Barracuda, T3 : Duel – Jean Dufaux & Jérémy

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Titre : Barracuda, T3 : Duel
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Parution : Novembre 2012


Les pirates ont un côté fascinant qui attire irrémédiablement mes espoirs d’aventures bédéphiles. Même si les outils construisant la narration sont souvent les mêmes, je prends toujours plaisir à suivre ses histoires de chasse au trésor, de voyages au bout du monde et de pérégrinations de flibustiers. « Barracuda », par la couverture de son premier opus, a immédiatement attiré mon regard. Une fois l’ouvrage découvert, j’ai irrémédiablement conquis. Le deuxième acte avait confirmé la qualité de la saga. C’était donc avec joie que je me suis offert en novembre dernier le troisième tome récemment paru et intitulé « Duel ». On y découvre Emilio, habillé tel un gentilhomme, tête baissée, sous une nuit orageuse. Le travail sur les couleurs est remarquable, l’immersion instantanée. Nous voilà de nouveau plongé sur l’île de Puerto Blanco.

Le scénario est le fruit du travail de Jean Dufaux dont j’avais apprécié « Murena ». La particularité de sa saga est qu’on est quasiment jamais en mer. Plus des trois quarts de l’intrigue se déroule sur l’île précédemment évoquée. Elle est régie par les lois de la piraterie et nous fait rencontrer une communauté aux personnalités tranchées et souvent inquiétantes. L’unité de lieu offre de fortes interactions entre les différents protagonistes et fait de la trame une toile d’araignée aux nombreuses ramifications. Cela a pour conséquence également de partager le quotidien de tout ce beau monde et rend chacun familier. Les personnages possèdent une réelle identité tant sur le plan graphique que scénaristique. Aucun ne nous laisse indifférent. Je me garderai de vous faire le listing des différents habitants. Ce serait vous gâcher le plaisir de les rencontrer et les découvrir. Evidemment, chacun ne génère pas chez le lecteur les mêmes sentiments. On s’attache à certains, d’autres font naitre de la compassion. On ressent parfois de la peur ou on rit de certaines mésaventures. Au final, on n’est pleinement impliqué dans le quotidien conté dans cet ouvrage.

Luttes de pouvoir & jalousie

Les deux premiers albums étaient séparés par une vraie rupture chronologique. Les enfants qu’on avait quittés étaient devenus des jeunes hommes et jeunes femmes. Cela donnait le sentiment que le deuxième acte marquait un nouveau départ pour la série. « Duel » est dans la continuité de l’opus précédent. On retrouve les personnages à l’endroit où on les avait plus ou moins laissés. Chacun a trouvé sa place. On découvre ici de nouvelles tensions, de nouveaux drames à venir. L’intrigue principale avance relativement peu. J’ai souvent tendance à le reprocher à ces sagas au long cours. Je ne le ferai pas ici tant les événements vécus sur l’île sont prenants et envoutants. L’amour caché entre Raffy et Maria est lourd de conséquence. Le désir de vengeance d’Emilio est intense et offrira des combats homériques. Comme toute société, les luttes de pouvoir et les jalousies sont les rouages du quotidien. Quant au Barracuda, on le voit accoster sur une île des plus angoissantes dans sa quête du trésor maudit. Bref, il y a de quoi s’occuper et la lecture s’avère intense et saisissante.

Les dessins sont l’œuvre de Jérémy. J’ai découvert cet auteur en même temps que cette série. Mon premier contact avec son trait a été relativement neutre. Je trouvais les personnages relativement froids au niveau de leurs expressions. Mais l’impression initiale a vite été noyée par le plaisir que j’ai pris à le voir faire naitre des scènes à l’ampleur forte. Son travail sur les corps et les volumes, sa capacité à créer des décors, sa manière à jouer avec les couleurs pour faire naitre des ambiances fortes font que le dépaysement est total. Il s’agit d’une condition indispensable à une lecture agréable. Jérémy la remplit aisément. Le combat entre Emilia et Morkat est épique. On sent la violence du combat. On sent l’humidité de la pluie. On perçoit l’atmosphère orageuse qui abrite ce duel sur la plage.

En conclusion, ce troisième tome consolide l’affection que je porte à cette série. Je l’ai lu avec un plaisir fort et j’ai senti une frustration en refermant le bouquin, une fois terminé. Il  ne me reste plus qu’à attendre la sortie du quatrième tome. L’intrigue est suffisamment vague et dense pour qu’on devine difficilement où veulent nous mener les auteurs. Dans le cas présent, le sentiment d’avancer à l’aveugle et d’être perdu n’est pas désagréable, bien au contraire. Je ne peux donc que conseiller aux adeptes de pirates de partir à la rencontre de cette série. Elle vaut largement le détour et ravira les adeptes du genre. Et ils sont nombreux…

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Note : 17/20

Uchronie(s) – New Beijing, T1 – Eric Corbeyran & Aurélien Morinière

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Titre : New Beijing, T1
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Aurélien Morinière
Parution : Septembre 2012


