Hommes Ă  la mer – Riff Rebs

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Titre : Hommes Ă  la mer
ScĂ©nariste : Riff Reb’s
Dessinateur : Riff Reb’s
Parution : Octobre 2014


Riffs Reb’s a frappĂ© fort avec ses adaptations littĂ©raires maritimes « A bord de l’étoile matutine » et « Le loup des mers ». Le voilĂ  qui referme ce triptyque avec « Hommes Ă  la mer ». Ce n’est pas un roman qui est cette fois adaptĂ©, mais huit nouvelles. On y voit passer Edgar Allan Poe, Robert Louis Stevenson, Jack London, Pierre Mac Orlan
 Le tout est publiĂ© chez Soleil, dans la collection Noctambule pour plus de 100 pages.

Le fait de choisir des nouvelles d’auteurs diffĂ©rents est Ă  la fois un dĂ©faut et une qualitĂ©. Ainsi, les styles sont trĂšs diffĂ©rents, aussi bien au niveau littĂ©raire (que l’on retrouve dans les narrations) que dans les sujets (mĂȘme si la mer reste Ă©videmment le dĂ©nominateur commun). Du coup, le lecteur est un peu remuĂ© entre nouvelles fantastiques, d’humour noir ou tragiques. MĂȘme chose pour les ambiances qui nous font passer du PĂŽle Sud aux CaraĂŻbes en passant par les cĂŽtes norvĂ©giennes.

Une diversité des thÚmes maritimes.

HommesALaMer1Cette diversitĂ© permet au lecteur de profiter de diffĂ©rentes facettes du rĂ©cit de la mer. Ainsi, certaines nouvelles font la part belle aux dialogues et au vocabulaire des marins. D’autres ne sont faits que d’une narration accompagnant les dessins de l’auteur. Ainsi, immanquablement, le lecteur sera transportĂ© par certains passages et beaucoup plus indiffĂ©rent Ă  d’autres. Ce manque de cohĂ©rence (et non de qualitĂ©) est dommageable.

Au-delĂ  de ces rĂ©serves, on retrouve tout le talent de l’auteur. Graphiquement, c’est splendide. Impossible de rester indiffĂ©rent devant ces planches oĂč les Ă©lĂ©ments se dĂ©chaĂźnent. Riff Reb’s excelle aussi bien dans les dĂ©cors de cĂŽtes dĂ©chirĂ©s, dans la reprĂ©sentation de la mer en tant que tel que dans les gueules de ses marins. C’est une vĂ©ritable claque visuelle qui nous est proposĂ© avec un auteur en pleine possession de ses moyens. Les ouvrages de ce triptyque sont parmi les plus impressionnants que j’ai pu lire.

En plus du trait, c’est l’ambiance qui est formidable. Colorisant les cases en monochrome (plus rarement en bichromie), Riffs Reb’s renforce l’atmosphĂšre. Chaque nouvelle possĂšde ainsi sa couleur (comme chaque chapitre possĂ©dait sa couleur prĂ©cĂ©demment). Mais le trait derriĂšre est riche et la mise en scĂšne formidable. Riff Reb’s est bien au-delĂ  de la simple illustration, la variation des plans et la fluiditĂ© de l’ensemble sont toujours au rendez-vous.

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« Hommes Ă  la mer » conclue donc ce triptyque marin de haute volĂ©e. Moins percutant puisque basĂ© sur plusieurs nouvelles, il n’en reste pas moins intĂ©ressant de par la variĂ©tĂ© des histoires proposĂ©es. Si vous avez succombĂ© au charme et Ă  la puissance des histoires maritimes de Riff Reb’s, il n’y a pas Ă  hĂ©siter.

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Note : 15/20

 

Explicite, carnet de tournage – Olivier Milhaud & ClĂ©ment C. Fabre

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Titre : Explicite, carnet de tournage
Scénariste : Olivier Milhaud
Dessinateur : Clément C. Fabre
Parution : Février 2015


Olivier Milhaud est un ami de John B. Root, rĂ©alisateur de films pornographiques. Le voilĂ  un peu dubitatif devant la proposition de ce dernier : jouer dans sa future production ! Certes, ce n’est pas dans des scĂšnes de sexe, mais quand mĂȘme
 AprĂšs avoir hĂ©sitĂ© longtemps, Olivier Milhaud finit par accepter et part dans le sud pour trois jours de tournage oĂč il va dĂ©couvrir le milieu porno, ses jalousies et son langage cru. Retour de bĂąton pour John B. Root puisque suite Ă  cette expĂ©rience, Olivier Milhaud dĂ©cide d’en faire un livre, avec la collaboration de ClĂ©ment C. Fabre au dessin. Comme j’apprĂ©cie beaucoup le dessin de ce dernier, il m’était difficile de passer Ă  cĂŽtĂ© de ce livre ĂŽ combien original. Le tout est paru chez Delcourt, dans la collection Mirages pour plus de 120 pages au compteur.

