Les aventures de la fin du monde – Vincent Caut

LesAventuresDeLaFinDuMonde


Titre : Les aventures de la fin du monde
Scénariste : Vincent Caut
Dessinateur : Vincent Caut
Parution : Avril 2012


Vincent Caut est un auteur de bande-dessinĂ©e prĂ©coce. AprĂšs avoir gagnĂ© des prix de la BD scolaire Ă  AngoulĂȘme, il parvient Ă  faire Ă©diter son blog sur sa vie d’étudiant. « Les aventures de la fin du monde » (qui eut l’honneur d’un blog, aujourd’hui fermĂ©) narre l’histoire de Monsieur Toupin et Madame Billot, sa secrĂ©taire. Dieu les a choisis pour reconstruire le monde. En effet, ils n’avaient alors vĂ©cu sur le brouillon de la Terre, il faut tout refaire (en mieux). Le tout est publiĂ© chez 12 bis pour 110 pages au prix de 13,90 €.

La bande-dessinĂ©e est construite sous forme de strips de 6 cases carrĂ©es. Chaque strip amĂšne une chute et une histoire en dĂ©coule. Ce procĂ©dĂ© a Ă©tĂ© abondamment utilisĂ© par Lewis Trondheim que ce soit dans le passĂ© (« Le pays des trois sourires », « Politique Ă©trangĂšre », « Fennec ») ou mĂȘme aujourd’hui avec « L’atelier mastodonte ». On retrouve chez Vincent Caut cette influence de façon trĂšs marquĂ©e. L’humour, l’absurde, le minimalisme graphique, tout rappelle Lewis Trondheim.

La GenĂšse version 2.0

LesAventuresDeLaFinDuMonde2Vincent Caut essaye donc de crĂ©er sa propre identitĂ© sur un sujet Ă©culé : Adam, Ève et Dieu. Au dĂ©part, l’idĂ©e de faire une sorte de GenĂšse 2.0 est plutĂŽt bien pensĂ©e. Malheureusement, le sujet est finalement peu utilisĂ©. En revanche, la reprĂ©sentation de Dieu sous forme de pomme est lĂ  parfaitement exploitĂ©e du dĂ©but Ă  la fin.

Les gags fonctionnent plutĂŽt bien, sans que l’on ne rie vraiment. On sourit parfois, mais cela manque de folie ou de chutes vraiment percutantes. Il faut dire que le dessin est minimaliste et participe peu Ă  l’humour. Les gags visuels sont trĂšs rares et les expressions des personnages sont particuliĂšrement limitĂ©es (Adam n’a pas d’yeux par exemple). C’est aussi lĂ  qu’on touche un peu aux limites de l’ouvrage. Avec un dessin trĂšs simple, Vincent Caut doit s’appuyer uniquement sur son scĂ©nario pour convaincre. Surtout qu’il a dĂ©jĂ  produit des ouvrages aux personnages bien plus expressifs. Or, avec un sujet maintes fois abordĂ©, il manque ici un peu d’originalitĂ©, de folie ou de constance dans l’humour.

LesAventuresDeLaFinDuMonde1

Ces « aventures de la fin du monde » laissent un goĂ»t d’inachevĂ©. On lit l’ouvrage avec plaisir, mais sans vraiment rire. Et Ă  la fermeture du livre, on l’oublie rapidement. C’est dommage car on sent le potentiel devant certaines idĂ©es pas toujours suffisamment exploitĂ©es.

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Note : 11/20

Les Aventures de Philip et Francis, T1 : Menace sur l’Empire – Nicolas Barral & Pierre Veys

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Titre : Les Aventures de Philip et Francis, T1 : Menace sur l’Empire
Scénariste : Pierre Veys
Dessinateur : Nicolas Barral
Parution : Mars 2005


Si je vous parle de Philip et Francis, les plus bĂ©dĂ©philes d’entre vous penserons tout de suite Ă  Blake et Mortimer, les cĂ©lĂšbres hĂ©ros nĂ©s de l’imagination d’Edgard P. Jacobs. Mon avis d’aujourd’hui va parler de leurs « cousins » nĂ©s sous les plumes de Pierre Veys et Nicolas Barral. Ces derniers ont Ă©crit chez Dargaud un tome intitulĂ© « Menaces sur l’Empire » dans la sĂ©rie nommĂ©e « Les aventures de Philippe et Francis ». D’un format classique et vendu au prix de presque quatorze euros, cette saga se prĂ©sente comme trĂšs librement inspirĂ©e des personnages crĂ©Ă©s par Jacobs. « Menaces sur l’empire » est le premier tome de cette sĂ©rie parodique qui en comporte pour l’instant deux.

La quatriĂšme de couverture de l’ouvrage nous offre un rĂ©sumĂ© de l’intrigue particuliĂšrement clair : « Depuis quelques semaines, d’étranges phĂ©nomĂšnes secouent le cƓur de l’empire britannique. Londres vit des heures tragiques : les femmes se rebellent et entreprennent des actions spectaculaires et dĂ©lirantes pour se libĂ©rer du joug de la domination masculine
 On s’aperçoit ainsi que la stabilitĂ© de la sociĂ©tĂ© anglaise dĂ©pend entiĂšrement de la discipline stricte qu’elles respectaient jusqu’alors. Ce changement de comportement annonce-t-il une catastrophe sans prĂ©cĂ©dent ? D’oĂč vient cette terrible menace ? Qui a intĂ©rĂȘt Ă  saper les fondements de cette brillante civilisation ? » 

Il est Ă©vident que cet album prend toute son ampleur quand il est lu par des adeptes de la sĂ©rie dont ils s’inspirent. Une mĂ©connaissance des deux hĂ©ros et de l’esprit de leurs histoires empĂȘche de profiter pleinement de l’humour qui accompagne notre lecture. Du fait de son aspect parodique, il est Ă©vident que le ton de la narration est lĂ©ger. NĂ©anmoins, cela n’empĂȘche pas l’histoire d’ĂȘtre composĂ©e d’une trame structurĂ©e. Cet album se veut indĂ©pendant et dĂ©crit du dĂ©but Ă  la fin une aventure de nos deux hĂ©ros.

