Blotch, Oeuvres ComplĂštes – Blutch

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Titre : Blotch, Oeuvres ComplĂštes
Scénariste : Blutch
Dessinateur : Blutch
Parution : Janvier 2009
Parution tome 1 : Septembre 1999
Parution tome 2 : Octobre 2000


 Je me suis offert rĂ©cemment les Ɠuvres complĂštes de « Blotch », sĂ©rie dessinĂ©e et scĂ©narisĂ©e par Blutch. Cet ouvrage comprend les deux tomes qui Ă©taient parus alors. « Blotch » est le nom du personnage principal, dessinateur dans Fluide Glacial dans le Paris des annĂ©es 30
 Oui, vous avez bien lu !

Il n’est pas rare de voir les auteurs de Fluide Glacial parler de leur rĂ©daction (tout comme on trouvait ce genre de thĂšme dans Gaston qui travaillait chez Dupuis
). Mais rarement on aura vu une telle crĂ©ativitĂ©. En transposant l’histoire dans l’entre deux guerres, Blutch impose une ambiance dĂ©suĂšte incroyable. De mĂȘme, les dessinateurs d’humour deviennent des artistes pĂ©dants, buvant dans les cafĂ©s du beau Paris. Ce dĂ©calage entre ce que l’on peut imaginer de Fluide Glacial (grosses blagues et pinard) et cette attitude pincĂ©e d’artistes arrogants est vraiment incroyable.

Un fluide glacial des annĂ©es 30…

 Blotch est le meilleur mais aussi le pire d’entre eux. Il se dit gĂ©nial (et l’est a priori), mais est aussi rampant, prĂȘt Ă  Ă©craser les autres par des manƓuvres plus fourbes les unes que les autres. Le personnage est dĂ©testable. Arrogant, prĂ©tentieux, raciste, arriviste
 Et Ă©minemment grotesque ! Ainsi, en Ă©crasant son propre alter-ego, Blutch crĂ©e une complicitĂ© avec son lecteur. 

Evidemment, tout le monde en prend pour son grade. On passera sur ses collĂšgues (on reconnaĂźtra Gaudelette, Larcenet
), le rĂ©dacteur en chef (dont l’avis dĂ©cide de tout) et les investisseurs (les pires de tous). Seules les personnes extĂ©rieures Ă  Fluide Glacial paraissent alors sympathiques, comme son concurrent de toujours, Jean Bonnot ! Le tout est construit autour de petites histoires de quelques pages entraĂźnant une chute. Ce rythme vient de la parution prĂ©alable dans le magazine Fluide Glacial. Evidemment, l’auteur dĂ©veloppe certains fils rouges (comme sa concurrence avec Jean Bonnot).

L’aspect dĂ©suet des annĂ©es 30 est parfaitement retranscrit. Les dialogues sont savoureux et adaptĂ©s Ă  l’époque. De mĂȘme, lorsque l’on voit les dessins d’humour dessinĂ©s par Blutch, ils correspondent Ă  l’humour de l’époque. Une vĂ©ritable plongĂ©e presque un siĂšcle en arriĂšre ! Qui plus est, cette utilisation de l’entre deux guerres sert vraiment les gags. Il y a une vraie exploitation de l’époque en tant que telle.

Le dessin est Ă©videmment au diapason du sujet. Le choix d’un noir et blanc Ă©lĂ©gant retranscrit parfaitement l’atmosphĂšre surannĂ©e de l’ouvrage. Le trait de Blutch est toujours aussi dynamique et expressif. A n’en pas douter, un des grands dessinateurs actuels.

Si « Blotch » tient de la parodie, la direction que prend l’ouvrage en fait un Ɠuvre Ă  part. En utilisant une caricature dĂ©calĂ©e dans le temps, Blutch crĂ©e une bande-dessinĂ©e beaucoup plus subtile et complexe. Un album dont on ne peut que se dĂ©lecter.

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Note : 19/20

Lune l’envers – Blutch

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Titre : Lune l’envers
Scénariste : Blutch
Dessinateur : Blutch
Parution : Janvier 2014


Blutch reste l’un des auteurs de bande-dessinĂ©e que j’admire le plus. La variĂ©tĂ© des moyens avec lesquels il a pu me toucher en tant que lecteur m’étonne toujours. De ses histoires d’enfance (« Le petit Christian »), Ă  l’humour grinçant (« Blotch ») en passant par le dĂ©stabilisant « Vitesse moderne », j’ai eu droit Ă  tous les sentiments. Cependant, cette force dans la variĂ©tĂ© a fait que je suis Ă©galement passĂ© Ă  cĂŽtĂ© de certains ouvrages
 « Lune l’envers » est un nouveau one-shot publiĂ© par l’auteur chez Dargaud. Le livre se prĂ©sente sous la forme d’un album classique d’une cinquantaine de pages.