« Uchronie(s)» est une série de science-fiction particulièrement bien construite. Il s’agit de trois trilogies intitulés « New Byzance », « New York » et « New Harlem » qui contaient chacune une réalité différente qui se voyaient toutes réunies dans un dixième album. La construction narrative était remarquable et originale. Il s’agissait d’un vrai travail de scénariste qui possédait un dénouement à la hauteur de l’idée initiale. Ce n’était pas rien. C’est pourquoi j’ai été surpris lorsque j’ai vu une nouvelle trilogie construite sur le même principe. Il s’agira de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». Ma critique d’aujourd’hui porte sur le premier acte de la première citée. Cet opus est apparu dans les librairies le vingt-six septembre dernier. Toujours édité chez Glénat, cet ouvrage se compose d’une grosse quarantaine de pages. Le format est classique et le prix avoisine quatorze euros. La couverture est dans la lignée des précédents tomes. On y découvre le personnage principal entouré de deux inconnues chinoises. Le second plan nous présente une mégalopole à l’architecture asiatique. Le ton orange de l’illustration participe au dépaysement. Le point commun avec la saga précédente est évidemment le nom de son auteur, Eric Corbeyran. Le célèbre auteur de « Le chant des stryges » s’associe ici avec un nouveau dessinateur nommé Aurélien Morinière que je découvre ici.

L’histoire se place dans la continuité de la première décalogie. Néanmoins, il doit être possible d’entamer la découverte avec cet opus. On y découvre Zack et ses deux parents apparaitre dans une nouvelle réalité : New Beijing. Ici, le monde souffre d’un oppresseur différent de celui subi dans « New Harlem ». Mais la dictature reste source de souffrance quel que soit son interprète. Suite à une utilisation de monnaie non légale, les trois personnages se voient séparés dans des camps de travail qui les verra découvrir ainsi ce nouvel univers dans lequel ils sont amenés à jouer un rôle…

Science-fiction & réalités parallèles.

Cet album s’adresse à un public adepte de science-fiction et de réalités parallèles. Les afficionados du genre seront ravis de se plonger dans cet univers. La richesse de la série réside dans le fait que chaque réalité correspond à une uchronie relativement crédible sur le plan politique. « New Harlem » marquait la domination du peuple noir sur le monde, « New Byzance » l’hégémonie du monde musulman. « New Beijing » indique d’après son nom que la Chine a pris le pouvoir. Il est donc intéressant de découvrir un fonctionnement mondial suffisamment différent pour nous intriguer et suffisamment proche pour apparaitre réaliste.

On découvre donc avec plaisir ce nouvel ordre sociétal en suivant les pas des trois personnages principaux. Ils sont familiers aux lecteurs de la première série. Cela fait que l’auteur s’épargne une nouvelle présentation et offre ainsi une mise en situation rapide. Néanmoins, ils perlent tout au long de la narration des informations qui permettent à tous de maîtriser les grandes lignes du passé du trio. Il est évident que la surprise du fait que les héros peuvent passer d’une réalité à l’autre a disparue depuis les épisodes précédents. Il s’agit d’un prérequis qui ne fait pas naitre la même curiosité que dans la découverte initiale des aventures de Zach. Malgré tout, cette absence de révolution scénaristique est compensée par le plaisir de retrouver un monde qu’on avait quitté avec regret il y a quelques temps.

La difficulté réside à faire renaitre l’enthousiasme à partir d’une recette qui a déjà été optimisée a priori. Le goût n’a pas toujours la même intensité quand il ne nous est plus inconnu. Je n’ai pas eu le sentiment de dévorer avec appétit ce « New Beijing ». Mais cela ne m’a pas empêché de ressentir un vrai attrait pour l’intrigue une fois que je m’y suis plongé. La frustration de voir l’album se clore était réelle et gage d’une certaine réussite. L’intrigue n’est pas trop diluée même on espère toujours qu’elle soit davantage dense. Les jalons posés dans cet acte sont intéressants dans le sens où ils se démarquent des tenants et aboutissants de la trame connue jusqu’alors. Il est évident que la matière noire possède un rôle central dans l’histoire mais son exploitation potentielle diffère de ce qu’on connaissait jusqu’à maintenant.

« New Beijing » marque l’arrivée d’un nouveau dessinateur dans l’univers « Uchronie(s) ». Il fait d’ailleurs une entrée remarquée puisqu’il se voit également confié l’illustration de « New Delhi ». Son trait ne révolutionne pas le genre. Néanmoins, cela n’empêche pas les planches de s’avérer dynamique. Le découpage des cases associé à une capacité à intégrer du mouvement dans ses dessins font que la narration ne s’appuie pas sur des illustrations passives et statiques. Je trouve que les scènes faisant intervenir les personnages sont très épurées. Je regrette parfois que les décors n’y trouvent pas une place plus grande. La conséquence que certaines planches de dialogues semblent fades du fait de l’absence de densité et de diversité dans les seconds plans. Concernant les couleurs, elles sont l’œuvre de Svart. Elles sont relativement simples mais génèrent malgré tout une atmosphère à la lecture.

