Ce livre devrait me permettre de résoudre le conflit au Proche-Orient, d’avoir mon diplôme, et de trouver une femme, T1 – Sylvain Mazas

CeLivreDevraitMePermettre


Titre : Ce livre devrait me permettre de résoudre le conflit au Proche-Orient, d’avoir mon diplôme, et de trouver une femme, T1
Scénariste : Sylvain Mazas
Dessinateur : Sylvain Mazas
Parution : Juin 2012


Le point fort de « Ce livre devrait me permettre de résoudre le conflit au Proche-Orient, d’avoir mon diplôme, et de trouver une femme » est sans conteste son titre ! Complètement délirant, il attire l’attention immédiatement. Comme beaucoup de monde, j’ai donc emprunté le livre, voulant savoir ce qui pouvait bien se trouver dans ce curieux objet. Le tout est écrit et dessiné par Sylvain Mazas et publié chez Vraoum.

Le livre a précédemment été publié en Allemagne en 2007. En effet, l’auteur habite alors à Berlin, bien que français (c’est d’ailleurs le cas de son éditeur qui intervient plusieurs fois dans le livre). A l’époque, il part au Liban pour avoir son diplôme, trouver une femme et, donc, résoudre le conflit au Proche-Orient. Ne vous attendez pas à une bande-dessinée classique ici, ce n’est pas le cas. Le livre est construit majoritairement sur du texte qui est ensuite illustré par un dessin et/ou un schéma. Car l’auteur aime les schémas. Il le dit lui-même et les multiplie à foison. Tout ça pour nous expliquer pourquoi le Proche-Orient va mal alors que ça pourrait aller beaucoup mieux.

Un ton original et personnel.

Ce livre vaut avant tout pour le ton de son auteur qui est original et personnel. Plein de naïveté et de bon sens, il décrit des choses complexes avec simplicité, même si le lecteur attentif sera un peu dubitatif devant ses descriptions. Le tout est parsemé d’humour et de passages bien sentis.

Découpé en chapitres, le livre finit par tourner un peu en rond. Trop de texte, trop de schémas, on finit par se demander si Sylvain Mazas a tant de choses à raconter. Plus que le fond, c’est la forme qui étonne dans les premières pages. Mais au bout d’un moment, on s’en lasse, de même que les schémas nous laissent un peu indifférents. C’est marrant au début, beaucoup moins après. Le livre possède une forte pagination et on sent qu’il aurait pu être condensé.

Malgré tout, quelques bonnes idées et gags font mouche. On appréciera les interventions de l’éditeur, la recherche de l’amour comme running-gag efficace… Mais je reste un peu dubitatif dans le fait que ce soit un premier tome tant on a l’impression que l’auteur a fait le tour de la question.

Graphiquement, c’est minimaliste, mais les dessins appuient toujours intelligemment le texte. Il y a un rapport entre les parties texte et dessin qui rythme bien l’ensemble. Le dessin n’est jamais accessoire, il apporte toujours quelque chose à ce qui vient d’être lu.

Je suis passé un peu à côté de livre. Plutôt enthousiaste aux premières pages, le sourire aux lèvres, j’ai peu à peu perdu de l’intérêt pour les schémas de Sylvain Mazas. Ce qu’il raconte est souvent intéressant mais trop simpliste pour tenir dans la longueur. Car au milieu d’anecdotes libanaises très intéressantes, ses raisonnements pour trouver le bonheur tournent un peu en rond. À essayer quand même, car l’originalité du bouquin ne peut, elle, pas être remise en cause.

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Note : 11/20

Anatomie de l’éponge – Guillaume Long

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Titre : Anatomie de l’éponge
Scénariste : Guillaume Long
Dessinateur : Guillaume Long
Parution : Juillet 2006


J’ai connu Guillaume Long avec « À boire et à manger ». C’est ici une œuvre parue bien plus tôt, en 2006, dont il est question : « Anatomie de l’éponge ». C’est un recueil d’histoires courtes qui expliquent (entre autres), les influences de l’auteur. On a donc affaire à une autobiographie où l’autodérision est le maître mot. Le tout pèse 115 pages et est paru chez Vertige Graphic.

