Blast, T1 : Grasse carcasse – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T1 : Grasse Carcasse
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Novembre 2009


Manu Larcenet est un auteur que j’apprécie énormément. La principale qualité que je lui trouve est de ne pas s’enfermer dans une case scénaristique. Autant son « Le retour à la terre » est léger et drôle, autant son « Le combat ordinaire » est nostalgique et émouvant. Ses deux séries démontrent plutôt bien le grand spectre d’atmosphère dans lequel peut nous plonger cet écrivain. Mais ce n’est pas de ses séries dont je veux vous parler. Je me contente de vous les conseiller vivement. L’album dont je veux vous parler aujourd’hui se nomme « Blast ». Il s’agit d’un ouvrage au format original. Edité chez Dargaud, il est d’un format plus « carré » qu’un album de bandes dessinées classique. De plus, il est particulièrement épais. En effet, l’histoire se déroule sur environ deux cents pages. Il est vendu au prix de vingt-deux euros. « Blast » est une nouvelle série née de l’imagination de Larcenet. Il s’occupe à la fois du scénario et des dessins. Le premier opus s’intitule « Grasse carcasse ». Il est apparu dans les librairies en novembre dernier.

Un homme obèse et sans domicile fixe

L’histoire est construite autour d’un personnage imposant nommé Polza Mancini. On le découvre en garde à vue. Agé de trente-huit ans et sans domicile connu, il est accusé d’avoir agressée une femme maintenant plongée dans un coma artificiel. Deux policiers l’interrogent et cherchent à connaître son mobil et à savoir précisément d’où vient un tel déchainement de violence. Mais pour Polza, tout n’est pas si simple. Sa quête consiste à sentir à nouveau le Blast, moment où la vie atteint la perfection. Et cette recherche est permanente et vient de loin. Et pour cela, il faut en revenir au tout début. Et voilà cet homme obèse et sans domicile fixe qui commence à nous raconter sa vie dans la petite salle d’un commissariat…

Le héros est particulier. Si on l’avait croisé dans la rue, il ne nous aurait inspiré aucune affection ou empathie particulière. Voir cet homme errer dans la rue ne nous aurait pas touchés. On aurait éventuellement ressenti de la pitié pour son physique difforme et sa vie apparemment pas facile. Mais Larcenet en a décidé d’en faire son personnage central. Pour arranger le tout, cet homme a agressé violemment une femme et se trouve arrêté dans un commissariat. Comment peut-on s’intéresser à lui ? Peut-être est-ce du au talent de son créateur mais dès les premières pages de lecture, Mancini nous devient sympathique. On s’attache à lui très vite. On oublie la raison de sa présence dans ces lieux. On s’immerge pleinement dans son univers et dans son histoire. Sa narration nous passionne.

L’intérêt que j’ai ressenti pour cette histoire est d’autant plus surprenant qu’elle n’est a priori pas forcément passionnante. Mancini est un écrivain qui voit son père mourir à l’hôpital. Cet événement marque une rupture. Il décide de partir à l’aventure. La rue devient son nouvel univers et sa nouvelle maison. On a donc l’impression de suivre un clochard dans son quotidien. Il ne témoigne pas de réelle volonté d’améliorer sa situation, on ne ressent pas de quête particulière sortie de celle de ressentir le Blast. Bref, tout cela manque d’idéal classique. Et pourtant malgré tout cela, on se prend d’affection pour cette personne et on a énormément de curiosité pour son avenir.

Je pense que ce plaisir de lecture vient en grande partie de l’atmosphère assez particulière dans laquelle navigue Mancini. L’ambiance est assez envahissante je trouve. On s’y immerge de manière assez intense. Larcenet nous offre des moments de silence et contemplatif qui apportent une dimension assez intense à la narration. Peut-être que le fait que les dessins soient en noir et blancs participent à tout cela. Ce qui est également très particulier est le fait que malgré ce grand nombre de pages, on croise relativement peu de personnages. La narration est construite davantage sur l’introspection du héros plutôt que sur ses rencontres. De plus, le style de Larcenet, bien que particulier, me touche énormément. Je trouve les visages de ses personnages très expressifs.

