohĂ©rent, des personnages complexes et attachants
 Je ne peux que vivement la conseiller Ă  ceux qui ne l’auraient pas encore dĂ©couverte. Chaque tome est un grand moment, simplement.

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note5

 

Okko, T9 : Le cycle du vide, premiĂšre partie

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Titre : Okko, T9 : Le cycle du vide, premiĂšre partie
Scénariste : Hub
Dessinateur : Hub
Parution : Mai 2014


« Okko » est certainement l’une de mes sĂ©ries prĂ©fĂ©rĂ©es. Je la suis depuis le premier tome. Or, fait rare, cette sĂ©rie a eu tendance Ă  se bonifier au fur et Ă  mesure des tomes. Et des tomes, il y en a puisque c’est le neuviĂšme qui sort en cette annĂ©e 2014. ScindĂ©s par cycle de deux, voilĂ  donc l’ultime cycle : le cycle du vide. C’est donc l’avant-dernier opus des aventures d’Okko qui paraĂźt chez Delcourt. Alors, que nous propose donc ce nouveau cycle ?

Okko est un ronin qui arpente l’Empire du Pajan accompagnĂ© par de curieux acolytes. Ils sont chasseurs de dĂ©mons. On retrouve Noshin le moine alcoolique, Noburo le gĂ©ant masquĂ© et Tikku, apprenti moine. Or, depuis le dĂ©but, nous ne savons toujours pas qui est Noburo ni mĂȘme comment le moine a pu se retrouver embarquĂ© dans ce groupe. Quant Ă  Okko, son passĂ© reste trouble. Le groupe est actuellement chassĂ© et fuit perpĂ©tuellement. Okko, usĂ©, dĂ©cidĂ© qu’il est temps pour lui de prendre sa retraite. Et voilĂ  l’occasion de prĂ©senter un flashback sur l’histoire du ronin.

Beaucoup d’informations restent en suspens

La force de l’univers de « Okko » est de savoir distiller les informations au compte-goutte. Hub maĂźtrise parfaitement son univers et ne nous laisse entrevoir les liens du passĂ© qu’avec parcimonie. Et, enfin, avec ce dernier cycle, l’auteur va avoir les rĂ©ponses Ă  ses questions ! Et il faut bien avouer que l’on est gĂąté ! Sans trop s’attarder sur la narration, Hub dĂ©clenche trĂšs vite un flashback qui tiendra jusqu’à la fin du livre. Certains personnages passĂ©s apparaissent donc et le passĂ© est rĂ©vĂ©lĂ©. L’auteur nous livre beaucoup d’informations, si bien qu’à la fin de l’ouvrage on n’a qu’une envie : relire les huit premiers tomes pour voir si certains aspects Ă©taient dĂ©jĂ  visibles Ă  l’époque
 Cependant, beaucoup de questions restent en suspens et l’idĂ©e d’attendre encore de longs mois pour lire l’épilogue est une vĂ©ritable souffrance.

« Okko » tient sa force de l’univers nippon mĂ©diĂ©val fantastique qu’il propose. Hub lui donne toute sa force par des dessins expressifs et des dĂ©cors splendides. Les couleurs rendent hommage au trait du dessinateur sans peine et aident Ă  la narration, utilisant de diffĂ©rents camaĂŻeus pour les flashbacks. Les nombreux combats (au katana bien sĂ»r !) sont admirablement rendus avec beaucoup de dynamisme. Bref, c’est parfaitement adaptĂ© au propos !

Si on pourra regretter l’absence de certains personnages (Noburo notamment !), cette bande-dessinĂ©e se dĂ©vore d’une traite et donne suffisamment d’informations pour rassasier lecteur. MalgrĂ© tout, on ne peut qu’attendre l’épilogue de cette sĂ©rie. L’une des plus passionnantes de ces derniĂšres annĂ©es.

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note5

ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ

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Titre : Zaï zaï zaï zaï
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Mai 2015


Je suis un grand fan de Fabcaro. Capable d’apprĂ©cier autant ses livres d’autodĂ©rision que ses strips ou encore ses ouvrages expĂ©rimentaux, je fus en joie en voyant un nouveau bouquin sortir, intitulĂ© « ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaï ». Un road-movie paraĂźt-il
 Devant les bonnes critiques unanimes et son prix au festival Quai des Bulles, je me le suis procurĂ©, prĂȘt Ă  apprĂ©cier cet ouvrage. Le tout est paru chez 6 pieds sous terre pour une soixantaine de pages.

« ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaï » est une auto-fiction. On retrouve Fabcaro au supermarchĂ©. Au moment de payer, il s’aperçoit qu’il n’a pas sa carte de fidĂ©litĂ©. Commence alors une cavale rocambolesque


Une cavale d’un nouveau genre.

ZaiZaiZaiZai3Si ce livre est assez diffĂ©rent formellement des autres ouvrages de Fabcaro, il en reprend pourtant toutes les caractĂ©ristiques : l’obsession du supermarchĂ©, le fonctionnement en strips, l’absurde, l’auto-dĂ©rision, le comique de rĂ©pĂ©tition
 Fabcaro fusionne le tout dans une aventure complĂštement absurde. Ainsi, chaque page propose un gag qui fait avancer l’histoire. Le cĂŽtĂ© extrĂȘmement absurde ferait presque pencher la balance vers l’idĂ©e d’un ouvrage expĂ©rimental. Mais l’humour dĂ©veloppĂ© est grand public, pour peu qu’on soit ouvert aux incohĂ©rences voulues du rĂ©cit. Si voir quelqu’un menacer un vigile avec un poireau ne vous fait pas sourire, vous pouvez passer votre chemin.

La cavale est bien Ă©videmment un prĂ©texte pour parler de tout et de rien. On retrouve  des gags sur l’auteur en lui-mĂȘme, sur les supermarchĂ©s, sur la police, sur les journalistes
 L’histoire est ainsi aussi dĂ©cousue qu’elle est absurde. Et ce, jusqu’à un Ă©pilogue rĂ©ussi. Et si, vu l’humour proposĂ©, on accroche plus ou moins aux situations, on sourit souvent et on rit mĂȘme de bon cƓur devant certains gags.

Au-delĂ  de la qualitĂ© intrinsĂšque de l’ouvrage (et de savoir s’il est drĂŽle ou non), force est de constater que Fabcaro est un auteur qui possĂšde une vĂ©ritable patte en tant que scĂ©nariste. Quand on accroche Ă  son humour, difficile de s’en dĂ©tacher. On est loin d’un humour formatĂ© et dĂ©jĂ  entendu.

Concernant le dessin, Fabcaro dĂ©laisse son dessin humoristique pour un trait Ă  la fois plus rĂ©aliste et encore plus relĂąchĂ©. Cela donne Ă  son road movie une apparence de sĂ©rieux qui tranche encore plus avec l’absurde de l’histoire. Le choix est clairement payant. Fabcaro fait la part belle aux rĂ©pĂ©titions dans ses pages, mettant l’accent sur les dialogues. Le trait est relevĂ© par une bichromie Ă  la teinte jaune/verte un peu dĂ©stabilisante (et honnĂȘtement assez moche). La teinte mise Ă  part, la colorisation donne du volume au trait et reste pertinente.

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« ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaï » est un beau condensĂ© du savoir faire de Fabcaro. Il n’est pas rare de rire devant les pĂ©ripĂ©ties de ce hĂ©ros du quotidien. Rien que pour cela, l’ouvrage est rĂ©ussi. Mais quand il faut parler d’autodĂ©rision et tacler les angoisses du quotidien franchouillard (karaokĂ© et carte de fidĂ©litĂ© de supermarchĂ© en tĂȘte), il reste l’un des auteurs les plus performants.

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note4

Narcisse, T2 : Terra Nullius

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Titre : Narcisse, T2 : Terra Nullius
Scénariste : Chanouga
Dessinateur : Chanouga
Parution : Septembre 2015


Le premier tome de « Narcisse » m’avait un peu laissĂ© sur ma fin. MalgrĂ© un dessin de haut niveau, la narration souffrait d’un rythme mal maĂźtrisĂ© et d’une histoire qui ne se lançait vraiment qu’en toute fin d’album. Avec ce deuxiĂšme tome, Chanouga entre dans le cƓur de son ouvrage : l’expĂ©rience d’un naufragĂ© sur une Ăźle de cannibales. Le tout est publiĂ© chez Paquet pour soixante pages.

