Titre : Bouche du diable
Scénariste : Jérôme Charyn
Dessinateur : François Boucq
Parution : Janvier 1990
Après avoir découvert « Little Tulip », j’avais envie de partir en quête d’autres ouvrages du duo formé par Jérôme Charyn (au scénario) et François Boucq (au dessin). C’est chose faite avec « Bouche du diable », paru 25 ans plus tôt et abordant plus ou moins le même thème : à savoir l’histoire des exilés soviétiques aux Etats-Unis d’Amérique. Le bouquin était préalablement édité aux éditions Casterman avant multiples rééditions.
« Bouche du diable » narre l’histoire de Youri, un jeune orphelin ukrainien retrouvé dans un champ au milieu des corbeaux. Persécuté toute sa jeunesse par sa famille, puis dans l’orphelinat, il sera repéré afin d’être formé comme agent dormant en URSS.
Un ouvrage riches en thèmes.
Jérôme Charyn écrit l’histoire d’un homme, de sa découverte jusqu’à ce qui nous intéresse en soit : son action en tant qu’espion. Ainsi, la bande dessinée aborde de nombreux thèmes : le polar, l’espionnage bien sûr, mais également toute une description de l’URSS et de l’embrigadement. Les auteurs ne nous font pas de cadeaux : l’histoire est rude et la vie n’épargne par Youri.
Le bouquin est parfaitement rythmé, alternant les chapitres efficacement. Chaque partie de la vie de Youri est bien dosée et apporte son lot d’avancées dans l’histoire. La partie new-yorkaise reste moins prenante, car moins exotique, mais elle propose plus d’actions. On ne s’ennuie pas le long des 110 planches qui parsèment l’ouvrage, scotchés par l’existence de fantôme de Youri.
Le mélange des genres fait clairement le point fort de l’ouvrage, même s’il laisserait peut-être de côté certains lecteurs. En effet, le fantastique s’intègre rapidement dans l’ouvrage. Lointain et peu mis en avant, il reste en filigrane et enrichit l’histoire.
L’ensemble est parfaitement mis en scène et en images par François Boucq dont le talent n’est plus à présenter. J’ai juste regretté des couleurs un peu trop légères (la cause à l’édition ?). Le couple dessin/couleur est en effet bien ancré dans son époque, ce qui n’enlève rien au trait de Boucq. Sa capacité à tout représenter, de la campagne ukrainienne à New York avec maestria force le respect.
« Bouche du diable » est un ouvrage prenant et puissant. Ancré dans son époque (on est en 1990), il garde un côté plus désuet qu’un « Little Tulip » plus récent, basé sur des thèmes similaires. Voilà de la très bonne bande dessinée, construite sur un scénario efficace et un dessin parfaitement maîtrisé !