LuneLenvers2Quel est le rĂ©el sujet de « Lune l’envers » ? Difficile de le dire. ProfondĂ©ment narcissique (plusieurs personnes sont Blutch), on peut y voir une sorte de fable surrĂ©aliste sur le milieu de la bande-dessinĂ©e (et de l’art en gĂ©nĂ©ral). Mais les critiques sur le monde du travail sont Ă©galement bien prĂ©sentes. L’auteur nous montre notre sociĂ©tĂ©, façon futur dystopique. C’est affreux, sans aucune morale et les mĂ©chants gagnent Ă  la fin. Et devant le cĂŽtĂ© absurde de certaines situations, il va falloir s’accrocher.

Combattre l’aseptisation

Un peu abrupte dans son dĂ©but, l’ouvrage s’éclaircit au fur et Ă  mesure des pages. Les tenants et les aboutissants se dĂ©voilent et le puzzle se constitue. De façon gĂ©nĂ©rale, l’ouvrage s’attaque Ă  l’aspect aseptisĂ© et bien pensant qui s’installe dans notre monde. Ainsi, un jeune Ă©diteur (qui porte le nom
 BlĂŒtch !) dĂ©clare : « votre projet est conventionnel, poussif, sans Ă©lan
 Parfaitement inoffensif
 Bravo, mon vieux. On va vous prĂ©parer un contrat. » C’est le message qui dĂ©coule de l’histoire.

ForcĂ©ment, en crachant dans la soupe et en flinguant tout le monde (de l’auteur indĂ© Ă  l’auteur mainsteam, en passant par l’éditeur), Blutch se devait d’ĂȘtre cohĂ©rent. C’est le cas ! Son rĂ©cit est complexe et riche, son graphisme excellent. J’ai depuis longtemps Ă©tĂ© sĂ©duit par le trait de l’auteur, mais il adopte ici une esthĂ©tique qui rappelle les annĂ©es 70, impression renforcĂ©e par des couleurs originales et marquantes.

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Critiquer l’univers de la BD est facile, le faire avec une telle crĂ©ativitĂ© est une autre paire de manches. Blutch confirme ici, si besoin Ă©tait, son grand talent et sa virtuositĂ©. « Lune l’envers » est un ouvrage corrosif et riche. Une belle Ă©popĂ©e surrĂ©aliste dans le monde d’édition de bande-dessinĂ©e !

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Note : 16/20

Top BD des blogueurs – Mars 2015

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FÉVRIER 2015

Le Top BD des blogueurs est un collectif rassemblant des blogs de critiques de bande-dessinĂ©es. DĂšs qu’un titre possĂšde au moins trois notes, il entre dans le top. Vous pouvez dĂ©couvrir chaque mois les cinquante titres les mieux notĂ©s.

1- (=) Yossel, 19 avril 1943       19
Joe Kubert, Delcourt

2- (=) Les Ogres-dieux tome 1- Petit    18.83
Hubert, Bertrang Gatignol, Soleil

3- (=) Le journal de mon pĂšre 18.67
Jiro Taniguchi, Casterman

4- (=) Asterios Polyp     18.65
David Mazzuchelli, Casterman

5- (=) Persépolis    18.64
Marjanne Satrapi, L’Association

6- (N) Le Sculpteur  18.53
Scott McCloud, Rue de SĂšvres

7- (=) NonNonBù         18.5
Shigeru Mizuki, Cornélius

8- (=) Maus        18.49
Art Spiegelmann, Flammarion

9- (=) Le pouvoir des Innocents Cycle 2- Car l’enfer est ici   18.39
Tome 1, Tome 2, Tome 3

10- (=) Tout seul            18.38
Christophe ChaboutĂ©, Vents d’Ouest

Pour voir la suite du top, je vous invite Ă  visiter le blog de Yaneck : Chroniques de l’invisible

GisĂšle & BĂ©atrice – BenoĂźt Feroumont

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Titre : GisÚle & Béatrice
Scénariste : Benoßt Feroumont
Dessinateur : BenoĂźt Feroumont
Parution : Septembre 2013


Actuellement, je suis trĂšs attirĂ© par la bande-dessinĂ©e Ă©rotique. Cela tombe bien, « GisĂšle & BĂ©atrice », autoproclamĂ© « contenu coquin pour adultes coquins » a reçu de nombreuses Ă©loges chez les critiques de BD ce mois-ci. Du coup, une fois acquis, je me plongeais dans la bĂȘte rĂ©alisĂ©e par BenoĂźt Feroumont. Le tout, publiĂ© chez Dupuis dans la collection Aire Libre (assez logiquement), pĂšse pas moins de 112 pages.