Guillaume Long nous propose une série d’histoires courtes aux thèmes variés. Dès la première, on sent l’influence (l’hommage ?) à Blutch. Mais c’est surtout Lewis Trondheim (sous le pseudonyme Luis Troën) qui sera au centre des attentions. Adulé par l’auteur, sa passion pour l’auteur devient un running gag très efficace au fil des pages.

Un auteur qui se cherche et se trouve.

Au-delà des histoires sur la bande-dessinée, Guillaume Long diverge et parle aussi de son enfance. On sent un auteur qui se cherche. Graphiquement, on voit une tentative de faire des bande-dessinées avec un dessin et le texte en-dessous, puis on tâtonne vers un entre-deux. Cette façon dont l’auteur se cherche dans la narration (et aussi dans l’humour) est des plus intéressantes. Et on le voit progresser, puisque les dernières histoires font mouche. Plus le livre avance et plus on rit. L’auteur parvient à trouver un ton et un humour qui nous font beaucoup sourire et même rire par moment. Au point qu’après cet ouvrage, il me paraissait essentiel de m’intéresser à la suite de la production de l’auteur.

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Hélas, qui dit recueil dit souvent qualité inégale. C’est le cas ici. Certaines histoires laissent un peu froid, là où d’autres nous transportent. Que dire que cette formidable histoire où Guillaume Long se perd en voiture et va dormir dans un domaine perdu ? L’autodérision marche à plein régime. Si ce n’est pas forcément original, Guillaume Long se l’approprie pleinement.

Graphiquement, Guillaume Long a un style qui se reconnaît vite, mais il se cherche ici. Le noir et blanc est de rigueur, bien que parfois relevé de niveaux de gris. On sent des modifications, des essais… Et le tout est plutôt réussi. La maturité de son style se sent une nouvelle fois et sa façon de dessiner en noir et blanc hachuré est dynamique et vivante. Le trait est simple, mais la gestion des noirs et des volumes est réfléchie et réussie. Bref, un dessin qui paraît simple au tout venant, mais qui vaut le coup d’œil.

Cette « Anatomie de l’éponge » a les défauts du recueil. Son côté inégal gênera à coup sûr. Mais il y a de vraies qualité tant dans la narration que dans le dessin chez Guillaume Long qui suffisent à lui donner de l’intérêt. Quand on voit le nombre d’autobiographies insipides qui peuvent fleurirent sur les rayons, ce n’est pas le cas ici. Le livre montre un auteur qui se cherche et, surtout, qui se trouve !

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Note : 14/20

Z comme Don Diego, T1 : Coup de foudre à l’hacienda – Fabcaro & Fabrice Erre

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Titre : Z comme Don Diego, T1 : Coup de foudre à l’hacienda
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Avril 2012


« Z comme Diego » est une nouvelle série née en avril dernier. Son premier tome s’intitule « Coup de foudre à l’hacienda ». Edité chez Dargaud, cet ouvrage se compose d’une quarantaine de pages. Son prix avoisine onze euros. Le nom de son scénariste a attiré mon regard vers cet album. Il s’agit de Fabcaro dont j’avais apprécié « Jean-Louis et son encyclopédie » ou « Steve Lumour, l’art de la winne ». J’avais trouvé ses opus très drôles. Dans « Coup de foudre à l’hacienda », il ne se charge pas des dessins. Cette tâche est confiée à Fabrice Erre dont je découvre le travail à cette occasion. Les couleurs naissent de la plume de Sandrine Greff. La couverture nous présente un Don Diego désabusé. Il est entouré de Zorro qu’on suppose être des usurpateurs. En effet, qui ne sait pas que Don Diego est à Zorro, ce qu’est Peter Parker à Spiderman…