Donc au final j’ai pris énormément de plaisir à découvrir ce nouvel univers. La lecture a été très agréable, le dépaysement total. Par contre, je comprendrais aisément que tout le monde n’y soit pas sensible. L’ambiance, le thème ou encore le dessin sont particuliers. Je vous conseille donc de le feuilleter dans les rayons avant de vous l’offrir. Par contre, si vous y êtes sensibles, je vous garantis un moment assez intense et je ne doute pas que vous partagerez avec moi l’impatience de devoir attendre la parution du deuxième opus de « Blast ». Bonne lecture…

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Note : 17/20

Bone, T2 : La grande course – Jeff Smith

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Titre : Bone, T2 : La grande courses
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Avril 1996


 « Bone » est certainement l’une des séries que j’ai le plus appréciées. De part son côté transatlantique, c’est aussi l’un des rares comics qui peuple ma bibliothèque. Le premier tome nous avait présenté les trois Bone : Fone, le rêveur sentimental, Smiley qui sourit tout le temps mais fait preuve d’un QI limité et Phoney, irascible et toujours prêt à arnaquer le monde. Perdus en plein désert, ils avaient découvert la vallée et ses habitants. Le deuxième tome fait honneur à la grande course de vaches… Le tout est publié chez Delcourt.

Nous retrouvons donc Thorn, la jolie fille et Fone, son soupirant en plein marché. C’est la foire et leurs aventures semblent terminées. Les Bone doivent retourner à Boneville dans deux jours. C’était sans compter sur Phoney qui espère truquer les paris de la course avec une vache mystère. Cette vache serait capable de concurrencer Mamie Ben (qui court avec les vaches…). On voit tout de suite que l’humour est bien présent dans cette série. Cette dernière a le mérite de mélanger plein de styles : aventure, héroïc-fantasy et humour. Ce deuxième tome est certainement l’un des plus légers de la série. Tous les personnages sont présents au même endroit, ce qui laisse la place à de succulentes situations. Et bien évidemment, à la fin de l’ouvrage, les Bone ne sont toujours pas rentrés…

Un mélange improbable

« Bone » est un mélange assez improbable qui permet à l’auteur de créer une œuvre originale et pleine de personnalité. Ainsi, nous ne savons pas vraiment ce que sont ces Bone, aux traits ronds et au nez énorme. Et visiblement, ça ne choque personne. Ces derniers discutent avec les animaux ou les humains indifféremment. Et au milieu de tout cela, un dragon apparaît régulièrement… C’est la magie de « Bone » ! Les personnages sont vraiment bien écrits, à l’image de ces deux rat-garous qui se disputent pour savoir s’il faut manger Fone Bone en ragoût ou… en quiche !

Ce tome est certainement l’un des plus brillants que Jeff Smith ait écrit. Il se situe à un moment critique. Le ton reste léger, mais déjà les zones d’ombres commencent à se dégager. Les pièces du puzzle s’emboîtent sans que l’on sache vraiment vers où tout cela va nous mener.

Concernant le dessin, je mets un point d’honneur à lire la version en noir et blanc (colorisée depuis). Le trait tout en rondeur de Jeff Smith est une vraie splendeur. On ressent le pinceau glisser sur la feuille ! Le traitement du noir et blanc est splendide et le mélange des styles (réaliste et cartoon) fonctionne parfaitement. Du grand art !

Ce tome est une véritable merveille. Difficile de ne pas tomber amoureux de cet univers, tant il nous rappelle notre enfance sans nous traiter pour autant comme des enfants. A ce stade, Jeff Smith tient déjà son chef d’œuvre et il confirmera pas la suite tout son talent.

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Note : 19/20

Bone, T1 : La forêt sans retour – Jeff Smith

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Titre : Bone, T1 : La Forêt Sans Retour
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Septembre 1995


Il y a des jours où des circonstances particulières vous font découvrir des pépites. Des jours où l’on découvre « Bone » et où d’un coup, plus rien n’est pareil. Et pourtant, rien ne m’avait préparé à un pareil choc tant j’avais pris ce comics à la bibliothèque par simple curiosité et envie d’étendre ma culture des comics américains…

« Bone » est une série de comics faisant intervenir les bones, des êtres mi-humains, mi-animaux tout en rondeurs. Cette série compte 11 tomes (ou 9 selon l’édition originale). « La forêt sans retour » est le nom du premier opus.

Ils sont trois cousins, très différents. Fone Bone, le héros, est naïf, honnête, sensible, romantique… Il est aussi dépourvu de tout signe distinctif (et tout nu !). De quoi pouvoir parfaitement s’identifier à lui ! Phoney Bone est lui irascible, malhonnête et toujours prêt à faire un mauvais coup. Il était le bone le plus riche de Boneville grâce à ses nombreuses arnarques. Pour les monter, il utilise souvent Smiley Bone grand et souriant, mais un peu bête sur les bords.

