Bone, T4 : La nuit des rats-garous – Jeff Smith

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Titre : Bone, T4 : La nuit des rats-garous
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Mars 1997


« Bone » est le seul comics à trôner dans ma bibliothèque, même si un tome de « Sin City » s’est discrètement glissé entre deux bande-dessinées franco-belge. Découverte par hasard dans la médiathèque du quartier, ce mélange d’aventure et d’humour m’a pleinement séduit. Après trois premiers tomes exceptionnels, le propos se corse. « La nuit des rats-garous » annoncent de sombres évènements, comme l’indique parfaitement la couverture. Le tout est toujours édité chez Delcourt pour 88 pages. C’est l’un des tomes les plus légers en termes de pagination.

Clairement, on sent un petit problème de découpage dans cette édition. On reprend l’histoire en pleine forêt, sous le déluge… Qu’importe, le plaisir reste le même. Mamie Ben fuit et est rattrapée par Thorn et Fone Bone. Qu’a-t-elle donc à cacher ? Cernés par les rats-garous qui écument la forêt, le trio tente de survivre.

Le tome des révélations

Ce tome est LE tome des révélations. Après un début plutôt léger, le propos se durcit. On apprend enfin qu’est-ce que la vallée, les forces en présence, son passé, etc. Le récit prend une autre tournure. Mais la deuxième partie du tome est elle pleinement humoristique. Lucius et Phoney se lancent dans le concours à la taverne. Chacun son côté et les gens consomment où ils le veulent. Même si la compétition semble là pour montrer le caractère de Phoney, cela aura évidemment bien plus d’importance…

Jeff Smith continue ici son mélange savoureux. De l’humour, du romantisme, de l’aventure, de l’héroïc fantasy… Le travail sur les ambiances est remarquable notamment pour cette fameuse « Nuit des rats-garous ». Son découpage donne une vraie puissance à l’ouvrage. Inspiré de l’animation, de nombreuses cases se suivent avec le même cadrage, changeant juste un petit détail de l’une à l’autre. Ce travail proche du dessin-animé par moment donne une fluidité à la lecture et permet de jouer aussi bien sur la peur que sur le rire !

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Au niveau du dessin, Jeff Smith produit des noirs et blancs particulièrement beaux dans ce tome nocturne. La représentation de la foudre, de la pluie est formidable ! Je suis conquis depuis bien longtemps par le trait rond et expressif de l’auteur. Sa capacité à mélanger cartoon et dessin réaliste est un modèle du genre !

« La nuit des rats-garous » est un tome charnière dans la série « Bone ». Il pose (en partie) les enjeux, ce qui n’était pas vraiment le cas auparavant. On passe de quêtes immédiates à une quête plus générale, ce qui change fortement la donne pour les personnages.

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Note : 19/20

Bone, T3 : Rêves et cauchemars – Jeff Smith

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Titre : Bone, T3 : Rêves et cauchemars
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Septembre 1996


« Bone » a été l’une de mes plus grandes surprises de lecture. Ce comics mélangent autant les codes graphiques que les genres dans une fusion de très grande qualité. On y retrouve des bones, personnages de cartoon exilés de Boneville, qui arrivent dans une vallée teintée d’héroïc-fantasy. Le début de l’histoire est très légère, pleine d’humour, bien que déjà les rats-garous sèment le trouble. Le tout est publié chez Delcourt. Je prends ici pour référence la première version publiée en noir et blanc.

Smiley et Phoney, suite aux paris truqués, sont obligés de travailler pour Mamie Ben, puis pour Lucius. Les voilà donc à la ferme pour reconstruire le tout après l’attaque des rats-garous. Si Smiley est toujours de bonne humeur, Phoney cherche à tout prix un moyen de repartir à Boneville couvert d’or. Problème : Fone Bone est amoureux de la belle Thorn et sa motivation de retour d’exil est toute relative…

L’ambiance est encore à la « bone » humeur

Dans ce troisième tome, l’ambiance est encore à la bonne humeur. Les trois bones sont ensemble et les situations cocasses sont légions. Mais les rêves s’invitent aussi bien chez Thorn que chez Fone Bone. Les enjeux réels restent ici encore flous mais le mystère s’épaissit et titille notre curiosité. Ce tome reste l’un des plus courts parus, l’histoire avance donc peu. A la fin de l’ouvrage, les bones sont une nouvelle fois séparés, laissant présager de nouvelles péripéties.