Une trame construite fidÚlement sur les jalons posés par Jacob.

La lecture des premiĂšres pages nous fait dĂ©couvrir des personnages familiers et pourtant plein de surprises. Ce cher Mortimer est un scientifique qui ne pense qu’à manger et qui semble avoir bien du mal Ă  se concentrer sur les problĂšmes du royaume. De son cĂŽtĂ©, Blake est loin d’ĂȘtre le membre des services secrets que nous avons l’habitude de croiser. Il est ici un homme qui habite encore chez sa mĂšre et qui ne semble pas possĂ©der un charisme remarquable. NĂ©anmoins, malgrĂ© ces diffĂ©rences, les auteurs respectent les codes de la sĂ©rie. La trame est construite plutĂŽt fidĂšlement aux jalons posĂ©s par Jacob. Les diffĂ©rents personnages y possĂšdent leur place habituelle. La surprise rĂ©side davantage Ă  la maniĂšre avec laquelle ils occupent leur place. Les auteurs arrivent Ă  manipuler avec une certaine rĂ©ussite les clichĂ©s de la sĂ©rie. Je n’ai eu aucun mal Ă  me plonger dans cette aventure et ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  voir tous ces personnages de bandes dessinĂ©es raillĂ©s et tournĂ©s en bourrique.

CĂŽtĂ© dessins, le trait est bien moins classique que celui si cĂ©lĂšbre de Jacob. Les traits des personnages sont plus arrondis. Leurs visages sont plus expressifs. Sur cet aspect-lĂ , la sĂ©rie est moins froide. NĂ©anmoins les couleurs, les dĂ©cors sont globalement fidĂšles Ă  la sĂ©rie de dĂ©part. En feuilletant rapidement l’ouvrage, on pourrait s’y mĂ©prendre. Cela rend d’ailleurs le pastiche d’autant plus rĂ©ussi. En effet, en respectant beaucoup de codes, en laissant bon nombres de repĂšres aux lecteurs, les auteurs lui permettent de rire d’autant plus facilement de cet ouvrage.

En conclusion, j’ai passĂ© un moment trĂšs agrĂ©able en lisant cet opus. Je ne regrette vraiment pas de me l’ĂȘtre fait offrir. Il est Ă©vident que les personnes non familiĂšres de l’univers de Blake et Mortimer n’ont que peu d’intĂ©rĂȘt Ă  s’y plonger. Pour les autres, je vous garantis une lecture trĂšs sympathique. Je trouve que cet album rĂ©pond parfaitement aux attentes qu’on place en lui. De plus, il ne baisse pas en qualitĂ© tout au long de l’avancĂ©e de l’histoire. C’est Ă  signaler parce que trop souvent dans les ouvrages caricaturaux, le soufflet humoristique disparaĂźt trop tĂŽt. Ce n’est pas ici le cas. Il ne me reste donc plus qu’à vous souhaiter une agrĂ©able rencontre avec ces « cousins » de nos cĂ©lĂšbres serviteurs de la couronne britannique


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Note : 13/20

Les aventures de Philip et Francis, T3 : S.O.S. mĂ©tĂ©o – Pierre Veys & Nicolas Barral

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Titre : Les aventures de Philip et Francis, T3 : S.O.S. météo
Scénariste : Pierre Veys
Dessinateur : Nicolas Barral
Parution : Septembre 2014


Un des indicateurs d’une sĂ©rie appartenant Ă  l’Histoire du neuviĂšme art est le fait que ses codes ont transpirĂ© de ses albums au point de servir de support Ă  la dĂ©rision et au pastiche. « Blake & Mortimer » possĂšde cette caractĂ©ristique depuis la naissance il y a quelques annĂ©es de sa jumelle caricaturale intitulĂ©e « Les aventures de Philip et Francis ». Elle est le fruit de la collaboration du scĂ©nariste Pierre Veys et du dessinateur Nicolas Barral. Ma critique d’aujourd’hui porte sur son troisiĂšme Ă©pisode « S.O.S. MĂ©tĂ©o » paru en septembre dernier chez Dargaud.

La quatriĂšme de couverture nous offre la mise en bouche suivante : « Tout le monde la sait : le professeur Mortimer est gentil. TrĂšs gentil. Un peu trop, mĂȘme. Ce qui fait que beaucoup de ses proches en abusent largement. Le capitaine Blake s’impose chez Mortimer avec un sans-gĂȘne assumĂ©. Nasir, le fidĂšle serviteur, tient tĂȘte Ă  son maĂźtre, et ose mĂȘme Ă©voquer le hideux concept d’augmentation de ses gages. Les commerçants indĂ©licats le traitent avec mĂ©pris. Les voyous du quartier le martyrisent et l’humilient depuis des annĂ©es
 Mais cela a assez durĂ© ! GrĂące Ă  une terrible invention scientifique, notre charmant professeur va se transformer en une crĂ©ature monstrueuse ! Prisonnier de ses instincts criminels incontrĂŽlables, Mortimer va-t-il l’ennemi public numĂ©ro un ? »

Des références qui raviront les habitués de leurs aventures.