Le pitch de dĂ©part est posĂ© dĂšs les premiĂšres pages. BĂ©atrice est mal considĂ©rĂ©e dans son boulot et harcelĂ©e sexuellement par son boss. ExcĂ©dĂ©e, elle finit par cĂ©der Ă  ses avances. Mais au moment de passer Ă  l’acte, voilĂ  que son patron se transforme en femme
 La nouvelle GisĂšle, immigrĂ©e et sans papier, devient le jouet sexuel de BĂ©atrice et, accessoirement, sa femme de mĂ©nage


Un conte érotique et féministe

C’est un conte Ă©rotique et fĂ©ministe que nous propose lĂ  BenoĂźt Feroumont. En renversant les rĂŽles, il permet au personnage de GisĂšle de comprendre ce qu’endurent les femmes. PassĂ© de patron macho Ă  immigrĂ© harcelĂ© par
 un peu tout le monde, elle vit le quotidien de certaines femmes. Ainsi, elle se plaint que BĂ©atrice veuille des rapports sexuels tous les soirs


L’histoire de « GisĂšle & BĂ©atrice » est pourtant pleine de subtilitĂ© malgrĂ© un pitch qui peut paraĂźtre excessif. Car si l’auteur n’hĂ©site pas Ă  faire dans l’excĂšs, avec beaucoup d’humour, le traitement des personnages est particuliĂšrement rĂ©ussi. Son Ă©volution d’homme Ă  femme se fait difficilement, de mĂȘme que sa dĂ©couverte du plaisir fĂ©minin. Et que dire de sa relation avec son bourreau BĂ©atrice ?

BenoĂźt Feroumont trouve ici un trĂšs bel Ă©quilibre entre l’histoire et son suspense rĂ©el, l’humour et le sexe. Ce dernier est explicite, mais pas vulgaire. L’auteur prend soin de ne pas ĂȘtre exhibitionniste. Ce qui est reprĂ©sentĂ© a toujours un intĂ©rĂȘt et on nage plus en terre d’érotisme que de pornographie. Le tout Ă©moustille quand mĂȘme le lecteur, pour son plus grand plaisir !

Au niveau du dessin, l’aspect cartoon est trĂšs agrĂ©able Ă  lire, convenant parfaitement aux nombreux passages dĂ©calĂ©s et humoristiques. Ce graphisme sait aussi ĂȘtre affriolant, BenoĂźt Feroumont sachant parfaitement jouer des courbes de ses deux personnages. Le tout est expressif et parfaitement mis en valeur par une colorisation adaptĂ©e. Un vrai plaisir pour les yeux. VoilĂ  typiquement un trait qui est au service de son scĂ©nario.

Au final, j’ai Ă©tĂ© particuliĂšrement sĂ©duit par « GisĂšle & BĂ©atrice ». L’histoire ne lit avec plaisir, l’humour est rĂ©ussi et l’aspect coquin donne un sel supplĂ©mentaire Ă  l’ensemble Comme quoi, le marketing avait bien raison : si vous ĂȘtes un adulte coquin, nul doute que ce livre saura vous conquĂ©rir !

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Note : 16/20

Les chroniques d’un maladroit sentimental, T1 : Petit bĂ©guin & gros pĂ©pins – Vincent Zabus & Daniel Casanave

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Titre : Les chroniques d’un maladroit sentimental, T1 : Petit bĂ©guin & gros pĂ©pins
Scénariste : Vincent Zabus
Dessinateur : Daniel Casanave
Parution : Janvier 2013


Le profil du cĂ©libataire trentenaire soumis Ă  des crises d’angoisse et Ă  une timiditĂ© maladive est devenu ces derniĂšres annĂ©es un grand classique. Lorsque Vincent Zabus (au scĂ©nario) et Daniel Casanave (au dessin) s’attaque au sujet dans « Les chroniques d’un maladroit sentimental », il va falloir qu’ils sortent du lot. Mais comment, sur un sujet aussi banal et rĂ©current, se dĂ©marquer ? PubliĂ© chez Vent d’ouest, ce premier tome intitulĂ© « Petit bĂ©guin & gros pĂ©pins », est prĂ©sentĂ© sous le format album classique. C’est la prĂ©sence de Casanave au dessin qui m’a convaincu de m’approprier le livre.