L’histoire commence alors que les trois bones ont été chassés de Boneville à cause d’une nouvelle malversation de Phoney Bone. Ses cousins l’aident à échapper à l’ire populaire. Les voilà perdus dans le désert. Une attaque de criquets va alors rapidement les séparer. On suit le périple de Fone Bone découvrant une vallée encaissée et sa forêt. Il va alors s’y retrouver bloqué pour l’hiver et va essayer de retrouver ses cousins.

Un patchwork incroyable d’influences

La force de « Bone » est de ne rien dévoiler trop vite. On commence par découvrir les bones, ne sachant trop s’ils sont une représentation des humains ou pas. Puis on découvre que les bones peuvent parler avec certains animaux. Puis des monstres apparaissent. Puis des humains. Et ainsi de suite. La complexité et la féérie du monde de Jeff Smith est révélée au compte-goutte, l’auteur prenant le temps de nous immerger petit à petit dans son univers. Et quel univers ! Car sous ses aspects enfantins indéniables, il y a une noirceur persistente dans cette BD. L’humour est également omniprésent et souvent complètement absurde (à l’image de Mamy qui fait des courses contre les vaches…). C’est un patchwork incroyable d’influences, de Disney jusqu’à Tolkien.

L’histoire est très prenante bien que dans ce premier tome, il ne se passe pas tant de choses que ça. On découvre cette vallée en même temps que Fone Bone. Jeff Smith n’hésite pas à passer des pages entières à faire descendre Fone vers la vallée, mais à aucun moment on ne s’ennuie.

Le dessin est largement à la hauteur du propos. Etonnamment, il est dans un noir et blanc pur (pas de trames ou de niveaux de gris). Etant donné l’aspect enfantin du trait, la couleur paraissait un choix évident. Mais le noir et blanc apporte justement la noirceur qui donne toute sa force à « Bone ». La forêt la nuit est des plus angoissantes avec ces aplats de noir. De plus, le trait de Jeff Smith est incroyable et il aurait été dommage de l’atténuer par de la couleur. Je suis tombé amoureux de ses courbes au pinceau. La souplesse et les courbes des bones, associés à une expressivité incroyable des personnages m’ont séduit plus que de raison. Car Jeff Smith mélange les styles allègrement pour les besoins de son histoire. Les bones font partie d’un style très cartoon, enfantin, naïf, alors que Thorn est dessinée de façon réaliste. Mamy sera elle dans un style proche de la caricature, et les rat-garous appartiennent à l’univers du cauchemar. Cette faculté à manier et mélanger les styles, tant narratifs que picturaux, est unique. C’est vraiment un plaidoyer contre le cloisonnement des genres.

Au final, ce premier tome de « Bone », introduction à l’univers de Jeff Smith, m’a particulièrement séduit. Même s’il s’adresse à des adultes par son double degré de lecture, il est évident qu’il parlera d’avantage aux grands enfants, qui ont su garder une part d’imaginaire et de magie en eux (à la manière d’un Toy Story). Je suis sorti de ma lecture joyeux, ému et nostalgique. Une véritable révélation.

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Note : 19/20

Métronom’, T4 : Virus psychique – Éric Corbeyran & Grun

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Titre : Metronom’, T4 : Virus psychique
Scénariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Grun
Parution : Janvier 2014


 « Metronom’ » est une série née il y a quatre ans. Elle est le fruit du scénariste Eric Corbeyran et du dessinateur Grun. Le premier est un auteur qui m’est familier et le second une découverte pour moi. C’est donc le nom de Corbeyran qui m’a attiré vers le premier épisode de cette nouvelle aventure. En feuilletant quelques pages, j’ai été intrigué par les enjeux posés et l’univers dans lequel s’inscrivait la trame. Sans révolutionner le neuvième art, les trois premiers actes montraient une intrigue solide qui se laissait découvrir avec plaisir. C’est donc avec joie que j’ai accueilli le quatrième tome « Virus psychique » dans les librairies en janvier dernier.

La quatrième de couverture nous expose le résumé suivant : « Dans un avenir proche, au sein d’une société totalitaire qui écrase l’individu au profit de la toute-puissance et du mensonge étatiques, une femme mène un combat pour découvrir les raisons de la disparition mystérieuse de son mari parti en mission spatiale… »

Une société totalitaire, des invidualités vouées à disparaître

Ce qui m’a attiré en premier dans cette saga, est la société qu’elle décrit. Elle apparait totalitaire. Les individualités sont vouées à disparaitre. La description qui en est faite est relativement fine. Il n’y a pas de grands exposés pour magistraux pour présenter les codes politiques, sociaux et économiques. Au fur et à mesure que la pelote narrative se déroule, les informations se succèdent et densifient notre connaissance de la situation. Ce nouveau tome n’échappe à la règle et participe activement à notre maîtrise de l’univers de la série.

