Undertaker, T1 : Le mangeur d’or

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Titre : Undertaker, T1 : Le mangeur d’or
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Ralph Meyer
Parution : Janvier 2015


« Blueberry » est une icĂŽne du neuviĂšme art. Il est l’incarnation du western dans l’univers de la bande dessinĂ©e. J’ai donc souri en voyant une sĂ©rie se qualifier de « plus grand western depuis Blueberry ». Je trouvais bien prĂ©somptueux de se comparer Ă  l’Ɠuvre de Jean Giraud et Jean-Michel Charlier. Mais en dĂ©couvrant le duo d’auteurs en charge de ce nouvel album, je me suis dit : « Pourquoi pas ? ». En effet, Undertaker est le fruit de la collaboration de Ralph Meyer et Xavier Dorison. J’ai particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© leur immersion dans la culture nordique en lisant le diptyque « Asgard ». J’ai donc dĂ©cidĂ© de partir sur les pas de ce curieux« Undertaker » dans l’Ouest sauvage.

Undertaker1bJonas est croque-mort. Son prochain contrat l’amĂšne dans la demeure d’un curieux Monsieur Cusco. Sa richesse rĂ©sulte de son exploitation d’une mine. Mais sa fortune ne l’a pas empĂȘchĂ© d’ĂȘtre actuellement lourdement handicapĂ©. Il a donc prĂ©vu de se donner la mort. Jonas est donc missionnĂ© pour enterrer le corps dans le filon « Red Chance ». Mais tout ne s’avĂ©rera pas si simple. En effet, que va devenir la fortune du dĂ©funt ? Est-il parti dans sa derniĂšre demeure avec son secret ?

Moiteur, tension, poussiĂšre…

Personnellement, le western a toujours Ă©voquĂ© pour moi une atmosphĂšre. La moiteur, la tension, la poussiĂšre
 Tout cela doit transpirer de chaque page pour que l’immersion soit totale. Le trait de Ralph Meyer rĂ©pond parfaitement Ă  ce cahier des charges. Ses planches m’ont fait faire un plongeon immĂ©diat et profond dans cet univers si particulier. Sur ce plan-lĂ , la filiation avec « Blueberry » est cohĂ©rente. Si les styles ne sont pas identiques, ils mĂšnent tous les deux Ă  un dĂ©paysement intense. Le travail sur les couleurs en association avec Caroline Delabie participent activement Ă  l’ariditĂ© qui abrite les personnages.

Undertaker1aIl est important que ces dĂ©cors soient habitĂ©s par un hĂ©ros charismatique. Sur ce plan-lĂ , Jonas rĂ©pond aux attentes. Je pourrais critiquer le classicisme du personnage. Mais que demander de mieux qu’un brun tĂ©nĂ©breux solitaire dont le passĂ© semble hantĂ© par des cadavres ? La petite particularitĂ© qui le caractĂ©rise est qu’il est croque-mort. Le moins que je puisse dire est qu’il dĂ©note de l’idĂ©e que nous pouvions nous faire de la profession en lisant un album de « Lucky Luke ». Les interrogations qui accompagnent son trajet alimentent la curiositĂ©. Cela participe Ă  l’impatience de dĂ©couvrir le prochain tome.

Pour que cet album soit une totale rĂ©ussite, il ne lui manque plus qu’à possĂ©der un scĂ©nario dense et captivant. La prĂ©sence de Xavier Dorison est un gage de rĂ©ussite dans ce domaine. Une nouvelle fois, il Ă©crit une histoire prenante. La situation de dĂ©part est Ă  la fois simple et originale. La mort orchestrĂ©e de Cusco est un point de dĂ©part permettant d’emprunter de nombreux chemins. Les diffĂ©rents protagonistes trouvent leur place dans l’intrigue par leur lien avec le dĂ©funt. Le suspense monte crescendo et atteint un pic d’intensitĂ© au cours des derniĂšres planches.

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La conclusion de cet opus n’éveille qu’une envie, celle de connaĂźtre la suite. Il faut attendre le vingt-sept novembre prochain la parution du prochain tome intitulĂ© La danse des vautours. Mais cela est une autre histoire


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note5

 

Réalités obliques

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Titre : Réalités obliques
Scénariste : Clarke
Dessinateur : Clarke
Parution : Octobre 2015


Je n’ai jamais rien lu de Clarke. Et pourtant, il est le dessinateur de la bien connue « MĂ©lusine ». C’est ainsi un changement de style radical que le dessinateur effectue en proposant « RĂ©alitĂ©s obliques », un one-shot en noir et blanc dĂ©rangeant, oĂč fantastique et onirisme se cĂŽtoient. Paru au Lombard, l’ouvrage titille les 160 pages.

Clarke nous propose plus d’une vingtaine de petites histoires de 4 pages carrĂ©es, chaque page contenant elle-mĂȘme quatre cases carrĂ©es. Chaque scĂšne possĂšde une composante plus ou moins fantastique (on est souvent dans l’idĂ©e du cauchemar, Ă  la frontiĂšre du rĂ©el). Le tout se veut dĂ©rangeant et c’est plutĂŽt rĂ©ussi. Difficile de ne pas faire le rapprochement avec la dĂ©marche de Franquin et de ses « IdĂ©es noires ». MĂȘme si le contenu reste diffĂ©rent, on reste sur un auteur qui change de style vers des histoires plus glauques et avec un noir et blanc poussĂ©s dans ses retranchements.