La quatrième de couverture nous présente le synopsis suivant : « Don Diego, alias Zorro, avait déjà bien du mal à gérer sa double personnalité : l’arrivée de la belle senora Sexoualidad n’allait certainement pas arranger les choses… Une parodie avec de l’action, du rire, de l’émotion, des chevaux, des épées, des combinaisons, de la paella, de la bière et des hommes invisibles. »

zcommedondiego1bEn me plongeant dans « Coup de foudre à l’hacienda », deux sentiments contradictoires se mêlaient. J’étais curieux de découvrir cette parodie de Zorro qui est vraiment le héros de mon enfance. J’ai toujours gardé une tendresse pour la série télévisée en noir et blanc datant des années cinquante. Le petit monde de Don Diego, Bernardo, le sergent Garcia et des autres m’ont toujours passionnée et fait rire. Parallèlement, j’appréhende de ce type de série qui prétend jouer avec les codes d’un univers établi et connu. Souvent, le soufflé retombe très vite et la dimension commerciale de ce choix scénariste prend rapidement le pas sur l’imagination de l’auteur. J’étais donc curieux de voir si Fabcaro allait arriver à manipuler avec talent tous les aspects de cette célèbre communauté.

Des vannes variées à aucun moment répétitives.

L’ouvrage nous présente deux gags par page. Chacun se décompose en six cases carrées de taille identique. Cela impose à la trame de chaque scène d’être dense et bien construite parce que l’auteur n’a pas non plus trop de temps pour les digressions. Je vous avoue que les premiers gags m’apparaissent prévisibles et presque décevants. Mais rapidement une atmosphère agréable se dégage de la lecture et notre immersion dans l’univers créé par les auteurs se fait plus intense. La densité de qualité est plutôt bonne et chaque page fait naitre un sourire ou un rire franc. Fabcaro arrive à offrir des vannes variées qui ne s’avèrent à aucun moment répétitive. C’est une performance parce le défaut de la redite est souvent irrémédiable dans ce genre d’ouvrage.

Le scénariste arrive à construire sa parodie en exploitant parfaitement les codes de la série originale. Tous les personnages avec leurs caractéristiques propres sont exploités. L’aspect humoristique est l’atout principal de cet ouvrage qui chatouillent nos zygomatiques aisément. A défaut de nous faire pleurer de rire, la bonne humeur dégagée par la lecture est des plus agréables. De plus, le fait que Fabcaro utilise tous les aspects de « Zorro » m’offre une plongée en enfance que je savoure avec appétit. Je n’ai pas envie de vous donner des exemples qui vous gâcheraient la découverte. Mais sachez qu’on rigole avec plaisir des maladresses de tous les protagonistes.

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Le dessin  de Fabrice Erre correspond parfaitement au public visé par cet ouvrage. Tous les membres de la famille peuvent trouver quelque chose dans cet opus. Néanmoins, j’ai eu du mal à être conquis par son trait au début. Je le trouvais un peu brouillon et trop excessif. Mais une fois envahi par l’atmosphère de la série, son trait quasi caricatural correspond parfaitement au propose tenu par Fabcaro. Je pense donc qu’à défaut de marquer les esprits, les illustrations nées du trait de Fabrice Erre accompagne parfaitement le moment divertissant de lecture offert par cet ouvrage.

En conclusion, « Coup de foudre à l’hacienda » est une réussite. Il s’agit d’un ouvrage de qualité qui génère de la bonne humeur. Tout n’est pas homérique et l’ensemble n’est pas un chef d’œuvre. Malgré tout, dans la thématique de la parodie, il s’agit à mes yeux d’un des meilleurs du genre. Il est difficile de s’approprier un univers et de le tourner en dérision. Fabcaro s’en sort vraiment bien. Je pense donc que je lirai avec joie le second tome qui devrait paraitre dans quelques mois. Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 13/20

Une année au lycée – Fabrice Erre

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Titre : Une année au lycée
Scénariste : Fabrice Erre
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Avril 2014


Fabrice Erre est dessinateur de bande-dessinée. Mais comme nombre de ses collègues, il possède un « vrai » métier lui permettant de vivre dignement : enseignant d’histoire-géographie en lycée. Forcément, la tentation de raconter son quotidien face aux élèves était trop tentant. Voilà qu’il nous propose un ouvrage autobiographique, « Une année au lycée ». Le tout est publié chez Dargaud et pèse pas moins de 153 pages !