En conclusion, j’ai pris un vrai plaisir à découvrir « New Beijing » et l’univers auquel cet opus appartient. Les risques de déception étaient nombreux mais se sont avérés sans lendemain. Il est évident que cet album n’est que la première marche d’une trame longue et complexe. Il faudra donc attendre pour se faire une idée plus précise de l’intrigue. Les premiers indices résideront dans ma lecture de « New Moscow » paru le mois dernier. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 13/20

Les aventures de la fin du monde – Vincent Caut

LesAventuresDeLaFinDuMonde


Titre : Les aventures de la fin du monde
Scénariste : Vincent Caut
Dessinateur : Vincent Caut
Parution : Avril 2012


Vincent Caut est un auteur de bande-dessinée précoce. Après avoir gagné des prix de la BD scolaire à Angoulême, il parvient à faire éditer son blog sur sa vie d’étudiant. « Les aventures de la fin du monde » (qui eut l’honneur d’un blog, aujourd’hui fermé) narre l’histoire de Monsieur Toupin et Madame Billot, sa secrétaire. Dieu les a choisis pour reconstruire le monde. En effet, ils n’avaient alors vécu sur le brouillon de la Terre, il faut tout refaire (en mieux). Le tout est publié chez 12 bis pour 110 pages au prix de 13,90 €.

La bande-dessinée est construite sous forme de strips de 6 cases carrées. Chaque strip amène une chute et une histoire en découle. Ce procédé a été abondamment utilisé par Lewis Trondheim que ce soit dans le passé (« Le pays des trois sourires », « Politique étrangère », « Fennec ») ou même aujourd’hui avec « L’atelier mastodonte ». On retrouve chez Vincent Caut cette influence de façon très marquée. L’humour, l’absurde, le minimalisme graphique, tout rappelle Lewis Trondheim.

La Genèse version 2.0

LesAventuresDeLaFinDuMonde2Vincent Caut essaye donc de créer sa propre identité sur un sujet éculé : Adam, Ève et Dieu. Au départ, l’idée de faire une sorte de Genèse 2.0 est plutôt bien pensée. Malheureusement, le sujet est finalement peu utilisé. En revanche, la représentation de Dieu sous forme de pomme est là parfaitement exploitée du début à la fin.

Les gags fonctionnent plutôt bien, sans que l’on ne rie vraiment. On sourit parfois, mais cela manque de folie ou de chutes vraiment percutantes. Il faut dire que le dessin est minimaliste et participe peu à l’humour. Les gags visuels sont très rares et les expressions des personnages sont particulièrement limitées (Adam n’a pas d’yeux par exemple). C’est aussi là qu’on touche un peu aux limites de l’ouvrage. Avec un dessin très simple, Vincent Caut doit s’appuyer uniquement sur son scénario pour convaincre. Surtout qu’il a déjà produit des ouvrages aux personnages bien plus expressifs. Or, avec un sujet maintes fois abordé, il manque ici un peu d’originalité, de folie ou de constance dans l’humour.

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Ces « aventures de la fin du monde » laissent un goût d’inachevé. On lit l’ouvrage avec plaisir, mais sans vraiment rire. Et à la fermeture du livre, on l’oublie rapidement. C’est dommage car on sent le potentiel devant certaines idées pas toujours suffisamment exploitées.

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Note : 11/20

Magasin sexuel, T2 – Turf

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Titre : Magasin sexuel, T2
Scénariste : Turf
Dessinateur : Turf
Parution : Novembre 2012


Le premier tome de « Magasin sexuel » traînait un peu en longueur. Pas vraiment drôle, pas vraiment grinçant, il se situait dans un satyre légère de la campagne. La sex-shop ambulant, présenté comme majeur (à voir le titre et la couverture), n’était finalement que très secondaire. Ce deuxième opus vient clore cette histoire publiée chez Delcourt.

Tout commence par le maire Orloff qui essaie de convaincre son conseil municipal de construire une gare TGV, sachant qu’il n’y a pas de voie ferrée à moins de 70 kilomètres du village. Pour rappel, il y a 234 habitants au village. Orloff s’énerve, insulte un peu tout le monde… Voilà « Magasin sexuel » : c’est caricatural, excessif, mais pas bien drôle.

Entre humour et satyre.

MagasinSexuel2aL’intrigue principale concerne donc le maire réac et rétro qui tombe sous le charme d’Amandine, jeune fille à la tête d’un sex shop et qui, logiquement, n’apprécie pas vraiment M. Orloff qu’elle trouve lourd et bête. Une autre intrigue se mêle : celle de la disparition des lettres d’enseigne. Cela fait quelques jeux de mot, l’occasion pour le lecteur de sourire.

A la fermeture du diptyque, on se demande un peu l’intérêt d’avoir fait deux tomes. L’intrigue traîne. Cela pourrait permettre de développer les personnages, mais ce n’est pas du tout le cas. Le fait qu’Amandine soit orpheline n’apporte rien par exemple. Et comme l’auteur reste un peu entre humour et satyre, sans vraiment choisir son camp, le lecteur a bien du mal à adhérer.

Au niveau du dessin, je n’ai pas été séduit par le trait de Turf. Son découpage est varié, souvent riches en cases. Je trouve le dessin un peu irrégulier. De beaux efforts sont faits sur les décors et ses les ambiances, mais on n’en peut plus de voir la tête du maire !

« Magasin sexuel » m’a beaucoup déçu. Clairement, le thème ne se situait pas du tout dans un clash entre la campagne et la sexualité. Du coup, le fond de l’ouvrage se révèle bien léger. Mais c’est cela, « Magasin sexuel » : c’est léger, sans prétention et plein de couleurs vives. Pour ma part, je passe mon tour.

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Note : 8/20

Kick-Ass 2, T1 : Restez groupés ! – Mark Millar & John Romita Jr.

