Litteul Kevin, T8 – Coyote

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Titre : Litteul Kevin, T8
Scénariste : Coyote
Dessinateur : Coyote
Parution : Octobre 2009


« Litteul Kevin » est une de mes séries de bandes dessinées humoristiques préférées. Chaque fois que je plonge dans la lecture d’un des albums, je ne cesse de rire bien que je les connaisse par cœur. Il s’agit incontestablement d’un gage de réussite. J’ai également une tendresse pour son auteur, Coyote dont j’ai eu le plaisir de constater la gentillesse lors d’une rencontre au festival d’Angoulême. Cela faisait quelques années aucun nouvel opus de sa série phare n’était paru. Le manque a été comblé avec la sortie du huitième tome de la saga. Edité chez « Le Lombard », il est vendu au prix de 10,40 euros.

Un grand changement pour la série : l’apparition de la couleur.

Cette série est construite autour du petit Kevin et de sa famille. Agé d’une dizaine d’année il est fils unique de ses parents, Chacal et Sophie. Son père est un biker émérite qui passe son temps soit dans son repère avec ses potes soit en bossant dans un service de sécurité. Son épouse aux formes généreuses et à la taille de guêpe fait tourner la maison. Elle gère son mari sympathique mais gaffeur et fait en sorte que son fils enthousiaste ne prenne pas son paternel pour modèle dans tous les domaines. Evidemment, on rencontre toute une galerie de personnages secondaires : la belle-mère de Chacal, le groupe de copains de Kevin, sa baby-sitter dont il est amoureux et surtout les membres du fameux club du « Sli-Bar ».

L’album est composé d’une dizaine de petites histoires s’étalant sur environ cinq pages chacune. C’est ainsi qu’est construit chaque opus de la saga. L’énorme différence du tome 8 avec les précédents est l’apparition de la couleur. En effet, jusqu’alors les dessins étaient uniquement en noir et blanc. Ce n’est ici pas le cas. Coyote s’est adjoint la compagnie d’un coloriste nommé Mikl. Ca ne gâche rien à l’ensemble, cela rend la lecture un petit peu différente. Par contre, je vous rassure l’humour fuse toujours autant. Et il fuse dans de nombreuses directions. D’une part l’humour de situation est présent mais d’autres parts les textes sont remarquables. Plusieurs lectures sont nécessaires pour en retirer toutes les vannes et les jeux de mots. De plus, les personnages font que les thèmes sont nombreux. Cela va de la vie de couple des deux parents à l’éducation de leur fils en passant évidemment par les aventures du club des bikers. Tout ce beau monde s’en donne à cœur joie pour nous chatouiller les zygomatiques.

Sur le plan humoristique, cet album se montre à la hauteur de ses prédécesseurs, ce qui est, à mes yeux, une énorme marque de qualité. Une fois celui-ci terminé, je me suis empressé de me plonger à nouveau dans les autres opus de la saga. Les dessins sont toujours aussi réussis. En effet, le style de Coyote m’a conquis pleinement. Le côté excessif de certains personnages et de leurs expressions participent activement à la bonne humeur générale. Je vous assure que c’est le genre de lecture qui vous redonne la patate après une journée difficile ! Je ne peux donc que vous conseiller de découvrir cette série. Les albums peuvent se lire indépendamment les uns des autres. Mais, à mon avis, à peine vous en aurez un entre les mains que l’envie de découvrir les autres vous envahira. Il ne me reste donc plus qu’à vous souhaiter une agréable lecture ! 

 

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note3

Litteul Kevin, T9 – Coyote

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Titre : Litteul Kevin, T9
Scénariste : Coyote
Dessinateur : Coyote
Parution : Décembre 2010


Récemment est sorti le 9ème tome de « Litteul Kevin » par Coyote. Après un tome se terminant par l’apparition du père de Chacal, on était en droit d’espérer de nouveaux rebondissements dans la vie de notre petite famille.