Explicite2« Explicite » est donc un reportage qui n’était pas prĂ©vu comme tel. Il ne faut donc pas espĂ©rer une grande analyse de fond de comment on tourne un film pornographique. De mĂȘme, l’auteur n’assiste Ă  aucune scĂšne porno en soit. C’est avant tout la description d’un rĂ©alisateur atypique pour le milieu, John B. Root, de ses ambitions et de sa façon de travailler. On y dĂ©couvre aussi le backstage et c’est ce qui fait tout le sel de l’ouvrage. On ressent parfaitement la gĂȘne d’Olivier Milhaud dans ce milieu, Ă  la fois Ă©moustillĂ© et timide, n’osant trop rien faire ou mĂȘme regarder. Tout l’inverse des acteurs qu’il croise, dont la pudeur a souvent laissĂ© la place Ă  l’exhibitionnisme. Sans parler du langage bien plus cru que ce dont l’auteur a l’habitude.

Un candide dans le milieu pornographique.

Le livre fonctionne donc avant tout avec son personnage central de candide. Olivier Milhaud dĂ©couvre le tournage d’un film, le milieu pornographique, les caprices de stars
 Il joue donc un rĂŽle parfait pour nous qui apprenons Ă©galement de tout cela. Et le fait que la bande-dessinĂ©e s’échelonne sur trois jours, en un lieu unique, donne un aspect presque théùtral Ă  l’ensemble. Avec beaucoup de choses qui se passent hors champ ! Intelligemment, les auteurs placent toute l’action du point de vue d’Olivier Milhaud. On voit ce qu’il a vu, on entend ce qu’il a entendu : il n’y a aucune projection sur ce qu’il imagine.

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Le tout n’est bien sĂ»r pas dĂ©nuĂ© d’humour. Outre les clichĂ©s qui sont confirmĂ©s ou infirmĂ©s, de nombreuses situations nous paraissent complĂštement cocasses. Et que dire d’Olivier Milhaud, complĂštement en dĂ©calage par moment, comme dans cette scĂšne oĂč John B. Root lui demande « mais on dirait que tu as peur de lui ! » et oĂč l’auteur rĂ©pond « Ben, un peu quand mĂȘme. » Il faut dire qu’avoir un mec baraquĂ© et tatouĂ© en face, acteur pornographique, ça ne laisse pas indiffĂ©rent !

Au niveau du dessin, ClĂ©ment C. Fabre fait des merveilles. J’étais dĂ©jĂ  fan de son dessin et de ses couleurs et lĂ  il m’a bluffĂ©. Les cases sont dĂ©taillĂ©es, les dĂ©cors riches, le dessin dynamique. Quand Ă  sa colorisation Ă  l’aquarelle, elle retranscrit parfaitement l’ambiance du sud ! Son dessin tout en douceur permet d’attĂ©nuer aussi la cruditĂ© de certains propos et de rendre d’autant plus humain cette expĂ©rience. VoilĂ  un dessinateur que j’espĂšre retrouver au plus vite !

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« Explicite » est une bande-dessinĂ©e de reportage originale, fortement teintĂ©e d’autobiographie. Et ce cela qui fait sa force. DotĂ© d’un ton Ă  la fois cru et bon enfant, les deux auteurs sont au diapason pour parler d’un sujet peu Ă©vident avec finalement beaucoup de lĂ©gĂšretĂ©. Du beau travail.

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Note : 15/20

 

Charly 9 – Richard GuĂ©rineau

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Titre : Charly 9
Scénariste : Richard Guérineau
Dessinateur : Richard Guérineau
Parution : Novembre 2013


 Avec « Charly 9 », Jean TeulĂ© a Ă©crit l’un de ses best-sellers. Relatant la culpabilitĂ© de Charles IX aprĂšs avoir ordonnĂ© le massacre de la Saint BarthĂ©lĂ©my, il permettait de dĂ©couvrir un roi soumis Ă  sa mĂšre Catherine de MĂ©dicis qui se ne remettra jamais de sa dĂ©cision. Lourde tĂąche donc pour Richard GuĂ©rineau de reprendre le flambeau en adaptant ce livre en bande-dessinĂ©e. Le tout est publiĂ© chez Delcourt dans la collection Mirages pour 128 pages de lecture.

Charly9aLe tout dĂ©marre par une scĂšne qui pose le personnage. AcculĂ© par sa mĂšre, son frĂšre et tous leurs conseillers, Charles IX ordonne le massacre de la Saint BarthĂ©lĂ©my. Mais c’est avant tout pour qu’on le laisse tranquille. Car tout est fait pour le manipuler. D’abord choquĂ© par l’idĂ©e que l’on assassine une personne, la discussion grandit et le nombre de victimes pressenties Ă©galement
 Lui ne veut pas, toute la cour le veut. Mais il est le Roi et il faut sa signature. Il l’appose et le voilĂ  condamnĂ© Ă  la culpabilitĂ©.

Des anecdotes à la pelle pour une seule année.

