Maurice et Patapon, T5 : Ni dieu, ni maĂźtre ! – Charb

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Titre : Maurice et Patapon, T5 : Ni dieu, ni maĂźtre !
Scénariste : Charb
Dessinateur : Charb
Parution : Mai 2012


« Ni Dieu ni maĂźtre ! » est le titre ambitieux du cinquiĂšme tome des aventures de « Maurice et Patapon ». Les deux personnages sont le fruit de l’imagination de Charb, auteur connu pour son travail avec « Charlie Hebdo ». D’ailleurs ce dernier ouvrage a Ă©tĂ© Ă©ditĂ© aux Editions Les EchappĂ©s dans la collection Charlie Hebdo. Son apparition dans les rayons date de mai dernier. Il est d’un format classique et est vendu pour environ treize euros. La couverture nous prĂ©sente Dieu en train de donner des hosties Ă  un chat pendant qu’un chien s’apprĂȘte Ă  lui donner un coup de marteau sur la tĂȘte. Tout un programme !

Wikipedia (www.wikipedia.fr) offre une prĂ©sentation Ă  la fois synthĂ©tique et limpide de cet ouvrage : « Maurice est un chien bisexuel, anarchiste aimant les excrĂ©ments, la sodomie et le sexe tandis que Patapon est un chat asexuel, fasciste et ultra-libĂ©ral, aimant la mort et la souffrance (des autres). » VoilĂ  qui est clair : Ăąme sensible s’abstenir !

Cet album peut se lire sans avoir lu les quatre prĂ©cĂ©dents. D’ailleurs, chacune de ses pages est indĂ©pendante des autres. Les planches se  dĂ©composent essentiellement en strip dĂ©veloppĂ© sen trois cases. Chacune possĂšde quatre gags. Ponctuellement, une anecdote occupe toute la page. Cela offre une lecture dense. Cette construction empĂȘche les temps morts et les pĂ©riodes de transition. Vu la prĂ©sentation faite des personnages, il apparait Ă©vident que cette lecture s’adresse Ă  un public averti. Les plus jeunes risquent de ne pas sortir indemne d’une telle dĂ©couverte.

Une absence de limite et de tabou.

Les diffĂ©rentes caractĂ©ristiques de Maurice et de Patapon laissent ouvert bon nombre de thĂ©matiques humoristiques. Certains gags sont scatologiques, pornographiques ou amoraux. Le point commun entre toutes ces scĂ©nettes est l’absence de limite et de tabou que s’autorise l’auteur. Charb dit tout ce qu’on peut imaginer de plus crade et immoral sans se l’interdire. Sa vision du monde et de l’humanitĂ© est radicale et assez pessimiste. On ne peut pas dire que les bons sentiments soient de sortie. En ce sens, « Ni Dieu ni maĂźtre ! » ne s’adresse pas Ă  tout le monde. Je comprends aisĂ©ment que certains soient mal Ă  l’aise ou choquĂ©s devant de tels propos. Mais je rassure les adeptes du genre : c’est du haut de gamme ! L’immense majoritĂ© des strips font mouche. On rigole avec plaisir des excĂšs crades et moraux du scĂ©nariste. La variĂ©tĂ© des thĂ©matiques traitĂ©es fait qu’on ne ressent Ă  aucun moment un sentiment de rĂ©pĂ©tition ou de lassitude. La performance est d’autant plus remarquable que Charb a dĂ©jĂ  offert quatre albums construits sur ce principe. A priori, son imagination est sans limite dans le domaine.

Mais le propos ne prendrait pas toute son ampleur sans un dessin Ă  l’avenant. Charb n’a pas de limite dans ses vannes, pourquoi en aurait-il dans son trait ? Les deux personnages principaux sont graphiquement rĂ©ussis et leurs expressions donnent une vraie matiĂšre Ă  leurs discours. Mais l’auteur ne nous montre pas toujours tout. Certains gags justifient une mise en image de l’idĂ©e prĂ©sentĂ©e. D’autres laissent notre imagination travailler et ce n’est pas rien vu les thĂšmes Ă©voquĂ©s ! La coloration est simple car, Ă  l’exception de quelques objets ponctuels, seuls nos hĂ©ros sont colorĂ©s. Maurice est orange et Patapon jaune. Les dĂ©cors sont quasiment inexistants.

En conclusion, « Ni Dieu ni maitre ! » est un ouvrage qui ne laisse pas insensible. Son humour ne fera pas rire tout le monde, je le consens aisĂ©ment. Par contre, ceux qui riront le feront de bon cƓur et prendront un vrai plaisir Ă  dĂ©couvrir chacune des pages. De plus, le fait que « Maurice et Patapon » ne baisse pas de qualitĂ© aprĂšs autant de tomes est un gage de qualitĂ© qu’on se doit de signaler. Cela fait que je n’hĂ©siterai pas Ă  m’offrir le prochain opus des aventures de ces hĂ©ros dĂšs sa sortie. Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 15/20

 

Le jeu vidĂ©o – Bastien VivĂšs

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Titre : Le jeu vidéo
Scénariste : Bastien VivÚs
Dessinateur : Bastien VivĂšs
Parution : Décembre 2011


