La cicatrice – Gilles Rochier

LaCicatrice


Titre : La cicatrice
Scénariste : Gilles Rochier
Dessinateur : Gilles Rochier
Parution : Mars 2014


Je me rappelle avoir rencontrĂ© Gilles Rochier au Festival d’AngoulĂȘme alors qu’il soutenait « TMLP ». AurĂ©olĂ© d’un prix, le voilĂ  de retour avec « La cicatrice ». Son prĂ©cĂ©dent livre Ă©tait puissant et teintĂ© d’autobiographie. « La cicatrice » est une fiction sous forme de chronique sociale. On retrouve Denis, un cadre moyen, sur le point de signer un gros contrat. Tout semble aller pour le mieux. Mais Denis se dĂ©couvre une cicatrice. Et impossible de savoir pourquoi il a cette cicatrice
 Le tout est paru chez 6 pieds sous terre.

En utilisant le fil conducteur de cette cicatrice, Gilles Rochier met le doigt sur le malaise de la classe moyenne. On refait la salle de bain, on signe des contrats, on reçoit la belle-famille, on Ă©coute les plaintes de sa mĂšre
 C’est surtout un homme entourĂ© mais trĂšs seul qui nous est dĂ©crit. Car Denis tente de parler de son problĂšme Ă  tout son entourage, mais personne ne l’écoute rĂ©ellement. L’homme s’enferme alors de plus en plus. Et le pire, c’est que les autres lui reprochent de ne pas s’épancher plus fortement


Un malaise grandissant

Le thĂšme n’est pas nouveau bien Ă©videmment, mais Gilles Rochier parvient Ă  mettre une vraie dose de suspense dans cette histoire. La montĂ©e en tension est trĂšs rĂ©ussie et on ressent pleinement le malaise grandissant du personnage principal. Clairement, « TMLP » proposait un univers plus fort car il se passait dans une citĂ©. Dans le milieu des classes moyennes, « La cicatrice » est un livre moins puissant, car les drames y sont moins exotiques.

C’est donc la narration qui prĂ©vaut ici. Gilles Rochier maĂźtrise son tempo et l’impose au lecteur avec minutie. Denis passe son temps Ă  se toucher la cicatrice dĂšs qu’il est seul. Cette obsession est parfaitement rendue et parlera Ă  tous ceux qui ont dĂ©jĂ  eu des phĂ©nomĂšnes soudains et stressants sur leur corps. Cela ressemble Ă  un homme hypocondriaque, mais c’est bien plus que ça, c’est rĂ©vĂ©lateur d’un malaise avant tout psychique. Pour ma part, ce rapport entre la tĂȘte qui ne va pas et le corps qui en est le rĂ©vĂ©lateur m’a parlĂ©.

Concernant le dessin, le trait nerveux et imprĂ©cis de l’auteur ne plaira clairement pas Ă  tout le monde. Mais il est trĂšs efficace et au service de la narration. Si les parties muettes parlent d’elles-mĂȘmes, les parties dialoguĂ©es font la part belle aux phylactĂšres. Ces derniers envahissent l’espace, la case, les visages
 Plus qu’une façon de dessiner, cela montre aussi le poids de la parole, et surtout le flot continu de stress qui en dĂ©coule.

Moins puissant de par son sujet que « TMLP », « La cicatrice » demande au lecteur de faire abstraction du prĂ©cĂ©dent ouvrage de Gilles Rochier pour ĂȘtre pleinement apprĂ©ciĂ©. MalgrĂ© un thĂšme dĂ©jĂ  souvent traitĂ©, l’auteur y apporte sa touche personnelle avec notamment une montĂ©e de tension trĂšs rĂ©ussie. Gilles Rochier confirme ici les espoirs placĂ©s en lui.

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Note : 14/20

Top BD des blogueurs – Septembre 2014

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Le Top BD des blogueurs est un collectif rassemblant des blogs de critiques de bande-dessinĂ©es. DĂšs qu’un titre possĂšde au moins trois notes, il entre dans le top. Vous pouvez dĂ©couvrir chaque mois les cinquante titres les mieux notĂ©s.