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TItre : Kick-Ass 2, T1 : Restez groupés !
Scénariste : Mark Millar
Dessinateur : John Romita Jr.
Parution : Juin 2012


« Kick-Ass 2 » est, comme son nom l’indique, la suite de « Kick-Ass ». J’avais découvert cet univers par son adaptation cinématographique. J’avais trouvé le film vraiment excellent et m’étais donc intéressant au comic qui l’avait inspiré. Même si le bouquin n’atteignait pas la qualité de son passage sur grand écran, j’étais suffisamment curieux pour m’intéresser aux nouvelles aventures du héros. L’ouvrage que je me suis offert regroupe les quatre premiers chapitres édités aux Etats-Unis. Composé d’une centaine de pages, le bouquin est édité chez Panini Comics dans la collection 100% Fusion Comics. D’un format comics classique, il est vendu pour un petit peu plus de onze euros et est apparu dans les rayons en juin dernier. Le scénario est l’œuvre de Mark Millar et les dessins de John Romita Jr.

Le premier tome nous avait permis de découvrir Dave, adolescent geek des plus classiques. Néanmoins, il décide de devenir superhéros sans pouvoir ni structure derrière lui. Il erre donc dans la rue costumé dans le but d’aider qui en aurait besoin. Mais quand on est un nerd et qu’on croise les méchants, on ramasse. Néanmoins, il obtient une popularité énorme quand une de ses interventions fait la une sur Youtube. Sa célébrité le met en contact avec Hit Girl et Big Daddy, deux superhéros qui ne rigolent pas. La première démantèlera dans le sang la mafia locale pendant que son père meurt de tortures. Mais Red Mist, ennemi juré de Kick-Ass rêve de vengeance…

La violence habite toutes les pages.

Cette suite débute de manière plutôt calme. Hit Girl essaie de devenir une fille de dix ans comme les autres. Kick-Ass rêve de voir une association de superhéros se former. Son souhait se réalise quand il est contacté par un groupe de vengeurs masqués. Ils sont prof, employé ou étudiant le jour. Mais la nuit ils deviennent Night-Bitch, Insect-Man ou le Colonel. Mais leur idéal prend du plomb dans l’aile quand réapparait Red Mist et sa clique. Je dois tout de suite vous préciser que ce bouquin ne s’adresse pas à tous les publics. La violence habite quasiment toutes les pages et le dessin se fait le devoir d’être particulièrement explicite. Il faut le savoir avant de s’y plonger. Les auteurs ne se fixent pas vraiment de limites dans le domaine.

Mais « Kick-Ass 2 » n’est pas uniquement un amas de trash, de gore et de violence. Je trouve que l’histoire est plutôt intéressante. Il n’est jamais évident d’offrir une suite à une intrigue qui n’en nécessitait pas forcément. On se laisse prendre par les différentes voies choisies par le scénariste. L’arrivé de Kick-Ass dans une guilde de superhéros, la difficulté pour Hit Girl pour être « normale », les rapports entre Dave et son père, le retour de Red Mist… Tout cela offre une lecture plutôt prenante. J’ai découvert la centaine de pages avec curiosité et empressement. La dernière page attise notre volonté de découvrir la suite au plus vite. La montée en intensité ne cesse tout au long de la narration. Les premières pages sont le calme qui précède une tempête qui ne cesse de grandir.

L’intérêt de Kick-Ass réside dans le fait qu’il est super héros qui n’est ni super ni héros. Il est un adolescent avec un costume. Il n’a que sa bonne volonté comme arme. Cela génère logiquement une empathie pour Dave. On s’identifie facilement à son quotidien puisqu’il n’a finalement rien qu’on ne peut avoir. Le fait qu’il traine tous les codes du loser le rend profondément sympathique. Contrairement à la version cinématographique, la jolie fille du lycée le déteste et ne lui parle pas. « Tout est bien qui finit bien » semble être bien peu adapté aux aventures de notre héros. Cela participe au plaisir de la lecture.

N’étant ni adepte ni connaisseur des comics, les dessins de John Romita Jr sont d’un genre différent de celui de mes lectures habituelles. La découverte n’est pas désagréable. Je trouve les pages très denses sur le plan des couleurs et des illustrations. On est loin du style épuré de certains auteurs. Les personnages sont très expressifs et excessifs. L’auteur se fait également plaisir dès que l’action est de sortie. Sa représentation de la violence ne laisse pas indemne. Je trouve que cela participe à l’atmosphère de la lecture quitte à générer un malaise à certains moments.

En conclusion, cet ouvrage offre une suite honorable à l’œuvre de départ. Je me suis laissé prendre dans l’histoire sans chercher pour autant à me montrer très exigeant avec une série que je trouve divertissante sans être mémorable. Il répondra aux adeptes des lecteurs curieux de connaitre la suite des aventures de Dave. Je suis d’ailleurs curieux de découvrir le second tome de « Kick-Ass 2 » pour connaitre le dénouement de cette histoire aux tendances apocalyptiques…

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Note 12/20

Slhoka, T6 : Les méandres – Ulrig Godderidge & Ceyles

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Titre : Slhoka, T6 : Les méandres
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Août 2012


« Les méandres » est le sixième tome de « Slhoka ». Il est apparu dans les librairies au mois d’août dernier. Toujours édité chez Soleil, il prolonge le second cycle de la saga né dans l’opus précédent. Je suis les aventures du héros éponyme depuis ses premières aventures datant d’un petit peu plus de dix ans. Je trouve ses pérégrinations sympathiques. Elles se déroulent au croisement de la fantasy et de la science-fiction. Le scénariste de cette série est Ulrig Godderidge. Je ne connais son travail qu’à travers cette histoire-là. Au cours des trois premiers actes, les dessins sont l’œuvre d’Adrien Floch. Depuis le départ de ce dernier vers « Les naufragés d’Ythaq », les illustrations sont l’œuvre de Ceyles. La rupture graphique a été rude et m’a été difficile. Néanmoins, mis devant le fait accompli, il a fallu s’y faire et prendre de nouvelles habitudes.

