Barracuda, T3 : Duel – Jean Dufaux & JĂ©rĂ©my

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Titre : Barracuda, T3 : Duel
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Parution : Novembre 2012


Les pirates ont un cĂŽtĂ© fascinant qui attire irrĂ©mĂ©diablement mes espoirs d’aventures bĂ©dĂ©philes. MĂȘme si les outils construisant la narration sont souvent les mĂȘmes, je prends toujours plaisir Ă  suivre ses histoires de chasse au trĂ©sor, de voyages au bout du monde et de pĂ©rĂ©grinations de flibustiers. « Barracuda », par la couverture de son premier opus, a immĂ©diatement attirĂ© mon regard. Une fois l’ouvrage dĂ©couvert, j’ai irrĂ©mĂ©diablement conquis. Le deuxiĂšme acte avait confirmĂ© la qualitĂ© de la saga. C’était donc avec joie que je me suis offert en novembre dernier le troisiĂšme tome rĂ©cemment paru et intitulĂ© « Duel ». On y dĂ©couvre Emilio, habillĂ© tel un gentilhomme, tĂȘte baissĂ©e, sous une nuit orageuse. Le travail sur les couleurs est remarquable, l’immersion instantanĂ©e. Nous voilĂ  de nouveau plongĂ© sur l’üle de Puerto Blanco.

Le scĂ©nario est le fruit du travail de Jean Dufaux dont j’avais apprĂ©ciĂ© « Murena ». La particularitĂ© de sa saga est qu’on est quasiment jamais en mer. Plus des trois quarts de l’intrigue se dĂ©roule sur l’üle prĂ©cĂ©demment Ă©voquĂ©e. Elle est rĂ©gie par les lois de la piraterie et nous fait rencontrer une communautĂ© aux personnalitĂ©s tranchĂ©es et souvent inquiĂ©tantes. L’unitĂ© de lieu offre de fortes interactions entre les diffĂ©rents protagonistes et fait de la trame une toile d’araignĂ©e aux nombreuses ramifications. Cela a pour consĂ©quence Ă©galement de partager le quotidien de tout ce beau monde et rend chacun familier. Les personnages possĂšdent une rĂ©elle identitĂ© tant sur le plan graphique que scĂ©naristique. Aucun ne nous laisse indiffĂ©rent. Je me garderai de vous faire le listing des diffĂ©rents habitants. Ce serait vous gĂącher le plaisir de les rencontrer et les dĂ©couvrir. Evidemment, chacun ne gĂ©nĂšre pas chez le lecteur les mĂȘmes sentiments. On s’attache Ă  certains, d’autres font naitre de la compassion. On ressent parfois de la peur ou on rit de certaines mĂ©saventures. Au final, on n’est pleinement impliquĂ© dans le quotidien contĂ© dans cet ouvrage.

Luttes de pouvoir & jalousie

Les deux premiers albums Ă©taient sĂ©parĂ©s par une vraie rupture chronologique. Les enfants qu’on avait quittĂ©s Ă©taient devenus des jeunes hommes et jeunes femmes. Cela donnait le sentiment que le deuxiĂšme acte marquait un nouveau dĂ©part pour la sĂ©rie. « Duel » est dans la continuitĂ© de l’opus prĂ©cĂ©dent. On retrouve les personnages Ă  l’endroit oĂč on les avait plus ou moins laissĂ©s. Chacun a trouvĂ© sa place. On dĂ©couvre ici de nouvelles tensions, de nouveaux drames Ă  venir. L’intrigue principale avance relativement peu. J’ai souvent tendance Ă  le reprocher Ă  ces sagas au long cours. Je ne le ferai pas ici tant les Ă©vĂ©nements vĂ©cus sur l’üle sont prenants et envoutants. L’amour cachĂ© entre Raffy et Maria est lourd de consĂ©quence. Le dĂ©sir de vengeance d’Emilio est intense et offrira des combats homĂ©riques. Comme toute sociĂ©tĂ©, les luttes de pouvoir et les jalousies sont les rouages du quotidien. Quant au Barracuda, on le voit accoster sur une Ăźle des plus angoissantes dans sa quĂȘte du trĂ©sor maudit. Bref, il y a de quoi s’occuper et la lecture s’avĂšre intense et saisissante.

Les dessins sont l’Ɠuvre de JĂ©rĂ©my. J’ai dĂ©couvert cet auteur en mĂȘme temps que cette sĂ©rie. Mon premier contact avec son trait a Ă©tĂ© relativement neutre. Je trouvais les personnages relativement froids au niveau de leurs expressions. Mais l’impression initiale a vite Ă©tĂ© noyĂ©e par le plaisir que j’ai pris Ă  le voir faire naitre des scĂšnes Ă  l’ampleur forte. Son travail sur les corps et les volumes, sa capacitĂ© Ă  crĂ©er des dĂ©cors, sa maniĂšre Ă  jouer avec les couleurs pour faire naitre des ambiances fortes font que le dĂ©paysement est total. Il s’agit d’une condition indispensable Ă  une lecture agrĂ©able. JĂ©rĂ©my la remplit aisĂ©ment. Le combat entre Emilia et Morkat est Ă©pique. On sent la violence du combat. On sent l’humiditĂ© de la pluie. On perçoit l’atmosphĂšre orageuse qui abrite ce duel sur la plage.

En conclusion, ce troisiĂšme tome consolide l’affection que je porte Ă  cette sĂ©rie. Je l’ai lu avec un plaisir fort et j’ai senti une frustration en refermant le bouquin, une fois terminĂ©. Il  ne me reste plus qu’à attendre la sortie du quatriĂšme tome. L’intrigue est suffisamment vague et dense pour qu’on devine difficilement oĂč veulent nous mener les auteurs. Dans le cas prĂ©sent, le sentiment d’avancer Ă  l’aveugle et d’ĂȘtre perdu n’est pas dĂ©sagrĂ©able, bien au contraire. Je ne peux donc que conseiller aux adeptes de pirates de partir Ă  la rencontre de cette sĂ©rie. Elle vaut largement le dĂ©tour et ravira les adeptes du genre. Et ils sont nombreux


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Note : 17/20

Uchronie(s) – New Beijing, T1 – Eric Corbeyran & AurĂ©lien MoriniĂšre

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Titre : New Beijing, T1
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Aurélien MoriniÚre
Parution : Septembre 2012


