
Titre : Le reste du monde
Scénariste : Jean-Christophe Chauzy
Dessinateur :Â Jean-Christophe Chauzy
Parution : Mars 2015
La mode du post-apocalyptique actuelle est plutôt basée sur les zombies. Jean-Christophe Chauzy décide de l’orienter sur une catastrophe naturelle, à savoir une série de séismes. Comment une famille, coincée dans une vallée, va-t-elle survivre dans cet environnement où tout commence à manquer ? Ce one-shot d’une centaine de pages est publié chez Casterman.
Marie, enseignante, termine ses vacances avec ses deux fils. Pendant ce temps-là , son mari la trompe, l’ayant quitté quelques semaines auparavant. C’est donc aigri qu’elle s’apprête à quitter le chalet. Mais voilà que des séries de séismes viennent tout bouleverser, coupant la vallée du reste du monde. Commence alors la difficile tentative de survie en attendant d’hypothétiques secours.
Un survival franchouillard.
« Le reste du monde » a tout du récit catastrophe classique. Des individus ordinaires se retrouvent perdus face à une situation inconnue et doivent se débrouiller. Certains dépérissent, d’autres s’aguerrissent. Jean-Christophe Chauzy, en prenant pour personnage principal une femme, fait preuve d’originalité. Ce n’est pas une pin-up, elle est mère de famille trompée et n’est pas préparée à ce qu’elle va vivre. Hélas, c’est la seule véritable originalité du livre. Les étapes qui s’enchaînent sont très classiques et on devine sans peine ce qu’il va se passer pour les pages suivantes. Après un premier intérêt en début de lecture, le soufflet retombe un peu dans la deuxième partie.
La grande catastrophe touchant un petit village montagnard, « Le reste du monde » prend un aspect « survival franchouillard ». En soit, ce n’est pas forcément désagréable, mais pas passionnant non plus. L’auteur ancre fortement son récit dans un lieu donné, où chaque non de ville parle aux protagonistes, chacun connaissant parfaitement la région. La fin, ouverte, laisse un goût amer au lecteur. Présenté comme un one-shot, « Le reste du monde » se laisse clairement la possibilité d’une suite. Or, après un constat assez moyen en première lecture (et globalement sans réponse), difficile d’être catégorique. Car s’il y a une suite, cela pourrait donner (un peu) plus de matière à ce premier tome. Voilà qui laisse un peu perplexe.
Le dessin de Jean-Christophe Chauzy est des plus convaincants. Optant pour une absence de noir à l’encrage, son trait fait preuve de dynamisme, dans un réalisme expressif. Il prend plaisir à réaliser de grandes cases et les scènes de séismes sont très réussies. Les couleurs se veulent tantôt vives, tantôt beaucoup plus désaturées, renforçant efficacement les ambiances. Un bilan des plus positifs concernant le dessin.

Optant pour un récit classique sans grandes surprises ni réponses, Jean-Christophe Chauzy laisse son lecteur sur sa faim. « Le reste du monde », comme one-shot, manque d’originalité pour séduire. Et sa fin ouverte, présageant une suite, laisse un peu dubitatif devant la démarche. Bref, il faudra attendre de voir si suite il y a pour avoir un avis définitif. Et c’est un peu dommage…
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Une préface introduit la narration. Elle décrit le contexte historique et les enjeux de la trame. Elle se déroule au début du seizième siècle durant l’opposition fratricide des chrétiens. D’un côté, se trouvent les partisans de la Réforme favorables à une traduction en français de la Bible afin qu’elle soit comprise par le plus grand nombre. De l’autre, les catholiques papistes refusent cette évolution et souhaitent maintenir les clés de la parole divine dans les mains d’une minorité. Je dois dire que cette courte présentation a éveillé ma curiosité. J’étais intrigué par la place qu’allait occuper ce maître d’armes dans cette guerre qui embrase la chrétienté et l’Europe.
Nous retrouvons ensuite Hans quelques années plus tard. Sa déchéance est évidente. Mais un événement va redonner un sens à sa vie. Un ami fidèle s’est enfuit de Paris avec un exemplaire de la Bible traduit en français. Sa mission est de l’amener en suite où il sera imprimé puis diffusé. Mais le périple n’est pas sans risque. Au rude climat hivernal des montagnes s’ajoute la poursuite effrénée de Maleztraza et ses sbires couplée à la chasse menée par une communauté de chrétiens peu favorables à la Réforme. Bref, l’issue de cette quête est bien incertaine. Hans arrivera-t-il à redonner un sens à sa vie en protégeant cet ouvrage si précieux et révolutionnaire ?


L’inconvénient majeur de ce cycle est l’absence (presque) totale de Noburo, un personnage ô combien charismatique ! Cependant, les informations distillées, le suspense insoutenable et les révélations compensent largement cette perte. Car au-delà de ce cycle passionnant, c’est toute la série qui prend du sens. Sitôt fermé ce tome, je me suis relancé dans la lecture complète des cycles précédents, retrouvant les allusions laissés par Hub précédemment (la relecture de la visite des monastères prend ainsi une saveur particulière…). L’auteur a vraiment pensé sa série comme un tout. Et au-delà de chaque cycle qui possédait un intérêt en tant qu’entité unique, la série prend encore une nouvelle dimension.





J’ai trouvé l’idée de départ originale et intéressante. Les enjeux apparaissent réels et créent un lien évident avec notre époque contemporaine. Ne dit-on pas que l’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs ? De plus, cela permet aux auteurs d’intégrer le concept de liberté de la presse dans leur histoire. Tous ces thèmes sont plutôt bien exploités tout au long de la narration. Sans jamais tomber dans un excès regrettable, Jean-Yves Ferri arrive à faire rire avec ses vannes évoquant l’univers du journalisme.

Après un premier tome qui s’éternisait sur les premières expériences de Narcisse, on entre ici dans le vif du sujet. « Terra Nullius » s’intéresse exclusivement à la vie du jeune homme sur l’île. Ses débuts difficiles (et contestés) parmi la tribu, jusqu’à son départ. Le lieu unique permet à Chanouga de mieux maîtriser sa narration. En cela, la série s’améliore. Mais on sent l’auteur encore très attaché à ne relater que les faits dont il a connaissance. L’histoire reste parcellaire et on aborde plusieurs années en un seul tome. Là encore, certains événements restent peu traités en terme psychologique (on pense notamment au cannibalisme).

Si la série doit avant tout parler de l’expérience de naufragé de Narcisse (vu les notes de fin d’ouvrage), ce premier tome s’attarde sur le personnage. Comment en est-il arrivé là , pourquoi veut-il naviguer… Tout cela est très classique et, honnêtement, peu passionnant. Tout va trop vite (ou pas assez, c’est selon) et la narration manque de fluidité. Quand on comprend à la fin du livre qu’on a affaire à une biographie, on comprend mieux le rythme un peu hâché du l’ouvrage. Chanouga manque un peu d’expérience pour le coup, n’arrivant pas à se détacher du sujet pour faire les coupes nécessaires dans la réalité ou, à l’inverse, pour broder et remplir les inconnues.

L’histoire est découpée en plusieurs chapitres, chacun étant représenté par une couleur. Le dessin est bichromique, ce qui permet de bien définir les différentes ambiances. L’histoire commence en ville, alors que l’homme mène une vie des plus modernes : métro, boulot, dodo. Mais l’appel de la mer va briser cet enchaînement (la cassure est parfaitement représenté par la couverture). Difficile d’en dire plus sans spoiler la suite, mieux vaut laisser la surprise.