L’histoire se construit autour d’un personnage central prénommé Lynn. Tout est construit autour de son destin et de son parcours. Le personnage est plutôt bien construit. On s’y attache rapidement. Les épreuves qu’elle subit couplées à son caractère fort et déterminé forment un cocktail classique et efficace. Son identité graphique la démarque également du reste du casting. Bref, l’héroïne n’est pas un modèle d’originalité mais possède suffisamment de qualités pour rendre la lecture interactive. En effet, on peut aisément s’identifier à elle et s’approprier ses craintes et ses interrogations.

Concernant l’intrigue en elle-même, elle avance à un rythme régulier. Les auteurs ne tombent pas dans le défaut de beaucoup de séries qu’est une trop grande dilution des événements. Ce nouvel opus conserve cette qualité en faisant évoluer de manière relativement importante les aventures de Lynn et des autres protagonistes. Le scénario donne autant de réponses qu’il fait naître de questions. Bref, tout cela est plutôt bien rythmé. Je ne peux pas vous dire que je sois complètement enthousiasmé et possédé quand je vois les pages défiler. Par contre, je n’ai aucun mal à affirmer que je découvre tout cela avec une vraie curiosité.

Un des attraits de cette série concerne ses dessins. Le trait de Grun et son travail très intéressant sur les couleurs offre une vraie particularité à l’univers de la série. Même si je suis moins fan de leurs émotions graphiques, je trouve que les protagonistes possèdent suffisamment d’épaisseur pour être aisément identifiés et appropriés. Mais le gros point fort concerne les décors que je trouve superbes qu’ils soient urbains ou désertiques. De plus, les tons chromatiques gris, bleus et marron dégagent une atmosphère très réussie.

Pour conclure, ce quatrième tome est dans la lignée des trois précédents. Il possède les mêmes qualités et les mêmes défauts. La trame reste globalement assez classique mais sa construction narrative est suffisamment rigoureuse pour permettre une lecture agréable et divertissante. Je m’offrirai donc avec plaisir le prochain opus. Les aventures de Lynn ne sont pas terminées et je suis curieux d’en connaitre la suite…

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Note : 13/20

Impostures – Romain Dutreix

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Titre : Impostures
Scénariste : Romain Dutreix
Dessinateur : Romain Dutreix
Parution : Mars 2013


La parodie est un genre que j’affectionne. Découvrant l’une des « Impostures » de Romain Dutreix dans Fluide Glacial, j’avais été immédiatement conquis. Pastichant Spirou et Fantasio (mettant en scène notamment les changements éditoriaux de la série), l’auteur avait su titiller mes zygomatiques sans peine. Il me fallait donc découvrir le reste de ses parodies dans l’album les regroupant, intitulé « Impostures ». Le tout est paru chez Fluide Glacial pour un format BD classique de 54 pages. Continuer la lecture de « Impostures – Romain Dutreix »

Top BD des blogueurs – Juillet 2014

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Le Top BD des blogueurs est un collectif rassemblant des blogs de critiques de bande-dessinées. Dès qu’un titre possède au moins trois notes, il entre dans le top. Vous pouvez découvrir chaque mois les cinquante titres les mieux notés.

1- (=) Le journal de mon père 18.67
Jiro Taniguchi, Casterman

2- (+) Asterios Polyp     18.65
David Mazzuchelli, Casterman

3- (=) Persépolis    18.64
Marjanne Satrapi, L’Association

4- (=) Le loup des mers 18.55
Riff Reb, Soleil

5- (=) Idées Noires       18.5
Franquin, Fluide Glacial

6- (=) NonNonBâ         18.5
Shigeru Mizuki, Cornélius

7- (=) Maus        18.49
Art Spiegelmann, Flammarion

8- (-) Un printemps à Tchernobyl  18.45
Emmanuel Lepage, Futuropolis

9- (=) Le pouvoir des Innocents Cycle 2- Car l’enfer est ici   18.41
Tome 1Tome 2,

10- (=) Tout seul            18.38
Christophe Chabouté, Vents d’Ouest

11- (=) Le sommet des dieux       18.33
Yumemuka Bura, Jirô Taniguchi, Casterman
Tome 1,Tome 2,Tome 3, Tome 4, Tome 5.

