Le singe de Hartlepool – Wilfrid Lupano & JĂ©rĂ©mie Moreau

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Titre : Le singe de Hartlepool
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Jérémie Moreau
Parution : Septembre 2012


Pendant les guerres napolĂ©oniennes, un navire français navigue prĂšs des cĂŽtes anglaises. A bord, un singe habillĂ© d’un uniforme français fait office de mascotte. La haine de l’anglais est alors Ă  son comble. Ainsi, le mousse, osant chantonner une mĂ©lodie en anglais, se voit jetĂ© par-dessus bord
 Quelques instants plus tard, c’est tout le navire qui sombre suite Ă  un orage soudain. Seul rescapé : le singe. Celui-ci va se retrouver sur les cĂŽtes anglaises, prĂšs d’un village nommĂ© Hartlepool. Les habitants vont alors dĂ©cider de pendre ce Français.

lesingedehartlepool1InspirĂ© d’une histoire vraie (ou du moins d’une lĂ©gende, difficile d’ĂȘtre certain de la vĂ©racitĂ© des faits), « Le singe de Hartlepool » est une vĂ©ritable fable contre la bĂȘtise humain en gĂ©nĂ©ral et le nationalisme en particulier. N’ayant jamais vu un Français de leurs vies, les habitants vont trouver Ă  se convaincre que ce singe est un ĂȘtre humain français. Quitte Ă  faire appel Ă  un ancien combattant sĂ©nile pour trouver des arguments


Les auteurs, Wilfrid Lupano au scĂ©nario et JĂ©rĂ©mie Moreau au dessin, ont dĂ©cidĂ© de jouer le jeu Ă  fond. Ici, c’est une fable. La plupart des gens (ici, de vĂ©ritables ploucs) sont complĂštement stupides et haineux. Seuls certains personnages parviennent Ă  sortir de cet Ă©tat de fait : certains enfants et le mĂ©decin, symbole de culture et donc de tolĂ©rance. Clairement, les auteurs font le choix d’une morale claire et affirmĂ©e et c’est tant mieux.

Le ton de l’album est clairement cynique. L’humour y est fortement prĂ©sent malgrĂ© l’aspect dramatique de l’histoire. On rit souvent, voire mĂȘme de bon cƓur, devant les remarques des villageois. On rit de la bĂȘtise humaine et Ă  la fois, on s’en dĂ©sespĂšre.

« Bien qu’il ne parle pas, le singe est le personnage le plus complexe de l’histoire. »

Notre empathie est souvent requise dĂšs que le singe apparaĂźt. Victime innocente, subissant le courroux d’animaux se revendiquant intelligents, il est le personnage le plus complexe de l’histoire, bien qu’il ne parle pas. Et en cela, c’est la grande rĂ©ussite de l’album. Les auteurs ont parfaitement su retranscrire la dualitĂ© des chimpanzĂ©s. PoussĂ© dans ses retranchements, le singe est bestial, il mord jusqu’au sang, griffe, bref, lutte pour sa vie. Mais il est Ă©galement parfois terriblement humain avec son regard perdu dans le vide. Éternelle victime de l’homme (enlevĂ© Ă  sa famille, puis pendu en Angleterre), il paraĂźt pourtant bien plus humain que ses bourreaux.

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Outre une narration et un ton captivants, il faut avouer que le dessin est l’un des points forts de cet album. J’ai pleinement accrochĂ© au graphisme personnel et expressif de JĂ©rĂ©mie Moreau. Il est en parfaite adĂ©quation avec le propos, sachant se montrer expressif dans les moments les plus ridicules ou plus intimiste dans les passages les plus empathiques. Pour un premier album, c’est d’autant plus impressionnant. Un dessinateur que je suivrai avidement dĂ©sormais.

« Le singe de Hartlepool » est un one-shot de qualitĂ©. MaĂźtrisĂ© de bout en bout sur tous les points, il maĂźtrise le mĂ©lange des genres avec brio. A la fois Ă©cƓurĂ©, amusĂ© et attristĂ©, le lecteur repart avec le plein d’émotion ! 

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Note : 17/20

Pascal Brutal, T4 : Le roi des hommes – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T4 : Le roi des hommes
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Septembre 2014


Si Riad Sattouf fait beaucoup parler de lui ces derniĂšres semaines avec son livre « L’arabe du futur », c’est bien la sortie du quatriĂšme tome de « Pascal Brutal » qui me mettait dans tous mes Ă©tats. RĂ©compensĂ©e Ă  AngoulĂȘme pour son troisiĂšme tome, cette sĂ©rie est un must-have d’humour. Ce nouvel opus, intitulĂ© « Le roi des hommes », nous permet de dĂ©couvrir un peu plus la vie de Pascal, l’homme le plus viril du monde. Le tout est publiĂ© chez Fluide Glacial.

