ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ

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Titre : Zaï zaï zaï zaï
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Mai 2015


Je suis un grand fan de Fabcaro. Capable d’apprĂ©cier autant ses livres d’autodĂ©rision que ses strips ou encore ses ouvrages expĂ©rimentaux, je fus en joie en voyant un nouveau bouquin sortir, intitulĂ© « ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaï ». Un road-movie paraĂźt-il
 Devant les bonnes critiques unanimes et son prix au festival Quai des Bulles, je me le suis procurĂ©, prĂȘt Ă  apprĂ©cier cet ouvrage. Le tout est paru chez 6 pieds sous terre pour une soixantaine de pages.

« ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaï » est une auto-fiction. On retrouve Fabcaro au supermarchĂ©. Au moment de payer, il s’aperçoit qu’il n’a pas sa carte de fidĂ©litĂ©. Commence alors une cavale rocambolesque


Une cavale d’un nouveau genre.

ZaiZaiZaiZai3Si ce livre est assez diffĂ©rent formellement des autres ouvrages de Fabcaro, il en reprend pourtant toutes les caractĂ©ristiques : l’obsession du supermarchĂ©, le fonctionnement en strips, l’absurde, l’auto-dĂ©rision, le comique de rĂ©pĂ©tition
 Fabcaro fusionne le tout dans une aventure complĂštement absurde. Ainsi, chaque page propose un gag qui fait avancer l’histoire. Le cĂŽtĂ© extrĂȘmement absurde ferait presque pencher la balance vers l’idĂ©e d’un ouvrage expĂ©rimental. Mais l’humour dĂ©veloppĂ© est grand public, pour peu qu’on soit ouvert aux incohĂ©rences voulues du rĂ©cit. Si voir quelqu’un menacer un vigile avec un poireau ne vous fait pas sourire, vous pouvez passer votre chemin.

La cavale est bien Ă©videmment un prĂ©texte pour parler de tout et de rien. On retrouve  des gags sur l’auteur en lui-mĂȘme, sur les supermarchĂ©s, sur la police, sur les journalistes
 L’histoire est ainsi aussi dĂ©cousue qu’elle est absurde. Et ce, jusqu’à un Ă©pilogue rĂ©ussi. Et si, vu l’humour proposĂ©, on accroche plus ou moins aux situations, on sourit souvent et on rit mĂȘme de bon cƓur devant certains gags.

Au-delĂ  de la qualitĂ© intrinsĂšque de l’ouvrage (et de savoir s’il est drĂŽle ou non), force est de constater que Fabcaro est un auteur qui possĂšde une vĂ©ritable patte en tant que scĂ©nariste. Quand on accroche Ă  son humour, difficile de s’en dĂ©tacher. On est loin d’un humour formatĂ© et dĂ©jĂ  entendu.

Concernant le dessin, Fabcaro dĂ©laisse son dessin humoristique pour un trait Ă  la fois plus rĂ©aliste et encore plus relĂąchĂ©. Cela donne Ă  son road movie une apparence de sĂ©rieux qui tranche encore plus avec l’absurde de l’histoire. Le choix est clairement payant. Fabcaro fait la part belle aux rĂ©pĂ©titions dans ses pages, mettant l’accent sur les dialogues. Le trait est relevĂ© par une bichromie Ă  la teinte jaune/verte un peu dĂ©stabilisante (et honnĂȘtement assez moche). La teinte mise Ă  part, la colorisation donne du volume au trait et reste pertinente.

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« ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaï » est un beau condensĂ© du savoir faire de Fabcaro. Il n’est pas rare de rire devant les pĂ©ripĂ©ties de ce hĂ©ros du quotidien. Rien que pour cela, l’ouvrage est rĂ©ussi. Mais quand il faut parler d’autodĂ©rision et tacler les angoisses du quotidien franchouillard (karaokĂ© et carte de fidĂ©litĂ© de supermarchĂ© en tĂȘte), il reste l’un des auteurs les plus performants.

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note4

Z comme Don Diego, T2 : La loi du marché

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Titre : Z comme Don Diego
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Octobre 2012


Zorro est le hĂ©ros de mon enfance. Je me rappelle des bons moments passĂ©s avec mes parents Ă  regarder les aventures du cĂ©lĂšbre justicier masquĂ©. J’avais donc jaugĂ© avec curiositĂ© l’apparition du premier tome d’une nouvelle sĂ©rie intitulĂ©e « Z comme don Diego ». La dĂ©couverte s’était avĂ©rĂ©e drĂŽle et sympathique. C’est donc en confiance que je me suis offert l’opus suivant paru au mois d’octobre. Il s’intitule « La loi du marchĂ© » et nous prĂ©sente un Zorro bardĂ© de sponsors tel un pilote de Formule 1. Son pĂšre, le sergent Garcia, la señorita Sexoualidad ou encore Bernardo l’accompagnent au second plan.

Au-delĂ  de la prĂ©sence du cĂ©lĂšbre Zorro, cet ouvrage possĂ©dait un autre atout Ă©vident lors de notre premiĂšre rencontre. Cet aspect Ă©tait la prĂ©sence de Fabcaro sur la couverture. J’ai dĂ©couvert ce scĂ©nariste par « Jean-Louis et son encyclopĂ©die » et « Steve Lumour ». Il faisait ici Ă©tat de son talent Ă  tourner en dĂ©rision des personnages de « loser ». Il Ă©tait donc curieux de voir exploiter le mythe de Zorro dans cet esprit-lĂ . Le premier Ă©pisode avait rĂ©pondu aux attentes, j’en espĂ©rais autant du second.