L’album précédent se déroulait dix ans après le dénouement du précédent. Slhoka, grâce à ses pouvoirs, avait sauvé le monde et avait vu parallèlement sa vie tomber dans le désespoir et l’alcool. C’est globalement cet état de fait que nous présentait le cinquième épisode. On voyait la fine équipe se reformer bon gré mal gré. Le synopsis proposé sur la quatrième de couverture de « Les méandres » présente la situation avec les mots suivants : « La Zeïde a évité le pire grâce au pouvoir de Slhoka. Mais une question reste sans réponse : qui se cache derrière les indestructibles rhoukes et les chimères volantes ? C’est la nouvelle mission de Slhoka et ses compagnons d’armes, envoyés en reconnaissance dans la capitale rhouke. Avec l’aide de la Ghuilde des Marchandises. Mais Slhoka n’est pas au bout de ses peines car Shanï, qui habite son corps, semble n’en faire qu’à sa tête. »

Une intrigue sans grand intérêt.

Le scénariste ne perd pas de temps à nous exposer les prérequis nécessaires à la compréhension complète des tenants et des aboutissants de l’intrigue. Ayant lu une nouvelle fois l’intégralité des tomes de la série avant de me plonger dans « Les méandres », je n’ai pas souffert de choix. Je ne peux que vous conseiller de faire de même au risque d’être perdu au beau milieu d’un sac de nœuds qui ne brille déjà pas par son cadre rigoureux. On reprend l’histoire où elle nous avait laissé. Il n’y a pas de rupture narrative. J’ai pris plaisir à retrouver ces personnages familiers réunis à nouveau. La maladresse et le pouvoir de Slhoka, le caractère et les qualités guerrières de la charmante Svendaï, la rudesse et la force du Kraal étaient donc de retour. La réussite de ce type d’histoire réside en partie dans la qualité de son casting. Ces groupes hétérogènes doivent donner lieu à des moments drôles et touchants qui permettent à la trame de se montrer plus épaisse et rythmée. Le plaisir de ce genre de lecture réside avant tout dans l’empathie ressentie pour les protagonistes plus que tout autre chose.

Néanmoins, le listing des participants ne suffit pas à garantir la réussite d’un album. « Les méandres » en est la preuve mais, hélas, négativement. L’intrigue y est sans grand intérêt. On ne fait que suivre les différentes crises de colère du héros. Toutes les quatre pages, il s’énerve et exploite donc son pouvoir destructeur. C’est répétitif et donc assez vite lassant. On a l’impression que l’histoire n’en aurait pas été pénalisée en divisant le nombre de pages par deux. Aucune information n’aurait été égarée. Par contre, notre attrait n’aurait peut-être disparu. De plus, les personnages principaux sont rapidement séparés. La place de Svendaï et du Kraal devient très secondaire et cela m’a déçu. Ils sont bien moins fades que Slhoka. Construire tout l’épisode autour de ce dernier fait que l’humour disparait totalement de la lecture. Cela fait qu’on se concentre davantage sur le déroulement des événements. Ce dernier s’avère confus et sans grand intérêt. Tout ne tourne pas en rond mais avance bien lentement. Le sentiment de dilution toujours désagréable commence à naitre. C’est dommage.

J’évoquais en introduction la rupture graphique née du changement de dessinateur à partir du quatrième tome. Je vous avoue que je préférai le travail de Floch. Ce n’est pas nécessairement une question de qualité pure mais de style. Je ne maitrise pas le vocabulaire spécifique du dessin et aurai du mal à argumenter mon opinion. Je trouve que les personnages apparaissent moins travaillés. Ils sont moins attachants graphiquement. De plus, ils apparaissent tout le temps dans l’excès sans forcément que l’histoire ne le justifie tout le temps. Dans la même logique, je trouve que le travail sur les couleurs est trop simple et souffre de la comparaison avec la qualité des séries du même genre. Il est possible que d’autres lecteurs soient séduits par les illustrations de Ceyles. Je me contenterai de dire que son trait et moi ne nous sommes pas trouvés.

Pour conclure et ma critique ne s’en cache pas, je suis sorti déçu de ma lecture. « Les méandres » a tendance à donner corps à l’idée comme quoi ce second cycle est de trop. La graine de ce sentiment avait été plantée dans le tome précédent. Ma découverte de ce dernier opus a tendance à l’arroser de manière soutenue. J’ai du mal à voir comment Godderidge veut prolonger les aventures de son héros. Mais mon affection pour les premières aventures de Slhoka me fait croire que le prochain épisode sera meilleur. Mais l’espoir ne sera pas éternel… 

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Note : 8/20

Le loup des mers – Riff Reb’s

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Titre : Le loup des mers
Scénariste : Riff Reb’s
Dessinateur : Riff Reb’s
Parution : Novembre 2012


Les récits de piraterie ont toujours exercé une forme de fascination auprès du lectorat. La rudesse des hommes, la nature impitoyable et la mer, à perte de vue. Ainsi, alors que le sujet avait poussé Jack London à écrire un roman sur le sujet, Riff Reb’s s’empare de l’histoire de ce dernier pour la mettre en images. N’ayant pas lu le roman dont il est question, je me garderai de toute comparaison. Le livre, présenté sous un format comics, pèse pas moins de 130 pages et est publiée dans la collection Noctambule aux éditions Soleil.