« Litteul Kevin », c’est l’histoire de Kevin, jeun garçon, de son père biker Chacal et de sa plantureuse mère Sophie. Ce qui m’a marqué d’emblée, c’est le retour au noir et blanc. Coyote maîtrisant parfaitement cette technique, c’est une heureuse nouvelle. Les effets de matière, les ombres, tout est remarquablement reproduit à l’encre de chine, dans un style très caricatural. L’auteur fait fi des proportions et des poses naturelles. Tout est exagéré, du nez de Chacal, à la poitrine de Sophie. Le dessin colle parfaitement à l’esprit de la série car tout y est excessif. L’esprit de farce de la série est parfaitement conservé. Cet esprit, c’est la famille et les amis, le tout saupoudré d’une bonne pincée d’immaturité.

Un retour bienvenu au noir et blanc.

L’album se présente sous forme d’histoires de 3 à 9 pages, chaque histoire présentant une chute à la fin. Un des reproches faits à la série est son essoufflement. Il est vrai que depuis quelques tomes, on rigole de façon moins franche aux blagues de l’ami Coyote. Les chutes sont moins évidentes, les jeux de mots moins fréquents. Le tout reste très sympathique et il n’est pas rare de rigoler un bon coup devant l’attitude de nos bikers préférés. On lit cette BD avec le même plaisir que l’on aurait à retrouver de vieux amis. Il y a une vraie tendresse de la part de Coyote dans le traitement de ses personnages.

On retrouvera donc avec plaisir toute la panoplie des personnages secondaires : Cacahouète, Hulk, Vanessa, le voisin, Frida… L’apparition du grand-père permet d’ajouter quelques histoires, mais sans excès. Sa trop grande similitude avec son fils Chacal le cantonnera forcément à un rôle orienté « tel père, tel fils ». Son intégration est en tout cas réussie et donne lieu à des scènes sympas, sans pathos excessif. Chez Coyote, quand on pleure dans une case, c’est que l’on va donner une baffe dans la suivante…

Si vous ne connaissez pas « Litteul Kevin », je vous conseille de vous orienter vers les tomes les plus anciens. Bien que ce dernier opus puisse être lu indépendamment des autres, il est nécessaire de connaître les protagonistes afin d’en profiter un maximum. Ce tome, sans être indispensable, continue la série avec qualité. On a tendance à sourire plus qu’à rire qu’à l’accoutumée, mais peut-être est-ce seulement le destin des séries qui durent. Il est à signaler que ma conjointe m’a m’interdit de lire ce tome le soir au lit, mes rires l’empêchant de dormir… Un gage de qualité ?

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note3

Litteul Kevin, T10 – Coyote

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Titre : Litteul Kevin, T10
Scénariste : Coyote
Dessinateur : Coyote
Parution : Octobre 2013


Fin octobre dernier, j’ai eu l’agréable surprise de découvrir qu’un nouveau tome de Litteul Kevin était apparu dans les rayons de librairie. Toujours écrit par Coyote, cet ouvrage nous présente une couverture fidèle à l’esprit de la série. Chacal et sa charmante épouse sont en très de faire des grimaces au côté de leur grosse moto pendant que leur fils les regarde avec compassion assis sur son casque agrémenté d’une tête de mort. Cet opus est édité chez Le Lombard et est vendu pour douze euros.

Certains d’entre vous ne sont peut-être pas des familiers de la famille de Kevin. Chacal est un biker dont le boulot est d’être agent de sécurité avec ses potes du club. Il est marié à une ravissante femme dont les courbes défient les lois de la nature et de la pesanteur. Ce couple de choc est les parents du sympathique Kevin, jeune enfant à la célèbre coupe au bol.