Un Don Diego opposĂ© au hĂ©ros tĂ©lĂ©visuel qu’il reprĂ©sente.

On retrouvait donc avec plaisir ce Don Diego maladroit et Ă  l’opposĂ© du charismatique hĂ©ros tĂ©lĂ©visuel qu’il reprĂ©sente. On a du mal l’imaginer sauver qui que ce soit tant il a dĂ©jĂ  du mal Ă  garder son identitĂ© secrĂšte. Nombre sont les gags Ă  se construire sur cette dimension-lĂ . Le justicier pourrait ĂȘtre dĂ©masquĂ© des dizaines de fois. Mais ce cher sergent Garcia ne vaut pas mieux que lui. On rit avec bon cƓur de la bĂȘtise de tout ce beau monde. Il va sans dire que Don Diego ne se rĂ©vĂšle dans ses tentatives de sĂ©duction. Son amour et sa bonne volontĂ© ne sont pas reconnus par la señorita Sexoualidad qui pourtant ne brille ni par ses charmes ni par sa classe. Les auteurs arrivent Ă  offrir de nombreux gags sur ce thĂšme sans pour autant se rĂ©pĂ©ter.

Afin d’éviter le cĂŽtĂ© routinier de ce type de sĂ©rie, Fabcaro dĂ©cide d’intĂ©grer un nouveau personnage qui apparaĂźt anachronique avec l’univers de Zorro. Il s’agit de Wolverino. La parentĂ© de ce dernier avec le hĂ©ros des X-Men est Ă©vidente. Apparait donc un combat digne des geeks : Zorro contre Wolverino. Rapidement, le choc apparait dĂ©sĂ©quilibrĂ© tant la maladresse de Don Diego est battue Ă  plate couture par l’efficacitĂ© de son concurrent aux lames acĂ©rĂ©es. On dĂ©couvre donc le hĂ©ros chercher un emploi plus classique tant sa dimension de justicier a pris du plomb dans l’aile. Cet aspect gĂ©nĂšre une nouvelle corde l’arc du scĂ©nariste et gĂ©nĂšre ainsi d’autres gags qui pour la plupart nous ravissent. L’album nous prĂ©sente environ quatre-vingts strips dont la grande majoritĂ© fait mouche. On sourit souvent, on rigole de temps Ă  autre. Bref, cet album est un condensĂ© de bonne humeur qui chatouille sans effort nos zygomatiques.

Les dessins de Fabrice Erre collent parfaitement Ă  l’esprit dĂ©lurĂ© du propos. Les traits tout en rondeur se prĂȘtent au cĂŽtĂ© « cartoon » des situations. Les expressions graphiques des personnages sont caricaturales et excessives et participent ainsi au plaisir de la lecture. Les pages dĂ©gagent une bonne humeur Ă©vidente. On apprĂ©cie de suivre les courses effrĂ©nĂ©es du justicier dans ce village du Nouveau Mexique. Les dĂ©cors sont suffisamment travaillĂ©s pour que le dĂ©paysement soit rĂ©ussi.

En conclusion, « La loi du marchĂ© » est un ouvrage des plus honnĂȘtes. Rares sont les albums humoristiques Ă  s’approprier de maniĂšre aussi rĂ©ussie un univers existant. Rien n’est bĂąclĂ©. Les auteurs montrent une affection certaine pour Zorro et lui rendent un bel hommage en le parodiant ainsi. Les rumeurs laissent entendre que cette sĂ©rie ne connaitra pas de troisiĂšme opus par la faute de nombre de ventes dĂ©cevant. J’en suis triste. Mais cela ne m’empĂȘche d’espĂ©rer que ce cher don Diego aura d’autres occasions de nous faire rire. Mais cela est une autre histoire
 

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note3

Guide sublime

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Titre : Guide sublime
Scénariste : Fabrice Erre
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Mai 2015


Fabrice Erre est un des auteurs de bandes dessinĂ©es qui me fait le plus rire. Qu’il conte le quotidien d’un enseignant dans « Une annĂ©e au lycĂ©e », celui de Zorro dans « Z comme Diego », ou narre la conquĂȘte spatiale dans « Mars », il sollicite intensĂ©ment mes zygomatiques. J’ai donc accueilli avec un grand enthousiasme l’apparition dans les rayons de librairie « Guide sublime » en mai dernier. Il s’agit d’un ouvrage dont le format s’apparente davantage Ă  celui d’un roman que d’un album classique. EditĂ© chez Dargaud, le bouquin se compose de cent soixante-huit pages. DĂšs les premiĂšres pages, on y apprend que les strips de ce livre ont initialement Ă©tĂ© publiĂ©s dans la revue numĂ©rique « Mauvais esprit ».

