Maurice et Patapon, T6 : Mariage pour tous ! – Charb

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Titre : Maurice et Patapon, T6 : Mariage pour tous !
Scénariste : Charb
Dessinateur : Charb
Parution : Mai 2013


Je n’ai jamais lu Charlie Hebdo. Je ne suis pas hermĂ©tique Ă  ce type de presse mais disons que l’occasion ne s’est jamais prĂ©sentĂ©e de m’y plonger. Ce n’est donc pas par ce chemin que j’ai dĂ©couvert Charb. En effet, ma rencontre avec cet auteur a eu lieu grĂące un de mes anciens collĂšgues qui m’a mis dans les mains le premier tome de Maurice et Patapon. Je suis tombĂ© sous le charme de ses deux personnages uniques dans leur genre. Depuis, je guette la parution de chaque nouvel Ă©pisode dans les librairies. Le dernier en date s’intitule Mariage pour tous !. EditĂ© chez Les EchappĂ©s Charlie Hebdo, il est apparu dans les rayons en mai dernier. Son prix avoisine quatorze euros. La couverture, sur fond vert, nous prĂ©sente le chien et le chat en costume de mariĂ©s. Cette illustration est pleinement en accord avec le titre et l’actualitĂ©.

Notre premier contact visuel pourrait laisser croire que cet album surfe sur un sujet vendeur et dans l’air du temps. Ce n’est absolument pas le cas. De mĂ©moire, quasiment aucun des strips n’évoque le mariage gay. Cet ouvrage se compose d’une soixantaine de pages. La majoritĂ© des planches est partagĂ©e en trois bandes de trois cases chacune. Elles sont toutes indĂ©pendantes les unes des autres. Certains gags se dĂ©roulent sur une seule page mais ils sont minoritaires. La structure de l’album incite Ă  le feuilleter. NĂ©anmoins, cela ne m’a pas empĂȘchĂ© de le dĂ©vorer d’une seule traite.

Des réflexions sur la connerie humaine qui sont de vrais moments de bonheur.

On pourrait croire que Charb axe la majoritĂ© de son travail sur le dessin satirique et sur l’actualitĂ©. Ce n’est pas tout Ă  fait le cas. L’auteur ne se concentre pas sur des Ă©vĂ©nements prĂ©cis pour dĂ©velopper son message. Ses histoires se rapprochent davantage de grande vĂ©ritĂ© sur la sociĂ©tĂ© et s’avĂšrent finalement assez intemporelles. Ces rĂ©flexions sur la connerie humaine sont de vrais moments de bonheur. Il Ă©nonce un grand nombre d’évidences avec un style brut de dĂ©coffrage qui dĂ©clenchent sans aucun mal de vrais rires francs. Il faut par contre vous prĂ©venir que le style est loin d’ĂȘtre politiquement correct et pourrait choquer ou mettre mal Ă  l’aise les lecteurs les plus sensibles.

Charb est incontestablement un des meilleurs dans le domaine de l’humour scatologique. Il n’y a quasiment pas un seul gag qui ne voit pas apparaitre les dĂ©fections du chien. Ce dernier Ă©voque ses « productions » comme une personne. Les phrases fusent et raviront les adeptes du genre. J’ai vraiment ri de bon cƓur tout au long de ma lecture. Quand les « merdes » ne sont pas de sortie, le sexe fait une entrĂ©e remarquĂ©e. Le gras trouve une place de choix dans cet ouvrage ! La sodomie, la zoophilie, la fellation
 Rien n’est oubliĂ© ! Je suis assez impressionnĂ© par la capacitĂ© de Charb Ă  gĂ©nĂ©rer autant de strips avec finalement aussi peu d’ingrĂ©dients de dĂ©part. C’est un vrai talent. Il arrive Ă  produire plus de cent cinquante gags de grande qualitĂ©. La densitĂ© humoristique de l’ensemble est bonne. Il n’y a vraiment pas grand-chose Ă  jeter.

Le dessin est facilement reconnaissable. Quiconque a dĂ©jĂ  eu l’occasion de voir une illustration de Charb n’aura aucun mal Ă  identifier son trait. D’apparence assez simple, il s’accorde parfaitement avec le propos de l’album. Quand le contenu est aussi gras et scatologique, il est important que le graphisme n’attĂ©nue pas le ton. Les expressions de Maurice et Patapon accentuent encore le cĂŽtĂ© incorrect de l’album. Les couleurs sont minimalistes. La majoritĂ© des strips ne voit aapparaĂźtreque l’orange de Maurice et le jaune de Patapon. Certaines cases voient aapparaĂźtrele vert de l’herbe, une burqa bleue ou du sang rouge. Mais tout cela reste anecdotique.

Au final, Mariage pour tous ! a rĂ©pondu Ă  mes attentes. J’ai beaucoup ri et ai aimĂ© ĂȘtre choquĂ© ou outrĂ© par certains propos de Charb. Je ne suis pas d’accord avec tous ses excĂšs mais cela ne m’empĂȘche de prendre beaucoup de plaisir Ă  le lire dĂ©blatĂ©rer ses quatre vĂ©ritĂ©s. Je ne peux donc que conseiller Ă  tout le monde de partir Ă  la dĂ©couverte de Maurice et Patapon. Vous serez peut-ĂȘtre conquis mais pourquoi ne pas courir le risque de trouver cela drĂŽle ? 

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Note : 14/20

Maurice et Patapon, T5 : Ni dieu, ni maĂźtre ! – Charb

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Titre : Maurice et Patapon, T5 : Ni dieu, ni maĂźtre !
Scénariste : Charb
Dessinateur : Charb
Parution : Mai 2012


« Ni Dieu ni maĂźtre ! » est le titre ambitieux du cinquiĂšme tome des aventures de « Maurice et Patapon ». Les deux personnages sont le fruit de l’imagination de Charb, auteur connu pour son travail avec « Charlie Hebdo ». D’ailleurs ce dernier ouvrage a Ă©tĂ© Ă©ditĂ© aux Editions Les EchappĂ©s dans la collection Charlie Hebdo. Son apparition dans les rayons date de mai dernier. Il est d’un format classique et est vendu pour environ treize euros. La couverture nous prĂ©sente Dieu en train de donner des hosties Ă  un chat pendant qu’un chien s’apprĂȘte Ă  lui donner un coup de marteau sur la tĂȘte. Tout un programme !

Wikipedia (www.wikipedia.fr) offre une prĂ©sentation Ă  la fois synthĂ©tique et limpide de cet ouvrage : « Maurice est un chien bisexuel, anarchiste aimant les excrĂ©ments, la sodomie et le sexe tandis que Patapon est un chat asexuel, fasciste et ultra-libĂ©ral, aimant la mort et la souffrance (des autres). » VoilĂ  qui est clair : Ăąme sensible s’abstenir !