Clairement, le début de cette épopée est la partie que je préfère. Mêlant humour, suspense et aventure, c’est un cocktail détonnant ! C’est toujours le cas ici où, après des passages très drôles, une scène vient nous rappeler que l’heure est à l’inquiétude… Ce sont les derniers moments d’insouciance avant que les problèmes n’arrivent…

Concernant le dessin, ce tome est particulièrement beau. En effet, une bonne partie de l’histoire se passe en pleine averse et en pleine nuit, donnant lieu à des planches en noir et blanc de toute beauté. Jeff Smith est ici au sommet. Son trait au pinceau est une merveille. L’environnement est pourtant très simple (la forêt et la ferme…), mais parfaitement rendu. Et surtout, l’auteur parvient à mixer dessin cartoon et réaliste avec une aisance stupéfiante. Du grand art.

Jeff Smith a pris son rythme de croisière avec ce « Rêves et cauchemars ». Les enjeux ne sont pas encore très clairs pour le lecteur, mais la tension monte lentement…

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Note : 19/20

Ralph Azham, T6 : L’ennemi de mon ennemi – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T6 : L’ennemi de mon ennemi
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Février 2014


Lors de sa naissance, « Ralph Azham » s’est vu reproché d’être un sous-« Donjon ». En effet, le fait que Lewis Trondheim crée une série humoristique inscrite dans un univers de fantasy incitait naturellement à faire un parallèle avec la saga tentaculaire « Donjon ». Cette dernière possède une place particulière dans le neuvième art des deux dernières décennies. Ces afficionados dont je fais partie lui vouent une affection certaine. Les premières aventures de ce nouvel héros prénommé Ralph donnaient l’impression d’utiliser les mêmes ficelles que celles de ces prédécesseurs Herbert et Marvin sans atteindre leurs auras. Néanmoins, au fur et à mesure que les années passent, les tomes paraissent et permettent à cette nouvelle série de voir sa propre identité prendre de l’épaisseur. La raréfaction des parutions d’épisodes de « Donjon » facilite la chose. « Ralph Azham » se compose maintenant de six tomes dont le dernier est paru le six février dernier chez Dupuis. Vendu au prix de douze euros, il nous offre une couverture nous immergeant au beau milieu d’une bataille de grande ampleur dans laquelle notre héros n’a pas l’air au mieux. Il ne restait plus qu’à s’y plonger pour en savoir davantage…

Le site BDGest’ propose le résumé suivant des enjeux de cet opus : « Les oracles, ça ne raconte pas de bobards : conformément à leurs prédictions, Ralph a bel et bien décapité le terrible Vom Syrus. Ou plutôt son sosie empaillé, utilisé par le roi pour entretenir la légende… Privé de l’alliance qu’il voulait nouer avec cet homme de paille et de retour sur les terres d’Astolia, Ralph va devoir trouver son père, une nouvelle stratégie, et un pantalon agréable ! Car l’aventure ne s’arrête pas pour la petite bande qui va découvrir que les ennemis de nos ennemis ne sont souvent que d’autres… ennemis ! »

Jouer avec humour des codes de la fantasy

Je déconseille à tout lecteur de découvrir cet album sans avoir lu les cinq précédents de la série. Les tomes s’enchainent comme les chapitres d’un roman. Nous sommes bien loin de notre rencontre avec le héros quand il était un paria dans son propre village, perdu au milieu de nulle part. Depuis, il a fait bien des rencontres et a vu sa célébrité grandir au gré des événements. « Ralph Azham » s’adresse à un public large. L’auteur joue avec humour des codes de la fantasy.

Le cinquième tome s’est conclu par une vraie révélation imprévue. Elle remettait en cause beaucoup des enjeux et des repères jusqu’alors mis en place. Le grand méchant Von Syrus n’existait pas. Le roi semblait avoir créé un méchant de toute pièce. C’est donc pour cela que nous assistons au retour de notre petit groupe vers leur légendaire ennemi pour obtenir des explications. Sur ce plan-là, le lecteur s’interroge tout autant. Notre curiosité est mécaniquement attisée tant cette découverte scénaristique. La trame du tome se décompose grossièrement en deux parties. La première décrit le retour à Astolia, la seconde s’avèrera être une grande bataille avec Ralph dans le rôle principal.

ralphazham6bCette intrigue ne s’avère pas très intense. Le trajet vers la capitale n’est qu’une succession de rencontres et d’événements sans grand intérêt. Certes, ils sont autant d’occasion pour l’auteur de distiller une ou deux vannes bien senties. Je ne vous dis que je n’ai pas souri quelques fois au cours des pérégrinations de Ralph et ses amis. Néanmoins, l’ensemble manque de rythme et a un côté presque « encroûté ». Trondheim a beau donné une place intéressante au père du héros et son projet de résistance, il n’arrive réellement à générer une montée en puissance vers le combat final. C’est dommage.