PhilipEtFrancis3b« S.O.S. MĂ©tĂ©o » est clairement un hommage Ă  « S.O.S. MĂ©tĂ©ore » un des plus opus les rĂ©ussis de la saga. Il est d’ailleurs clairement Ă©voquĂ© au cours de l’histoire. La cĂ©lĂšbre machine crĂ©Ă©e par le scientifique Miloch est prĂ©sente. Les rĂ©fĂ©rences Ă  l’univers des cĂ©lĂšbres hĂ©ros britanniques sont frĂ©quentes et raviront les habituĂ©s de leurs aventures. Une connaissance de la sĂ©rie de Jacobs me paraĂźt indispensable pour saisir l’ensemble du spectre humoristique de l’album. Il s’agit d’un pastiche de qualitĂ© dans le sens oĂč les codes originaux sont dĂ©tournĂ©s Ă  de nombreux moments et de nombreuses maniĂšres. L’idĂ©e de dĂ©part est originale et elle s’avĂšre bien exploitĂ©e.

PhilipEtFrancis3cNĂ©anmoins, l’ouvrage peut se lire comme une histoire indĂ©pendante dĂ©nuĂ©e de toute filiation prestigieuse. L’intrigue peut se dĂ©couvrir comme une parodie d’enquĂȘte policiĂšre. Tous les aspects du genre sont tournĂ©s en dĂ©rision. Le travail d’écriture de Pierre Veys est suffisamment important pour offrir une quantitĂ© de gags apprĂ©ciable. L’avancĂ©e est rythmĂ©e et la trame ne possĂšde aucun temps mort. Le sourire guide la lecture du dĂ©but Ă  la fin. C’est un album qui se lit avec bonne humeur.

« S.O.S. MĂ©tĂ©o » est un vrai moment de divertissement. Le scĂ©nario n’est pas lutionnaire, les personnages ne possĂšdent pas une profondeur abyssale, l’atmosphĂšre n’est pas envoutante. MalgrĂ© cela le dĂ©roulement des pages se fait avec plaisir et la curiositĂ© est constante au fur et Ă  mesure que les Ă©vĂ©nements se rĂ©vĂšlent. Sur le plan graphique, le trait de Nicolas Barral accompagne parfaitement la narration. Son dessin participe Ă  l’ambiance dĂ©lurĂ©e et sympathique qui transpire de chaque planche. Son style ne bouleverse pas le neuviĂšme art mais valorise correctement le travail scĂ©naristique.

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Pour conclure, « S.O.S. MĂ©tĂ©o » est un album de qualitĂ©. En dĂ©couvrant le menu, les papilles sont Ă©veillĂ©es. AprĂšs dĂ©gustation, je me suis dit que le plat Ă©tait Ă  la hauteur des attentes. Je pense que tout adepte de « Blake & Mortimer » gagnerait Ă  se plonger dans cet hommage haut en couleur. Ce nouvel album confirme la qualitĂ© du travail collaboratif de Pierre Veys et Nicolas Barral et j’attends avec impatience la suite des pĂ©rĂ©grinations de ces deux hĂ©ros dĂ©lurĂ©s


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Note : 13/20

Magasin sexuel, T1 – Turf

MagasinSexuel


Titre : Magasin sexuel, T1
Scénariste : Turf
Dessinateur : Turf
Parution : Mars 2011


Lorsque l’on nomme son livre « Magasin sexuel » (francisation du fameux sex shop), on gĂ©nĂšre forcĂ©ment des attentes chez le lecteur. Celui-ci s’attend Ă  un contenu coquin, voire sulfureux
 Turf cherche ici le dĂ©calage. Dans une petite bourgade de campagne, un sex shop ambulant s’installe Ă  la foire une fois par semaine. De quoi bousculer la vie de ses habitants ? Le tout est construit en diptyque chez Delcourt au format classique d’un 48 pages.

L’ouvrage fait dans l’opposition de style. Il y a d’abord le maire, Orloff, sorti tout droit des aventures de Spirou tant il ressemble au maire de Champignac graphiquement. C’en est gĂȘnant. Il est donc rĂ©ac comme pas possible et assez bĂȘte. Mais il va s’éprendre de la jolie Amandine qui tient le sex shop. Mais elle n’est pas pour autant trĂšs coquine. Seuls ses vĂȘtements courts suggĂšrent une libĂ©ration sexuelle, mais cela ne va pas plus loin. Ses motivations pour le mĂ©tier sont floues (elle prĂ©fĂšre vendre des godemichĂ©s plutĂŽt que des bottes en caoutchouc
 Soit !).

Pas de réel enjeu malgré le thÚme.

MagasinSexuel1aCe premier tome pose des jalons mais n’avance pas beaucoup. Le passĂ© de la jeune fille se dĂ©voile mais sans vraiment nous toucher. Il n’y a pas de rĂ©el enjeu et la description de la campagne, qui se veut humoristique, manque cruellement de sel. Si bien que l’humour tombe Ă  plat systĂ©matiquement. Que dire de ce bistrot vide oĂč va boire le maire ? On y imagine dĂ©jĂ  des scĂšnes vivantes avec des habituĂ©s, mais rien ici. Le thĂšme est effleurĂ© et le pitch de dĂ©part reste inexploitĂ©. Dommage, car il y aurait de la matiĂšre Ă  aller plus loin.