4 pages carrées par histoire. 4 cases carrées par planche.

Si toutes les histoires sont loin d’atteindre le mĂȘme niveau, la qualitĂ© est de mise. Clarke maĂźtrise son rythme de 16 cases pour faire monter la tension et aboutir sur une derniĂšre case qui, souvent, donne le sens au reste. En cela, les histoires de Clarke ne coulent pas toujours de source et nous surprennent. Une lecture trop rapide ou en diagonal amĂšne parfois l’incomprĂ©hension. Tout est pesĂ©, tant dans les textes que dans le dessin. Et le rĂ©sultat est rĂ©ussi : on est mal Ă  l’aise face Ă  ces histoires qui touchent Ă  nos phobies les plus primitives.

Concernant le dessin, difficile de ne pas penser au « Sin City » de Frank Miller. Il semble que ce soit l’influence majeure de Clarke sur cet album. MalgrĂ© tout, les cadrages, les clairs-obscurs forcent le respect et on sent un auteur en pleine possession de son art. Surtout que beaucoup de scĂšnes possĂšdent peu d’action, le dessinateur change les points et angles de vue intelligemment.

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« RĂ©alitĂ©s obliques » est une Ɠuvre qui permet Ă  Clarke de prĂ©senter une autre palette de son talent. Si on pense beaucoup Ă  Franquin et Miller pendant la lecture, difficile de ne pas adhĂ©rer Ă  l’ouvrage, dont l’ambition initiale est atteinte. Un beau livre, simplement.

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note4

ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ

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Titre : Zaï zaï zaï zaï
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Mai 2015


Je suis un grand fan de Fabcaro. Capable d’apprĂ©cier autant ses livres d’autodĂ©rision que ses strips ou encore ses ouvrages expĂ©rimentaux, je fus en joie en voyant un nouveau bouquin sortir, intitulĂ© « ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaï ». Un road-movie paraĂźt-il
 Devant les bonnes critiques unanimes et son prix au festival Quai des Bulles, je me le suis procurĂ©, prĂȘt Ă  apprĂ©cier cet ouvrage. Le tout est paru chez 6 pieds sous terre pour une soixantaine de pages.

« ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaï » est une auto-fiction. On retrouve Fabcaro au supermarchĂ©. Au moment de payer, il s’aperçoit qu’il n’a pas sa carte de fidĂ©litĂ©. Commence alors une cavale rocambolesque


Une cavale d’un nouveau genre.

ZaiZaiZaiZai3Si ce livre est assez diffĂ©rent formellement des autres ouvrages de Fabcaro, il en reprend pourtant toutes les caractĂ©ristiques : l’obsession du supermarchĂ©, le fonctionnement en strips, l’absurde, l’auto-dĂ©rision, le comique de rĂ©pĂ©tition
 Fabcaro fusionne le tout dans une aventure complĂštement absurde. Ainsi, chaque page propose un gag qui fait avancer l’histoire. Le cĂŽtĂ© extrĂȘmement absurde ferait presque pencher la balance vers l’idĂ©e d’un ouvrage expĂ©rimental. Mais l’humour dĂ©veloppĂ© est grand public, pour peu qu’on soit ouvert aux incohĂ©rences voulues du rĂ©cit. Si voir quelqu’un menacer un vigile avec un poireau ne vous fait pas sourire, vous pouvez passer votre chemin.

La cavale est bien Ă©videmment un prĂ©texte pour parler de tout et de rien. On retrouve  des gags sur l’auteur en lui-mĂȘme, sur les supermarchĂ©s, sur la police, sur les journalistes
 L’histoire est ainsi aussi dĂ©cousue qu’elle est absurde. Et ce, jusqu’à un Ă©pilogue rĂ©ussi. Et si, vu l’humour proposĂ©, on accroche plus ou moins aux situations, on sourit souvent et on rit mĂȘme de bon cƓur devant certains gags.

Au-delĂ  de la qualitĂ© intrinsĂšque de l’ouvrage (et de savoir s’il est drĂŽle ou non), force est de constater que Fabcaro est un auteur qui possĂšde une vĂ©ritable patte en tant que scĂ©nariste. Quand on accroche Ă  son humour, difficile de s’en dĂ©tacher. On est loin d’un humour formatĂ© et dĂ©jĂ  entendu.

Concernant le dessin, Fabcaro dĂ©laisse son dessin humoristique pour un trait Ă  la fois plus rĂ©aliste et encore plus relĂąchĂ©. Cela donne Ă  son road movie une apparence de sĂ©rieux qui tranche encore plus avec l’absurde de l’histoire. Le choix est clairement payant. Fabcaro fait la part belle aux rĂ©pĂ©titions dans ses pages, mettant l’accent sur les dialogues. Le trait est relevĂ© par une bichromie Ă  la teinte jaune/verte un peu dĂ©stabilisante (et honnĂȘtement assez moche). La teinte mise Ă  part, la colorisation donne du volume au trait et reste pertinente.

