Paul, T8 : Paul dans le Nord

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Titre : Paul, T8 : Paul dans le Nord
Scénariste : Michel Rabagliati
Dessinateur : Michel Rabagliati
Parution : Octobre 2015


Je ne connais pas bien la sĂ©rie « Paul », l’une des plus connues du microcosme quĂ©bĂ©cois. Je n’en ai lu qu’un seul, qui m’avait surpris et touchĂ©. C’est donc avec plaisir que je me suis lancĂ© dans « Paul dans le Nord », huitiĂšme ouvrage des aventures de l’alter-ego de Michel Rabagliati. On retrouve Paul dans les prĂ©misses de l’adolescence. Le tout est logiquement publiĂ© aux Ă©ditions de La PastĂšque pour 180 pages. Continuer la lecture de « Paul, T8 : Paul dans le Nord »

La favorite

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Titre : La favorite
Scénariste : Matthias Lehmann
Dessinateur : Matthias Lehmann
Parution : Avril 2015


À force d’entendre du bien de « La favorite », j’ai fini par arriver Ă  me le procurer. La bande dessinĂ©e de Matthias Lehmann proposait un parti pris graphique intĂ©ressant couplĂ© Ă  une histoire intrigante. Mais les promesses Ă©taient-elles tenues ? Le livre est paru chez Actes Sud BD et pĂšse pas moins de 150 pages. Continuer la lecture de « La favorite »

Metronom’, T5 : Habeas Mentem

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Titre : Metronom’, T5 : Habeas Mentem
ScĂ©nariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Grun
Parution : Novembre 2015


« MĂ©tronom’ » est une sĂ©rie qui m’avait intĂ©ressĂ© parce qu’elle Ă©tait scĂ©narisĂ©e par Eric Corbeyran. J’ai toujours eu de l’intĂ©rĂȘt pour le travail de l’auteur bordelais depuis que j’ai dĂ©couvert « Le chant des Stryges ». Je m’étais donc laissĂ© tenter par cette aventure futuriste nĂ©e il y a quelques annĂ©es. Cette saga se conclut avec la parution rĂ©cente de son cinquiĂšme acte intitulĂ© « Habeas Mentem » il y a quelques semaines. J’apprĂ©cie le fait que l’histoire ne s’étire pas indĂ©finiment et trouve son conclusion dans un dĂ©lai respectable. Je trouve que les sagas qui s’étalent sur un nombre trop important de tomes ont tendance Ă  voir leur qualitĂ© et leur intĂ©rĂȘt dĂ©croitre au fur et Ă  mesure que les Ă©pisodes s’accumulent. Continuer la lecture de « Metronom’, T5 : Habeas Mentem »

Le guide du mauvais pĂšre, T3

LeGuideDuMauvaisPere3


Titre : Le guide du mauvais pÚre, T3
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Janvier 2015


AprĂšs avoir obtenu le fauve d’or pour ses carnets de voyage (l’aboutissement Ă©tant Les Chroniques de JĂ©rusalem), Guy Delisle s’est lancĂ© dans une sĂ©rie bien moins sĂ©rieuse retraçant son quotidien d’homme au foyer qui s’occupe de ses deux enfants. Le tout est publiĂ© chez Shampooing, au format manga noir et blanc.

Le livre reprend des saynĂštes entre le pĂšre et son fils ou le pĂšre et sa fille. Le tout est essentiellement basĂ© sur des dialogues oĂč Guy Delisle est en dĂ©calage avec la personne qu’il a en face. Soit il tente des techniques d’éducation fumeuse, soit il traite ses enfants comme des adultes. La plupart du temps, il fait preuve de beaucoup mauvaise foi, d’oĂč le titre de l’ouvrage !

On attend avec impatience une intégrale.

LeGuideDuMauvaisPere3aDans ce troisiĂšme tome, Guy Delisle ne faiblit pas. Les scĂšnes sont drĂŽles, toutes rĂ©ussies et les dialogues truculents. MĂȘme si la mĂ©canique est bien huilĂ©e, c’est un vĂ©ritable plaisir de lecture. HĂ©las, le fait que seulement deux dessins (voire un seul) soient imprimĂ©s par page fait que l’ouvrage se lit trĂšs vite et on reste immanquablement sur sa faim. Comme pour les prĂ©cĂ©dents, c’est le format choisi par l’éditeur pour ces recueils de blog qui est Ă  blĂąmer. Tout ça se lit trop vite. À 10 euros le livre, on prĂ©fĂ©rerait une intĂ©grale plutĂŽt que trois petits bouquins, quitte Ă  avoir un livre plus grand ou plus Ă©pais.