L’histoire commence alors que Humphrey Van Weyden prend le bateau pour rejoindre l’un des ses amis. L’homme est un gentleman, critique littéraire de métier. Seulement, le voyage tourne court suite à une mauvais grain entraînant un naufrage dramatique pour l’homme. Ce dernier est recueilli alors par Loup Larsen, un pirate qui enrôle l’homme de force comme mousse.

Un lien fait de haine et de fascination.

On suit alors la survie d’Humphrey à bord du navire. Là-dessus, rien de nouveau sous les tropiques. D’abord trop fragile, il va finir par s’aguerrir, se faire des alliés et monter dans la hiérarchie. Son côté intellectuel plaît à Loup Larsen qui, sous ses dehors cruels, possède une culture des plus impressionnantes. Un lien se crée entre les deux hommes, fait de haine et de fascination. Clairement, c’est là-dessus que le livre propose toute sa force. Le sujet est traité avec subtilité. Les changements d’attitude des personnages entre eux sont finement amenés, jusqu’au bout de l’aventure.

LeLoupDesMers2Cependant, outre les relations humaines, on est pris d’empathie pour Humphrey et le véritable suspense de l’ouvrage est ici : pourra-t-il se soustraire de Loup Larsen ? Une quête qui paraît impossible tant le capitaine possède un côté surnaturel exacerbé par son charisme. Si bien que le lecteur tombe aussi sous le charme de ce personnage fort et atypique.

La construction de l’ouvrage est basé essentiellement sur une narration omniprésente qui cite, je le suppose, des passages du livre. On lit donc l’histoire racontée par Humphrey. Le livre est constitué de dix-sept chapitres agencés chronologiquement.

Graphiquement, Riff Reb’s frappe très fort. Mélange de différentes techniques, son graphisme est simplement splendide. Outre ses personnages, aux attitudes fortes, c’est dans la représentation de la mer qu’il explose littéralement. Plus les scènes semblent difficiles à dessiner, plus elles sont réussies. Les tempêtes sont ainsi magistralement rendues. Le tout est colorisé de façon monochrome, chaque chapitre possédant sa propre couleur. Un choix payant tant l’ouvrage est fort sur ce point-là. Outre la dureté du propos, Riff Reb’s accentue le tout avec un dessin à la fois personnel et puissant. Du grand art.

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Si le sujet du « Loup des mers » n’est pas vraiment original, il faut avouer qu’il est traité ici avec beaucoup d’intensité. Doté d’une narration fluide et d’un graphisme splendide, on dévore ce livre de la première à la dernière page, se prenant régulièrement des claques devant le talent de l’auteur. A lire absolument !

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Note : 18/20

Châteaux Bordeaux, T2 : L’oenologue – Eric Corbeyran & Espé

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Titre : Châteaux Bordeaux, T2 : L’œnologue
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Espé
Parution : Mars 2012


« L’œnologue » est le deuxième tome de la série « Châteaux Bordeaux » née il y a peu de temps. Le premier album m’avait beaucoup plu. Je m’étais laissé prendre par cette histoire. Je n’ai donc eu aucun mal à m’offrir rapidement la suite apparue dans les librairies il y a un petit peu plus de deux mois. Edité chez Glénat, cet ouvrage de format classique est vendu pour environ quatorze euros. La couverture nous présente une jeune femme entrant dans une cave remplie de tonneaux. La thématique viticole présentée par le titre se confirme par l’image. Les tons marron et jaunes génèrent une atmosphère envoutante. Le travail d’Espé est donc dans la lignée de ses travaux habituels. Mais, malgré ses talents, ce n’est pas le nom du dessinateur qui m’avait attiré vers cet ouvrage. C’est le nom d’Eric Corbeyran comme scénariste qui m’avait incité à découvrir cette nouvelle histoire. Depuis « Le chant des stryges », « Uchronies » ou encore « Black Stone » plus récemment je suis très attentif aux différentes parutions nées de la plume de cet auteur prolifique…

La quatrième de couverture de l’album nous offre les mots suivants : « Déterminée à reprendre en main le « Chêne Courbe », un vaste domaine viticole situé au cœur du Médoc, Alexandra Baudricourt se retrouve rapidement au pied du mur. D’un côté, elle doit affronter l’hostilité de son entourage de l’autre, elle sait que pour réussir elle va devoir tout apprendre car la production d’un grand cru ne s’improvise pas. Tandis qu’elle tente de percer les secrets de la propriété familiale, la jeune femme s’initie à la dégustation aux côtés d’un œnologue réputé afin de pouvoir se consacrer pleinement à sa nouvelle passion… »

Une grande saga familiale.

chateaubordeaux2a« Châteaux Bordeaux » entre la catégorie de ces grandes sagas familiales. Bon nombre de séries de bandes dessinées nous ont immergés à travers les méandres de célèbres familles sur plusieurs générations. On peut citer « Les maitres de l’orge » en est un célèbre exemple. Néanmoins, la série que j’évoque aujourd’hui n’a pas fait tout à fait le même choix. On retrouve l’unité de lieu et la notion de domaine familial. Par contre, on ne navigue à travers les époques. Le premier tome démarrait par le décès du patriarche et se concluait par le choix de sa fille de reprendre le domaine malgré sa non connaissance de cet univers. Cet opus reprend donc où le précédent nous avait laissé. On retrouve donc avec plaisir cette chère Alexandra pour qui on avait ressenti très vite de l’empathie.