Tout commence par un rendez-vous. GĂ©rard Latuile a rencard avec une certaine Florence. Il nous explique alors que d’habitude il est trĂšs maladroit, qu’il a ratĂ© ses autres relations. GĂ©rard n’hĂ©site pas Ă  parler directement au lecteur, donnant le ton de la BD. De mĂȘme, de nombreux personnages n’hĂ©sitent pas Ă  intervenir dans l’histoire de façon complĂštement absurde comme la mĂšre dans la salle de bain pendant une crise d’angoisse ou alors GĂ©rard plus vieux. Ce mĂ©lange entre l’histoire en elle-mĂȘme et toutes ces apparitions/interventions qui la « parasitent » donnent un ensemble original, un peu bordĂ©lique, mais surtout trĂšs attachant. Et c’est lĂ  que se trouve tout l’intĂ©rĂȘt de l’ouvrage.

Une comédie romantique.

« Les chroniques d’un maladroit sentimental » est avant tout une comĂ©die romantique. Le ton est toujours lĂ©ger, GĂ©rard Ă©tant une sorte d’ingĂ©nu sacrĂ©ment romantique. Ainsi, l’humour distillĂ© est trĂšs rĂ©ussi. On verra GĂ©rard trĂšs Ă©tonnĂ© d’ĂȘtre attirĂ© par Florence car elle a une petite poitrine alors qu’il a toujours Ă©tĂ© attirĂ© par les femmes Ă  forte poitrine. « Elle me plaĂźt quand mĂȘme, c’est dingue » se dit-il ! Mais surtout, l’homme fantasme Ă©normĂ©ment son idylle, se projetant beaucoup trop. Clairement, il n’a pas les pieds sur terre, comme le montre parfaitement la couverture !

Je tiens Ă  prĂ©ciser que ce premier tome pourrait presque ĂȘtre un one-shot. MĂȘme s’il reste des pistes Ă  explorer, il se suffit Ă  lui-mĂȘme. C’est assez rare pour ĂȘtre signalé !

Concernant le dessin, une fois encore Daniel Casanave m’a sĂ©duit. Son trait dynamique, Ă  la fois simple et expressif est parfaitement adaptĂ© au propos. Il possĂšde toute la lĂ©gĂšretĂ© nĂ©cessaire Ă  l’ouvrage, tout en Ă©tant capable de faire passer les Ă©motions quand il le faut. La mise en couleur, par Patrice Larcenet, est toute en simplicitĂ©. Elle met en valeur le trait de Casanave tout en proposant des ambiances bien diffĂ©renciĂ©es. Un travail discret mais efficace.

Ces « Chroniques d’un maladroit sentimental » portent trĂšs bien leur nom. Plein de romantisme et de lĂ©gĂšretĂ©, cet ouvrage nous propose un personnage de GĂ©rard Latuile trĂšs attachant. La narration est bien menĂ©e, Ă©vitant l’écueil d’une trop grande simplicitĂ©. On espĂšre finalement une suite, histoire de voir si GĂ©rard va enfin arriver Ă  passer un repas sans faire une crise d’angoisse aux toilettes.

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Note : 15/20

Ekhö, monde miroir, T3 : Hollywood boulevard – Christophe Arleston & Alessandro Barbucci

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Titre : Ekhö, monde miroir, T3 : Hollywood boulevard
Scénariste : Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci
Parution : Novembre 2014


 La publication du premier tome de « Ekhö » avait redonnĂ© un peu des lettres de noblesse Ă  Christophe Arleston. Le scĂ©nariste, qui s’était essoufflĂ© depuis bien longtemps, avait créé un monde parallĂšle au nĂŽtre, mais oĂč l’électricitĂ© n’existait pas et oĂč les dragons servaient de transport en commun. AidĂ© par le dessin virtuose d’Alessandro Barbucci, les critiques avaient Ă©tĂ© trĂšs positives (peut-ĂȘtre un peu excessives d’ailleurs). Maintenant que le tome 3 est de sortie, oĂč en est cette sĂ©rie de fantasy si proche de notre propre univers ?

ekho3aA chaque tome sa ville et son intrigue. AprĂšs New York et Paris, voilĂ  Hollywood. MalgrĂ© tout, mieux vaut avoir lu les prĂ©cĂ©dents tomes pour profiter pleinement de l’ouvrage. Mais le parallĂšle entre les deux univers est surtout construit autour des personnages de Fourmille et Yuri, qui sont obligĂ©s de rester groupĂ© aprĂšs avoir perturbĂ© l’équilibre entre les deux mondes. Force est de constater qu’au troisiĂšme tome, ils sont dĂ©jĂ  intĂ©grĂ© au monde et rien ne semble plus les Ă©tonner. Le dĂ©calage entre notre univers et celui de fantasy est digĂ©rĂ©. Dommage.