12- (=) Universal War One   18.33
Denis Bajram, Soleil Tome 1Tome 2, Tome 3, Tome 4Tome 5Tome 6.

13- (=) Daytripper           18.27
Fabio Moon, Gabriel Ba, Urban Comics

14- (=) V pour Vendetta  18.22
Alan Moore, David Lloyd, Delcourt

15- (=) Le Grand pouvoir du Chninkel   18.19
Van Hamme, Rosinski, Casterman

16- (-) Les vieux fourneaux tome 1   18.19
Wilfrid Lupano, Paul Cauuet, Dargaud

17- (=) Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes?  18.13
Benoît Zidrou, Roger, Dargaud

18- (-) Les derniers jours de Stefan Zweig   18.06
L. Seksik, G. Sorel, Casterman

19- (+) Herakles   18.05
Tome 1Tome 2, Edouard Cour, Akiléos

20- (=) Abélard     18.04
Régis Hautière, Renaud Dillies, Dargaud
Tome 1Tome 2.

21- (=) Universal War Two tome 1    18
Denis Bajram, Casterman

22- (N) La fille maudite du capitaine pirate  18
Jérémy Bastian, Editions de la Cerise

23- (=) Il était une fois en France    17.98
Fabien Nury, Sylvain Vallée, Glénat

Tome 1Tome 2Tome 3Tome 4Tome 5,Tome 6.

24- (=) Habibi       17.95
Craig Thompson, Casterman

25- (=) Les derniers jours d’un immortel     17.92
Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval, Futuropolis

26- (=) Gaza 1956     17.92
Joe Sacco, Futuropolis

27- (=) Les ombres     17.88
Zabus, Hippolyte, Phébus

28- (=) Scalped            17.86
Jason Aaron, R.M. Guerra, Urban Comics
Tome 1Tome 2Tome 3Tome 4Tome 5Tome 6Tome 7,

29- (=) Manabé Shima 17.83
Florent Chavouet, Editions Philippe Picquier

30- (-) Trois Ombres       17.78
Cyril Pedrosa, Delcourt

31- (=) Anjin-san    17.75
Georges Akiyama, Le Lézard Noir

32- (=) Joker                17.75
Brian Azzarello, Lee Bermejo, Urban Comics

33- (=) Mon arbre     17.75
Séverine Gauthier, Thomas labourot, Delcourt

34- (=) L’histoire des trois Adolf,              17.75
Osamu Tezuka, Tonkam

35- (=) Blankets  17.73
Craig Thompson, Casterman

36- (=) Le pouvoir des innocents Cycle 3- Les enfants de Jessica tome 1  17.73
L. Brunschwig, L. Hirn, Futuropolis

37- (+) Holmes               17.7
Luc Brunschwig, Cecil, Futuropolis
Tome 1Tome 2Tome 3.

38- (=) Calvin et Hobbes,              17.7
Bill Watterson, Hors Collection
Tome 1Tome 2Tome 15tome 17,

39- (=) Les seigneurs de Bagdad  17.7
Brian K. Vaughan, Niko Henrichon, Urban Comics

40- (=) Urban              17.69
Luc Brunschwig, Roberto Ricci, Futuropolis
Tome 1Tome 2,

41- (=) Washita     17.69
Tome 1Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5.

42- (=) Lorenzaccio              17.67
Régis Peynet, 12 Bis

43- (N) Match!   17.67
Grégory Panaccione, Editions Delcourt

44- (=) Tokyo Home  17.67
Thierry Gloris, Cyrielle, Kana

45- (=) Les Carnets de Cerise
Joris Chamblain, Aurélie Neyret, Soleil
Tome 1Tome 2,

46- (=) L’Orchestre des doigts      17.65
Osamu Yamamoto, Editions Milan
Tome 1Tome 2Tome 3Tome 4.

47- (+)Melville     17.64
Romain Renard, Le Lombard

48- (+) Les ignorants             17.63
Etienne Davodeau, Futuropolis

49- (-) Rouge Tagada   17.63
Charlotte Bousquet, Stéphanie Rubini, Gulf Stream Editeur

50- (=) Une métamorphose iranienne   17.6
Maya Mayestani, Editions Ca et là

Whaligöe, T2 – Yann & Virginie Augustin

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Titre : Whaligöe, T2
Scénariste : Yann
Dessinatrice : Virginie Augustin
Parution : Janvier 2014


 « Whaligoë » est un diptyque créé par le scénariste Yann et la dessinatrice Virginie Augustin. Les couleurs sont confiées à Fabien Alquier. La première partie était parue il y a un petit peu plus d’un an. La conclusion, sujet de ma critique d’aujourd’hui, est apparue dans les rayons de librairie le quinze janvier dernier. Cet ouvrage de format classique est vendu chez Casterman au prix de 13,50 euros. La couverture nous immerge au beau milieu d’un duel à l’épée. La foule qui encadre est nombreuse à encadrer les deux protagonistes à la lumière de torches embrasées. L’heure semble être au règlement de compte. Le programme est ainsi clairement annoncé.