Narcisse, jeune mousse embarquĂ© pour l’Australie, est Ă©chouĂ© sur une Ăźle oĂč sĂ©vissent des cannibales. Une expĂ©dition cherche Ă  lui venir en aide (et Ă  rĂ©cupĂ©rer leur main d’Ɠuvre chinoise), mais ils le considĂšrent comme mort. Pourtant, Narcisse va survivre et vivre parmi les autochtones pendant de nombreuses annĂ©es.

Une vie parmi les cannibales.

Narcisse2aAprĂšs un premier tome qui s’éternisait sur les premiĂšres expĂ©riences de Narcisse, on entre ici dans le vif du sujet. « Terra Nullius » s’intĂ©resse exclusivement Ă  la vie du jeune homme sur l’üle. Ses dĂ©buts difficiles (et contestĂ©s) parmi la tribu, jusqu’à son dĂ©part. Le lieu unique permet Ă  Chanouga de mieux maĂźtriser sa narration. En cela, la sĂ©rie s’amĂ©liore. Mais on sent l’auteur encore trĂšs attachĂ© Ă  ne relater que les faits dont il a connaissance. L’histoire reste parcellaire et on aborde plusieurs annĂ©es en un seul tome. LĂ  encore, certains Ă©vĂ©nements restent peu traitĂ©s en terme psychologique (on pense notamment au cannibalisme).

L’histoire prend un tour plus spirituel avec ce deuxiĂšme tome. C’est plutĂŽt une rĂ©ussite, Chanouga maĂźtrisant parfaitement ce genre de sujet et le mettant en image avec maestria. Car au-delĂ  de l’esthĂ©tisme des pages de l’auteur, c’est son dĂ©coupage qui est marquant. Ne cherchant jamais la facilitĂ©, il sait produire des planches marquantes.

Difficile de ne pas parler du dessin de Chanouga. Son choix d’absence d’encrage met en valeur son crayonnĂ© (dont on voit les traits de construction). Sa gestion des couleurs et des lumiĂšres est un modĂšle du genre. Son bleu-vert couplĂ© Ă  l’orange des cheveux de Narcisse fait des merveilles. Pleinement Ă  l’aise avec la mer et la vĂ©gĂ©tation luxuriante de l’üle, on ne peut que s’extasier devant son dessin.

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Si les choix de narration et de scĂ©nario restent discutables, ce deuxiĂšme tome est plus rĂ©ussi que le premier. DotĂ© d’une unitĂ© de lieu (Ă  dĂ©faut de temps), on reste un peu Ă©tonnĂ© de voir Narcisse si peu expressif face aux Ă©vĂ©nements. Mais sans doute est-ce aussi l’originalitĂ© de cet ouvrage. Le jeune homme adopte pleinement la vie des autochtones et laisse vĂ©ritablement de cĂŽtĂ© son ancienne vie. C’est cela qui perturbe le lecteur. À voir comment Chanouga clĂŽturera cette sĂ©rie avec le troisiĂšme et dernier tome traitant du retour de Narcisse Ă  la vie occidentale.

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note3

Narcisse, T1 : MĂ©moires d’outre-tombe

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Titre : Narcisse, T1 : MĂ©moires d’outre-tombe
Scénariste : Chanouga
Dessinateur : Chanouga
Parution : Avril 2014


J’avais Ă©tĂ© subjuguĂ© par le premier album de Chanouga. Son univers maritime et onirique m’avait beaucoup plus, soutenu par un graphisme personnel parfaitement adaptĂ© au sujet. Il revient cette fois avec une biographie sous forme de sĂ©rie, « Narcisse ». PrĂ©vue en trois tomes de 60 pages, elles font entre l’auteur dans un travail bien plus classique et rĂ©aliste. Le tout est publiĂ© chez Paquet.

Au rayon des constances, Chanouga reste dans l’univers de la mer. Il raconte l’histoire de Narcisse, un jeune garçon qui ressent l’appel de la mer. Contre l’avis de ses parents, il s’embarque comme mousse. Et de bateaux en bateaux, il finit par partir pour l’Australie. Mais c’est un naufrage qui l’attend


Le difficile exercice de la biographie.