Comme je l’évoque précédemment, à la manière de bon nombre de blockbuster, cet opus se termine sur une grande guerre. Je n’ai rien contre ce choix. Par contre, dans le sens où cette scène finale s’étale sur une vingtaine de pages, il est indispensable qu’elle soit originale, cadencée et spectaculaire. Je ne trouve pas que cela soit le cas dans « L’ennemi de mon ennemi ». Malgré tout l’affection que j’ai pour lui, je ne trouve pas que Trondheim arrive à structurer sa scène d’action finale. Les combats ne rebondissent pas, l’enchainement des différents duels ou assauts est brouillon. Bref, j’ai été assez déçu. Alors que cet album avait les ingrédients pour se conclure sur un feu d’artifice plein d’espoir pour la suite, il se conclue sur un sentiment mitigé. J’avais l’impression que les vingt dernières pages auraient pu être synthétisées en moins de dix, ce qui aurait permis de construire davantage le dénouement.

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Pour conclure, ce tome est loin d’être mon préféré de la série. Je trouve qu’il ne laisse pas beaucoup de place à l’humour tant dans les situations que dans les dialogues. Parallèlement, l’intrigue n’avance pas non plus à un rythme effréné. L’ensemble apparaît brouillon et dilué. L’attrait est préservé par l’empathie pour les personnages et par quelques moments très réussis, fruits du talent de son auteur. De plus, les dessins de Trondheim sont simples et sympathiques et rendent ainsi aisé et agréable la lecture. Le travail sur les couleurs de Brigitte Findakly n’est pas révolutionnaire mais participe à l’atmosphère graphique de l’ensemble. Je pense donc que « L’ennemi de mon ennemi » n’est pas l’épisode le plus marquant de la saga. Mais cette légère déception ne m’empêchera pas d’attendre la parution du prochain tome. Je reste toujours curieux de savoir vers où tout cela nous mène…

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Note : 11/20

Ralph Azham, T5 : Le pays des démons bleus – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T5 : Le pays des démons bleus
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Mai 2013


C’est peu de dire que Lewis Trondheim occupe une place à part dans mon panthéon de la bande-dessinée. Son œuvre riche et magistrale m’a fortement influencé et m’a donné envie de me mettre à la bande-dessinée en tant qu’auteur. Mais depuis quelques années, le fer de lance de la génération de L’Association a baissé le pied et publie beaucoup moins. Sa dernière série en date, « Ralph Azham », avait plus ou moins déçu tant sa parenté avec « Donjon » l’empêchait de prendre pleinement son envol. Mais avec le quatrième tome, cette série trouvait un souffle salvateur qui nous donnait de l’espoir pour la suite. « Le pays des démons bleus », le cinquième opus, allait-il confirmer le regain de forme de « Ralph Azham » ?

Ralph a quitté le royaume d’Astolia. Il recherche l’ennemi héréditaire, Vom Syrus, afin de renverser le roi d’Astolia. On retrouve donc la joyeuse bande sur un bateau, en partance pour le continent. Etant donné que l’on est au cinquième tome, on commence à se rapprocher de la fin et cela se sent. Ralph, que l’on a connu misérable, accepte son rôle et prend de l’ampleur. Sa relation avec Yassou (sûrement le personnage le plus réussi de cette bande-dessinée) évolue et mûri pour notre plus grand plaisir.

Une série qui se bonifie après plusieurs lectures.

Lewis Trondheim continue son exploration de l’héroïc fantasy plus ou moins détournée. Il faut bien avouer que l’homme possède une patte particulière, un sens du dialogue qui n’est qu’à lui. Cependant, à force de lire l’auteur, on est moins surpris. Difficile de dire si c’est l’habitude ou une baisse de régime de Trondheim. Heureusement, l’histoire tient la route et est prenante. Pas d’impression de dilution ici. Les bonnes idées sont légions et derrière l’humour, la dureté de l’univers est réelle. A la fermeture de l’ouvrage, on ressent l’envie de lire la suite, on sent que le tout avance et se rapproche d’un dénouement. Trondheim a su ménager quelques surprises à son lecteur. « Ralph Azham » est une série qui se bonifie après plusieurs lectures. Les détails et les subtilités ne se dévoilent pas toujours au premier abord.

Au niveau du dessin, Trondheim développe son trait animalier classique. Au fil des ans, son dessin s’est enrichi (notamment au niveau des décors. Le tout est fluide et dense, efficace. C’est un véritable plaisir. Au niveau des couleurs, j’ai été moins séduit. Le nouveau continent est plus coloré, plus vif. Et au final, je trouve l’ambiance un peu moins forte que dans les premiers tomes. Cela reste un détail, car les couleurs sont quand même un des points forts de cette série.

Ce cinquième tome de « Ralph Azham » tient ses promesses. De la fantasy avec de l’humour Trondheim, cela reste un plaisir. L’épilogue semble se profiler. En espérant qu’il ne tarde pas trop à arriver !