La quatrième de couverture nous offre la présentation suivante : « Ecosse, début du XIXe siècle. Leur cocher égorgé, notre couple sur le déclin ne peut désormais plus refuser l’affrontement final avec Branwell, la brute qui tient sous sa coupe le village de Whaligoë… Mais pour connaître l’identité du mystérieux écrivain Ellis Bell, tous les coups bas sont permis, du duel à la claymore aux morsures littéraires empoisonnées… Et si la vérité ne se trouvait pas à la surface des choses ? … Si elle se dissimulait dans des profondes et inquiétantes ténèbres sous la lande tourbeuse de Whaligoë ? »

Le concept du diptyque est souvent utilisé ses dernières années dans la bande dessinée. Il n’est pas dépourvu d’attraits. En effet, il n’a pas les inconvénients des séries au long cours qui voient bien souvent leur qualité décliner au fur et à mesure que naissent les différents épisodes. De plus, il peut présenter une histoire plus dense et travaillée qu’un simple album d’une petite cinquantaine de page. Malgré le genre possède des risques. Le principal est de générer un univers complexe, des personnages mystérieux, des enjeux forts dans l’introduction et de voir la conclusion de ne pas répondre aux attentes enthousiastes et exigeantes du lecteur après la découverte du premier acte. « Whaligoë » avait offert un tome initial assez réussi. Sur bon nombre de points, il s’agissait d’un bon cru. J’espérais que cette suite allait le confirmer.

“Une atmosphère riche”

La première richesse que j’ai retenue de ma rencontre avec « Whaligoë » est son atmosphère. L’arrivée dans ce village perdu au beau milieu des landes était superbement retranscrite par le trait de Virginie Augustin. Que ce soit au contact d’autochtones parfois patibulaires ou au centre d’étendues désertiques et inquiétantes, la dessinatrice arrivait à dégager de ses planches un vrai envoûtement pour le lecteur. De plus, le fait que bon nombre d’événement se déroule la nuit ajoutait encore une dimension à cette sensation oppressante d’être enfermé au milieu de nulle part. Malgré un léger changement de ton narratif dans ce second opus, cette qualité sensorielle des pages existe toujours. C’est un vrai plaisir. Les auteurs ont accordé de l’importance à construire un univers et des lieux avant d’y insérer des personnages et une histoire. Je leur en suis gré car le voyage à Whaligoë ne laisse ainsi pas indemne.

Le deuxième aspect qui m’avait beaucoup plu était la construction des personnages. Le couple principal était assez unique dans son genre. Lui est un auteur qui a depuis longtemps perdu toute inspiration. Elle est sa Muse qui n’est plus aussi splendide qu’elle a été. Ils sont présentés comme des « has been » qui se reprochent réciproquement d’être la cause de leur déchéance tout en ne se quittant pas, faute d’autre proposition. Leurs échanges fielleux sont des petits bijoux de méchanceté. Chaque dialogue est écrit, rien n’est bâclé. J’ai retrouvé cette patte dans cette suite et en ai savouré les fruits avec gourmandise. Mais les auteurs ne se contentent pas d’offrir un mano a mano entre les deux tourtereaux, ils font également exister leurs personnages secondaires. Je me garderai de les lister. Cela n’a pas grand intérêt et gâcherait en partie la lecture. Néanmoins, il faut savoir qu’aucun protagoniste n’est neutre tant pour l’ambiance que pour la trame.

Concernant la trame, elle est plutôt prenante. Quelques doses mystérieuses sont régulièrement parsemées. Le héros se trouve un adversaire local. Les sentiments amoureux et les secrets de famille sont de sortie. Bref, les ingrédients sont classiques mais solides. La sauce prend plutôt bien sans révolutionner le genre. Le scénariste offre une conclusion à la hauteur des espoirs nés dans son introduction. Ce n’est déjà pas si mal. Ce second album n’est pas une succession de combats ou de poursuites. Les dialogues et les intrigues ne sont pas négligés malgré une place légitime plus importante donnée aux scènes d’action. Le diptyque peut vraiment être perçu comme une entité unique. C’est agréable car ce n’est pas toujours le cas.