« Uchronie(s)» est une sĂ©rie de science-fiction particuliĂšrement bien construite. Il s’agit de trois trilogies intitulĂ©s « New Byzance », « New York » et « New Harlem » qui contaient chacune une rĂ©alitĂ© diffĂ©rente qui se voyaient toutes rĂ©unies dans un dixiĂšme album. La construction narrative Ă©tait remarquable et originale. Il s’agissait d’un vrai travail de scĂ©nariste qui possĂ©dait un dĂ©nouement Ă  la hauteur de l’idĂ©e initiale. Ce n’était pas rien. C’est pourquoi j’ai Ă©tĂ© surpris lorsque j’ai vu une nouvelle trilogie construite sur le mĂȘme principe. Il s’agira de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». Ma critique d’aujourd’hui porte sur le premier acte de la premiĂšre citĂ©e. Cet opus est apparu dans les librairies le vingt-six septembre dernier. Toujours Ă©ditĂ© chez GlĂ©nat, cet ouvrage se compose d’une grosse quarantaine de pages. Le format est classique et le prix avoisine quatorze euros. La couverture est dans la lignĂ©e des prĂ©cĂ©dents tomes. On y dĂ©couvre le personnage principal entourĂ© de deux inconnues chinoises. Le second plan nous prĂ©sente une mĂ©galopole Ă  l’architecture asiatique. Le ton orange de l’illustration participe au dĂ©paysement. Le point commun avec la saga prĂ©cĂ©dente est Ă©videmment le nom de son auteur, Eric Corbeyran. Le cĂ©lĂšbre auteur de « Le chant des stryges » s’associe ici avec un nouveau dessinateur nommĂ© AurĂ©lien MoriniĂšre que je dĂ©couvre ici.

L’histoire se place dans la continuitĂ© de la premiĂšre dĂ©calogie. NĂ©anmoins, il doit ĂȘtre possible d’entamer la dĂ©couverte avec cet opus. On y dĂ©couvre Zack et ses deux parents apparaitre dans une nouvelle rĂ©alitĂ© : New Beijing. Ici, le monde souffre d’un oppresseur diffĂ©rent de celui subi dans « New Harlem ». Mais la dictature reste source de souffrance quel que soit son interprĂšte. Suite Ă  une utilisation de monnaie non lĂ©gale, les trois personnages se voient sĂ©parĂ©s dans des camps de travail qui les verra dĂ©couvrir ainsi ce nouvel univers dans lequel ils sont amenĂ©s Ă  jouer un rĂŽle


Science-fiction & réalités parallÚles.

Cet album s’adresse Ă  un public adepte de science-fiction et de rĂ©alitĂ©s parallĂšles. Les afficionados du genre seront ravis de se plonger dans cet univers. La richesse de la sĂ©rie rĂ©side dans le fait que chaque rĂ©alitĂ© correspond Ă  une uchronie relativement crĂ©dible sur le plan politique. « New Harlem » marquait la domination du peuple noir sur le monde, « New Byzance » l’hĂ©gĂ©monie du monde musulman. « New Beijing » indique d’aprĂšs son nom que la Chine a pris le pouvoir. Il est donc intĂ©ressant de dĂ©couvrir un fonctionnement mondial suffisamment diffĂ©rent pour nous intriguer et suffisamment proche pour apparaitre rĂ©aliste.

On dĂ©couvre donc avec plaisir ce nouvel ordre sociĂ©tal en suivant les pas des trois personnages principaux. Ils sont familiers aux lecteurs de la premiĂšre sĂ©rie. Cela fait que l’auteur s’épargne une nouvelle prĂ©sentation et offre ainsi une mise en situation rapide. NĂ©anmoins, ils perlent tout au long de la narration des informations qui permettent Ă  tous de maĂźtriser les grandes lignes du passĂ© du trio. Il est Ă©vident que la surprise du fait que les hĂ©ros peuvent passer d’une rĂ©alitĂ© Ă  l’autre a disparue depuis les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents. Il s’agit d’un prĂ©requis qui ne fait pas naitre la mĂȘme curiositĂ© que dans la dĂ©couverte initiale des aventures de Zach. MalgrĂ© tout, cette absence de rĂ©volution scĂ©naristique est compensĂ©e par le plaisir de retrouver un monde qu’on avait quittĂ© avec regret il y a quelques temps.

La difficultĂ© rĂ©side Ă  faire renaitre l’enthousiasme Ă  partir d’une recette qui a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© optimisĂ©e a priori. Le goĂ»t n’a pas toujours la mĂȘme intensitĂ© quand il ne nous est plus inconnu. Je n’ai pas eu le sentiment de dĂ©vorer avec appĂ©tit ce « New Beijing ». Mais cela ne m’a pas empĂȘchĂ© de ressentir un vrai attrait pour l’intrigue une fois que je m’y suis plongĂ©. La frustration de voir l’album se clore Ă©tait rĂ©elle et gage d’une certaine rĂ©ussite. L’intrigue n’est pas trop diluĂ©e mĂȘme on espĂšre toujours qu’elle soit davantage dense. Les jalons posĂ©s dans cet acte sont intĂ©ressants dans le sens oĂč ils se dĂ©marquent des tenants et aboutissants de la trame connue jusqu’alors. Il est Ă©vident que la matiĂšre noire possĂšde un rĂŽle central dans l’histoire mais son exploitation potentielle diffĂšre de ce qu’on connaissait jusqu’à maintenant.

« New Beijing » marque l’arrivĂ©e d’un nouveau dessinateur dans l’univers « Uchronie(s) ». Il fait d’ailleurs une entrĂ©e remarquĂ©e puisqu’il se voit Ă©galement confiĂ© l’illustration de « New Delhi ». Son trait ne rĂ©volutionne pas le genre. NĂ©anmoins, cela n’empĂȘche pas les planches de s’avĂ©rer dynamique. Le dĂ©coupage des cases associĂ© Ă  une capacitĂ© Ă  intĂ©grer du mouvement dans ses dessins font que la narration ne s’appuie pas sur des illustrations passives et statiques. Je trouve que les scĂšnes faisant intervenir les personnages sont trĂšs Ă©purĂ©es. Je regrette parfois que les dĂ©cors n’y trouvent pas une place plus grande. La consĂ©quence que certaines planches de dialogues semblent fades du fait de l’absence de densitĂ© et de diversitĂ© dans les seconds plans. Concernant les couleurs, elles sont l’Ɠuvre de Svart. Elles sont relativement simples mais gĂ©nĂšrent malgrĂ© tout une atmosphĂšre Ă  la lecture.