Le monde de Pascal Brutal est assez original
 AprĂšs l’accession d’Alain Madelin au pouvoir, la France dĂ©cline et sombre dans un chaos intellectuel et social. Riad Sattouf crĂ©e une vision de notre future trĂšs pessimiste et pourtant si proche de notre sociĂ©tĂ© actuelle. C’est la complĂšte dĂ©cadence : violence, sexe et QI nĂ©gatif s’y cĂŽtoient en permanence. Et au milieu de tout cela, Pascal Brutal


Ce bon vieux Pascal, c’est la virilitĂ© Ă  l’état pur : des gros muscles, une grosses motos et des femmes qui le veulent tout de suite et maintenant. Mais surtout, c’est une homosexualitĂ© refoulĂ©e qui ressort rĂ©guliĂšrement


La voix off, point fort de la série

Ainsi, tour Ă  tour, Pascal va essayer de pĂ©cho dans la ville des gays, ĂȘtre star du rap, joueur de foot, etc. Riad Sattouf s’amuse Ă  intĂ©grer l’Homme dans toutes les situations possibles, mais toujours dans sa France façon Madelin. C’est d’ailleurs la description de cet univers ultralibĂ©rale, par la voix off, qui fait tout le sel de cette bande-dessinĂ©e. Au-delĂ  des situations, Riad Sattouf s’amuse Ă  dĂ©crire un monde improbable. Cerise sur le gĂąteau : un certain Riad Sattouf a permis au monde arabe de devenir la sociĂ©tĂ© la plus avancĂ©e et la plus progressiste (dans le tome 3). Nous retrouvons ainsi un stade Riad Sattouf construit Ă  base de sacs plastiques recyclĂ©s


Si on sourit souvent devant la vie de Pascal, on rit aussi. Cette sĂ©rie possĂšde une telle identitĂ© et une telle densitĂ© que l’on a du mal Ă  rester indiffĂ©rent. Le lien avec « La vie secrĂšte des jeunes » est Ă©vident. Riad Sattouf sait observer ses contemporains et projettent le tout dans l’avenir. Et ce n’est pas rose…

 Le dessin, simple en apparence, est parfaitement adapté. Les expressions du visage de Pascal sont complexes et participent à notre hilarité. Bref, du lourd.

Avec son quatriĂšme opus, « Pascal Brutal » ne faiblit pas. L’univers et le personnage créés par Riad Sattouf possĂšdent une vĂ©ritable originalitĂ© et l’auteur sait les utiliser sans se rĂ©pĂ©ter. Une des grandes bande-dessinĂ©es d’humour de ces derniĂšres annĂ©es, dans la plus pure tradition Fluide Glacial !

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17/20

Bone, T4 : La nuit des rats-garous – Jeff Smith

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Titre : Bone, T4 : La nuit des rats-garous
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Mars 1997


« Bone » est le seul comics Ă  trĂŽner dans ma bibliothĂšque, mĂȘme si un tome de « Sin City » s’est discrĂštement glissĂ© entre deux bande-dessinĂ©es franco-belge. DĂ©couverte par hasard dans la mĂ©diathĂšque du quartier, ce mĂ©lange d’aventure et d’humour m’a pleinement sĂ©duit. AprĂšs trois premiers tomes exceptionnels, le propos se corse. « La nuit des rats-garous » annoncent de sombres Ă©vĂšnements, comme l’indique parfaitement la couverture. Le tout est toujours Ă©ditĂ© chez Delcourt pour 88 pages. C’est l’un des tomes les plus lĂ©gers en termes de pagination.

Clairement, on sent un petit problĂšme de dĂ©coupage dans cette Ă©dition. On reprend l’histoire en pleine forĂȘt, sous le dĂ©luge
 Qu’importe, le plaisir reste le mĂȘme. Mamie Ben fuit et est rattrapĂ©e par Thorn et Fone Bone. Qu’a-t-elle donc Ă  cacher ? CernĂ©s par les rats-garous qui Ă©cument la forĂȘt, le trio tente de survivre.

Le tome des révélations

Ce tome est LE tome des rĂ©vĂ©lations. AprĂšs un dĂ©but plutĂŽt lĂ©ger, le propos se durcit. On apprend enfin qu’est-ce que la vallĂ©e, les forces en prĂ©sence, son passĂ©, etc. Le rĂ©cit prend une autre tournure. Mais la deuxiĂšme partie du tome est elle pleinement humoristique. Lucius et Phoney se lancent dans le concours Ă  la taverne. Chacun son cĂŽtĂ© et les gens consomment oĂč ils le veulent. MĂȘme si la compĂ©tition semble lĂ  pour montrer le caractĂšre de Phoney, cela aura Ă©videmment bien plus d’importance


Jeff Smith continue ici son mĂ©lange savoureux. De l’humour, du romantisme, de l’aventure, de l’hĂ©roĂŻc fantasy
 Le travail sur les ambiances est remarquable notamment pour cette fameuse « Nuit des rats-garous ». Son dĂ©coupage donne une vraie puissance Ă  l’ouvrage. InspirĂ© de l’animation, de nombreuses cases se suivent avec le mĂȘme cadrage, changeant juste un petit dĂ©tail de l’une Ă  l’autre. Ce travail proche du dessin-animĂ© par moment donne une fluiditĂ© Ă  la lecture et permet de jouer aussi bien sur la peur que sur le rire !

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Au niveau du dessin, Jeff Smith produit des noirs et blancs particuliĂšrement beaux dans ce tome nocturne. La reprĂ©sentation de la foudre, de la pluie est formidable ! Je suis conquis depuis bien longtemps par le trait rond et expressif de l’auteur. Sa capacitĂ© Ă  mĂ©langer cartoon et dessin rĂ©aliste est un modĂšle du genre !

