Titre : Salade, tomate, oignon
Scénariste : Joseph Safieddine
Dessinateur : Clément Fabre
Parution : Novembre 2015
Lors du festival Quai des Bulles de Saint Malo, jâen ai profitĂ© pour obtenir ma troisiĂšme dĂ©dicace de ClĂ©ment Fabre. Le dessinateur officiait avec un troisiĂšme scĂ©nariste diffĂ©rent, ici en la personne de Joseph Saffieddine. « Salade, tomate, oignon » est un recueil de saynĂštes faisant intervenir deux personnages (parfois plus) en plein dialogue. Les situations sont souvent absurdes et touchent Ă toutes les couches de notre sociĂ©tĂ©. Le tout est publiĂ© chez Vide Cocagne.
Lâhumour de Safieddine touche Ă lâabsurde et peut se faire trash. Ămes sensibles sâabstenir ! Ainsi, lâune des premiĂšres scĂšnes est un modĂšle du genre. Une nana est invitĂ©e chez un mec et elle se retrouve dans un immeuble complĂštement glauque avec des gitans qui attaquent la porte⊠La plupart du temps, câest plutĂŽt rĂ©ussi, mĂȘme si lâinĂ©galitĂ© de qualitĂ© est de mise ici. Globalement, on lit avec plaisir les diffĂ©rentes histoires et on sourit devant les rĂ©parties des personnages. Mais comme tout ouvrage dâabsurde, on reste parfois Ă cĂŽtĂ© du chemin devant certains passages.
Un livre tout en dialogues.
Si les chutes ont souvent un intĂ©rĂȘt, ce sont les dialogues qui sont mis en avant. Les grandes gueules sont lĂ©gions, des collĂšgues de bureau en passant par les mecs de banlieue, sans oublier les petites vieilles bien sĂ»r ! Clairement, câest dans les passages les plus trash que « Salade, tomate, oignon » touche Ă la grĂące. Racisme et misĂšre humaine sont portĂ©s Ă leur paroxysme dans certaines scĂšnes, et câest lĂ que le livre se dĂ©guste pleinement. HĂ©las, Ă la lecture des histoires les unes aprĂšs les autres, une lassitude sâinstalle devant certaines rĂ©pĂ©titions. On est moins surpris. Typiquement, « Salade, tomate, oignon » est fait pour ĂȘtre lu aux toilettes, une scĂšne aprĂšs lâautre.
Concernant le dessin, le trait simple de ClĂ©ment Fabre est parfaitement adaptĂ© aux histoires, essentiellement dialoguĂ©es. Il sait donner suffisamment dâexpression Ă ses personnages pour que cela fonctionne. JâĂ©tais surpris de ne pas le voir aquareller le tout, mais il a densifiĂ© son encrage pour proposer un dessin en noir et blanc trĂšs rĂ©ussi.
De nombreux guests interviennent dans le livre, offrant des personnages aux strips. HonnĂȘtement, jâai trouvĂ© ça sans intĂ©rĂȘt, voir contre-productif. Ă de rares exceptions prĂšs, les styles des dessinateurs ne sont pas du tout adaptĂ©s au style de ClĂ©ment Fabre et se voient comme le nez au milieu de la figure. PlutĂŽt que de transcender les strips, cela gĂȘne la lecture. Dommage.
« Salade, tomate, oignon », comme beaucoup de livres du genre, propose des scĂšnes plus ou moins rĂ©ussies. LâinĂ©gale qualitĂ© de lâensemble nâenlĂšve rien Ă la puissance de certaines histoires. Un livre qui se lit rapidement, sans prĂ©tention.