Le livre est construit selon des chapitres qui montrent le Roi peu Ă  peu sombrer dans la folie. MĂȘme si l’ensemble manque un peu de fluiditĂ©, la pertinence est Ă©vidente. Car ce sont les anecdotes qui montrent Charles IX devenir fou et malade. Richard GuĂ©rineau va Ă  l’essentiel et malgrĂ© les 128 pages, on ne s’ennuie Ă  aucun moment. Chaque planche est nĂ©cessaire. On retrouve aussi le sel de l’ouvrage de TeulĂ© avec beaucoup d’anecdotes historiques Ă  ressortir en soirĂ©e : l’origine du 1er avril et du 1er mai par exemple sont un dĂ©lice.

Charly9bAu-delĂ  de l’anecdote, le livre propose une galerie de personnages des plus connus. Outre la cour royale (Catherine de MĂ©dicis, la future reine Margot, Charles IX
), on retrouve des artistes (Ronsard) ou des personnalitĂ©s autres (Ambroise ParĂ©). Il n’en est pas trop fait lĂ -dessus. Cela permet surtout de voir quels liens avaient ces personnes avec le Roi. Plus Ă©tonnant, le langage parlĂ© par les personnages est Ă  la fois modernisĂ© et conservĂ© comme Ă  l’époque. Le tout est pourtant trĂšs fluide et agrĂ©able.

Concernant le dessin, c’est peu de dire que le trait de Richard GuĂ©rineau m’a sĂ©duit dans cet ouvrage. Je l’avais connu dans un registre plus rĂ©aliste et son passage Ă  un dessin plus caricatural est une vraie rĂ©ussite. Les gueules sont expressives, les dĂ©cors nous replongent dans la France d’antan et les choix graphiques sont pertinents. On a mĂȘme droit Ă  un hommage Ă  « Johan et Pirlouit » de Peyo ou Ă  « Lucky Luke » de Morris
 MalgrĂ© tout, les changements de style (notamment dans la colorisation) sont un peu perturbants. S’ils sont parfois parfaitement cohĂ©rents (comme pour la scĂšne finale), d’autres sont moins clairs dans leur intention. Visiblement, Richard GuĂ©rineau avait dĂ©cidĂ© de se faire plaisir ! Mais qu’il nous propose de nouveau des bande-dessinĂ©es rĂ©alisĂ©es dans ce style plus relĂąchĂ©, cela lui va trĂšs bien ! On retrouve cependant un vrai talent dans la mise en scĂšne et le dĂ©coupage. On sent qu’il y a du mĂ©tier derriĂšre !

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« Charly 9 » est une belle adaptation. Reprenant trĂšs bien le principe des Ɠuvres de Jean TeulĂ©, le lecteur restera difficilement indiffĂ©rent au cynisme et Ă  la violence de l’ensemble. Et bien que Charles IX nous paraisse torturĂ© et plus de culpabilitĂ©, il est aussi complĂštement inconscient et devient fou. Richard GuĂ©rineau parvient Ă  nous dresser le portrait complet d’un homme qui mourra de culpabilitĂ©. Et pourtant, on ne ressent pas forcĂ©ment d’empathie pour le personnage.

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Note : 15/20

Le rĂ©vĂ©rend, T1 : Les diables dĂ©chus du Nevada – Lylian & Augustin Lebon

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Titre : Le révérend, T1 : Les diables déchus du Nevada
Scénariste : Lylian
Dessinateur : Augustin Lebon
Parution : Octobre 2012


Les westerns semblent ĂȘtre revenus Ă  la mode ces derniĂšres annĂ©es. Ainsi, l’annĂ©e 2012 a vu accoucher d’une nouvelle sĂ©rie, « Le rĂ©vĂ©rend », prĂ©vu comme un diptyque chez Emmanuel Proust. HĂ©las, la revente des Ă©ditions a mis le projet en pause. Les derniĂšres nouvelles sont rassurantes. EspĂ©rons donc que la suite ne mettra pas trop de temps Ă  paraĂźtre (et surtout, qu’elle paraĂźtra !). L’ensemble est scĂ©narisĂ© par Lylian et dessinĂ© par Augustin Lebon dont c’est la premiĂšre bande-dessinĂ©e.

LeReverend1aAngus est un fils de bonne famille. Lors de la traversĂ©e d’un dĂ©sert du Nevada, en 1870, sa diligence est attaquĂ©e. Nous le retrouvons des annĂ©es plus tard sous le pseudonyme du RĂ©vĂ©rend, un chasseur de primes impitoyable revenu se venger.

C’est donc une histoire classique de vengeance et de justicier solitaire qui nous est prĂ©sentĂ© dans ce western. Le classicisme est de mise ici, mĂȘme si le scĂ©nario rĂ©serve son lot de surprise : saloon crasseux, diligences attaquĂ©es, prostituĂ©es, etc. On ressent aussi bien l’influence de « Blueberry » que de « Bouncer » (pour le dyptique façon vengeance). Le tout est suffisamment glauque mĂȘme s’il manque encore un petit truc pour pleinement nous convaincre de la puissance de l’ouvrage. C’est l’inconvĂ©nient du diptyque : sans le tome 2, difficile de se faire vraiment une opinion. Le scĂ©nario est bien pensĂ© et Ă  la fin du livre, on sent que l’on a encore beaucoup Ă  dĂ©couvrir.