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Note : 14/20

Ralph Azham, T4 : Un caillou n’apprend jamais rien – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T4 : Un caillou enterré n’apprend jamais rien
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Octobre 2012


Le troisième tome de « Ralph Azham » annonçait la fin du premier cycle. Pourtant, à la fermeture du livre, ce n’était pas bien évident. Je n’étais pas pleinement séduit par cette histoire et j’hésitais donc fortement à continuer l’aventure avec ce nouveau cycle, du moins ce quatrième tome intitulé « Un caillou enterré n’apprend jamais rien ». Mais le tout étant dessiné et scénarisé par Lewis Trondheim, j’ai craqué…

« Ralph Azham » représentera, pour toute personne connaissant l’œuvre de Trondheim, comme un « Donjon bis en moins bien ». Là où « Donjon » se permettait tout, « Ralph Azham » est plus consensuel. Sa publication chez Dupuis (et dans le magazine Spirou) l’explique amplement. Ainsi donc, on se retrouve avec un monde de fantasy classique, mais malmené en permanence. C’est le personnage de Ralph, très cynique, qui sert de catalyseur aux clins d’œil de l’auteur. Ce dernier est l’élu, poursuivi par toutes les milices de tous les pays. Il est épaulé de son ami magicien avec qui il se dispute souvent, Ralph ne respectant que peu les croyances des autres. Nos deux compères entrent à Octania afin d’essayer d’embarquer sur un bateau et se rendre sur l’île de Vom Syrus, pour lui demander son aide.

Un lieu = un tome

On a clairement affaire à un tome de transition ici. En effet, à la fin du livre, Ralph quittera à peine Octania. Même s’il détourne les codes du genre, Trondheim s’y perd également. Un lieu = un tome. On découvre les us et coutumes du coin, le héros perturbe l’écosystème local puis s’en va.

Il serait cependant réducteur d’aborder ce tome ainsi. Si la notion de cycle n’est pas évidente, elle se retrouve dans les personnages. Ainsi, les premiers tomes étaient beaucoup basés sur la sœur de Ralph. Ici, Ralph va rencontrer de nouveaux personnages qui changent fortement le ton de l’album. Il faut bien avouer que le tout est sacrément prenant. Trondheim semble avoir pris son rythme et ce tome ne paraît pas du tout dilué. Cela m’a redonné foi dans cette série. Même si les enjeux réels de l’histoire semble bien mineurs ici (comme dans les premiers « Donjon » d’ailleurs), force est de constater qu’il y a beaucoup de bonnes idées et que les personnages commencent à devenir vraiment sympathiques et attachants (il était temps…).

Au niveau du dessin, on retrouve le dessin animalier de Lewis Trondheim. Le tout est maîtrisé et certains décors sont vraiment beaux. La mise en couleur, vive, met bien en valeur le trait de Trondheim. Il est à noter qu’il y a une forte densité de cases par page, l’auteur aimant beaucoup insérer des silences lorsque les personnages dialoguent, ce qui apporte une vraie subtilité aux comportements.

Au final, ce quatrième tome est une agréable surprise. Je ne regrette absolument pas d’avoir assouvi mes pulsions consuméristes. J’espère juste que l’histoire prendra une ampleur un peu plus importante par la suite. Car si les dialogues, les actions accrochent le lecteur à la lecture, parfois on s’arrête quelques secondes en se demandant « mais pourquoi ils sont là d’ailleurs ? ». Si vous avez apprécié un tant soit peu les premiers tomes, n’hésitez pas à continuer l’aventure.

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Note : 14/20

Ralph Azham, T3 : Noires sont les étoiles – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T3 : Noires sont les étoiles
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Avril 2012


« Noires sont les étoiles » est le troisième tome de « Ralph Azham ». Cet album marque la fin du premier cycle comme cela est indiqué sur la couverture. Edité chez Dupuis, cet ouvrage est paru il y a quelques mois. Il est vendu pour un prix avoisinant les douze euros. J’avais décidé de m’intéresser à cette série par le seul nom de son auteur. En effet, Lewis Trondheim occupe une place particulière dans mon cœur de bédéphile. « Les formidables aventures de Lapinot » et « Donjon » sont ses plus célèbres productions. Mais « Les petits riens », « Bludzee », « Fennec » ou « Moins d’un quart de seconde pour vivre » sont autant d’albums assez uniques dans leur atmosphère ou leur originalité. Les deux premiers opus de « Ralph Azham » étaient sympathiques sans être mémorables. J’espérais que « Noires sont les étoiles » fasse changer cette saga de braquet.