« La nuit des rats-garous » est un tome charniĂšre dans la sĂ©rie « Bone ». Il pose (en partie) les enjeux, ce qui n’était pas vraiment le cas auparavant. On passe de quĂȘtes immĂ©diates Ă  une quĂȘte plus gĂ©nĂ©rale, ce qui change fortement la donne pour les personnages.

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Note : 19/20

Bone, T3 : RĂȘves et cauchemars – Jeff Smith

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Titre : Bone, T3 : RĂȘves et cauchemars
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Septembre 1996


« Bone » a Ă©tĂ© l’une de mes plus grandes surprises de lecture. Ce comics mĂ©langent autant les codes graphiques que les genres dans une fusion de trĂšs grande qualitĂ©. On y retrouve des bones, personnages de cartoon exilĂ©s de Boneville, qui arrivent dans une vallĂ©e teintĂ©e d’hĂ©roĂŻc-fantasy. Le dĂ©but de l’histoire est trĂšs lĂ©gĂšre, pleine d’humour, bien que dĂ©jĂ  les rats-garous sĂšment le trouble. Le tout est publiĂ© chez Delcourt. Je prends ici pour rĂ©fĂ©rence la premiĂšre version publiĂ©e en noir et blanc.

Smiley et Phoney, suite aux paris truquĂ©s, sont obligĂ©s de travailler pour Mamie Ben, puis pour Lucius. Les voilĂ  donc Ă  la ferme pour reconstruire le tout aprĂšs l’attaque des rats-garous. Si Smiley est toujours de bonne humeur, Phoney cherche Ă  tout prix un moyen de repartir Ă  Boneville couvert d’or. ProblĂšme : Fone Bone est amoureux de la belle Thorn et sa motivation de retour d’exil est toute relative


L’ambiance est encore Ă  la « bone » humeur

Dans ce troisiĂšme tome, l’ambiance est encore Ă  la bonne humeur. Les trois bones sont ensemble et les situations cocasses sont lĂ©gions. Mais les rĂȘves s’invitent aussi bien chez Thorn que chez Fone Bone. Les enjeux rĂ©els restent ici encore flous mais le mystĂšre s’épaissit et titille notre curiositĂ©. Ce tome reste l’un des plus courts parus, l’histoire avance donc peu. A la fin de l’ouvrage, les bones sont une nouvelle fois sĂ©parĂ©s, laissant prĂ©sager de nouvelles pĂ©ripĂ©ties.

Clairement, le dĂ©but de cette Ă©popĂ©e est la partie que je prĂ©fĂšre. MĂȘlant humour, suspense et aventure, c’est un cocktail dĂ©tonnant ! C’est toujours le cas ici oĂč, aprĂšs des passages trĂšs drĂŽles, une scĂšne vient nous rappeler que l’heure est Ă  l’inquiĂ©tude
 Ce sont les derniers moments d’insouciance avant que les problĂšmes n’arrivent


Concernant le dessin, ce tome est particuliĂšrement beau. En effet, une bonne partie de l’histoire se passe en pleine averse et en pleine nuit, donnant lieu Ă  des planches en noir et blanc de toute beautĂ©. Jeff Smith est ici au sommet. Son trait au pinceau est une merveille. L’environnement est pourtant trĂšs simple (la forĂȘt et la ferme
), mais parfaitement rendu. Et surtout, l’auteur parvient Ă  mixer dessin cartoon et rĂ©aliste avec une aisance stupĂ©fiante. Du grand art.

Jeff Smith a pris son rythme de croisiĂšre avec ce « RĂȘves et cauchemars ». Les enjeux ne sont pas encore trĂšs clairs pour le lecteur, mais la tension monte lentement


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Note : 19/20

Blast, T4 : Pourvu que les bouddhistes se trompent – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T4 : Pourvu que les bouddhistes se trompent
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Mars 2014


« Blast » est un OVNI du neuviĂšme art. Depuis la sortie de son premier tome il y a presque quatre ans, cette sĂ©rie est amenĂ©e Ă  marquer profondĂ©ment ses lecteurs. Ce roman graphique nĂ© de l’imagination et de la plume de Manu Larcenet est un uppercut permanent. Cette saga est une tĂ©tralogie. Le sept mars dernier est apparu l’épisode ultime du parcours de Polza Mancini, ce personnage pas comme les autres. Ce dernier opus s’intitule « Pourvu que les bouddhistes se trompent ». EditĂ© chez Dargaud, cet ouvrage se compose de cent quatre-vingt-quinze pages. Il coĂ»te vingt-trois euros. La couverture se partage en deux plans. Le premier nous prĂ©sente Polza, revenu Ă  l’état sauvage. Le second nous prĂ©sente Carole assise un rĂ©volver dans la main. Le dĂ©nouement approche et nous pouvons lĂ©gitimement l’apprĂ©hender.