L’auteur démarre donc l’année avec la fin des vacances et termine le tout avec le début des vacances. On retrouve donc les premiers contacts avec la classe jusqu’au bac. Fabrice Erre a l’avantage d’avoir des secondes, des terminales (qui préparent le bac) et d’être professeur principal. Cela permet de balayer un large spectre de situations. Dès le départ, l’auteur nous prévient : oui, tout est romancé (heureusement d’ailleurs). Chaque scène est donc un condensé de vécu, clairement concentré pour en améliorer l’aspect comique.

On sent le vécu !

Fabrice Erre joue la carte de l’autodérision dès le départ. Il se dessine bien plus vieux qu’il ne l’est et n’hésite pas à se montrer sous un jour peu reluisant. Et c’est là où la bande-dessinée est réussie. Erre est un professeur normal : aussi bien il peut avoir des fulgurances pour adapter son cours à ses élèves (et même faire preuve d’ouverture dans les discussions), aussi bien il merdouille bien par moments ! L’humour fonctionne très bien et il n’est pas rare de rire devant les gags et remarques lues. C’est là où « Une année au lycée » supplante des BDs comme « Les profs ». On sent le vécu, l’absurde des remarques, les situations qui dérapent…

L’auteur nous propose deux types de scènes. Les premières sont classiques et montrent le prof avec ses collègues ou les élèves. Les deuxièmes sont des purs délires où Erre fait des parallèles entre un univers (la guerre par exemple) et l’enseignement. Elles sont globalement aussi réussie et cela permet de rythmer l’album qui pourrait paraître répétitif si les scènes de classe s’enchaînaient méthodiquement.

Au niveau du dessin, c’est quand même un peu léger. Les délires sont plus travaillés graphiquement mais les scènes de classe sont peu ouvertes à l’expérimentation graphique. L’auteur se contente de dessiner les personnages, qu’il fait très expressifs. En soit, ce choix est pertinent car l’auteur se focalise sur les réactions et les dialogues, qui font l’essence d’une classe. Le tout est colorisé en bichromie (sauf des exceptions lors des délires de l’auteur).

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« Une année au lycée » est un ouvrage réussi. En utilisant parfaitement les absurdités du monde du lycée, Fabrice Erre lui donne de la force par son trait. Quand on voit la tête du prof, très satisfait de voir les élèves grévistes ne pas arriver à faire se calmer une classe, tout est dit ! Un bel ouvrage, forcément un peu réservé à ceux pour qui l’éducation nationale n’est pas qu’un souvenir de jeunesse.

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Note : 16/20

Et pour poursuivre l’expérience : http://uneanneeaulycee.blog.lemonde.fr/

Mars ! – Fabrice Erre & Fabcaro

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Titre : Mars !
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Août 2014


J’ai découvert le duo formé par Fabrice Erre et Fabcaro en lisant les deux chapitres de « Z comme Diego », digression humoristique dans l’univers du célèbre héros masqué. J’avais beaucoup ri en suivant les maladresses de l’incompétent Diego dans son rôle de Zorro. Récemment, j’ai retrouvé avec plaisir Fabrice Erre quand il décrit son quotidien d’enseignant dans le sympathique et divertissant « Une année au lycée ». C’est donc avec plaisir que j’ai vu par hasard dans les rayons d’une librairie « Mars ! ». Cet ouvrage coécrit par les deux auteurs est de format carré et se compose de soixante-quatre planches. Edité chez « Fluide Glacial », il coûte quinze euros.

L’histoire est simple. Elle nous conte l’envol d’une navette française vers Mars. Nous suivons donc le point de vue des astronautes, du président de la République, des ingénieurs au sol et du français lambda qui vit l’événement devant sa télévision. Je ne vous dévoilerai pas tout ce qui se passe mais sachez que tout ce beau monde ne sort pas grandi de cette aventure spatiale !

La désacralisation de la conquête spatiale est hilarante.

Mars1De la même manière que dans « Z comme Diego », les pages se décomposent en scénette de trois cases contant chacune une anecdote délurée et décalée autour de ce projet d’ampleur. L’aéronautique n’en sort pas grandi mais par contre nos zygomatiques adorent ! La densité humoristique du propos est forte et la qualité constante du début à la fin. Les rebondissements et les surprises sont nombreux ! La désacralisation de la conquête spatiale est hilarante.