Le ton se veut léger et drôle. La vraie star est Chacal. Il s’agit d’un personnage haut en couleur qui possède une gouaille fascinante. Ses répliques cultes associées à son comportement d’adolescent qui n’a jamais grandi offre de vrais moments de rigolade. Cela fait vingt ans que je guette chacune de ses réparties pour voir mes muscles zygomatiques être ardemment sollicités. Pour vous donner un exemple, vous cite un dialogue entre Chacal et sa belle-mère adorée : « Vous êtes sûr qu’ils ne vous ont pas implanté un récepteur Rire et Chanson dans le cerveau à votre dernière lobotomie – Et vous, avec toutes ces vannes, c’est étonnant que vous fassiez autant de rétention d’eau !!! »

Au milieu d’un groupe de bikers

Comme d’habitude l’album de quarante-cinq pages se décompose en plusieurs histoires. Il y en a ici sept. Chacun fait entre quatre et huit pages. Comme souvent lors des derniers tomes, il y a ici une thématique commune à l’ensemble. Ce dixième opus est centré sur le mariage de Hulk, meilleur acolyte de Chacal. On suit donc l’enterrement de vie de garçon, des séances de sport pour rentrer dans son costume, le repas de mariage, etc. Seule la dernière aventure diffère d’univers en nous plongeant dans les Highlands écossais. La quatrième écossais annonçait le voyage en nous présentant un Kevin en kilt au visage peinturluré à la manière d’un William Wallace dans Braveheart.

Du fait du choix scénaristique, l’essentiel des intrigues se fait au milieu du groupe de bikers. Cela donne donc lieu à beaucoup de vannes entre ces grands enfants. Les voir exploiter un électro-simulateur pour se fixer de nouveaux défis est très drôle. Je vous laisse imaginer sur quels endroits ils envisagent rapidement de l’essayer. Malgré tout, je regrette qu’il n’y ait pas davantage de scènes « at home » de Kevin et ses parents. Cela génère des moments très drôles différents de ceux qui se déroulent au local. Malgré tout, cela n’empêche pas Coyote de nous offrir des dialogues bien écrits remplis de jeux de mots. Ils sont mis en valeur par son style graphique très caractéristique. Je suis un grand fan de son trait. Les planches sont en noir et blanc. Il offre une galerie de personnages particulièrement réussis. Les expressions sont excessives et collent parfaitement au caractère déluré des situations. L’auteur confirme que l’univers de sa saga possède encore un bel avenir.

Malgré tout, cet opus n’est pas mon préféré de la série. Tout au long de ma lecture, je n’ai jamais été pris de fous rires comme j’ai pu l’être au cours des épisodes précédents. J’ai souvent souri. J’ai trouvé les idées très drôles et ai pris beaucoup de plaisir à me plonger dans cet univers délirant. Mais je pense que mes réserves résultent du fait que la densité de vannes est moindre qu’à l’habitude. J’ai eu le temps de souffler entre deux répliques cultes. D’habitude, Coyote offrait un enchaînement sans temps mort qui à force solliciter les zygomatiques déclenchait de vrais fous rires.

Pour conclure, ce nouveau tome de Litteul Kevin ravira les adeptes de la série. En effet, c’est toujours un vrai plaisir de retrouver tout ce beau monde qui gravite dans l’univers de Kevin. Le casting est complet. Je ne me lasse pas de leurs aventures, de leurs bêtises de leurs disputes et de leurs réconciliations. L’empathie que je ressens à l’encontre des protagonistes fait que je n’ai aucun mal à passer sur les quelques bémols que j’évoquais précédemment. Une chose est sûre et certaine, il ne me reste plus qu’à attendre avec une certaine impatience la parution du prochain opus. Mais cela est une autre histoire…

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Happy parents – Zep

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Titre : Happy parents
Scénariste : Zep
Dessinateur : Zep
Parution : Octobre 2014


Parallèlement à « Titeuf », Zep développe une série « Happy » destinée à un public plus adulte. Après les filles, les concerts et le sexe, voilà « Happy parents ». Une planche, un gag, sur l’enfer que ferait vivre les enfants sur leurs géniteurs. On commence par des bébés et on finit sur les adolescents. Le tout est publié chez Delcourt pour une soixantaine de pages. On pourra remarquer qu’après avoir unifié cette série (puisque « Happy Girls » s’appelait « Les filles électriques » et « Happy rock » « L’enfer des concerts »), l’éditeur s’en éloigne avec une couverture bien différente. Dommage.