Du coup, le dessin de Guy Delisle, plutĂŽt agrĂ©able dans ses carnets de voyage, paraĂźt ici plus limitĂ©, presque flemmard. TrĂšs peu de dĂ©cors, des personnages statiques
 C’est trĂšs limitĂ©, mĂȘme si c’est efficace. Alors ce qui passe sur Ă©cran passe beaucoup moins sur papier. Clairement, des petites scĂšnes animĂ©es et dialoguĂ©es seraient l’idĂ©al. Le passĂ© de Guy Delisle dans l’animation peut-il nous faire rĂȘver ?

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Comme pour beaucoup d’ouvrages de cette collection, on ne peut qu’ĂȘtre rebutĂ© devant la rapiditĂ© de lecture et l’aspect des dessins vite faits, en copier-coller. MalgrĂ© tout, il ne faut pas que cela cache l’humour percutant de l’auteur et la qualitĂ© constante de ses saynĂštes. Bref, un livre parfait Ă  prendre en bibliothĂšque ou Ă  se faire prĂȘter. Pour l’acheter, c’est Ă  vous de voir.

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note3

Comment faire fortune en juin 40

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Titre : Comment faire fortune en juin 40
Scénaristes : Fabien Nury & Xavier Dorison
Dessinateur : Laurent Astier
Parution : Septembre 2015


« Comment faire fortune en juin 40 » m’a tout de suite attirĂ© lorsque j’ai vu la prĂ©sence conjointe de Fabien Nury et de Xavier Dorison sur la couverture. Le fait que deux de mes scĂ©naristes prĂ©fĂ©rĂ©s participent Ă  ce projet garantie Ă  mes yeux une qualitĂ© remarquable Ă  l’ouvrage. La couverture de l’album laisse prĂ©sager une histoire rythmĂ©e et le titre fait naĂźtre des perspectives intĂ©ressantes. Bref, la premiĂšre impression gĂ©nĂ©rĂ©e par ce livre est largement positive et m’incite Ă  m’y plonger rapidement.

« Braquer deux tonnes d’or Ă  la Banque de France, ça paraĂźt difficile
 mais en plein exode, dans un pays Ă  feu et Ă  sang, c’est faisable. » VoilĂ  les mots qui accompagnent la quatriĂšme de couverture du bouquin. Cela annonce un programme haut en couleurs ! Ce court texte est associĂ© au portrait de quatre personnages : deux d’entre eux sont munis d’une arme Ă  feu, un autre tient sĂ©vĂšrement une clĂ© Ă  molette et le dernier une ravissante jeune femme muni d’un bĂąton de dynamite. Bref, tout ce petit monde n’est pas lĂ  pour rigoler !

L’histoire d’un casse.

CommentFaireFortuneEnJuin40bIl s’agit donc de l’histoire d’un casse. Un fourgon doit vĂ©hiculer deux tonnes d’or de Paris en Gironde. Un petit groupe de malfrats voit ici l’occasion de s’offrir une nouvelle vie. Le plan consiste donc Ă  suivre le camion blindĂ© pour saisir l’occasion de mettre la main dessus. Le problĂšme est que le pays est en guerre : toute la capitale fuit et l’armĂ©e allemande bombarde. Tout ne va donc pas ĂȘtre aussi simple que prĂ©vu. Les enjeux sont simples et la trame se met en place rapidement.

MalgrĂ© le classicisme de l’objectif – mettre la main sur un butin – l’intrigue est pleine de surprises et de rebondissements. La fine Ă©quipe enchaĂźne les complications sur le chemin de la fortune. Le scĂ©nario est dense et la lecture ne connaĂźt aucun temps mort. Chaque lĂ©ger moment de calme n’est que le prĂ©misse d’un nouveau problĂšme. L’adaptabilitĂ© des hĂ©ros est mise Ă  rude Ă©preuve tant leur plan qu’ils pensaient ĂȘtre rĂ©glĂ© comme du papier Ă  musique va ĂȘtre souvent remis en cause. Le rythme de la narration est un modĂšle du genre. Les cent pages ne cessent pas de monter en puissance et en intensitĂ©. L’histoire est une vĂ©ritable spirale infernale pour les protagonistes.