Cette lecture s’adresse à un public très large. Les vannes utilisent une grande variété d’ingrédients pour faire rire. L’immense majorité des chutes sont surprenantes. Chaque nouvelle scène alimente la curiosité du fait de sa qualité comique. L’attrait constant facilite l’immersion dans l’univers de cette aventure spatiale pas comme les autres. L’humour alimente l’humour et les rires se succèdent au rythme de défilement des pages.

Mars3Comme que je l’évoquais précédemment, les auteurs ne se contentent pas de nous faire le quotidien du cockpit de la station et du poste de commandement au sol. Nous découvrons également les arcanes de la gestion politique pour le moins originale de nos dirigeants. Nous ne passons pas non plus à côté des sentiments vécus par le français moyen qui voit devant sa télévision l’Histoire s’écrire. Cette diversité de points de vue alimente le concentré de drôleries qui compose ce  « Mars ! ».

Le dessin de Fabrice Erre est aisément reconnaissable. Je sais que certains lecteurs le trouvent bâclé et s’avèrent assez hermétique à son style. Je peux le comprendre aisément. Néanmoins, personnellement, je trouve que le trait coïncide parfaitement à avec le ton déluré et décalé de l’album. En tout cas, les couleurs vives qui accompagnent la lecture sont appréciables et participent à la bonne humeur dégagée.

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Pour conclure, « Mars ! » est une belle réussite. J’ai passé un très bon moment en le lisant et n’hésiterai pas à m’y plonger à nouveau pour redécouvrir les pérégrinations de ce groupe de bras cassés. Je ne peux donc que vous inciter à partir à la rencontre de cette aventure pas comme les autres…

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Note : 16/20

Et en plus il est gaucher – Ralf König

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Titre : Et en plus il est gaucher
Scénariste : Ralf König
Dessinateur : Ralf König
Parution : Septembre 2006


 Ralf König a créé tout au long de sa carrière une œuvre majeure sur la communauté homosexuelle. Parvenu à la célébrité, touchant même un lectorat hétéro, il a été alors beaucoup décrié aussi bien par les homos (qui l’accusent de les caricaturer, mais aussi de trahir leurs secrets) que par les femmes (qui l’accusent de misogynie aigue). Afin de répondre aux questions que l’on peut se poser sur le personnage, il écrit « Et en plus il est gaucher ».

Dans cet ouvrage, König se dessine se faisant interviewer par un certain Bernhard Seifert. Il répond alors aux questions de l’homme, racontant aussi bien sa jeunesse que ses complexes, en passant par le milieu homo et ses fantasmes. Il paraît évident que cette BD est réservée avant tout aux adeptes de l’auteur. En effet, certains passages parlent d’autres ouvrages de König et font référence à certains personnages. De même, son obsession pour les torses velus est un grand classique de ses personnages.

Interview et flashbacks.

Le tout est raconté sous la forme d’une interview. Les deux personnages dialoguent, lançant des flashbacks ou des histoires afin d’illustrer ses propos. La dernière histoire, pourtant indépendante, est ainsi lancée comme un film à la fin de l’interview. König parvient ainsi à éviter un côté purement narratif et autobiographique par ce procédé. De même, cela lui permet d’utiliser au mieux ses talents de dialoguistes.

Loin d’être rébarbative, cette BD est très drôle. Tout est présenté avec beaucoup d’humour et König fait preuve de l’autodérision indispensable à ce genre d’ouvrage. Il n’hésite pas à se représenter bavant devant l’image d’un torse poilu, une énorme érection sous son jean… 

Le dessin est toujours très réussi, surtout avec le souci posé par l’immobilité forcée des personnages pendant l’interview. Tout se passe dans les expressions du visage, dans un noir et blanc toujours maîtrisé. L’importante quantité de textes n’est pas gênant étant donné la grande qualité de narration de l’auteur. 

La dernière histoire, indépendante, mérite un petit mot. « 3 heures et demi » présente deux homos amoureux qui se retrouvent pendant trois heures et demi, souhaitant s’accoupler au plus vite. Evidemment, rien ne se passe comme prévu. Très crue, cette histoire est à mourir de rire. On est pris d’une vraie empathie avec les personnages que l’on voudrait aider à assouvir enfin leurs envies. Le tout est bien sûr rempli d’hétéros insupportables qui gênent sans cesse les deux hommes. 