Le résumé suivant est issu du site BdGest : « Ralph, toujours accompagné par les magiciens Yassou et maître Migachi, a décidé de voler la couronne de Tanghor, dont le pouvoir pourrait rendre la mémoire à sa sœur. Il s’associe à trois voleurs rencontrés sur le bord de la route et se rend à Onophalae, où la couronne magique est conservée en haut d’un pic particulièrement bien protégé. Du moins pour le commun des mortels, car rien ne résiste aux méthodes non-conventionnelles de Ralph. De son côté, le père de Ralph, qui a survécu à l’effondrement du barrage, s’installe à Astolia, où il ouvre une boutique de gâteaux-surprises, dans l’espoir que son fils s’y rejoindra. Mais il n’est pas le seul à l’y attendre : nombreux sont ceux qui aimeraient toucher la prime promise pour sa capture ! »

Le premier tome avait pour objectif de nous présenter le héros, Ralph, et l’univers dans lequel il allait évoluer. On découvre qu’il est paria dans son propre village. Il est né avec les cheveux bleus, signe local d’être un élu. On est alors voué à un destin prestigieux. Mais Ralph n’a pas été admis et est donc revenu marqué par son échec chez lui. Tous ses amis lui tournent le dos. Il est tout juste bon à dormir au milieu des cochons. Mais un événement fait que son village est détruit. Il décide alors de partir accompagné d’un enfant. Le second tome le voit se regrouper avec tous les enfants aux cheveux bleus, chacun possédant un pouvoir particulier qui décidera de sa fonction prochaine. Mais ils se trouvent au centre d’un guet-apens et doivent à nouveau s’enfuir. Mais le réel événement de cet opus est la rencontre d’une jeune fille, chef de l’armée. Elle serait peut-être la sœur que Ralph croyait disparue. Mais cette dernière n’y croit pas. C’est pourquoi il décide de partir en quête de la couronne de Tanghor dans ce troisième tome…

Une évolution positive

J’avais trouvé les deux premiers tomes un petit peu fouillis. Trondheim donnait l’impression de vouloir construire un univers relativement complexe. Mais on avait tendance à se noyer sous les informations au détriment du côté drôle et décalé des personnages et des dialogues qui font le succès de l’auteur. J’espérais donc que « Noires sont les étoiles » se montrent plus structuré et linéaire sur le plan narratif pour laisser une place dans la lumière à ses protagonistes. Je trouve que l’évolution est positive. La trame principale est simple. Il faut retrouver une couronne qui permet de retrouver la mémoire. Dans un second temps, il s’agira de la faire porter à celle que Ralph pense être sa sœur. Cela offre une unité de lieu qui permet de retrouver tous les personnages des deux premiers opus dans un même endroit. Cela évite les voyages permanents qui remplissaient l’album précédent.

Le fait qu’on ne quitte pas Astolia dans la deuxième partie de l’histoire permet de nombreuses interactions entre les personnages. Cela laisse donc une plus grande place aux dialogues. Trondheim laisse libre cours à son talent et nous offre des moments vraiment drôles. Il retrouve un petit peu la magie de « Donjon » qui est culte dans la fantasy décalée. Il joue avec les codes du genre. Objets magiques, pouvoir, malédiction… Rien n’est oublié. Le rythme de narration est assez soutenu et nous ne offre aucun réel temps mort. En ce sens, « Noires sont les étoiles » est, à mes yeux, le meilleur des trois tomes de la série. En simplifiant l’ensemble, Trondheim fait naitre un album plus passionnant et drôle que les précédents qui étaient plus confus. On en apprend davantage également sur le monde dans lequel se déroule l’histoire. On rencontre le roi par exemple.

Les dessins sont également le fruit du trait de Trondheim. Son style est reconnaissable dès le premier coup d’œil. Je vous avoue que j’en suis friand. Le trait est simple et rend les planches faciles d’accès. Cela n’empêche pas les cases d’être pleines de détails et habitées d’une vraie atmosphère. Les décors ne sont pas négligés et participent à la création de l’univers qui abrite la trame. De plus, les personnages sont tous facilement reconnaissables et possèdent chacun leur identité graphique soit par leur caractère soit par leur physique. Enfin, le travail de Brigitte Findakly sur les couleurs est excellent et donne à l’ensemble un aspect visuel très attractif.

En conclusion, « Noires sont les étoiles » est un ouvrage honnête qui marque une progression dans la série. Il se lit avec plaisir. On ne s’ennuie jamais même si on n’est pas aussi transporté que dans « Donjon ». Néanmoins, le premier cycle étant terminé, on se doute qu’un second verra le jour. Je n’hésiterai pas à guetter sa parution pour suivre les aventures de Ralph. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 13/20

Ralph Azham, T2 : La mort au début du chemin – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T2 : La Mort au Début du Chemin
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Août 2011


« Ralph Azham » est une série de fantasy créée par Lewis Trondheim sur le mode de « Donjon ». L’univers est quasi-identique. Il est étonnant de voir Trondheim se lancer dans une série si proche de celle qu’il avait initiée avec Sfar. La publication chez Dupuis (et en prépublication chez Spirou Magazine) explique peut-être cela.