CommentFaireFortuneEnJuin40cCette densitĂ© scĂ©nariste m’avait Ă©videmment beaucoup plu et a alimentĂ© de maniĂšre constante ma curiositĂ©. Mais mon attrait a Ă©galement Ă©tĂ© facilitĂ© par la prĂ©sence d’un casting quatre Ă©toiles. Je trouve que le petit groupe en chasse est composĂ© de personnalitĂ©s intĂ©ressantes. Franck est un ancien boxeur adepte de se coucher contre quelques menues monnaies. Sambio porte bien le costume et aime faire fumer la sulfateuse qu’on n’est pas assez vite d’accord avec lui. Ninon est une ravissante jeune fille dont les mains de fĂ©e font merveille avec la dynamite. Enfin, le dernier est Helmut, un allemand qui a fui le pays suite Ă  l’arrivĂ©e d’Hitler au pouvoir. Il n’y a aucune affection entre eux. Ils sont uniquement partenaires de travail. La nature de leurs relations couplĂ©e Ă  leur cĂŽtĂ© « Pieds nickelĂ©s » offre des moments de dispute vraiment sympathiques. L’écriture des dialogues est plutĂŽt sympathique. Je me suis trĂšs vite attachĂ© aux protagonistes et ai Ă©tĂ© soucieux de leur devenir dĂšs les premiĂšres pages.

J’ai Ă©galement beaucoup apprĂ©ciĂ© les dessins de Laurent Astier. Je trouve qu’il a un trait qui colle parfaitement avec l’époque Ă  laquelle se dĂ©roulent les Ă©vĂ©nements. Je trouve ses illustrations trĂšs travaillĂ©es. Les dĂ©tails sont nombreux et donnent ainsi pleinement vie aux dĂ©cors. De plus, les diffĂ©rents personnages possĂšdent une personnalitĂ© graphique forte. DĂšs leurs premiĂšres apparitions, ils dĂ©gagent tous quelque chose. Cela est d’ailleurs Ă©galement valable pour les personnages secondaires. Quant aux couleurs de Laurence Croix, elles sont pleines de vie et apportent leur Ă©cot Ă  la bonne humeur dĂ©gagĂ©e par l’ouvrage.

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Pour conclure, « Comment faire fortune en juin 40 » est une belle rĂ©ussite. L’intĂ©gration dans cette histoire dans la grande Histoire lui donne un ton particulier qui m’a beaucoup plu. De plus, la qualitĂ© du casting permet de s’impliquer pleinement dans le destin des quatre acolytes. Le suspense qui accompagne leur destinĂ©e est Ă©galement bien construit. Bref, la grosse centaine de pages qui compose cette intrigue se dĂ©guste avec appĂ©tit et plaisir. Je vous conseille donc de suivre les pas de ces quatre braqueurs qui ne vous laisseront pas indiffĂ©rents


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note5

Le reste du monde

LeResteDuMonde


Titre : Le reste du monde
Scénariste : Jean-Christophe Chauzy
Dessinateur : Jean-Christophe Chauzy
Parution : Mars 2015


La mode du post-apocalyptique actuelle est plutĂŽt basĂ©e sur les zombies. Jean-Christophe Chauzy dĂ©cide de l’orienter sur une catastrophe naturelle, Ă  savoir une sĂ©rie de sĂ©ismes. Comment une famille, coincĂ©e dans une vallĂ©e, va-t-elle survivre dans cet environnement oĂč tout commence Ă  manquer ? Ce one-shot d’une centaine de pages est publiĂ© chez Casterman.

Marie, enseignante, termine ses vacances avec ses deux fils. Pendant ce temps-lĂ , son mari la trompe, l’ayant quittĂ© quelques semaines auparavant. C’est donc aigri qu’elle s’apprĂȘte Ă  quitter le chalet. Mais voilĂ  que des sĂ©ries de sĂ©ismes viennent tout bouleverser, coupant la vallĂ©e du reste du monde. Commence alors la difficile tentative de survie en attendant d’hypothĂ©tiques secours.

Un survival franchouillard.