Des gags convenus et gentillets

Imaginez-vous écrire une bande-dessinée sur des parents. Vous voyez tout de suite le genre de gags qui va en découdre. « Happy parents » ne fait guère dans l’originalité. Tout est assez convenu et bon enfant. Ne cherchez rien de subversif, ce n’est pas le cas ici. En cela, « Happy parents » est certainement l’album le plus consensuel de la série.

Malgré tout, Zep possède un métier qui permet de faire passer la pilule. Sa gestion de la page pour aller jusqu’à sa chute est vraiment maîtrisée. Si bien que la lecture se fait agréable et on lit l’ensemble avec plaisir. On est quand même loin des BDs de type « Guide du jeune parent ». Zep possède un vrai sens du gag et de la façon de l’amener. Dommage que ses gags en lui-même soient si convenus.

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Le dessin de Zep fonctionne parfaitement ici, avec son trait expressif et dynamique. Les décors sont rares, mais l’auteur ne fait pas dans l’économie. On remarquera notamment les planches quasi-muettes où il semble prendre beaucoup de plaisir à dessiner diverses situations.

« Happy parents » est de la bonne bande-dessinée grand public. C’est bien dessiné, avec un vrai sens du gag et de la chute. Mais cela reste consensuel et gentillet et les blagues et situations ne brillent pas par leur originalité. Un bilan mitigé donc.

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note3

Le grand méchant renard – Benjamin Renner

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Titre : Le grand méchant renard
Scénariste : Benjamin Renner
Dessinateur : Benjamin Renner
Parution : Janvier 2015


 

Sous le nom de Reineke, Benjamin Renner avait publié un ouvrage des plus sympathiques, « Un bébé à livrer ». Ce livre faisait intervenir les animaux de basse-cour dans une histoire rocambolesque pleine de rebondissements. À l’occasion de Noël, l’auteur avait proposé sur son blog une nouvelle histoire où, cette fois, les animaux essayaient de sauver les fêtes de fin d’année après avoir exécuté (pensaient-ils…) le Père Noël… « Le grand méchant renard », paru dans la collection Shampooing, reprend les personnages déjà connus mais peut être lu indépendamment du reste. Comme son nom l’indique, le personnage principal est ici le renard. Le tout pèse quand même plus de 180 pages.

Dans cette histoire, le renard ne fait peur à personne, au grand dam de l’intéressé. Il vient à la ferme tous les jours, essayant de récupérer une poule, mais se fait martyriser en permanence. Si bien que plus personne ne fait vraiment attention à lui. Afin de manger enfin du poulet, il décide de voler des œufs. Car, après tout, qu’y a-t-il de plus inoffensif qu’un poussin ? Bien évidemment, rien ne va se passer comme prévu.

Un ouvrage destiné autant aux publics jeunesse et adulte.

LeGrandMechantRenard1Le style de Benjamin Renner se caractérise par une succession d’actions. Chaque décision en amène une autre, enfonçant le personnage de plus en plus dans son trou. Son personnage de renard est complètement dépassé par les événements, les subissant en permanence. Cela crée une empathie évidente et l’humour de l’auteur fonctionne à plein. On sourit en permanence, l’histoire ne faisant que peu de pauses dans les péripéties de notre goupil.

Benjamin Renner réussit la difficile tâche de créer un ouvrage aussi bien destiné aux adultes qu’à un public plus jeunesse. Le tout est bon enfant, jamais vulgaire ou violent. Il joue sur les codes classiques du conte pour enfant (rien que le titre est assez évocateur !), mais son traitement humoristique touche les adultes sans problème.