Un tome, une ville.

Un peu comme un cheveu sur la soupe, il arrive que Fourmille soit habitĂ©e par des fantĂŽmes et elle doit rĂ©soudre leurs problĂšmes afin de ne plus ĂȘtre habitĂ©e. Quand c’est le cas, sa coiffure change. Ce systĂšme est un peu Ă©trange et semble conçu avant tout pour crĂ©er des scĂšnes cocasses oĂč Fourmille ne rĂ©agit plus normalement, mais comme d’autres personnes, souvent hautes en couleur.

ekho3bLe principe du monde miroir permet Ă  Arleston de s’adonner Ă  son jeu prĂ©fĂ©ré : jouer avec les rĂ©fĂ©rences. HĂ©las, tout est trĂšs appuyĂ©. Alors que dans les tomes prĂ©cĂ©dents, il dĂ©tournait certains lieux (le central park sauvage, la tour Eiffel comme palais
), ici on a surtout l’impression de revoir l’histoire entre Marilyn et JFK. Et au final, le fil rouge gĂ©nĂ©ral disparaĂźt complĂštement. On n’avance pas du tout sur les mystĂ©rieux Preshauns par exemple. AprĂšs trois tomes, c’est un peu inquiĂ©tant. Arleston a trouvĂ© un bac Ă  sable oĂč il peut donner libre cours Ă  ses envies, mais il manque du coup du fond pour pouvoir nous emballer pleinement. Surtout que l’aspect « fantasy » et monde parallĂšle est peu fourni dans ce tome, comme si tout avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©puisĂ©.

Au niveau du dessin, Barbucci fait des merveilles. On sent un dessinateur au sommet de son art, tant dans le dessin des personnages (surtout des femmes !), des dĂ©cors, du dynamisme, de la mise en scĂšne
 Bref, c’est du trĂšs lourd. HĂ©las, sa Marilyn (enfin, Norma Jean) ressemble beaucoup Ă  Fourmille et les changements de coiffure ne rendent pas ça trĂšs flagrant. De mĂȘme, sa propension Ă  tout dessiner pour faire des femmes nues ou des dĂ©colletĂ©s plongeants en permanence finit par lasser. Mais force est de constater que c’est un formidable dessinateur de pin-ups.

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J’ai Ă©tĂ© déçu par cet ouvrage. MalgrĂ© une belle idĂ©e de dĂ©part et un dessin de haute volĂ©e, difficile de se passionner par cet amoncellement de rĂ©fĂ©rences sans rĂ©elle histoire, ni dans le tome, ni dans la sĂ©rie. Le systĂšme « un tome, une ville » semble atteindre ses limites ici. Dommage.

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Note : 10/20

États dame – Zelba

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Titre : États dame
Scénariste : Zelba
Dessinatrice : Zelba
Parution : Octobre 2013


Zelba est une auteure de bande-dessinĂ©e allemande. Son blog BD est rĂ©guliĂšrement adaptĂ© au format papier aux Ă©ditions Jarjille, le tout Ă©tant assorti pour moitiĂ© d’inĂ©dits. « États dame » est donc une sĂ©rie d’histoires autobiographiques, le troisiĂšme paru Ă  ce jour. Le tout pĂšse prĂšs de 130 pages pour le prix de 15€.

La particularitĂ© des rĂ©cits autobiographiques de Zelba, c’est qu’ils sont constituĂ©s Ă  la fois d’anecdotes contemporaines comme de souvenirs d’enfance. Ils peuvent durer une seule page ou plus d’une dizaine de pages. Souvent, les rĂ©cits trĂšs courts concernent ses deux enfants qui, comme tous enfants qui se respectent, sortent parfois des remarques trĂšs drĂŽles. Les souvenirs d’enfance sont souvent plus tristes, faisant appel Ă  ses rapports avec sa mĂšre et sa grand-mĂšre notamment, qui sont dĂ©cĂ©dĂ©es. L’aspect nostalgique y est bien plus fort et le rire moins frĂ©quent.

Un équilibre entre humour et nostalgie.