LeResteDuMonde1b« Le reste du monde » a tout du rĂ©cit catastrophe classique. Des individus ordinaires se retrouvent perdus face Ă  une situation inconnue et doivent se dĂ©brouiller. Certains dĂ©pĂ©rissent, d’autres s’aguerrissent. Jean-Christophe Chauzy, en prenant pour personnage principal une femme, fait preuve d’originalitĂ©. Ce n’est pas une pin-up, elle est mĂšre de famille trompĂ©e et n’est pas prĂ©parĂ©e Ă  ce qu’elle va vivre. HĂ©las, c’est la seule vĂ©ritable originalitĂ© du livre. Les Ă©tapes qui s’enchaĂźnent sont trĂšs classiques et on devine sans peine ce qu’il va se passer pour les pages suivantes. AprĂšs un premier intĂ©rĂȘt en dĂ©but de lecture, le soufflet retombe un peu dans la deuxiĂšme partie.

La grande catastrophe touchant un petit village montagnard, « Le reste du monde » prend un aspect « survival franchouillard ». En soit, ce n’est pas forcĂ©ment dĂ©sagrĂ©able, mais pas passionnant non plus. L’auteur ancre fortement son rĂ©cit dans un lieu donnĂ©, oĂč chaque non de ville parle aux protagonistes, chacun connaissant parfaitement la rĂ©gion. La fin, ouverte, laisse un goĂ»t amer au lecteur. PrĂ©sentĂ© comme un one-shot, « Le reste du monde » se laisse clairement la possibilitĂ© d’une suite. Or, aprĂšs un constat assez moyen en premiĂšre lecture (et globalement sans rĂ©ponse), difficile d’ĂȘtre catĂ©gorique. Car s’il y a une suite, cela pourrait donner (un peu) plus de matiĂšre Ă  ce premier tome. VoilĂ  qui laisse un peu perplexe.

Le dessin de Jean-Christophe Chauzy est des plus convaincants. Optant pour une absence de noir Ă  l’encrage, son trait fait preuve de dynamisme, dans un rĂ©alisme expressif. Il prend plaisir Ă  rĂ©aliser de grandes cases et les scĂšnes de sĂ©ismes sont trĂšs rĂ©ussies. Les couleurs se veulent tantĂŽt vives, tantĂŽt beaucoup plus dĂ©saturĂ©es, renforçant efficacement les ambiances. Un bilan des plus positifs concernant le dessin.

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Optant pour un rĂ©cit classique sans grandes surprises ni rĂ©ponses, Jean-Christophe Chauzy laisse son lecteur sur sa faim. « Le reste du monde », comme one-shot, manque d’originalitĂ© pour sĂ©duire. Et sa fin ouverte, prĂ©sageant une suite, laisse un peu dubitatif devant la dĂ©marche. Bref, il faudra attendre de voir si suite il y a pour avoir un avis dĂ©finitif. Et c’est un peu dommage


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note3

Largo Winch, T20 : 20 secondes

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Titre : Largo Winch, T20 : 20 secondes
Scénariste : Jean Van Hamme
Dessinateur : Philippe Francq
Parution : Octobre 2015


La sortie d’un nouvel album de « Largo Winch » fait partie d’un rituel du calendrier annuel du neuviĂšme art. Ce vingtiĂšme opus s’intitule « 20 secondes » et s’inscrit comme la suite du prĂ©cĂ©dent « ChassĂ©-croisĂ© ». Nous retrouvons le duo historique aux manettes : le scĂ©nariste Jean Van Hamme et son acolyte dessinateur Philippe Francq. La couverture est particuliĂšrement Ă©purĂ©e. Nous n’y dĂ©couvrons qu’une ravissante jeune femme en nuisette sur un fond vierge faisant uniquement apparaĂźtre un immense « 20 ».

La premiĂšre page fait un Ă©tat des lieux de la trame. Largo Winch a convoquĂ© les prĂ©sidents de son groupe Ă  Londres. ParallĂšlement, une jeune fille libanaise arrive dans la capitale britannique. Tour Ă  tour en quĂȘte d’un emploi, djihadiste infiltrĂ©e, amante du hĂ©ros et agent double pour la CIA, elle est logiquement difficile Ă  cerner. Alors que les amours se font et de se dĂ©font dans les chambres du Royal Sword, un attentat est en train de se mettre en place et Largo semble en ĂȘtre la cible. Bref, il est maintenant temps de dĂ©mĂȘler la pelote


Ni manipulation boursiĂšre, ni montage financier Ă  signaler.