Jiro Taniguchi, Casterman
2- (=) Asterios Polyp     18.65
David Mazzuchelli, Casterman
3- (=) Persépolis    18.64
Marjanne Satrapi, L’Association
4- (N) Ceux qui me restent  18.63
Damien Marie, Laurent Bonneau, Bamboo
5- (=) Le loup des mers 18.55
Riff Reb, Soleil
6- (=) Idées Noires       18.5
Franquin, Fluide Glacial
7- (=) NonNonBù         18.5
Shigeru Mizuki, Cornélius
8- (=) Maus        18.49
Art Spiegelmann, Flammarion
9- (=) Le pouvoir des Innocents Cycle 2- Car l’enfer est ici   18.41
10- (=) Tout seul            18.38
Christophe ChaboutĂ©, Vents d’Ouest
11- (+) Les vieux fourneaux tome 1   18.35
Wilfrid Lupano, Paul Cauuet, Dargaud
12- (=) Le sommet des dieux       18.33
Yumemuka Bura, JirĂŽ Taniguchi, Casterman
Tome 1,Tome 2,Tome 3, Tome 4, Tome 5.
Emmanuel Lepage, Futuropolis
14- (=) Daytripper           18.27
Fabio Moon, Gabriel Ba, Urban Comics
15- (=) V pour Vendetta  18.22
Alan Moore, David Lloyd, Delcourt
16- (=) Le Grand pouvoir du Chninkel   18.19
Van Hamme, Rosinski, Casterman
17- (-) Universal War One   18.14
Denis Bajram, Soleil
BenoĂźt Zidrou, Roger, Dargaud
19- (=) Les ombres     18.1
Zabus, Hippolyte, Phébus
20- (=) Abélard     18.04
Régis HautiÚre, Renaud Dillies, Dargaud
21- (=) Universal War Two tome 1    18
Denis Bajram, Casterman
Jérémy Bastian, Editions de la Cerise
23- (=) Le muret    18
Pierre Bailly, Céline Fraipont, Casterman
24- (=) Il était une fois en France    17.98
Fabien Nury, Sylvain Vallée, Glénat
25- (=) Habibi       17.95
Craig Thompson, Casterman
26- (-) Herakles    17.92
Edouard Cour, Akileos
27- (=) Les derniers jours d’un immortel     17.92
Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval, Futuropolis
28- (=) Gaza 1956     17.92
Joe Sacco, Futuropolis
29- (=) Scalped            17.86
Jason Aaron, R.M. Guerra, Urban Comics
30- (=) Manabé Shima 17.83
Florent Chavouet, Editions Philippe Picquier
31- (+) Urban              17.79
Luc Brunschwig, Roberto Ricci, Futuropolis
Tome 1, Tome 2, Tome 3,
32- (=) Trois Ombres       17.78
Cyril Pedrosa, Delcourt
L. Seksik, G. Sorel, Casterman
34- (=) Anjin-san    17.75
Georges Akiyama, Le Lézard Noir
35- (=) Joker                17.75
Brian Azzarello, Lee Bermejo, Urban Comics
36- (=) Mon arbre     17.75
Séverine Gauthier, Thomas labourot, Delcourt
37- (=) L’histoire des trois Adolf,              17.75
Osamu Tezuka, Tonkam
38- (=) Blankets  17.73
Craig Thompson, Casterman
L. Brunschwig, L. Hirn, Futuropolis
40- (=) Holmes               17.7
Luc Brunschwig, Cecil, Futuropolis
41- (=) Calvin et Hobbes,              17.7
Bill Watterson, Hors Collection
42- (=) Les seigneurs de Bagdad  17.7
Brian K. Vaughan, Niko Henrichon, Urban Comics
43- (=) Washita     17.69
Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5.
44- (=) Lorenzaccio              17.67
Régis Peynet, 12 Bis
45- (=) Match!   17.67
Grégory Panaccione, Editions Delcourt
46- (=) Tokyo Home  17.67
Thierry Gloris, Cyrielle, Kana
47- (=) Les Carnets de Cerise
Joris Chamblain, Aurélie Neyret, Soleil
48- (=) L’Orchestre des doigts      17.65
Osamu Yamamoto, Editions Milan
49- (=)Melvile     17.64
Romain Renard, Le Lombard
50- (=) Les ignorants             17.63
Etienne Davodeau, Futuropolis

Manuel du puceau – Riad Sattouf

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Titre : Manuel du puceau
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Octobre 2003