En conclusion, j’ai pris un vrai plaisir Ă  dĂ©couvrir « New Beijing » et l’univers auquel cet opus appartient. Les risques de dĂ©ception Ă©taient nombreux mais se sont avĂ©rĂ©s sans lendemain. Il est Ă©vident que cet album n’est que la premiĂšre marche d’une trame longue et complexe. Il faudra donc attendre pour se faire une idĂ©e plus prĂ©cise de l’intrigue. Les premiers indices rĂ©sideront dans ma lecture de « New Moscow » paru le mois dernier. Mais cela est une autre histoire


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Note : 13/20

Les aventures de la fin du monde – Vincent Caut

LesAventuresDeLaFinDuMonde


Titre : Les aventures de la fin du monde
Scénariste : Vincent Caut
Dessinateur : Vincent Caut
Parution : Avril 2012


Vincent Caut est un auteur de bande-dessinĂ©e prĂ©coce. AprĂšs avoir gagnĂ© des prix de la BD scolaire Ă  AngoulĂȘme, il parvient Ă  faire Ă©diter son blog sur sa vie d’étudiant. « Les aventures de la fin du monde » (qui eut l’honneur d’un blog, aujourd’hui fermĂ©) narre l’histoire de Monsieur Toupin et Madame Billot, sa secrĂ©taire. Dieu les a choisis pour reconstruire le monde. En effet, ils n’avaient alors vĂ©cu sur le brouillon de la Terre, il faut tout refaire (en mieux). Le tout est publiĂ© chez 12 bis pour 110 pages au prix de 13,90 €.

La bande-dessinĂ©e est construite sous forme de strips de 6 cases carrĂ©es. Chaque strip amĂšne une chute et une histoire en dĂ©coule. Ce procĂ©dĂ© a Ă©tĂ© abondamment utilisĂ© par Lewis Trondheim que ce soit dans le passĂ© (« Le pays des trois sourires », « Politique Ă©trangĂšre », « Fennec ») ou mĂȘme aujourd’hui avec « L’atelier mastodonte ». On retrouve chez Vincent Caut cette influence de façon trĂšs marquĂ©e. L’humour, l’absurde, le minimalisme graphique, tout rappelle Lewis Trondheim.

La GenĂšse version 2.0

LesAventuresDeLaFinDuMonde2Vincent Caut essaye donc de crĂ©er sa propre identitĂ© sur un sujet Ă©culé : Adam, Ève et Dieu. Au dĂ©part, l’idĂ©e de faire une sorte de GenĂšse 2.0 est plutĂŽt bien pensĂ©e. Malheureusement, le sujet est finalement peu utilisĂ©. En revanche, la reprĂ©sentation de Dieu sous forme de pomme est lĂ  parfaitement exploitĂ©e du dĂ©but Ă  la fin.

Les gags fonctionnent plutĂŽt bien, sans que l’on ne rie vraiment. On sourit parfois, mais cela manque de folie ou de chutes vraiment percutantes. Il faut dire que le dessin est minimaliste et participe peu Ă  l’humour. Les gags visuels sont trĂšs rares et les expressions des personnages sont particuliĂšrement limitĂ©es (Adam n’a pas d’yeux par exemple). C’est aussi lĂ  qu’on touche un peu aux limites de l’ouvrage. Avec un dessin trĂšs simple, Vincent Caut doit s’appuyer uniquement sur son scĂ©nario pour convaincre. Surtout qu’il a dĂ©jĂ  produit des ouvrages aux personnages bien plus expressifs. Or, avec un sujet maintes fois abordĂ©, il manque ici un peu d’originalitĂ©, de folie ou de constance dans l’humour.

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Ces « aventures de la fin du monde » laissent un goĂ»t d’inachevĂ©. On lit l’ouvrage avec plaisir, mais sans vraiment rire. Et Ă  la fermeture du livre, on l’oublie rapidement. C’est dommage car on sent le potentiel devant certaines idĂ©es pas toujours suffisamment exploitĂ©es.

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Note : 11/20

Magasin sexuel, T2 – Turf

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Titre : Magasin sexuel, T2
Scénariste : Turf
Dessinateur : Turf
Parution : Novembre 2012


Le premier tome de « Magasin sexuel » traĂźnait un peu en longueur. Pas vraiment drĂŽle, pas vraiment grinçant, il se situait dans un satyre lĂ©gĂšre de la campagne. La sex-shop ambulant, prĂ©sentĂ© comme majeur (Ă  voir le titre et la couverture), n’était finalement que trĂšs secondaire. Ce deuxiĂšme opus vient clore cette histoire publiĂ©e chez Delcourt.

Tout commence par le maire Orloff qui essaie de convaincre son conseil municipal de construire une gare TGV, sachant qu’il n’y a pas de voie ferrĂ©e Ă  moins de 70 kilomĂštres du village. Pour rappel, il y a 234 habitants au village. Orloff s’énerve, insulte un peu tout le monde
 VoilĂ  « Magasin sexuel » : c’est caricatural, excessif, mais pas bien drĂŽle.

Entre humour et satyre.

MagasinSexuel2aL’intrigue principale concerne donc le maire rĂ©ac et rĂ©tro qui tombe sous le charme d’Amandine, jeune fille Ă  la tĂȘte d’un sex shop et qui, logiquement, n’apprĂ©cie pas vraiment M. Orloff qu’elle trouve lourd et bĂȘte. Une autre intrigue se mĂȘle : celle de la disparition des lettres d’enseigne. Cela fait quelques jeux de mot, l’occasion pour le lecteur de sourire.

A la fermeture du diptyque, on se demande un peu l’intĂ©rĂȘt d’avoir fait deux tomes. L’intrigue traĂźne. Cela pourrait permettre de dĂ©velopper les personnages, mais ce n’est pas du tout le cas. Le fait qu’Amandine soit orpheline n’apporte rien par exemple. Et comme l’auteur reste un peu entre humour et satyre, sans vraiment choisir son camp, le lecteur a bien du mal Ă  adhĂ©rer.

Au niveau du dessin, je n’ai pas Ă©tĂ© sĂ©duit par le trait de Turf. Son dĂ©coupage est variĂ©, souvent riches en cases. Je trouve le dessin un peu irrĂ©gulier. De beaux efforts sont faits sur les dĂ©cors et ses les ambiances, mais on n’en peut plus de voir la tĂȘte du maire !

« Magasin sexuel » m’a beaucoup déçu. Clairement, le thĂšme ne se situait pas du tout dans un clash entre la campagne et la sexualitĂ©. Du coup, le fond de l’ouvrage se rĂ©vĂšle bien lĂ©ger. Mais c’est cela, « Magasin sexuel » : c’est lĂ©ger, sans prĂ©tention et plein de couleurs vives. Pour ma part, je passe mon tour.

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Note : 8/20

Kick-Ass 2, T1 : Restez groupĂ©s ! – Mark Millar & John Romita Jr.