LargoWinch20aAvant d’entrer pleinement dans ma critique de cet Ă©pisode, je me dois de vous indiquer que je n’étais pas sorti conquis de ma lecture de la premiĂšre partie de l’intrigue. Le tome prĂ©cĂ©dent m’avait paru bien loin des thrillers Ă©conomiques qui ont fait le succĂšs de la sĂ©rie. J’avais davantage eu le sentiment d’ĂȘtre au beau milieu d’un vaudeville dans lequel les portes des chambres d’hĂŽtel claquaient et que les tromperies et les amours rythmaient la narration. Les quarante-huit pages de « ChassĂ©-croisĂ© » Ă©taient, Ă  mes yeux, un simple prologue particuliĂšrement diluĂ© aux vĂ©ritables enjeux que j’espĂ©rais voir naĂźtre dans « 20 secondes ».

L’histoire de cet opus se contente d’ĂȘtre un compte Ă  rebours rĂ©glĂ© sur l’explosion d’une bombe au cours de la rĂ©union du board du groupe W. J’ai rapidement fait mon deuil de retrouver les attraits habituels des aventures du milliardaire en blue jeans. Il n’y a ni manipulation boursiĂšre Ă  signaler ni montage financier occulte Ă  signaler. Le ton pris par l’intrigue dans l’acte prĂ©cĂ©dent m’a fait accepter plus aisĂ©ment le changement de ton qui accompagne cette nouvelle lecture. NĂ©anmoins, j’espĂ©rais que l’intensitĂ© dramatique soit Ă  la hauteur. J’avais envie d’ĂȘtre habitĂ© par un suspense fort quant Ă  l’issue de ce plan meurtrier.

LargoWinch20bJe dois dire que cette course contre la montre n’est pas particuliĂšrement effrĂ©nĂ©e. Les Ă©vĂ©nements s’enchaĂźnent de maniĂšre linĂ©aire. Les rebondissements manquent d’ampleur. Finalement, l’intrigue est relativement fine. Le scĂ©nario est plus paresseux qu’à l’habitude. Par consĂ©quent, je n’ai jamais ressenti d’angoisse quant au devenir de Largo. La situation paraĂźt finalement assez simple et maĂźtrisable. La lecture reste agrĂ©able et Ă  aucun moment je ne me suis ennuyĂ©. Par contre, j’ai regrettĂ© que l’histoire ne soit pas plus dense. Elle m’aurait alors davantage captivĂ© et je me serais senti plus investi dans le destin du hĂ©ros.

Le fait que son hĂ©ros soit Ă  la fois un milliardaire Ă  la tĂȘte d’un grand groupe et un aventurier qui erre souvent en dehors des sentiers battus est une porte d’entrĂ©e originale dans la sĂ©rie. Au fur et Ă  mesure de la parution de ses aventures, je me suis attachĂ© Ă  lui et Ă  ses proches. Il y a Cochrane son adjoint coincĂ©, Miss Pennywinkle la trĂšs anglaise secrĂ©taire, Simon son meilleur ami fidĂšle et gaffeur et enfin la derniĂšre arrivĂ© Silky, sulfureuse pilote d’avion. Ce dernier cycle a tendance Ă  privilĂ©gier les deux premiers citĂ©s au dĂ©triment des deux derniers. Certes, il est agrĂ©able de dĂ©couvrir la rigide secrĂ©taire en femme fatale septuagĂ©naire mais ne voir Silky et Simon de maniĂšre pĂ©riphĂ©rique enlĂšve une lĂ©gĂšretĂ© qui m’a toujours beaucoup plu. La personnalitĂ© des deux amis est un acteur majeur de la bonne humeur qui habite la sĂ©rie. Elle est ici plus tĂ©nue qu’à l’habitude.

