Titre : Les petits ruisseaux
Scénariste : Pascal Rabaté
Dessinateur : Pascal Rabaté
Parution : Mai 2006
Peut-on encore profiter de la vie lorsque lâon est une personne ĂągĂ©e ? Câest la question que va se poser Ămile Ă la mort de son meilleur ami et compagnon de pĂȘche Edmond. Ce dernier, avant de passer lâarme Ă gauche, lui a montrĂ© une nouvelle facette : il aime peindre des nus et fait des rencontres par lâintermĂ©diaire dâune agence matrimoniale. Car ce nâest pas parce quâil est veuf quâil doit cesser de vivre. Ămile se pose alors la question de sa propre existence. Que veut-il faire des annĂ©es qui lui restent ? PubliĂ© chez Futuropolis, le tout pĂšse prĂšs de cent pages.
Le livre est assez justement sous-titrĂ© « Sex, drug and rockân roll » ! Câest un sujet peu abordĂ© qui est traitĂ© ici avec RabatĂ©. Si on retrouve le contexte du village de campagne avec ses parties de pĂȘche et son bistrot (avec ses habituĂ©s hauts en couleur), câest bien de lâĂąge dont il est question. Comment assumer le dĂ©sir lorsque lâon est veuf sans avoir lâimpression de trahir celle qui fut sa femme ? Comment assumer le dĂ©sir lorsquâon se sent vieux et usé ? Câest avec beaucoup de dĂ©licatesse et dâhumour que RabatĂ© traite le sujet. Il trouve un ton juste et agrĂ©able, jamais sentimentaliste. Il Ă©vite lâĂ©cueil de se moquer Ă©galement, ce qui est souvent lâangle choisi pour parler des personnes ĂągĂ©es.
Le droit de vivre et de profiter.
Le livre repose donc entiĂšrement sur Ămile. DĂšs les premiĂšres pages, Edmond lui apporte une rĂ©vĂ©lation : il a encore le droit de vivre et de profiter. Mais le chemin Ă cette acceptation nâest pas si Ă©vident. Ămile fera des rencontres qui lui permettront dâĂ©voluer. RabatĂ© maĂźtrise parfaitement sa narration et tout dĂ©coule naturellement, sans excĂšs et avec les quelques surprises qui Ă©maillent le tout. Mais cela reste cohĂ©rent et le sentiment dâempathie pour Ămile fonctionne Ă plein rĂ©gime.
Le dessin est trĂšs agrĂ©able. RabatĂ© adopte un style nerveux, mais plein de douceur. Pas dâaplats noirs, juste des hachures pour les ombres. Les couleurs sont douces et mettent parfaitement en valeur le trait. Ce choix de dessin et de colorisation est parfaitement adaptĂ© Ă lâouvrage, qui en est dâautant plus dĂ©licat.
Ă la fois tendre, touchant et drĂŽle, « Les petits ruisseaux » est une vraie rĂ©ussite. Abordant un sujet souvent tabou, RabatĂ© sâen sort Ă merveille avec son personnage torturĂ© par un dĂ©sir quâil avait oubliĂ©. DotĂ© dâune galerie de personnages rĂ©ussis, « Les petits ruisseaux » vous prend par tous les sentiments !
Note : 16/20