
Titre : Blankets
Scénariste : Craig Thomson
Dessinateur : Craig Thomson
Parution : Mars 2004
Une fois lu « Habibi », j’avais bien envie de continuer de découvrir Craig Thomson. Après une incursion (dispensable) en carnet de voyage, je récupérais enfin « Blankets », proclamé chef d’œuvre par de nombreuses critiques. « Blankets » est un ouvrage autobiographique sur la jeunesse de l’auteur. On y trouve un peu de son enfance et beaucoup de son adolescence. Au centre de cet épais bouquin (pas loin de 600 pages quand même…), sa première relation amoureuse. Le tout est publié chez Casterman dans la collection écritures.
Craig Thomson nous met tout de suite dans un certain misérabilisme. Enfant, il dort avec son petit frère et ils ont froid quand bien même. Quelques anecdotes se succèdent, montrant une éducation à la dure où mieux valait filer droit. Hélas, la plupart des pages traitant de l’enfance n’ont pas vraiment d’intérêt pour la suite. On pourrait bien sûr penser que cela forge le caractère de Craig, mais tout cela est quand même bien décousu. On rentre réellement dans le vif du sujet quand il rencontre son premier amour.
Peu d’empathie pour le personnage.
Les amourettes, quand on est a vécues, c’est très touchant. Mais ici, l’histoire entre Craig et Raina n’a pas beaucoup d’intérêt. Tout cela est très plat et manque cruellement de recul. Et pourtant il y aurait de quoi dire : Raina a pour frère et sœur deux enfants handicapés et adoptés. Il ne reste plus qu’à ajouter des parents en plein divorce pour parfaire le tout. Du coup, les pistes de développement se multiplient (on peut ajouter la religion qui saupoudre le tout en permanence) sans vraiment nous intéresser. Et au fur et à mesure de la lecture, on se fatigue un peu de tout ça. Le personnage de Craig est très passif, peureux et on n’a finalement que peu d’empathie pour lui.
Au niveau du dessin, j’aime le trait de Craig Thomson. Dessiné au pinceau, il a beaucoup de force. C’est vraiment le point fort du livre. Le noir et blanc permet de bien traiter la neige (le livre n’est-il pas sous-titré « manteau de neige » après tout ?) et convient au propos. Malgré tout, il n’y a pas l’incroyable force des planches de « Habibi ». Le sujet s’y prête moins, certes.

Quelle déception que ce « Blankets ». C’est long, lent, peu passionnant et pas touchant pour un sou. On sent l’intention derrière de traiter de nombreux sujets « graves », mais c’est finalement une amourette banale à laquelle on a droit. Les thèmes annexes, survolés, auraient peut-être mérité plus d’attention et non pas quelques pages rapides entre deux coups de téléphone à sa chérie.
![]()
Note : 10/20


Bien souvent, la première partie d’un diptyque a pour objectif de poser la situation, de présenter les enjeux et de mettre le héros dans une situation complexe générant ainsi un suspense à la fin de la lecture. « Chassé-croisé » n’échappe pas à cette règle. Les personnages principaux arrivent à Londres, s’installent. Pendant ce temps, des inconnus font leur apparition. On les devine animés de mauvaises intentions mais les zones d’ombre restent nombreuses. Tout ce petit monde se rencontre et de ces interactions naissent des questions pour l’instant sans réponse. La recette est efficace mais exécutée ici avec une sensation de paresse. Je n’ai pas retrouvé dans cet album l’intensité dramatique habituelle. J’avais le souvenir que la lecture d’un tome de cette série était toujours accompagnée du sentiment d’être au beau milieu d’un tourbillon d’événements qui ne faisaient qu’aggraver la situation de Largo. Ici, le ton est plus léger. Les amourettes des différents personnages tendent presque cette histoire d’espionnage vers le vaudeville.


Vincent Caut essaye donc de créer sa propre identité sur un sujet éculé : Adam, Ève et Dieu. Au départ, l’idée de faire une sorte de Genèse 2.0 est plutôt bien pensée. Malheureusement, le sujet est finalement peu utilisé. En revanche, la représentation de Dieu sous forme de pomme est là parfaitement exploitée du début à la fin.


« S.O.S. Météo » est clairement un hommage à « S.O.S. Météore » un des plus opus les réussis de la saga. Il est d’ailleurs clairement évoqué au cours de l’histoire. La célèbre machine créée par le scientifique Miloch est présente. Les références à l’univers des célèbres héros britanniques sont fréquentes et raviront les habitués de leurs aventures. Une connaissance de la série de Jacobs me paraît indispensable pour saisir l’ensemble du spectre humoristique de l’album. Il s’agit d’un pastiche de qualité dans le sens où les codes originaux sont détournés à de nombreux moments et de nombreuses manières. L’idée de départ est originale et elle s’avère bien exploitée.
Néanmoins, l’ouvrage peut se lire comme une histoire indépendante dénuée de toute filiation prestigieuse. L’intrigue peut se découvrir comme une parodie d’enquête policière. Tous les aspects du genre sont tournés en dérision. Le travail d’écriture de Pierre Veys est suffisamment important pour offrir une quantité de gags appréciable. L’avancée est rythmée et la trame ne possède aucun temps mort. Le sourire guide la lecture du début à la fin. C’est un album qui se lit avec bonne humeur.


Parallèlement, les auteurs font exister Hit Girl et Mother Fucker. La première gère de manière dictatoriale la prison et chacune de ses apparitions sont drôles tant elles sont démesurées et insensées. Une des forces de la saga est de rendre cohérent et crédible dans son univers ce personnage. On est plus choqué de voir une petite fille fumer une clope ou torturer un mafieux de passage. Sa part de l’histoire est incontestablement, par ses excès, la plus légère et celle qui utilise le plus l’humour. De son côté, les moments passés auprès de Mother Fucker semblent avoir pour objectif de reconstruire un monstre aux abois jusqu’alors. On sent la montée en puissance vers un affrontement final. Sans tout vous dévoiler, il faut savoir que le camp des méchants s’agrandit et se complexifie légèrement.

Tout commence alors qu’Ivan échoue sur une île qui se révèle des plus étranges. Il va alors tenter de survivre dans cet environnement peu hospitalier, tel un Robinson. Le livre nous dévoile alors comme ce petit malfrat s’est retrouvé dans cette situation, capturé et condamné pour avec son compagnon William.