Pour conclure, cet album est dans la continuitĂ© du prĂ©cĂ©dent. Il y a donc une rĂ©elle cohĂ©rence de ton dans ce cycle. D’ailleurs, j’ai eu la surprise de dĂ©couvrir que ce dernier aurait une suite. Il s’agit de la premiĂšre fois que la rĂšgle du diptyque n’est pas respectĂ©e. « 20 secondes » est loin d’ĂȘtre un des meilleurs opus de la sĂ©rie. NĂ©anmoins, l’affection dĂ©gagĂ©e par les personnages et le sĂ©rieux global du scĂ©nario permettent de passer un agrĂ©able moment. Ce n’est dĂ©jĂ  pas si mal


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Le maĂźtre d’armes

LeMaitreDArmes


Titre : Le maĂźtre d’armes
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Joël Parnotte
Parution : Octobre 2015


« Le MaĂźtre d’armes » est un album Ă©ditĂ© chez Dargaud dont la sortie date du mois d’octobre dernier. La couverture avait attirĂ© mon regard. On y dĂ©couvre un homme Ă  la chevelure blanche. Muni d’une Ă©pĂ©e, on le devine en train de se battre dans une forĂȘt enneigĂ©e. La seule touche de couleur est Ă©carlate. Il s’agit de celle du sang qui se trouve sur ses vĂȘtements et son Ă©pĂ©e. Il se dĂ©gage du personnage un charisme certain. Le titre de l’ouvrage amplifie ce sentiment. Dans un second temps, j’ai remarquĂ© que le scĂ©nariste de cette aventure Ă©tait Xavier Dorison qui fait partie du PanthĂ©on du neuviĂšme art Ă  mes yeux. Cela a fini de me dĂ©cider de m’offrir ce bouquin et de m’y plonger au plus vite.

LeMaitreDArmes1Une prĂ©face introduit la narration. Elle dĂ©crit le contexte historique et les enjeux de la trame. Elle se dĂ©roule au dĂ©but du seiziĂšme siĂšcle durant l’opposition fratricide des chrĂ©tiens. D’un cĂŽtĂ©, se trouvent les partisans de la RĂ©forme favorables Ă  une traduction en français de la Bible afin qu’elle soit comprise par le plus grand nombre. De l’autre, les catholiques papistes refusent cette Ă©volution et souhaitent maintenir les clĂ©s de la parole divine dans les mains d’une minoritĂ©. Je dois dire que cette courte prĂ©sentation a Ă©veillĂ© ma curiositĂ©.  J’étais intriguĂ© par la place qu’allait occuper ce maĂźtre d’armes dans cette guerre qui embrase la chrĂ©tientĂ© et l’Europe.

Un duel, une rivalitĂ©, une chasse Ă  l’homme.

Les premiĂšres pages nous offrent en spectacle un duel entre deux fines lames du Royaume. L’une est Hans Stalhoffer. L’autre est le comte Maleztraza. L’enjeu pour le second et la place du premier : maĂźtre d’armes du roi François Premier. Cette scĂšne est la genĂšse de la rivalitĂ© entre les deux hommes. Ce conflit servira de fil conducteur Ă  l’intrigue. Ce combat Ă  l’épĂ©e permet Ă  JoĂ«l Parnotte de mettre en valeur ses talents de dessinateur et de coloriste. L’atmosphĂšre grise et humide transpire des planches. Quant Ă  la dynamique du combat, elle est remarquablement transcrite par le trait de l’auteur.

LeMaitreDArmes2Nous retrouvons ensuite Hans quelques annĂ©es plus tard. Sa dĂ©chĂ©ance est Ă©vidente. Mais un Ă©vĂ©nement va redonner un sens Ă  sa vie. Un ami fidĂšle s’est enfuit de Paris avec un exemplaire de la Bible traduit en français. Sa mission est de l’amener en suite oĂč il sera imprimĂ© puis diffusĂ©. Mais le pĂ©riple n’est pas sans risque. Au rude climat hivernal des montagnes s’ajoute la poursuite effrĂ©nĂ©e de Maleztraza et ses sbires couplĂ©e Ă  la chasse menĂ©e par une communautĂ© de chrĂ©tiens peu favorables Ă  la RĂ©forme. Bref, l’issue de cette quĂȘte est bien incertaine. Hans arrivera-t-il Ă  redonner un sens Ă  sa vie en protĂ©geant cet ouvrage si prĂ©cieux et rĂ©volutionnaire ?

Le scĂ©nario utilise tous les codes de la chasse Ă  l’homme. Ils  sont d’ailleurs exploitĂ©s avec talent. Tout au long des soixante-dix pages, le suspense est constant. L’inquiĂ©tude nous habite au fur et Ă  mesure que le pĂ©riple des hĂ©ros se complexifie. Dorison arrive Ă  gĂ©nĂ©rer une tension rendant ainsi passionnante la lecture. Le fait que tout cela se dĂ©roule dans l’univers hostile qu’est la montagne en hiver ajoute un attrait certain Ă  l’atmosphĂšre de l’ensemble. Le fait que Hans et son acolyte soient poursuivis par deux groupes distincts densifie le propos. Le comte Maleztraza est incontestablement antipathique. Par contre, le groupe menĂ© par ThimolĂ©on de VĂšdres fait naitre des sentiments plus ambigus.

