Ant-Man – Peyton Reed

Ant-Man


Titre : Ant-Man
Réalisateur : Peyton Reed
Parution : Juillet 2015


Depuis toujours, je suis un spectateur fidèle des productions Marvel. Je guette chaque nouvelle sortie et ne tarde jamais trop pour aller en profiter au cinéma. Cet été marquait l’arrivée sur les écrans d’un nouvel héros : Ant-Man. N’ayant pas une culture comics très poussée, il m’était inconnu jusqu’aux premières rumeurs évoquant le film. Cette ignorance ne m’a pas empêché de m’installer avec impatience dans une salle obscure afin de faire sa rencontre.

Le professeur Hank Pym travaillait pour le S.H.I.E.D. il y a des dizaines d’années. Il avait mis au point une particule au pouvoir immense : celui de réduire la distance entre les atomes. Néanmoins, inquiet des conséquences de l’utilisation d’une telle découverte, il avait décidé de la garder pour lui. Son choix a fait qu’actuellement, il vit reclus dans sa demeure. Mais lorsque son ancien disciple est en passe de mettre la main sur la fameuse particule, le professeur décide de prendre les choses en main. Pour cela, il compte sur un cambrioleur tout juste sorti de prison pour enfiler le costume d’Ant-Man…

Une phase d’initiation.

« Ant-Man » est le premier chapitre des aventures cinématographiques des aventures de l’homme fourmi. Les codes du genre font que la première partie du film est la phase d’initiation du nouveau héros. Je dois vous avouer qu’il s’agit d’un aspect scénaristique que j’apprécie bien souvent. Elle est souvent drôle et assez rythmée. Elle permet également de faire plus connaissance avec le personnage principal et d’acquérir une maîtrise globale des enjeux. Cet opus nous offre une phase d’introduction sympathique. Scott Lang est un escroc au grand cœur touchant. De plus, sa maladresse et sa bonhommie le rendent tout de suite attachants. Le choix de Paul Rudd pour l’interpréter est un excellent choix. Son entrainement donne lieu à des moments très amusants que je vous laisserai découvrir. Le seul bémol que je décèle dans cette partie du film est un léger manque de rythme pour « lancer la machine ». Par contre, une fois sur les rails, elle ne se relâche plus…

L’intrigue ne se construit pas uniquement autour de Scott. Tout d’abord, il est accompagné par le professeur Pym. Le fait que ce dernier soit joué par Michael Douglas lui donne une profondeur et un charisme certains. Il fait partie des atouts du film. D’ailleurs, sa présence est tout aussi centrale que celle de son disciple super-héros. Le troisième mousquetaire a les traits et les courbes d’Evangeline Lilly. Elle incarne Hope, la fille du professeur. Son sourire, son dynamisme et ses capacités de combat en font un membre à part entière de l’équipe. Et que dire des trois « collègues » de Scott ? Ils sont hilarants ! Je décerne une mention spéciale à Luis qui un concentré de potentiel humoristique. Par contre, leur adversaire, Darren Cross, est moins intéressant. Cela n’est pas dû à l’acteur Corey Stoll mais à l’écriture de l’action qui a décidé de le laisser en rentrait du trio principal.

Le ton du film se veut léger. L’intrigue est simple. L’essentiel de l’histoire se construit autour des personnages. Le déroulement de la trame est linéaire. Les retournements de situation sont rares. Par contre, les protagonistes sont très bien écrits. Ils sont drôles, attachants, surprenants. Pour des raisons propres à chacun, j’ai eu beaucoup de plaisir à passer du temps à leurs côtés. Le casting est de qualité et le scénario d’Adam McKay et la réalisation de Peyton Reed les mettent en valeur. Ce choix dans l’écriture donne une identité propre à « Ant-Man » et le démarque de ses acolytes blockbusters.

Par contre, il est un point commun à tous épisodes estampillé Marvel, c’est leur dimension spectaculaire. Ce nouvel épisode n’échappe pas à la règle. La mise en scène exploite parfaitement le pouvoir du héros de pouvoir alterner taille réelle et taille réduite. Cela rend les combats inédits et prenants. De plus, le fait qu’Ant-Man puisse contrôler les fourmis fait naître des scènes impressionnantes et hilarantes par moment.

Pour conclure, j’ai passé un très bon moment à suivre les aventures de ce nouvel héros. J’ai apprécié les scènes d’action, ai savouré les premiers pas laborieux de Scott, ai bien rigolé et me suis attaché à tout ce petit monde. J’ai également savouré les différents croisements faits avec l’univers Avengers et Cie. Marvel confirme ici sa capacité à créer des divertissements de qualité. Il ne me reste plus qu’à attendre la suite…

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note4

Uchronie(s), New Moscow, T3 – Éric Corbeyran & Nicolas OtĂ©ro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T3
Scénariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2014


« Uchronie(s) » est un projet très ambitieux. Il fait exister trois mondes parallèles développées sur trois tomes chacune. Elles se rejoignent dans un épilogue commun concluant ainsi une décalogie à la trame dense et travaillée. La première saga basée sur cette construction s’est terminée il y a quatre ans. Cela a été une agréable surprise de voir que moins de deux ans plus tard, Éric Corbeyran décidait d’offrir une suite à son histoire en accouchant de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ».