Un western pas si classique.

LeReverend1bLes westerns valent souvent le coup de part leurs personnages. C’est peut-ĂȘtre ici que le bĂąt blesse. Le RĂ©vĂ©rend fait vraiment jeunot, le maĂźtre de la ville n’est pas assez graveleux
 Certes, ce jeune chasseur de primes permet aussi une originalitĂ©, sortant de l’écueil du chasseur de prime Ă  la barbe naissante
 Encore une fois, la fin du livre remet aussi un peu en cause ce jugement. Difficile de voir ça comme un point faible du coup.

Au niveau du dessin, Augustin Lebon impressionne. Son trait est beau, fait de grandes cases dĂ©taillĂ©s et de plans variĂ©s. La mise en scĂšne est trĂšs travaillĂ©e et on prend plaisir Ă  feuilleter le livre de nouveau aprĂšs lecture pour le simple plaisir d’admirer le dessin. Pour une premiĂšre bande-dessinĂ©e, c’est une vraie rĂ©ussite et on espĂšre revoir souvent le dessinateur par la suite tant il est prometteur. Il y a dĂ©jĂ  beaucoup de maturitĂ© dans ses planches.

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« Le RĂ©vĂ©rend » est une bande-dessinĂ©e de grande qualitĂ©. Son classicisme est un peu remis en cause par les derniĂšres pages. Il faudra donc lire le deuxiĂšme et dernier tome pour se faire une idĂ©e prĂ©cise et dĂ©finitive sur cette bande-dessinĂ©e. En espĂ©rant qu’il sorte, car ne pas terminer ce projet serait un crime !

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Note : 15/20

QuĂ©bec Land – Édouard BourrĂ©-Guilbert, Pauline Bardin & Aude Massot

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Titre : Québec Land
ScĂ©naristes : Édouard BourrĂ©-Guilbert & Pauline Bardin
Dessinatrice : Aude Massot
Parution : Juin 2014


 QuĂ©bec Land est un webcomics qui fut publiĂ© sur la plateforme Delitoon. Fort de son succĂšs, il a trouvĂ© preneur chez Sarbacane pour une Ă©dition papier de plus de 250 pages ! « QuĂ©bec Land » narre l’installation d’un couple de français au QuĂ©bec pour un an. On les accompagne donc dans leur dĂ©couverte du Canada francophone. Le tout est scĂ©narisĂ© par Édouard BourrĂ©-Guisbert et Pauline Bardin (le couple en question) et mis en dessin par Aude Massot.

QuĂ©bec Land est construit de façon chronologique. On assiste au dĂ©part de France, puis l’arrivĂ©e Ă  QuĂ©bec, puis l’installation, puis la recherche de travail, etc. Cette construction par chapitres Ă©tait bien pensĂ©e pour une publication web (et donc par sĂ©quences), c’est moins pertinent ici. Les auteurs ont fait le choix de prĂ©senter le tout sous forme d’assemblages d’anecdotes trĂšs gĂ©nĂ©rales. Ainsi, on ne suit jamais le quotidien du couple et le tout reste trĂšs froid. Les personnages sont tellement peu construits que ça pourrait ĂȘtre n’importe qui. Il manque une originalitĂ©. A trop vouloir ĂȘtre universel, « QuĂ©bec Land » manque de personnalitĂ©. On en vient Ă  penser Ă  toute la sĂ©rie des « Guides du  ». On a l’impression d’ĂȘtre devant un « Guide du QuĂ©bec » (le terme est d’ailleurs utilisĂ© en sous-titre). Avec tous les dĂ©fauts du genre.

Un manque d’approfondissement du contenu et des personnages.

QuebecLand2Ce manque d’empathie envers les personnages empĂȘche donc le livre d’ĂȘtre touchant. Malheureusement, les tentatives d’humour tombent un peu Ă  l’eau. C’est donc vers la dĂ©couverte du QuĂ©bec que se placent nos espoirs. HĂ©las, lĂ  aussi ce n’est pas bien palpitant. Car ce que l’on retient au final c’est qu’il y a beaucoup d’écureuil et que l’on tutoie son boulanger. Sinon, il fait froid et il y a des caribous.

La publication web a aussi son impact sur le rythme de l’ensemble. Le format A5 est petit et la forte pagination de l’ensemble cache un peu le manque d’approfondissement de l’ensemble. Car Ă  chaque fin de chapitre, on se dit : « c’est tout ? » Il manque clairement une analyse supplĂ©mentaire pour que le livre gagne en intĂ©rĂȘt. Tout cela est superficiel et malgrĂ© le nombre important de pages, cela se lit trĂšs vite. Il suffit de comparer Ă  ce que peut produire Guy Delisle de ses voyages (mĂȘme si les pays dans lesquels il a vĂ©cu sont plus Ă©loignĂ©s du notre) pour comprendre combien ce « QuĂ©bec Land » effleure son sujet.