La quatriĂšme de couverture fait parler Mancini qui s’adresse Ă  nous : « Un vent lourd, puant suie et cadavre, gronde sur la route et me glace. L’orage approche. Je ne cherche aucun abri, il n’en existe pas Ă  ma taille. Je claudique au bord du chemin, ivre comme toujours, dans l’espoir que la distance entre nous se rĂ©duise que nos peaux se touchent enfin. Sali, battu, hagard, je repousse le moment oĂč, le souffle court et les pieds meurtris par de mauvaises chaussures, je devrai m’arrĂȘter. Serai-je encore assez vivant pour repartir ? »

Tour Ă  tour Ă©mu, touchĂ©, Ă©nervĂ©, choquĂ©, compatissant, dĂ©goĂ»tĂ©, horrifiĂ©…

Polza Mancini est un personnage riche qui ne peut pas laisser indiffĂ©rent. Pire que cela, il arrive Ă  gĂ©nĂ©rer tous les spectres des sentiments possibles. Tour Ă  tour j’ai Ă©tĂ© Ă©mu, touchĂ©, Ă©nervĂ©, choquĂ©, compatissant, dĂ©goĂ»tĂ©, horrifiĂ© et j’en passe. D’une page Ă  l’autre, nos Ă©motions sont chamboulĂ©es. La vie de Polza est celle d’un clochard comme il l’affirme. Elle alterne donc entre des moments de poĂ©sie dans la forĂȘt ou prĂšs d’une riviĂšre avec des moments durs inhĂ©rents Ă  la vie dehors. Tous les marginaux ne sont pas stables et bienveillants, loin s’en faut. D’ailleurs le Mancini n’est pas dĂ©nuĂ© de dĂ©faut : il est alcoolique, droguĂ©, instable, sale. A cela s’ajoute un physique difforme qui incite Ă  dĂ©tourner le regard. Bref, il fait partie des gens qu’on n’oublie mais qu’on ne souhaite pas croiser Ă  nouveau.

Mais Polza ne nous conte pas son histoire au coin du feu. Il est en garde Ă  vue. Il est accusĂ© du meurtre de Carole, une jeune femme que les premiers tomes ont petit Ă  petit fait apparaĂźtre dans la vie de Mancini. L’album prĂ©cĂ©dent se concluait par une rude rĂ©vĂ©lation : Carole aurait tuĂ© son propre pĂšre. C’est donc ici que reprend la trame pour ce dernier acte.

A la suite de son Ă©vasion de l’hĂŽpital, Polza est hĂ©bergĂ© chez un des anciens pensionnaires prĂ©nommĂ© Roland. Ce dernier vit dans une ferme reculĂ©e avec sa fille Carole. Mancini ne quittera plus cette ferme jusqu’à son interpellation par la police. Pour la premiĂšre fois, Polza est sĂ©dentaire. Bien qu’il affirme ĂȘtre irrĂ©mĂ©diablement attirĂ© par un dĂ©part dans la forĂȘt, il ne franchit jamais le pas. Il semble attachĂ© Ă  sa nouvelle famille. L’équilibre qui rĂ©git la vie de cette petite communautĂ© est remarquable dĂ©crit par Larcenet. Alors qu’on pourrait y voir une fille aimante et dĂ©vouĂ©e qui s’occupe de son pĂšre malade et qui accueille un sans-abri en quĂȘte d’affection. Mais tout cela est bien plus compliquĂ©, malsain et inquiĂ©tant. Chaque rayon de soleil prĂ©cĂšde une longue pĂ©riode sombre sans lumiĂšre. L’issue nous est connue. Elle est triste et fatale. Le moins que nous puissions dire est que le chemin qui y mĂšne n’est pas plus joyeux.

CĂŽtĂ© dessin, le voyage est intense. Le travail graphique de Larcenet est impressionnant. Son Ɠuvre est quasiment entiĂšrement en noir et blanc. Il fait naĂźtre une grande galerie d’atmosphĂšre. Que les scĂšnes soient intimes ou que ce soient des paysages, que les moments soient lĂ©gers ou horribles, tout nous pĂ©nĂštre profondĂ©ment. Je n’ai pas le vocabulaire suffisamment riche pour vous transcrire les sentiments ressentis devant les planches ou les termes prĂ©cis et techniques qui permettraient d’expliquer la qualitĂ© du travail. Je ne peux donc que vous inciter Ă  ouvrir aux hasards ce tome et en lire quelques pages. Ce sera la meilleure maniĂšre de vous imprĂ©gner et de savourer les remarquables illustrations qui accompagnent cette histoire qui l’est tout autant.