Le Guide sublime est un dictateur. C’est son quotidien politique que nous sommes amenĂ©s Ă  dĂ©couvrir. Chaque planche prĂ©sente un moment de la vie de ce chef d’état despote. Chacune peut ĂȘtre lue de maniĂšre indĂ©pendante. Cette structure narrative permet une lecture intense et rythmĂ©e.  Il s’agit donc d’un opus qui peut se picorer. Il n’est pas nĂ©cessaire de le terminer d’une traite. Je pense qu’il est plus pertinent de s’y plonger par petite dose. Cela permettra de savourer chaque bouchĂ©e plutĂŽt que de risquer l’indigestion.

Le quotidien d’un dictateur.

GuideSublime1En effet, le caractĂšre trĂšs excessif du personnage principal fait que j’ai eu le sentiment constant d’ĂȘtre immergĂ© au beau milieu d’une crise d’hystĂ©rie. Le Guide hurle en permanence des dĂ©cisions aussi incohĂ©rentes que dĂ©nuĂ©es de sens. Ne le voir jamais s’arrĂȘter ou s’apaiser fait que cette lecture fatigue par moment. Cette frĂ©nĂ©sie transpire des pages. Par contre, le lire par petite touche permet de profiter davantage de l’humour caractĂ©ristique gĂ©nĂ©rĂ© par la plume de Fabrice Erre.

Le casting de l’entourage du guide sublime nous est quasiment intĂ©gralement prĂ©sentĂ© sur la couverture. On y dĂ©couvre ses ministres, sa garde rapprochĂ©e et une curieuse infirmiĂšre aux formes chaloupĂ©es. Il ne manque qu’un collĂšgue dictateur, l’empereur Bogolo, qui jouera un rĂŽle central dans la dĂ©marche de propagande de son acolyte. L’auteur ne s’embarrasse pas de personnages secondaires sans contact direct avec le chef. Fabrice Erre nous fait entrer dans les arcanes du pouvoir gĂ©rĂ© par ce fada mĂ©galomane.

La thĂ©matique est un terreau attrayant pour faire pousser une Ɠuvre drĂŽle et dĂ©lurĂ©e. Les premiĂšres pages dĂ©marrent sur les chapeaux de roue. Les caractĂ©ristiques de ce cher Guide sont sans Ă©quivoque : il est complĂštement fou ! Il fait honneur Ă  toutes les caricatures du genre. La premiĂšre planche nous le fait dĂ©couvrir complĂštement hystĂ©rique en train de hurler que sa premiĂšre dĂ©cision sera de rendre obligatoire le port de la moustache. Le trait de Fabrice Erre traduit complĂštement le cĂŽtĂ© possĂ©dĂ© du souverain. La mise en bouche est sans Ă©quivoque : le programme est annoncĂ©.

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Pour conclure, je conseille de lire cet album par petite touche. Cela permettra de savourer l’imagination de Fabrice Erre sans pour autant subir le cĂŽtĂ© effrĂ©nĂ© de ce Guide sublime. L’auteur construit beaucoup de ces gags dans le mĂȘme canevas. Cela peut faire ronronner la lecture si on la fait d’une seule traite. Je place cet album en-dessous des prĂ©cĂ©dents opus de cet auteur. NĂ©anmoins, il est reste habitĂ© par son univers caractĂ©ristique. Et ce n’est dĂ©jĂ  pas si mal


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note2

Les aventures de la fin du monde – Vincent Caut

LesAventuresDeLaFinDuMonde


Titre : Les aventures de la fin du monde
Scénariste : Vincent Caut
Dessinateur : Vincent Caut
Parution : Avril 2012


Vincent Caut est un auteur de bande-dessinĂ©e prĂ©coce. AprĂšs avoir gagnĂ© des prix de la BD scolaire Ă  AngoulĂȘme, il parvient Ă  faire Ă©diter son blog sur sa vie d’étudiant. « Les aventures de la fin du monde » (qui eut l’honneur d’un blog, aujourd’hui fermĂ©) narre l’histoire de Monsieur Toupin et Madame Billot, sa secrĂ©taire. Dieu les a choisis pour reconstruire le monde. En effet, ils n’avaient alors vĂ©cu sur le brouillon de la Terre, il faut tout refaire (en mieux). Le tout est publiĂ© chez 12 bis pour 110 pages au prix de 13,90 €.

La bande-dessinĂ©e est construite sous forme de strips de 6 cases carrĂ©es. Chaque strip amĂšne une chute et une histoire en dĂ©coule. Ce procĂ©dĂ© a Ă©tĂ© abondamment utilisĂ© par Lewis Trondheim que ce soit dans le passĂ© (« Le pays des trois sourires », « Politique Ă©trangĂšre », « Fennec ») ou mĂȘme aujourd’hui avec « L’atelier mastodonte ». On retrouve chez Vincent Caut cette influence de façon trĂšs marquĂ©e. L’humour, l’absurde, le minimalisme graphique, tout rappelle Lewis Trondheim.

La GenĂšse version 2.0

LesAventuresDeLaFinDuMonde2Vincent Caut essaye donc de crĂ©er sa propre identitĂ© sur un sujet Ă©culé : Adam, Ève et Dieu. Au dĂ©part, l’idĂ©e de faire une sorte de GenĂšse 2.0 est plutĂŽt bien pensĂ©e. Malheureusement, le sujet est finalement peu utilisĂ©. En revanche, la reprĂ©sentation de Dieu sous forme de pomme est lĂ  parfaitement exploitĂ©e du dĂ©but Ă  la fin.