Je vous ai déjà tressé les lauriers du travail graphique de Virginie Augustin sur les décors. Je peux en faire tout autant concernant sa capacité à créer des personnages. Il possède chacun une vraie personnalité et dégage énormément de choses par leurs traits, leurs visages ou leurs postures. Bref, la forme est à la hauteur du fond. Pour conclure, « Whaligoë » est une saga plutôt réussie dans laquelle j’ai pris beaucoup de plaisir à me plonger. La lecture est prenante et je me suis laissé porter sans mal. Certes, je n’en garde pas d’immenses souvenirs une fois le bouquin terminé, mais est-ce si grave si la dégustation fut agréable ?

gravatar_ericNote : 14/20

La vie secrète des jeunes – Riad Sattouf

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Titre : La vie secrète des jeunes
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Octobre  2007


Ce que j’aime avant tout chez Riad Sattouf, c’est sa série « Pascal Brutal » que je qualifierai sans peine de culte. Après cette découverte, je me suis intéressé aux autres travaux de l’auteur. Or, une bonne partie des livres qui ont fait la renommée de ce dernier sont des reportages ou de l’autobiographie. J’avoue que je n’ai jamais été pleinement emballé par cette partie de l’œuvre de Sattouf. Mais il me restait encore « La vie secrète des jeunes » pour revoir mon jugement. Il s’agit ici du premier tome paru à L’Association dans la collection Ciboulette. Le tout fait 160 pages pour 160 saynètes.

A l’origine, « La vie secrète des jeunes » paraît dans Charlie Hebdo. L’auteur raconte en une page des anecdotes sur des passants qu’il a pu rencontrer. Cela se passe dans la rue, le métro, au bistrot, dans le taxi… Les histoires ne sont pas forcément des gags à chute puisqu’ils trahissent une réalité de situation, mais le tout est clairement destiné à faire rire (ou à pleurer ?).

Observer ses contemporains

Dès le départ, on voit que Riad Sattouf possède un vrai sens de l’observation. Clairement, il ne doit pas avoir des écouteurs vissés en permanence à ses oreilles car il profite pleinement des conversations de ses contemporains. Vivre à Paris l’aide forcément beaucoup pour observer les comportements erratiques de la faune locale. En revanche, le titre est plutôt mal choisi, car le livre ne se limite pas forcément aux jeunes. Certes, ils sont très présents car bruyants et faciles à écouter, mais toutes les générations sont représentées.

J’ai un sentiment mitigé sur cet ouvrage. Le sujet en lui-même fait que l’ensemble est assez inégal. Certaines anecdotes sont très croustillantes, d’autres sont assez banales. Cependant, l’auteur fait montre d’une vraie capacité de mise en situation. De même, il retranscrit parfaitement les attitues des jeunes, leur façon de se parler et de se comporter. Et on sent qu’il choisit au mieux le point de vue pour raconter. Si bien qu’il faut avouer que le livre est addictif. Lorsque l’on est lancé, on a du mal à décrocher.

Le trait de Sattouf, simple et expressif, est parfaitement adapté au sujet. Le noir et blanc de l’ouvrage et le découpage au gaufrier rendent la lecture simple et efficace. C’est vraiment dans l’expression des personnages et des phylactères que l’auteur fait passer le rire.

« La vie secrète des jeunes » possède un charme particulier. Observant le même genre de comportements dans mon quotidien, je vois bien que Riad Sattouf n’a pas besoin d’inventer quoique ce soit et qu’il est avant tout un fin observateur de ses contemporains. Une belle découverte, qui donne envie de lire les tomes suivants.

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Note : 15/20

Kraa, T3 : La colère blanche de l’orage – Benoît Sokal

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Titre : Kraa, T3 : La colère blanche de l’orage
Scénariste : Benoît Sokal
Dessinateur : Benoît Sokal
Parution : Janvier 2014


« Kraa » est le titre d’un triptyque imaginé, scénarisé et dessiné par Benoît Sokal. C’est le nom du créateur de « Canardo » qui avait attiré mon regard sur la couverture du premier acte de cette nouvelle aventure il y a presque quatre ans. Je n’ai pas regretté le voyage dans la lecture des deux premiers épisodes s’est montrée intense et envoutante. En janvier dernier, est sorti le dernier tome intitulé « La colère blanche de l’orage ». L’ouvrage nous accueille avec le visage inquiétant d’un grand aigle accompagné d’un ciel orageux illuminé par des éclairs. Edité chez Casterman, cet album se compose de soixante-sept planches et se conclue par deux pages consacrées au chamanisme, thème central de la trame.