Les enjeux historiques accompagnent les hĂ©ros sont intĂ©ressants. Les auteurs arrivent Ă  faire transpirer des pages l’importance de ce manuscrit. Le dĂ©nouement est en ce sens rĂ©ussi. Cet ouvrage a Ă©veillĂ© pour moi de la curiositĂ© Ă  l’égard de cette pĂ©riode. Il m’a fait comprendre que François premier ne peut pas se rĂ©sumer Ă  Marignan, la Joconde et Chambord. Xavier Dorison a ce talent commun avec Fabien Nury pour ancrer leurs intrigues dans la grande Histoire.

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Pour conclure, « Le MaĂźtre d’armes » est un album que j’ai Ă©normĂ©ment apprĂ©ciĂ©. Je le conseille vivement Ă  tout le monde. Xavier Dorison confirme qu’il s’agit d’un maestro du scĂ©nario. Quant Ă  JoĂ«l Parnotte, j’ai apprĂ©ciĂ© de dĂ©couvrir son travail. Mon seul regret est que c’est un « one shot » et que la derniĂšre page marque la fin du temps passĂ© en compagnie de ce charismatique Hans


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Salade, tomate, oignon

SaladeTomateOignon


Titre : Salade, tomate, oignon
Scénariste : Joseph Safieddine
Dessinateur : Clément Fabre
Parution : Novembre 2015


Lors du festival Quai des Bulles de Saint Malo, j’en ai profitĂ© pour obtenir ma troisiĂšme dĂ©dicace de ClĂ©ment Fabre. Le dessinateur officiait avec un troisiĂšme scĂ©nariste diffĂ©rent, ici en la personne de Joseph Saffieddine. « Salade, tomate, oignon » est un recueil de saynĂštes faisant intervenir deux personnages (parfois plus) en plein dialogue. Les situations sont souvent absurdes et touchent Ă  toutes les couches de notre sociĂ©tĂ©. Le tout est publiĂ© chez Vide Cocagne.

L’humour de Safieddine touche Ă  l’absurde et peut se faire trash. Àmes sensibles s’abstenir ! Ainsi, l’une des premiĂšres scĂšnes est un modĂšle du genre. Une nana est invitĂ©e chez un mec et elle se retrouve dans un immeuble complĂštement glauque avec des gitans qui attaquent la porte
 La plupart du temps, c’est plutĂŽt rĂ©ussi, mĂȘme si l’inĂ©galitĂ© de qualitĂ© est de mise ici. Globalement, on lit avec plaisir les diffĂ©rentes histoires et on sourit devant les rĂ©parties des personnages. Mais comme tout ouvrage d’absurde, on reste parfois Ă  cĂŽtĂ© du chemin devant certains passages.

Un livre tout en dialogues.

Si les chutes ont souvent un intĂ©rĂȘt, ce sont les dialogues qui sont mis en avant. Les grandes gueules sont lĂ©gions, des collĂšgues de bureau en passant par les mecs de banlieue, sans oublier les petites vieilles bien sĂ»r ! Clairement, c’est dans les passages les plus trash que « Salade, tomate, oignon » touche Ă  la grĂące. Racisme et misĂšre humaine sont portĂ©s Ă  leur paroxysme dans certaines scĂšnes, et c’est lĂ  que le livre se dĂ©guste pleinement. HĂ©las, Ă  la lecture des histoires les unes aprĂšs les autres, une lassitude s’installe devant certaines rĂ©pĂ©titions. On est moins surpris. Typiquement, « Salade, tomate, oignon » est fait pour ĂȘtre lu aux toilettes, une scĂšne aprĂšs l’autre.

Concernant le dessin, le trait simple de ClĂ©ment Fabre est parfaitement adaptĂ© aux histoires, essentiellement dialoguĂ©es. Il sait donner suffisamment d’expression Ă  ses personnages pour que cela fonctionne. J’étais surpris de ne pas le voir aquareller le tout, mais il a densifiĂ© son encrage pour proposer un dessin en noir et blanc trĂšs rĂ©ussi.