Le travail d’Aude Massot au dessin est plutĂŽt plaisant et agrĂ©able Ă  regarder. TrĂšs moderne et bloguesque, il est percutant et sait proposer des dĂ©cors de QuĂ©bec et des environs suffisamment travaillĂ©s pour que l’on s’y croit. Dommage que la construction pour le web empĂȘche des mises en scĂšne plus poussĂ©es et que l’ensemble se limite parfois Ă  la carte postale. C’est difficile de connaĂźtre les libertĂ©s rĂ©elles qu’a eues la dessinatrice sur le projet.

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Ce « QuĂ©bec Land » prĂ©sente donc peu d’intĂ©rĂȘt. Trop froid, pas assez drĂŽle, il apporte beaucoup moins d’information qu’un guide classique qui sera plus complet et pas forcĂ©ment beaucoup moins chaleureux. IndĂ©niablement, le livre plaira Ă  ceux qui rĂȘvent du QuĂ©bec ou qui se rappelleront avec nostalgie de leur passage lĂ -bas. Pour les autres, passez votre chemin.

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Note : 6/20

Top 2014

C’est avec plaisir que nous vous prĂ©sentons le top de nos lectures des bande-dessinĂ©es publiĂ©es en 2014. Un top forcĂ©ment incomplet puisque nous n’avons pas lu l’intĂ©gralitĂ© des ouvrages sortis cette annĂ©e-lĂ .

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Titre : Blast, T4 : Pourvu que les bouddhistes se trompent
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet

« Pourvu que les bouddhistes se trompent » conclue avec maestria cette grande saga. La derniĂšre partie de l’ouvrage est une invitation Ă  la redĂ©couvrir avec un regard neuf. Cette sĂ©rie est une Ɠuvre majeure de ma bibliothĂšque. Je pense que je m’y plongerai rĂ©guliĂšrement quitte Ă  prendre du plaisir de lecteur Ă  souffrir. « Blast », c’est une expĂ©rience qui ne laisse pas indemne


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Les sentinelles 4


Titre : Les sentinelles, T4 : Avril 1915 : Les Dardanelles
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Enrique Breccia

Cet ouvrage m’a conquis. Je le trouve d’une grande qualitĂ©. Avant de m’y plonger, j’ai relu ses trois prĂ©dĂ©cesseurs. J’ai Ă©tĂ© impressionnĂ© par la force et l’intensitĂ© qui s’en dĂ©gage. « Avril 1915 Les Dardanelles » ne dĂ©roge pas Ă  cette rĂšgle. Il confirme que « Les Sentinelles » est une sĂ©rie unique dans son genre qui arrive Ă  sublimer un concept de dĂ©part original et novateur. Il ne reste plus maintenant qu’à attendre la suite. Mais cela est une autre histoire


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Mars


Titre : Mars !
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre

« Mars ! » est une belle rĂ©ussite. J’ai passĂ© un trĂšs bon moment en le lisant et n’hĂ©siterai pas Ă  m’y plonger Ă  nouveau pour redĂ©couvrir les pĂ©rĂ©grinations de ce groupe de bras cassĂ©s. Je ne peux donc que vous inciter Ă  partir Ă  la rencontre de cette aventure pas comme les autres


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TuMourrasMoinsBete3


Titre : Tu mourras moins bĂȘte, T3 : Science un jour, science toujours !
Scénariste : Marion Montaigne
Dessinatrice : Marion Montaigne

Marion Montaigne dĂ©veloppe une Ɠuvre basĂ©e sur l’humour et la vulgarisation scientifique. « Tu mourras moins bĂȘte » apporte sa pierre Ă  l’édifice avec brio. Ce troisiĂšme tome permet Ă  la sĂ©rie de passer un cap supplĂ©mentaire Ă  tous les niveaux. On peut donc se dire que l’on mourra moins bĂȘte aprĂšs lecture de l’ouvrage, mais aussi avec le sourire aux lĂšvres.

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Titre : Pascal Brutal, T4 : Le roi des hommes
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf

Avec son quatriĂšme opus, « Pascal Brutal » ne faiblit pas. L’univers et le personnage créés par Riad Sattouf possĂšdent une vĂ©ritable originalitĂ© et l’auteur sait les utiliser sans se rĂ©pĂ©ter. Une des grandes bande-dessinĂ©es d’humour de ces derniĂšres annĂ©es, dans la plus pure tradition Fluide Glacial !

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L'ArabeDuFutur1


Titre : L’arabe du futur, T1 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984)
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf

J’ai dĂ©vorĂ© cet ouvrage et ait y trouvĂ© beaucoup d’intĂ©rĂȘt. C’est une belle autobiographie que nous propose Riad Sattouf. Dur avec un peu tout le monde, il n’épargne personne. A la fermeture de l’ouvrage, on n’attend qu’une seule chose : lire la suite !