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TItre : Kick-Ass 2, T1 : Restez groupés !
Scénariste : Mark Millar
Dessinateur : John Romita Jr.
Parution : Juin 2012


« Kick-Ass 2 » est, comme son nom l’indique, la suite de « Kick-Ass ». J’avais dĂ©couvert cet univers par son adaptation cinĂ©matographique. J’avais trouvĂ© le film vraiment excellent et m’étais donc intĂ©ressant au comic qui l’avait inspirĂ©. MĂȘme si le bouquin n’atteignait pas la qualitĂ© de son passage sur grand Ă©cran, j’étais suffisamment curieux pour m’intĂ©resser aux nouvelles aventures du hĂ©ros. L’ouvrage que je me suis offert regroupe les quatre premiers chapitres Ă©ditĂ©s aux Etats-Unis. ComposĂ© d’une centaine de pages, le bouquin est Ă©ditĂ© chez Panini Comics dans la collection 100% Fusion Comics. D’un format comics classique, il est vendu pour un petit peu plus de onze euros et est apparu dans les rayons en juin dernier. Le scĂ©nario est l’Ɠuvre de Mark Millar et les dessins de John Romita Jr.

Le premier tome nous avait permis de dĂ©couvrir Dave, adolescent geek des plus classiques. NĂ©anmoins, il dĂ©cide de devenir superhĂ©ros sans pouvoir ni structure derriĂšre lui. Il erre donc dans la rue costumĂ© dans le but d’aider qui en aurait besoin. Mais quand on est un nerd et qu’on croise les mĂ©chants, on ramasse. NĂ©anmoins, il obtient une popularitĂ© Ă©norme quand une de ses interventions fait la une sur Youtube. Sa cĂ©lĂ©britĂ© le met en contact avec Hit Girl et Big Daddy, deux superhĂ©ros qui ne rigolent pas. La premiĂšre dĂ©mantĂšlera dans le sang la mafia locale pendant que son pĂšre meurt de tortures. Mais Red Mist, ennemi jurĂ© de Kick-Ass rĂȘve de vengeance


La violence habite toutes les pages.

Cette suite dĂ©bute de maniĂšre plutĂŽt calme. Hit Girl essaie de devenir une fille de dix ans comme les autres. Kick-Ass rĂȘve de voir une association de superhĂ©ros se former. Son souhait se rĂ©alise quand il est contactĂ© par un groupe de vengeurs masquĂ©s. Ils sont prof, employĂ© ou Ă©tudiant le jour. Mais la nuit ils deviennent Night-Bitch, Insect-Man ou le Colonel. Mais leur idĂ©al prend du plomb dans l’aile quand rĂ©apparait Red Mist et sa clique. Je dois tout de suite vous prĂ©ciser que ce bouquin ne s’adresse pas Ă  tous les publics. La violence habite quasiment toutes les pages et le dessin se fait le devoir d’ĂȘtre particuliĂšrement explicite. Il faut le savoir avant de s’y plonger. Les auteurs ne se fixent pas vraiment de limites dans le domaine.

Mais « Kick-Ass 2 » n’est pas uniquement un amas de trash, de gore et de violence. Je trouve que l’histoire est plutĂŽt intĂ©ressante. Il n’est jamais Ă©vident d’offrir une suite Ă  une intrigue qui n’en nĂ©cessitait pas forcĂ©ment. On se laisse prendre par les diffĂ©rentes voies choisies par le scĂ©nariste. L’arrivĂ© de Kick-Ass dans une guilde de superhĂ©ros, la difficultĂ© pour Hit Girl pour ĂȘtre « normale », les rapports entre Dave et son pĂšre, le retour de Red Mist
 Tout cela offre une lecture plutĂŽt prenante. J’ai dĂ©couvert la centaine de pages avec curiositĂ© et empressement. La derniĂšre page attise notre volontĂ© de dĂ©couvrir la suite au plus vite. La montĂ©e en intensitĂ© ne cesse tout au long de la narration. Les premiĂšres pages sont le calme qui prĂ©cĂšde une tempĂȘte qui ne cesse de grandir.

L’intĂ©rĂȘt de Kick-Ass rĂ©side dans le fait qu’il est super hĂ©ros qui n’est ni super ni hĂ©ros. Il est un adolescent avec un costume. Il n’a que sa bonne volontĂ© comme arme. Cela gĂ©nĂšre logiquement une empathie pour Dave. On s’identifie facilement Ă  son quotidien puisqu’il n’a finalement rien qu’on ne peut avoir. Le fait qu’il traine tous les codes du loser le rend profondĂ©ment sympathique. Contrairement Ă  la version cinĂ©matographique, la jolie fille du lycĂ©e le dĂ©teste et ne lui parle pas. « Tout est bien qui finit bien » semble ĂȘtre bien peu adaptĂ© aux aventures de notre hĂ©ros. Cela participe au plaisir de la lecture.

N’étant ni adepte ni connaisseur des comics, les dessins de John Romita Jr sont d’un genre diffĂ©rent de celui de mes lectures habituelles. La dĂ©couverte n’est pas dĂ©sagrĂ©able. Je trouve les pages trĂšs denses sur le plan des couleurs et des illustrations. On est loin du style Ă©purĂ© de certains auteurs. Les personnages sont trĂšs expressifs et excessifs. L’auteur se fait Ă©galement plaisir dĂšs que l’action est de sortie. Sa reprĂ©sentation de la violence ne laisse pas indemne. Je trouve que cela participe Ă  l’atmosphĂšre de la lecture quitte Ă  gĂ©nĂ©rer un malaise Ă  certains moments.

En conclusion, cet ouvrage offre une suite honorable Ă  l’Ɠuvre de dĂ©part. Je me suis laissĂ© prendre dans l’histoire sans chercher pour autant Ă  me montrer trĂšs exigeant avec une sĂ©rie que je trouve divertissante sans ĂȘtre mĂ©morable. Il rĂ©pondra aux adeptes des lecteurs curieux de connaitre la suite des aventures de Dave. Je suis d’ailleurs curieux de dĂ©couvrir le second tome de « Kick-Ass 2 » pour connaitre le dĂ©nouement de cette histoire aux tendances apocalyptiques


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Note 12/20

Slhoka, T6 : Les mĂ©andres – Ulrig Godderidge & Ceyles

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Titre : Slhoka, T6 : Les méandres
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Août 2012


« Les mĂ©andres » est le sixiĂšme tome de « Slhoka ». Il est apparu dans les librairies au mois d’aoĂ»t dernier. Toujours Ă©ditĂ© chez Soleil, il prolonge le second cycle de la saga nĂ© dans l’opus prĂ©cĂ©dent. Je suis les aventures du hĂ©ros Ă©ponyme depuis ses premiĂšres aventures datant d’un petit peu plus de dix ans. Je trouve ses pĂ©rĂ©grinations sympathiques. Elles se dĂ©roulent au croisement de la fantasy et de la science-fiction. Le scĂ©nariste de cette sĂ©rie est Ulrig Godderidge. Je ne connais son travail qu’à travers cette histoire-lĂ . Au cours des trois premiers actes, les dessins sont l’Ɠuvre d’Adrien Floch. Depuis le dĂ©part de ce dernier vers « Les naufragĂ©s d’Ythaq », les illustrations sont l’Ɠuvre de Ceyles. La rupture graphique a Ă©tĂ© rude et m’a Ă©tĂ© difficile. NĂ©anmoins, mis devant le fait accompli, il a fallu s’y faire et prendre de nouvelles habitudes.