La particularitĂ© de l’autobiographie version Zelba est donc un Ă©quilibre entre tendresse, humour, nostalgie et tristesse. Le tout est parfaitement illustrĂ© par la couverture, montrant son personnage divisĂ© en trois. Cet Ă©quilibre est bien gĂ©rĂ©. En premiĂšre lecture, il m’a semblĂ© que l’ouvrage Ă©tait moins drĂŽle que les prĂ©cĂ©dents et bien plus nostalgique. En relecture, ce n’est pas le cas finalement. Il faut dire que les enfants vieillissent et leurs petites phrases dĂ©calĂ©es se font plus rares !

EtatsDame2Les rĂ©cits longs se basent aussi sur des pĂ©riodes plus longues (plusieurs mois ou plusieurs semaines). Ce sont aussi les plus intĂ©ressants. Il est Ă©tonnant de voir que Zelba a encore des choses incroyables Ă  raconter et on se demande comment elle a pu ne pas en parler avant ! Je pense notamment Ă  cette histoire de fracture de la mĂąchoire qui ne laissera personne indiffĂ©rent. Ou encore la naissance de l’un de ses enfants.

La grande capacitĂ© de Zelba, c’est qu’elle prĂ©sente un personnage attachant, avec ses dĂ©fauts et ses qualitĂ©s. L’autodĂ©rision est bien prĂ©sente, mais contrairement Ă  d’autres rĂ©cits, mais elle n’est pas au centre des histoires, loin de lĂ . Ce cĂŽtĂ© « vrai » fait que l’on est d’autant plus touchĂ© par les rĂ©cits qu’elle nous propose.

Au niveau du dessin, Zelba adopte des planches construites façon blog. Pas de dĂ©limitations de case et un trait relĂąchĂ© parfaitement adaptĂ©. Le tout est maĂźtrisĂ© et n’est pas avare en dĂ©cors lorsque c’est nĂ©cessaire. Mais l’ouvrage est beaucoup centrĂ© sur l’humain, et cela se retrouve dans les planches. Les dialogues sont Ă©crits en noir et la narration en gris, facilitant la lecture sans alourdir les pages. Enfin, la colorisation en niveaux de gris est trĂšs rĂ©ussi et donne de la matiĂšre Ă  l’ouvrage.

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Si beaucoup de dessinateurs (et notamment blogueurs BD) font des autobiographies sans vraiment s’ouvrir, on ne pourra pas reprocher ça Ă  Zelba. Ses histoires nous touchent, car elles savent aborder des sujets graves, voire tabous, comme la maladie et la mort. Sans sentimentalisme excessif, sachant apporter des touches d’humour qui Ă©quilibrent toujours parfaitement le tout, on dĂ©vore le tout et Ă  la fermeture du livre, on ne peut qu’avoir de la sympathie pour l’auteure. Un beau travail qui continue Ă  toucher le lecteur au fur et Ă  mesure des ouvrages.

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Note : 15/20

Jeanne et le jouet formidable – Zelba

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Titre : Jeanne et le jouet formidable
Scénariste : Zelba
Dessinatrice : Zelba
Parution : Mai 2010


Zelba est une jeune auteure de bande-dessinĂ©e. Publiant des livres pour enfants, je l’ai connu par l’intermĂ©diaire de son blog. Aux Ă©ditions de « L’atelier du poisson soluble », elle publie « Jeanne et le jouet formidable », dans la collection « poisson dissolu » rĂ©servĂ©e aux adultes. Le titre laisse prĂ©sager la suite : Jeanne va dĂ©couvrir les joies du sex toy ! Cet ouvrage fait une trentaine de pages et est publiĂ© sous un format Ă  l’italienne. C’est donc une histoire relativement courte Ă  laquelle on a affaire.

Un sex toy qui parle !

Jeanne est jeune, cĂ©libataire et tout le monde l’embĂȘte lĂ -dessus, que ce soit sa mĂšre ou ses amies. Buvant son verre de vin seule chez elle, casaniĂšre, tout le monde dĂ©sespĂšre Ă  la voir se caser. Elle le dit elle-mĂȘme : « les mecs, ça ne me rĂ©ussit pas. » Finalement, elle se traĂźnera Ă  une soirĂ©e sex toy et repartira avec un objet, sans grand enthousiasme. Evidemment, maintenant qu’il est lĂ , autant le tester
 Et surprise : le sex toy parle !

Cet ouvrage ne se prend pas du tout au sĂ©rieux et c’est tant mieux. Les personnages sont excessifs, les situations vues et revues
 Mais « Jeanne et le jouet formidable » ressemble avant tout Ă  un conte, mais pas vraiment pour les enfants
 L’aspect coquin est parfaitement assumĂ© jusqu’au bout. Alors certes, Ă©tant donnĂ© le format du livre, l’histoire est relativement simple, question de place. Il ne faut pas attendre de miracle pour ça. Mais il faut bien avouer qu’on sourit souvent dans cette bande-dessinĂ©e. Et une fois n’est pas coutume, la fin est rĂ©ussie. C’est toujours bon Ă  signaler.