« Pourvu que les bouddhistes se trompent » conclue avec maestria cette grande saga. La derniĂšre partie de l’ouvrage est une invitation Ă  la redĂ©couvrir avec un regard neuf. Cette sĂ©rie est une Ɠuvre majeure de ma bibliothĂšque. Je pense que je m’y plongerai rĂ©guliĂšrement quitte Ă  prendre du plaisir de lecteur Ă  souffrir. « Blast », c’est une expĂ©rience qui ne laisse pas indemne


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Note : 19/20

Blast, T3 : La tĂȘte la premiĂšre – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T3 : La tĂȘte la premiĂšre
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Octobre 2012


« Blast » est incontestablement un OVNI dans la bibliographie de Manu Larcenet. Sa cĂ©lĂ©britĂ© est nĂ©e du succĂšs de sĂ©ries telles que « Le retour Ă  la Terre », « Donjon Parade », « Le combat ordinaire » ou encore « Chez Francisque ». J’ai toujours suivi son travail. Il a su me faire rire souvent et m’émouvoir de temps Ă  autre. Bref, cet auteur est incontestablement un des Ă©crivains en vogue du neuviĂšme art. Son aura prend une toute autre ampleur lorsqu’apparait « Grasse carcasse » dans les librairies. Premier Ă©pisode de sa nouvelle saga, cet album se dĂ©marque. Le format est plus carrĂ©, il se compose de deux cents pages et l’identitĂ© graphique est noire et blanche. Une fois la lecture entamĂ©e, l’atmosphĂšre glauque, triste et dĂ©pressive nous envahit et ne nous laisse pas indemne une fois terminĂ©e. Bref, « Blast » organise un voyage unique qui ne peut pas laisser indiffĂ©rent. C’est donc avec un plaisir intense que j’ai dĂ©couvert la parution en octobre dernier du dernier acte des aventures de Polza Mancini.

Son hĂ©ros est accusĂ© d’avoir agressĂ© une femme. Il est en garde Ă  vue, Ă©coutĂ© par des policiers. Ces derniers cherchent Ă  savoir comment cet acte a pu avoir lieu. Mais Polza veut tout expliquer. Cela part de son enfance, de la mort de son frĂšre et de son pĂšre. Et surtout il Ă©voque son premier Blast, Ă©tat d’extase profonde qu’il obtient en abusant d’alcool ou de substances illicites. Sa vie de clochard, en dehors des sentiers battus, se rĂ©sument donc Ă  des rencontres hasardeuses et la quĂȘte du blast. Son physique ingrat fait de lui un paria volontaire de la sociĂ©tĂ©. Dans l’opus prĂ©cĂ©dent, il croisait Jacky qui s’avĂ©rait ĂȘtre un serial killer. Ce nouvel acte prĂ©sente de nouvelles rencontres qui ne laissent pas indemne Ă  la fois le hĂ©ros et ses lecteurs


Un hĂ©ros malade Ă  l’intelligence particuliĂšre et alambiquĂ©e.

Cet ouvrage se dĂ©marque des deux prĂ©cĂ©dents par la narration de l’internement de Polza. Suite Ă  une tentative de suicide difficile Ă  soutenir, Mancini se trouve enfermĂ© dans une structure hospitaliĂšre qui lui impose une thĂ©rapie psychanalytique. On n’a jamais doutĂ© du fait que le hĂ©ros est malade et nĂ©cessite des soins. Mais c’est la premiĂšre fois depuis le dĂ©but de l’histoire qu’on le dĂ©couvre dans les mains du corps mĂ©dical. Son intelligence particuliĂšre, inquiĂ©tante et alambiquĂ©e prend une autre ampleur quand elle se confronte Ă  la rĂ©alitĂ©. Son refus de se soigner, sa maniĂšre de manipuler et de mĂ©priser les codes font que tout espoir Ă  son Ă©gard disparaĂźt. Il ne veut pas saisir la main qu’on lui tend. On s’en doutait mais on souffre de voir cela se confirmer.

En dehors de la pĂ©riode mĂ©dicale de l’intrigue, Larcenet nous offre des scĂšnes particuliĂšrement dures qui mettent mal Ă  l’aise et qui font souffrir. L’auteur n’utilise aucun filtre pour dĂ©crire la vie de cet homme errant. On sent particuliĂšrement bien l’angoisse de la nuit. Toutes les bĂȘtes fĂ©roces sortent de leur taniĂšre et l’animalitĂ© de l’homme prend une toute autre ampleur qui est loin de laisser indiffĂ©rent. Le talent de l’auteur pour alterner des moments bavards et des moments complĂštement silencieux participe activement Ă  cette atmosphĂšre oppressante. La capacitĂ© que possĂšde l’écrivain Ă  dessiner des paysages nocturnes ou diurnes fait que nos Ă©motions sont en permanence sollicitĂ©es.

Je ne voudrais trop vous en dĂ©voiler. En effet, le plaisir rĂ©side Ă©galement dans les nombreuses interrogations qui se posent Ă  nous quant au devenir de Polza. Le suspense est stressant tant la descente aux enfers du hĂ©ros est permanente. Cet ouvrage est donc dans la lignĂ©e des deux premiers opus. Il s’agit lĂ  d’un vrai compliment tant je suis adepte de cette saga qui est unique dans son genre et qui ne laissera personne indemne une fois le bouquin refermĂ©. Mancini continue Ă  nous hanter


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Note : 17/20

Blast, T2 : L’apocalypse selon Saint Jacky – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T2 : L’Apocalypse selon Saint Jacky
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Avril 2011


« L’apocalypse selon Saint Jacky » est le titre du deuxiĂšme opus de la sĂ©rie de bandes dessinĂ©es « Blast ». Ecrit par Manu Larcenet, cet album est Ă©ditĂ© chez Dargaud depuis le mois d’avril dernier. Cet ouvrage est d’un format original. En effet, l’histoire s’étale sur environ deux cents pages. Le prix est Ă  peine supĂ©rieur Ă  vingt euros. La couverture est coupĂ©e en deux parties. La partie supĂ©rieure, en noir et blanc, nous prĂ©sente un homme obĂšse les yeux dans les yeux avec un Ă©lĂ©phant. L’infĂ©rieure est colorĂ©e et nous fait dĂ©couvrir un homme en train de lire, allongĂ© dans ce qui semble ĂȘtre un livre.