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LesVieuxFourneaux1


Titre : Les vieux fourneaux, T1 : Ceux qui restent
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Paul Cauuet

« Les vieux fourneaux » est une bande-dessinĂ©e rĂ©ussie. DotĂ© de personnages hauts en couleur et d’un dessin parfaitement adaptĂ©, elle aurait pu ĂȘtre un one-shot percutant. Mais les auteurs ont prĂ©fĂ©rĂ© en faire une sĂ©rie. EspĂ©rons que la suite saura confirmer les qualitĂ©s de ce premier tome drĂŽle et attachant. Des qualitĂ©s que le tome 2 a su confirmer !

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Titre : De cape et de crocs, T11 : Vingt mois avant
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou

Ce onziĂšme tome relance une nouvelle intrigue avec talent. MĂȘme si on se retrouve bien devant un livre d’introduction, les qualitĂ©s de la sĂ©rie sont bien lĂ . C’est avec un bonheur Ă©vident que j’ai parcouru ce tome, avant de le relire au plus vite pour profiter de toutes ses subtilitĂ©s. Et on n’attend qu’une seule chose : la suite !

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UneAnneeAuLycee


Titre : Une année au lycée
Scénariste : Fabrice Erre
Dessinateur : Fabrice Erre

« Une annĂ©e au lycĂ©e » est un ouvrage rĂ©ussi. En utilisant parfaitement les absurditĂ©s du monde du lycĂ©e, Fabrice Erre lui donne de la force par son trait. Quand on voit la tĂȘte du prof, trĂšs satisfait de voir les Ă©lĂšves grĂ©vistes ne pas arriver Ă  faire se calmer une classe, tout est dit ! Un bel ouvrage, forcĂ©ment un peu rĂ©servĂ© Ă  ceux pour qui l’éducation nationale n’est pas qu’un souvenir de jeunesse.

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LaLuneEstBlanche


Titre : La Lune est blanche
Scénariste : Emmanuel Lepage
Dessinateur : Emmanuel Lepage
Photographie : François Lepage

« La Lune est blanche » est un ouvrage comme on n’en retrouve peu. Abordant un sujet trĂšs particulier et dotĂ© d’images splendides, il ne laissera personne indiffĂ©rent. Je regrette cependant que l’ouvrage soit avant tout un carnet de voyage, centrĂ© sur les auteurs. J’aurais prĂ©fĂ©rĂ© un ouvrage avec plus de recul.

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Les grands « vainqueurs » de ce top sont donc Fabrice Erre et Riad Sattouf qui parviennent à caser deux ouvrages différents dans ce top ! Mais la victoire revient à Fabrice Erre qui a su convaincre les deux rédacteurs du blog indifféremment !

Un ver dans le fruit – Pascal RabatĂ©

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Titre : Un ver dans le fruit
Scénariste : Pascal Rabaté
Dessinateur : Pascal Rabaté
Parution : Avril 1997


Je n’ai jamais rien lu de RabatĂ©. Il Ă©tait temps de m’y mettre. C’est pourquoi, de passage Ă  la bibliothĂšque, j’ai embarquĂ© « Un ver dans le fruit », paru en 1997 (prĂšs de 20 ans dĂ©jà !). Ce roman graphique de 150 pages se situe dans un petit village entourĂ© de vignobles dans les annĂ©es 60. Le tout est publiĂ© chez Vents d’Ouest.

Tout dĂ©marre par un conflit entre deux vignerons. Ce dernier tourne au drame lorsque l’un des deux meure dans l’explosion d’une cabane, du aux agents chimiques utilisĂ©s pour traiter la vigne. Quelques jours plus tard arrivent en ville le nouveau prĂȘtre de la paroisse et l’inspecteur chargĂ© de l’enquĂȘte. Contrairement Ă  ce que la couverture de la réédition peut laisser penser (et qui met en avant l’inspecteur), c’est bien le curĂ© qui a le rĂŽle central ici (ce que la premiĂšre couverture montrait explicitement). Ce jeune prĂȘtre va essayer de comprendre cet univers viticole qui lui est inconnu tout en tentant de garder Ă  distance son envahissante mĂšre.

Sale ambiance au village

Un_ver_dans_le_fruit1HonnĂȘtement, l’histoire ici prĂ©sente peu de suspense. MĂȘme si le tout est prĂ©sentĂ© comme un polar, c’est bien de l’ambiance au village viticole qui est le nƓud central de l’intrigue. Non-dits, vieilles histoires, ragots
 Tout cela pollue et pourrit les relations du coin. Et lorsque l’on n’est pas du coin comme ce pauvre curĂ©, il est bien difficile de s’y retrouver. Mais ce dernier, bien dĂ©cidĂ© Ă  faire changer les choses, va mettre son nez lĂ  oĂč il ne devrait pas.