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« ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaï » est un beau condensĂ© du savoir faire de Fabcaro. Il n’est pas rare de rire devant les pĂ©ripĂ©ties de ce hĂ©ros du quotidien. Rien que pour cela, l’ouvrage est rĂ©ussi. Mais quand il faut parler d’autodĂ©rision et tacler les angoisses du quotidien franchouillard (karaokĂ© et carte de fidĂ©litĂ© de supermarchĂ© en tĂȘte), il reste l’un des auteurs les plus performants.

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note4

Astérix, T36 : Le papyrus de César

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Titre : Astérix, T36 : Le papyrus de César
Scénariste : Jean-Yves Ferri
Dessinateur : Didier Conrad
Parution : Octobre 2015


MĂȘme si aucun de ses deux crĂ©ateurs n’est Ă  l’origine de son Ă©criture, le nouveau tome des aventures d’AstĂ©rix reste un Ă©vĂ©nement majeur du neuviĂšme art. Le dernier date du mois dernier et s’intitule Le Papyrus de CĂ©sar. Le binĂŽme formĂ© de Jean-Yves Ferri et Didier Conrad a Ă©tĂ© une nouvelle fois missionnĂ© pour faire naĂźtre de leur imagination les nouvelles aventures des gaulois les plus cĂ©lĂšbres du monde. Les deux auteurs avaient su offrir une suite correcte et respectueuse Ă  l’Ɠuvre de RenĂ© Goscinny et Albert Uderzo avec l’épisode prĂ©cĂ©dent AstĂ©rix chez les Pictes. Je fais partie des lecteurs ayant trouvĂ© plutĂŽt apprĂ©ciĂ© cet album historique. Sans atteindre la qualitĂ© des premiers opus, il marquait un progrĂšs Ă©norme par rapport aux derniers ouvrages nĂ©s de la seule plume d’Uderzo. J’espĂ©rais donc que ce trente-sixiĂšme acte prolonge cette Ă©volution positive.

Le papyrus qui donne son titre au livre n’est pas le moindre des Ă©crits : il s’agit d’un chapitre de la cĂ©lĂšbre Guerre des Gaules contĂ©e par CĂ©sar. Ce chapitre n’est pas n’importe lequel : il s’agit de celui qui Ă©voque les irrĂ©ductibles gaulois et la partie de la Gaule qui n’est pas dominĂ©e par Rome. Le conseiller de l’empereur lui propose de faire disparaĂźtre ces pages permettant ainsi Ă  l’Histoire de retenir que CĂ©sar a conquis toute la Gaule. Le souci apparait lorsqu’un colporteur gaulois met la main sur une mouture complĂšte du papyrus et dĂ©cide de rendre publique cette manipulation de la rĂ©alité 

Le journalisme version Jules CĂ©sar

Asterix36aJ’ai trouvĂ© l’idĂ©e de dĂ©part originale et intĂ©ressante. Les enjeux apparaissent rĂ©els et crĂ©ent un lien Ă©vident avec notre Ă©poque contemporaine. Ne dit-on pas que l’Histoire est toujours Ă©crite par les vainqueurs ? De plus, cela permet aux auteurs d’intĂ©grer le concept de libertĂ© de la presse dans leur histoire. Tous ces thĂšmes sont plutĂŽt bien exploitĂ©s tout au long de la narration. Sans jamais tomber dans un excĂšs regrettable, Jean-Yves Ferri arrive Ă  faire rire avec ses vannes Ă©voquant l’univers du journalisme.

Concernant le mĂ©chant, il prend ici les traits de Bonus Promoplus, conseiller et Ă©diteur de l’empereur. L’éthique n’est pas sa qualitĂ© premiĂšre et il se trouve bien embĂȘtĂ© lorsqu’il apprend la disparition du papyrus. Il doit mettre la main dessus tout en empĂȘchant CĂ©sar d’ĂȘtre informĂ© de la situation. Il reprend beaucoup de caractĂ©ristiques des traditionnels adversaires des hĂ©ros irrĂ©ductibles. Sa personnalitĂ© s’inscrit dans la tradition de la sĂ©rie et ce n’est pas dĂ©sagrĂ©able pour le lecteur. J’ai pris beaucoup de plaisir Ă  rire de ses mĂ©saventures et sa nervositĂ© permanente. Son travail avec les lĂ©gionnaires de Babaorum. DĂ©couvrir les soldats blasĂ©s par les irrĂ©ductibles gaulois devant ce petit excitĂ© fait aisĂ©ment sourire.

Evidemment, l’attrait rĂ©side aussi de retrouver nos gaulois adorĂ©s. Les auteurs s’en approprient les codes avec talent. CĂ©tautomatix, Ordralphabetix, Agecanonix, Abraracourcix, Bonemine ou Assurancetourix jouent leur rĂŽle Ă  merveille. Ils ont chacun leur petit fil conducteur personnel qui densifie la trame gĂ©nĂ©ral. Concernant ObĂ©lix, il est nouvelle fois la grande star de l’album avec sa volontĂ© ponctuelle d’éviter les conflits et les sangliers. Bref, les auteurs offrent un album qui respecte les codes de la sĂ©rie avec talent. Les dessins de Didier Conrad sont dans une lignĂ©e parfait d’Albert Uderzo.