Bastien VivĂšs a tenu ce qui Ă©tait certainement l’un des meilleurs blogs BD de la blogosphĂšre. Utilisant le copier-coller pour crĂ©er de longues conversations souvent absurdes, il a parfaitement su utiliser le principe du dĂ©filement vertical pour crĂ©er un effet de temporalitĂ© (renforcĂ© par les cases muettes). Fin 2011, la collection Shampooing lui ouvre les portes avec la publication de ses notes de blog. Et lĂ , curieusement, il est dĂ©cidĂ© de sortir pas moins de six volumes pesant prĂšs de 200 pages dont les parutions sont Ă©talĂ©es sur un peu plus d’un an. A dix euros le bouquin, ça fait cher le recueil de blog
 Trop pour moi qui dĂ©cidais de les lire en bibliothĂšque. Surtout que l’aspect thĂ©matique des ouvrages est plus ou moins rĂ©ussi. IntĂ©ressons-nous ici au jeu vidĂ©o dans ce qui est le premier opus publiĂ©.

LeJeuVidĂ©o1Le livre se prĂ©sente sous un format poche rappelant le manga. Chaque page comporte deux dessins (voire mĂȘme un seul pour des questions de mise en page) apposĂ©s verticalement. Chaque scĂšne prĂ©sente de nombreux copier-coller ou presque. Certaines modifications apparaissent entre deux cases parfois, mais cela reste lĂ©ger. Cela explique la pagination, car il n’y a pas tant de scĂšnes que ça. C’est clairement un choix d’édition et on comprend bien vite qu’avec un autre format, on aurait eu droit Ă  un seul recueil Ă  vingt euros.

Street fighter & joystick

MalgrĂ© cet effet de rĂ©pĂ©tition, le lecteur en a pour son argent. Les nombreux dialogues rendent la lecture relativement lente et si on a l’impression de tourner les pages Ă  toute vitesse, le bouquin nous occupe un certain temps. Pour « Le jeu vidĂ©o », Bastien VivĂšs est trĂšs Ă  l’aise et il n’y a pas vraiment de dĂ©chets dans ses histoires. La qualitĂ© des scĂšnes est constante et on sourit beaucoup. Mieux vaut connaĂźtre un peu les annĂ©es 90 car il en est beaucoup fait mention. On parle de joystick et de Street Fighter (visiblement un jeu qui a marquĂ© l’auteur). L’aspect nostalgique est trĂšs prĂ©sent, notamment dans les conflits gĂ©nĂ©rationnels.

Le dessin de Bastien VivĂšs est ici rĂ©ussi, mĂȘme si les copier-coller rendent l’exercice un peu biaisĂ©. Son dessin ultra-dynamique fait de touches de noir est reconnaissable et remarquable. Cela reste quand mĂȘme trĂšs statique. Il est cependant impressionnant de voir que l’auteur peut nous faire rire sans mĂȘme utiliser les expressions de ses personnages


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Si les choix Ă©ditoriaux sont contestables, la qualitĂ© de l’ouvrage ne l’est pas. DrĂŽle et un brin nostalgique, « Le jeu vidĂ©o » se lit avec grand plaisir et vous rappellera vos moments de jeunesse devant la console, un magazine sur les genoux, Ă  essayer de faire un coup spĂ©cial jusqu’à l’épuisement.

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Note : 15/20

L’infiniment moyen – Fabcaro

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Titre : L’infiniment Moyen
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Avril 2011


Dans « L’infiniment moyen », Didier Tronchet dit dans sa prĂ©face que Fabcaro « met beaucoup d’application Ă  ne pas ĂȘtre connu ».Et c’est bien dommage, car Fabcaro a du talent Ă  revendre ! « L’infiniment moyen » est un recueil de planches dĂ©jĂ  parues entre 2003 et 2011, notamment dans Psikopat, Bedaine et CQFD. Un florilĂšge sur 8 ans de dessin, on pourrait craindre un ensemble disparate. Heureusement, ce n’est pas du tout le cas.

« L’infiniment moyen » comporte trois types de planches. Les premiĂšres sont muettes et la chute est souvent un contre-pied complĂštement absurde. Les deuxiĂšmes sont plus classiques, avec dialogues et chutes finales (oĂč l’auteur se met parfois en scĂšne). Enfin, quelques illustrations complĂštent le tableau. Le tout est Ă©videmment entiĂšrement humoristique.

Un humour oscillant entre humour classique et humour franchement glauque.

La variation des situations et des personnages peut ĂȘtre pris comme un dĂ©faut et pourtant il est aussi rĂ©vĂ©lateur de la capacitĂ© de Fabcaro Ă  faire des blagues en crĂ©ant un contexte rapidement. Pas d’univers sur lequel se reposer, pas de blagues rĂ©currentes, uniquement de l’instantanĂ©. Et force est de constater que le tout est trĂšs drĂŽle, oscillant entre le classique et le franchement glauque. Il y en a pour tous les goĂ»ts.