Au niveau du dessin, Turf possĂšde un style particulier qui m’a peu sĂ©duit au final. C’est trĂšs (trop ?) colorĂ©, plein de rose et de couleurs saturĂ©es. On voit par contre qu’il a plaisir de dessiner Amandine, dont il brosse les jambes avec dĂ©lice. MalgrĂ© tout, Turf propose un ensemble cohĂ©rent avec son sujet, qu’il traite avec lĂ©gĂšretĂ©.

MagasinSexuel1b

J’ai Ă©tĂ© trĂšs déçu par ce « Magasin sexuel ». Trop lĂ©ger et diluĂ©, il finit comme une description caricatural de la campagne. Mais il aurait fallu en mettre une couche de plus pour en faire un ouvrage plus percutant. L’humour ne touche pas, les Ă©motions sont rares
 Le tout se lit sans forcĂ©ment s’ennuyer mais on se demande un peu l’intĂ©rĂȘt de tout cela en fin de tome. Peut-ĂȘtre que le deuxiĂšme opus apportera des rĂ©ponses à cette interrogation ?

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Note : 8/20

Blotch, Oeuvres ComplĂštes – Blutch

blotch


Titre : Blotch, Oeuvres ComplĂštes
Scénariste : Blutch
Dessinateur : Blutch
Parution : Janvier 2009
Parution tome 1 : Septembre 1999
Parution tome 2 : Octobre 2000


 Je me suis offert rĂ©cemment les Ɠuvres complĂštes de « Blotch », sĂ©rie dessinĂ©e et scĂ©narisĂ©e par Blutch. Cet ouvrage comprend les deux tomes qui Ă©taient parus alors. « Blotch » est le nom du personnage principal, dessinateur dans Fluide Glacial dans le Paris des annĂ©es 30
 Oui, vous avez bien lu !

Il n’est pas rare de voir les auteurs de Fluide Glacial parler de leur rĂ©daction (tout comme on trouvait ce genre de thĂšme dans Gaston qui travaillait chez Dupuis
). Mais rarement on aura vu une telle crĂ©ativitĂ©. En transposant l’histoire dans l’entre deux guerres, Blutch impose une ambiance dĂ©suĂšte incroyable. De mĂȘme, les dessinateurs d’humour deviennent des artistes pĂ©dants, buvant dans les cafĂ©s du beau Paris. Ce dĂ©calage entre ce que l’on peut imaginer de Fluide Glacial (grosses blagues et pinard) et cette attitude pincĂ©e d’artistes arrogants est vraiment incroyable.

Un fluide glacial des annĂ©es 30…

 Blotch est le meilleur mais aussi le pire d’entre eux. Il se dit gĂ©nial (et l’est a priori), mais est aussi rampant, prĂȘt Ă  Ă©craser les autres par des manƓuvres plus fourbes les unes que les autres. Le personnage est dĂ©testable. Arrogant, prĂ©tentieux, raciste, arriviste
 Et Ă©minemment grotesque ! Ainsi, en Ă©crasant son propre alter-ego, Blutch crĂ©e une complicitĂ© avec son lecteur. 

Evidemment, tout le monde en prend pour son grade. On passera sur ses collĂšgues (on reconnaĂźtra Gaudelette, Larcenet
), le rĂ©dacteur en chef (dont l’avis dĂ©cide de tout) et les investisseurs (les pires de tous). Seules les personnes extĂ©rieures Ă  Fluide Glacial paraissent alors sympathiques, comme son concurrent de toujours, Jean Bonnot ! Le tout est construit autour de petites histoires de quelques pages entraĂźnant une chute. Ce rythme vient de la parution prĂ©alable dans le magazine Fluide Glacial. Evidemment, l’auteur dĂ©veloppe certains fils rouges (comme sa concurrence avec Jean Bonnot).

L’aspect dĂ©suet des annĂ©es 30 est parfaitement retranscrit. Les dialogues sont savoureux et adaptĂ©s Ă  l’époque. De mĂȘme, lorsque l’on voit les dessins d’humour dessinĂ©s par Blutch, ils correspondent Ă  l’humour de l’époque. Une vĂ©ritable plongĂ©e presque un siĂšcle en arriĂšre ! Qui plus est, cette utilisation de l’entre deux guerres sert vraiment les gags. Il y a une vraie exploitation de l’époque en tant que telle.

Le dessin est Ă©videmment au diapason du sujet. Le choix d’un noir et blanc Ă©lĂ©gant retranscrit parfaitement l’atmosphĂšre surannĂ©e de l’ouvrage. Le trait de Blutch est toujours aussi dynamique et expressif. A n’en pas douter, un des grands dessinateurs actuels.

Si « Blotch » tient de la parodie, la direction que prend l’ouvrage en fait un Ɠuvre Ă  part. En utilisant une caricature dĂ©calĂ©e dans le temps, Blutch crĂ©e une bande-dessinĂ©e beaucoup plus subtile et complexe. Un album dont on ne peut que se dĂ©lecter.

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Note : 19/20

L’atelier mastodonte, T2 : Alfred, Guillaume Bianco, BenoĂźt Feroumont, Keramidas, Julien Neel, Nob, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann

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Titre : L’atelier Mastodonte, T2
Scénaristes : Alfred, Guillaume Bianco, Benoßt Feroumont, Keramidas, Julien Neel, Nob, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann
Dessinateurs : Alfred, Guillaume Bianco, Benoßt Feroumont, Keramidas, Julien Neel, Nob, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann
Parution : Juin 2014


« L’atelier Mastodonte » est un projet original nĂ© dans les pages de Spirou. Il est l’Ɠuvre conjointe de neuf auteurs : Alfred, Bianco, Feroumont, Keramidas, Neel, Nob, Tebo, Trondheim et Yoann. Certains me sont familiers depuis longtemps, d’autres sont entrĂ©s rĂ©cemment dans mon univers. Chaque planche de cet ouvrage au format Ă  l’italienne est dessinĂ© avec un trait diffĂ©rent, le tout format un ensemble cohĂ©rent et drĂŽle.