L’adolescence est un sujet qui semble prĂ©occuper Riad Sattouf. De son premier ouvrage, « Manuel du puceau » Ă  son premier film « Les beaux gosses », en passant par un « Retour au collĂšge », le sujet le passionne. Et c’est Ă©videmment les prĂ©occupants d’ordre sentimental qui sont abordĂ©es. D’abord paru chez BrĂ©al, « Manuel du puceau » fut rééditĂ© chez l’Association pour 80 pages d’aide Ă  l’adolescent loser. Continuer la lecture de « Manuel du puceau – Riad Sattouf »

Universal War One, T3 : CaĂŻn et Abel – Denis Barjam

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Titre : Universal War One, T3 : CaĂŻn et Abel
Scénariste : Denis Barjam
Dessinateur : Denis Barjam
Parution : Décembre 2000


 DĂšs le dĂ©but de « Universal War One », Denis Barjam avait su tenir son lecteur en haleine. Les mystĂšres Ă©taient nombreux et chaque fois qu’ils Ă©taient rĂ©solus, d’autres venaient se poser. Confirmant le potentiel de la sĂ©rie avec un deuxiĂšme tome haletant, place Ă  l’introspection avec « CaĂŻn et Abel », le troisiĂšme opus. La couverture, nous prĂ©sentant Balti face Ă  sa double mort, nous met tout de suite dans l’ambiance. Le tout est toujours publiĂ© sous forme d’album classique chez Soleil.

AprĂšs l’apparition du mur et sa destruction par l’escadrille Purgatory. Mais pourtant nos hĂ©ros sont toujours dans le mur
 Comment est-ce possible ? Accostant une ancienne station orbitale, ils vont comprendre ce qu’il s’est passé 

Paradoxe temporel & caractĂšres antagonistes

Ce tome fait la part belle au paradoxe temporel. Relatant la crĂ©ation du wormhole, il permet de mieux comprendre son fonctionnement et la logique qui anime ses crĂ©ateurs. Pas question de guerre ici, on est en plein huis clos. BloquĂ©s dans une station, l’escadron cohabite pour le meilleur et pour le pire. Les caractĂšres antagonistes se percutent et la tension monte. Excellent choix de Denis Barjam. AprĂšs deux tomes oĂč tout allait trĂšs vite, l’auteur prend le temps d’affiner ses personnages.

L’espace confinĂ© de la station permet aussi Ă  Barjam de poser de vraies ambiances, quels soient malsaines ou dĂ©pressives. Du coup, le dessin passe un vrai cap avec des cases particuliĂšrement marquantes. Bien qu’il y ait beaucoup moins d’action, le dĂ©coupage reste dynamique et maĂźtrisĂ© de bout en bout. L’utilisation des aplats noirs est remarquable. Alors que le dessin m’était encore un peu difficile pour les deux premiers tomes, je suis dĂ©finitivement conquis ici.

« Universal War One » est une sĂ©rie captivante et intelligente. Les bavardages y sont toujours utiles et assez peu pompeux pour que le lecteur puisse suivre le tout sans ĂȘtre obligĂ© de relire pour ĂȘtre sĂ»r de comprendre ! DotĂ© d’une formidable mise en scĂšne, d’une ambiance pesante et de personnages plus humains que jamais, ce tome 3 enfonce le clou et installe la sĂ©rie comme un must des bande-dessinĂ©es de science-fiction.

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Note : 18/20

Universal War One, T2 : Le fruit de la connaissance – Denis Barjam

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Titre : Universal War One, T2 : Le fruit de la connaissance
Scénariste : Denis Barjam
Dessinateur : Denis Barjam
Parution : Novembre 1999


« Universal War One » est l’une des sĂ©ries de science-fiction les plus palpitantes publiĂ©es en bande-dessinĂ©e. AprĂšs un premier tome allĂ©chant, laissant le lecteur en suspens, Denis Barjam (au dessin et au scĂ©nario) se devait de transformer l’essai avec ce second tome nommĂ© « Le fruit de la connaissance ». Le tout est toujours publiĂ© chez Soleil pour un album classique de 46 pages.