Ma critique d’aujourd’hui porte sur le dernier chapitre de la réalité moscovite. Nicolas Otéro est en charge des dessins de cette partie de l’univers scénaristique édifier par le célèbre auteur bordelais. J’avais été séduit par son trait. Sa personnalité offre une atmosphère unique à la lecture et la dissocie sans mal de ses voisines chinoise et indienne. La parution de cet opus date du mois d’octobre.

Il est évident que découvrir cette aventure par cet album est une cause perdue d’avance. La complexité des liens entre les mondes couplée aux intrigues propres à chacun rend impossible de prendre le triant en route. Chaque nouveau tome nécessite une plongée dans les chapitres précédents.

Des mondes parallèles qui interagissent.

NewMoscow3bLa trame de cette trilogie se construit autour du professeur Paskevitch. Ce scientifique a connu beaucoup de bas auparavant. Il a connu les dures prisons moscovites. L’amélioration de sa situation est due à un marché amoral passé avec l’Impératrice. Il doit travailler sur la matière noire permettant de changer de réalité. Cette recherche a pour objectif d’expédier « ailleurs » les plus grands criminels locaux. Nous suivons donc ici la première expérimentation de condamnation. Elle génère un moment fort de l’histoire.

La série s’inscrit dans une thématique classique de la science-fiction : les mondes parallèles. La recette est classique mais rarement bien exécutée. Le traitement est souvent superficiel et privilégie la forme au fond. Corbeyran est ici ambitieux. Il fait interagir ses différents univers avec finesse. Il ne tombe jamais dans la caricature et n’oublie pas ses concepts narratifs de départ. Cela permet donc aux adeptes du genre de savourer avec délectation cet ouvrage. La tension monte tout au long du défilement des pages.

Le contenu est fourni. Chaque planche a son importance et participe à l’avancée de l’intrigue. Elle éveille notre intérêt jusqu’au dénouement. Ce dernier ouvre une porte intéressante vers l’épilogue à venir. L’un des petits plaisirs de cette saga vient des rencontres entre protagonistes de mondes différents. Elles sont toujours pertinentes et apportent systématiquement leur écot aux événements.

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Pour conclure, ce bouquin confirme la qualité de « New Moscow ». Elle occupe à mes yeux la planche royale dans cette décalogie qui se construit. Néanmoins, je ne peux que vous conseiller de découvrir le cycle original avant de plonger dans celui-ci. Cela vous permettra de ne pas vous perdre dans les nombreux arcanes de cette belle aventure…

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note4

Uchronie(s), New Moscow, T2 – Eric Corbeyran & Nicolas OtĂ©ro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T2
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2013


Uchronie(s) est un projet ambitieux né il y a un petit peu plus de cinq ans. Eric Corbeyran est le scénariste à l’origine de cette saga originale. Elle se décompose en trois trilogies présentant chacune une réalité parallèle de New York. Elles se rejoignaient dans un dixième opus qui concluait une décalogie d’ampleur. J’avais vraiment eu le sentiment d’avoir été conquis par un univers de science-fiction très abouti. J’ai donc été agréablement surpris en découvrant il y un an que l’aventure trouvait une suite à travers la parution de trois nouvelles séries New Beijing, New Moscow et New Delhi.

Les premiers chapitres des trois aventures m’avaient inspiré des sentiments très variés. New Moscow était celle qui m’avait le plus plu. J’avais été séduit par la personnalité graphique offerte par Nicolas Otero. De plus, la trame était dense et apportait un nouvel écot intéressant à la saga. J’étais donc curieux de me plonger dans le deuxième tome de cette nouvelle trilogie. Il est paru chez Glénat le vingt-quatre octobre dernier.

Il est évident qu’il m’apparaît compliqué dans cet album sans avoir quelques prérequis. Il me paraît indispensable d’avoir lu le premier opus et vivement conseillé d’avoir des références ici de la décalogie initiale. Le fondement de l’univers de Corbeyran est qu’un savant nommé Kosinski a inventé la fusion noire. Cette entité permet dans des univers parallèles d’une même réalité. Celle qui abrite l’intrigue nous présente un New York russe. En effet, New Moscow n’est qu’une version de la métropole américaine.

Voyager entre les réalités et trouver la réalité originale

Le dénouement de l’épisode précédent nous apprenait que Zack, fils du savant Kosinski, a un rêve : voyager entre les réalités et trouver la réalité originale. Cette dernière est à l’origine de toutes les autres. Le projet est intéressant et offre un intérêt certain à l’histoire. En effet, j’appréhendais que cette suite ait du mal à relancer une saga qui avait trouvé sa fin. Mais New Moscow est celle qui y arrive le mieux. L’objectif de Zack est bien exploité dans ce tome. J’ai pris plaisir à voir son plan prendre forme. L’aspect scientifique est bien maîtrisé et son dosage est habile. A aucun moment, les dialogues ne présentent de longs monologues magistraux pour expliquer les tenants et les aboutissants. Néanmoins, cela n’empêche la quête d’avancer de manière non négligeable.