Une diversité des personnalités.

L'atelierMastodonte2bLe bouquin se compose de cent vingt-six planches. Chacune peut ĂȘtre lue indĂ©pendamment tout en Ă©tant liĂ©e Ă  la prĂ©cĂ©dente ou Ă  la suivante. L’originalitĂ© de la structure du propos possĂšde un rĂ©el potentiel. La diversitĂ© des personnalitĂ©s doit relancer en permanence l’attrait du lecteur. De plus, le principe du strip booste l’intensitĂ© de la lecture. A l’opposĂ©, il faut veiller Ă  ne pas diffuser une impression de fouillis brouillon.

Le point de dĂ©part de l’histoire est le suivant : Trondheim crĂ©e un atelier regroupant ses collĂšgues prĂ©cĂ©demment citĂ©s. Cet album nous plonge dans le quotidien crĂ©atif de cette troupe de joyeux lurons. La dimension despotique de Lewis est moins mise en avant que dans le premier tome. MalgrĂ© tout, cela reste un fil conducteur efficace sur le plan humoristique. Chaque apparition du chef  fait sourire sans difficulté ! Certains lecteurs reprochaient Ă  l’opus prĂ©cĂ©dent les blagues trop systĂ©matiquement scatologiques mettant en scĂšne Tebo. Cet aspect est toujours prĂ©sent mais peut-ĂȘtre dissĂ©minĂ© avec davantage de parcimonie.

Mais cette suite ne se rĂ©sume pas Ă  une redondance des mĂ©canismes comiques dĂ©jĂ  utilisĂ©s. Les protagonistes dĂ©cident de dĂ©placer leur lieu de travail dans un superbe chĂąteau. Cela donne lieu Ă  des histoires de chevaliers, de fantĂŽmes et de siestes en forĂȘt. Cela offre un second souffle intĂ©ressant Ă  l’histoire et chatouille aisĂ©ment les zygomatiques. Les auteurs alternent ces vacances studieuses Ă  la campagne avec d’autres scĂšnes dans l’atelier parisien. Elles mettent en scĂšne deux auteurs qui se font passer pour Trondheim. Cela permet Ă  la narration de ne pas ronronner.

La grande diversitĂ© d’auteurs est une force narrative importante. Chacun possĂšde son trait, son ton et sa corde humoristique. L’ensemble s’harmonise plutĂŽt bien et offre une lecture pleine de surprises et de rebondissements. Je connaissais la majoritĂ© d’entre eux de noms mais j’ai pris plaisir Ă  dĂ©couvrir leur style et une petite partie de leur univers. Tous rĂ©unis opĂšrent sur un spectre suffisamment large pour attiser notre curiositĂ© de maniĂšre constante.

L'atelierMastodonte2a

Le bilan est trĂšs positif. Ce second opus donne la banane. Il peut se lire d’une traite dans son lit ou se feuilleter dans les transports en commun. Sa construction scĂ©naristique couplĂ©e Ă  sa petite taille en fait un compagnon en toute circonstance. Le dĂ©nouement laisse croire qu’il n’y aura pas de suite. J’espĂšre l’avoir mal compris et m’ĂȘtre trompĂ© car je regretterai de ne pas suivre les nouvelles aventures de ces joyeux lurons


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Note : 14/20

L’atelier Mastodonte – Lewis Trondheim, Yoann, Cyril Pedrosa, Alfred, Julien Neel, TĂ©bo & Guillaume Bianco

L-AtelierMastodonte


Titre : L’atelier Mastodonte
Scénaristes : Alfred, Guillaume Bianco, Julien Neel, Cyril Pedrosa, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann
Dessinateurs : Alfred, Guillaume Bianco, Julien Neel, Cyril Pedrosa, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann
Parution : Juin 2013


Lorsque je tombe sur un ouvrage de Lewis Trondheim, je suis bien incapable de rĂ©sister Ă  la pulsion de l’achat. Alors lorsqu’il s’associe Ă  d’autres auteurs que j’apprĂ©cie (Neel, Bianco, Yoann, Alfred
), il m’est impossible de ne pas passer Ă  la caisse
 « L’atelier Mastodonte » raconte le quotidien de quelques auteurs de bande-dessinĂ©e rĂ©unis en atelier. Ils dessinent tous des strips sur les anecdotes de l’atelier. Ainsi, il n’est pas rare qu’ils se rĂ©pondent
 PubliĂ©s dans le journal de Spirou, ceux-ci se voient regroupĂ©s dans un ouvrage au format paysage de belle facture. L’écrin est mĂȘme dessinĂ© par Bilal
 Mais alors que donne cet ouvrage rĂ©unissant une vĂ©ritable dream team de la BD ?

Tout dĂ©marre par la volontĂ© de Trondheim d’ouvrir un atelier. Les premiers strips font donc part de cette envie et nous prĂ©sente les auteurs. Ainsi, Guillaume Bianco est intimidĂ© par Lewis Trondheim, Julien Neel se balade avec une marionnette, Cyril Pedrosa souhaite que les auteurs se syndiquent
 Et rapidement s’instaure ce qui fera la force de l’ouvrage : la rĂ©ponse du berger Ă  la bergĂšre ! Ainsi, lorsqu’un auteur se moque d’un autre dans son strip, celui-ci lui rĂ©pond dans le strip suivant. Cela instaure une vraie dynamique. Il me semble d’ailleurs que dans le journal de Spirou, les strips Ă©taient publiĂ©s par deux sur une page. Ceux-ci font chacun une demi-page de huit cases.