Le tome 2, « La mort au début du chemin », fait suite à l’introduction. On suit toujours l’histoire de Ralph, un élu puisque ses cheveux devenus bleus. On le retrouve en voyage avec ses autres jeunes acolytes. Evidemment, les problèmes vont se succéder à une vitesse vertigineuse ! Il faut dire que Ralph fait tout pour les attirer. Son personnage, sorte de double d’Herbert (dans Donjon) est cynique et blasé. Peut-être plus courageux et plus à même à réagir aux évènements.

Une comparaison avec « Donjon » cruelle mais inévitable

La magie devient réellement un fondamental de « Ralph Azham » dans ce tome. Ralph rencontre d’autres magiciens et les pouvoirs des uns et des autres s’étoffent, prennent de l’ampleur. Les combats sont plus impressionnants. Clairement, l’histoire démarre réellement ici même si les tenants et les aboutissants sont encore très flous. Ce qui empêche quelque peu de se lancer pleinement dans la lecture. On ressent une forme de recul sur l’histoire. Les deux premiers tomes paraissent presque indépendants et à la fin de celui-ci, on a l’impression que ce sera pareil pour le suivant. Il faut dire que les personnages du premier tome ne sont pas (encore ?) réutilisés. On démarre donc sur de nouvelles bases.

Certes la comparaison avec « Donjon » est peut-être cruelle mais elle est inévitable. Si on retrouve la qualité d’écriture de Trondheim un peu comme on retrouve un vieil ami, il n’y a cependant pas la densité et le charisme des personnages de « Donjon ». Les trouvailles sont toujours originales, bien pensées et exploitées, les dialogues toujours aussi décalés et force est de constater qu’on lit la BD d’une traite. Mais Trondheim nous a tellement habitués à l’excellence que c’est difficile d’accepter de se retrouver avec « seulement » une bonne BD dans les mains !

Au niveau du dessin, on retrouve le style reconnaissable de l’auteur. Brigitte Findakly, sa femme, s’occupe des couleurs. Il faut avouer que les teintes de l’ensemble tirent vers les couleurs froides donnant par moment une ambiance particulière à l’ensemble. « Donjon » était très chaud dans ses couleurs. Ici, c’est moins le cas.

Mon avis peut paraître un peu dur et je l’atténue quelque peu. Lors de ma première relecture, j’ai apprécié beaucoup plus l’univers de ce « Ralph Azham ». Les dialogues sont bien tournés, les idées foisonnent et l’histoire regorge de nombreux détails. Peut-être que cette série est moins typé humoristique que « Donjon ». Il s’en dégage une certaine mélancolie (notamment chez Ralph) qui peut expliquer une première impression peu flatteuse. Cependant, après deux tomes, on ne sait pas vraiment où Trondheim veut nous emmener. Attention à ne pas trop nous faire attendre !

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Note : 13/20

Comme un lundi – James

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Titre : Comme un lundi
Scénariste : James
Dessinateur : James
Parution : Novembre 2006


James est un auteur pour lequel j’ai beaucoup de sympathie. J’aime ses traits d’humour et son trait sur les planches. En tombant sur « Comme un lundi », recueil de strips muets, je n’ai pas hésité un instant à me le procurer afin d’en démarrer la lecture au plus vite. Paru chez 6 pieds sous terre dans la collection Hors Collection, l’ensemble fait près de 100 pages pour un format très vertical.

« Comme un lundi » reprend une partie des strips parus sur le blog de l’auteur. Tournant autour de quatre pages, ils sont présentés de façon verticale, avec deux dessins par pages. Et régulièrement, entre chaque strip, une petite illustration représentant une photo de l’auteur à différents stades de sa vie. Si bien qu’une impression de remplissage désagréable se fait vite sentir. Le livre est épais, mais sa lecture se fait à grande vitesse. C’est une tendance des recueils de blogs, puisque les ouvrages de Bastien Vivès donnent la même impression. On aurait préféré un livre plus fin (et moins cher).

La qualité des strips est largement à la hauteur, mais pas leur quantité.

Malgré tout, l’humour de James fonctionne parfaitement. Faire des strips muets n’est vraiment pas évident et l’auteur s’en sort parfaitement. Il aime beaucoup comparer les âges de la vie et le fait avec beaucoup de talent. Il n’est pas rare de sourire face au cynisme dégagé par l’ensemble, James n’étant que rarement positif sur le sens de la vie. Mais après, ne finissons tous pas âgés, puis morts ?