« Et en plus il est gaucher » est venu d’une envie de König de s’expliquer suite aux attaques et aux demandes dont il était assailli. En cela, le but est atteint, l’auteur n’hésitant pas à nous faire part de détails intimes qui explique beaucoup. Heureusement, le tout est toujours drôle et léger, rendant la lecture des plus agréables. A réserver aux fans de König.

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Note : 14/20

La Capote qui Tue – Ralf König

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Titre : La Capote qui Tue
Scénariste : Ralf König
Dessinateur : Ralf König
Parution : Mai 1999


Ralf König est un auteur de bandes-dessinées humoristiques allemand dont les protagonistes sont pour la plupart homosexuels. Dans le recueil « La capote qui tue », on trouve deux histoires : « La capote qui tue » et « le retour de la capote qui tue ». Tout de suite on comprend combien il va falloir faire preuve de second degré pour avaler la pilule ! Je connaissais déjà Ralf König par « Les nouveaux mecs » qui tenait plus de l’analyse sociologique des rapports hétéro/homo.

Car ici, c’est de série B qu’il s’agit (voire de série Z). C’est complètement barré mais parfaitement assumé. Le tout est présenté comme un film, avec nom d’acteurs, de réalisateur… Rapidement, on voit que c’est les milieux les plus mal famés de l’homosexualité que l’on va explorer. Hôtels de passe avec travestis, milieu du cuir… König ne fait pas dans la dentelle.

On suit l’histoire de Mécaroni, un inspecteur homosexuel et un peu rustre sur les bords. Sa particularité est d’avoir un sexe énorme (40 cm) et d’arriver à se taper à chaque histoire un bel étalon. Son côté blasé et homo le met en complet décalage avec ses collègues qui lui reprochent sa vie de débauche. Essentiellement, Mécaroni est l’homme qui permet de montrer la vision du monde consensuel sur l’homosexualité.

Concernant l’histoire, cette capote tueuse apporte un vrai suspense : Mécaroni va-t-il se faire manger le sexe après s’être fait mangé une première couille ? La tension est palpable de bout en bout. La première histoire fait appel aux hôtels de passe, la seconde (qui voit le retour de la capote) est encore plus barrée et part dans des histoires de savants fous. Elle a le mérite d’expliquer l’existence de cette fameuse capote.

Homo refoulé, bars gay et vie d’hétéro chiante à mourir

Remise dans le contexte, il faut signaler que ces histoires sont parues en pleine campagne de prévention contre le SIDA (première publication en 1988 et 1990). C’est donc en pleine peur du sexe et apprentissage du préservatif que se situe l’intrigue. Il y a donc une forme de message dans cette histoire. Ainsi, un flic déclare : « Cette putain de campagne anti-SIDA coûte au gouvernement des millions de dollars, rien que pour que les gens mettent des capotes avant de baiser. Maintenant, ils ont tous peur que ces trucs les bouffent !!! » Cela n’est évidemment pas anodin et permet de voir plus loin que la simple série B dans cet ouvrage. On retrouve également des thèmes récurrents dans les ouvrages de König : l’homosexuel refoulé, les bars gay, la vie de l’hétéro chiante à mourir…

Le graphisme de König, très reconnaissable avec ses gros nez, fait mouche. Un soin particulier a été apporté aux ambiances pour coller à l’esprit cinématographique. Les premières pages sont simplement magnifiques. Les scènes de nuit et de bars sont également très réussies. Le tout est dessiné dans un noir et blanc très maîtrisé.

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Je préfère prévenir que König n’hésite pas à montrer des scènes d’accouplement entre hommes à de multiples reprises. Si certains sont gênés par ce genre de choses, mieux vaut éviter « La capote qui tue »qui a tendance à être bien plus explicite que dans d’autres des ouvrages de l’auteur. Si je ne trouve pas ça particulièrement choquant (ce n’est pas trash en soit), cela dépend de la sensibilité de chacun.