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Pour conclure, je trouve que Le Papyrus de CĂ©sar est un cru honnĂȘte. Il n’a aucun mal Ă  accompagner les prĂ©cĂ©dents Ă©pisodes de la saga. Je le trouve plus rĂ©ussi qu’AstĂ©rix chez les Pictes. Cela me rend optimiste. Les auteurs semblent plus Ă  l’aise dans ce costume prestigieux. Surtout, j’ai bon espoir que AstĂ©rix retrouve les lettres de noblesse que certains Ă©pisodes rĂ©cents avaient tendance Ă  effriter sĂ©rieusement


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note3

Narcisse, T2 : Terra Nullius

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Titre : Narcisse, T2 : Terra Nullius
Scénariste : Chanouga
Dessinateur : Chanouga
Parution : Septembre 2015


Le premier tome de « Narcisse » m’avait un peu laissĂ© sur ma fin. MalgrĂ© un dessin de haut niveau, la narration souffrait d’un rythme mal maĂźtrisĂ© et d’une histoire qui ne se lançait vraiment qu’en toute fin d’album. Avec ce deuxiĂšme tome, Chanouga entre dans le cƓur de son ouvrage : l’expĂ©rience d’un naufragĂ© sur une Ăźle de cannibales. Le tout est publiĂ© chez Paquet pour soixante pages.

Narcisse, jeune mousse embarquĂ© pour l’Australie, est Ă©chouĂ© sur une Ăźle oĂč sĂ©vissent des cannibales. Une expĂ©dition cherche Ă  lui venir en aide (et Ă  rĂ©cupĂ©rer leur main d’Ɠuvre chinoise), mais ils le considĂšrent comme mort. Pourtant, Narcisse va survivre et vivre parmi les autochtones pendant de nombreuses annĂ©es.

Une vie parmi les cannibales.

Narcisse2aAprĂšs un premier tome qui s’éternisait sur les premiĂšres expĂ©riences de Narcisse, on entre ici dans le vif du sujet. « Terra Nullius » s’intĂ©resse exclusivement Ă  la vie du jeune homme sur l’üle. Ses dĂ©buts difficiles (et contestĂ©s) parmi la tribu, jusqu’à son dĂ©part. Le lieu unique permet Ă  Chanouga de mieux maĂźtriser sa narration. En cela, la sĂ©rie s’amĂ©liore. Mais on sent l’auteur encore trĂšs attachĂ© Ă  ne relater que les faits dont il a connaissance. L’histoire reste parcellaire et on aborde plusieurs annĂ©es en un seul tome. LĂ  encore, certains Ă©vĂ©nements restent peu traitĂ©s en terme psychologique (on pense notamment au cannibalisme).

L’histoire prend un tour plus spirituel avec ce deuxiĂšme tome. C’est plutĂŽt une rĂ©ussite, Chanouga maĂźtrisant parfaitement ce genre de sujet et le mettant en image avec maestria. Car au-delĂ  de l’esthĂ©tisme des pages de l’auteur, c’est son dĂ©coupage qui est marquant. Ne cherchant jamais la facilitĂ©, il sait produire des planches marquantes.

Difficile de ne pas parler du dessin de Chanouga. Son choix d’absence d’encrage met en valeur son crayonnĂ© (dont on voit les traits de construction). Sa gestion des couleurs et des lumiĂšres est un modĂšle du genre. Son bleu-vert couplĂ© Ă  l’orange des cheveux de Narcisse fait des merveilles. Pleinement Ă  l’aise avec la mer et la vĂ©gĂ©tation luxuriante de l’üle, on ne peut que s’extasier devant son dessin.

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Si les choix de narration et de scĂ©nario restent discutables, ce deuxiĂšme tome est plus rĂ©ussi que le premier. DotĂ© d’une unitĂ© de lieu (Ă  dĂ©faut de temps), on reste un peu Ă©tonnĂ© de voir Narcisse si peu expressif face aux Ă©vĂ©nements. Mais sans doute est-ce aussi l’originalitĂ© de cet ouvrage. Le jeune homme adopte pleinement la vie des autochtones et laisse vĂ©ritablement de cĂŽtĂ© son ancienne vie. C’est cela qui perturbe le lecteur. À voir comment Chanouga clĂŽturera cette sĂ©rie avec le troisiĂšme et dernier tome traitant du retour de Narcisse Ă  la vie occidentale.

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note3

Ekhö, monde miroir, T4 : Barcelona

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Titre : Ekhö, monde miroir, T4 : Barcelona
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci
Parution : Septembre 2015


« Ekhö » est le fruit d’un concept efficace. Cette sĂ©rie fait vivre les aventures d’une jolie demoiselle dans une rĂ©alitĂ© parallĂšle Ă  la nĂŽtre. Chaque opus fait voyager le lecteur Ă  travers le monde. New York, Paris et Los Angeles ont abritĂ© les pĂ©rĂ©grinations de Fourmille et ses acolytes. Dans le dernier tome datant du mois de septembre dernier, c’est la capitale catalane qui accueillait tout ce petit monde. IntitulĂ© Barcelona, l’album est accompagnĂ© d’une couverture prĂ©sentant un bĂątiment rappelant la lĂ©gendaire Sagrada Familia.