Cet album peut se lire sans avoir lu les quatre prĂ©cĂ©dents. D’ailleurs, chacune de ses pages est indĂ©pendante des autres. Les planches se  dĂ©composent essentiellement en strip dĂ©veloppĂ© sen trois cases. Chacune possĂšde quatre gags. Ponctuellement, une anecdote occupe toute la page. Cela offre une lecture dense. Cette construction empĂȘche les temps morts et les pĂ©riodes de transition. Vu la prĂ©sentation faite des personnages, il apparait Ă©vident que cette lecture s’adresse Ă  un public averti. Les plus jeunes risquent de ne pas sortir indemne d’une telle dĂ©couverte.

Une absence de limite et de tabou.

Les diffĂ©rentes caractĂ©ristiques de Maurice et de Patapon laissent ouvert bon nombre de thĂ©matiques humoristiques. Certains gags sont scatologiques, pornographiques ou amoraux. Le point commun entre toutes ces scĂ©nettes est l’absence de limite et de tabou que s’autorise l’auteur. Charb dit tout ce qu’on peut imaginer de plus crade et immoral sans se l’interdire. Sa vision du monde et de l’humanitĂ© est radicale et assez pessimiste. On ne peut pas dire que les bons sentiments soient de sortie. En ce sens, « Ni Dieu ni maĂźtre ! » ne s’adresse pas Ă  tout le monde. Je comprends aisĂ©ment que certains soient mal Ă  l’aise ou choquĂ©s devant de tels propos. Mais je rassure les adeptes du genre : c’est du haut de gamme ! L’immense majoritĂ© des strips font mouche. On rigole avec plaisir des excĂšs crades et moraux du scĂ©nariste. La variĂ©tĂ© des thĂ©matiques traitĂ©es fait qu’on ne ressent Ă  aucun moment un sentiment de rĂ©pĂ©tition ou de lassitude. La performance est d’autant plus remarquable que Charb a dĂ©jĂ  offert quatre albums construits sur ce principe. A priori, son imagination est sans limite dans le domaine.

Mais le propos ne prendrait pas toute son ampleur sans un dessin Ă  l’avenant. Charb n’a pas de limite dans ses vannes, pourquoi en aurait-il dans son trait ? Les deux personnages principaux sont graphiquement rĂ©ussis et leurs expressions donnent une vraie matiĂšre Ă  leurs discours. Mais l’auteur ne nous montre pas toujours tout. Certains gags justifient une mise en image de l’idĂ©e prĂ©sentĂ©e. D’autres laissent notre imagination travailler et ce n’est pas rien vu les thĂšmes Ă©voquĂ©s ! La coloration est simple car, Ă  l’exception de quelques objets ponctuels, seuls nos hĂ©ros sont colorĂ©s. Maurice est orange et Patapon jaune. Les dĂ©cors sont quasiment inexistants.

En conclusion, « Ni Dieu ni maitre ! » est un ouvrage qui ne laisse pas insensible. Son humour ne fera pas rire tout le monde, je le consens aisĂ©ment. Par contre, ceux qui riront le feront de bon cƓur et prendront un vrai plaisir Ă  dĂ©couvrir chacune des pages. De plus, le fait que « Maurice et Patapon » ne baisse pas de qualitĂ© aprĂšs autant de tomes est un gage de qualitĂ© qu’on se doit de signaler. Cela fait que je n’hĂ©siterai pas Ă  m’offrir le prochain opus des aventures de ces hĂ©ros dĂšs sa sortie. Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 15/20

 

Le journal de Jules Renard lu par Fred – Fred

LeJournalDeJulesRenard


Titre : Le journal de Jules Renard lu par Fred
Scénariste : Fred
Dessinateur : Fred
Parution originale : Avril 1988
RĂ©Ă©dition : Janvier 2014


Jules Renard est un Ă©crivain français dĂ©cĂ©dĂ© il y a un petit peu plus d’un siĂšcle. Son Journal est un de ses Ɠuvres majeures. RĂ©digĂ© entre 1887 et 1910, il a Ă©tĂ© Ă©ditĂ© Ă  titre posthume en 1925. Je ne l’ai jamais lu. Il n’est donc pas directement le sujet de ma critique d’aujourd’hui. En effet, l’album que j’évoque aujourd’hui m’a attirĂ© par le nom de son auteur, Fred. Cet Ă©crivain est le crĂ©ateur de PhilĂ©mon, Ɠuvre majeure Ă  mes yeux du neuviĂšme art. Le brillant crĂ©ateur est dĂ©cĂ©dĂ© l’annĂ©e derniĂšre. Sa disparition a donnĂ© lieu Ă  bon nombre de rĂ©Ă©ditions d’Ɠuvres anciennes nĂ©es de sa plume.

LeJournalDeJulesRenard1« Le Journal de Jules Renard lu par Fred » date de 1988. L’opus que je me suis procurĂ© est paru en janvier dernier chez Dargaud. Il se dĂ©marque de son prĂ©dĂ©cesseur par le fait qu’il ait Ă©tĂ© mise en couleur par Isabelle Cochet. Il s’agit d’un trĂšs bel objet. La texture de la couverture ou l’épaisseur des pages participent pleinement au plaisir de la lecture et incite fortement Ă  s’y plonger. Il se compose de cinquante-quatre planches. François Morel prĂ©face cet ouvrage.

Chaque planche peut se lire indépendamment.

La trame se construit Ă  travers le dialogue de Jules Renard avec un corbeau. Ils Ă©changent au cours d’une balade qui dĂ©bute Ă  la premiĂšre page et se clĂŽt Ă  la derniĂšre. MalgrĂ© cette continuitĂ© narrative, chaque planche peut se lire indĂ©pendamment. Elle se conclut toute de la mĂȘme maniĂšre : Renard et le corbeau s’éloignent vers l’horizon en offrant une morale ou une vĂ©ritĂ©. La force de cette construction est d’offrir une densitĂ© de lecture importante. Il n’y a aucun temps mort. Les pĂ©riodes de transition sont proscrites. Ce bouquin peut se dĂ©vorer d’une traite ou au contraire se dĂ©guster par petites bouchĂ©es au hasard des pages et des moments.

LeJournalDeJulesRenard2Le texte est issu du Journal de Jules Renard. Si je ne le savais pas, je n’aurais eu aucun mal Ă  imaginer que ces mots sont nĂ©s dans l’esprit de Fred. En effet, le ton et la profondeur des propos coĂŻncident parfaitement avec ceux qui habitent habituellement les productions du talentueux auteur de bandes dessinĂ©es. L’heure n’est pas Ă  la rigolade. La dĂ©pression et le fatalisme sont davantage de sortie. MalgrĂ© cela, la lecture est agrĂ©able et prenante. Je suis totalement conquis par l’atmosphĂšre qui transpire de cette balade champĂȘtre au milieu de nulle part. Le travail graphique permet un dĂ©paysement qui place le lecteur dans les conditions optimales pour savourer le contenu des bavardages entre cet homme et ce corbeau. Les planches sont un plaisir pour les yeux. S’immerger Ă  nouveau dans l’univers pictural de Fred est un vrai bonheur.