Narcisse1aSi la sĂ©rie doit avant tout parler de l’expĂ©rience de naufragĂ© de Narcisse (vu les notes de fin d’ouvrage), ce premier tome s’attarde sur le personnage. Comment en est-il arrivĂ© lĂ , pourquoi veut-il naviguer
 Tout cela est trĂšs classique et, honnĂȘtement, peu passionnant. Tout va trop vite (ou pas assez, c’est selon) et la narration manque de fluiditĂ©. Quand on comprend Ă  la fin du livre qu’on a affaire Ă  une biographie, on comprend mieux le rythme un peu hĂąchĂ© du l’ouvrage. Chanouga manque un peu d’expĂ©rience pour le coup, n’arrivant pas Ă  se dĂ©tacher du sujet pour faire les coupes nĂ©cessaires dans la rĂ©alitĂ© ou, Ă  l’inverse, pour broder et remplir les inconnues.

MalgrĂ© tout, l’histoire touche Ă  la mer et cela ne laisse pas indiffĂ©rent. Narcisse vieillit au long de l’ouvrage, devenant un jeune homme. Si les faits relatĂ©s sont suffisamment classiques, la montĂ©e en tension est rĂ©elle et la derniĂšre partie, concernant le naufrage, ne laisse pas indiffĂ©rent.

En revanche, le dessin de Chanouga, immĂ©diatement reconnaissable, est une pure merveille. MĂȘme s’il est plus puissant dans les reprĂ©sentations abstraites et fantastiques que dans le rĂ©alisme pur, son trait non-encrĂ© est splendide et admirablement mis en couleur (avec un contraste de couleurs froides et chaudes maĂźtrisĂ©). Certaines cases, certaines pages, sont particuliĂšrement marquantes et nous laissent sans voix.

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Ce « Narcisse », bien plus terre-Ă -terre que « De profundis », nous laisse un peu sur notre faim. On a l’impression d’une narration et d’un rythme mal maĂźtrisĂ©. Un peu de concision d’un cĂŽtĂ©, afin de s’attarder sur certains points ailleurs aurait Ă©tĂ© les bienvenus. Reste un graphisme enivrants qui sait nous faire oublier, un peu, ces Ă©cueils.

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note3

Kililana song, T2

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Titre : Kililana song, T2
Scénariste : Benjamin Flao
Dessinateur : Benjamin Flao
Parution : Octobre 2013


Le premier tome de  Kililana song » m’avait laissĂ© un sentiment mitigĂ©. J’avais Ă©tĂ© captĂ© par l’ambiance, le dessin et cette chronique de la vie sur un archipel du Kenya. Mais le fil rouge, le liant de l’ensemble me semblait encore bien tĂ©nu. Ça tombait bien, la fin de la premiĂšre partie commençait Ă  relier les histoires entre elles. L’occasion d’un final rĂ©ussi ? La seconde partie clĂŽt le dyptique en 130 nouvelles pages. Le tout est publiĂ© chez Futuropolis et rĂ©alisĂ© par Benjamin Flao.

Le personnage principal est NaĂŻm. EmbarquĂ© sur une embarcation de fortune Ă  son insu par un vieil homme, il va ĂȘtre mis devant les croyances ancestrales de la rĂ©gion. D’autres intrigues se dĂ©veloppent : un navigateur, un expatriĂ© droguĂ©, un investisseur, une prostituĂ©, un vieil homme droguĂ© lui aussi, un frĂšre bigot
 Benjamin Flao n’est pas avare d’intrigues et de personnages, au point de diluer un peu l’intĂ©rĂȘt. À multiplier les histoires, il nous perd dans les mĂ©andres de son scĂ©nario.

Un final un peu confus.

KililanaSong2aL’histoire de NaĂŻm, plutĂŽt drĂŽle, prend ici un tour fantastique. Beaucoup de discours et beaucoup moins d’action. Sur terre, les intrigues avancent plus ou moins sans que l’on sache trop vers oĂč l’on va. Et Ă  la fermeture de l’ouvrage, on constate que certaines histoires ne sont pas vraiment refermĂ©es et disposaient d’un intĂ©rĂȘt finalement limitĂ©. L’auteur s’est clairement Ă©parpillĂ©. Il faut dire qu’avec 250 pages au compteur, il y avait de quoi faire. Mais en se concentrant sur son sujet, l’ouvrage aurait certainement Ă©tĂ© plus lisible. LĂ , on a presque l’impression de suivre des histoires parallĂšles sans vĂ©ritable lien entre elles.

Reste une chronique sociale particuliĂšrement dĂ©paysante. On retrouve une ville de pĂȘcheur avec tous les alĂ©as de ce genre d’endroits. Alors que le lieu ne paraissait dĂ©jĂ  pas folichon, voilĂ  que l’on parle de l’industrialiser. Benjamin Flao ajoute sur le tard une veine Ă©cologique Ă  son ouvrage.