Les gags fonctionnent plutĂŽt bien, sans que l’on ne rie vraiment. On sourit parfois, mais cela manque de folie ou de chutes vraiment percutantes. Il faut dire que le dessin est minimaliste et participe peu Ă  l’humour. Les gags visuels sont trĂšs rares et les expressions des personnages sont particuliĂšrement limitĂ©es (Adam n’a pas d’yeux par exemple). C’est aussi lĂ  qu’on touche un peu aux limites de l’ouvrage. Avec un dessin trĂšs simple, Vincent Caut doit s’appuyer uniquement sur son scĂ©nario pour convaincre. Surtout qu’il a dĂ©jĂ  produit des ouvrages aux personnages bien plus expressifs. Or, avec un sujet maintes fois abordĂ©, il manque ici un peu d’originalitĂ©, de folie ou de constance dans l’humour.

LesAventuresDeLaFinDuMonde1

Ces « aventures de la fin du monde » laissent un goĂ»t d’inachevĂ©. On lit l’ouvrage avec plaisir, mais sans vraiment rire. Et Ă  la fermeture du livre, on l’oublie rapidement. C’est dommage car on sent le potentiel devant certaines idĂ©es pas toujours suffisamment exploitĂ©es.

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Note : 11/20

L’atelier mastodonte, T2 : Alfred, Guillaume Bianco, BenoĂźt Feroumont, Keramidas, Julien Neel, Nob, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann

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Titre : L’atelier Mastodonte, T2
Scénaristes : Alfred, Guillaume Bianco, Benoßt Feroumont, Keramidas, Julien Neel, Nob, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann
Dessinateurs : Alfred, Guillaume Bianco, Benoßt Feroumont, Keramidas, Julien Neel, Nob, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann
Parution : Juin 2014


« L’atelier Mastodonte » est un projet original nĂ© dans les pages de Spirou. Il est l’Ɠuvre conjointe de neuf auteurs : Alfred, Bianco, Feroumont, Keramidas, Neel, Nob, Tebo, Trondheim et Yoann. Certains me sont familiers depuis longtemps, d’autres sont entrĂ©s rĂ©cemment dans mon univers. Chaque planche de cet ouvrage au format Ă  l’italienne est dessinĂ© avec un trait diffĂ©rent, le tout format un ensemble cohĂ©rent et drĂŽle.

Une diversité des personnalités.

L'atelierMastodonte2bLe bouquin se compose de cent vingt-six planches. Chacune peut ĂȘtre lue indĂ©pendamment tout en Ă©tant liĂ©e Ă  la prĂ©cĂ©dente ou Ă  la suivante. L’originalitĂ© de la structure du propos possĂšde un rĂ©el potentiel. La diversitĂ© des personnalitĂ©s doit relancer en permanence l’attrait du lecteur. De plus, le principe du strip booste l’intensitĂ© de la lecture. A l’opposĂ©, il faut veiller Ă  ne pas diffuser une impression de fouillis brouillon.

Le point de dĂ©part de l’histoire est le suivant : Trondheim crĂ©e un atelier regroupant ses collĂšgues prĂ©cĂ©demment citĂ©s. Cet album nous plonge dans le quotidien crĂ©atif de cette troupe de joyeux lurons. La dimension despotique de Lewis est moins mise en avant que dans le premier tome. MalgrĂ© tout, cela reste un fil conducteur efficace sur le plan humoristique. Chaque apparition du chef  fait sourire sans difficulté ! Certains lecteurs reprochaient Ă  l’opus prĂ©cĂ©dent les blagues trop systĂ©matiquement scatologiques mettant en scĂšne Tebo. Cet aspect est toujours prĂ©sent mais peut-ĂȘtre dissĂ©minĂ© avec davantage de parcimonie.

Mais cette suite ne se rĂ©sume pas Ă  une redondance des mĂ©canismes comiques dĂ©jĂ  utilisĂ©s. Les protagonistes dĂ©cident de dĂ©placer leur lieu de travail dans un superbe chĂąteau. Cela donne lieu Ă  des histoires de chevaliers, de fantĂŽmes et de siestes en forĂȘt. Cela offre un second souffle intĂ©ressant Ă  l’histoire et chatouille aisĂ©ment les zygomatiques. Les auteurs alternent ces vacances studieuses Ă  la campagne avec d’autres scĂšnes dans l’atelier parisien. Elles mettent en scĂšne deux auteurs qui se font passer pour Trondheim. Cela permet Ă  la narration de ne pas ronronner.

La grande diversitĂ© d’auteurs est une force narrative importante. Chacun possĂšde son trait, son ton et sa corde humoristique. L’ensemble s’harmonise plutĂŽt bien et offre une lecture pleine de surprises et de rebondissements. Je connaissais la majoritĂ© d’entre eux de noms mais j’ai pris plaisir Ă  dĂ©couvrir leur style et une petite partie de leur univers. Tous rĂ©unis opĂšrent sur un spectre suffisamment large pour attiser notre curiositĂ© de maniĂšre constante.