Ce bouquin est la suite du prĂ©cĂ©dent tome de « Blast » intitulĂ© « Grasse carcasse ». Cette nouvelle histoire reprend oĂč nous avait laissĂ©s la prĂ©cĂ©dente. C’est l’occasion de prĂ©ciser qu’il m’apparaĂźt indispensable d’avoir lu le prĂ©cĂ©dent pour profiter pleinement de cet ouvrage. On y avait rencontrĂ© Mancini. Ancien Ă©crivain, il se revendique clochard. On dĂ©couvre son choix de vie qui consiste Ă  errer et Ă  vivre oĂč le mĂšne la vie sans aucune contrainte. Il vit dans la forĂȘt, y rencontre des SDF. Et surtout il boit et se drogue. Tout cela a pour but de lui faire ressentir Ă  nouveau le blast, sensation extrĂȘme de nirvana qui lui fait quitter sa misĂ©rable existence et son horrible corps d’obĂšse dĂ©goutant. Mais le problĂšme est qu’on a dĂ©couvert Mancini en garde Ă  vue et qu’il est accusĂ© de tentative de meurtre sur une femme


« L’apocalypse selon Saint Jacky » commence par l’annonce du dĂ©cĂšs de la prĂ©sumĂ©e victime de Mancini. Les policiers refusent de l’annoncer Ă  leur suspect et continuent Ă  le faire parler. En effet, Mancini continue de leur conter le cheminement de sa vie qui l’a amenĂ© Ă  se trouver Ă  cet endroit Ă  ce moment. Le centre de sa narration va tourner autour d’un personnage prĂ©nommĂ© Jacky qui l’a accueilli un temps et qui a fait durant quelques temps de Mancini un sĂ©dentaire


Un personnage principal qui n’a rien de rĂ©ellement sympathique.

Cette sĂ©rie ne s’adresse pas Ă  tous les publics. Autant des sĂ©ries de Larcenet comme « Le retour Ă  la terre » ou « Nic Oumouk » utilisent un ton lĂ©ger et humoristique, autant « Blast » adopte une ambiance lourde et dure. Le personnage principal n’a rien de rĂ©ellement sympathique. Son statut de SDF devrait dĂ©clencher un sentiment d’empathie. Ce n’est pas vraiment le cas. Il a choisi sa situation et semble en revendiquer de la fiertĂ©. De plus, sa situation d’alcoolique et de droguĂ© assumĂ©e ne favorise pas la sympathie. La narration est rĂ©aliste. Elle prĂ©sente quelque part les codes du chemin initiatique. Mancini nous offre une rĂ©flexion sur sa vie.

Le scĂ©nario s’étale sur deux cents pages. C’est relativement rare dans la bande dessinĂ©e. Le risque Ă©tait que la trame souffre de quelques vides ou encore de quelques lenteurs. Ce n’est absolument pas le cas. La lecture est intense. J’ai dĂ©vorĂ© cet opus d’une seule traite. On est rĂ©ellement transportĂ© dans l’univers de Mancini. On est fascinĂ© par le parcours de cet homme qui se met sciemment Ă  l’écart de la sociĂ©tĂ© et de ses codes. Les diffĂ©rentes rencontres sont autant de rebondissements. Les moments d’introspection sont Ă©galement passionnants.

Le personnage principal possĂšde une emprise Ă©norme sur le rĂ©cit. D’une part, il en est le narrateur et d’autre part ils occupent quasiment toutes les cases de l’ouvrage. Les deux policiers qui l’interrogent ont un rĂŽle trĂšs secondaire et ont pour unique utilitĂ© de relancer la trame. Ce deuxiĂšme tome nous fait rencontrer un nouveau protagoniste qui prend une place trĂšs importante. PrĂ©nommĂ© Jacky, il s’agit d’un homme, dealer, vivant dehors et fanatique de littĂ©rature qui va hĂ©berger Mancini pendant quelques temps. On pourrait qu’ils deviennent amis. Leur cohabitation nous est contĂ©e durant une grande majoritĂ© des pages. J’ai trouvĂ© cet aspect passionnant et savamment narrĂ©. Cette rencontre entre deux auto-exclus de la sociĂ©tĂ© ne laisse pas indiffĂ©rent.

Mais la richesse de cet album ne rĂ©side uniquement dans sa narration. L’atmosphĂšre de la lecture est intense. De temps en temps touchant, trĂšs souvent mettant mal Ă  l’aise, l’ambiance ne nous laisse jamais indiffĂ©rent ni insensible. Et pour aboutir Ă  ce rĂ©sultat, les dessins jouent un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant. Manu Larcenet nous offre une Ɠuvre de grande qualitĂ© sur le plan graphique. Les dessins sont en noir et blanc. Il nous offre une grande variĂ©tĂ© de point de vue. D’une part, les paysages sont remarquables. Que ce soit la forĂȘt ou des immeubles de banlieue. D’autre les personnages sont Ă©galement trĂšs bien nĂ©s. Certains visages sont splendides. Ils possĂšdent une rĂ©elle profondeur.