Quasiment l’intĂ©gralitĂ© de l’espace est occupĂ©e par les deux protagonistes principaux. Ils ne croisent presque personne au cours de leurs pĂ©rĂ©grinations Ă  la campagne. Ce sentiment d’ĂȘtre coupĂ© du monde ou de voir la rĂ©alitĂ© en suspens intensifie leurs propos. La force des mots attise alors la curiositĂ© et incite le lecteur Ă  s’investir complĂštement dans sa lecture. De plus, la densitĂ© des dĂ©clarations faites par l’homme ou le volatile fait qu’une relecture est presque aussi riche qu’une premiĂšre dĂ©couverte.

Au final, cet opus est une belle rĂ©ussite. J’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  le lire et n’hĂ©siterai pas Ă  m’y plonger Ă  nouveau Ă  l’occasion. MalgrĂ© le cĂŽtĂ© linĂ©aire de sa narration, il ne manque pas d’aspĂ©ritĂ©s et ne laisse pas indiffĂ©rent bon nombre de fois. Je suis ravi qu’il trouve sa place dans ma bibliothĂšque et ne peut que vous inciter Ă  partir Ă  sa rencontre


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Note 15/20

Prophet, T4 : De profundis – Mathieu Lauffray

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Titre : Prophet, T4 : De profundis
Scénariste : Mathieu Lauffray
Dessinateur : Mathieu Lauffray
Parution : Avril 2014


Neuf ans d’attente
 Il a fallu attendre tout ce temps pour dĂ©couvrir enfin le dĂ©nouement de la tĂ©tralogie imaginĂ©e par Mathieu Lauffray intitulĂ©e « Prophet ». Le quatriĂšme et dernier Ă©pisode est apparu dans les rayons en avril dernier. Il rĂ©pond au doux nom de « De Profundis ». Je dois avouer que j’avais fait mon deuil de connaĂźtre un jour la fin du pĂ©riple vĂ©cu par Jack Stanton. C’était donc avec plaisir que j’ai dĂ©poussiĂ©rĂ© et dĂ©vorĂ© les trois premiers tomes afin de pouvoir savourer pleinement ce dernier acte en espĂ©rant y trouver les rĂ©ponses aux nombreuses questions qui accompagnent la saga depuis si longtemps


Prophet4a« Je suis Jack Stanton. L’homme qui a dĂ©truit le monde. Celui qui, peut-ĂȘtre, le sauvera  » La quatriĂšme de couverture, avec ces mots, offre un programme pleine de mystĂšres
 Ces quelques phrases s’inscrivent sous le regard sombre d’un monstre angoissant. La perspective de connaĂźtre enfin l’issue de cette sĂ©rie a attisĂ© sans mal ma curiositĂ©. L’enthousiasme de savoir enfin oĂč tout cela menait se mĂȘlait Ă  l’angoisse d’ĂȘtre déçu par la conclusion de cette aventure.

Une des maniĂšres de percevoir cet album consiste Ă  y voir la synthĂšse des trois premiers tomes. Mathieu Lauffray nous perd entre les Ă©poques de son histoire. A certains moments, nous errons dans le New York prĂ© apocalyptique. Puis Ă  d’autres, nous nous retrouvons dans le dĂ©sastre qui accompagne Jack depuis les « évĂ©nements ». Cela dĂ©gage une atmosphĂšre unique Ă  cette lecture. Le verre Ă  moitiĂ© plein permet de savourer le sentiment d’ĂȘtre au centre d’un ouragan dont l’amplitude ne cesse jamais d’augmenter. Le tourbillon est rude et amĂšne le lecteur dans un trip assez intense. Tout cela est mis en valeur par le trait de l’auteur qui n’est plus Ă  dĂ©couvrir.

Une intrigue qui a du mal Ă  jouer son dernier acte

NĂ©anmoins, ce grand voyage peut ĂȘtre perçu du point de vue du verre Ă  moitiĂ© vide. Le scĂ©nario est assez brouillon. Le fait de jouer avec la chronologie et la rĂ©alitĂ© n’est pas dĂ©nuĂ© de charmes. Mais ici, cela a tendance Ă  perdre le lecteur. L’effort pour trouver une cohĂ©rence Ă  l’ensemble m’a parfois fait sortir de l’histoire. Le cĂŽtĂ© psychĂ©dĂ©lique semble ĂȘtre l’arbre qui cache la forĂȘt d’une intrigue qui a du mal Ă  jouer son dernier acte. J’ai Ă©tĂ© déçu par cette fin. Je la trouve Ă  la fois facile et dĂ©cevante.

MalgrĂ© tout, le chemin qui mĂšne Ă  cette issue n’est pas inintĂ©ressant. Le coup de crayon de Lauffray permet de passer outre certaines faiblesses scĂ©naristiques. Il offre des illustrations qui donnent le vertige. Ils arrivent Ă  jouer avec les lieux, les angles de vues, les couleurs pour mettre le lecteur dans une permanente sensation d’équilibre instable. Le dessinateur semble s’épanouir dans les dĂ©lires oniriques de la trame. La maestria de son style fait passer la confusion de la narration pour un choix artistique.

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Mais la qualitĂ© esthĂ©tique des planches ne m’a pas empĂȘchĂ© de sortir déçu de ma lecture. « Tout ça pour ça » pourrait rĂ©sumer mes sentiments en analysant la sĂ©rie dans son ensemble. Les premiers tomes avaient posĂ© des jalons intĂ©ressants. En accumulant les pistes, les Ă©vĂ©nements et rebondissements, l’auteur attirait le lecteur dans un labyrinthe parfois effrayant. Cette construction nĂ©cessite une sortie Ă  la hauteur des attentes suscitĂ©es. Ce n’est hĂ©las pas le cas et c’est bien dommage. « Prophet » restera une saga Ă  l’identitĂ© certaine mais donc l’intrigue ne permettra d’occuper une place marquante dans le neuviĂšme art de la derniĂšre dĂ©cennie.

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Note : 9/20

Chaos Team 2.1 – Vincent Brugeas & Ronan Toulhoat

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Titre : Chaos Team 2.1
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Mai 2014


 J’ai dĂ©couvert Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat Ă  travers leur travail sur « Block 109 ». J’avais Ă©tĂ© conquis par la qualitĂ© de cette uchronie tant sur le plan du scĂ©nario que du dessin. Les diffĂ©rents spin-off qui ont succĂ©dĂ© Ă  cet ouvrage ont confirmĂ© le talent de ce duo d’auteurs. C’est avec curiositĂ© que j’avais vu naĂźtre leur nouveau projet intitulĂ© « Chaos Team ». Cette saga futuriste post-apocalyptique   semblait possĂ©der un potentiel certain. Les deux premiers tomes l’ont confirmĂ©. Le troisiĂšme Ă©pisode est apparu dans les bacs en mai dernier. J’ai pris le temps de m’y plonger la semaine derniĂšre avec envie.