Si le dessin Ă©tait indĂ©niablement le point fort de la premiĂšre partie, c’est toujours le cas. Plus encore, Benjamin Flao varie les techniques pour donner un rĂ©sultat plus diversifiĂ© selon les situations. Reste la lumiĂšre, la chaleur, que l’on ressent sur les peaux des personnages. Sa reprĂ©sentation des Ă©pisodes fantastiques est remarquable, de mĂȘme que celle de la tempĂȘte qui sĂ©vit dans l’ouvrage. Du grand travail.

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« Kililana song » me laisse un goĂ»t d’inachevĂ©. La chronique du lieu et l’atmosphĂšre qui s’en dĂ©gage est vraiment remarquable, mais le fil rouge manque d’intensitĂ© et de clartĂ©. Certaines intrigues finissent trop rapidement (voir restent des impasses) et l’épilogue est un peu tirĂ© par les cheveux. Une Ɠuvre symptomatique de l’époque : beaucoup de pagination et une difficultĂ© Ă  la concision. Dommage.

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note3

Kililana song, T1

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Titre : Kililana song, T1
Scénariste : Benjamin Flao
Dessinateur : Benjamin Flao
Parution : Mars 2012


« Kililana song », premiĂšre partie, a Ă©tĂ© aurĂ©olĂ© du prix Ouest-France au festival Quai des Bulles de Saint Malo. Une distinction qui donne suffisamment envie de s’y intĂ©resser ! De plus, le dessin, tout en aquarelles et en encres de l’auteur Benjamin Flao, flatte la rĂ©tine du lecteur. Alors qu’en est-il de ce premier opus ? Le tout est publiĂ© chez Futuropolis pour plus de 120 pages de lecture.

Nous sommes sur une ville cĂŽtiĂšre du Kenya. Ici se mĂȘlent pĂȘcheurs, navigateurs, expatriĂ©s et touristes. Au milieu de cet univers, NaĂŻm, 11 ans, dĂ©ambule parmi ceux lĂ , Ă©levĂ© par sa tante et pourchassĂ© par son grand frĂšre. Ce dernier veut qu’il aille Ă  l’école et devienne un bon musulman, ce dont le petit Kenyan n’a que faire. Au fil de ses pĂ©rĂ©grinations, NaĂŻm nous dĂ©crit ainsi cet univers particulier et forcĂ©ment dĂ©paysant pour un lecteur occidental.

Un carnet de voyage devenu fiction.

KililanaSong1bAu-delĂ  de l’histoire de NaĂŻm, d’autres histoires viennent se greffer. Ainsi, un arbre gĂ©ant (et magique), semble ĂȘtre le point crucial de l’histoire (et pourtant Ă  peine abordĂ©). De mĂȘme, un navigateur perdu n’a pas encore trouvĂ© son rĂŽle. C’est un peu le point faible du bouquin. L’auteur enchevĂȘtre quelques histoires mais aprĂšs 120 pages, tous les liens ne sont pas encore clairs. Ainsi, le dĂ©but de lecture est poussif et un peu perturbant, la narration restant Ă©vasive. Ainsi, c’est avant tout NaĂŻm et ses rencontres qui nous transportent pour le moment.

Benjamin Flao se repose donc sur une recette bien connue : des personnages hauts en couleur, des rencontres
 En cela, on sent que le livre est issu de ses propres voyages (ce qu’il annonce en dĂ©but de livre). Dommage que les situations se rĂ©pĂštent un peu (notamment les poursuites du grand frĂšre), si bien que le livre dilue l’intĂ©rĂȘt et l’attention du lecteur. Un peu de concision n’aurait pas fait perdre grand-chose. La fin de l’ouvrage laisse prĂ©sager de bonnes surprises, il faudra donc attendre la suite pour vraiment savoir si le fil rouge de l’ensemble est pertinent.

Au niveau du dessin, difficile de ne pas ĂȘtre sĂ©duit par le trait de Benjamin Flao. Si certaines planches sont parfois un peu confuse, ses choix de cadrage sont toujours originaux et travaillĂ©s. Ses couleurs subliment l’ensemble et nous font vraiment ressentir cette Afrique cĂŽtiĂšre, avec la mer, les bĂąteaux et la lumiĂšre omniprĂ©sente. C’est du beau travail, dynamique comme du croquis de voyage et nĂ©anmoins d’une prĂ©cision exemplaire.