L’ensemble se rĂ©vĂšle des plus intĂ©ressants. La lecture se fait rapidement, RabatĂ© sachant aussi gĂ©rer le silence et les regards avec talent. A aucun moment on ne s’ennuie malgrĂ© la relative tranquillitĂ© de l’ensemble. Le jeune curĂ© est attachant, car plein de bonne volontĂ©. Et les personnages qui gravitent autour de lui sont marquants sans forcĂ©ment ĂȘtre trop caricaturaux.

Le dessin de RabatĂ© donne beaucoup de force Ă  l’ouvrage. Le tout est maĂźtrisĂ© de bout en bout dans un noir et blanc splendide. Outre les trognes des personnages, la force des contrastes lui permet d’asseoir les ambiances avec brio. Pour mon premier contact avec RabatĂ©, j’ai Ă©tĂ© franchement Ă©bloui.

Sans ĂȘtre particuliĂšrement transcendant, « Un ver dans le fruit » est l’Ɠuvre d’un auteur qui maĂźtrise son sujet, tant dans la narration que dans le graphisme. En prenant le point de vue du jeune curĂ©, l’auteur nous met dans la peau de quelqu’un qui dĂ©couvrirait un village entourĂ© de vignes dans les annĂ©es 60. Un village oĂč il y aurait un ver dans le fruit.

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Note : 14/20

Les petits ruisseaux – Pascal RabatĂ©

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Titre : Les petits ruisseaux
Scénariste : Pascal Rabaté
Dessinateur : Pascal Rabaté
Parution : Mai 2006


Peut-on encore profiter de la vie lorsque l’on est une personne ĂągĂ©e ? C’est la question que va se poser Émile Ă  la mort de son meilleur ami et compagnon de pĂȘche Edmond. Ce dernier, avant de passer l’arme Ă  gauche, lui a montrĂ© une nouvelle facette : il aime peindre des nus et fait des rencontres par l’intermĂ©diaire d’une agence matrimoniale. Car ce n’est pas parce qu’il est veuf qu’il doit cesser de vivre. Émile se pose alors la question de sa propre existence. Que veut-il faire des annĂ©es qui lui restent ? PubliĂ© chez Futuropolis, le tout pĂšse prĂšs de cent pages.

LesPetitsRuisseaux1Le livre est assez justement sous-titrĂ© « Sex, drug and rock’n roll » ! C’est un sujet peu abordĂ© qui est traitĂ© ici avec RabatĂ©. Si on retrouve le contexte du village de campagne avec ses parties de pĂȘche et son bistrot (avec ses habituĂ©s hauts en couleur), c’est bien de l’ñge dont il est question. Comment assumer le dĂ©sir lorsque l’on est veuf sans avoir l’impression de trahir celle qui fut sa femme ? Comment assumer le dĂ©sir lorsqu’on se sent vieux et usé ? C’est avec beaucoup de dĂ©licatesse et d’humour que RabatĂ© traite le sujet. Il trouve un ton juste et agrĂ©able, jamais sentimentaliste. Il Ă©vite l’écueil de se moquer Ă©galement, ce qui est souvent l’angle choisi pour parler des personnes ĂągĂ©es.

Le droit de vivre et de profiter.

Le livre repose donc entiĂšrement sur Émile. DĂšs les premiĂšres pages, Edmond lui apporte une rĂ©vĂ©lation : il a encore le droit de vivre et de profiter. Mais le chemin Ă  cette acceptation n’est pas si Ă©vident. Émile fera des rencontres qui lui permettront d’évoluer. RabatĂ© maĂźtrise parfaitement sa narration et tout dĂ©coule naturellement, sans excĂšs et avec les quelques surprises qui Ă©maillent le tout. Mais cela reste cohĂ©rent et le sentiment d’empathie pour Émile fonctionne Ă  plein rĂ©gime.

Le dessin est trĂšs agrĂ©able. RabatĂ© adopte un style nerveux, mais plein de douceur. Pas d’aplats noirs, juste des hachures pour les ombres. Les couleurs sont douces et mettent parfaitement en valeur le trait. Ce choix de dessin et de colorisation est parfaitement adaptĂ© Ă  l’ouvrage, qui en est d’autant plus dĂ©licat.

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À la fois tendre, touchant et drĂŽle, « Les petits ruisseaux » est une vraie rĂ©ussite. Abordant un sujet souvent tabou, RabatĂ© s’en sort Ă  merveille avec son personnage torturĂ© par un dĂ©sir qu’il avait oubliĂ©. DotĂ© d’une galerie de personnages rĂ©ussis, « Les petits ruisseaux » vous prend par tous les sentiments !

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Note : 16/20

Top BD des blogueurs – Janvier 2015

 logo-top-bdJANVIER 2015

Le Top BD des blogueurs est un collectif rassemblant des blogs de critiques de bande-dessinĂ©es. DĂšs qu’un titre possĂšde au moins trois notes, il entre dans le top. Vous pouvez dĂ©couvrir chaque mois les cinquante titres les mieux notĂ©s.