J’y ai retrouvĂ© avec joie l’équipe de mercenaires construites autour du charismatique John Clem. L’histoire nous faisait dĂ©couvrir une Terre ayant subi une attaque extra-terrestre. S’en Ă©tait suivi un effondrement des gouvernements et le terreau Ă©tait propice Ă  la poussĂ©e de nouveaux mouvements extrĂ©mistes pour diriger le monde. Les derniers Ă©vĂ©nements en date avaient vu les hĂ©ros rejoindre les Etees, venus de l’espace. Ils les aident maintenant dans leur quĂȘte d’éradiquer de la planĂšte les ennemis de la paix.

Un futur apocalyptique réaliste et original.

ChaosTeam21aLes adeptes de science-fiction devraient trouver leur compte de cette aventure. Le futur apocalyptique crĂ©Ă© par les auteurs est Ă  la fois rĂ©aliste et original. Les premiers tomes ont fait naĂźtre une atmosphĂšre dense qui envahit le lecteur sans mal. Sans tomber dans de longs monologues, le scĂ©nario pose des jalons clairs et prĂ©cis de la situation. Cette efficacitĂ© narrative se retrouve dans ce dernier Ă©pisode. Aucune phase de mise en route et d’observation n’est nĂ©cessaire pour dĂ©marrer l’intrigue. DĂšs les premiĂšres pages, les Ă©vĂ©nements s’emballent et tout ce beau monde entre dans le vif du sujet. Les neuf mois qui sĂ©parent du dĂ©nouement du deuxiĂšme tome sont avalĂ©s sans mal.

La coalition menĂ©e par les Etees et la Chaos Team vole de victoire en victoire. La confiance envahit les protagonistes qui voient chaque mission comme une nouvelle Ă©tape de routine vers le succĂšs. C’est le moment choisi pour qu’un nouveau mĂ©chant apparaisse. Il se fait appeler le Tsar. Ancien gĂ©nĂ©rale russe, il semble nostalgique de la Grande Russie. Perçu dans un premier temps comme un illuminĂ© perdu au milieu d’un village, il s’avĂšre bien plus dangereux que cela. Le souci est que les hĂ©ros s’en sont peut-ĂȘtre rendu compte un petit peu trop tard. La seconde partie nous offre donc la fine Ă©quipe tombĂ©e dans un piĂšge. C’est captivant car plein de surprise. Cela gĂ©nĂšre un nouveau souffle Ă  l’intrigue. La force des auteurs est d’enchainer les pĂ©ripĂ©ties sans jamais tomber dans la rĂ©pĂ©tition.

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L’autre force de l’album est de ne pas surexploitĂ©e la dimension « extra-terrestre » de l’histoire. Elle est habilement exploitĂ©e pour donner de l’ampleur Ă  la trame. Mais le dosage est suffisamment bon pour ne pas trop empiĂ©ter sur la place laissĂ©e aux personnages. Ce sont eux qui donnent le titre de la sĂ©rie et ce n’est pas pour rien. Une nouvelle fois, j’ai retrouvĂ© avec plaisir John Clem et ses acolytes. Je me garderai de vous lister le casting. Cela n’a aucun intĂ©rĂȘt. Je ne veux pas vous cacher les charmes de la rencontre. Il faut juste savoir qu’ils sont particuliĂšrement « badass » : cool, charismatique et roi de la gĂąchette. Et parallĂšlement, on se laisse toucher par ses Ă©corchĂ©s vifs que la vie n’a pas Ă©pargnĂ©s. Bref, des bons guerriers comme on les aime !

Et tout cela est mis en valeur par le trait de Ronan Toulhoat. Il m’avait sĂ©duit dans « Block 109 ». Depuis, il entretient la flamme Ă  chaque nouvel opus. Ce « Chaos Team 2.1 » ne dĂ©ment pas cet Ă©tat de fait. Son coup de crayon possĂšde une personnalitĂ© forte et apprĂ©ciable. Que ce soit les visages ou les scĂšnes de paysage, les dĂ©tails sont de sortie. Il a Ă©galement un talent impressionnant pour donner du rythme et de la tension aux scĂšnes de combat. Sa capacitĂ© Ă  dĂ©gager une lecture nerveuse de ces moments est remarquable. Il s’agit Ă  mes yeux d’un des meilleurs dessinateurs de ces derniĂšres annĂ©es.

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Au final, cet opus de « Chaos Team » confirme la qualitĂ© constante de cette sĂ©rie. Sans ĂȘtre un monument d’originalitĂ©, sa trame est rythmĂ©e et sa narration efficace. J’attends avec impatience de connaĂźtre la suite de tout cela. La lecture est prenante et divertissante. Je vous conseille donc de partir Ă  la dĂ©couverte de cette communautĂ© pas comme les autres


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Note : 14/20

Chaos Team 1.2 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Chaos Team 1.2
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Août 2013


Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat sont deux auteurs que j’ai dĂ©couverts en lisant la saga Block 109. Cette sĂ©rie m’a conquis autant par son scĂ©nario que par son atmosphĂšre. Il s’agit d’une uchronie de grande qualitĂ© sur tous les plans. Il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion de dĂ©couvrir leur nouveau projet intitulĂ© Chaos Team. Le premier Ă©pisode Ă©tait trĂšs rĂ©ussi et a attisĂ© ma curiositĂ©. C’est donc avec joie que j’ai vu apparaitre dans les rayons le second acte de cette histoire intitulĂ©e sobrement Chaos Team 1.2. EditĂ© chez Akileos, cet ouvrage se compose d’une grosse centaine de pages. Bien que la couverture soit flexible, le format reste agrĂ©able.

La quatriĂšme de couverture offre les mots suivants : « La mission de protection de Raul, le chef des Zetas, a Ă©tĂ© un Ă©chec complet pour le Chaos Team. Et suite Ă  l’arrivĂ©e de Etee, John Clem et ses hommes se retrouvent bloquĂ©s Ă  Lima. C’est au moment oĂč ils s’apprĂȘtent Ă  s’enfuir de la capitale de la Nouvelle RĂ©publique DĂ©mocratique du PĂ©rou que se manifeste un alliĂ© pour le moins inattendu. »

ChaosTeam2aTout d’abord, je tiens Ă  prĂ©ciser qu’il est indispensable d’avoir lu le premier tome avant de se plonger dans celui-lĂ . MalgrĂ© les rappels rĂ©guliers quant au passĂ© de la trame, il m’apparaĂźt compliquĂ© d’en maĂźtriser tous les arcanes sans prendre le temps de dĂ©couvrir sereinement les prĂ©requis des aventures de la Chaos Team.