Un mur est apparu dans le systĂšme solaire. Personne ne sait ce que c’est. Mais Balti, de l’escadron Purgatory, est parvenu Ă  y entrer. Seul problĂšme, il en est ressorti en sale Ă©tat dans un vaisseau inconnu et avec une barbe de trois jours
 On avait laissĂ© l’escadron plonger dans le vortex afin de voir ce qu’il y avait dans le mur. Ils ne vont pas ĂȘtre déçus ! AttaquĂ© par des drones, ils s’empressent de retourner d’oĂč ils sont venus. Et dĂ©jĂ , Kalish le gĂ©niĂ© annonce qu’il y a un problĂšme de diffĂ©rentiel temporel


Une intrigue spatio-temporelle

Si c’était dĂ©jĂ  abordĂ© dans le premier tome, la notion de temps (et donc d’espace-temps) s’installer rĂ©ellement dans la sĂ©rie. Tout va tourner alors autour. Y a-t-il une civilisation qui Ă©volue 1000 fois plus vite que la notre dans le mur ? Denis Barjam maĂźtrise pleinement son sujet et le lecteur est happĂ© par le suspense en permanence. Les explications scientifiques sont prĂ©cises et claires, pas trop pompeuses et surtout comprĂ©hensibles !

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Dans ce tome, les rĂ©vĂ©lations sont nombreuses et le lecteur ne restera pas sur sa faim. Les coups de théùtre s’enchaĂźnent jusqu’à la derniĂšre page qui nous laisse pantois et pressĂ© de lire la suite. En cela, Barjam possĂšde un vrai talent pour gĂ©rer le rythme de sa sĂ©rie. Il dĂ©voile beaucoup de choses mais sans excĂšs. Et tout sert l’histoire, Ă  un moment ou Ă  un autre.

Mais « Universal War One », outre son histoire spatio-temporelle a comme attrait sa galerie de personnages. Tous sortis de cour martiale, ils ont chacun un dĂ©faut qui les rend dangereux. Comme Ă  chaque bouquin, Barjam dĂ©voile le passĂ© de l’un d’entre eux. Cet aspect rend aussi la relecture d’autant plus intĂ©ressante, une vraie qualitĂ© pour une sĂ©rie ! AprĂšs des dĂ©buts caricaturaux, on connaĂźt mieux les personnages qui s’affirment, mĂȘme s’ils n’évoluent pas encore en profondeur. On est ici encore dans la phase d’apprentissage.

Au niveau du dessin, le trait de Denis Barjam semble influencĂ© par les comics. J’avoue ne pas ĂȘtre forcĂ©ment fan de son trait ni de ses couleurs (notamment dans l’espace), mais le tout est cohĂ©rent et la mise en scĂšne toujours efficace. C’est dans le dĂ©coupage aussi que Barjam montre pleinement son talent. J’ai appris Ă  assimiler ce style et force est de constater que « Universal War One » possĂšde une vraie identitĂ© graphique.

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Essai transformĂ© pour ce tome 2. Le lecteur est pris par le suspense et n’a plus qu’une envie : lire la suite. Les zones d’ombres sont nombreuses et malgrĂ© les avancĂ©es de nos hĂ©ros, elles restent bien nĂ©buleuses ! Un must !

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Note : 17/20

Pascal Brutal, T4 : Le roi des hommes – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T4 : Le roi des hommes
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Septembre 2014


Si Riad Sattouf fait beaucoup parler de lui ces derniĂšres semaines avec son livre « L’arabe du futur », c’est bien la sortie du quatriĂšme tome de « Pascal Brutal » qui me mettait dans tous mes Ă©tats. RĂ©compensĂ©e Ă  AngoulĂȘme pour son troisiĂšme tome, cette sĂ©rie est un must-have d’humour. Ce nouvel opus, intitulĂ© « Le roi des hommes », nous permet de dĂ©couvrir un peu plus la vie de Pascal, l’homme le plus viril du monde. Le tout est publiĂ© chez Fluide Glacial.

Le monde de Pascal Brutal est assez original
 AprĂšs l’accession d’Alain Madelin au pouvoir, la France dĂ©cline et sombre dans un chaos intellectuel et social. Riad Sattouf crĂ©e une vision de notre future trĂšs pessimiste et pourtant si proche de notre sociĂ©tĂ© actuelle. C’est la complĂšte dĂ©cadence : violence, sexe et QI nĂ©gatif s’y cĂŽtoient en permanence. Et au milieu de tout cela, Pascal Brutal


Ce bon vieux Pascal, c’est la virilitĂ© Ă  l’état pur : des gros muscles, une grosses motos et des femmes qui le veulent tout de suite et maintenant. Mais surtout, c’est une homosexualitĂ© refoulĂ©e qui ressort rĂ©guliĂšrement