1- (=) Yossel, 19 avril 1943       19
Joe Kubert, Delcourt

2- (N) Les Ogres-dieux tome 1- Petit    18.83
Hubert, Bertrang Gatignol, Soleil

3- (=) Le journal de mon pĂšre 18.67
Jiro Taniguchi, Casterman

4- (=) Ceux qui me restent  18.66
Damien Marie, Laurent Bonneau, Bamboo

5- (=) Asterios Polyp     18.65
David Mazzuchelli, Casterman

6- (=) Persépolis    18.64
Marjanne Satrapi, L’Association

7- (=) Le loup des mers 18.55
Riff Reb, Soleil

8- (=) NonNonBù         18.5
Shigeru Mizuki, Cornélius

9- (=) Maus        18.49
Art Spiegelmann, Flammarion

10- (=) Le pouvoir des Innocents Cycle 2- Car l’enfer est ici   18.41
Tome 1, Tome 2,

Je vous invite Ă  lire la suite sur Les Chroniques de l’invisible

La lune est blanche – Emmanuel Lepage & François Lepage

LaLuneEstBlanche


Titre : La Lune est blanche
Scénariste : Emmanuel Lepage
Dessinateur : Emmanuel Lepage
Photographie : François Lepage
Parution : Septembre 2014


AprĂšs « Les Ăźles de la dĂ©solation », il est proposĂ© Ă  Emmanuel Lepage de rĂ©diger un livre sur l’Antarctique et la base Dumont d’Urville. Il intĂšgre alors au projet avec son frĂšre François, photographe de son Ă©tat. Le projet est des plus excitants : les deux frĂšres doivent participer au Raid, une expĂ©dition de ravitaillement de la base Concordia situĂ©e en plein milieu du continent. C’est donc un documentaire Ă  quatre mains qui nous est proposĂ©, pour plus de 200 pages. Le tout est publiĂ© chez Futuropolis.

LaLuneEstBlanche2J’avais Ă©tĂ© sĂ©duit par le dessin magnifique de Lepage pour « Un printemps Ă  Tchernobyl ». Je relance donc la machine avec cet ouvrage aurĂ©olĂ© de critiques toutes plus enthousiasmantes les unes que les autres. Je retrouve ainsi le style de l’auteur : le rĂ©cit est beaucoup centrĂ© sur lui-mĂȘme (et son frĂšre) et propose quelques explications historiques qui agrĂ©mente le reste. Beaucoup de contemplations, de descriptions de personnes. Tout cela un peu au dĂ©triment de l’aspect technique.

Un carnet de voyage plus qu’un documentaire.

Difficile de ne pas dĂ©crire ce qui m’a gĂȘnĂ© sans spoiler un petit peu le tout. Le dĂ©but est trĂšs long et parle avant tout de l’excitation des deux frĂšres Ă  l’idĂ©e de faire le raid. C’est finalement le fil rouge du livre : pourront-ils faire le raid ? Cet aspect hautement Ă©gocentrique m’a profondĂ©ment gĂȘnĂ©. Car pour pouvoir faire le raid, les auteurs n’hĂ©sitent pas Ă  abandonner le but premier du livre : dĂ©crire la base Dumont d’Urville. Ainsi, je me suis senti spolié : le livre porte majoritairement sur le raid et le voyage en bateau. C’est trĂšs intĂ©ressant bien entendu, mais quand le raid se termine, le livre aussi. Quid de Concordia ? Du retour ? Rien ! D’ailleurs, un dossier en fin de livre expĂ©die le tout avec quelques textes et des photos.

LaLuneEstBlanche1PassĂ© cette dĂ©ception, force est de constater que le livre est splendide. C’est certainement l’une de plus belles bande-dessinĂ©es que j’ai pu lire. Car au-delĂ  de son talent graphique, Emmanuel Lepage sait aussi parfaitement gĂ©rer sa mise en page, inventive et variĂ©e. Je suis en revanche beaucoup plus dubitatif sur l’apport des photos de François Lepage, qui arrivent comme un cheveu sur la soupe et n’apporte rien de plus que ce que les dessins de son frĂšre exprime. Ses textes sont intĂ©ressants, mais le travail Ă  quatre mains m’a semblĂ© peu pertinent. AprĂšs, il est difficile de mesurer l’impact de chacun dans le scĂ©nario et la construction de l’ouvrage.

MĂȘme si le livre souffre parfois de longueurs, on est happĂ© du dĂ©but jusqu’à la fin par cette histoire et ce voyage vers des terres si hostiles. Difficile de ne pas ressentir l’envie de dĂ©couvrir tout cela par nous-mĂȘmes et de s’intĂ©resser au sujet de plus prĂšs. Emmanuel Lepage sait capter l’attention du lecteur.

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« La Lune est blanche » est un ouvrage comme on n’en retrouve peu. Abordant un sujet trĂšs particulier et dotĂ© d’images splendides, il ne laissera personne indiffĂ©rent. Je regrette cependant que l’ouvrage soit avant tout un carnet de voyage, centrĂ© sur les auteurs. J’aurais prĂ©fĂ©rĂ© un ouvrage avec plus de recul.

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Note : 16/20