Concernant le dessin, difficile de passer à côté du découpage très dessin animé (qui explique la forte pagination de l’ouvrage). Venant de l’animation, Benjamin Renner décompose les mouvements à merveille. Malgré tout, l’abondance de cases lui permet aussi de caler les nombreux dialogues présents. Au niveau du dessin proprement dit, je suis un grand fan. Le trait est vif, lâché avec dynamisme sur le papier et rehaussé d’aquarelle. Une belle maîtrise d’un style animalier où chaque animal est bien identifié avec peu de traits. Symbole de cette clarté dans la simplicité : cette case où le renard imite les mimiques du loup avec brio !

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« Le grand méchant renard » est un ouvrage bon enfant qui vous fera sourire et rire tout au long de ses pages. On est pris dans l’histoire, plein d’empathie pour ce pauvre renard qui voudrait être craint mais qui apprendra finalement qu’il vaut peut-être mieux être aimé…

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Note : 16/20

Les Aventures de Philip et Francis, T2 : Le Piège Machiavélique – Pierre Veys & Nicolas Barral

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Titre : Les Aventures de Philip et Francis, T2 : Le Piège Machiavélique
Scénariste : Pierre Veys
Dessinateur : Nicolas Barral
Parution : Février 2011


Contrairement à Tintin, Blake et Mortimer est une série qui a survécu à son auteur originel, Edgar P. Jacob. Mais si certains ont repris les aventures des deux hommes à la façon du maître, d’autres prennent un malin plaisir à le parodier. Pierre Veys et Nicolas Barral, déjà auteurs de « Baker Street », une parodie de Sherlock Holmes, reprennent les personnages de Philip et Francis pour un deuxième tome de pastiche de nos deux héros. Continuer la lecture de « Les Aventures de Philip et Francis, T2 : Le Piège Machiavélique – Pierre Veys & Nicolas Barral »

Les aventures de la fin du monde – Vincent Caut

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Titre : Les aventures de la fin du monde
Scénariste : Vincent Caut
Dessinateur : Vincent Caut
Parution : Avril 2012


Vincent Caut est un auteur de bande-dessinée précoce. Après avoir gagné des prix de la BD scolaire à Angoulême, il parvient à faire éditer son blog sur sa vie d’étudiant. « Les aventures de la fin du monde » (qui eut l’honneur d’un blog, aujourd’hui fermé) narre l’histoire de Monsieur Toupin et Madame Billot, sa secrétaire. Dieu les a choisis pour reconstruire le monde. En effet, ils n’avaient alors vécu sur le brouillon de la Terre, il faut tout refaire (en mieux). Le tout est publié chez 12 bis pour 110 pages au prix de 13,90 €.

La bande-dessinée est construite sous forme de strips de 6 cases carrées. Chaque strip amène une chute et une histoire en découle. Ce procédé a été abondamment utilisé par Lewis Trondheim que ce soit dans le passé (« Le pays des trois sourires », « Politique étrangère », « Fennec ») ou même aujourd’hui avec « L’atelier mastodonte ». On retrouve chez Vincent Caut cette influence de façon très marquée. L’humour, l’absurde, le minimalisme graphique, tout rappelle Lewis Trondheim.

La Genèse version 2.0

LesAventuresDeLaFinDuMonde2Vincent Caut essaye donc de créer sa propre identité sur un sujet éculé : Adam, Ève et Dieu. Au départ, l’idée de faire une sorte de Genèse 2.0 est plutôt bien pensée. Malheureusement, le sujet est finalement peu utilisé. En revanche, la représentation de Dieu sous forme de pomme est là parfaitement exploitée du début à la fin.

Les gags fonctionnent plutôt bien, sans que l’on ne rie vraiment. On sourit parfois, mais cela manque de folie ou de chutes vraiment percutantes. Il faut dire que le dessin est minimaliste et participe peu à l’humour. Les gags visuels sont très rares et les expressions des personnages sont particulièrement limitées (Adam n’a pas d’yeux par exemple). C’est aussi là qu’on touche un peu aux limites de l’ouvrage. Avec un dessin très simple, Vincent Caut doit s’appuyer uniquement sur son scénario pour convaincre. Surtout qu’il a déjà produit des ouvrages aux personnages bien plus expressifs. Or, avec un sujet maintes fois abordé, il manque ici un peu d’originalité, de folie ou de constance dans l’humour.