Les interactions avec les deux autres réalités restent pour l’instant minimes. D’ailleurs il n’est pas nécessaire d’avoir lu New Beijing ou New Delhi pour tout comprendre. Je suis curieux de voir à quel moment les trois mondes vont réellement influer les uns sur les autres. Le scénario ne propose aucune lourdeur dans le domaine. Aucune immersion d’une réalité dans une autre n’est anecdotique ou gadget. C’est appréciable.

Une des réussites de cet album est de laisser également une place à ses personnages. Je trouve le casting très intéressant. Il offre une réelle diversité de caractère et de profil. De plus, Corbeyran arrive à faire cohabiter bon nombre d’intrigues secondaires avec son fil conducteur central. Je me suis vraiment investi dans ma lecture tant ma curiosité était régulièrement relancé. J’ai pris énormément de plaisir à voir les événements s’enchaîner. L’album est d’une qualité constante et ne souffre d’aucun temps mort. La conséquence est que je suis optimiste quant à la réussite du prochain tome.

Pour conclure, vous l’aurez compris, cet album m’a beaucoup plu. J’ai retrouvé le plaisir que j’avais ressenti dans le premier opus. J’ai retrouvé les personnages avec joie. Le talent d’Otero permet de faire naître un véritable univers qui n’a aucun mal à rendre crédible cette grande mégalopole « new moscovite ». New Moscow confirme à mes yeux qu’il s’agit de la meilleure des trilogies « nouvelle génération ». Il ne reste plus qu’à espérer que les deux autres arrivent à se hisser à son niveau. Mais cela est une autre histoire…

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note3

Uchronie(s), New Moscow, T1 – Eric Corbeyran & Nicolas OtĂ©ro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T1
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2012


« Uchronie(s) » est incontestablement une des meilleures sĂ©ries que j’ai dĂ©couvertes lors de la dernière dĂ©cennie. Elle se construisait Ă  partir de trois trilogies parallèles qui se trouvaient rĂ©unies dans un dixième tome. Chaque partie correspondait Ă  une rĂ©alitĂ© diffĂ©rente mais faisait intervenir des protagonistes communs. L’idĂ©e Ă©tait brillante. La rĂ©alisation complexe s’est avĂ©rĂ©e Ă  la hauteur. J’ai nĂ©anmoins Ă©tĂ© surpris de voir Eric Corbeyran se lancer dans la rĂ©daction de trois nouvelles sagas construites sur le mĂŞme principe. Il s’agit de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». J’ai rĂ©cemment lu le premier opus de « New Beijing ». Mais ma critique d’aujourd’hui porte sur le dĂ©but de la seconde citĂ©e qui est apparu dans les librairies en octobre dernier. Pour sa naissance, le cĂ©lèbre scĂ©nariste s’est associĂ© au dessinateur Nicolas Otero que je ne connaissais pas jusqu’alors.

Un bon cru de science-fiction.

Comme son nom l’indique, l’ambiance est russe dans cette nouvelle aventure. On ne sait pas vraiment à quelle époque on se trouve étant donné le fait que chaque nouvelle histoire présente une réalité parallèle à la nôtre. On prend donc un réel plaisir à errer dans l’université impériale de Saint-Pétersbourg. Les discussions oscillent autour d’une certaine matière noire qui était au centre de la première décalogie. On en connait ses pouvoirs mais cela ne nous empêche pas de prendre un réel plaisir à voir ces étudiants et professeurs jouer à l’apprenti sorcier avec. En ce sens, « New Moscow » est un bon cru de science-fiction. On n’a aucun mal à s’immerger dans cette uchronie sérieusement construite.

Mais au-delà de sa dimension scientifique, l’intrigue possède de nombreuses zones d’ombre qui suggère bon nombre d’interrogations. Notre curiosité est ainsi en permanence sollicitée. La lecture se conclut en nous sevrant. Il faudra attendre la suite pour en savoir davantage. Cet album possède une densité scénaristique relativement forte. Les arcanes narratifs sont nombreux et on prend vraiment beaucoup de plaisir à s’y perdre. J’ai également apprécié de découvrir bon nombre de nouveaux personnages. Les protagonistes classiques sont relégués dans cet opus au second rang. Ce n’est pas désagréable parce qu’on a le sentiment de repartir à zéro. Ce sentiment m’avait manqué en lisant « New Beijing ». La dimension « réchauffée » a totalement disparue dans ce tome et j’ai apprécié cet état de fait.

Corbeyran a pris l’habitude de changer de dessinateur pour chaque trilogie. Cela permet d’accentuer le parallélisme de chacune en lui offrant sa propre identité graphique. C’est donc Nicolas Otero qui était chargé de mettre en image cette nouvelle saga. Je n’ai pas ressenti de coup de foudre à la première page. Je ne lui reproche pas de ne pas avoir de talent, loin s’en faut. Mais disons que son style possède suffisamment de caractère qu’il m’a fallu quelques temps pour m’y faire. Néanmoins, une fois le trait dompté, j’ai pris énormément de plaisir à découvrir l’univers illustré par Otero. Que ce soit les personnages, les mouvements ou les décors, tout est réussi. Le travail sur les couleurs de Sophie David complète parfaitement son travail.