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Difficile de ne pas ĂȘtre conquis par ce « Kililana song ». DĂ©paysant et pourvu d’un dessin virtuose, on a envie d’y adhĂ©rer pleinement. Mais le fil rouge peine un peu Ă  se mettre en place et les longueurs de l’ouvrage nous font tiquer. Des espoirs Ă  confirmer avec la deuxiĂšme partie !

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note3

Le vent dans les saules, T1 : Le bois sauvage

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Titre : Le vent dans les saules, T1 : Le bois sauvage
Scénariste : Michel Plessix
Dessinateur : Michel Plessix
Parution : Octobre 1996


J’ai dĂ©couvert un jour « Le vent dans les saules » dans la demeure familiale. Depuis, ma vie en a Ă©tĂ© changĂ©e
 AdaptĂ©e du roman jeunesse Ă©ponyme de Kenneth Grahame (que je n’ai jamais lu), cette sĂ©rie scĂ©narisĂ©e et dessinĂ©e par Michel Plessix, dont je ne connaissais alors pas le travail. Parue chez Delcourt, cette sĂ©rie a vu quatre tomes sortir, plus cinq autres qui lui font suite. C’est avec « Le bois sauvage » que l’histoire commence.

« Le vent dans les saules » narre l’histoire d’animaux de la forĂȘt. Il y a Rat, le poĂšte, Taupe, l’ingĂ©nu, Crapaud le baron local, Blaireau le taciturne
 Tout cela se passe dans une ambiance paisible au bord de la riviĂšre. Paisible ? Non ! Crapaud et ses lubies entraĂźne ce monde dans des aventures pas piquĂ©es des vers !

La narration du « Vent dans les saules » est articulĂ©e selon des chapitres. C’est ici trois chapitres d’une dizaine de pages qui nous sont proposĂ©s, soit un total de seulement trente pages. Pourtant, Ă  la fermeture de l’ouvrage, l n’y a aucun risque de se sentir flouĂ© par la faible pagination ! Chaque chapitre raconte une anecdote, qui possĂšde sa propre indĂ©pendance. Mais Ă©vident, au fur et Ă  mesure, les personnages se dĂ©voilent. Mais quel plaisir de voir Rat dire qu’il prĂ©sentera Blaireau prochainement et de voir ce personnage apparaĂźtre au chapitre suivant.

Une atmosphÚre douce et poétique

La force du « Vent dans les saules » est de prĂ©senter une vĂ©ritable aventure tout en semblant ĂȘtre purement contemplatif. Ainsi, nombreuses sont les cases muettes, uniquement accompagnĂ©es par la narration complice de l’auteur. Pas question de plonger dans les pĂ©ripĂ©ties, tout cela se fait tranquillement et sereinement. On se sent happĂ© par l’atmosphĂšre de l’ouvrage ou personne ne va travailler et oĂč l’on Ă©crit des vers au bord de la riviĂšre


Cette atmosphĂšre douce et poĂ©tique est magnifiĂ©e par le dessin splendide (virtuose ?) de Michel Plessix. Ses animaux sont plus vrais que nature. Quant Ă  cette fameuse nature, elle est merveilleusement retranscrite, les couleurs Ă  l’aquarelle lui rendant particuliĂšrement honneur. De plus, l’auteur varie les vues, du plan large au gros plan avec le mĂȘme talent. Et malgrĂ© cette envie de contempler qui nous prend subitement, les personnages gardent un dynamisme certain. Plus qu’un coup de cƓur, le dessin de Plessix est ici une rĂ©vĂ©lation. Et si ce n’était pas suffisant, l’auteur s’amuse Ă  ajouter nombre de dĂ©tails dans ses cases. Invisibles au premier abord, il donne Ă  la seconde lecture un souffle d’autant plus fort, l’auteur crĂ©ant presque un jeu, du moins une complicitĂ©, avec le lecteur.

Ce premier tome du « Vent dans les saules » est dĂ©jĂ  une Ɠuvre majeure. Dessin, univers, narration et personnages forment un tout remarquablement cohĂ©rent et d’une poĂ©sie incroyable. Ne vous fiez pas Ă  l’esprit « petits animaux » qui donnent l’impression d’une bande-dessinĂ©e pour enfant. Mettre un pied au bord de la riviĂšre avec Michel Plessix, c’est ne plus vouloir la quitter. Un chef d’Ɠuvre !