Je tiens Ă  fĂ©liciter les personnes qui ont participĂ© Ă  la maquette de cet ouvrage. En effet, les diffĂ©rents types de planches sont parfaitement Ă©quilibrĂ©s entre illustration, muet et parlant. On croirait presque que c’est un ouvrage dessinĂ© pour l’occasion. On dĂ©couvre ainsi un Fabcaro possĂ©dant un vĂ©ritable univers, une ambiance pleine d’humour noir et dĂ©calĂ©. On est souvent surpris et les rires sont frĂ©quents lors de la lecture. Encore une fois, Fabcaro confirme tout le bien que je pense de lui.

Le style graphique de l’auteur est toujours aussi sympathique. Le trait est dynamique, tout en noir et blanc. C’est un vrai plaisir. Une mention spĂ©ciale est Ă  accorder aux visages qui semblent toujours sur la brĂšche, que ce soit d’angoisse, de colĂšre ou de dĂ©sespoir. Les personnages ne semblent jamais sereins (et ceux qui semblent heureux sont source d’angoisse pour les autres). Cela participe fortement Ă  l’ambiance noire qui se dĂ©gage des planches.

Au final, « L’infiniment moyen » est un recueil des plus rĂ©ussis. Certes, ce n’est peut-ĂȘtre pas le meilleur moyen de dĂ©couvrir Fabcaro, mais il comblera sans peine les adeptes de l’auteur et les lecteurs amateurs d’humour grinçant.

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Note : 15/20

Jours de gloire – Fabcaro

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Titre : Jours de gloire
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Septembre 2013


Fabcaro est un auteur que j’adore. Son humour, absurde, est facilement reconnaissable et fait mouche Ă  chaque fois. Quand je suis tombĂ© sur « Jours de gloire », un recueil de strips parus chez Altercomics, je n’ai pas pu y rĂ©sister. Et pourtant le prix de 13€ pour une cinquantaine de strips m’avait fait un peu tiquer. Mais quand on aime, on ne compte pas


Le strip est une des spĂ©cialitĂ©s de Fabcaro. Du moins le gag Ă  chute absurde ! On le retrouve dans nombre de ses livres (« Z comme Don Diego », « On n’est pas lĂ  pour rĂ©ussir », « Amour, Passion & CX Diesel », etc.). C’est Ă©galement le cas ici. La diffĂ©rence, c’est qu’il n’y a pas rĂ©ellement de contexte, alors que les prĂ©cĂ©dents bouquins citĂ©s concernaient Zorro, les auteurs BD ou la parodie de sĂ©rie tĂ©lĂ©. Du coup, on perd beaucoup sans univers. Le redondance Ă©tant une des qualitĂ©s de l’humour de Fabcaro, il perd ici de son efficacitĂ©. Son hĂ©ros (ou plutĂŽt antihĂ©ros) est trop impersonnel. Dommage.

Un recueil un peu léger.

Cependant, l’humour absurde de l’auteur, s’il vous parle, reste quand mĂȘme au niveau. Les chutes font leur petit effet et savent nous surprendre. Notre hĂ©ros est un imbĂ©cile dragueur qui ne cesse de gaffer. On sourit souvent mais le temps passe hĂ©las vite et le livre est refermĂ© alors que l’on en demande encore
 Le format Ă  l’italienne est parfaitement adaptĂ© Ă  l’ouvrage, mais cela donne l’impression que cela sert Ă  cacher la pauvretĂ© du nombre de strips. Car en format en A4, il n’y aurait plus qu’une quinzaine de pages Ă  lire. Et du coup, c’est le prix qui fait un peu tiquer.

Au niveau du dessin, Fabcaro adopte un trait simple et efficace, adaptĂ© au propos. Les pages sont parfois un peu vides car il n’y a pas de dĂ©cor. Mais l’essentiel n’est pas lĂ , c’est avant tout le propos qui prime.

Clairement, cet ouvrage est un peu bancal. Recueil de strips rĂ©alisĂ©s entre 2003 et 2010, on peut se demander se cela mĂ©ritait un livre. Il ne faut pas s’y tromper : les strips sont drĂŽles et rĂ©ussis, mais la lecture est trop courte pour le prix proposĂ©. Quant Ă  Fabcaro, il nous a habituĂ© Ă  encore mieux lorsqu’il ajoute un contexte Ă  ses strips : il sait alors exploiter l’univers pour bonifier l’ensemble. Une dĂ©ception, mĂȘme si le tout m’a donnĂ© le sourire du dĂ©but Ă  la fin.

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Note : 10/20

Jean-Louis et son EncyclopĂ©die, T1 : Les Profs sont des Cons (sauf Jean-Louis) – Fabcaro

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Titre : Jean-Louis et son Encyclopédie, T1 : Les Profs sont des Cons (sauf Jean-Louis)
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Août 2009


Fabcaro est un auteur de bandes dessinĂ©es qui m’était inconnu jusqu’au passage rĂ©cent du PĂšre NoĂ«l dans mon foyer. En effet, j’ai eu le plaisir de dĂ©couvrir un de ses ouvrages sous le sapin. Il s’agit de « Jean-Louis (et son encyclopĂ©die) ». EditĂ© chez Drugstore, cet album est composĂ©e d’un petit peu moins de cinquante pages. Il est vendu au prix de dix euros. Chaque page est composĂ©e de trois sĂ©ries de trois cases.