Pour conclure, j’ai pris énormément de plaisir à me plonger dans « New Moscow ». J’ai retrouvé l’adrénaline qui accompagnait ma découverte de la série initiale. Autant « New Beijing » avait fait naitre un plaisir routinier, autant « New Moscow » offre à nouveau le goût de l’aventure. J’espère que la suite sera du même acabit. Il est rare qu’une suite ou un « spin off » soit de la même qualité que l’œuvre originale. Ce nouvel album me laisse espérer que c’est possible. Ce n’est pas le moindre des compliments. Il ne me reste plus qu’à espérer que « New Delhi » soit à la hauteur de mes espérances. Mais cela est une autre histoire…

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note4

Le troisième testament, Julius, T4 : Livre IV – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le troisième testament, Julius, T4 : Livre IV
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Avril 2015


« Le Troisième Testament » est, à mes yeux, un monument du neuvième art. Sa dimension ésotérique développée dans cette époque médiévale est envoutante. De plus, la richesse du scénario mis en valeur par un dessin soigné et précis fait que chaque nouvelle lecture de cette série est un plaisir. La naissance il y a cinq ans d’une nouvelle branche à ce solide chêne qu’était cette saga m’a ravi. En effet, apparaissait dans les rayons de librairie le premier tome de « Le Troisième Testament – Julius ». Son intrigue était bien antérieure à celle du Comte de Marbourg. Néanmoins, la perspective de découvrir la vie de Julius ne pouvait pas laisser indifférent un adepte de l’histoire scénarisée par Xavier Dorison.

Julius4a« Le Troisième Testament… Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cœur des légendes médiévales qui entourent ce manuscrit, le nom d’un prophète oublié : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps… jusqu’à aujourd’hui. » Voici les mots que nous pouvons lire sur la quatrième de couverture. Ce prophète occupe une place non négligeable dans la tétralogie initiale. Néanmoins, cette nouvelle aventure peut se lire de manière complètement indépendante. Il n’est pas nécessaire d’avoir suivi les pérégrinations de Conrad de Marbourg pour profiter pleinement de cette nouvelle histoire. Toute personne attirée par les intrigues mystiques à l’époque de la toute-puissance romaine devrait se laisser charmer par le destin de Julius…

Ma critique d’aujourd’hui porte sur le quatrième épisode de la série. Il s’agit du dernier en date. Il est paru chez Glénat en avril dernier. Le scénario est l’œuvre d’Alex Alice et les dessins comme pour les deux opus précédents sont le fruit du travail de Thimothée Montaigne. Il est évident que se plonger dans ce tome sans avoir lu les trois premiers me semble complexe. L’intrigue se construit autour d’un long voyage. Il est dommage de prendre le train en route. Certaines informations primordiales vous auraient échappé.

Julius4bL’intrigue se construit autour du Sar Ha Sarim. Il est perçu par son peuple comme le Messie. Il entame un voyage vers l’Orient pour ouvrir les portes du Royaume des Cieux. Il entame un long périple avec un petit groupe de disciples. Son trajet se clôt à la fin de l’album précédent. Proche du but, il arrête sa quête et décide de revenir sur ses pas en Judée. Il se sert de son aura pour unifier les rebelles et libérer son peuple de l’oppression romaine. Pendant ce temps, Julius, son ami est retourné dans la montagne à la recherche de la révélation…

Une rupture d’atmosphère.

Jusqu’alors, toute l’histoire s’était construite autour d’un petit groupe de personnes qui parcourait les routes. La narration était assez linéaire. Les embûches se succédaient. Les moments de doute étaient nombreux. Bref, cette aventure était une succession d’épreuves. La construction scénaristique faisait que le lecteur se laissait aisément porté par cette mission. En effet, l’empathie dégagée par cette communauté permettait à la curiosité d’être entretenue.

Ce « Livre IV » marque une rupture d’atmosphère. Le héros n’est plus en recherche divine. Il est retombé dans son costume humain. Il mène une guerre. Il est complètement possédé par sa volonté de vaincre. Il n’est plus un guide spirituel mais un général d’armée. L’évolution est bien montrée. Le personnage que nous connaissions jusqu’alors semble avoir disparu. Il a laissé place à une machine à tuer. Je trouve intéressant cette évolution. Elle chamboule la routine agréable dans laquelle le lecteur était blotti. Malgré tout, l’ouvrage en lui-même n’est pas un condensé de rebondissements. Il se décline davantage comme une fuite en avant.

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Le personnage de Julius est moins présent dans les planches de ce quatrième tome. Néanmoins, l’issue de son voyage est centrale dans l’évolution de la trame. Chacune de ses apparitions est un moment fondamental de la lecture. Les dernières pages sont dans ce domaine un modèle du genre. Le lecteur sent l’Histoire en train de s’écrire. La dimension divine de sa quête prend ici tout son sens. La progression de son personnage depuis le premier épisode est passionnante. Il s’agit d’une belle réussite.

Toute cette aventure est mise en valeur par le trait de Thimothée Montaigne. Il confirme le talent mis en lumière précédemment. Je trouve vraiment remarquable sa capacité à faire exister des lieux et les protagonistes qui s’y trouvent. Ils alternent les points de vue et les différents plans pour offrir un dynamisme intéressant dans la lecture. Ce travail permet une immersion très forte du lecteur dans un monde et une époque difficiles. Les couleurs de François La Pierre subliment l’ensemble.