Chaos Team est construit selon une structure semblable Ă  celle des comics amĂ©ricains. L’intrigue se dĂ©compose en petit chapitre Ă  l’identitĂ© propre et Ă  la derniĂšre case pleine de suspense et d’interrogation. Ce choix narratif est expliquĂ© par Vincent Brugeas Ă  la fin du bouquin. Ce squelette permet aux auteurs de jouer facilement avec la chronologie. Cela permet des flashbacks permettant de cerner plus prĂ©cisĂ©ment la personnalitĂ© des diffĂ©rents protagonistes. NĂ©anmoins, ce mĂ©canisme est moins utilisĂ© dans ce second acte que dans le prĂ©cĂ©dent.

Une moralité parfois nébuleuse

Chaos Team se construit autour d’une Ă©quipe de mercenaires. Ils sont moins d’une dizaine et sont tous issus des plus grandes organisations de forces spĂ©ciales du monde. Les Ă©vĂ©nements les ont fait rejoindre cette organisation d’élite et non gouvernementale. Chacun possĂšde des zones d’ombre nombreuses et denses. Les auteurs nous distillent les informations Ă  dose homĂ©opathiques. Cette dimension secrĂšte rend les personnages fascinants et charismatiques malgrĂ© une moralitĂ© parfois nĂ©buleuse. Les dĂ©couvrir a Ă©tĂ© gĂ©nĂ©rĂ© un vrai plaisir de lecteur chez moi.

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L’univers dans lequel gravite tout ce beau monde est un monde futuriste post-apocalyptique. La Terre a essuyĂ© une attaque extra-terrestre. De nouveaux Ă©quilibres se mettent en place et la loi du plus fort est le mot d’ordre le plus d’actualitĂ©. Le premier tome Ă©tait pleinement centrĂ© sur les membres de Blackfire, l’organisation de mercenaires. Ce nouvel opus voit l’intrigue changer de braquet dans sa vitesse de dĂ©roulement. La dimension science-fiction prend une toute autre ampleur. Les rĂ©vĂ©lations s’enchainent Ă  un rythme assez effrĂ©nĂ©. La trame utilise des ingrĂ©dients classiques qui ne rĂ©volutionnent pas le genre. Mais la qualitĂ© des personnages fait largement oubliĂ©e l’absence d’originalitĂ© de l’histoire. Rarement, une sĂ©rie est arrivĂ©e Ă  faire cohabiter autant de protagonistes. Il s’agit d’une performance remarquable. Je me suis laissĂ© porter par l’histoire davantage pour le plaisir de marcher aux cĂŽtĂ©s de John et ses acolytes plutĂŽt que pour dĂ©couvrir le dĂ©nouement.

L’atmosphĂšre rĂ©aliste de cet univers rĂ©sulte en grande partie de la qualitĂ© des dessins de Ronan Toulhoat. J’étais dĂ©jĂ  tombĂ© sous le charme dans Block 109. C’est donc avec plaisir que j’ai retrouvĂ© son style assez unique dans Chaos Team. De plus, son trait participe activement Ă  l’aura des personnages. Il leur offre une rĂ©elle profondeur et une identitĂ© graphique Ă©vidente. Un dessinateur aussi talentueux permet Ă  la bande dessinĂ©e de prendre toute son ampleur artistique.

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En conclusion, j’ai pris beaucoup de plaisir Ă  me plonger Ă  nouveau dans cette aventure. MĂȘme si je place le premier opus au-dessus, ce second acte confirme la qualitĂ© de la sĂ©rie. Je suis donc curieux de dĂ©couvrir la suite qui est promise pour l’annĂ©e prochaine. En attendant, je conseille vivement aux adeptes du genre de dĂ©couvrir cette troupe de mercenaires qui ne laissera aucun lecteur indiffĂ©rent


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Note : 17/20

Chaos Team 1.1 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Chaos Team 1.1
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : FĂ©vrier 2013


« Chaos Team 1.1. » est le premier Ă©pisode d’une saga nĂ©e de la collaboration de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat. J’ai dĂ©couvert ce duo en lisant « Block 109 ». Cette uchronie date d’il y a trois ans. J’ai Ă©tĂ© conquis par le travail des deux auteurs et par la qualitĂ© de l’univers qu’ils avaient crĂ©Ă©. C’est donc avec une curiositĂ© forte que je me suis plongĂ© dans leur derniĂšre production sorti en librairie le sept fĂ©vrier dernier. Son format se rapproche de celui de la sĂ©rie prĂ©cĂ©dente. EditĂ© chez Akileos, sa taille s’approche davantage de celle d’un grand roman. L’histoire se dĂ©roule sur environ cent vingt pages. La narration se conclut par un texte du scĂ©nariste et par quelques pages de recherches graphiques du dessinateur. La couverture nous prĂ©sente un personnage charismatique. Il est grand, musclĂ©, expĂ©rimentĂ©. Sa barbe compense sa calvitie. Il tient fermement une hache dans une ville qui semble dĂ©vastĂ©e. L’atmosphĂšre dĂ©gagĂ©e s’accommode parfaitement avec le terme de Chaos Ă©voquĂ©e dans le titre.

ChaosTeam1cLa quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le synopsis suivant : « PrĂšs de quatre ans aprĂšs une frappe extraterrestre qui a dĂ©truit la majoritĂ© des forces armĂ©es et mis Ă  genoux les gouvernements des diffĂ©rentes Nations du globe. La Terre n’est plus qu’un vaste terrain de jeux pour ses nouveaux maĂźtres, anciens mafieux, criminels ou autres fanatiques religieux. Ces derniers, devenus dĂ©sormais de vĂ©ritables seigneurs de la guerre font souvent appel Ă  une entreprise de mercenaires et d’armement, ayant survĂ©cu Ă  l’invasion et Ă  mĂȘme de fournir hommes, armes et munitions, voire produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ© : Blackfire Industries. C’est dans cet environnement de chaos et de guerre que nous dĂ©couvrons la Chaos Team, une unitĂ© de mercenaires liĂ©e Ă  Blackfire et dirigĂ©e par John Clem, en mission de protection Ă  Grenade, auprĂšs du nouveau Pape. »

Un puzzle dont les auteurs nous dispensent les piÚces de maniÚre apparemment aléatoire.

Toute la chronologie de l’histoire se construit autour d’une annĂ©e zĂ©ro correspondant Ă  la date de l’invasion extraterrestre. Les diffĂ©rents Ă©vĂ©nements qui nous sont contĂ©s sont repĂ©rĂ©s par rapport Ă  ce moment. D’ailleurs la narration n’est pas chronologique. Elle se dĂ©coupe en chapitres qui peuvent ĂȘtre antĂ©rieurs ou postĂ©rieurs au « moment repĂšre ». L’histoire ressemble donc Ă  un puzzle dont les auteurs nous dispensent les piĂšces de maniĂšre apparemment alĂ©atoires. Cela amĂšne une densitĂ© forte Ă  la lecture. Le dosage scĂ©naristique est bien maĂźtrisĂ©.