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Ces « aventures de la fin du monde » laissent un goût d’inachevé. On lit l’ouvrage avec plaisir, mais sans vraiment rire. Et à la fermeture du livre, on l’oublie rapidement. C’est dommage car on sent le potentiel devant certaines idées pas toujours suffisamment exploitées.

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Note : 11/20

Les Aventures de Philip et Francis, T1 : Menace sur l’Empire – Nicolas Barral & Pierre Veys

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Titre : Les Aventures de Philip et Francis, T1 : Menace sur l’Empire
Scénariste : Pierre Veys
Dessinateur : Nicolas Barral
Parution : Mars 2005


Si je vous parle de Philip et Francis, les plus bédéphiles d’entre vous penserons tout de suite à Blake et Mortimer, les célèbres héros nés de l’imagination d’Edgard P. Jacobs. Mon avis d’aujourd’hui va parler de leurs « cousins » nés sous les plumes de Pierre Veys et Nicolas Barral. Ces derniers ont écrit chez Dargaud un tome intitulé « Menaces sur l’Empire » dans la série nommée « Les aventures de Philippe et Francis ». D’un format classique et vendu au prix de presque quatorze euros, cette saga se présente comme très librement inspirée des personnages créés par Jacobs. « Menaces sur l’empire » est le premier tome de cette série parodique qui en comporte pour l’instant deux.

La quatrième de couverture de l’ouvrage nous offre un résumé de l’intrigue particulièrement clair : « Depuis quelques semaines, d’étranges phénomènes secouent le cœur de l’empire britannique. Londres vit des heures tragiques : les femmes se rebellent et entreprennent des actions spectaculaires et délirantes pour se libérer du joug de la domination masculine… On s’aperçoit ainsi que la stabilité de la société anglaise dépend entièrement de la discipline stricte qu’elles respectaient jusqu’alors. Ce changement de comportement annonce-t-il une catastrophe sans précédent ? D’où vient cette terrible menace ? Qui a intérêt à saper les fondements de cette brillante civilisation ? » 

Il est évident que cet album prend toute son ampleur quand il est lu par des adeptes de la série dont ils s’inspirent. Une méconnaissance des deux héros et de l’esprit de leurs histoires empêche de profiter pleinement de l’humour qui accompagne notre lecture. Du fait de son aspect parodique, il est évident que le ton de la narration est léger. Néanmoins, cela n’empêche pas l’histoire d’être composée d’une trame structurée. Cet album se veut indépendant et décrit du début à la fin une aventure de nos deux héros.

Une trame construite fidèlement sur les jalons posés par Jacob.

La lecture des premières pages nous fait découvrir des personnages familiers et pourtant plein de surprises. Ce cher Mortimer est un scientifique qui ne pense qu’à manger et qui semble avoir bien du mal à se concentrer sur les problèmes du royaume. De son côté, Blake est loin d’être le membre des services secrets que nous avons l’habitude de croiser. Il est ici un homme qui habite encore chez sa mère et qui ne semble pas posséder un charisme remarquable. Néanmoins, malgré ces différences, les auteurs respectent les codes de la série. La trame est construite plutôt fidèlement aux jalons posés par Jacob. Les différents personnages y possèdent leur place habituelle. La surprise réside davantage à la manière avec laquelle ils occupent leur place. Les auteurs arrivent à manipuler avec une certaine réussite les clichés de la série. Je n’ai eu aucun mal à me plonger dans cette aventure et ai pris énormément de plaisir à voir tous ces personnages de bandes dessinées raillés et tournés en bourrique.