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Au final, ce « Livre IV » offre une suite sérieuse au destin de Sar Ha Sarim. Je regrette la faible présence de Julius tant son rôle est le plus intéressant de la saga. En tout cas, la lecture a été suffisamment plaisante pour que je me plonge à nouveau dans la série initiale. Suivre à nouveau les pas du Comte de Marbourg me permettra de supporter plus aisément l’attente de la parution du « Livre V ».

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note4

Le Troisième Testament, Julius, T3 : La rĂ©vĂ©lation, 2/2 – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le Troisième Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Octobre 2013


Le troisième testament est une série qui a marqué le neuvième art des vingt dernières années. Cette saga ésotérique est un véritable petit bijou d’aventure médiévale. Il y a  deux ans, j’ai eu l’agréable surprise de découvrir qu’un prequel des aventures de Conrad de Marbourg allait apparaître dans les rayons de librairie. Il s’intitulait Le troisième testament, Julius. Le scénario est l’œuvre d’Alex Alice, déjà présent dans l’histoire originale. Par contre, il ne charge plus des dessins qu’il a confiés à Thimothée Montaigne. Le seul contact que j’avais avec son œuvre était son travail sur les couleurs dansLong John Silver.
L’histoire ne se déroule pas au Moyen-Age. En effet, c’est en Judée dans les premières années du premier millénaire que nous découvrons de nouveaux personnages. Ma critique porte sur le troisième opus de cette nouvelle aventure. Il s’intitule La révélation 2/2 et sa parution date du treize novembre dernier. La quatrième de couverture nous présente l’intrigue avec des mots choisis : « Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cœur des légendes médiévales qui entourent ce manuscrit, le nom du prophète oublié : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps… jusqu’à aujourd’hui. »
 
Suivre l’appel qui rĂ©sonne en lui.
 
La narration se construit autour d’un voyage hors du commun. En effet, un esclave juif a commencé un long périple depuis la Judée. Il suit un appel qui résonne en lui et qui mène vers l’Orient. Ses disciples le reconnaissent comme le frère du Christ. Sa quête doit le mener vers le Troisième Testament qui ouvrira les portes du Royaume des Cieux. Pour cela, il est accompagné d’un petit groupe de personnes dont l’un d’eux est Julius, ancien général romain déchu.
Le premier tome présentait les personnages et les enjeux de l’intrigue. Le deuxième marquait le début d’une longue marche qui menait entre autre la petite communauté à découvrir les jardins de Babylone. L’ouvrage se lisait avec plaisir mais je regrettais que son déroulement soit trop linéaire. Les protagonistes se contentaient finalement de marcher toujours vers l’Est sans réels rebondissements. J’espérais donc que le rythme de ce nouvel acte soit plus saccadé et me permette ainsi de vivre des moments de lecture plus intenses.
Les premières pages me plongent à nouveau au côté du groupe et de sa quête prophétique. La recette me semble donc proche de celle de l’opus précédent. La première étape des voyageurs s’avère être le jardin d’Eden. Nous sommes loin d’une végétation maîtrisée à l’esthétique éblouissante. En effet, il s’agit d’une forêt vierge dont chaque arbre et chaque liane semble cacher un danger certain. L’atmosphère ressemble à celle que j’ai ressentie en suivant des aventures bédéphiles en Amazonie dans Long John Silver ou Conquistador. J’apprécie toujours beaucoup cette sensation moite, oppressante et angoissante que dégage toujours cette végétation dense et sauvage.
D’ailleurs, c’est ici que naĂ®tra les premiers doutes dans la foi qui accompagne cette quĂŞte. Cela rend la lecture plus intense. Les personnages deviennent plus humains maintenant qu’apparaissent leurs faiblesses et leurs doutes. Dans l’épisode prĂ©cĂ©dent, ils Ă©taient des disciples trop parfaits. Cela m’avait empĂŞchĂ© de m’intĂ©resser rĂ©ellement Ă  eux. Je ressentais peu d’empathie Ă  l’égard de personnes dont la seule qualitĂ© Ă©tait de suivre aveuglĂ©ment un messie. Mais maintenant, la dimension extrĂŞme et compliquĂ©e de leur tâche met Ă  l’épreuve leur dĂ©votion. Cela me les a rendus attachants. Je m’émeus des dilemmes qui les abritent, des souffrances qu’ils essaient de surmonter.
Cela génère une intensité croissante tout au long de l’album. Le bémol dû à une linéarité excessive qui habitait le deuxième album a ici disparu pour mon plus grand plaisir. Il en résulte un suspense certain quant à l’issue de l’aventure et au devenir de chacun des membres de la communauté. La conclusion de l’album est réussie à ce niveau-là. Elle n’est pas prévisible et a attisé ma curiosité jusqu’à la dernière planche qui présente une ouverture passionnante pour le prochain acte.
Comme dans le tome précédent, je suis tombé sous le charme du trait de Thimothée Montaigne. Son style m’a séduit dès la première planche. Le travail est précis et détaillé. Chaque image est travaillée. Que ce soit les personnages ou les décors, tout est habité d’une profondeur qui a facilité et accéléré mon immersion dans les pas des héros. La première page offre une gestion des lumières qui est un modèle du genre. J’ai tout de suite eu l’impression de bivouaquer avec le groupe pendant que l’orage grondait à l’extérieur. La pluie, la forêt vierge, la montagne, le désert… Tout est retranscrit avec la même justesse. Bref, cet album est un petit bijou graphique.
Au final, je trouve cet opus très réussi. Je le trouve plus intense et dramatique que le précédent. Le scénario est toujours solidement construit et les illustrations sont de toute beauté. Les auteurs sont arrivés à maintenir ma curiosité quant au devenir de ses héros. C’est le gage d’une certaine qualité tant bon nombre de séries ont tendance à voir leur intérêt s’étioler après des premiers tomes réussis. Il ne me reste donc plus qu’à attendre la parution du prochain épisode. Mais cela est une autre histoire…
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Templiers, T2 : Le Graal – Jordan Mechner, LuUyen Pham & Alex Puvilland