Les choix narratifs des auteurs font que chaque intrigue peut ĂȘtre dĂ©couverte indĂ©pendamment. Cette nouvelle histoire est prĂ©cĂ©dĂ©e d’une page prĂ©sentant l’univers d’Ekhö et les protagonistes principaux. Fourmille est l’hĂ©roĂŻne. Elle a Ă©tĂ© catapultĂ©e dans ce monde au dĂ©but de la saga en mĂȘme temps que Yuri avec qui ils s’entendent comme chien et chat. La particularitĂ© de la demoiselle est de voir son corps accueillir bien souvent l’esprit de personnes dĂ©cĂ©dĂ©es dans des circonstances obscures. Cette « rencontre » marque toujours le dĂ©but de l’enquĂȘte qui sert de fil conducteur Ă  la trame. Dans ce quatriĂšme Ă©pisode, Fourmille est habitĂ©e par un chat. C’est une grande premiĂšre et une bonne chose a priori. La richesse naĂźt de la diversitĂ©.

Christophe Arleston est le scĂ©nariste de cette sĂ©rie. Comme beaucoup de bĂ©dĂ©phile, je le connais Ă  travers son travail sur « Lanfeust de Troy ». J’ai toujours gardĂ© un Ɠil sur son Ɠuvre et ai pris plaisir Ă  dĂ©couvrir « Leo Loden », « Le chant d’Excalibur » ou encore « Les MaĂźtres Cartographes ». Par contre, certaines de ses productions sont de qualitĂ© inĂ©gale. « Les NaufragĂ©s d’Ythaq » ou « Les ForĂȘts d’Opale » en sont des exemples marquants. Les premiers tomes sont rĂ©ussis, les suivants frĂŽlent l’imposture. Bref, cet auteur est talentueux mais n’arrive pas Ă  assumer qualitativement la frĂ©quence de parution qu’il s’impose. NĂ©anmoins, « Ekhö » possĂšde une identitĂ© agrĂ©able et divertissante qui m’a aisĂ©ment persuadĂ© de m’offrir ce voyage Ă  Barcelona.

Des mondes parallĂšles.

Ekhö4bLe concept de monde parallĂšle est un jouet idĂ©al pour l’imagination d’Arleston. Dans chacune de ses histoires, le scĂ©nariste a toujours adorĂ© offrir des allusions plus ou moins fines Ă  notre quotidien et notre sociĂ©tĂ©. Avec Ekhö, l’espace d’expression dans ce domaine est sans limite. Les dĂ©cors et le fonctionnement sociĂ©tal sont tous dĂ©tournĂ©s de notre monde. La seule frontiĂšre est celle que se fixe l’auteur. Cet aspect-lĂ  est un des attraits les plus forts de le la saga. Ce quatriĂšme tome possĂšde Ă©videmment cette richesse. Nous n’avons aucun mal Ă  nous immerger dans une Catalogne qui nous est familiĂšre tout en souriant aisĂ©ment du dĂ©tournement des codes qui est fait. Certains gags sont moins rĂ©ussis que d’autres. Mais leur densitĂ© fait qu’on accepte facilement les variations dans la finesse humoristique.

L’identitĂ© de l’album passe Ă©galement par le trait tout en rondeur d’Alessandro Barbucci. Son style entre parfaitement dans le canevas heroĂŻc fantasy chez les Ă©ditions Soleil. Il fait d’ailleurs partie du haut de gamme dans le genre. Les filles sont ravissantes, les dĂ©cors plein de dĂ©tails, l’action pleine de dynamisme. Les planches sont agrĂ©ables et raviront un public trĂšs large. Les couleurs sont vives sans ĂȘtre rĂ©volutionnaires. Elles accompagnent parfaitement la bonne humeur que dĂ©gage la lecture.

Finalement, le seul lĂ©ger bĂ©mol de l’album concerne l’intrigue en elle-mĂȘme. Je l’ai trouvĂ© un petit peu brouillonne. Les auteurs cherchent Ă  multiplier les rebondissements. Mais les enchainements manquent quelque peu de subtilitĂ©. De plus, les moments hystĂ©riques des personnages et les scĂšnes de poursuites ou de batailles gagneraient Ă  ĂȘtre entrecoupĂ©s de moments plus lĂ©gers. Cela permettrait au lecteur de reprendre son souffle plutĂŽt que de vivre le quotidien d’un diable de Tasmanie. Le rythme de lecture est un petit peu saccadĂ©. C’est dommage car cela empĂȘche la trame de prendre une plus grande ampleur.