La voix off, point fort de la série

Ainsi, tour Ă  tour, Pascal va essayer de pĂ©cho dans la ville des gays, ĂȘtre star du rap, joueur de foot, etc. Riad Sattouf s’amuse Ă  intĂ©grer l’Homme dans toutes les situations possibles, mais toujours dans sa France façon Madelin. C’est d’ailleurs la description de cet univers ultralibĂ©rale, par la voix off, qui fait tout le sel de cette bande-dessinĂ©e. Au-delĂ  des situations, Riad Sattouf s’amuse Ă  dĂ©crire un monde improbable. Cerise sur le gĂąteau : un certain Riad Sattouf a permis au monde arabe de devenir la sociĂ©tĂ© la plus avancĂ©e et la plus progressiste (dans le tome 3). Nous retrouvons ainsi un stade Riad Sattouf construit Ă  base de sacs plastiques recyclĂ©s


Si on sourit souvent devant la vie de Pascal, on rit aussi. Cette sĂ©rie possĂšde une telle identitĂ© et une telle densitĂ© que l’on a du mal Ă  rester indiffĂ©rent. Le lien avec « La vie secrĂšte des jeunes » est Ă©vident. Riad Sattouf sait observer ses contemporains et projettent le tout dans l’avenir. Et ce n’est pas rose…

 Le dessin, simple en apparence, est parfaitement adapté. Les expressions du visage de Pascal sont complexes et participent à notre hilarité. Bref, du lourd.

Avec son quatriĂšme opus, « Pascal Brutal » ne faiblit pas. L’univers et le personnage créés par Riad Sattouf possĂšdent une vĂ©ritable originalitĂ© et l’auteur sait les utiliser sans se rĂ©pĂ©ter. Une des grandes bande-dessinĂ©es d’humour de ces derniĂšres annĂ©es, dans la plus pure tradition Fluide Glacial !

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17/20

L’invention du vide – Nicolas Debon

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Titre : L’invention du vide
Scénariste : Nicolas Debon
Dessinateur : Nicolas Debon
Parution : Juin 2012


Étant soumis au vertige, l’escalade est quelque chose qui m’est interdite par la force des choses. Histoire de pouvoir profiter des sensations au mieux malgrĂ© mon handicap, je me suis procuré« L’invention du vide » de Nicolas Debon. Paru chez Dargaud, dans la collection Long Courrier, ce one-shot de belle taille narre l’ascension d’un pic du massif du Mont Blanc par Mummery, Burgener et Venetz. Continuer la lecture de « L’invention du vide – Nicolas Debon »

Bone, T4 : La nuit des rats-garous – Jeff Smith

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Titre : Bone, T4 : La nuit des rats-garous
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Mars 1997


« Bone » est le seul comics Ă  trĂŽner dans ma bibliothĂšque, mĂȘme si un tome de « Sin City » s’est discrĂštement glissĂ© entre deux bande-dessinĂ©es franco-belge. DĂ©couverte par hasard dans la mĂ©diathĂšque du quartier, ce mĂ©lange d’aventure et d’humour m’a pleinement sĂ©duit. AprĂšs trois premiers tomes exceptionnels, le propos se corse. « La nuit des rats-garous » annoncent de sombres Ă©vĂšnements, comme l’indique parfaitement la couverture. Le tout est toujours Ă©ditĂ© chez Delcourt pour 88 pages. C’est l’un des tomes les plus lĂ©gers en termes de pagination.

Clairement, on sent un petit problĂšme de dĂ©coupage dans cette Ă©dition. On reprend l’histoire en pleine forĂȘt, sous le dĂ©luge
 Qu’importe, le plaisir reste le mĂȘme. Mamie Ben fuit et est rattrapĂ©e par Thorn et Fone Bone. Qu’a-t-elle donc Ă  cacher ? CernĂ©s par les rats-garous qui Ă©cument la forĂȘt, le trio tente de survivre.