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Titre : Templiers, T2 : Le Graal
Scénariste : Jordan Mechner
Dessinateurs : LuUyen Pham & Alex Puvilland
Parution : Avril 2014


« Templiers » est un diptyque né des plumes conjointes de Jordan Mechner, LeUyen Pham et Alex Puvilland. La parution du second tome date d’il y a presque un an. Edité chez Akileos, il s’intitule « Le Graal ». L’histoire se déroule plus près de deux cent cinquante pages. Le format de l’ouvrage est plus proche de celui des comics que des albums franco-belges classiques. La couverture est la même que celle du premier opus. En second plan, se trouvent les ombres de maisons à colombages devant lesquelles combattent des soldats. Le premier plan est occupé par une croix rouge brisée symbolisant la chute du célèbre ordre religieux éponyme.

La quatrième de couverture pose les enjeux de la trame : « Les Chevaliers du Temple. Vénérés pour leur noblesse, leur férocité dans la bataille, et leur dévotion religieuse, les Templiers étaient des chevaliers de Dieu, exempts de tout péché et à l’âme pure. Du moins la plupart d’entre eux. Martin n’est pas exactement le plus opiniâtre ou le plus pieux des chevaliers, mais il parvient à s’échapper quand le roi de France décide d’abattre l’Ordre des Templiers afin de mettre la main sur leur légendaire trésor. Après un temps de souffrance et d’errance, il retrouve d’anciens compagnons et met au point un plan des plus audacieux… voler le plus grand trésor du monde au nez du roi. »

Une chasse au trésor captivante.

J’avais été conquis par le début de l’intrigue. « La Chute » offrait une introduction captivante. On y découvrait des personnages attachants. Leurs faiblesses et leurs mésaventures nous lient tout de suite à leurs destins. La trame se construit essentiellement autour de Martin. Il est passé du statut de chevalier à celui de hors la loi vagabond. Cette chute était habilement contée dans le premier tome. Cette descente aux enfers trouvait son dénouement avec le projet improbable qu’il partage avec deux compagnons d’infortune : mettre la main sur le légendaire trésor des Templiers. Ce second album devait nous raconter cette quête.

Les premières pages nous plongent tout de suite dans les arcanes de leur stratégie. Tout au long de la lecture, j’ai senti monté un suspense fort. Au fur et à mesure qu’ils se rapprochent de leur but, la tension augmente. Ma curiosité est attisée en permanence. L’envie de faire défiler les pages est puissante. Je suis obligé de me retenir de dévorer les planches pour savourer la richesse de chacune d’entre elles. La construction scénaristique est un modèle du genre. L’aventure est au rendez-vous !

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« Templiers » ne se contente pas de nous offrir une chasse au trésor. La qualité d’écriture des différents protagonistes participe au bonheur de la découverte. Les événements ne sont pas prévisibles. La sympathie des héros ne fait qu’accentuer l’inquiétude qu’on ressent à leur égard à chaque étape de leurs pérégrinations. Les auteurs arrivent à greffer toute une série d’intrigues secondaires au fil conducteur, densifiant ainsi le propos. Le travail sur le script est remarquable. En refermant le bouquin, je ressentais encore le parfum de l’aventure. Je pense que je prendrais beaucoup de plaisir à relire cette histoire et à retrouver les pas de Martin et ses acolytes.

Le travail graphique alimente la qualité de l’ensemble. Le trait possède une belle personnalité. LeUyen Pham offre des décors très réussis. L’immersion dans cette société médiévale est splendide. Je ne peux donc que vous conseiller la découverte de cette série. Elle ravira les adeptes d’aventure et d’époque chevaleresque. La légende des Templiers est un support classique de narration épique, elle est ici habilement exploitée. Il ne vous reste plus qu’à rejoindre cette quête mythique…

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note5

Red Skin, T1 : Welcome to America – Xavier Dorison & Terry Dodson

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Titre : Red Skin, T1 : Welcome to America
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Terry Dodson
Parution : Septembre 2014


La première immersion de Xavier Dorison dans l’univers des super héros a eu lieu dans « Les Sentinelles ». Il créait à cette occasion des super-soldats durant la Première Guerre Mondiale. Cette aventure est passionnante et les quatre premiers tomes sont autant de petits bonheurs de lecture. « Red Skin » est donc la deuxième entrée du célèbre scénariste dans le monde magique des collègues de Superman. Nous sommes ici très loin des tranchées. C’est en pleine Guerre Froide que gravite cette héroïne qui oscille entre Moscou et Los Angeles.