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Pour conclure, Barcelona s’inscrit dans la continuitĂ© des opus prĂ©cĂ©dents. Une certaine routine s’installe. Elle n’est pas dĂ©sagrĂ©able mĂȘme si j’espĂšre toujours que la sĂ©rie change de braquet. J’ai toujours plaisir Ă  retrouver Fourmille et ses amis mais j’apprĂ©cierai d’ĂȘtre davantage surpris. Peut-ĂȘtre la prochaine fois ? Mais cela est une autre histoire


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note3

Guide sublime

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Titre : Guide sublime
Scénariste : Fabrice Erre
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Mai 2015


Fabrice Erre est un des auteurs de bandes dessinĂ©es qui me fait le plus rire. Qu’il conte le quotidien d’un enseignant dans « Une annĂ©e au lycĂ©e », celui de Zorro dans « Z comme Diego », ou narre la conquĂȘte spatiale dans « Mars », il sollicite intensĂ©ment mes zygomatiques. J’ai donc accueilli avec un grand enthousiasme l’apparition dans les rayons de librairie « Guide sublime » en mai dernier. Il s’agit d’un ouvrage dont le format s’apparente davantage Ă  celui d’un roman que d’un album classique. EditĂ© chez Dargaud, le bouquin se compose de cent soixante-huit pages. DĂšs les premiĂšres pages, on y apprend que les strips de ce livre ont initialement Ă©tĂ© publiĂ©s dans la revue numĂ©rique « Mauvais esprit ».

Le Guide sublime est un dictateur. C’est son quotidien politique que nous sommes amenĂ©s Ă  dĂ©couvrir. Chaque planche prĂ©sente un moment de la vie de ce chef d’état despote. Chacune peut ĂȘtre lue de maniĂšre indĂ©pendante. Cette structure narrative permet une lecture intense et rythmĂ©e.  Il s’agit donc d’un opus qui peut se picorer. Il n’est pas nĂ©cessaire de le terminer d’une traite. Je pense qu’il est plus pertinent de s’y plonger par petite dose. Cela permettra de savourer chaque bouchĂ©e plutĂŽt que de risquer l’indigestion.

Le quotidien d’un dictateur.

GuideSublime1En effet, le caractĂšre trĂšs excessif du personnage principal fait que j’ai eu le sentiment constant d’ĂȘtre immergĂ© au beau milieu d’une crise d’hystĂ©rie. Le Guide hurle en permanence des dĂ©cisions aussi incohĂ©rentes que dĂ©nuĂ©es de sens. Ne le voir jamais s’arrĂȘter ou s’apaiser fait que cette lecture fatigue par moment. Cette frĂ©nĂ©sie transpire des pages. Par contre, le lire par petite touche permet de profiter davantage de l’humour caractĂ©ristique gĂ©nĂ©rĂ© par la plume de Fabrice Erre.

Le casting de l’entourage du guide sublime nous est quasiment intĂ©gralement prĂ©sentĂ© sur la couverture. On y dĂ©couvre ses ministres, sa garde rapprochĂ©e et une curieuse infirmiĂšre aux formes chaloupĂ©es. Il ne manque qu’un collĂšgue dictateur, l’empereur Bogolo, qui jouera un rĂŽle central dans la dĂ©marche de propagande de son acolyte. L’auteur ne s’embarrasse pas de personnages secondaires sans contact direct avec le chef. Fabrice Erre nous fait entrer dans les arcanes du pouvoir gĂ©rĂ© par ce fada mĂ©galomane.

La thĂ©matique est un terreau attrayant pour faire pousser une Ɠuvre drĂŽle et dĂ©lurĂ©e. Les premiĂšres pages dĂ©marrent sur les chapeaux de roue. Les caractĂ©ristiques de ce cher Guide sont sans Ă©quivoque : il est complĂštement fou ! Il fait honneur Ă  toutes les caricatures du genre. La premiĂšre planche nous le fait dĂ©couvrir complĂštement hystĂ©rique en train de hurler que sa premiĂšre dĂ©cision sera de rendre obligatoire le port de la moustache. Le trait de Fabrice Erre traduit complĂštement le cĂŽtĂ© possĂ©dĂ© du souverain. La mise en bouche est sans Ă©quivoque : le programme est annoncĂ©.

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Pour conclure, je conseille de lire cet album par petite touche. Cela permettra de savourer l’imagination de Fabrice Erre sans pour autant subir le cĂŽtĂ© effrĂ©nĂ© de ce Guide sublime. L’auteur construit beaucoup de ces gags dans le mĂȘme canevas. Cela peut faire ronronner la lecture si on la fait d’une seule traite. Je place cet album en-dessous des prĂ©cĂ©dents opus de cet auteur. NĂ©anmoins, il est reste habitĂ© par son univers caractĂ©ristique. Et ce n’est dĂ©jĂ  pas si mal


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Mille tempĂȘtes

MilleTempetes


Titre : Mille tempĂȘtes
Scénariste : Tony Sandoval
Dessinateur : Tony Sandoval
Parution : Juin 2015


Avec « Doomboy », Tony Sandoval avait su toucher son public et les critiques de tout bord. Un graphisme reconnaissable immĂ©diatement et une histoire des plus touchantes lui avait permis d’obtenir un succĂšs bien mĂ©ritĂ©. De retour aujourd’hui avec « Mille tempĂȘtes », l’auteur reste sur ses sujets de prĂ©dilection : l’adolescence et le fantastique. Le tout est Ă©ditĂ© chez Paquet pour un total de 130 pages.