Je ne peux donc que vous conseiller la lecture de cet album. Je le trouve trĂšs rĂ©ussi. De plus, il s’avĂšre ĂȘtre original, ce qui ne gĂąche rien. Pour ceux qui avaient dĂ©jĂ  dĂ©couvert le premier opus de la sĂ©rie, ce nouveau tome est Ă  la hauteur de son prĂ©dĂ©cesseur. Quant Ă  ceux pour qui « Blast » Ă©tait un univers inconnu, n’hĂ©sitez pas Ă  vous y plonger en commençant par « Grasse carcasse ». Bonne lecture


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Note : 17/20

Blast, T1 : Grasse carcasse – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T1 : Grasse Carcasse
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Novembre 2009


Manu Larcenet est un auteur que j’apprĂ©cie Ă©normĂ©ment. La principale qualitĂ© que je lui trouve est de ne pas s’enfermer dans une case scĂ©naristique. Autant son « Le retour Ă  la terre » est lĂ©ger et drĂŽle, autant son « Le combat ordinaire » est nostalgique et Ă©mouvant. Ses deux sĂ©ries dĂ©montrent plutĂŽt bien le grand spectre d’atmosphĂšre dans lequel peut nous plonger cet Ă©crivain. Mais ce n’est pas de ses sĂ©ries dont je veux vous parler. Je me contente de vous les conseiller vivement. L’album dont je veux vous parler aujourd’hui se nomme « Blast ». Il s’agit d’un ouvrage au format original. EditĂ© chez Dargaud, il est d’un format plus « carrĂ© » qu’un album de bandes dessinĂ©es classique. De plus, il est particuliĂšrement Ă©pais. En effet, l’histoire se dĂ©roule sur environ deux cents pages. Il est vendu au prix de vingt-deux euros. « Blast » est une nouvelle sĂ©rie nĂ©e de l’imagination de Larcenet. Il s’occupe Ă  la fois du scĂ©nario et des dessins. Le premier opus s’intitule « Grasse carcasse ». Il est apparu dans les librairies en novembre dernier.

Un homme obĂšse et sans domicile fixe

L’histoire est construite autour d’un personnage imposant nommĂ© Polza Mancini. On le dĂ©couvre en garde Ă  vue. AgĂ© de trente-huit ans et sans domicile connu, il est accusĂ© d’avoir agressĂ©e une femme maintenant plongĂ©e dans un coma artificiel. Deux policiers l’interrogent et cherchent Ă  connaĂźtre son mobil et Ă  savoir prĂ©cisĂ©ment d’oĂč vient un tel dĂ©chainement de violence. Mais pour Polza, tout n’est pas si simple. Sa quĂȘte consiste Ă  sentir Ă  nouveau le Blast, moment oĂč la vie atteint la perfection. Et cette recherche est permanente et vient de loin. Et pour cela, il faut en revenir au tout dĂ©but. Et voilĂ  cet homme obĂšse et sans domicile fixe qui commence Ă  nous raconter sa vie dans la petite salle d’un commissariat


Le hĂ©ros est particulier. Si on l’avait croisĂ© dans la rue, il ne nous aurait inspirĂ© aucune affection ou empathie particuliĂšre. Voir cet homme errer dans la rue ne nous aurait pas touchĂ©s. On aurait Ă©ventuellement ressenti de la pitiĂ© pour son physique difforme et sa vie apparemment pas facile. Mais Larcenet en a dĂ©cidĂ© d’en faire son personnage central. Pour arranger le tout, cet homme a agressĂ© violemment une femme et se trouve arrĂȘtĂ© dans un commissariat. Comment peut-on s’intĂ©resser Ă  lui ? Peut-ĂȘtre est-ce du au talent de son crĂ©ateur mais dĂšs les premiĂšres pages de lecture, Mancini nous devient sympathique. On s’attache Ă  lui trĂšs vite. On oublie la raison de sa prĂ©sence dans ces lieux. On s’immerge pleinement dans son univers et dans son histoire. Sa narration nous passionne.

L’intĂ©rĂȘt que j’ai ressenti pour cette histoire est d’autant plus surprenant qu’elle n’est a priori pas forcĂ©ment passionnante. Mancini est un Ă©crivain qui voit son pĂšre mourir Ă  l’hĂŽpital. Cet Ă©vĂ©nement marque une rupture. Il dĂ©cide de partir Ă  l’aventure. La rue devient son nouvel univers et sa nouvelle maison. On a donc l’impression de suivre un clochard dans son quotidien. Il ne tĂ©moigne pas de rĂ©elle volontĂ© d’amĂ©liorer sa situation, on ne ressent pas de quĂȘte particuliĂšre sortie de celle de ressentir le Blast. Bref, tout cela manque d’idĂ©al classique. Et pourtant malgrĂ© tout cela, on se prend d’affection pour cette personne et on a Ă©normĂ©ment de curiositĂ© pour son avenir.