L’album nous conte les aventures de Jean-Louis. Ce dernier est enseignant et la partie de sa vie qui nous est narrĂ©e est celle qui se dĂ©roule en salle des professeurs. La description faite sur la quatriĂšme de couverture est la suivante : « Et voilĂ  la sacro-sainte salle des profs oĂč vous allez passer pas mal de temps
 Je vous laisse faire connaissance avec vos collĂšgues
 Vous allez voir, ici c’est l’ambiance garantie
 ».

Au-delĂ  de son statut d’enseignant, on ne peut pas dire que Jean-Louis soit le parti idĂ©al. En effet, en plus d’un physique peu avantageux, il a la particularitĂ© d’accumuler bon nombres de dĂ©fauts. Il est entre autre Ă©goĂŻste, manipulateur, hypocrite et radin. J’en oublie sĂ»rement. On peut rĂ©sumer sa vie par : « Tout pour ma gueule ». Le problĂšme est que la finesse n’est pas sa qualitĂ© principale et bien souvent la chute de l’histoire n’est pas Ă  son avantage.

Le milieu enseignant n’est que l’univers de l’histoire.

Une des modes actuelles dans la bande dessinĂ©e est les sĂ©ries construites autour du thĂšme propre Ă  un corps de mĂ©tier : les profs, les pompiers, les CRS etc. Bien souvent, ses albums m’ont déçu. Ils sont souvent prĂ©visibles et rĂ©pĂ©titifs. Bref, on est déçu en les dĂ©couvrant et nos zygomatiques sont peu sollicitĂ©es. Le thĂ©matique de « Jean-Louis (et son encyclopĂ©die) » pourrait appartenir Ă  cette mouvance du fait du mĂ©tier de son hĂ©ros. Je vous rassure, ce n’est pas le cas. Car le thĂšme de l’album n’est pas la salle des professeurs mais Jean-Louis et ses aventures dans la salle des professeurs. Le milieu enseignant n’est que l’univers de l’histoire. Son hĂ©ros est bel et bien Jean-Louis. Bon nombre de gags ou de dialogues pourraient avoir lieu sur tous les lieux de travail. En ce sens, Jean-Louis touche tout le monde.

Comme je l’ai dit en introduction, chaque page est composĂ©e de trois sĂ©ries de trois cases. Bien souvent, chaque sĂ©rie correspond Ă  un gag. Le risque de ce genre de structure est d’alterner des chutes hilarantes avec des moments plus moyens. Ce n’est ici pas le cas. La qualitĂ© est au rendez-vous tout au long des quarante-huit pages. On rigole de Jean-Louis sans cesse. Son manque de savoir-vivre et sa maladresse ne cessent de solliciter nos zygomatiques. L’auteur arrive Ă  crĂ©er des situations trĂšs originales. Il a de plus un talent pour les dialogues qui rend chaque situation trĂšs rĂ©ussie.

Cet album se dĂ©vore. On a toujours hĂąte de dĂ©couvrir le gag suivant tant notre cher Jean-Louis ne semble avoir aucune limite. De plus, une deuxiĂšme lecture n’est pas dĂ©sagrĂ©able. On rit Ă  nouveau de bon cƓur et on savoure mĂȘme davantage certaines phrases lues trop vite la premiĂšre fois. Je pense que c’est un bouquin qu’on peut s’acheter tant chaque redĂ©couverte fera rire une nouvelle fois son lecteur.

Il est temps maintenant de vous parler de la fameuse encyclopĂ©die de Jean-Louis. En plus de toutes ses « qualitĂ©s » prĂ©cĂ©demment citĂ©es, Jean-Louis est particuliĂšrement fier de lui. Tellement fier qu’il s’est mis en tĂȘte d’écrire une encyclopĂ©die et il fait en sorte, de maniĂšre toujours discrĂšte, que ses collĂšgues soient au courant. A priori, chacun de ses lecteurs a quelques rĂ©serves sur l’intĂ©rĂȘt et le sĂ©rieux de l’ouvrage en question. On en dĂ©couvre d’ailleurs de nombreux extraits dans l’album. On dĂ©couvre donc les rĂ©ponses de Jean-Louis Ă  des questions telles que : comment naissent les proverbes, que signifie exactement « ĂȘtre rebelle », qu’est-ce que la philosophie, quelle est l’origine du naturisme etc. Bon nombre de rĂ©ponses Ă  ces questions fondamentales sont plutĂŽt rĂ©ussies et font rire Ă  dĂ©faut de briller par leur pertinence historique ou scientifique.