Lisa est une jeune fille à l’aube de l’adolescence. Orpheline de mùre, elle va accidentellement passer dans un monde parallùle et en ramener un objet, ouvrant une brùche à des bestioles et monstres de tout genre


Des adolescents et des monstres.

MilleTempetes2Outre la dose de fantastique qui habite ses ouvrages, Tony Sandoval semble obsĂ©dĂ© par la pĂ©riode de l’adolescente et de ses exclus. La marginalitĂ© et la violence du rejet sont au centre de ses Ɠuvres. En dĂ©calage avec les jeunes de son Ăąge, Lisa est persĂ©cutĂ©e. Cela donne des scĂšnes d’une rare violence typique de cet Ăąge ingrat. Mais au-delĂ  de cet aspect sociĂ©tal, c’est le fantastique qui englobe le tout. Lisa est accusĂ©e d’ĂȘtre une sorciĂšre et elle devra en effet mener un combat contre des forces d’un autre monde.

Le rĂ©cit de « Mille tempĂȘtes » manque clairement de lisibilitĂ©. Si dans d’autres ouvrages le lien entre les rĂ©cits fantastiques et adolescents sont Ă©vidents, c’est moins le cas dans cet ouvrage. On a plutĂŽt l’impression de lire deux histoires en parallĂšle. C’est une vraie dĂ©ception en lecture. Si on retrouve la patte de l’auteur, un peu de clartĂ© dans la narration n’aurait pas fait de mal. On pense notamment Ă  l’arrivĂ©e du pĂšre, un peu tardive façon deus ex machina.

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Graphiquement, en revanche, le plaisir est total. Le style personnel de Tony Sandoval se reconnaĂźt au premier coup d’Ɠil. Pourtant, l’auteur multiplie les techniques pour notre plus grand plaisir. DĂ©marrant avec un style Ă©purĂ© sans encrage Ă  l’aquarelle,  le rĂ©cit adopte alors un style plus conventionnel (case rectangulaire, colorisation en aplats numĂ©riques, encrage
). Des allers-retours sont alors frĂ©quents entre les techniques, la plupart du temps dictĂ©s par l’histoire (comme pour les changements de mondes par exemple). Il est dommage que certains changements graphiques laissent un peu dubitatif par leur intĂ©rĂȘt. Quoi qu’il en soit, le trait est toujours trĂšs beau et personnel. Tony Sandoval est l’un des dessinateurs qui me marque le plus actuellement par son univers original et reconnaissable entre mille.

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Une petite dĂ©ception pour ce « Mille tempĂȘtes ». Si le graphisme est puissant et certaines planches admirablement pensĂ©es, le fil rouge de l’histoire reste un peu confus, mĂȘme si les relectures apportent un peu de sens Ă  ce combat fantastique d’un autre monde.

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note3

Leo Loden, T23 : Brouillades aux embrouilles

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Titre : Leo Loden, T23 : Brouillades aux embrouilles
Scénaristes : Christophe Arleston & Loïc Nicoloff
Dessinateur : Serge CarrĂšre
Parution : Janvier 2015


Leo Loden est un dĂ©tective dont je suis les enquĂȘtes depuis ses dĂ©buts. Cela fait donc plus de quinze ans que je prends plaisir Ă  suivre les pas de de cet ancien policier aux quatre coins de la France. Ce hĂ©ros est le fruit de la rencontre entre le scĂ©nariste Christophe Arleston le dessinateur Serge CarrĂšre. Depuis quelques temps maintenant, le duo est devenu trio avec l’arrivĂ©e Ă  l’écriture de LoĂŻc Nicoloff. Le dernier Ă©pisode date du mois de janvier dernier et s’intitule « Brouillades aux embrouilles ». La couverture laisse penser que le trafic d’armes ne sera pas Ă©tranger Ă  l’histoire.

Amadeus est un faussaire sympathique qui accompagne bon nombre d’aventures de LĂ©o. Au cours des premiĂšres pages, il se fait enlever sur le port de Marseille et n’arrive Ă  prĂ©venir que notre cher dĂ©tective. Ce dernier mĂšne l’enquĂȘte qui va le mettre sur le chemin de l’assassinat d’un trafiquant d’arme, d’un imam gĂ©rant de citĂ© et de prĂ©fet angoissĂ© des consĂ©quences de tout cela


Marseille : son port et ses quartiers nord.

LĂ©o Loden est marseillais. MĂȘme s’il a Ă©tĂ© souvent amenĂ© Ă  suivre des affaires dans tout l’Hexagone, la majoritĂ© de son quotidien se dĂ©roule autour de la citĂ© phocĂ©enne. « Brouillades aux embrouilles » centre son intrigue autour du port et d’une citĂ© des quartiers nord. Cet opus fait naĂźtre une histoire indĂ©pendante qui trouve son dĂ©nouement au bout de quarante-six planches. Il n’est pas ici question d’attendre le prochain tome pour connaĂźtre la fin. Comme toute sĂ©rie, celle-ci nous fait retrouver un casting constant d’épisode en Ă©pisode. On retrouve donc l’oncle de LĂ©o. Il est marin et le personnage le plus drĂŽle. MarlĂšne, commissaire et conjointe de LĂ©o, est Ă©galement toujours lĂ . Son caractĂšre volcanique est un atout certain de la lecture. Le trio est en pleine forme dans ce vingt-troisiĂšme acte. Ils participent Ă  la bonne ambiance que se dĂ©gage des pages.