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note5

Le feul

LeFeul


Titre : Le feul
T1 : Valnes
T2 : Les Brohms
T3 : L’hĂ©ritage
Scénariste : Jean-Charles Gaudin
Dessinateur : Frédéric Peynet
Parutions : Avril 2005 – Janvier 2007 – Janvier 2009


On m’avait offert le premier tome du « Feul ». À l’époque, je me mĂ©fie des sĂ©ries de fantasy aux dĂ©marrages sympathiques qui s’étiolent au fur et Ă  mesure et ne donne pas suite Ă  la sĂ©rie. Quelques occasions dĂ©nichĂ©es plus tard, me voilĂ  avec les trois tomes en ma possession. C’est donc une sĂ©rie relativement courte (de nos jours) qui nous est proposĂ©e par Peynet (au scĂ©nario) et Gaudin (au dessin). Le tout est publiĂ© chez Soleil.

Des tribus, des coutumes, des conflits…

LeFeul2Dans un village reculĂ©, les gens meurent de plus en plus Ă  cause d’une maladie qu’ils baptisent le feul. Il semble que le mal vienne de la riviĂšre. Et quand ils s’aperçoivent que la tribu en amont est atteinte du mĂȘme mal, ils dĂ©cident de s’unir et de remonter la riviĂšre pour trouver l’origine du mal. Une peuplade empoisonnerait-elle Ă  dessein le cours d’eau ?

Si le dĂ©but de la sĂ©rie laisse prĂ©sager un univers de fantasy assez classique, ce n’est pas vraiment le cas. Ainsi, si chaque tribu est diffĂ©rente physiquement, ce sont tous des humanoĂŻdes. Et si le monde est peuplĂ© de bestioles et de monstres effrayants, la magie est complĂštement absente. Ainsi, c’est avant tout un univers de tribus qui nous est proposĂ©. Le monde n’est pas industrialisĂ© et les gens vivent dans des huttes.

L’histoire insiste donc sur les diffĂ©rences de culture des tribus. Cela passe par les croyances, la sexualitĂ© ou la façon d’aborder les problĂšmes. Cet aspect est trĂšs rĂ©ussi et dĂ©veloppĂ©, les auteurs cherchant Ă  aborder le thĂšme de la tolĂ©rance envers la diffĂ©rence Ă  travers de nombreux dialogues entre les protagonistes. Ainsi, « Le feul » reprend un classique de la fantasy : un groupe de peuplades diffĂ©rentes qui doivent cohabiter.

La grande force du « Feul » tient dans sa case finale qui donne tout le sens Ă  l’ouvrage. C’est particuliĂšrement remarquable et j’ai mis du temps Ă  m’en remettre. En cela, la sĂ©rie est singuliĂšre et le traitement par les auteurs incroyable. À la fermeture du troisiĂšme tome, il nous prend un irrĂ©sistible besoin de reprendre l’ensemble


Le dessin assurĂ© par Gaudin est de grande qualitĂ©. De nature classique, il propose un dĂ©coupage toujours bien menĂ© qui associe longues discussions et scĂšnes d’action. La narration Ă  la premiĂšre personne, qui s’intercale dans les moments plus calmes, apporte un plus et permet Ă  Gaudin de laisser parler son dessin. Et la couleur directe, aux tons trĂšs doux, sort des codes actuels du genre qui vise plutĂŽt les couleurs vives et tape-Ă -l’Ɠil. Cela donne un petit cĂŽtĂ© rĂ©tro pas dĂ©sagrĂ©able aux ouvrages. Et vu le thĂšme traitĂ©, c’est parfaitement adaptĂ©.

LeFeul1

« Le feul » est une sĂ©rie qui se lit aisĂ©ment, avec des personnages forts et des tribus aux coutumes bien dĂ©veloppĂ©s. Alors que l’on prend l’acceptation de la diffĂ©rence comme thĂšme principal, les auteurs nous surprennent par une fin qui ajoute une couche supplĂ©mentaire de narration. Une belle sĂ©rie en trois tomes, bien pensĂ©e et bien rĂ©alisĂ©e. Du beau travail, Ă  la fois classique et original.

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note4