Le dessin développé par James est particulièrement plaisant. Ses personnages anthropomorphes possèdent leur propre style. Contrairement à des séries comme « Amour, Passion & CX Diesel », James varie les angles de vue et les décors pour notre plus grand plaisir. Son trait au feutre est dynamique et fouillé. Le noir et blanc est maitrisé et fait la part belle aux textures. Avec un dessin qui paraît simple de premier abord, James montre vraiment sa maîtrise du dessin ici.

Un avis mitigé sur ce livre. Malgré l’impression de densité (les pages sont épaisses qui plus est !), l’ensemble est particulièrement léger. Et si la qualité des strips est vraiment au rendez-vous, la quantité est trop légère pour ce prix-là. J’ai été très content de l’emprunter en bibliothèque. A l’achat, un goût amer me serait resté dans la bouche.

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Note : 14/20

Ralph Azham, T1 : Est-ce qu’on ment aux gens qu’on aime ? – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T1 : Est-ce qu’on ment aux gens qu’on aime ?
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Mars 2011


« Ralph Azham » est une nouvelle série née de l’imagination du célèbre et talentueux Lewis Trondheim. Le premier tome intitulé « Est-ce qu’on ment aux gens qu’on aime ? » est sorti le mois dernier. Edité chez Dupuis, cet opus de format classique est composé d’une grosse quarantaine de pages. Sur un fond blanc, la couverture nous présente une galerie de personnages originaux tournant autour d’un jeune homme aux cheveux bleus et dont les mains sont attachées à un poteau. Le prix de l’ouvrage est un petit peu inférieur à douze euros.

Ralph Azham vit dans un village dans lequel il possède le statut de souffre-douleur. Toutes les occasions sont bonnes pour le punir, le torturer ou le frapper. Il faut dire que ce cher Ralph possède un pouvoir bien particulier. Il peut voir les morts et les naissances. Bref, pour lui, le quotidien est rarement rose et bien trop souvent noir et dur. Mais déjà que la vie n’est pas facile, voilà que le village va être attaqué par la Horde, une troupe sanguinaire qui pris l’habitude de terroriser les habitants…

Il faut savoir que je suis un grand fan de Lewis Trondheim. Je possède une grande partie de ses productions. Et rares sont les lectures de l’une d’entre elles qui ne m’ont pas enthousiasmé. Cela fait que la seule présence de son nom sur une couverture de bandes dessinées fait que je m’offre l’album en question. La couverture laissait sous-entendre une nouvelle immersion de l’auteur dans l’univers de « l’Héroïc Fantasy ». C’était plutôt une bonne nouvelle car son premier voyage dans le domaine a donné naissance à la grande saga « Donjon » qui est une des œuvres majeures de la dernière décennie dans le neuvième art français. J’avais donc hâte de découvrir ce cher Ralph. Pour ceux qui n’auraient pas encore la chance de connaître la magie de Trondheim, sachez qu’elle s’adresse à tous les publics. Cet album répond également à cette règle.

On frôle parfois l’indigestion.

Cet album marque le début d’une nouvelle série. Les personnages nous sont donc inconnus tout autant d’ailleurs que l’univers dans lequel ils vivent ou que les règles qui régulent leur monde. C’est un attrait toujours certain des premiers opus de séries de « Fantasy ». On est toujours à la recherche de la petite originalité qui va nous rendre ce monde si sympathique. On ne peut pas dire que cet album se démarque vraiment des habitudes du genre. L’attrait réside davantage dans le fait que Trondheim veuille jouer avec les codes du genre. Le bémol est que j’ai trouvé la trame très brouillonne. On a parfois l’impression que cela part dans tous les sens. Les informations sont nombreuses, les chemins variés. Mais au final, on frôle parfois l’indigestion. J’ai en effet eu du mal à me plonger dans le quotidien de Ralph Azham. Je suis resté spectateur parce que la porte d’entrée était peut-être un petit peu trop obstruée.

Côté personnages, Trondheim nous en offre une galerie assez fournie. Le premier d’entre eux donne le nom à la série. Il s’agit de Ralph Azham. On ressent un petit peu d’empathie pour lui. En effet, le fait que le village lui fasse porter tous les malheurs du monde avec un certain sadisme fait qu’on ne peut être que de son côté. Le fait que l’histoire se déroule dans une petite communauté fait qu’on voit rapidement graviter un nombre certain de personnages identifiables. C’est une réussite de l’ouvrage car cela nous permet quand même de visualiser assez rapidement le fonctionnement local. Je ne vous les présente pas tous parce qu’une partie du plaisir de la lecture réside dans la surprise et la découverte.