De nombreux guests interviennent dans le livre, offrant des personnages aux strips. HonnĂȘtement, j’ai trouvĂ© ça sans intĂ©rĂȘt, voir contre-productif. À de rares exceptions prĂšs, les styles des dessinateurs ne sont pas du tout adaptĂ©s au style de ClĂ©ment Fabre et se voient comme le nez au milieu de la figure. PlutĂŽt que de transcender les strips, cela gĂȘne la lecture. Dommage.

« Salade, tomate, oignon », comme beaucoup de livres du genre, propose des scĂšnes plus ou moins rĂ©ussies. L’inĂ©gale qualitĂ© de l’ensemble n’enlĂšve rien Ă  la puissance de certaines histoires. Un livre qui se lit rapidement, sans prĂ©tention.

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note3

Okko, T10 : Le cycle du vide, deuxiĂšme partie

Okko10


Titre : Okko, T10 : Le cycle du vide, deuxiÚme partie
Scénariste : Hub
Dessinateur : Hub
Parution : Novembre 2015


« Okko » fait partie de ces rares sĂ©ries qui, au fur et Ă  mesure des tomes, se bonifie. AprĂšs cinq diptyques, il est temps pour Hub de raccrocher et de terminer son histoire. Les premiers cycles avaient vu Okko le ronin faiblir, vieillir et ĂȘtre mutilĂ©. Dans « Le cycle du vide », il prend une retraite bien mĂ©ritĂ©e. C’est l’occasion de revenir sur son passĂ©. Le tout est publiĂ© chez Delcourt.

« Okko » reprend les codes de l’aventure classique. Un groupe disparate d’individu (un dĂ©mon, un ronin, un moine alcoolique et son apprenti) arpente un Japon mĂ©diĂ©val fantastique. En utilisant un flashback pour terminer son Ɠuvre, Hub s’attache Ă  nous expliquer comment ce groupe s’est formĂ©. Okko est donc Ă  la recherche de sa mĂšre. ParallĂšlement, on suit l’histoire de Noshin, comprenant comment il est devenu moine.

Une fin en apothéose.

Okko10aL’inconvĂ©nient majeur de ce cycle est l’absence (presque) totale de Noburo, un personnage ĂŽ combien charismatique ! Cependant, les informations distillĂ©es, le suspense insoutenable et les rĂ©vĂ©lations compensent largement cette perte. Car au-delĂ  de ce cycle passionnant, c’est toute la sĂ©rie qui prend du sens. SitĂŽt fermĂ© ce tome, je me suis relancĂ© dans la lecture complĂšte des cycles prĂ©cĂ©dents, retrouvant les allusions laissĂ©s par Hub prĂ©cĂ©demment (la relecture de la visite des monastĂšres prend ainsi une saveur particuliĂšre
). L’auteur a vraiment pensĂ© sa sĂ©rie comme un tout. Et au-delĂ  de chaque cycle qui possĂ©dait un intĂ©rĂȘt en tant qu’entitĂ© unique, la sĂ©rie prend encore une nouvelle dimension.

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Hub réussit donc le pari de refermer sa série sans laisser de regret à ses lecteurs. On sentait un Okko à bout et on le laisse partir chasser ses démons intérieurs. Les révélations sont puissantes et on ne sort pas déçu de ce cycle qui explique le passé des protagonistes sans renier aux codes de la série : violence, démons et manipulations.

Graphiquement, Hub a beaucoup Ă©voluĂ© dans son dessin les annĂ©es passant, tout en gardant cette identitĂ© forte. Le trait est dynamique et Ă©lĂ©gant, puisant dans diffĂ©rentes sources. La colorisation est encore une fois de grande qualitĂ©, sublimant les ambiances sans ternir le dessin de l’auteur.

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« Okko » se termine et c’est tant mieux. Point d’orgue de la sĂ©rie, ce cycle du vide est riche en action et en Ă©motion. Ainsi, aucune dĂ©ception ne vient ternir cette Ă©popĂ©e qui restera comme l’une des meilleures sĂ©ries de ces derniĂšres annĂ©es. Okko a pris sa retraite et on aura grand plaisir Ă  relire ses aventures. Il n’y a pas eu de cycle de trop et c’est bien le principal !

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