L’album prĂ©cĂ©dent se dĂ©roulait dix ans aprĂšs le dĂ©nouement du prĂ©cĂ©dent. Slhoka, grĂące Ă  ses pouvoirs, avait sauvĂ© le monde et avait vu parallĂšlement sa vie tomber dans le dĂ©sespoir et l’alcool. C’est globalement cet Ă©tat de fait que nous prĂ©sentait le cinquiĂšme Ă©pisode. On voyait la fine Ă©quipe se reformer bon grĂ© mal grĂ©. Le synopsis proposĂ© sur la quatriĂšme de couverture de « Les mĂ©andres » prĂ©sente la situation avec les mots suivants : « La ZeĂŻde a Ă©vitĂ© le pire grĂące au pouvoir de Slhoka. Mais une question reste sans rĂ©ponse : qui se cache derriĂšre les indestructibles rhoukes et les chimĂšres volantes ? C’est la nouvelle mission de Slhoka et ses compagnons d’armes, envoyĂ©s en reconnaissance dans la capitale rhouke. Avec l’aide de la Ghuilde des Marchandises. Mais Slhoka n’est pas au bout de ses peines car ShanĂŻ, qui habite son corps, semble n’en faire qu’à sa tĂȘte. »

Une intrigue sans grand intĂ©rĂȘt.

Le scĂ©nariste ne perd pas de temps Ă  nous exposer les prĂ©requis nĂ©cessaires Ă  la comprĂ©hension complĂšte des tenants et des aboutissants de l’intrigue. Ayant lu une nouvelle fois l’intĂ©gralitĂ© des tomes de la sĂ©rie avant de me plonger dans « Les mĂ©andres », je n’ai pas souffert de choix. Je ne peux que vous conseiller de faire de mĂȘme au risque d’ĂȘtre perdu au beau milieu d’un sac de nƓuds qui ne brille dĂ©jĂ  pas par son cadre rigoureux. On reprend l’histoire oĂč elle nous avait laissĂ©. Il n’y a pas de rupture narrative. J’ai pris plaisir Ă  retrouver ces personnages familiers rĂ©unis Ă  nouveau. La maladresse et le pouvoir de Slhoka, le caractĂšre et les qualitĂ©s guerriĂšres de la charmante SvendaĂŻ, la rudesse et la force du Kraal Ă©taient donc de retour. La rĂ©ussite de ce type d’histoire rĂ©side en partie dans la qualitĂ© de son casting. Ces groupes hĂ©tĂ©rogĂšnes doivent donner lieu Ă  des moments drĂŽles et touchants qui permettent Ă  la trame de se montrer plus Ă©paisse et rythmĂ©e. Le plaisir de ce genre de lecture rĂ©side avant tout dans l’empathie ressentie pour les protagonistes plus que tout autre chose.

NĂ©anmoins, le listing des participants ne suffit pas Ă  garantir la rĂ©ussite d’un album. « Les mĂ©andres » en est la preuve mais, hĂ©las, nĂ©gativement. L’intrigue y est sans grand intĂ©rĂȘt. On ne fait que suivre les diffĂ©rentes crises de colĂšre du hĂ©ros. Toutes les quatre pages, il s’énerve et exploite donc son pouvoir destructeur. C’est rĂ©pĂ©titif et donc assez vite lassant. On a l’impression que l’histoire n’en aurait pas Ă©tĂ© pĂ©nalisĂ©e en divisant le nombre de pages par deux. Aucune information n’aurait Ă©tĂ© Ă©garĂ©e. Par contre, notre attrait n’aurait peut-ĂȘtre disparu. De plus, les personnages principaux sont rapidement sĂ©parĂ©s. La place de SvendaĂŻ et du Kraal devient trĂšs secondaire et cela m’a déçu. Ils sont bien moins fades que Slhoka. Construire tout l’épisode autour de ce dernier fait que l’humour disparait totalement de la lecture. Cela fait qu’on se concentre davantage sur le dĂ©roulement des Ă©vĂ©nements. Ce dernier s’avĂšre confus et sans grand intĂ©rĂȘt. Tout ne tourne pas en rond mais avance bien lentement. Le sentiment de dilution toujours dĂ©sagrĂ©able commence Ă  naitre. C’est dommage.

J’évoquais en introduction la rupture graphique nĂ©e du changement de dessinateur Ă  partir du quatriĂšme tome. Je vous avoue que je prĂ©fĂ©rai le travail de Floch. Ce n’est pas nĂ©cessairement une question de qualitĂ© pure mais de style. Je ne maitrise pas le vocabulaire spĂ©cifique du dessin et aurai du mal Ă  argumenter mon opinion. Je trouve que les personnages apparaissent moins travaillĂ©s. Ils sont moins attachants graphiquement. De plus, ils apparaissent tout le temps dans l’excĂšs sans forcĂ©ment que l’histoire ne le justifie tout le temps. Dans la mĂȘme logique, je trouve que le travail sur les couleurs est trop simple et souffre de la comparaison avec la qualitĂ© des sĂ©ries du mĂȘme genre. Il est possible que d’autres lecteurs soient sĂ©duits par les illustrations de Ceyles. Je me contenterai de dire que son trait et moi ne nous sommes pas trouvĂ©s.