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La mise en place de la trame est efficace. Les auteurs ne perdent pas de temps pour nous faire dĂ©couvrir les premiers enjeux. L’enchainement des Ă©vĂ©nements est relativement dense et les rebondissements sont plutĂŽt bons. La lecture est dynamique. Le suspense est suffisamment fort pour la curiositĂ© accompagne la dĂ©couverte de l’album du dĂ©but Ă  la fin. L’immersion de tout ce petit monde dans l’univers des docks d’un cĂŽtĂ© et des citĂ© de l’autre est plutĂŽt rĂ©ussie. Evidemment, elle ne servira pas de support Ă  une thĂšse universitaire sur le sujet. Par contre, elle chatouille rĂ©guliĂšrement les zygomatiques. Dans ce tome, le scĂ©nario n’est pas diluĂ© par une succession de scĂšnes d’action sans grand intĂ©rĂȘt. La prime est portĂ©e Ă  l’histoire et cela est bien apprĂ©ciable.

En plus de dĂ©rouler une intrigue intĂ©ressante et prenante, Arleston arrive Ă  intĂ©grer sans problĂšme les atouts de ses hĂ©ros. La relation LĂ©o – MarlĂšne est toujours hilarante. Quant Ă  l’oncle, il est comme une sardine dans le vieux port avec ses amis les dockers. Les scĂšnes avec le prĂ©fet et le commissaire divisionnaire quant Ă  la politique Ă  adopter pour gĂ©rer la crise prĂȘte aisĂ©ment Ă  sourire. Tout ce petit monde est bien accompagnĂ© par les dessins de CarrĂšre. Son style correspond parfaitement Ă  l’ambiance divertissante de l’album. Les couleurs vivent de Cerise vont Ă©galement dans ce sens.

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Au final, « Brouillades aux embrouilles » est un cru honnĂȘte. Je trouve qu’il offre ce que lecteur en attend. J’ai eu l’occasion de le lire dĂ©jĂ  deux fois. Le plaisir Ă©tait toujours prĂ©sent la seconde fois. C’est plutĂŽt bon signe. Je le conseille donc Ă  quelqu’un qui chercherait une bande dessinĂ©e drĂŽle, lĂ©gĂšre et pourvue d’une histoire pas inintĂ©ressante.

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note3

L’Ă©chappĂ©e – GrĂ©gory Mardon

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Titre : L’Ă©chappĂ©e
Scénariste : Grégory Mardon
Dessinateur : Grégory Mardon
Parution : Avril 2015


« L’échappĂ©e » est un pavĂ© de plus de 200 pages scĂ©narisĂ© et dessinĂ© par GrĂ©gory Mardon. Le livre narre l’histoire d’un homme qui s’échappe de sa vie pour aller voir la mer. C’est le point de dĂ©part d’une aventure surprenante
 Le tout est publiĂ© chez Futuropolis pour un prix de 27 €.

« L’échappĂ©e » a la particularitĂ© d’ĂȘtre entiĂšrement muet. On pourrait prendre cela pour un exercice de style, mais cette absence de parole Ă  un vĂ©ritable sens. Cela explique le nombre important de pages, le dessin devant exprimer beaucoup d’actions et de sentiments.

Le dessin remplace les mots.

LEchappee2L’histoire est dĂ©coupĂ©e en plusieurs chapitres, chacun Ă©tant reprĂ©sentĂ© par une couleur. Le dessin est bichromique, ce qui permet de bien dĂ©finir les diffĂ©rentes ambiances. L’histoire commence en ville, alors que l’homme mĂšne une vie des plus modernes : mĂ©tro, boulot, dodo. Mais l’appel de la mer va briser cet enchaĂźnement (la cassure est parfaitement reprĂ©sentĂ© par la couverture). Difficile d’en dire plus sans spoiler la suite, mieux vaut laisser la surprise.

Le dessin est bien dans l’air du temps. Le trait au pinceau, Ă©pais, est Ă©lĂ©gant et dynamique. Le travail de GrĂ©gory Mardon est avant tout dans le mouvement et l’expression que dans le dĂ©tail. Ainsi, la BD se lit vite une premiĂšre fois. On s’attarde un peu plus en deuxiĂšme lecture, mais on s’aperçoit qu’on n’est pas passĂ© Ă  cĂŽtĂ© de dĂ©tails particuliers. La lecture est donc trĂšs premier degrĂ©.

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« L’échappĂ©e » est une belle rĂ©ussite. À la fois remarquable de par sa contrainte initiale, l’histoire est finalement plus originale que ce que le pitch initial laissait penser. Dommage que son prix, excessif, puisse bloquer l’achat chez de nombreux lecteurs et empĂȘcher un plus ample succĂšs.

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note4