Il me reste Ă  vous parler des dessins. Comme dit prĂ©cĂ©demment, je dĂ©couvre Fabcaro. J’ai Ă©tĂ© tout de suite sĂ©duit par son style. Dans cet album, on n’y voit que des personnages. Il n’y aucun dĂ©cor derriĂšre. Cela donne une atmosphĂšre aĂ©rĂ©e qui nous concentre complĂštement sur les personnages et leurs dialogues. Car c’est ici que rĂ©side la richesse de cette lecture. Je trouve que les diffĂ©rents intervenants sont bien dessinĂ©es car en les regardant uniquement, on arrive Ă  s’en faire une idĂ©e assez prĂ©cise. Les couleurs sont simples est participe Ă  l’atmosphĂšre rĂ©ussie de l’album.

En conclusion, je ne peux donc que vous conseiller de dĂ©couvrir cet album et cet auteur. Il s’agit pour moi une surprise trĂšs agrĂ©able et je vais m’empresser dĂ©couvrir rapidement le reste de la bibliographie de Fabcaro. J’espĂšre rapidement pouvoir vous dĂ©crire une autre part de son univers car si elles sont toutes de cette qualitĂ©, c’est du bonheur en barre ! 

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Note : 17/20

Droit dans le mĂ»r – Fabcaro

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Titre : Droit dans le mûr
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Décembre 2007


AprĂšs un premier ouvrage autobiographique qui mettait Ă  nu ses nĂ©vroses (« Le steak hĂąchĂ© de DamoclĂšs »), Fabcaro remet le couvert avec « Droit dans le mĂ»r ». Comme il le dit lui-mĂȘme : « Faut ĂȘtre maso ». C’est donc reparti pour une sĂ©rie d’anecdotes pleine d’autodĂ©rision sur les problĂšmes relationnels de l’auteur. On retrouve notamment son incapacitĂ© Ă  dire « non » et, de façon gĂ©nĂ©rale, Ă  s’imposer.

Si certaines anecdotes ne font qu’une page (ce sont rarement les plus intĂ©ressantes), d’autres sont un poil plus longue, amenant souvent une rĂ©flexion plus large (l’achat de la maison, le mec au walkman, etc.). Evidemment, une chute nous attend toujours Ă  la fin. Heureusement, la chute n’est pas le seul moment oĂč l’ont ri. L’humour est omniprĂ©sent. Parfois absurde, parfois touchant, Fabcaro a un humour vraiment particulier, une vraie patte. Un bonheur pour les zygomatiques.

Un bilan de l’autobiographie et un bilan autobiographique.

Le dĂ©but de l’ouvrage dĂ©marre sur le bilan de la premiĂšre autobiographie. En effet, Fabcaro expose les problĂšmes liĂ©s Ă  la publication d’un tel ouvrage
 Evidemment, c’est passionnant et le fait que l’auteur n’assume absolument pas le contenu rend le tout encore plus intĂ©ressant. Ainsi, « Droit dans le mĂ»r » et « Le steak hĂąchĂ© de DamoclĂšs » fonctionnent clairement comme un diptyque. AssemblĂ©s, ils traitent plus ou moins des mĂȘmes thĂšmes et donnent finalement plus de cohĂ©rence Ă  l’ensemble.

Comme son nom l’indique, « Droit dans le mĂ»r » s’attarde sur le vieillissement de l’auteur. Ce dernier, la trentaine passĂ©e, doit laisser certaines de ses anciennes convictions au passĂ©. Ainsi, rien ne s’arrange vraiment quand on vieillit (alors qu’il Ă©tait persuadĂ© du contraire !) et on finit par faire des choses terribles comme devenir propriĂ©taire (ce passage est d’une justesse incroyable) alors qu’on rejetait le concept de propriĂ©tĂ© Ă  20 ans. Fabcaro n’hĂ©site d’ailleurs pas Ă  se reprĂ©senter en conversation avec son alter-ego plus jeune. Si le procĂ©dĂ© n’est pas nouveau, il est ici utilisĂ© avec parcimonie, Ă©normĂ©ment d’humour et se rĂ©vĂšle finalement touchant. On a tous en nous quelque chose de Fabcaro.

Le dessin est toujours efficace avec un noir et blanc Ă©lĂ©gant et maĂźtrisĂ©. Les expressions des personnages, trĂšs travaillĂ©es et marquĂ©es, renforcent l’humour des situations. Le tout est souvent articulĂ© en planches composĂ©es de trois bandes horizontales, apportant de la cohĂ©rence Ă  l’ensemble (et un peu de rigiditĂ©, il est vrai).

AprĂšs un « Steak hĂąchĂ© de DamoclĂšs » rĂ©ussi, « Droit dans le mĂ»r » est clairement un cran au-dessus de part une certaine cohĂ©rence et une patte de l’auteur plus affirmĂ©e. Les deux ouvrages tirent un portrait hilarant de Fabcaro, plein d’autodĂ©rision. Indispensable pour tous les fans de l’auteur !

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Note : 16/20

Le steak hachĂ© de DamoclĂšs – Fabcaro

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Titre : Le steak haché de DamoclÚs
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Juillet 2005


Faut-il ĂȘtre nĂ©vrosĂ© pour ĂȘtre auteur de bande-dessinĂ©e ? En lisant les diffĂ©rentes autobiographies, on peut se le demander
 Ainsi, Fabcaro dĂ©marre « Le steak hachĂ© de DamoclĂšs » sur ces mots : « une bande-dessinĂ©e sur mes problĂšmes de communication ? J’ai aucune envie d’étaler mes nĂ©vroses  ». L’auteur rentre ici dans un travail d’introspection. Et qui dit introspection, dit forcĂ©ment anecdotes
 Histoire de justifier ses dires.