Le format Ă  l’italienne n’est pas le moyen le plus Ă©vident Ă  exploiter pour l’auteur de BD. Zelba s’en sort trĂšs bien, variant le dĂ©coupage constamment. L’histoire alterne pages muettes et pages dialoguĂ©es avec rythme, Ă©vitant Ă  l’ouvrage de devenir trop bavard.

Au niveau du dessin, Zelba alterne les cases fermĂ©es et ouvertes. De façon gĂ©nĂ©rale, le tout est trĂšs libre et dense, mais la lecture est toujours aisĂ©e. C’est du beau travail. Zelba possĂšde un trait personnel et c’est tant mieux. Les couleurs sont particuliĂšrement rĂ©ussies. C’est clairement un des points forts du livre.

Au final, « Jeanne et le jouet formidable » est un ouvrage sympathique et coquin, sans prĂ©tention. S’il y aurait Ă  redire sur certains dĂ©tails, il serait dommage de bouder son plaisir. Force est de constater qu’aprĂšs la lecture, on garde le sourire aux lĂšvres. N’est-ce pas l’essentiel aprĂšs tout ? 

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Note : 13/20

C’est du propre ! – Zelba

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Titre : C’est du propre !
Scénariste : Zelba
Dessinatrice : Zelba
Parution : Juin 2011


Zelba est une illustratrice allemande qui s’est lancĂ©e dans la bande-dessinĂ©e. « C’est du propre » est un ouvrage autobiographique narrant de multiples anecdotes de l’auteure, qu’elles soient actuelles ou passĂ©es. Le tout est publiĂ© aux Editions Jarjilles et pĂšse 160 pages.

Ce qui marque tout de suite Ă  la lecture de l’ouvrage, c’est la part trĂšs importante donnĂ©e Ă  la narration. La quantitĂ© de texte est importante, expliquant les faits dans les dĂ©tails, l’image servant avant tout Ă  l’illustrer le propos et Ă  intĂ©grer les dialogues. Ainsi, on a parfois l’impression de lire une histoire dessinĂ©e, ce qui n’est pas dĂ©sagrĂ©able en soit. On se rapproche donc du roman graphique.

Dans l’intimitĂ© de l’auteure.

Les anecdotes sont trĂšs souvent fouillĂ©es et s’étalent sur plusieurs mois. Zelba ne laisse rien au hasard dans sa narration, comme si elle avait peur que le lecteur n’ait pas tous les Ă©lĂ©ments en mains pour comprendre. Cela densifie le propos et implique d’autant le lecteur qui a l’impression de vraiment toucher Ă  l’intimitĂ© de l’auteure. En effet, Zelba parvient Ă  crĂ©er un lien spĂ©cial avec son lectorat, avec Ă  la fois des histoires Ă©mouvantes et pleines de sensibilitĂ©, comme avec des traits d’humour. Cet Ă©quilibrĂ©, peu Ă©vident Ă  trouver, est le gros point fort du livre.

Outre les histoires plus longues et dĂ©taillĂ©es, riches en narration, on retrouve des anecdotes plus rapides, basĂ©es avant tout sur l’humour et sur les enfants de l’auteure. Leurs remarques drĂŽles, leurs comportements Ă©tranges suffisent Ă  nous faire sourire.

Le trait de Zelba se reconnaĂźt trĂšs vite. Il est axĂ© essentiellement sur les personnages. Les attitudes sont variĂ©es et toujours bien rendues. Le tout est rehaussĂ© de gris au crayon, ce qui va trĂšs bien avec le trait de l’auteure. Les cases ici ne sont pas fermĂ©es, une libertĂ© que Zelba exploite, variant les constructions de planches plus souvent qu’il n’y parait.

En conclusion, j’ai Ă©tĂ© sĂ©duit par cet ouvrage. L’équilibre en Ă©motion et rires est parfaitement maĂźtrisĂ©. L’auteure possĂšde une capacitĂ© Ă  crĂ©er un lien avec son lecteur qui, s’il vous prend, ne vous lĂąchera plus.