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Le bilan est trĂšs positif. Ce second opus donne la banane. Il peut se lire d’une traite dans son lit ou se feuilleter dans les transports en commun. Sa construction scĂ©naristique couplĂ©e Ă  sa petite taille en fait un compagnon en toute circonstance. Le dĂ©nouement laisse croire qu’il n’y aura pas de suite. J’espĂšre l’avoir mal compris et m’ĂȘtre trompĂ© car je regretterai de ne pas suivre les nouvelles aventures de ces joyeux lurons


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Note : 14/20

L’atelier Mastodonte – Lewis Trondheim, Yoann, Cyril Pedrosa, Alfred, Julien Neel, TĂ©bo & Guillaume Bianco

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Titre : L’atelier Mastodonte
Scénaristes : Alfred, Guillaume Bianco, Julien Neel, Cyril Pedrosa, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann
Dessinateurs : Alfred, Guillaume Bianco, Julien Neel, Cyril Pedrosa, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann
Parution : Juin 2013


Lorsque je tombe sur un ouvrage de Lewis Trondheim, je suis bien incapable de rĂ©sister Ă  la pulsion de l’achat. Alors lorsqu’il s’associe Ă  d’autres auteurs que j’apprĂ©cie (Neel, Bianco, Yoann, Alfred
), il m’est impossible de ne pas passer Ă  la caisse
 « L’atelier Mastodonte » raconte le quotidien de quelques auteurs de bande-dessinĂ©e rĂ©unis en atelier. Ils dessinent tous des strips sur les anecdotes de l’atelier. Ainsi, il n’est pas rare qu’ils se rĂ©pondent
 PubliĂ©s dans le journal de Spirou, ceux-ci se voient regroupĂ©s dans un ouvrage au format paysage de belle facture. L’écrin est mĂȘme dessinĂ© par Bilal
 Mais alors que donne cet ouvrage rĂ©unissant une vĂ©ritable dream team de la BD ?

Tout dĂ©marre par la volontĂ© de Trondheim d’ouvrir un atelier. Les premiers strips font donc part de cette envie et nous prĂ©sente les auteurs. Ainsi, Guillaume Bianco est intimidĂ© par Lewis Trondheim, Julien Neel se balade avec une marionnette, Cyril Pedrosa souhaite que les auteurs se syndiquent
 Et rapidement s’instaure ce qui fera la force de l’ouvrage : la rĂ©ponse du berger Ă  la bergĂšre ! Ainsi, lorsqu’un auteur se moque d’un autre dans son strip, celui-ci lui rĂ©pond dans le strip suivant. Cela instaure une vraie dynamique. Il me semble d’ailleurs que dans le journal de Spirou, les strips Ă©taient publiĂ©s par deux sur une page. Ceux-ci font chacun une demi-page de huit cases.

Une vraie diversité dans les humours.

La diversitĂ© des humours fait la force de l’ouvrage. MĂȘme si chacun sera plus ou moins sensible Ă  tel ou tel auteur, globalement il y a une ligne directrice qui se dĂ©gage. Comme les auteurs se rĂ©pondent, on reste souvent dans les mĂȘmes humours au final. Et aprĂšs des dĂ©buts plus classiques, les dĂ©lires se dĂ©veloppent et chaque personnage prend une ampleur intĂ©ressante, car son caractĂšre est vu par diffĂ©rents auteurs. Et l’atelier parvient Ă  dĂ©gager de vrais dĂ©lires collectifs (on pense au collectionneur par exemple) qui donne l’impression d’une vraie cohĂ©sion de groupe.

L’autre intĂ©rĂȘt est Ă©videmment la diversitĂ© des graphismes. Tout est assez diffĂ©rent puisque l’on passe de dessins d’humains Ă  de l’animalier
 LĂ  encore, c’est un plaisir de dĂ©couvrir les diffĂ©rentes visions de chacun. Pour ma part, j’aime beaucoup les styles graphiques de beaucoup d’auteurs de cet ouvrage. On notera que de nombreux guests viennent enrichir l’ensemble et pas des moindres : Bouzard, Buchet, Delaf, Feroumont, Frantico, Keramidas, Libon, Nob, Plessix, Sapin, Stan & Vince et VivĂšs. Rien que ça !

Cet « Atelier Mastodonte » est une vĂ©ritable rĂ©ussite. VoilĂ  un exemple Ă  suivre en termes d’ouvrage collectif. Tout est entremĂȘlĂ© et c’est cela qui fait toute la force de ce livre. Plein d’humours diffĂ©rents, du scatologique au plus subtil, il est aussi une source de blagues sur les auteurs et leurs diffĂ©rences. A lire absolument.