Pour conclure et ma critique ne s’en cache pas, je suis sorti déçu de ma lecture. « Les mĂ©andres » a tendance Ă  donner corps Ă  l’idĂ©e comme quoi ce second cycle est de trop. La graine de ce sentiment avait Ă©tĂ© plantĂ©e dans le tome prĂ©cĂ©dent. Ma dĂ©couverte de ce dernier opus a tendance Ă  l’arroser de maniĂšre soutenue. J’ai du mal Ă  voir comment Godderidge veut prolonger les aventures de son hĂ©ros. Mais mon affection pour les premiĂšres aventures de Slhoka me fait croire que le prochain Ă©pisode sera meilleur. Mais l’espoir ne sera pas Ă©ternel
 

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Note : 8/20

Le loup des mers – Riff Reb’s

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Titre : Le loup des mers
ScĂ©nariste : Riff Reb’s
Dessinateur : Riff Reb’s
Parution : Novembre 2012


Les rĂ©cits de piraterie ont toujours exercĂ© une forme de fascination auprĂšs du lectorat. La rudesse des hommes, la nature impitoyable et la mer, Ă  perte de vue. Ainsi, alors que le sujet avait poussĂ© Jack London Ă  Ă©crire un roman sur le sujet, Riff Reb’s s’empare de l’histoire de ce dernier pour la mettre en images. N’ayant pas lu le roman dont il est question, je me garderai de toute comparaison. Le livre, prĂ©sentĂ© sous un format comics, pĂšse pas moins de 130 pages et est publiĂ©e dans la collection Noctambule aux Ă©ditions Soleil.

L’histoire commence alors que Humphrey Van Weyden prend le bateau pour rejoindre l’un des ses amis. L’homme est un gentleman, critique littĂ©raire de mĂ©tier. Seulement, le voyage tourne court suite Ă  une mauvais grain entraĂźnant un naufrage dramatique pour l’homme. Ce dernier est recueilli alors par Loup Larsen, un pirate qui enrĂŽle l’homme de force comme mousse.

Un lien fait de haine et de fascination.

On suit alors la survie d’Humphrey Ă  bord du navire. LĂ -dessus, rien de nouveau sous les tropiques. D’abord trop fragile, il va finir par s’aguerrir, se faire des alliĂ©s et monter dans la hiĂ©rarchie. Son cĂŽtĂ© intellectuel plaĂźt Ă  Loup Larsen qui, sous ses dehors cruels, possĂšde une culture des plus impressionnantes. Un lien se crĂ©e entre les deux hommes, fait de haine et de fascination. Clairement, c’est lĂ -dessus que le livre propose toute sa force. Le sujet est traitĂ© avec subtilitĂ©. Les changements d’attitude des personnages entre eux sont finement amenĂ©s, jusqu’au bout de l’aventure.

LeLoupDesMers2Cependant, outre les relations humaines, on est pris d’empathie pour Humphrey et le vĂ©ritable suspense de l’ouvrage est ici : pourra-t-il se soustraire de Loup Larsen ? Une quĂȘte qui paraĂźt impossible tant le capitaine possĂšde un cĂŽtĂ© surnaturel exacerbĂ© par son charisme. Si bien que le lecteur tombe aussi sous le charme de ce personnage fort et atypique.

La construction de l’ouvrage est basĂ© essentiellement sur une narration omniprĂ©sente qui cite, je le suppose, des passages du livre. On lit donc l’histoire racontĂ©e par Humphrey. Le livre est constituĂ© de dix-sept chapitres agencĂ©s chronologiquement.

Graphiquement, Riff Reb’s frappe trĂšs fort. MĂ©lange de diffĂ©rentes techniques, son graphisme est simplement splendide. Outre ses personnages, aux attitudes fortes, c’est dans la reprĂ©sentation de la mer qu’il explose littĂ©ralement. Plus les scĂšnes semblent difficiles Ă  dessiner, plus elles sont rĂ©ussies. Les tempĂȘtes sont ainsi magistralement rendues. Le tout est colorisĂ© de façon monochrome, chaque chapitre possĂ©dant sa propre couleur. Un choix payant tant l’ouvrage est fort sur ce point-lĂ . Outre la duretĂ© du propos, Riff Reb’s accentue le tout avec un dessin Ă  la fois personnel et puissant. Du grand art.

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Si le sujet du « Loup des mers » n’est pas vraiment original, il faut avouer qu’il est traitĂ© ici avec beaucoup d’intensitĂ©. DotĂ© d’une narration fluide et d’un graphisme splendide, on dĂ©vore ce livre de la premiĂšre Ă  la derniĂšre page, se prenant rĂ©guliĂšrement des claques devant le talent de l’auteur. A lire absolument !

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Note : 18/20

ChĂąteaux Bordeaux, T2 : L’oenologue – Eric Corbeyran & EspĂ©

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Titre : Chñteaux Bordeaux, T2 : L’Ɠnologue
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Espé
Parution : Mars 2012


« L’Ɠnologue » est le deuxiĂšme tome de la sĂ©rie « ChĂąteaux Bordeaux » nĂ©e il y a peu de temps. Le premier album m’avait beaucoup plu. Je m’étais laissĂ© prendre par cette histoire. Je n’ai donc eu aucun mal Ă  m’offrir rapidement la suite apparue dans les librairies il y a un petit peu plus de deux mois. EditĂ© chez GlĂ©nat, cet ouvrage de format classique est vendu pour environ quatorze euros. La couverture nous prĂ©sente une jeune femme entrant dans une cave remplie de tonneaux. La thĂ©matique viticole prĂ©sentĂ©e par le titre se confirme par l’image. Les tons marron et jaunes gĂ©nĂšrent une atmosphĂšre envoutante. Le travail d’EspĂ© est donc dans la lignĂ©e de ses travaux habituels. Mais, malgrĂ© ses talents, ce n’est pas le nom du dessinateur qui m’avait attirĂ© vers cet ouvrage. C’est le nom d’Eric Corbeyran comme scĂ©nariste qui m’avait incitĂ© Ă  dĂ©couvrir cette nouvelle histoire. Depuis « Le chant des stryges », « Uchronies » ou encore « Black Stone » plus rĂ©cemment je suis trĂšs attentif aux diffĂ©rentes parutions nĂ©es de la plume de cet auteur prolifique


La quatriĂšme de couverture de l’album nous offre les mots suivants : « DĂ©terminĂ©e Ă  reprendre en main le « ChĂȘne Courbe », un vaste domaine viticole situĂ© au cƓur du MĂ©doc, Alexandra Baudricourt se retrouve rapidement au pied du mur. D’un cĂŽtĂ©, elle doit affronter l’hostilitĂ© de son entourage de l’autre, elle sait que pour rĂ©ussir elle va devoir tout apprendre car la production d’un grand cru ne s’improvise pas. Tandis qu’elle tente de percer les secrets de la propriĂ©tĂ© familiale, la jeune femme s’initie Ă  la dĂ©gustation aux cĂŽtĂ©s d’un Ɠnologue rĂ©putĂ© afin de pouvoir se consacrer pleinement Ă  sa nouvelle passion
 »

Une grande saga familiale.