Cette empathie envers l’héroïne était née très vite dans l’opus précédent. Elle arrivait des Etats-Unis pour les obsèques de son père. Ses frères l’incitent à vendre le domaine qui est un gouffre financier. Mais Alexandra, dans un élan de romantisme, décide de refuser cet état de fait et se met en tête de redonner au « Chêne Courbe » son lustre d’antan. Elle n’y connait rien mais ses compétences économiques et son envie doivent être ses outils. De plus, elles comptent sur ses frères pour l’accompagner. Mais ces derniers la lâchent et la mettent devant un ultimatum. Elle souffre mais ne renonce pas. Dans ce deuxième opus, comme son nom l’indique, elle profite des conseils dans un des plus grands œnologues du monde. Ce dernier l’accompagne dans son immersion dans cet univers. Ce parcours initiatique est assez passionnant. On s’implique pleinement en suivant les pas de notre jolie néophyte. Cet aspect de sa personnalité fait que le lecteur n’est pas uniquement spectateur et a une aisance à se mettre à la place du héros. C’est un choix scénaristique très intéressant à ce niveau-là.

Ce voyage dans le monde du vin permet de mettre en valeur la qualité et l’ampleur du travail de recherche de l’auteur. Sans tomber dans la tentation d’un cours magistral, Corbeyran arrive à nous faire découvrir ce monde sous tous ses aspects. Les rencontres entre Alexandra et l’œnologue nous présentent l’axe du vin pur, de sa qualité, de ses goûts. Je suis totalement inculte dans le domaine et j’ai pris énormément de plaisir à lire leurs différentes rencontres. Mais la dimension gustative est loin d’être la seule pour maitriser ce monde. Gérer un domaine a une dimension économique évidente mais également un aspect politique certain. Tout cela offre tous les ingrédients pour offrir une intrigue dans laquelle les coups bas sont légions et dans lesquels la confiance est une valeur toute relative. Les liens sont avant tout axés sur le pouvoir de nuisance. En tant que lecteur, notre attention est ainsi totalement sollicitée. Nos repères sont remis en cause en permanence. On n’arrive pas à statuer sur le camp de chacun des protagonistes. Qui est vraiment gentil ? A quoi pense untel ? Tel autre est-il si méchant ? Bref, cela nous offre une histoire prenante dans laquelle on souhaite de tout cœur la réussite d’Alexandra.

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Les dessins d’Espé accompagnent parfaitement notre lecture. Ils participent activement à notre immersion dans le monde du Médoc. Que ce soit les domaines viticoles, les châteaux ou encore les rues de la ville, tout participe à créer à ce monde dans lequel se construit cette histoire et dans lequel gravitent les différents protagonistes. Je pense que le travail de documentation mis en œuvre pour l’écriture du scénario est également mis à profit dans la création des décors. Espé n’a pas un style révolutionnaire ou qui marquent de manière indélébile le lecteur. Par contre, son style classique correspond parfaitement à cette saga familiale. Le travail de Dimitri Gofolin sur les couleurs accompagne parfaitement cet univers graphique.

En conclusion, « L’œnologue » est dans la lignée de la qualité du premier ouvrage. On se trouve dans une série classique mais agréable. Il s’agit d’un bon cru dans le genre. J’ai pris vraiment beaucoup de plaisir à m’immerger à nouveau dans les pas d’Alexandra. J’espère que le prochain tome sera de la même trempe mais cela est une autre histoire… 

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Note : 14/20

Le révérend, T1 : Les diables déchus du Nevada – Lylian & Augustin Lebon

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Titre : Le révérend, T1 : Les diables déchus du Nevada
Scénariste : Lylian
Dessinateur : Augustin Lebon
Parution : Octobre 2012


Les westerns semblent être revenus à la mode ces dernières années. Ainsi, l’année 2012 a vu accoucher d’une nouvelle série, « Le révérend », prévu comme un diptyque chez Emmanuel Proust. Hélas, la revente des éditions a mis le projet en pause. Les dernières nouvelles sont rassurantes. Espérons donc que la suite ne mettra pas trop de temps à paraître (et surtout, qu’elle paraîtra !). L’ensemble est scénarisé par Lylian et dessiné par Augustin Lebon dont c’est la première bande-dessinée.

LeReverend1aAngus est un fils de bonne famille. Lors de la traversée d’un désert du Nevada, en 1870, sa diligence est attaquée. Nous le retrouvons des années plus tard sous le pseudonyme du Révérend, un chasseur de primes impitoyable revenu se venger.