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Note : 16/20

Z comme Don Diego, T1 : Coup de foudre Ă  l’hacienda – Fabcaro & Fabrice Erre

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Titre : Z comme Don Diego, T1 : Coup de foudre Ă  l’hacienda
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Avril 2012


« Z comme Diego » est une nouvelle sĂ©rie nĂ©e en avril dernier. Son premier tome s’intitule « Coup de foudre Ă  l’hacienda ». EditĂ© chez Dargaud, cet ouvrage se compose d’une quarantaine de pages. Son prix avoisine onze euros. Le nom de son scĂ©nariste a attirĂ© mon regard vers cet album. Il s’agit de Fabcaro dont j’avais apprĂ©ciĂ© « Jean-Louis et son encyclopĂ©die » ou « Steve Lumour, l’art de la winne ». J’avais trouvĂ© ses opus trĂšs drĂŽles. Dans « Coup de foudre Ă  l’hacienda », il ne se charge pas des dessins. Cette tĂąche est confiĂ©e Ă  Fabrice Erre dont je dĂ©couvre le travail Ă  cette occasion. Les couleurs naissent de la plume de Sandrine Greff. La couverture nous prĂ©sente un Don Diego dĂ©sabusĂ©. Il est entourĂ© de Zorro qu’on suppose ĂȘtre des usurpateurs. En effet, qui ne sait pas que Don Diego est Ă  Zorro, ce qu’est Peter Parker Ă  Spiderman


La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le synopsis suivant : « Don Diego, alias Zorro, avait dĂ©jĂ  bien du mal Ă  gĂ©rer sa double personnalitĂ© : l’arrivĂ©e de la belle senora Sexoualidad n’allait certainement pas arranger les choses
 Une parodie avec de l’action, du rire, de l’émotion, des chevaux, des Ă©pĂ©es, des combinaisons, de la paella, de la biĂšre et des hommes invisibles. »

zcommedondiego1bEn me plongeant dans « Coup de foudre Ă  l’hacienda », deux sentiments contradictoires se mĂȘlaient. J’étais curieux de dĂ©couvrir cette parodie de Zorro qui est vraiment le hĂ©ros de mon enfance. J’ai toujours gardĂ© une tendresse pour la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e en noir et blanc datant des annĂ©es cinquante. Le petit monde de Don Diego, Bernardo, le sergent Garcia et des autres m’ont toujours passionnĂ©e et fait rire. ParallĂšlement, j’apprĂ©hende de ce type de sĂ©rie qui prĂ©tend jouer avec les codes d’un univers Ă©tabli et connu. Souvent, le soufflĂ© retombe trĂšs vite et la dimension commerciale de ce choix scĂ©nariste prend rapidement le pas sur l’imagination de l’auteur. J’étais donc curieux de voir si Fabcaro allait arriver Ă  manipuler avec talent tous les aspects de cette cĂ©lĂšbre communautĂ©.

Des vannes variées à aucun moment répétitives.

L’ouvrage nous prĂ©sente deux gags par page. Chacun se dĂ©compose en six cases carrĂ©es de taille identique. Cela impose Ă  la trame de chaque scĂšne d’ĂȘtre dense et bien construite parce que l’auteur n’a pas non plus trop de temps pour les digressions. Je vous avoue que les premiers gags m’apparaissent prĂ©visibles et presque dĂ©cevants. Mais rapidement une atmosphĂšre agrĂ©able se dĂ©gage de la lecture et notre immersion dans l’univers crĂ©Ă© par les auteurs se fait plus intense. La densitĂ© de qualitĂ© est plutĂŽt bonne et chaque page fait naitre un sourire ou un rire franc. Fabcaro arrive Ă  offrir des vannes variĂ©es qui ne s’avĂšrent Ă  aucun moment rĂ©pĂ©titive. C’est une performance parce le dĂ©faut de la redite est souvent irrĂ©mĂ©diable dans ce genre d’ouvrage.

Le scĂ©nariste arrive Ă  construire sa parodie en exploitant parfaitement les codes de la sĂ©rie originale. Tous les personnages avec leurs caractĂ©ristiques propres sont exploitĂ©s. L’aspect humoristique est l’atout principal de cet ouvrage qui chatouillent nos zygomatiques aisĂ©ment. A dĂ©faut de nous faire pleurer de rire, la bonne humeur dĂ©gagĂ©e par la lecture est des plus agrĂ©ables. De plus, le fait que Fabcaro utilise tous les aspects de « Zorro » m’offre une plongĂ©e en enfance que je savoure avec appĂ©tit. Je n’ai pas envie de vous donner des exemples qui vous gĂącheraient la dĂ©couverte. Mais sachez qu’on rigole avec plaisir des maladresses de tous les protagonistes.

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Le dessin  de Fabrice Erre correspond parfaitement au public visĂ© par cet ouvrage. Tous les membres de la famille peuvent trouver quelque chose dans cet opus. NĂ©anmoins, j’ai eu du mal Ă  ĂȘtre conquis par son trait au dĂ©but. Je le trouvais un peu brouillon et trop excessif. Mais une fois envahi par l’atmosphĂšre de la sĂ©rie, son trait quasi caricatural correspond parfaitement au propose tenu par Fabcaro. Je pense donc qu’à dĂ©faut de marquer les esprits, les illustrations nĂ©es du trait de Fabrice Erre accompagne parfaitement le moment divertissant de lecture offert par cet ouvrage.