ChaosTeam1bChaque chapitre est prĂ©cĂ©dĂ© d’une prĂ©sentation de son casting. La premiĂšre page nous liste les diffĂ©rents protagonistes impliquĂ©s dans l’intrigue. Tous font quasiment partie de la Chaos Team. Les aventures de ce groupe hĂ©tĂ©roclite servent de fil conducteur Ă  notre dĂ©couverte de cet univers. Les personnages sont Ă©videmment fortement charismatiques et intrigants. Du fait de leur « emploi », on se doute qu’ils ne sont pas comme « monsieur tout le monde ». Ils possĂšdent nĂ©cessairement des capacitĂ©s largement au-dessus de la moyenne. De plus, leurs « placards » sont nĂ©cessairement plein de « cadavres ». Ce sont ces zones d’ombre qui intriguent. Leur cĂŽtĂ© mercenaire fait qu’on n’arrive pas Ă  ressentir une empathie absolue Ă  l’encontre de tout ce beau monde. Leur Ă©thique et leurs ambitions nous interrogent.

Cette nouvelle histoire est particuliĂšrement mise en valeur par le dessin de Ronan Toulhoat. J’étais dĂ©jĂ  tombĂ© sous le charme en lisant « Block 109 ». Il possĂšde un trait assez unique qui gĂ©nĂšre une atmosphĂšre forte et prenante. Les personnages sont suffisamment variĂ©s et dĂ©taillĂ©s pour qu’on n’ait aucun mal Ă  les diffĂ©rencier et Ă  se les approprier. Le travail sur les couleurs est Ă©galement de grande qualitĂ© et ravira les adeptes du genre. Que ce soit les scĂšnes intimistes ou les plans beaucoup plus larges, tout est bien construit.

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En conclusion, cet ouvrage est trĂšs rĂ©ussi. Il se lit avec appĂ©tit. D’ailleurs je m’y plongerai Ă  nouveau avec plaisir. Cela me permettrait de profiter davantage des diffĂ©rents personnages. La suite de ce bouquin ne devrait pas tarder. Je l’attends avec une certaine impatience. Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 17/20

Jean-Louis et son EncyclopĂ©die, T1 : Les Profs sont des Cons (sauf Jean-Louis) – Fabcaro

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Titre : Jean-Louis et son Encyclopédie, T1 : Les Profs sont des Cons (sauf Jean-Louis)
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Août 2009


Fabcaro est un auteur de bandes dessinĂ©es qui m’était inconnu jusqu’au passage rĂ©cent du PĂšre NoĂ«l dans mon foyer. En effet, j’ai eu le plaisir de dĂ©couvrir un de ses ouvrages sous le sapin. Il s’agit de « Jean-Louis (et son encyclopĂ©die) ». EditĂ© chez Drugstore, cet album est composĂ©e d’un petit peu moins de cinquante pages. Il est vendu au prix de dix euros. Chaque page est composĂ©e de trois sĂ©ries de trois cases.

L’album nous conte les aventures de Jean-Louis. Ce dernier est enseignant et la partie de sa vie qui nous est narrĂ©e est celle qui se dĂ©roule en salle des professeurs. La description faite sur la quatriĂšme de couverture est la suivante : « Et voilĂ  la sacro-sainte salle des profs oĂč vous allez passer pas mal de temps
 Je vous laisse faire connaissance avec vos collĂšgues
 Vous allez voir, ici c’est l’ambiance garantie
 ».

Au-delĂ  de son statut d’enseignant, on ne peut pas dire que Jean-Louis soit le parti idĂ©al. En effet, en plus d’un physique peu avantageux, il a la particularitĂ© d’accumuler bon nombres de dĂ©fauts. Il est entre autre Ă©goĂŻste, manipulateur, hypocrite et radin. J’en oublie sĂ»rement. On peut rĂ©sumer sa vie par : « Tout pour ma gueule ». Le problĂšme est que la finesse n’est pas sa qualitĂ© principale et bien souvent la chute de l’histoire n’est pas Ă  son avantage.

Le milieu enseignant n’est que l’univers de l’histoire.

Une des modes actuelles dans la bande dessinĂ©e est les sĂ©ries construites autour du thĂšme propre Ă  un corps de mĂ©tier : les profs, les pompiers, les CRS etc. Bien souvent, ses albums m’ont déçu. Ils sont souvent prĂ©visibles et rĂ©pĂ©titifs. Bref, on est déçu en les dĂ©couvrant et nos zygomatiques sont peu sollicitĂ©es. Le thĂ©matique de « Jean-Louis (et son encyclopĂ©die) » pourrait appartenir Ă  cette mouvance du fait du mĂ©tier de son hĂ©ros. Je vous rassure, ce n’est pas le cas. Car le thĂšme de l’album n’est pas la salle des professeurs mais Jean-Louis et ses aventures dans la salle des professeurs. Le milieu enseignant n’est que l’univers de l’histoire. Son hĂ©ros est bel et bien Jean-Louis. Bon nombre de gags ou de dialogues pourraient avoir lieu sur tous les lieux de travail. En ce sens, Jean-Louis touche tout le monde.

Comme je l’ai dit en introduction, chaque page est composĂ©e de trois sĂ©ries de trois cases. Bien souvent, chaque sĂ©rie correspond Ă  un gag. Le risque de ce genre de structure est d’alterner des chutes hilarantes avec des moments plus moyens. Ce n’est ici pas le cas. La qualitĂ© est au rendez-vous tout au long des quarante-huit pages. On rigole de Jean-Louis sans cesse. Son manque de savoir-vivre et sa maladresse ne cessent de solliciter nos zygomatiques. L’auteur arrive Ă  crĂ©er des situations trĂšs originales. Il a de plus un talent pour les dialogues qui rend chaque situation trĂšs rĂ©ussie.

Cet album se dĂ©vore. On a toujours hĂąte de dĂ©couvrir le gag suivant tant notre cher Jean-Louis ne semble avoir aucune limite. De plus, une deuxiĂšme lecture n’est pas dĂ©sagrĂ©able. On rit Ă  nouveau de bon cƓur et on savoure mĂȘme davantage certaines phrases lues trop vite la premiĂšre fois. Je pense que c’est un bouquin qu’on peut s’acheter tant chaque redĂ©couverte fera rire une nouvelle fois son lecteur.