Le titre de l’ouvrage vient justement de la premiĂšre anecdote oĂč Fabcaro, encore enfant, doit aller acheter une baguette de pain. Il reviendra avec un steak haché  De lĂ  dĂ©marre ses problĂšmes de communication. Ceux-ci sont avant tout l’incapacitĂ© Ă  se concentrer sur ce que racontent les autres et son impossibilitĂ© Ă  dire « non ». De ces handicaps en rĂ©sultent nombre de quiproquos avec un peu tout le monde.

Comment s’assumer comme auteur de bande-dessinĂ©e ?

Cependant, rapidement les anecdotes de l’auteur font apparaĂźtre d’autres problĂšmes rĂ©currents dont la difficultĂ© Ă  assumer son statut d’auteur de bande-dessinĂ©e (il faut avouer qu’il n’est pas aidé !). Ainsi, dĂšs que la situation financiĂšre devient difficile, le spectre du « concours de prof » ressort. Ayant des enfants, Fabcaro ne peut pas se permettre la prĂ©caritĂ©. C’est un vrai sujet, traitĂ© avec beaucoup d’humour certes, mais qui doit ĂȘtre terrible pour les auteurs de BD.

Etant donnĂ© toutes les nĂ©vroses dont je viens de parler, on pourrait penser que Fabcaro s’apitoie sur son sort et se donne finalement une image pathĂ©tique. Ce n’est Ă©videmment pas le cas. Capable d’une autodĂ©rision impressionnante, l’auteur ne se cherche aucune excuse (Ă  part la lĂąchetĂ©, c’est dire !). RĂ©sultat, le tout est diablement drĂŽle. On est parfois stupĂ©fait par les situations dans lesquelles arrive Ă  se mettre l’auteur simplement parce qu’il est incapable de communiquer correctement. Ainsi, quand on l’appelle par un prĂ©nom diffĂ©rent, il n’arrive pas Ă  dire « ce n’est pas Fabien, c’est Fabrice ». Et de lĂ  dĂ©coule un problĂšme insoluble.

Cette autobiographie, centrĂ©e sur les problĂšmes de communication, est un peu bordĂ©lique quand mĂȘme. Les anecdotes sont plus ou moins pertinentes et Ă  des pĂ©riodes trĂšs diffĂ©rentes de la vie de l’auteur. Cependant, Fabcaro ouvre correctement son bouquin (en prĂ©sentant le sujet) et le referme lorsque sa copine lit l’ouvrage en question. Cela compense l’aspect un peu dĂ©cousu de l’ensemble.

Au niveau du dessin, j’ai Ă©tĂ© sĂ©duit par le travail de Fabcaro. EntiĂšrement en noir et blanc, le trait est dynamique et bien plus complexe qu’il peut paraĂźtre Ă  premiĂšre vue. L’expressivitĂ© des personnages (et notamment de l’auteur) sont en effet de grands renforts Ă  l’humour dĂ©jĂ  trĂšs drĂŽle.

Difficile de savoir si Fabcaro exagĂšre ou pas ses nĂ©vroses. Et aprĂšs tout, on s’en moque et on rit souvent devant les alĂ©as de son avatar. Il arrive Ă  gĂ©rer des gags rĂ©currents et Ă  illustrer les angoisses du personnage tant graphiquement que dans les dialogues de façon vraiment talentueuse. Une autobiographie intĂ©ressante et, parfois, hallucinante !

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Note : 14/20

Amour, Passion & CX Diesel – Fabcaro & James

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Titre : Amour, Passion & CX Diesel
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : James
Parution : Avril 2011


J’ai dĂ©couvert il y a peu dans « Fluide Glacial » la bande-dessinĂ©e« Amour, Passion & CX Diesel ». CharmĂ© par l’humour absurde des planches, je me suis empressĂ© d’en faire l’acquisition. Cette BD est scĂ©narisĂ©e par Fabcaro, que j’avais dĂ©couvert avec « Jean-Louis et son encyclopĂ©die » et dessinĂ© par James, dont j’apprĂ©cie le dessin depuis que j’ai lu « Dans mon open-space ».

L’histoire de « Amour, Passion et CX Diesel » parodie les soaps operas amĂ©ricains type « Dallas » ou « Les feux de l’amour ». La famille Gonzales est en effet en Ă©moi : le patriarche, Harold, est atteint de la maladie d’Alzheimer. Sa mort semble alors imminente. ImmĂ©diatement, l’hĂ©ritage va devenir un enjeu crucial des diffĂ©rents enfants et leurs conjoints. Notamment la fameuse CX Diesel qui attise toutes les convoitises


On comprend en lisant le pitch que cette bande-dessinĂ©e est complĂštement dĂ©calĂ©e. Loin du luxe habituel des sĂ©ries amĂ©ricaines, on se retrouve dans une famille franchouillarde un peu (beaucoup ?) minable sur les bords. Leur grande bĂȘtise et leurs coups bas rappelleront inĂ©vitablement les grandes comĂ©dies italiennes telles que « Affreux, bĂȘtes et mĂ©chants ». Les hommes sont particuliĂšrement stupides, les femmes s’en sortant Ă  peine mieux.