En conclusion, « Coup de foudre Ă  l’hacienda » est une rĂ©ussite. Il s’agit d’un ouvrage de qualitĂ© qui gĂ©nĂšre de la bonne humeur. Tout n’est pas homĂ©rique et l’ensemble n’est pas un chef d’Ɠuvre. MalgrĂ© tout, dans la thĂ©matique de la parodie, il s’agit Ă  mes yeux d’un des meilleurs du genre. Il est difficile de s’approprier un univers et de le tourner en dĂ©rision. Fabcaro s’en sort vraiment bien. Je pense donc que je lirai avec joie le second tome qui devrait paraitre dans quelques mois. Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 13/20

Mars ! – Fabrice Erre & Fabcaro

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Titre : Mars !
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Août 2014


J’ai dĂ©couvert le duo formĂ© par Fabrice Erre et Fabcaro en lisant les deux chapitres de « Z comme Diego », digression humoristique dans l’univers du cĂ©lĂšbre hĂ©ros masquĂ©. J’avais beaucoup ri en suivant les maladresses de l’incompĂ©tent Diego dans son rĂŽle de Zorro. RĂ©cemment, j’ai retrouvĂ© avec plaisir Fabrice Erre quand il dĂ©crit son quotidien d’enseignant dans le sympathique et divertissant « Une annĂ©e au lycĂ©e ». C’est donc avec plaisir que j’ai vu par hasard dans les rayons d’une librairie « Mars ! ». Cet ouvrage coĂ©crit par les deux auteurs est de format carrĂ© et se compose de soixante-quatre planches. EditĂ© chez « Fluide Glacial », il coĂ»te quinze euros.

L’histoire est simple. Elle nous conte l’envol d’une navette française vers Mars. Nous suivons donc le point de vue des astronautes, du prĂ©sident de la RĂ©publique, des ingĂ©nieurs au sol et du français lambda qui vit l’évĂ©nement devant sa tĂ©lĂ©vision. Je ne vous dĂ©voilerai pas tout ce qui se passe mais sachez que tout ce beau monde ne sort pas grandi de cette aventure spatiale !

La dĂ©sacralisation de la conquĂȘte spatiale est hilarante.

Mars1De la mĂȘme maniĂšre que dans « Z comme Diego », les pages se dĂ©composent en scĂ©nette de trois cases contant chacune une anecdote dĂ©lurĂ©e et dĂ©calĂ©e autour de ce projet d’ampleur. L’aĂ©ronautique n’en sort pas grandi mais par contre nos zygomatiques adorent ! La densitĂ© humoristique du propos est forte et la qualitĂ© constante du dĂ©but Ă  la fin. Les rebondissements et les surprises sont nombreux ! La dĂ©sacralisation de la conquĂȘte spatiale est hilarante.

Cette lecture s’adresse Ă  un public trĂšs large. Les vannes utilisent une grande variĂ©tĂ© d’ingrĂ©dients pour faire rire. L’immense majoritĂ© des chutes sont surprenantes. Chaque nouvelle scĂšne alimente la curiositĂ© du fait de sa qualitĂ© comique. L’attrait constant facilite l’immersion dans l’univers de cette aventure spatiale pas comme les autres. L’humour alimente l’humour et les rires se succĂšdent au rythme de dĂ©filement des pages.

Mars3Comme que je l’évoquais prĂ©cĂ©demment, les auteurs ne se contentent pas de nous faire le quotidien du cockpit de la station et du poste de commandement au sol. Nous dĂ©couvrons Ă©galement les arcanes de la gestion politique pour le moins originale de nos dirigeants. Nous ne passons pas non plus Ă  cĂŽtĂ© des sentiments vĂ©cus par le français moyen qui voit devant sa tĂ©lĂ©vision l’Histoire s’écrire. Cette diversitĂ© de points de vue alimente le concentrĂ© de drĂŽleries qui compose ce  « Mars ! ».

Le dessin de Fabrice Erre est aisĂ©ment reconnaissable. Je sais que certains lecteurs le trouvent bĂąclĂ© et s’avĂšrent assez hermĂ©tique Ă  son style. Je peux le comprendre aisĂ©ment. NĂ©anmoins, personnellement, je trouve que le trait coĂŻncide parfaitement Ă  avec le ton dĂ©lurĂ© et dĂ©calĂ© de l’album. En tout cas, les couleurs vives qui accompagnent la lecture sont apprĂ©ciables et participent Ă  la bonne humeur dĂ©gagĂ©e.

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Pour conclure, « Mars ! » est une belle rĂ©ussite. J’ai passĂ© un trĂšs bon moment en le lisant et n’hĂ©siterai pas Ă  m’y plonger Ă  nouveau pour redĂ©couvrir les pĂ©rĂ©grinations de ce groupe de bras cassĂ©s. Je ne peux donc que vous inciter Ă  partir Ă  la rencontre de cette aventure pas comme les autres


gravatar_eric

Note : 16/20

Jours de gloire – Fabcaro

JoursDeGloire


Titre : Jours de gloire
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Septembre 2013


Fabcaro est un auteur que j’adore. Son humour, absurde, est facilement reconnaissable et fait mouche Ă  chaque fois. Quand je suis tombĂ© sur « Jours de gloire », un recueil de strips parus chez Altercomics, je n’ai pas pu y rĂ©sister. Et pourtant le prix de 13€ pour une cinquantaine de strips m’avait fait un peu tiquer. Mais quand on aime, on ne compte pas


Le strip est une des spĂ©cialitĂ©s de Fabcaro. Du moins le gag Ă  chute absurde ! On le retrouve dans nombre de ses livres (« Z comme Don Diego », « On n’est pas lĂ  pour rĂ©ussir », « Amour, Passion & CX Diesel », etc.). C’est Ă©galement le cas ici. La diffĂ©rence, c’est qu’il n’y a pas rĂ©ellement de contexte, alors que les prĂ©cĂ©dents bouquins citĂ©s concernaient Zorro, les auteurs BD ou la parodie de sĂ©rie tĂ©lĂ©. Du coup, on perd beaucoup sans univers. Le redondance Ă©tant une des qualitĂ©s de l’humour de Fabcaro, il perd ici de son efficacitĂ©. Son hĂ©ros (ou plutĂŽt antihĂ©ros) est trop impersonnel. Dommage.