Le premier tome de cette saga s’intitule « Welcome to America ». Paru en novembre dernier, il présente une couverture attrayante. Une femme nue aux courbes parfaites nous regarde derrière son épaule. Elle ne laisse pas indifférente, la faucille et le marteau qu’elle tient dans les mains non plus ! La quatrième de couverture éveille également l’intérêt : « Arme fatale le jour. Bombe atomique la nuit. Le plus grand super-héros américain est une espionne russe. »

Un décalage entre culture soviétique et univers capitaliste.

RedSkin1aJ’ai une grande confiance en Dorison. Par conséquent, c’est plein d’enthousiasme que j’ai débuté ma lecture. La première vingtaine de pages nous permet de découvrir l’héroïne. Elle est le soldat d’élite soviétique. Ses performances athlétiques couplées à une plastique parfaite à un sex-appeal d’une rare intensité font rapidement d’elle un personnage exceptionnel. Elle a tous les atouts pour nous faire vivre de grandes scènes d’action. Mais elle possède aussi un potentiel sexy et humoristique qui faisait naître de grands espoirs dans cette nouvelle aventure.

Dans un second temps, nous suivons les premiers pas de Véra à Los Angeles. Le fait qu’elle travaille chez un réalisateur de films pour adultes crée une autre corde à la fibre comique et légère de l’ensemble. Cela s’ajoute au décalage entre la culture soviétique de l’espionne et son inhabituel univers américain et capitaliste. Son nouveau quotidien s’installe. Ses nouvelles habitudes donnent lieu à de nombreux gags et de scènes d’action assez rythmées.

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Ce changement de braquet lors de son arrivée dans la Cité des Anges marque la dernière accélération de la narration. En effet, un train-train s’installe. Les actions de justicier s’enchaînent sans vraiment prendre d’ampleur particulière. L’album fait exister un grand méchant. Mais sa présence reste au final secondaire. Son principal attrait est finalement de justifier la création de « Red Skin ». J’espère que les tomes suivants lui offriront une place plus importante. J’ai le sentiment que ce premier épisode n’est qu’une sympathique introduction.

Cet album est l’occasion de découvrir un nouveau dessinateur. Il est américain et se nomme Terry Dodson. Son trait issu du comic correspond parfaitement au style narratif. J’ai apprécié son trait. Il met facilement en valeur les courbes de l’héroïne et met également en œuvre des scènes d’action spectaculaires. Le travail sur les couleurs m’a beaucoup plu. Je trouve que le bouquin possède une identité chromatique forte. J’ai énormément apprécié ce travail.

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Pour conclure, « Red Skin » possède un potentiel divertissant certain. Néanmoins, il n’est pas pleinement exploité pour l’instant. La personnalité de l’héroïne est suffisamment intéressante et attrayante pour faire oublier les bémols d’un scénario auquel il manque un grand final. Je guetterai donc avec intérêt la parution de la suite. J’espère que cette originale Red Skin trouvera un adversaire à sa taille…

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note3

Choc, T1 : Les fantômes de Knightgrave, Première partie

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Titre : Choc, T1 : Les fantômes de Knightgrave, Première partie
Scénariste : Stéphane Colman
Dessinateur : Éric Maltaite
Parution : Avril 2014


« Monsieur Choc apparaît pour la première fois en 1955 dans le journal de Spirou. Créé par le dessinateur Willy Maltaite – dit Will – et par le scénariste Maurice Rosy, Monsieur Choc est alors destiné à devenir l’indestructible adversaire de Tif et Tondu, tandem de héros traditionnels imaginés par Fernand Dineur en 1938. Avec la création du fascinant Monsieur Choc, Will et Rosy auront donné à la bande dessinée l’un des grands méchants emblématiques d’un certain âge d’or franco-belge. Presque cinquante ans après sa dernière apparition dans une aventure de Tif et Tondu, Monsieur Choc revient sur le devant de la scène. Seul, cette fois ».

Ce prologue précède la première planche de « Les fantômes de Knightgrave – Première partie », premier tome d’une nouvelle série intitulée « Choc ». Le caractère historique de son héros a participé à la visibilité de sa sortie il y a près d’un an. Cet aspect n’a pas eu d’influence sur mon attirance à l’égard de cet ouvrage. L’attrait de sa couverture m’a incité à le feuilleter. Cet homme en costume portant un heaume de chevalier faisait naître une forte curiosité à son égard. Debout dans les rayons de la librairie, j’ai commencé à lire les premières pages. Rapidement, j’ai été happé par l’atmosphère qui les habitait. J’ai donc décidé de me l’offrir pour profiter de la suite bien confortablement à la maison.

Une intrigue dense aux arcanes nombreux.

Choc1bMon premier contact s’est fait à travers les planches d’Eric Maltaite. Je les trouve remarquables. Les décors sont sublimes. Qu’ils soient intérieurs ou extérieurs, pleins de vie ou abandonnés, tous possèdent une identité forte. En tant que lecteur, je me suis plongé avec facilité au côté des différents protagonistes en tout lieu et à toute époque. De plus le dessinateur arrive à donner des rythmes très différents mais toujours adaptés à la grande variété des scènes offertes tout au long des quatre-vingt-dix pages de l’album.