La bĂȘtise des personnages portĂ©e Ă  l’absurde

L’aspect parodique est parfaitement assumĂ©. Ainsi, un enfant naĂźt dans la famille et trois hommes croient en ĂȘtre le pĂšre (avec le postier en prime). Les infidĂ©litĂ©s sont frĂ©quentes et tout le monde semble se dĂ©tester. La bĂȘtise des personnages est portĂ©e Ă  l’absurde. Ainsi, Jean-Mortens, bien que noir, n’est pas considĂ©rĂ© comme tel (mĂȘme lorsqu’il essaie de faire son coming-out
). L’ouvrage tient avant tout de sa galerie de personnage. Du pĂšre qui oublie tout, au beau-frĂšre chĂŽmeur qui s’invente un mĂ©tier, en passant par la belle-sƓur infidĂšle au dernier degrĂ©, sans oublier le frĂšre patron d’une boĂźte de nuit minable.

amourpassion-CXdiesel3L’hĂ©ritage est le fil rouge de la BD mais d’autres intrigues sont menĂ©es petit Ă  petit, rendant la lecture trĂšs agrĂ©able. Le tout est prĂ©sentĂ© par sĂ©quences de six cases carrĂ©es, amenant immanquablement une chute. Le tout est parfaitement maĂźtrisĂ© de bout en bout amenant jusqu’à la conclusion finale que je ne rĂ©vĂšlerai pas ici. L’humour est omniprĂ©sent et dense. On n’a pas d’impression de remplissage comme c’est parfois le cas dans ce genre d’ouvrages.

Le dessin de James est trĂšs Ă©lĂ©gant et adaptĂ© aux gags. Son trait simple et animalier renforce d’autant plus le cĂŽtĂ© parodique de l’ouvrage. Cependant, comme tout passe par le dialogue, on a une impression parfois statique de l’ensemble. Le dessin peine Ă  se renouveler parfois. Ce dernier est cependant mis en valeur par la colorisation de  BenGrrr. Alors qu’on s’attendrait Ă  des couleurs vives, les auteurs ont optĂ© pour des couleurs pastel beaucoup plus douces. Un choix judicieux Ă©tant donnĂ© le rĂ©sultat.

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« Amour, passion & CX Diesel » est donc une bonne parodie, complĂštement absurde. En ne se donnant pas de limite, les auteurs font mouche. Les mesquineries des uns et des autres sont vraiment ridicules et nous feront rire plus d’une fois. Comme dirait un des personnages : « Toujours la CX Diesel ! Ne peux-tu pas avoir un peu plus d’ambition ? »

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Note : 14/20

La ClĂŽture – Fabcaro

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Titre : La ClĂŽture
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Avril 2009


« 6 pieds sous terre » est une maison d’édition qui cherche avant tout Ă  donner de la libertĂ© aux auteurs. Dans « La clĂŽture », Fabcaro profite de cette libertĂ© pour dĂ©livrer un rĂ©cit complĂštement absurde et expĂ©rimental. Difficile Ă  dĂ©finir ce qu’est « La clĂŽture ». Avant tout, cet ouvrage dĂ©crit la difficultĂ© pour un auteur (en l’occurrence, Fabcaro) d’écrire des scĂ©narios quand on est empĂȘtrĂ© dans le quotidien (avec notamment une clĂŽture Ă  rĂ©parer).

Pourtant dans les premiĂšres pages, point de prĂ©sence autobiographique de l’auteur. On dĂ©marre le tout sur des personnages fictionnels. TrĂšs intriguĂ© par le dĂ©but de l’histoire, le lecteur est rapidement rassurĂ© lorsque la compagne de Fabcaro dĂ©clare, en lisant ces mĂȘmes pages : « Mais
 C’est totalement incohĂ©rent
 On comprend rien du tout  ». L’auteur dĂ©clare alors qu’il est au bord de la dĂ©pression et qu’il n’arrive pas Ă  scĂ©nariser avec tout ce qu’il a Ă  faire Ă  cĂŽté 

Les scĂšnes se succĂšdent sans lien apparent entre elles.

