Titre :Â Undertaker, T1 : Le mangeur d’or
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Ralph Meyer
Parution : Janvier 2015
« Blueberry » est une icĂŽne du neuviĂšme art. Il est lâincarnation du western dans lâunivers de la bande dessinĂ©e. Jâai donc souri en voyant une sĂ©rie se qualifier de « plus grand western depuis Blueberry ». Je trouvais bien prĂ©somptueux de se comparer Ă lâĆuvre de Jean Giraud et Jean-Michel Charlier. Mais en dĂ©couvrant le duo dâauteurs en charge de ce nouvel album, je me suis dit : « Pourquoi pas ? ». En effet, Undertaker est le fruit de la collaboration de Ralph Meyer et Xavier Dorison. Jâai particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© leur immersion dans la culture nordique en lisant le diptyque « Asgard ». Jâai donc dĂ©cidĂ© de partir sur les pas de ce curieux« Undertaker » dans lâOuest sauvage.
Jonas est croque-mort. Son prochain contrat lâamĂšne dans la demeure dâun curieux Monsieur Cusco. Sa richesse rĂ©sulte de son exploitation dâune mine. Mais sa fortune ne lâa pas empĂȘchĂ© dâĂȘtre actuellement lourdement handicapĂ©. Il a donc prĂ©vu de se donner la mort. Jonas est donc missionnĂ© pour enterrer le corps dans le filon « Red Chance ». Mais tout ne sâavĂ©rera pas si simple. En effet, que va devenir la fortune du dĂ©funt ? Est-il parti dans sa derniĂšre demeure avec son secret ?
Moiteur, tension, poussiĂšre…
Personnellement, le western a toujours Ă©voquĂ© pour moi une atmosphĂšre. La moiteur, la tension, la poussiĂšre⊠Tout cela doit transpirer de chaque page pour que lâimmersion soit totale. Le trait de Ralph Meyer rĂ©pond parfaitement Ă ce cahier des charges. Ses planches mâont fait faire un plongeon immĂ©diat et profond dans cet univers si particulier. Sur ce plan-lĂ , la filiation avec « Blueberry » est cohĂ©rente. Si les styles ne sont pas identiques, ils mĂšnent tous les deux Ă un dĂ©paysement intense. Le travail sur les couleurs en association avec Caroline Delabie participent activement Ă lâariditĂ© qui abrite les personnages.
Il est important que ces dĂ©cors soient habitĂ©s par un hĂ©ros charismatique. Sur ce plan-lĂ , Jonas rĂ©pond aux attentes. Je pourrais critiquer le classicisme du personnage. Mais que demander de mieux quâun brun tĂ©nĂ©breux solitaire dont le passĂ© semble hantĂ© par des cadavres ? La petite particularitĂ© qui le caractĂ©rise est quâil est croque-mort. Le moins que je puisse dire est quâil dĂ©note de lâidĂ©e que nous pouvions nous faire de la profession en lisant un album de « Lucky Luke ». Les interrogations qui accompagnent son trajet alimentent la curiositĂ©. Cela participe Ă lâimpatience de dĂ©couvrir le prochain tome.
Pour que cet album soit une totale rĂ©ussite, il ne lui manque plus quâĂ possĂ©der un scĂ©nario dense et captivant. La prĂ©sence de Xavier Dorison est un gage de rĂ©ussite dans ce domaine. Une nouvelle fois, il Ă©crit une histoire prenante. La situation de dĂ©part est Ă la fois simple et originale. La mort orchestrĂ©e de Cusco est un point de dĂ©part permettant dâemprunter de nombreux chemins. Les diffĂ©rents protagonistes trouvent leur place dans lâintrigue par leur lien avec le dĂ©funt. Le suspense monte crescendo et atteint un pic dâintensitĂ© au cours des derniĂšres planches.
La conclusion de cet opus nâĂ©veille quâune envie, celle de connaĂźtre la suite. Il faut attendre le vingt-sept novembre prochain la parution du prochain tome intitulĂ© La danse des vautours. Mais cela est une autre histoireâŠ