Une vraie diversité dans les humours.

La diversitĂ© des humours fait la force de l’ouvrage. MĂȘme si chacun sera plus ou moins sensible Ă  tel ou tel auteur, globalement il y a une ligne directrice qui se dĂ©gage. Comme les auteurs se rĂ©pondent, on reste souvent dans les mĂȘmes humours au final. Et aprĂšs des dĂ©buts plus classiques, les dĂ©lires se dĂ©veloppent et chaque personnage prend une ampleur intĂ©ressante, car son caractĂšre est vu par diffĂ©rents auteurs. Et l’atelier parvient Ă  dĂ©gager de vrais dĂ©lires collectifs (on pense au collectionneur par exemple) qui donne l’impression d’une vraie cohĂ©sion de groupe.

L’autre intĂ©rĂȘt est Ă©videmment la diversitĂ© des graphismes. Tout est assez diffĂ©rent puisque l’on passe de dessins d’humains Ă  de l’animalier
 LĂ  encore, c’est un plaisir de dĂ©couvrir les diffĂ©rentes visions de chacun. Pour ma part, j’aime beaucoup les styles graphiques de beaucoup d’auteurs de cet ouvrage. On notera que de nombreux guests viennent enrichir l’ensemble et pas des moindres : Bouzard, Buchet, Delaf, Feroumont, Frantico, Keramidas, Libon, Nob, Plessix, Sapin, Stan & Vince et VivĂšs. Rien que ça !

Cet « Atelier Mastodonte » est une vĂ©ritable rĂ©ussite. VoilĂ  un exemple Ă  suivre en termes d’ouvrage collectif. Tout est entremĂȘlĂ© et c’est cela qui fait toute la force de ce livre. Plein d’humours diffĂ©rents, du scatologique au plus subtil, il est aussi une source de blagues sur les auteurs et leurs diffĂ©rences. A lire absolument.

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Note : 16/20

Charly 9 – Richard GuĂ©rineau

Charly9


Titre : Charly 9
Scénariste : Richard Guérineau
Dessinateur : Richard Guérineau
Parution : Novembre 2013


 Avec « Charly 9 », Jean TeulĂ© a Ă©crit l’un de ses best-sellers. Relatant la culpabilitĂ© de Charles IX aprĂšs avoir ordonnĂ© le massacre de la Saint BarthĂ©lĂ©my, il permettait de dĂ©couvrir un roi soumis Ă  sa mĂšre Catherine de MĂ©dicis qui se ne remettra jamais de sa dĂ©cision. Lourde tĂąche donc pour Richard GuĂ©rineau de reprendre le flambeau en adaptant ce livre en bande-dessinĂ©e. Le tout est publiĂ© chez Delcourt dans la collection Mirages pour 128 pages de lecture.

Charly9aLe tout dĂ©marre par une scĂšne qui pose le personnage. AcculĂ© par sa mĂšre, son frĂšre et tous leurs conseillers, Charles IX ordonne le massacre de la Saint BarthĂ©lĂ©my. Mais c’est avant tout pour qu’on le laisse tranquille. Car tout est fait pour le manipuler. D’abord choquĂ© par l’idĂ©e que l’on assassine une personne, la discussion grandit et le nombre de victimes pressenties Ă©galement
 Lui ne veut pas, toute la cour le veut. Mais il est le Roi et il faut sa signature. Il l’appose et le voilĂ  condamnĂ© Ă  la culpabilitĂ©.

Des anecdotes à la pelle pour une seule année.

Le livre est construit selon des chapitres qui montrent le Roi peu Ă  peu sombrer dans la folie. MĂȘme si l’ensemble manque un peu de fluiditĂ©, la pertinence est Ă©vidente. Car ce sont les anecdotes qui montrent Charles IX devenir fou et malade. Richard GuĂ©rineau va Ă  l’essentiel et malgrĂ© les 128 pages, on ne s’ennuie Ă  aucun moment. Chaque planche est nĂ©cessaire. On retrouve aussi le sel de l’ouvrage de TeulĂ© avec beaucoup d’anecdotes historiques Ă  ressortir en soirĂ©e : l’origine du 1er avril et du 1er mai par exemple sont un dĂ©lice.

Charly9bAu-delĂ  de l’anecdote, le livre propose une galerie de personnages des plus connus. Outre la cour royale (Catherine de MĂ©dicis, la future reine Margot, Charles IX
), on retrouve des artistes (Ronsard) ou des personnalitĂ©s autres (Ambroise ParĂ©). Il n’en est pas trop fait lĂ -dessus. Cela permet surtout de voir quels liens avaient ces personnes avec le Roi. Plus Ă©tonnant, le langage parlĂ© par les personnages est Ă  la fois modernisĂ© et conservĂ© comme Ă  l’époque. Le tout est pourtant trĂšs fluide et agrĂ©able.