Et justement, malgrĂ© tout cela, Fabcaro va pourtant nous scĂ©nariser une histoire entre Sonia et Pierre. La premiĂšre ne rencontre que des losers et voudrait trouver quelqu’un. Le second cherche avant tout un emploi mais semble complĂštement incompĂ©tent pour cela. Ils finiront quand bien mĂȘme par se rencontrer aprĂšs de nombreuses pĂ©ripĂ©ties. Laissant libre court Ă  son imagination, les scĂšnes se succĂšdent sans lien apparent entre elles.

lacloture1Au fur et Ă  mesure des pages, Fabcaro s’intĂšgre dans sa propre fiction, se mettant alors Ă  parler avec ses « acteurs » de ses Ă©tats d’ñme. Pendant ce temps, l’histoire continue
 Cette partie autobiographique, sous une apparence classique, est toujours agrĂ©ablement mise en scĂšne par Fabcaro. Outre le comique absurde de rĂ©pĂ©tition, on retrouve l’auteur devant ses contradictions : faire un ouvrage original au risque d’en « vendre huit ». La panne d’inspiration reste Ă©videmment le principal sujet de l’ouvrage, puisqu’il est la raison du bordel incroyable qu’est « La clĂŽture » : ne sachant qu’écrire, Fabcaro fait n’importe quoi, essayant des choses diverses et variĂ©es. Evidemment, les derniĂšres pages amĂšnent un Ă©claircissement salvateur et « La clĂŽture » prend alors tout son sens.

MalgrĂ© la confusion volontaire du rĂ©cit, on rit beaucoup dans cet ouvrage. Les dialogues, les situations absurdes, le mĂ©lange des genres
 Fabcaro maĂźtrise son humour si particulier et personnel avec maestria. Qu’importe le personnage ou le lieu, l’auteur parvient Ă  nous arracher des rires avec un sens du contre-pied incroyable.

Au niveau du dessin, j’avoue ĂȘtre trĂšs fan du trait de Fabcaro. Ses personnages aux longs cous sont trĂšs expressifs. Mention spĂ©ciale aux silences, parfaitement retranscrits graphiquement, souvent par une rĂ©pĂ©tition maĂźtrisĂ©e et intelligente de la case.

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« La ClĂŽture » est une Ɠuvre exigeante. La feuilleter dans une librairie ou une bibliothĂšque risque fort de faire hĂ©siter le lecteur. DotĂ© d’un humour efficace et d’une mise en abĂźme originale, cette bande-dessinĂ©e, trĂšs expĂ©rimentale, n’en est pas moins avant tout une vĂ©ritable histoire avec ses personnages, ses retournements de situation. Un monument de l’absurde.

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Note : 18/20

ParaplĂ©jack – Fabcaro

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Titre : Parapléjack
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Novembre 2014


Fabcaro est l’un de mes auteurs favoris. Son humour, absurde et personnel, me touche systĂ©matiquement. L’auteur a dĂ©veloppĂ© toute une sĂ©rie de livres sous forme de strips, dont il s’est fait une spĂ©cialitĂ© (parmi d’autres). « ParaplĂ©jack » regroupe des strips parus initialement sur le site Mauvais Esprit. Le tout est publiĂ© aux Ă©ditions de La CafetiĂšre dans un format A6, Ă  raison d’un strip par page (pour 128 pages).

Jack est paraplĂ©gique. Mais il ne semble pas avoir conscience des implications. Ainsi, il essaie de faire plein de choses qui lui sont impossibles, comme tirer un pĂ©nalty par exemple ou faire des pompes
 Comme citĂ© en quatriĂšme de couverture : « Tu dois accepter la vie telle qu’elle se prĂ©sente mais mieux vaut faire en sorte qu’elle se prĂ©sente comme tu veux qu’elle soit  » 

Un homme en fauteuil roulant fait du trampoline…

On nage donc en plein humour noir et absurde en voyant un homme en fauteuil roulant faire du trampoline
 Difficile Ă  imaginer, non ? Fabcaro manipule un humour qui a ses adeptes, mais il est Ă©vident que certains resteront sur la touche. Il fait fort ici en s’attaquant aux handicapĂ©s dont il se moque ouvertement. Mais la bonne humeur de Jack est communicative.

Comme toujours avec les recueils de strips, certains sont clairement plus percutants que d’autres. Une fois le postulat de dĂ©part assimilĂ©, on sourit beaucoup aux pĂ©ripĂ©ties de Jack, mĂȘme si un phĂ©nomĂšne de rĂ©pĂ©tition se fait sentir en fin d’ouvrage. Se pose la question de savoir s’il fallait publier l’intĂ©gralitĂ© des strips parus prĂ©cĂ©demment. Qu’importe, le plaisir de lecture est lĂ .

Le dessin de l’auteur est un vrai plaisir. Son trait est dynamique et, malgrĂ© la petitesse du format, les cases sont riches en dĂ©cors et en dĂ©tails. Son noir et blanc est beau, mĂȘme si ici il manque parfois de visibilitĂ©. Difficile Ă  dire si c’est Ă  cause de la couleur ou Ă  cause de la taille des cases, mais j’ai eu besoin d’un temps d’adaptation.

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Un nouveau livre de Fabcaro, c’est toujours un plaisir. « ParaplĂ©jack » n’est pas son meilleur livre, mais son cĂŽtĂ© complĂštement absurde est assez jubilatoire. Abordant un sujet difficile avec un humour corrosif, l’auteur prend un risque. Mais qui d’autre pouvait nous montrer un homme paraplĂ©gique en plein dĂ©ni de son handicap ?

avatar_belz_jol

Note : 12/20