Côté atmosphère, je ne l’ai pas trouvé très prenante. Au risque de me répéter, je trouve que la narration est trop brouillonne pour rendre notre immersion totale. Je pense que structurer davantage les informations en les allégeant éventuellement aurait permis de donner davantage d’épaisseur aux personnages et ainsi de développer nos sentiments à leurs égards. Ce n’est que mon point de vue mais c’est en tout cas ce que j’ai ressenti. C’est dommage car certaines scènes sont vraiment très réussies. Trondheim démontre une nouvelle fois son talent pour faire rire en tout occasion. Certaines répliques sont remarquables de drôlerie. Néanmoins, on ne retrouve pas la densité humoristique que contiennent certains épisodes de « Donjon ».

Concernant les dessins, je les trouve remarquables. Il faut dire que je trouve le style de Trondheim très agréables. D’apparence très simple et quasiment enfantin, ils collent parfaitement au ton de l’histoire. Ils rendent la lecture aisée pour tout type de public. Pour des raisons équivalentes, les couleurs sont bien dosées. J’en profite pour signaler la qualité du travail dans ce domaine de Brigitte Findakly qui s’en est chargée dans cet opus. Le découpage des cases est classique. Chaque page est composée de quatre lignes découpées chacune en une à quatre cases. Sur ce plan-là, la lecture ne nécessite pas de gymnastique particulière.

Au final, cet opus m’a laissé un sentiment mitigé une fois terminé. Je ne peux pas dire qu’il ne m’a pas fait passer un moment agréable. J’ai souvent ri, j’ai également trouvé certains dialogues ou certaines scènes savamment tournés. Par contre, je n’ai pas eu l’envie, comme souvent avec Trondheim, de me plonger au plus vite dans l’album tout juste terminé. Peut-être en attendais-je trop ? Malgré tout, je n’ai pas passé un moment désagréable en le découvrant. Mais il n’est pas à la hauteur des séries comme « Lapinot » ou « Donjon ». Cela ne m’empêchera pas de m’offrir le prochain opus de cette série pour découvrir les nouvelles aventures de ce pauvre Ralph Azham…

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Note : 12/20

Poulet aux prunes – Marjane Satrapi

PouletAuxPrunes


Titre : Poulet aux prunes
Scénariste : Marjane Satrapi
Dessinatrice : Marjane Satrapi
Parution : Octobre 2004


Après la lecture de Persépolis, j’étais resté un peu dubitatif. Si cette oeuvre possédait des qualités indéniables, je la trouvais un peu sur-côtée. Du coup, cela m’avait passé l’envie de lire d’autres livres de Marjane Satrapi. Le temps passant, je décidais de réviser mon jugement en lisant « Poulet aux prunes », son autre livre adapté (par l’auteure) sur le grand écran. Ce one-shot est paru dans la collection Ciboulette de l’Association.

Téhéran, 1958. Nasser Ali cherche un tar. Son instrument a été cassé et sans sa musique, il n’est plus rien. Mais malgré toutes ses tentatives, impossible de trouver un tar correct dans le pays, car il possédait le meilleur de tous. Incapable de jouer une quelconque mélodie, Nasser Ali perd sa raison de vivre et décide de se laisser mourir.

Le portrait d’un homme désespéré

« Poulet au prunes » est construit sur une série de chapitres articulés sur les journées que Nasser Ali passe à attendre la mort. Des flashbacks viennent compléter l’ensemble afin d’expliquer la vie de cet homme et ce qui l’a amené aujourd’hui à de telles extrémités. La narration est plaisante et facile à suivre. Les zones d’ombres s’éclaircissent régulièrement et tracent le portrait d’un homme. Comme pour « Persépolis », Satrapi décrit quelque peu l’Iran, même si ici la personne de Nasser Ali reste centrale. Malgré tout, le livre fait de multiples digressions sur la famille de l’homme. Parfois, on s’égare un peu, Satrapi s’inspirant avant tout une nouvelle fois de sa propre famille pour écrire.

Beaucoup de lecteurs citent l’humour comme force de Marjane Satrapi. J’avoue ne pas y voir de quoi sourire. C’est avant tout la capacité de traiter de sujets graves sans pathos inutile et avec une sorte de légèreté qui fait la force de l’ouvrage. Il y a beaucoup de sensibilité dans ce « Poulet aux prunes ».

Au niveau du dessin, je ne suis pas vraiment fan du trait de Marjane Strapi. Son noir et blanc pur est un peu inégal, capable de très belles choses et parfois un peu léger. Malgré tout, cela suffit à faire passer les émotions et c’est tout ce qui compte !

Marjane Satrapi nous propose ici un conte triste et sensible, où la légèreté de la narration atténue quelque peu le drame. On s’attache beaucoup à Nasser Ali et on le pleure comme la perte d’un vieil ami. Une belle histoire.

avatar_belz_jol

Note : 15/20