C’est donc une histoire classique de vengeance et de justicier solitaire qui nous est présenté dans ce western. Le classicisme est de mise ici, même si le scénario réserve son lot de surprise : saloon crasseux, diligences attaquées, prostituées, etc. On ressent aussi bien l’influence de « Blueberry » que de « Bouncer » (pour le dyptique façon vengeance). Le tout est suffisamment glauque même s’il manque encore un petit truc pour pleinement nous convaincre de la puissance de l’ouvrage. C’est l’inconvénient du diptyque : sans le tome 2, difficile de se faire vraiment une opinion. Le scénario est bien pensé et à la fin du livre, on sent que l’on a encore beaucoup à découvrir.

Un western pas si classique.

LeReverend1bLes westerns valent souvent le coup de part leurs personnages. C’est peut-être ici que le bât blesse. Le Révérend fait vraiment jeunot, le maître de la ville n’est pas assez graveleux… Certes, ce jeune chasseur de primes permet aussi une originalité, sortant de l’écueil du chasseur de prime à la barbe naissante… Encore une fois, la fin du livre remet aussi un peu en cause ce jugement. Difficile de voir ça comme un point faible du coup.

Au niveau du dessin, Augustin Lebon impressionne. Son trait est beau, fait de grandes cases détaillés et de plans variés. La mise en scène est très travaillée et on prend plaisir à feuilleter le livre de nouveau après lecture pour le simple plaisir d’admirer le dessin. Pour une première bande-dessinée, c’est une vraie réussite et on espère revoir souvent le dessinateur par la suite tant il est prometteur. Il y a déjà beaucoup de maturité dans ses planches.

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« Le Révérend » est une bande-dessinée de grande qualité. Son classicisme est un peu remis en cause par les dernières pages. Il faudra donc lire le deuxième et dernier tome pour se faire une idée précise et définitive sur cette bande-dessinée. En espérant qu’il sorte, car ne pas terminer ce projet serait un crime !

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Note : 15/20

Ce livre devrait me permettre de résoudre le conflit au Proche-Orient, d’avoir mon diplôme, et de trouver une femme, T1 – Sylvain Mazas

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Titre : Ce livre devrait me permettre de résoudre le conflit au Proche-Orient, d’avoir mon diplôme, et de trouver une femme, T1
Scénariste : Sylvain Mazas
Dessinateur : Sylvain Mazas
Parution : Juin 2012


Le point fort de « Ce livre devrait me permettre de résoudre le conflit au Proche-Orient, d’avoir mon diplôme, et de trouver une femme » est sans conteste son titre ! Complètement délirant, il attire l’attention immédiatement. Comme beaucoup de monde, j’ai donc emprunté le livre, voulant savoir ce qui pouvait bien se trouver dans ce curieux objet. Le tout est écrit et dessiné par Sylvain Mazas et publié chez Vraoum.

Le livre a précédemment été publié en Allemagne en 2007. En effet, l’auteur habite alors à Berlin, bien que français (c’est d’ailleurs le cas de son éditeur qui intervient plusieurs fois dans le livre). A l’époque, il part au Liban pour avoir son diplôme, trouver une femme et, donc, résoudre le conflit au Proche-Orient. Ne vous attendez pas à une bande-dessinée classique ici, ce n’est pas le cas. Le livre est construit majoritairement sur du texte qui est ensuite illustré par un dessin et/ou un schéma. Car l’auteur aime les schémas. Il le dit lui-même et les multiplie à foison. Tout ça pour nous expliquer pourquoi le Proche-Orient va mal alors que ça pourrait aller beaucoup mieux.

Un ton original et personnel.

Ce livre vaut avant tout pour le ton de son auteur qui est original et personnel. Plein de naïveté et de bon sens, il décrit des choses complexes avec simplicité, même si le lecteur attentif sera un peu dubitatif devant ses descriptions. Le tout est parsemé d’humour et de passages bien sentis.

Découpé en chapitres, le livre finit par tourner un peu en rond. Trop de texte, trop de schémas, on finit par se demander si Sylvain Mazas a tant de choses à raconter. Plus que le fond, c’est la forme qui étonne dans les premières pages. Mais au bout d’un moment, on s’en lasse, de même que les schémas nous laissent un peu indifférents. C’est marrant au début, beaucoup moins après. Le livre possède une forte pagination et on sent qu’il aurait pu être condensé.

Malgré tout, quelques bonnes idées et gags font mouche. On appréciera les interventions de l’éditeur, la recherche de l’amour comme running-gag efficace… Mais je reste un peu dubitatif dans le fait que ce soit un premier tome tant on a l’impression que l’auteur a fait le tour de la question.

Graphiquement, c’est minimaliste, mais les dessins appuient toujours intelligemment le texte. Il y a un rapport entre les parties texte et dessin qui rythme bien l’ensemble. Le dessin n’est jamais accessoire, il apporte toujours quelque chose à ce qui vient d’être lu.

Je suis passé un peu à côté de livre. Plutôt enthousiaste aux premières pages, le sourire aux lèvres, j’ai peu à peu perdu de l’intérêt pour les schémas de Sylvain Mazas. Ce qu’il raconte est souvent intéressant mais trop simpliste pour tenir dans la longueur. Car au milieu d’anecdotes libanaises très intéressantes, ses raisonnements pour trouver le bonheur tournent un peu en rond. À essayer quand même, car l’originalité du bouquin ne peut, elle, pas être remise en cause.

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Note : 11/20