Je pense que ce plaisir de lecture vient en grande partie de l’atmosphĂšre assez particuliĂšre dans laquelle navigue Mancini. L’ambiance est assez envahissante je trouve. On s’y immerge de maniĂšre assez intense. Larcenet nous offre des moments de silence et contemplatif qui apportent une dimension assez intense Ă  la narration. Peut-ĂȘtre que le fait que les dessins soient en noir et blancs participent Ă  tout cela. Ce qui est Ă©galement trĂšs particulier est le fait que malgrĂ© ce grand nombre de pages, on croise relativement peu de personnages. La narration est construite davantage sur l’introspection du hĂ©ros plutĂŽt que sur ses rencontres. De plus, le style de Larcenet, bien que particulier, me touche Ă©normĂ©ment. Je trouve les visages de ses personnages trĂšs expressifs.

Donc au final j’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  dĂ©couvrir ce nouvel univers. La lecture a Ă©tĂ© trĂšs agrĂ©able, le dĂ©paysement total. Par contre, je comprendrais aisĂ©ment que tout le monde n’y soit pas sensible. L’ambiance, le thĂšme ou encore le dessin sont particuliers. Je vous conseille donc de le feuilleter dans les rayons avant de vous l’offrir. Par contre, si vous y ĂȘtes sensibles, je vous garantis un moment assez intense et je ne doute pas que vous partagerez avec moi l’impatience de devoir attendre la parution du deuxiĂšme opus de « Blast ». Bonne lecture


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Note : 17/20

Bone, T2 : La grande course – Jeff Smith

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Titre : Bone, T2 : La grande courses
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Avril 1996


 « Bone » est certainement l’une des sĂ©ries que j’ai le plus apprĂ©ciĂ©es. De part son cĂŽtĂ© transatlantique, c’est aussi l’un des rares comics qui peuple ma bibliothĂšque. Le premier tome nous avait prĂ©sentĂ© les trois Bone : Fone, le rĂȘveur sentimental, Smiley qui sourit tout le temps mais fait preuve d’un QI limitĂ© et Phoney, irascible et toujours prĂȘt Ă  arnaquer le monde. Perdus en plein dĂ©sert, ils avaient dĂ©couvert la vallĂ©e et ses habitants. Le deuxiĂšme tome fait honneur Ă  la grande course de vaches
 Le tout est publiĂ© chez Delcourt.

Nous retrouvons donc Thorn, la jolie fille et Fone, son soupirant en plein marchĂ©. C’est la foire et leurs aventures semblent terminĂ©es. Les Bone doivent retourner Ă  Boneville dans deux jours. C’était sans compter sur Phoney qui espĂšre truquer les paris de la course avec une vache mystĂšre. Cette vache serait capable de concurrencer Mamie Ben (qui court avec les vaches
). On voit tout de suite que l’humour est bien prĂ©sent dans cette sĂ©rie. Cette derniĂšre a le mĂ©rite de mĂ©langer plein de styles : aventure, hĂ©roĂŻc-fantasy et humour. Ce deuxiĂšme tome est certainement l’un des plus lĂ©gers de la sĂ©rie. Tous les personnages sont prĂ©sents au mĂȘme endroit, ce qui laisse la place Ă  de succulentes situations. Et bien Ă©videmment, Ă  la fin de l’ouvrage, les Bone ne sont toujours pas rentrĂ©s


Un mélange improbable

« Bone » est un mĂ©lange assez improbable qui permet Ă  l’auteur de crĂ©er une Ɠuvre originale et pleine de personnalitĂ©. Ainsi, nous ne savons pas vraiment ce que sont ces Bone, aux traits ronds et au nez Ă©norme. Et visiblement, ça ne choque personne. Ces derniers discutent avec les animaux ou les humains indiffĂ©remment. Et au milieu de tout cela, un dragon apparaĂźt rĂ©guliĂšrement
 C’est la magie de « Bone » ! Les personnages sont vraiment bien Ă©crits, Ă  l’image de ces deux rat-garous qui se disputent pour savoir s’il faut manger Fone Bone en ragoĂ»t ou
 en quiche !

Ce tome est certainement l’un des plus brillants que Jeff Smith ait Ă©crit. Il se situe Ă  un moment critique. Le ton reste lĂ©ger, mais dĂ©jĂ  les zones d’ombres commencent Ă  se dĂ©gager. Les piĂšces du puzzle s’emboĂźtent sans que l’on sache vraiment vers oĂč tout cela va nous mener.

Concernant le dessin, je mets un point d’honneur Ă  lire la version en noir et blanc (colorisĂ©e depuis). Le trait tout en rondeur de Jeff Smith est une vraie splendeur. On ressent le pinceau glisser sur la feuille ! Le traitement du noir et blanc est splendide et le mĂ©lange des styles (rĂ©aliste et cartoon) fonctionne parfaitement. Du grand art !

Ce tome est une vĂ©ritable merveille. Difficile de ne pas tomber amoureux de cet univers, tant il nous rappelle notre enfance sans nous traiter pour autant comme des enfants. A ce stade, Jeff Smith tient dĂ©jĂ  son chef d’Ɠuvre et il confirmera pas la suite tout son talent.

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Note : 19/20