Il est temps maintenant de vous parler de la fameuse encyclopĂ©die de Jean-Louis. En plus de toutes ses « qualitĂ©s » prĂ©cĂ©demment citĂ©es, Jean-Louis est particuliĂšrement fier de lui. Tellement fier qu’il s’est mis en tĂȘte d’écrire une encyclopĂ©die et il fait en sorte, de maniĂšre toujours discrĂšte, que ses collĂšgues soient au courant. A priori, chacun de ses lecteurs a quelques rĂ©serves sur l’intĂ©rĂȘt et le sĂ©rieux de l’ouvrage en question. On en dĂ©couvre d’ailleurs de nombreux extraits dans l’album. On dĂ©couvre donc les rĂ©ponses de Jean-Louis Ă  des questions telles que : comment naissent les proverbes, que signifie exactement « ĂȘtre rebelle », qu’est-ce que la philosophie, quelle est l’origine du naturisme etc. Bon nombre de rĂ©ponses Ă  ces questions fondamentales sont plutĂŽt rĂ©ussies et font rire Ă  dĂ©faut de briller par leur pertinence historique ou scientifique.

Il me reste Ă  vous parler des dessins. Comme dit prĂ©cĂ©demment, je dĂ©couvre Fabcaro. J’ai Ă©tĂ© tout de suite sĂ©duit par son style. Dans cet album, on n’y voit que des personnages. Il n’y aucun dĂ©cor derriĂšre. Cela donne une atmosphĂšre aĂ©rĂ©e qui nous concentre complĂštement sur les personnages et leurs dialogues. Car c’est ici que rĂ©side la richesse de cette lecture. Je trouve que les diffĂ©rents intervenants sont bien dessinĂ©es car en les regardant uniquement, on arrive Ă  s’en faire une idĂ©e assez prĂ©cise. Les couleurs sont simples est participe Ă  l’atmosphĂšre rĂ©ussie de l’album.

En conclusion, je ne peux donc que vous conseiller de dĂ©couvrir cet album et cet auteur. Il s’agit pour moi une surprise trĂšs agrĂ©able et je vais m’empresser dĂ©couvrir rapidement le reste de la bibliographie de Fabcaro. J’espĂšre rapidement pouvoir vous dĂ©crire une autre part de son univers car si elles sont toutes de cette qualitĂ©, c’est du bonheur en barre ! 

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Note : 17/20

Athanagor Wurlitzer ObsĂ©dĂ© sexuel, INT – MaĂ«ster

AthanagorWurlitzer


Titre : Athanagor Wurlitzer Obsédé sexuel, INT
Scénariste : Maëster
Dessinateur : Maëster
Parution : Octobre 2013
Parution originale : 1986-1988


« Athanagor Wurlitzer ObsĂ©dĂ© sexuel » est un personnage crĂ©Ă© par le cĂ©lĂšbre auteur de bandes dessinĂ©es MaĂ«ster. Sa naissance est antĂ©rieure Ă  l’apparition de la cĂ©lĂšbre et peu acadĂ©mique SƓur Marie-ThĂ©rĂšse des Batignolles. Les aventures de ce cher Athanagor datent des annĂ©es quatre-vingts. J’ai profitĂ© de l’édition d’une intĂ©grale en fin d’annĂ©e derniĂšre pour me plonger dans l’univers de ce jeune homme Ă  lunettes et aux hormones fortement chatouillĂ©es. L’ouvrage coĂ»te autour de vingt-cinq euros et regroupent donc l’ensemble des pĂ©rĂ©grinations du sieur Wurlitzer dans Fluide Glacial.

AthanagorWurlitzer2Athanagor Wurlitzer est un jeune citadin qui vit la vie de bon nombre des personnes de son Ăąge. Il possĂšde une particularité : il tombe amoureux de la moindre jolie fille qu’il croise dans son quotidien. Il a alors de grandes difficultĂ©s Ă  gĂ©rer ses Ă©motions et tombe ainsi rapidement dans l’excĂšs et dans de grands moments de dĂ©lire absolu. Le bouquin que j’évoque dans cette critique nous conte plus d’une vingtaine de ses rencontres avec le sexe faible. Aucune ne le laissera indemne


Le titre pourrait laisser supposer que ce livre s’adresse Ă  un public adulte et averti. Il est Ă©vident que le mettre dans les mains d’un jeune lecteur serait une faute de goĂ»t. Mais l’atmosphĂšre est davantage Ă  l’humour qu’à l’érotisme. Ces histoires sont parues dans Fluide Glacial. Elles sont donc dessinĂ©es en noir et blanc. Il s’agit d’une marque de fabrique. Le trait de MaĂ«ster est dĂ©jĂ  caractĂ©ristique. Il possĂšde une plume prĂ©cise et offre des planches pleines de dĂ©tails. Je suis assez fan de son style qui arrive Ă  doser avec maestria les touches exubĂ©rantes gĂ©nĂ©rĂ©es par les propos et le ton de la narration.

Observer chaque recoin pour y découvrir un gag ou un jeu de mot.

Le fait qu’il s’agisse d’un recueil paru dans un magazine implique des chapitres courts. Les histoires sont ainsi denses et rythmĂ©es. Leur format implique une mise en place rapide, un dĂ©veloppement dense et un dĂ©nouement efficace. De plus, aucune des anecdotes contĂ©es par MaĂ«ster n’est nĂ©gligĂ©e. La lecture ne souffre d’aucun temps faible. C’est apprĂ©ciable dans un ouvrage d’une telle longueur. En effet, proposer cent trente-six pages de qualitĂ© constante est une performance. Chaque case est travaillĂ©e dans les moindres dĂ©tails. Il est plaisant de les observer dans chaque recoin pour y dĂ©couvrir un gag ou un jeu de mot joliment tournĂ©. Il s’agit d’une caractĂ©ristique de bon nombre d’Ɠuvres estampillĂ©es Fluide Glacial de cette Ă©poque. Je me dois d’ailleurs de signaler que malgrĂ© la trentaine d’annĂ©es qui nous sĂ©pare de leur premiĂšre parution, ces Ă©pisodes n’ont pas pris une ride.

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Le ton de l’ensemble est dĂ©lurĂ©. L’auteur ne se fixe aucune limite. Il s’autorise tous les excĂšs. Chaque page plonge le lecteur dans un tourbillon narratif. Je vous avoue qu’il est parfois difficile de s’y retrouver. Il est n’est pas toujours simple de suivre un diable de Tasmanie. La consĂ©quence est que je suis restĂ© parfois extĂ©rieur Ă  certaines aventures. NĂ©anmoins, quand la sauce prend, la rigolade est de sortie. MaĂ«ster offre une jolie gamme de dĂ©lires centrĂ©s sur cet obsĂ©dĂ© sexuel amoureux de toute femme qui traverse ponctuellement son champ de vision. Le hĂ©ros est graphiquement rĂ©ussi. Au premier abord, il apparaĂźt comme un jeune homme de bonne famille en Ăąge d’ĂȘtre Ă©tudiant. Il est assimilable Ă  ces personnes qui appartiennent Ă  notre univers mais qui semblent transparentes et dont la prĂ©sence n’est jamais remarquĂ©e. Le dĂ©calage entre l’impression extĂ©rieure et ses poussĂ©es d’hormones qui le brĂ»lent de l’intĂ©rieur facilite la dimension exubĂ©rante des propos tenus.