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Note : 16/20

Punk rock Jesus – Sean Murphy

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Titre : Punk rock Jesus
Scénariste : Sean Murphy
Dessinateur : Sean Murphy
Parution : Septembre 2013


J’avais lu beaucoup de bien de « Punk rock Jesus » et c’est avec joie que j’ai pu me le procurer dans ma bibliothĂšque. Il faut dire que le titre est particuliĂšrement accrocheur (voir racoleur, puisqu’il ne correspond que peu au contenu de l’album) et la couverture, toute en noir et blanc, puissante. Le tout est dessinĂ© et scĂ©narisĂ© par Sean Murphy, dans la tradition du comics indĂ©pendant. Le tout est publiĂ© chez Urban Comics pour plus de deux cents pages de lecture.

Le pitch de cet ouvrage est le suivant : une sociĂ©tĂ© de production tĂ©lĂ©visuelle crĂ©e un (supposé ?) clone de Jesus Christ Ă  partir d’ADN prĂ©levĂ© sur le Saint Suaire. Elle construit une Ă©mission de tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ©, baptisĂ© J2, autour de cette naissance et de ce nouveau messie. Ce dernier est isolĂ© sur une Ăźle en compagnie de sa mĂšre, de la scientifique qui a permis sa naissance et d’un garde du corps ancien de l’IRA.

Religion, puritanisme & punk rock

PunkRockJesus2Sean Murphy s’attaque essentiellement Ă  trois sujets : le premier est une critique de la religion et du fondamentalisme. Plus prĂ©cisĂ©ment, il attaque les Ă©vangĂ©listes amĂ©ricains. Sa deuxiĂšme victime est donc le puritanisme amĂ©ricain, que Chris (et pas Jesus !) fera exploser en chantant dans un groupe de punk rock. Enfin, le dernier thĂšme est bien Ă©videmment la tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© en tant que tel, avec isolement des personnes et toute puissance de la production sur leurs vies.

Si les sujets de ce comics sont des plus intĂ©ressants, le traitement laisse Ă  dĂ©sirer. Le tout est souvent manichĂ©en (seul le personnage Thomas possĂšde une vraie profondeur) et excessif. Ainsi, la sociĂ©tĂ© de production est isolĂ©e sur une Ăźle oĂč elle contrĂŽle tout, les fondamentalistes chrĂ©tiens font des actions commandos
 Bref, c’est une analyse proche de la crise d’adolescence que fait Chris pendant la BD. Il se rebelle et rejette tout, sans analyse vraiment poussĂ©e. Si bien qu’on est un peu déçu devant le traitement de l’histoire. Surtout, le passage de Chris dans le punk rock paraĂźt complĂštement forcĂ© et est amenĂ© par : « Thomas a laissĂ© des disques de punk, tiens je vais les Ă©couter. »

Ainsi, le message est trop appuyĂ©, soit par les discours, soit par une violence excessive. De mĂȘme, la durĂ©e du bouquin est inutile. On finit par s’ennuyer un peu devant les multiples tentatives d’évasion de la prison. Une impression de redondance s’installe et, au final, en fermant l’ouvrage, on reste sur un goĂ»t d’inachevĂ©. MalgrĂ© tout, le livre rĂ©serve son lot de surprise et de coups de théùtre. Dommage que cela ne soit pas amenĂ© de façon plus subtil, encore une fois. Finalement, l’ouvrage vaut pour son personne de Thomas, le garde du corps. On ouvrait d’ailleurs le livre sur lui. Son histoire nous est pleinement racontĂ©e, en commençant par son enfance et sa jeunesse Ă  l’IRA. Du coup, ses rĂ©actions sont moins prĂ©visibles et ses ressentis bien plus intĂ©ressants. Spectateur avant tout de l’expĂ©rience, il en deviendra un acteur essentiel par la force des choses.

Au niveau graphique, Sean Murphy impressionne par son dessin en noir et blanc magnifique. C’est expressif, bourrĂ© d’influences diverses et variĂ©es et c’est maĂźtrisĂ© de bout en bout. C’est vraiment le gros point fort du bouquin. Les cases sont souvent chargĂ©es, mais dans les scĂšnes d’action, les planches font preuve d’un dynamisme incroyable. Bref, c’est beau et stylisé !

PunkRockJesus1

« Punk rock Jesus » m’a vraiment laissĂ© sur ma faim. Le pitch de dĂ©marre en fait immanquablement un ouvrage intĂ©ressant, mais le traitement ne m’a pas paru Ă  la hauteur. Trop centrĂ© sur les Etats-Unis d’AmĂ©rique (prĂ©sentĂ© comme LE pays chrĂ©tien par excellence), il se perd un peu Ă  enlever le caractĂšre Ă©minemment universel d’un nouveau Messie. Dommage.

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Note : 11/20