Le tome des révélations

Ce tome est LE tome des rĂ©vĂ©lations. AprĂšs un dĂ©but plutĂŽt lĂ©ger, le propos se durcit. On apprend enfin qu’est-ce que la vallĂ©e, les forces en prĂ©sence, son passĂ©, etc. Le rĂ©cit prend une autre tournure. Mais la deuxiĂšme partie du tome est elle pleinement humoristique. Lucius et Phoney se lancent dans le concours Ă  la taverne. Chacun son cĂŽtĂ© et les gens consomment oĂč ils le veulent. MĂȘme si la compĂ©tition semble lĂ  pour montrer le caractĂšre de Phoney, cela aura Ă©videmment bien plus d’importance


Jeff Smith continue ici son mĂ©lange savoureux. De l’humour, du romantisme, de l’aventure, de l’hĂ©roĂŻc fantasy
 Le travail sur les ambiances est remarquable notamment pour cette fameuse « Nuit des rats-garous ». Son dĂ©coupage donne une vraie puissance Ă  l’ouvrage. InspirĂ© de l’animation, de nombreuses cases se suivent avec le mĂȘme cadrage, changeant juste un petit dĂ©tail de l’une Ă  l’autre. Ce travail proche du dessin-animĂ© par moment donne une fluiditĂ© Ă  la lecture et permet de jouer aussi bien sur la peur que sur le rire !

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Au niveau du dessin, Jeff Smith produit des noirs et blancs particuliĂšrement beaux dans ce tome nocturne. La reprĂ©sentation de la foudre, de la pluie est formidable ! Je suis conquis depuis bien longtemps par le trait rond et expressif de l’auteur. Sa capacitĂ© Ă  mĂ©langer cartoon et dessin rĂ©aliste est un modĂšle du genre !

« La nuit des rats-garous » est un tome charniĂšre dans la sĂ©rie « Bone ». Il pose (en partie) les enjeux, ce qui n’était pas vraiment le cas auparavant. On passe de quĂȘtes immĂ©diates Ă  une quĂȘte plus gĂ©nĂ©rale, ce qui change fortement la donne pour les personnages.

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Note : 19/20

Bone, T3 : RĂȘves et cauchemars – Jeff Smith

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Titre : Bone, T3 : RĂȘves et cauchemars
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Septembre 1996


« Bone » a Ă©tĂ© l’une de mes plus grandes surprises de lecture. Ce comics mĂ©langent autant les codes graphiques que les genres dans une fusion de trĂšs grande qualitĂ©. On y retrouve des bones, personnages de cartoon exilĂ©s de Boneville, qui arrivent dans une vallĂ©e teintĂ©e d’hĂ©roĂŻc-fantasy. Le dĂ©but de l’histoire est trĂšs lĂ©gĂšre, pleine d’humour, bien que dĂ©jĂ  les rats-garous sĂšment le trouble. Le tout est publiĂ© chez Delcourt. Je prends ici pour rĂ©fĂ©rence la premiĂšre version publiĂ©e en noir et blanc.

Smiley et Phoney, suite aux paris truquĂ©s, sont obligĂ©s de travailler pour Mamie Ben, puis pour Lucius. Les voilĂ  donc Ă  la ferme pour reconstruire le tout aprĂšs l’attaque des rats-garous. Si Smiley est toujours de bonne humeur, Phoney cherche Ă  tout prix un moyen de repartir Ă  Boneville couvert d’or. ProblĂšme : Fone Bone est amoureux de la belle Thorn et sa motivation de retour d’exil est toute relative


L’ambiance est encore Ă  la « bone » humeur

Dans ce troisiĂšme tome, l’ambiance est encore Ă  la bonne humeur. Les trois bones sont ensemble et les situations cocasses sont lĂ©gions. Mais les rĂȘves s’invitent aussi bien chez Thorn que chez Fone Bone. Les enjeux rĂ©els restent ici encore flous mais le mystĂšre s’épaissit et titille notre curiositĂ©. Ce tome reste l’un des plus courts parus, l’histoire avance donc peu. A la fin de l’ouvrage, les bones sont une nouvelle fois sĂ©parĂ©s, laissant prĂ©sager de nouvelles pĂ©ripĂ©ties.

Clairement, le dĂ©but de cette Ă©popĂ©e est la partie que je prĂ©fĂšre. MĂȘlant humour, suspense et aventure, c’est un cocktail dĂ©tonnant ! C’est toujours le cas ici oĂč, aprĂšs des passages trĂšs drĂŽles, une scĂšne vient nous rappeler que l’heure est Ă  l’inquiĂ©tude
 Ce sont les derniers moments d’insouciance avant que les problĂšmes n’arrivent


Concernant le dessin, ce tome est particuliĂšrement beau. En effet, une bonne partie de l’histoire se passe en pleine averse et en pleine nuit, donnant lieu Ă  des planches en noir et blanc de toute beautĂ©. Jeff Smith est ici au sommet. Son trait au pinceau est une merveille. L’environnement est pourtant trĂšs simple (la forĂȘt et la ferme
), mais parfaitement rendu. Et surtout, l’auteur parvient Ă  mixer dessin cartoon et rĂ©aliste avec une aisance stupĂ©fiante. Du grand art.