Côté dessins, le trait est bien moins classique que celui si célèbre de Jacob. Les traits des personnages sont plus arrondis. Leurs visages sont plus expressifs. Sur cet aspect-là, la série est moins froide. Néanmoins les couleurs, les décors sont globalement fidèles à la série de départ. En feuilletant rapidement l’ouvrage, on pourrait s’y méprendre. Cela rend d’ailleurs le pastiche d’autant plus réussi. En effet, en respectant beaucoup de codes, en laissant bon nombres de repères aux lecteurs, les auteurs lui permettent de rire d’autant plus facilement de cet ouvrage.

En conclusion, j’ai passé un moment très agréable en lisant cet opus. Je ne regrette vraiment pas de me l’être fait offrir. Il est évident que les personnes non familières de l’univers de Blake et Mortimer n’ont que peu d’intérêt à s’y plonger. Pour les autres, je vous garantis une lecture très sympathique. Je trouve que cet album répond parfaitement aux attentes qu’on place en lui. De plus, il ne baisse pas en qualité tout au long de l’avancée de l’histoire. C’est à signaler parce que trop souvent dans les ouvrages caricaturaux, le soufflet humoristique disparaît trop tôt. Ce n’est pas ici le cas. Il ne me reste donc plus qu’à vous souhaiter une agréable rencontre avec ces « cousins » de nos célèbres serviteurs de la couronne britannique…

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Note : 13/20

Les aventures de Philip et Francis, T3 : S.O.S. météo – Pierre Veys & Nicolas Barral

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Titre : Les aventures de Philip et Francis, T3 : S.O.S. météo
Scénariste : Pierre Veys
Dessinateur : Nicolas Barral
Parution : Septembre 2014


Un des indicateurs d’une série appartenant à l’Histoire du neuvième art est le fait que ses codes ont transpiré de ses albums au point de servir de support à la dérision et au pastiche. « Blake & Mortimer » possède cette caractéristique depuis la naissance il y a quelques années de sa jumelle caricaturale intitulée « Les aventures de Philip et Francis ». Elle est le fruit de la collaboration du scénariste Pierre Veys et du dessinateur Nicolas Barral. Ma critique d’aujourd’hui porte sur son troisième épisode « S.O.S. Météo » paru en septembre dernier chez Dargaud.

La quatrième de couverture nous offre la mise en bouche suivante : « Tout le monde la sait : le professeur Mortimer est gentil. Très gentil. Un peu trop, même. Ce qui fait que beaucoup de ses proches en abusent largement. Le capitaine Blake s’impose chez Mortimer avec un sans-gêne assumé. Nasir, le fidèle serviteur, tient tête à son maître, et ose même évoquer le hideux concept d’augmentation de ses gages. Les commerçants indélicats le traitent avec mépris. Les voyous du quartier le martyrisent et l’humilient depuis des années… Mais cela a assez duré ! Grâce à une terrible invention scientifique, notre charmant professeur va se transformer en une créature monstrueuse ! Prisonnier de ses instincts criminels incontrôlables, Mortimer va-t-il l’ennemi public numéro un ? »

Des références qui raviront les habitués de leurs aventures.

PhilipEtFrancis3b« S.O.S. Météo » est clairement un hommage à « S.O.S. Météore » un des plus opus les réussis de la saga. Il est d’ailleurs clairement évoqué au cours de l’histoire. La célèbre machine créée par le scientifique Miloch est présente. Les références à l’univers des célèbres héros britanniques sont fréquentes et raviront les habitués de leurs aventures. Une connaissance de la série de Jacobs me paraît indispensable pour saisir l’ensemble du spectre humoristique de l’album. Il s’agit d’un pastiche de qualité dans le sens où les codes originaux sont détournés à de nombreux moments et de nombreuses manières. L’idée de départ est originale et elle s’avère bien exploitée.

PhilipEtFrancis3cNéanmoins, l’ouvrage peut se lire comme une histoire indépendante dénuée de toute filiation prestigieuse. L’intrigue peut se découvrir comme une parodie d’enquête policière. Tous les aspects du genre sont tournés en dérision. Le travail d’écriture de Pierre Veys est suffisamment important pour offrir une quantité de gags appréciable. L’avancée est rythmée et la trame ne possède aucun temps mort. Le sourire guide la lecture du début à la fin. C’est un album qui se lit avec bonne humeur.