Un recueil un peu léger.

Cependant, l’humour absurde de l’auteur, s’il vous parle, reste quand mĂȘme au niveau. Les chutes font leur petit effet et savent nous surprendre. Notre hĂ©ros est un imbĂ©cile dragueur qui ne cesse de gaffer. On sourit souvent mais le temps passe hĂ©las vite et le livre est refermĂ© alors que l’on en demande encore
 Le format Ă  l’italienne est parfaitement adaptĂ© Ă  l’ouvrage, mais cela donne l’impression que cela sert Ă  cacher la pauvretĂ© du nombre de strips. Car en format en A4, il n’y aurait plus qu’une quinzaine de pages Ă  lire. Et du coup, c’est le prix qui fait un peu tiquer.

Au niveau du dessin, Fabcaro adopte un trait simple et efficace, adaptĂ© au propos. Les pages sont parfois un peu vides car il n’y a pas de dĂ©cor. Mais l’essentiel n’est pas lĂ , c’est avant tout le propos qui prime.

Clairement, cet ouvrage est un peu bancal. Recueil de strips rĂ©alisĂ©s entre 2003 et 2010, on peut se demander se cela mĂ©ritait un livre. Il ne faut pas s’y tromper : les strips sont drĂŽles et rĂ©ussis, mais la lecture est trop courte pour le prix proposĂ©. Quant Ă  Fabcaro, il nous a habituĂ© Ă  encore mieux lorsqu’il ajoute un contexte Ă  ses strips : il sait alors exploiter l’univers pour bonifier l’ensemble. Une dĂ©ception, mĂȘme si le tout m’a donnĂ© le sourire du dĂ©but Ă  la fin.

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Note : 10/20

ParaplĂ©jack – Fabcaro

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Titre : Parapléjack
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Novembre 2014


Fabcaro est l’un de mes auteurs favoris. Son humour, absurde et personnel, me touche systĂ©matiquement. L’auteur a dĂ©veloppĂ© toute une sĂ©rie de livres sous forme de strips, dont il s’est fait une spĂ©cialitĂ© (parmi d’autres). « ParaplĂ©jack » regroupe des strips parus initialement sur le site Mauvais Esprit. Le tout est publiĂ© aux Ă©ditions de La CafetiĂšre dans un format A6, Ă  raison d’un strip par page (pour 128 pages).

Jack est paraplĂ©gique. Mais il ne semble pas avoir conscience des implications. Ainsi, il essaie de faire plein de choses qui lui sont impossibles, comme tirer un pĂ©nalty par exemple ou faire des pompes
 Comme citĂ© en quatriĂšme de couverture : « Tu dois accepter la vie telle qu’elle se prĂ©sente mais mieux vaut faire en sorte qu’elle se prĂ©sente comme tu veux qu’elle soit  » 

Un homme en fauteuil roulant fait du trampoline…

On nage donc en plein humour noir et absurde en voyant un homme en fauteuil roulant faire du trampoline
 Difficile Ă  imaginer, non ? Fabcaro manipule un humour qui a ses adeptes, mais il est Ă©vident que certains resteront sur la touche. Il fait fort ici en s’attaquant aux handicapĂ©s dont il se moque ouvertement. Mais la bonne humeur de Jack est communicative.

Comme toujours avec les recueils de strips, certains sont clairement plus percutants que d’autres. Une fois le postulat de dĂ©part assimilĂ©, on sourit beaucoup aux pĂ©ripĂ©ties de Jack, mĂȘme si un phĂ©nomĂšne de rĂ©pĂ©tition se fait sentir en fin d’ouvrage. Se pose la question de savoir s’il fallait publier l’intĂ©gralitĂ© des strips parus prĂ©cĂ©demment. Qu’importe, le plaisir de lecture est lĂ .

Le dessin de l’auteur est un vrai plaisir. Son trait est dynamique et, malgrĂ© la petitesse du format, les cases sont riches en dĂ©cors et en dĂ©tails. Son noir et blanc est beau, mĂȘme si ici il manque parfois de visibilitĂ©. Difficile Ă  dire si c’est Ă  cause de la couleur ou Ă  cause de la taille des cases, mais j’ai eu besoin d’un temps d’adaptation.

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Un nouveau livre de Fabcaro, c’est toujours un plaisir. « ParaplĂ©jack » n’est pas son meilleur livre, mais son cĂŽtĂ© complĂštement absurde est assez jubilatoire. Abordant un sujet difficile avec un humour corrosif, l’auteur prend un risque. Mais qui d’autre pouvait nous montrer un homme paraplĂ©gique en plein dĂ©ni de son handicap ?

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Note : 12/20