Jeff Smith a pris son rythme de croisiĂšre avec ce « RĂȘves et cauchemars ». Les enjeux ne sont pas encore trĂšs clairs pour le lecteur, mais la tension monte lentement


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Note : 19/20

Ralph Azham, T5 : Le pays des dĂ©mons bleus – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T5 : Le pays des démons bleus
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Mai 2013


C’est peu de dire que Lewis Trondheim occupe une place Ă  part dans mon panthĂ©on de la bande-dessinĂ©e. Son Ɠuvre riche et magistrale m’a fortement influencĂ© et m’a donnĂ© envie de me mettre Ă  la bande-dessinĂ©e en tant qu’auteur. Mais depuis quelques annĂ©es, le fer de lance de la gĂ©nĂ©ration de L’Association a baissĂ© le pied et publie beaucoup moins. Sa derniĂšre sĂ©rie en date, « Ralph Azham », avait plus ou moins déçu tant sa parentĂ© avec « Donjon » l’empĂȘchait de prendre pleinement son envol. Mais avec le quatriĂšme tome, cette sĂ©rie trouvait un souffle salvateur qui nous donnait de l’espoir pour la suite. « Le pays des dĂ©mons bleus », le cinquiĂšme opus, allait-il confirmer le regain de forme de « Ralph Azham » ?

Ralph a quittĂ© le royaume d’Astolia. Il recherche l’ennemi hĂ©rĂ©ditaire, Vom Syrus, afin de renverser le roi d’Astolia. On retrouve donc la joyeuse bande sur un bateau, en partance pour le continent. Etant donnĂ© que l’on est au cinquiĂšme tome, on commence Ă  se rapprocher de la fin et cela se sent. Ralph, que l’on a connu misĂ©rable, accepte son rĂŽle et prend de l’ampleur. Sa relation avec Yassou (sĂ»rement le personnage le plus rĂ©ussi de cette bande-dessinĂ©e) Ă©volue et mĂ»ri pour notre plus grand plaisir.

Une série qui se bonifie aprÚs plusieurs lectures.

Lewis Trondheim continue son exploration de l’hĂ©roĂŻc fantasy plus ou moins dĂ©tournĂ©e. Il faut bien avouer que l’homme possĂšde une patte particuliĂšre, un sens du dialogue qui n’est qu’à lui. Cependant, Ă  force de lire l’auteur, on est moins surpris. Difficile de dire si c’est l’habitude ou une baisse de rĂ©gime de Trondheim. Heureusement, l’histoire tient la route et est prenante. Pas d’impression de dilution ici. Les bonnes idĂ©es sont lĂ©gions et derriĂšre l’humour, la duretĂ© de l’univers est rĂ©elle. A la fermeture de l’ouvrage, on ressent l’envie de lire la suite, on sent que le tout avance et se rapproche d’un dĂ©nouement. Trondheim a su mĂ©nager quelques surprises Ă  son lecteur. « Ralph Azham » est une sĂ©rie qui se bonifie aprĂšs plusieurs lectures. Les dĂ©tails et les subtilitĂ©s ne se dĂ©voilent pas toujours au premier abord.

Au niveau du dessin, Trondheim dĂ©veloppe son trait animalier classique. Au fil des ans, son dessin s’est enrichi (notamment au niveau des dĂ©cors. Le tout est fluide et dense, efficace. C’est un vĂ©ritable plaisir. Au niveau des couleurs, j’ai Ă©tĂ© moins sĂ©duit. Le nouveau continent est plus colorĂ©, plus vif. Et au final, je trouve l’ambiance un peu moins forte que dans les premiers tomes. Cela reste un dĂ©tail, car les couleurs sont quand mĂȘme un des points forts de cette sĂ©rie.

Ce cinquiĂšme tome de « Ralph Azham » tient ses promesses. De la fantasy avec de l’humour Trondheim, cela reste un plaisir. L’épilogue semble se profiler. En espĂ©rant qu’il ne tarde pas trop Ă  arriver !

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Note : 14/20