Concernant le dessin, c’est peu de dire que le trait de Richard GuĂ©rineau m’a sĂ©duit dans cet ouvrage. Je l’avais connu dans un registre plus rĂ©aliste et son passage Ă  un dessin plus caricatural est une vraie rĂ©ussite. Les gueules sont expressives, les dĂ©cors nous replongent dans la France d’antan et les choix graphiques sont pertinents. On a mĂȘme droit Ă  un hommage Ă  « Johan et Pirlouit » de Peyo ou Ă  « Lucky Luke » de Morris
 MalgrĂ© tout, les changements de style (notamment dans la colorisation) sont un peu perturbants. S’ils sont parfois parfaitement cohĂ©rents (comme pour la scĂšne finale), d’autres sont moins clairs dans leur intention. Visiblement, Richard GuĂ©rineau avait dĂ©cidĂ© de se faire plaisir ! Mais qu’il nous propose de nouveau des bande-dessinĂ©es rĂ©alisĂ©es dans ce style plus relĂąchĂ©, cela lui va trĂšs bien ! On retrouve cependant un vrai talent dans la mise en scĂšne et le dĂ©coupage. On sent qu’il y a du mĂ©tier derriĂšre !

Charly9c

« Charly 9 » est une belle adaptation. Reprenant trĂšs bien le principe des Ɠuvres de Jean TeulĂ©, le lecteur restera difficilement indiffĂ©rent au cynisme et Ă  la violence de l’ensemble. Et bien que Charles IX nous paraisse torturĂ© et plus de culpabilitĂ©, il est aussi complĂštement inconscient et devient fou. Richard GuĂ©rineau parvient Ă  nous dresser le portrait complet d’un homme qui mourra de culpabilitĂ©. Et pourtant, on ne ressent pas forcĂ©ment d’empathie pour le personnage.

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Note : 15/20

Anatomie de l’Ă©ponge – Guillaume Long

AnatomieDeLeponge


Titre : Anatomie de l’Ă©ponge
Scénariste : Guillaume Long
Dessinateur : Guillaume Long
Parution : Juillet 2006


J’ai connu Guillaume Long avec « À boire et Ă  manger ». C’est ici une Ɠuvre parue bien plus tĂŽt, en 2006, dont il est question : « Anatomie de l’éponge ». C’est un recueil d’histoires courtes qui expliquent (entre autres), les influences de l’auteur. On a donc affaire Ă  une autobiographie oĂč l’autodĂ©rision est le maĂźtre mot. Le tout pĂšse 115 pages et est paru chez Vertige Graphic.

Guillaume Long nous propose une sĂ©rie d’histoires courtes aux thĂšmes variĂ©s. DĂšs la premiĂšre, on sent l’influence (l’hommage ?) Ă  Blutch. Mais c’est surtout Lewis Trondheim (sous le pseudonyme Luis TroĂ«n) qui sera au centre des attentions. AdulĂ© par l’auteur, sa passion pour l’auteur devient un running gag trĂšs efficace au fil des pages.

Un auteur qui se cherche et se trouve.

Au-delĂ  des histoires sur la bande-dessinĂ©e, Guillaume Long diverge et parle aussi de son enfance. On sent un auteur qui se cherche. Graphiquement, on voit une tentative de faire des bande-dessinĂ©es avec un dessin et le texte en-dessous, puis on tĂątonne vers un entre-deux. Cette façon dont l’auteur se cherche dans la narration (et aussi dans l’humour) est des plus intĂ©ressantes. Et on le voit progresser, puisque les derniĂšres histoires font mouche. Plus le livre avance et plus on rit. L’auteur parvient Ă  trouver un ton et un humour qui nous font beaucoup sourire et mĂȘme rire par moment. Au point qu’aprĂšs cet ouvrage, il me paraissait essentiel de m’intĂ©resser Ă  la suite de la production de l’auteur.

AnatomieDeLeponge1

HĂ©las, qui dit recueil dit souvent qualitĂ© inĂ©gale. C’est le cas ici. Certaines histoires laissent un peu froid, lĂ  oĂč d’autres nous transportent. Que dire que cette formidable histoire oĂč Guillaume Long se perd en voiture et va dormir dans un domaine perdu ? L’autodĂ©rision marche Ă  plein rĂ©gime. Si ce n’est pas forcĂ©ment original, Guillaume Long se l’approprie pleinement.

Graphiquement, Guillaume Long a un style qui se reconnaĂźt vite, mais il se cherche ici. Le noir et blanc est de rigueur, bien que parfois relevĂ© de niveaux de gris. On sent des modifications, des essais
 Et le tout est plutĂŽt rĂ©ussi. La maturitĂ© de son style se sent une nouvelle fois et sa façon de dessiner en noir et blanc hachurĂ© est dynamique et vivante. Le trait est simple, mais la gestion des noirs et des volumes est rĂ©flĂ©chie et rĂ©ussie. Bref, un dessin qui paraĂźt simple au tout venant, mais qui vaut le coup d’Ɠil.

Cette « Anatomie de l’éponge » a les dĂ©fauts du recueil. Son cĂŽtĂ© inĂ©gal gĂȘnera Ă  coup sĂ»r. Mais il y a de vraies qualitĂ© tant dans la narration que dans le dessin chez Guillaume Long qui suffisent Ă  lui donner de l’intĂ©rĂȘt. Quand on voit le nombre d’autobiographies insipides qui peuvent fleurirent sur les rayons, ce n’est pas le cas ici. Le livre montre un auteur qui se cherche et, surtout, qui se trouve !