chateaubordeaux2a« ChĂąteaux Bordeaux » entre la catĂ©gorie de ces grandes sagas familiales. Bon nombre de sĂ©ries de bandes dessinĂ©es nous ont immergĂ©s Ă  travers les mĂ©andres de cĂ©lĂšbres familles sur plusieurs gĂ©nĂ©rations. On peut citer « Les maitres de l’orge » en est un cĂ©lĂšbre exemple. NĂ©anmoins, la sĂ©rie que j’évoque aujourd’hui n’a pas fait tout Ă  fait le mĂȘme choix. On retrouve l’unitĂ© de lieu et la notion de domaine familial. Par contre, on ne navigue Ă  travers les Ă©poques. Le premier tome dĂ©marrait par le dĂ©cĂšs du patriarche et se concluait par le choix de sa fille de reprendre le domaine malgrĂ© sa non connaissance de cet univers. Cet opus reprend donc oĂč le prĂ©cĂ©dent nous avait laissĂ©. On retrouve donc avec plaisir cette chĂšre Alexandra pour qui on avait ressenti trĂšs vite de l’empathie.

Cette empathie envers l’hĂ©roĂŻne Ă©tait nĂ©e trĂšs vite dans l’opus prĂ©cĂ©dent. Elle arrivait des Etats-Unis pour les obsĂšques de son pĂšre. Ses frĂšres l’incitent Ă  vendre le domaine qui est un gouffre financier. Mais Alexandra, dans un Ă©lan de romantisme, dĂ©cide de refuser cet Ă©tat de fait et se met en tĂȘte de redonner au « ChĂȘne Courbe » son lustre d’antan. Elle n’y connait rien mais ses compĂ©tences Ă©conomiques et son envie doivent ĂȘtre ses outils. De plus, elles comptent sur ses frĂšres pour l’accompagner. Mais ces derniers la lĂąchent et la mettent devant un ultimatum. Elle souffre mais ne renonce pas. Dans ce deuxiĂšme opus, comme son nom l’indique, elle profite des conseils dans un des plus grands Ɠnologues du monde. Ce dernier l’accompagne dans son immersion dans cet univers. Ce parcours initiatique est assez passionnant. On s’implique pleinement en suivant les pas de notre jolie nĂ©ophyte. Cet aspect de sa personnalitĂ© fait que le lecteur n’est pas uniquement spectateur et a une aisance Ă  se mettre Ă  la place du hĂ©ros. C’est un choix scĂ©naristique trĂšs intĂ©ressant Ă  ce niveau-lĂ .

Ce voyage dans le monde du vin permet de mettre en valeur la qualitĂ© et l’ampleur du travail de recherche de l’auteur. Sans tomber dans la tentation d’un cours magistral, Corbeyran arrive Ă  nous faire dĂ©couvrir ce monde sous tous ses aspects. Les rencontres entre Alexandra et l’Ɠnologue nous prĂ©sentent l’axe du vin pur, de sa qualitĂ©, de ses goĂ»ts. Je suis totalement inculte dans le domaine et j’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  lire leurs diffĂ©rentes rencontres. Mais la dimension gustative est loin d’ĂȘtre la seule pour maitriser ce monde. GĂ©rer un domaine a une dimension Ă©conomique Ă©vidente mais Ă©galement un aspect politique certain. Tout cela offre tous les ingrĂ©dients pour offrir une intrigue dans laquelle les coups bas sont lĂ©gions et dans lesquels la confiance est une valeur toute relative. Les liens sont avant tout axĂ©s sur le pouvoir de nuisance. En tant que lecteur, notre attention est ainsi totalement sollicitĂ©e. Nos repĂšres sont remis en cause en permanence. On n’arrive pas Ă  statuer sur le camp de chacun des protagonistes. Qui est vraiment gentil ? A quoi pense untel ? Tel autre est-il si mĂ©chant ? Bref, cela nous offre une histoire prenante dans laquelle on souhaite de tout cƓur la rĂ©ussite d’Alexandra.

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Les dessins d’EspĂ© accompagnent parfaitement notre lecture. Ils participent activement Ă  notre immersion dans le monde du MĂ©doc. Que ce soit les domaines viticoles, les chĂąteaux ou encore les rues de la ville, tout participe Ă  crĂ©er Ă  ce monde dans lequel se construit cette histoire et dans lequel gravitent les diffĂ©rents protagonistes. Je pense que le travail de documentation mis en Ɠuvre pour l’écriture du scĂ©nario est Ă©galement mis Ă  profit dans la crĂ©ation des dĂ©cors. EspĂ© n’a pas un style rĂ©volutionnaire ou qui marquent de maniĂšre indĂ©lĂ©bile le lecteur. Par contre, son style classique correspond parfaitement Ă  cette saga familiale. Le travail de Dimitri Gofolin sur les couleurs accompagne parfaitement cet univers graphique.

En conclusion, « L’Ɠnologue » est dans la lignĂ©e de la qualitĂ© du premier ouvrage. On se trouve dans une sĂ©rie classique mais agrĂ©able. Il s’agit d’un bon cru dans le genre. J’ai pris vraiment beaucoup de plaisir Ă  m’immerger Ă  nouveau dans les pas d’Alexandra. J’espĂšre que le prochain tome sera de la mĂȘme trempe mais cela est une autre histoire
 

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Note : 14/20

Le rĂ©vĂ©rend, T1 : Les diables dĂ©chus du Nevada – Lylian & Augustin Lebon

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Titre : Le révérend, T1 : Les diables déchus du Nevada
Scénariste : Lylian
Dessinateur : Augustin Lebon
Parution : Octobre 2012


Les westerns semblent ĂȘtre revenus Ă  la mode ces derniĂšres annĂ©es. Ainsi, l’annĂ©e 2012 a vu accoucher d’une nouvelle sĂ©rie, « Le rĂ©vĂ©rend », prĂ©vu comme un diptyque chez Emmanuel Proust. HĂ©las, la revente des Ă©ditions a mis le projet en pause. Les derniĂšres nouvelles sont rassurantes. EspĂ©rons donc que la suite ne mettra pas trop de temps Ă  paraĂźtre (et surtout, qu’elle paraĂźtra !). L’ensemble est scĂ©narisĂ© par Lylian et dessinĂ© par Augustin Lebon dont c’est la premiĂšre bande-dessinĂ©e.

LeReverend1aAngus est un fils de bonne famille. Lors de la traversĂ©e d’un dĂ©sert du Nevada, en 1870, sa diligence est attaquĂ©e. Nous le retrouvons des annĂ©es plus tard sous le pseudonyme du RĂ©vĂ©rend, un chasseur de primes impitoyable revenu se venger.