« Les fantômes de Knightgrave » présente une intrigue dense aux arcanes nombreux. Maltaire fait preuve de maestria pour jouer avec la chronologie de son récit. Ils alternent les flashbacks et le présent à un rythme d’une rare fréquence. Ce choix narratif impose une concentration constante du lecteur tout en générant une curiosité permanente. La seconde lecture est tout aussi intéressante car elle nous permet de maîtriser dans les détails le grand d’informations abritées dans la trame.

Le ton de l’histoire est biographique. Tout est centré sur ce fameux Monsieur Choc. Les auteurs font le choix de nous conter le cheminement qui l’a mené à son statut de « chevalier maléfique » ou de « crapule publique numéro un ». Même si ce personnage m’était inconnu en ouvrant le bouquin, j’ai rapidement compris qu’il ne faisait pas partie des gentils. Pourtant, à aucun moment au cours de la lecture, je n’ai ressenti de l’animosité ou de l’antipathie à son égard. La subtilité avec laquelle le scénario distille les événements au gré des pages alimente l’empathie ressentie à l’égard de cet homme.

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Je suis vraiment curieux de découvrir la suite de l’histoire. Je guetterai avec curiosité la parution du second tome. Ce premier acte est, à mes yeux, de qualité. Son ton et son propos s’adressent à un public large. Grands comme petits y trouveront leur compte. S’offrir cet album ravira toute la famille. Cette lecture m’incite à me plonger dans les aventures de Tif et Tondu mettant en œuvre ce grand méchant. Je le verrai alors avec un angle différent…

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note4

Mort au tsar, T1 : Le gouverneur – Fabien Nury & Thierry Robin

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Titre : Mort au tsar, T1 : Le gouverneur
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : Thierry Robin
Parution : Août 2014


Fabien Nury est un de mes scénaristes préférés. J’ai été conquis par chacun de ses travaux que j’ai eu le plaisir de dévorer. Une de ses spécialités est de jouer avec les grands événements de l’Histoire. Il a offert une vision passionnante de la période de l’Occupation avec « Il était une fois en France ». Il s’est immergé dans la France de la Première Guerre Mondiale dans « Silas Corey ». Enfin, sa première plongée dans l’univers russe a eu lieu lors du diptyque « La mort de Staline ». Son aventure slave connaît un nouveau chapitre avec la sortie l’été dernier du premier tome de « Mort au Tsar » intitulé « Le Gouverneur ».

Je dois vous avouer que je me suis offert cet album sur la seule présence de Nury sur la couverture. En découvrant la quatrième de couverture, j’ai appris qu’il s’agissait d’une histoire en deux tomes. Cette structure de parution est décidément très à la mode actuellement. Les dessins sont l’œuvre de Thierry Robin dont j’avais apprécié le style dans « La mort de Staline ». Il possède une réelle identité graphique et participe fortement à l’atmosphère que dégage la lecture.

Une marche inévitable vers un destin tragique.

MortAuTsar1bLa trame nous fait partager les derniers jours du Grand-Duc Sergueï Alexandrovitch avant l’attentat dont il a été victime. L’issue fatale est annoncée dans un prologue. Cela influence évidemment la lecture puisque chaque parole du personnage principal ou chaque événement qu’il vit sont perçus par un prisme particulier. La montée en tension est savamment dosée. La marche inévitable vers son destin tragique ne laisse pas le lecteur indifférent. Le Grand-Duc accepte son sort irrémédiable avec un fatalisme marquant.

L’intensité ne fait qu’augmenter au fur et à mesure que les pages défilent. Le fait de voir cet homme allait vers la mort avec nonchalance met presque mal à l’aise. Une chose est sûre, notre intérêt ne cesse de croître. Le scénario monte en puissance sans changement de vitesse brutal. Cette finesse dans l’accélération dramatique est la preuve d’un talent narratif certain. Le suspense atteint un paroxysme lors de la dernière planche qui offre une perspective passionnante pour le prochain tome.

L’histoire se bâtit intégralement autour de son protagoniste principal. Les personnages secondaires n’existent pas réellement. Leurs présences se justifient uniquement par leurs interactions avec le gouverneur moscovite. Cela n’est pas une faiblesse. C’est un choix scénaristique pleinement assumé et qui se défend parfaitement. L’intrigue veut nous plonger dans le quotidien et dans l’intimité de cet homme blessé en route vers l’échafaud. Nury a développé une humanité touchante chez le Grand-Duc alors qu’on peut objectivement affirmer que les dirigeants russes ne sont pas réputés pour leur grandeur d’âme et leur altruisme. La dimension politique est mise de côté et cela donne un ton particulier à la narration.

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Pour conclure, « Le gouverneur » est un album réussi. Je l’ai lu avec beaucoup de plaisir. Je me suis très vite passionné pour le Grand-Duc. Mon intérêt n’a cessé de grandir au cours de ma lecture. Chaque planche m’a captivé. Je trouve que c’est une performance d’entretenir un suspense alors que le dénouement est annoncé avant que ne débute les événements. Tout cela est bien enrobé par le style de Thierry Robin. Je vous conseille donc cette découverte. De mon côté, j’attends la suite…

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