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Note : 14/20

Z comme Don Diego, T1 : Coup de foudre Ă  l’hacienda – Fabcaro & Fabrice Erre

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Titre : Z comme Don Diego, T1 : Coup de foudre Ă  l’hacienda
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Avril 2012


« Z comme Diego » est une nouvelle sĂ©rie nĂ©e en avril dernier. Son premier tome s’intitule « Coup de foudre Ă  l’hacienda ». EditĂ© chez Dargaud, cet ouvrage se compose d’une quarantaine de pages. Son prix avoisine onze euros. Le nom de son scĂ©nariste a attirĂ© mon regard vers cet album. Il s’agit de Fabcaro dont j’avais apprĂ©ciĂ© « Jean-Louis et son encyclopĂ©die » ou « Steve Lumour, l’art de la winne ». J’avais trouvĂ© ses opus trĂšs drĂŽles. Dans « Coup de foudre Ă  l’hacienda », il ne se charge pas des dessins. Cette tĂąche est confiĂ©e Ă  Fabrice Erre dont je dĂ©couvre le travail Ă  cette occasion. Les couleurs naissent de la plume de Sandrine Greff. La couverture nous prĂ©sente un Don Diego dĂ©sabusĂ©. Il est entourĂ© de Zorro qu’on suppose ĂȘtre des usurpateurs. En effet, qui ne sait pas que Don Diego est Ă  Zorro, ce qu’est Peter Parker Ă  Spiderman


La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le synopsis suivant : « Don Diego, alias Zorro, avait dĂ©jĂ  bien du mal Ă  gĂ©rer sa double personnalitĂ© : l’arrivĂ©e de la belle senora Sexoualidad n’allait certainement pas arranger les choses
 Une parodie avec de l’action, du rire, de l’émotion, des chevaux, des Ă©pĂ©es, des combinaisons, de la paella, de la biĂšre et des hommes invisibles. »

zcommedondiego1bEn me plongeant dans « Coup de foudre Ă  l’hacienda », deux sentiments contradictoires se mĂȘlaient. J’étais curieux de dĂ©couvrir cette parodie de Zorro qui est vraiment le hĂ©ros de mon enfance. J’ai toujours gardĂ© une tendresse pour la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e en noir et blanc datant des annĂ©es cinquante. Le petit monde de Don Diego, Bernardo, le sergent Garcia et des autres m’ont toujours passionnĂ©e et fait rire. ParallĂšlement, j’apprĂ©hende de ce type de sĂ©rie qui prĂ©tend jouer avec les codes d’un univers Ă©tabli et connu. Souvent, le soufflĂ© retombe trĂšs vite et la dimension commerciale de ce choix scĂ©nariste prend rapidement le pas sur l’imagination de l’auteur. J’étais donc curieux de voir si Fabcaro allait arriver Ă  manipuler avec talent tous les aspects de cette cĂ©lĂšbre communautĂ©.

Des vannes variées à aucun moment répétitives.

L’ouvrage nous prĂ©sente deux gags par page. Chacun se dĂ©compose en six cases carrĂ©es de taille identique. Cela impose Ă  la trame de chaque scĂšne d’ĂȘtre dense et bien construite parce que l’auteur n’a pas non plus trop de temps pour les digressions. Je vous avoue que les premiers gags m’apparaissent prĂ©visibles et presque dĂ©cevants. Mais rapidement une atmosphĂšre agrĂ©able se dĂ©gage de la lecture et notre immersion dans l’univers crĂ©Ă© par les auteurs se fait plus intense. La densitĂ© de qualitĂ© est plutĂŽt bonne et chaque page fait naitre un sourire ou un rire franc. Fabcaro arrive Ă  offrir des vannes variĂ©es qui ne s’avĂšrent Ă  aucun moment rĂ©pĂ©titive. C’est une performance parce le dĂ©faut de la redite est souvent irrĂ©mĂ©diable dans ce genre d’ouvrage.

Le scĂ©nariste arrive Ă  construire sa parodie en exploitant parfaitement les codes de la sĂ©rie originale. Tous les personnages avec leurs caractĂ©ristiques propres sont exploitĂ©s. L’aspect humoristique est l’atout principal de cet ouvrage qui chatouillent nos zygomatiques aisĂ©ment. A dĂ©faut de nous faire pleurer de rire, la bonne humeur dĂ©gagĂ©e par la lecture est des plus agrĂ©ables. De plus, le fait que Fabcaro utilise tous les aspects de « Zorro » m’offre une plongĂ©e en enfance que je savoure avec appĂ©tit. Je n’ai pas envie de vous donner des exemples qui vous gĂącheraient la dĂ©couverte. Mais sachez qu’on rigole avec plaisir des maladresses de tous les protagonistes.

zcommedondiego1a

Le dessin  de Fabrice Erre correspond parfaitement au public visĂ© par cet ouvrage. Tous les membres de la famille peuvent trouver quelque chose dans cet opus. NĂ©anmoins, j’ai eu du mal Ă  ĂȘtre conquis par son trait au dĂ©but. Je le trouvais un peu brouillon et trop excessif. Mais une fois envahi par l’atmosphĂšre de la sĂ©rie, son trait quasi caricatural correspond parfaitement au propose tenu par Fabcaro. Je pense donc qu’à dĂ©faut de marquer les esprits, les illustrations nĂ©es du trait de Fabrice Erre accompagne parfaitement le moment divertissant de lecture offert par cet ouvrage.

En conclusion, « Coup de foudre Ă  l’hacienda » est une rĂ©ussite. Il s’agit d’un ouvrage de qualitĂ© qui gĂ©nĂšre de la bonne humeur. Tout n’est pas homĂ©rique et l’ensemble n’est pas un chef d’Ɠuvre. MalgrĂ© tout, dans la thĂ©matique de la parodie, il s’agit Ă  mes yeux d’un des meilleurs du genre. Il est difficile de s’approprier un univers et de le tourner en dĂ©rision. Fabcaro s’en sort vraiment bien. Je pense donc que je lirai avec joie le second tome qui devrait paraitre dans quelques mois. Mais cela est une autre histoire
 

gravatar_eric

Note : 13/20