Pour conclure, j’ai passĂ© un bon moment Ă  dĂ©couvrir ce bouquin. Le premier contact est agrĂ©able car l’objet est de qualitĂ©. De plus, se plonger dans ces anecdotes donne l’impression de s’immerger dans l’Histoire du neuviĂšme art. Je le conseille donc Ă  tous les adeptes de l’humour estampillĂ© « Fluide Glacial ». Il s’agĂźt d’une des premiĂšres marches construites par MaĂ«ster qui le mĂšnera vers sa sĂ©rie culte mettant en scĂšne la plus trash des bonnes sƓurs


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Note : 13/20

De capes et de crocs, T10 : De la Lune Ă  la Terre – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T10 : De la Lune Ă  la Terre
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Avril 2012


« De la Lune Ă  la Terre » est un album particulier Ă  mes yeux. Il clĂŽt la dĂ©sormais mythique sĂ©rie « De Cape et de Crocs » nĂ©e de la collaboration d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Avant de partir Ă  la dĂ©couverte de ce dernier Ă©pisode, je m’étais imposĂ© de lire une nouvelle fois l’intĂ©gralitĂ© des opus prĂ©cĂ©dents. Cela m’apparaissait indispensable pour profiter pleinement des derniĂšres aventures de nos hĂ©ros. Ce n’est donc que rĂ©cemment que je me suis plongĂ© dans cet ouvrage apparu dans les rayons en avril dernier. Toujours Ă©ditĂ© chez Delcourt, le bouquin nous offrait une couverture pleine de rĂȘve. On y voit un navire flotter dans l’espace pour le voyage final de notre cĂ©lĂšbre trio dont on devine le portrait dans le ciel Ă©toilĂ©. VoilĂ  qui ne faisait qu’attiser ma curiositĂ© dĂ©jĂ  pas loin d’avoir atteint son paroxysme.

Le synopsis proposĂ© par la quatriĂšme de couverture est le suivant : « Le prince Jean vaincu, la Lune sauvĂ©e, l’heure est venue pour messieurs de Villalobos et Maupertuis de songer au retour. Mais l’ignoble Mendoza n’a pas dit son dernier mot, et quand amour, honneur et amitiĂ© s’opposent, la comĂ©die peut tourner au tragique. Avant de tirer leur rĂ©vĂ©rence, nos gentilshommes devront encore essuyer de terribles coups de thĂ©Ăątre. Arriveront-ils tous Ă  bon port ? »

Réussir son dénouement est rare.

En littĂ©rature ou en bandes dessinĂ©es, une des plus grandes difficultĂ©s est d’arriver Ă  conclure. RĂ©ussir son dĂ©nouement est rare. Il est pourtant important de ne pas nĂ©gliger sa sortie. En effet, c’est souvent ce dernier sentiment qui laissera le dernier goĂ»t Ă  la dĂ©gustation qu’est notre lecture. Une fin trop rapide ou trop abracadabrantesque frustrera ou dĂ©cevra le lecteur. « De Cape et de Crocs » est apparu dans l’univers de ses adeptes il y a plus de quinze ans. Il Ă©tait Ă©vident qu’il fallait sublimer leur sĂ©paration. L’opus prĂ©cĂ©dent se concluait par la mise en Ă©chec du coup d’état contre le roi de la Lune. Il est donc temps de retourner sur Terre. C’est essentiellement autour de ce projet que se construit la trame. Evidemment, les intrigues secondaires vont densifier le propos et nous offrir une lecture des plus passionnantes.

decapeetdecrocs10b« De la Lune Ă  la Terre » a pour mission, entre autre, de fermer un certain nombre de portes qui avaient Ă©tĂ© prĂ©cĂ©demment ouvertes. Certaines rĂ©vĂ©lations Ă©taient prĂ©visibles, d’autres restent obscures. Les auteurs ne nous offrent pas une rĂ©ponse Ă  chacune de nos interrogations. Ce n’était pas pour autant gĂȘnant car chaque page nous fait sentir qu’il faut profiter des derniers moments passĂ©s avec les diffĂ©rents personnages qui sont pour la plupart trĂšs sympathiques. D’ailleurs la derniĂšre page nous offre un sourire enthousiaste qui nous fait fermer l’album accompagnĂ© d’une Ă©motion prenante. L’avancĂ©e vers le dĂ©nouement est subtilement dosĂ©e. On n’est pas dans la brutalitĂ© de certaines sĂ©ries qui offrent deux pages de monologue contenant toutes les rĂ©vĂ©lations accumulĂ©es. Ce n’est ici pas le cas. On est accompagnĂ© par notre lecture vers la fin en douceur.

Il faut nĂ©anmoins rassurer les lecteurs. « De la Lune Ă  la Terre » n’est pas un album pantouflard. L’aventure est encore de sortie. On dĂ©couvre un combat spatial homĂ©rique entre des adversaires historiques. L’amour est au centre de l’intrigue Ă©galement. Les sentiments sont intenses et pas toujours rĂ©ciproques. La tragĂ©die cohabite avec le romantisme. L’amitiĂ© offre Ă©galement des moments touchants. Le cĂŽtĂ© thĂ©Ăątral est Ă©videmment une nouvelle fois au centre de la narration. On profite une nouvelle fois de tirades cultes qui raviront les adeptes du genre. Le travail d’écriture d’Alain Ayroles est un monument du genre qui ne peut laisser personne de marbre.

Le travail de Jean-Luc Masbou sur les illustrations est une nouvelle fois remarquable. Sa capacitĂ© Ă  faire naitre des Ă©motions par ses personnages est une performance. Son souci du dĂ©tail donne une profondeur Ă  ses dĂ©cors et chacune des cases dont on se dĂ©lecte avec appĂ©tit. De plus, il utilise les couleurs avec un vrai talent. Certaines planches quasi monochromatiques sont habitĂ©es d’une atmosphĂšre qui nous emporte complĂštement. Je suis curieux de savoir si Masbou et Ayroles sont amenĂ©s Ă  travailler Ă  nouveau ensemble que ce soit sur un spin off de « De Cape et de Crocs » soit dans un tout autre univers. Par contre, une chose est certaine, je l’espĂšre


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En conclusion, « De la Lune Ă  la Terre » offre Ă  cette sĂ©rie un dĂ©nouement Ă  son ampleur. J’ai terminĂ© ma lecture avec le sourire. Le plaisir de voir cette saga se conclure avec talent l’emporte sur la triste nostalgie de voir que l’histoire est terminĂ©e. La qualitĂ© de cette Ă©popĂ©e m’incite Ă  m’y replonger rĂ©guliĂšrement. L’aventure n’a jamais fait de mal ! Pour ceux qui n’ont pas encore rencontrĂ© Messieurs de Villalobos et de Maupertuis, il est temps de rĂ©parer cette erreur et de combler ce manque


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Note : 17/20