Le site BDGest’ propose le résumé suivant : « Dans l’un des hôpitaux de la ville de Klowtown, au début des années soixante, une femme médecin qui n’est plus toute jeune, Emily, se souvient de l’époque enfuie de sa jeunesse… Flash-back : en ces temps lointains, au cœur de la vallée sauvage menacée par la poussée urbaine de Klowtown en plein essor, la jeune Emily a appris à vivre en autarcie avec Yuma, l’indien mutique, et son inquiétant compagnon ailé, l’aigle Kraa, avec lequel s’est instauré un lien d’essence chamanique. Au prix de bien des souffrances, paix et tranquillité semblent enfin régner. Hélas, ce n’est qu’un leurre. Les travaux de construction du futur barrage viennent juste de commencer ; une menace directe et immédiate pour le paradis jusqu’alors inaccessible d’Emily, Yuma et Kraa. Il est temps pour le rapace et son compagnon de reprendre l’offensive contre les envahisseurs. Et tous les coups sont permis… »

Une marche vers l’industrialisation

Cet ouvrage n’est pas une ode au chamanisme. Ce n’est pas non plus un documentaire sur cette pratique. Le lien entre Yuma et Kraa est pleinement intégré dans une intrigue aux enjeux bien plus variés et complexes. Le propos dénonce le progrès à tout prix. La construction du barrage n’est vu par certains que comme une marche vers l’industrialisation et les profits générés. Le fait que cela détruise la nature environnante et la communauté humaine et animale qui y vit ne rentre pas du tout en ligne de compte. Néanmoins, je n’ai pas perçu ce discours écologique ni trop radical ni trop idéologique. En tout cas, cette revendication ne m’a pas dérangé.

La narration est vécue dans les pas de Yuma. Par voie de conséquence, Kraa est également très présent. En effet, le concept chamanique veut qu’il ne fasse qu’un et l’auteur arrive particulièrement à transmettre cette dimension fusionnelle. Le deuxième tome avait introduit Emily et le duo était devenu trio avec toutes les complications qui peuvent naître. Ce nouvel album marque une rupture avec les deux premiers. Nous le vivons à travers le regard et les mots d’Emily qui apparaît donc omnisciente quant au déroulement des événements. Elle est maintenant au crépuscule de sa vie et se retourne sur un passé qui l’a marquée à jamais. Je ne suis pas contre une variation de ton mais je trouve que l’histoire y perd en intensité. D’une part, ces allers retours entre deux époques ne permettent pas une immersion complète dans l’univers de Yuma. D’autre part, le fait de voir les événements contés par un personnage a tendance à éloigner le lecteur du héros. La force dramatique qui envahissait chaque page a tendance à être moindre dans « La colère blanche de l’orage ». Bien que tout cela soit mené avec talent, je trouve dommage d’atténuer l’atmosphère qui était incontestablement la plus grande qualité de la série.

Le scénario est toujours aussi bien écrit. L’auteur arrive à faire cohabiter les événements liés à la construction du barrage et la révolution en marche à l’échelle de la région avec le développement de ses personnages principaux. Des moments d’action et de suspense côtoient des scènes plus spirituelles et sensibles. Le dosage n’est pas simple mais habilement géré par Benoît Sokal. Sur ce plan-là, la saga fait preuve d’une constante qualitative assez rare et qui se doit d’être signalée.

Sur le plan graphique, les planches sont de petits bijoux. La capacité de l’auteur à créer cette ville de Klowtown à la frontière de cette nature sauvage dans les années vingt. Que ce soit les moments passés avec Yuma, Kraa et Emily au beau milieu des forêts et des montagnes ou les scènes se déroulant dans cette cité boueuse et sombre, tout transpire la sueur et la dureté. Les choix de couleur sont particulièrement bien adaptés pour dégager des pages une ambiance qui absorbe le lecteur par tous les pores de sa peau. Le travail sur les personnages est également remarquable. Aucun protagoniste ne laisse indifférent. Certains nous touchent, d’autres nous apeurent ou nous dégoûtent. Une chose est sûre, les temps sont durs et la loi du plus fort semble être la règle locale.

« La colère blanche de l’orage » conclue merveilleusement ce triptyque qui est amené à être une œuvre importante du neuvième art. Cette série possède une identité forte qui la démarque de bon nombre de western du vingtième siècle. Je ne peux que vous conseiller de vous offrir cette saga. Le tome coûte seize euros. Je vous assure à ce prix-là c’est cadeau…

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Note : 14/20