« S.O.S. Météo » est un vrai moment de divertissement. Le scénario n’est pas lutionnaire, les personnages ne possèdent pas une profondeur abyssale, l’atmosphère n’est pas envoutante. Malgré cela le déroulement des pages se fait avec plaisir et la curiosité est constante au fur et à mesure que les événements se révèlent. Sur le plan graphique, le trait de Nicolas Barral accompagne parfaitement la narration. Son dessin participe à l’ambiance délurée et sympathique qui transpire de chaque planche. Son style ne bouleverse pas le neuvième art mais valorise correctement le travail scénaristique.

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Pour conclure, « S.O.S. Météo » est un album de qualité. En découvrant le menu, les papilles sont éveillées. Après dégustation, je me suis dit que le plat était à la hauteur des attentes. Je pense que tout adepte de « Blake & Mortimer » gagnerait à se plonger dans cet hommage haut en couleur. Ce nouvel album confirme la qualité du travail collaboratif de Pierre Veys et Nicolas Barral et j’attends avec impatience la suite des pérégrinations de ces deux héros délurés…

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Note : 13/20

Magasin sexuel, T1 – Turf

MagasinSexuel


Titre : Magasin sexuel, T1
Scénariste : Turf
Dessinateur : Turf
Parution : Mars 2011


Lorsque l’on nomme son livre « Magasin sexuel » (francisation du fameux sex shop), on génère forcément des attentes chez le lecteur. Celui-ci s’attend à un contenu coquin, voire sulfureux… Turf cherche ici le décalage. Dans une petite bourgade de campagne, un sex shop ambulant s’installe à la foire une fois par semaine. De quoi bousculer la vie de ses habitants ? Le tout est construit en diptyque chez Delcourt au format classique d’un 48 pages.

L’ouvrage fait dans l’opposition de style. Il y a d’abord le maire, Orloff, sorti tout droit des aventures de Spirou tant il ressemble au maire de Champignac graphiquement. C’en est gênant. Il est donc réac comme pas possible et assez bête. Mais il va s’éprendre de la jolie Amandine qui tient le sex shop. Mais elle n’est pas pour autant très coquine. Seuls ses vêtements courts suggèrent une libération sexuelle, mais cela ne va pas plus loin. Ses motivations pour le métier sont floues (elle préfère vendre des godemichés plutôt que des bottes en caoutchouc… Soit !).

Pas de réel enjeu malgré le thème.

MagasinSexuel1aCe premier tome pose des jalons mais n’avance pas beaucoup. Le passé de la jeune fille se dévoile mais sans vraiment nous toucher. Il n’y a pas de réel enjeu et la description de la campagne, qui se veut humoristique, manque cruellement de sel. Si bien que l’humour tombe à plat systématiquement. Que dire de ce bistrot vide où va boire le maire ? On y imagine déjà des scènes vivantes avec des habitués, mais rien ici. Le thème est effleuré et le pitch de départ reste inexploité. Dommage, car il y aurait de la matière à aller plus loin.

Au niveau du dessin, Turf possède un style particulier qui m’a peu séduit au final. C’est très (trop ?) coloré, plein de rose et de couleurs saturées. On voit par contre qu’il a plaisir de dessiner Amandine, dont il brosse les jambes avec délice. Malgré tout, Turf propose un ensemble cohérent avec son sujet, qu’il traite avec légèreté.

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J’ai été très déçu par ce « Magasin sexuel ». Trop léger et dilué, il finit comme une description caricatural de la campagne. Mais il aurait fallu en mettre une couche de plus pour en faire un ouvrage plus percutant. L’humour ne touche pas, les émotions sont rares… Le tout se lit sans forcément s’ennuyer mais on se demande un peu l’intérêt de tout cela en fin de tome. Peut-être que le deuxième opus apportera des réponses à cette interrogation ?

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Note : 8/20