C’est donc une histoire classique de vengeance et de justicier solitaire qui nous est prĂ©sentĂ© dans ce western. Le classicisme est de mise ici, mĂȘme si le scĂ©nario rĂ©serve son lot de surprise : saloon crasseux, diligences attaquĂ©es, prostituĂ©es, etc. On ressent aussi bien l’influence de « Blueberry » que de « Bouncer » (pour le dyptique façon vengeance). Le tout est suffisamment glauque mĂȘme s’il manque encore un petit truc pour pleinement nous convaincre de la puissance de l’ouvrage. C’est l’inconvĂ©nient du diptyque : sans le tome 2, difficile de se faire vraiment une opinion. Le scĂ©nario est bien pensĂ© et Ă  la fin du livre, on sent que l’on a encore beaucoup Ă  dĂ©couvrir.

Un western pas si classique.

LeReverend1bLes westerns valent souvent le coup de part leurs personnages. C’est peut-ĂȘtre ici que le bĂąt blesse. Le RĂ©vĂ©rend fait vraiment jeunot, le maĂźtre de la ville n’est pas assez graveleux
 Certes, ce jeune chasseur de primes permet aussi une originalitĂ©, sortant de l’écueil du chasseur de prime Ă  la barbe naissante
 Encore une fois, la fin du livre remet aussi un peu en cause ce jugement. Difficile de voir ça comme un point faible du coup.

Au niveau du dessin, Augustin Lebon impressionne. Son trait est beau, fait de grandes cases dĂ©taillĂ©s et de plans variĂ©s. La mise en scĂšne est trĂšs travaillĂ©e et on prend plaisir Ă  feuilleter le livre de nouveau aprĂšs lecture pour le simple plaisir d’admirer le dessin. Pour une premiĂšre bande-dessinĂ©e, c’est une vraie rĂ©ussite et on espĂšre revoir souvent le dessinateur par la suite tant il est prometteur. Il y a dĂ©jĂ  beaucoup de maturitĂ© dans ses planches.

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« Le RĂ©vĂ©rend » est une bande-dessinĂ©e de grande qualitĂ©. Son classicisme est un peu remis en cause par les derniĂšres pages. Il faudra donc lire le deuxiĂšme et dernier tome pour se faire une idĂ©e prĂ©cise et dĂ©finitive sur cette bande-dessinĂ©e. En espĂ©rant qu’il sorte, car ne pas terminer ce projet serait un crime !

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Note : 15/20

Ce livre devrait me permettre de rĂ©soudre le conflit au Proche-Orient, d’avoir mon diplĂŽme, et de trouver une femme, T1 – Sylvain Mazas

CeLivreDevraitMePermettre


Titre : Ce livre devrait me permettre de rĂ©soudre le conflit au Proche-Orient, d’avoir mon diplĂŽme, et de trouver une femme, T1
Scénariste : Sylvain Mazas
Dessinateur : Sylvain Mazas
Parution : Juin 2012


Le point fort de « Ce livre devrait me permettre de rĂ©soudre le conflit au Proche-Orient, d’avoir mon diplĂŽme, et de trouver une femme » est sans conteste son titre ! ComplĂštement dĂ©lirant, il attire l’attention immĂ©diatement. Comme beaucoup de monde, j’ai donc empruntĂ© le livre, voulant savoir ce qui pouvait bien se trouver dans ce curieux objet. Le tout est Ă©crit et dessinĂ© par Sylvain Mazas et publiĂ© chez Vraoum.

Le livre a prĂ©cĂ©demment Ă©tĂ© publiĂ© en Allemagne en 2007. En effet, l’auteur habite alors Ă  Berlin, bien que français (c’est d’ailleurs le cas de son Ă©diteur qui intervient plusieurs fois dans le livre). A l’époque, il part au Liban pour avoir son diplĂŽme, trouver une femme et, donc, rĂ©soudre le conflit au Proche-Orient. Ne vous attendez pas Ă  une bande-dessinĂ©e classique ici, ce n’est pas le cas. Le livre est construit majoritairement sur du texte qui est ensuite illustrĂ© par un dessin et/ou un schĂ©ma. Car l’auteur aime les schĂ©mas. Il le dit lui-mĂȘme et les multiplie Ă  foison. Tout ça pour nous expliquer pourquoi le Proche-Orient va mal alors que ça pourrait aller beaucoup mieux.

Un ton original et personnel.

Ce livre vaut avant tout pour le ton de son auteur qui est original et personnel. Plein de naĂŻvetĂ© et de bon sens, il dĂ©crit des choses complexes avec simplicitĂ©, mĂȘme si le lecteur attentif sera un peu dubitatif devant ses descriptions. Le tout est parsemĂ© d’humour et de passages bien sentis.

DĂ©coupĂ© en chapitres, le livre finit par tourner un peu en rond. Trop de texte, trop de schĂ©mas, on finit par se demander si Sylvain Mazas a tant de choses Ă  raconter. Plus que le fond, c’est la forme qui Ă©tonne dans les premiĂšres pages. Mais au bout d’un moment, on s’en lasse, de mĂȘme que les schĂ©mas nous laissent un peu indiffĂ©rents. C’est marrant au dĂ©but, beaucoup moins aprĂšs. Le livre possĂšde une forte pagination et on sent qu’il aurait pu ĂȘtre condensĂ©.

MalgrĂ© tout, quelques bonnes idĂ©es et gags font mouche. On apprĂ©ciera les interventions de l’éditeur, la recherche de l’amour comme running-gag efficace
 Mais je reste un peu dubitatif dans le fait que ce soit un premier tome tant on a l’impression que l’auteur a fait le tour de la question.

Graphiquement, c’est minimaliste, mais les dessins appuient toujours intelligemment le texte. Il y a un rapport entre les parties texte et dessin qui rythme bien l’ensemble. Le dessin n’est jamais accessoire, il apporte toujours quelque chose Ă  ce qui vient d’ĂȘtre lu.

Je suis passĂ© un peu Ă  cĂŽtĂ© de livre. PlutĂŽt enthousiaste aux premiĂšres pages, le sourire aux lĂšvres, j’ai peu Ă  peu perdu de l’intĂ©rĂȘt pour les schĂ©mas de Sylvain Mazas. Ce qu’il raconte est souvent intĂ©ressant mais trop simpliste pour tenir dans la longueur. Car au milieu d’anecdotes libanaises trĂšs intĂ©ressantes, ses raisonnements pour trouver le bonheur tournent un peu en rond. À essayer quand mĂȘme, car l’originalitĂ© du bouquin ne peut, elle, pas ĂȘtre remise en cause.

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Note : 11/20