Titre : Les femmes en blanc, T36 : Neuf mois de gros stress
Scénariste : Raoul Cauvin
Dessinateur : Philippe Bercovici
Parution : Mars 2014
Depuis plus de dix ans, les rayons de librairie sont envahis par bon nombre de sĂ©ries centrĂ©es sur un corps de mĂ©tier. Les enseignants, les CRS, les pompiers, les psys⊠Tout le monde possĂšde ses albums dĂ©crivant son quotidien de maniĂšre humoristique. Le moins que je puisse dire est quâil y a Ă boire et Ă manger. Bien souvent, il sâagit dâalbums relativement mĂ©diocres dont les ficelles sont trop grosses pour chatouiller efficacement les zygomatiques. NĂ©anmoins, parmi les plus anciennes, certaines mâont conquis depuis que je suis enfant. « Pierre Tombal » ou « Les femmes en blanc » font partie de celles-lĂ . Ma critique dâaujourdâhui porte sur le dernier de tome de la derniĂšre citĂ©e. Il sâintitule « Neuf mois de gros stress » et est sorti dans les bacs en avril dernier. Cet album est scĂ©narisĂ© par Raoul Cauvin et dessinĂ© par Philippe Bercovici.
Le site BDGestâ propose le rĂ©sumĂ© suivant : « Le miracle de la vie⊠dans les coulisses de lâhĂŽpital. GĂ©rer le stress, câest la spĂ©cialitĂ© des femmes en blanc, et Ă lâhĂŽpital, elles ont de quoi faire ! Entre les futurs pĂšres en panique, les inquiets chroniques et les Ă©clopĂ©s en tout genre, pas moyen de lever le pied. Câest ça, le miracle de la vie⊠dans les coulisses de lâhĂŽpital ! »
Divertir sans trop réfléchir.
Pour les personnes qui nâont jamais eu lâoccasion de lire un des tomes de la sĂ©rie, je vais rapidement vous prĂ©senter la structure narrative. Lâouvrage est de format classique et se compose de quarante-six planches. Il se dĂ©compose en une suite de gags qui peuvent sâĂ©taler sur une Ă trois pages. Chacun est indĂ©pendant du prĂ©cĂ©dent et du suivant. Cela fait quâun tel album peut se feuilleter au grĂ© des envies et du temps libre. Il peut ĂȘtre ouvert Ă nâimporte quel page sans gĂącher la lecture. Son seul but est de divertir sans trop rĂ©flĂ©chir. Câest un objectif louable et apprĂ©ciĂ© quand il est atteint.
Comme son titre lâindique, les blagues sâinsĂšrent pleinement dans la vie des infirmiĂšres. Lâauteur arrive Ă utiliser une certaine variĂ©tĂ© de cordes Ă son arc humoristique pour nous faire rire. Il y a Ă©videmment la gestion des patients, les relations avec les mĂ©decins, les interactions entre elles mais Ă©galement leur quotidien de femme en dehors de leur lieu de travail. Chacune de ses thĂ©matiques est exploitĂ©e de maniĂšre Ă©quitable tant en quantitĂ© quâen qualitĂ©. Raoul Cauvin a une imagination fertile car cela des dizaines dâhistoires quâil a construites dans lâunivers hospitalier et il arrive encore Ă me surprendre.
En effet, une des forces de lâalbum est dâoffrir des chutes imprĂ©visibles. Sans forcĂ©ment nous faire pleurer de rire, lâauteur arrive par la derniĂšre case Ă nous surprendre ou Ă nous faire sourire. Jâai souvent essayĂ© de connaĂźtre le dĂ©nouement de son gag au fur et Ă mesure de son dĂ©roulement et bien souvent je nây suis pas arrivĂ©. Il utilise souvent une espĂšce dâanaphores scĂ©naristiques. Une infirmiĂšre nous contente une succession dâanecdotes liĂ©es en trĂšs peu de temps dans le but dâaboutir Ă une conclusion marrante. MalgrĂ© le nombre parfois important dâĂ©vĂ©nements contĂ©s, dĂ©jĂ drĂŽles en soi, je nâarrive pas Ă dĂ©couvrir la conclusion de la narratrice. ParallĂšlement, Cauvin nous prĂ©sente Ă©galement des gags en une planche. Ils sont efficaces et lĂ©gers. La mise en situation est rapide et la fin joue davantage avec les mots que les situations.
Mon seul bĂ©mol pourrait concerner les dessins de Bercovici. Je ne leur trouve pas de dĂ©fauts particuliers. Par contre, je regrette quâils se contentent â tout est relatif â dâaccompagner le propos sans chercher Ă le sublimer ou Ă intensifier son cĂŽtĂ© humoristique ou parfois caricatural. Jâai toujours le plaisir de retrouver ce trait qui a accompagnĂ© mes lectures dâenfance quand je farfouillais dans la bibliothĂšque parentale. NĂ©anmoins, jâai toujours lâespoir que la sĂ©rie exploite un de ses axes de progression.
Pour conclure, « Neuf mois de gros stress » fait honneur Ă la sĂ©rie en se montrant trĂšs fidĂšle aux ingrĂ©dients de son succĂšs. Cet album ne possĂšde rien dâexceptionnel mais demeure assez efficace. Jâai pris du plaisir Ă mây plonger et lâai trouvĂ© divertissant. Je pourrais regretter quâil se lise rapidement mais ce lĂ©ger dĂ©faut est compenser par le fait quâil se relira toujours avec amusement quand on recherchera un passe-temps plaisant.
Note : 12/20