« La capote qui tue » est donc une BD complètement déjantée et menée avec brio. Il y a un vrai suspense, des personnages secondaires réussis, un humour omniprésent… Le tout se lit avec plaisir, même s’il vaut mieux ne pas lire les deux histoires à la suite, à cause d’une certaine redondance entre elles. A lire d’urgence pour les moins coincés d’entre vous !

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Note : 15/20

Prototype – Ralf König

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Titre : Prototype
Scénariste : Ralf König
Dessinateur : Ralf König
Parution : Septembre 2011


Ralf König est un auteur que j’aime beaucoup. Spécialisé dans la description du milieu gay, l’allemand produit ici « Prototype », sortant de son sujet habituel. Le prototype est Adam, le premier homme. Alors, que donne ce livre hors des sentiers battus ? Ralf König est-il aussi pertinent et drôle lorsqu’il aborde des sujets théologiques ?

Le livre s’articule essentiellement sur les dialogues entre Dieu et le serpent Lucky (alias Lucifer). Dieu crée sa nouvelle créature, mais Lucky est plutôt critique dessus, poussant Dieu a de nombreux changements. La suite, on la connaît : Eve, la pomme, l’exil, etc.

Un relecture du mythe sympathique.

prototype2Dans « Prototype », König se moque donc de la création de l’Homme en la prenant au pied de la lettre. Dieu ajoute et supprime des fonctionnalités au fur et à mesure. Capricieux et visiblement irascible, notre Père en prend pour son grade… Comme dans tout livre un tant soit plus blasphématoire qui se respecte, l’esprit malin paraît bien plus sympathique et plein de bon sens ! Ainsi, la relecture du mythe est finalement assez légère, malgré une grosse entorse à l’histoire officielle sur le fruit défendu !

Ralf König base tout son livre sur les dialogues, souvent absurdes au vue de la situation. C’est son point fort et l’ironie inonde les pages de l’ouvrage. Si on sourit souvent, on ne peut constater que le manque d’originalité de l’ensemble. Les ouvrages reprenant la Génèse sont très nombreux et force et de constater que celui-ci n’apporte rien de neuf. Reste des dialogues sympathiques et quelques passages bien sentis ! La thèse du livre en soit est plus originale, bien qu’un peu tirée par les cheveux.

Au niveau du dessin, on retrouve le trait tout en rondeur de l’auteur. Le sujet n’apporte pas forcément un maestria graphique, mais les expressions des personnages restent un vrai délice. On notera des couleurs assez criardes. Est-ce l’impression ou un choix esthétique ? Difficile de le savoir. En tout cas, Ralf König possède un trait parfaitement adapté à son propos.

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« Prototype » ne révolutionne rien. Malgré tout, la lecture est plaisante et l’humour fait mouche. Une lecture sympathique pour les amateurs de relecture biblique. Ni plus, ni moins.

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Note : 13/20

Mâle occidental contemporain – François Bégaudeau & Clément Oubrerie

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Titre : Mâle occidental contemporain
Scénariste : François Bégaudeau
Dessinateur : Clément Oubrerie
Parution : Octobre 2013


La bande-dessinée se démocratise. Plus adulte, moins décriée, elle attire désormais des lecteurs qui n’y auraient pas jeté un seul regard auparavant. Les éditeurs l’ont compris et confient de plus en plus de scénarii à des personnes extérieures. Ce coup-ci, c’est François Bégaudeau (scénariste, écrivain, critique, etc.) qui s’y colle avec « Mâle occidental contemporain », un one-shot de 80 pages. Afin de soutenir l’effort, on retrouve au dessin Clément Oubrerie. Le dessinateur m’avait séduit avec « Jeangot » et a séduit un plus grand public encore avec la série « Pablo ». Le tout est édité chez Delcourt dans la collection Mirage.

Curieux ouvrage que voilà. On suit plus ou moins l’histoire d’un jeune homme cherchant à draguer. Mais aucun background n’est donné, ce n’est qu’une succession de saynètes où l’homme se fait émasculer (métaphoriquement) par des femmes fortes pleines de caractère. Beau retournement de situation où la femme moderne maîtrise le mâle. De là à dire que ce retournement est crédible, il y a un pas que je ne franchirai pas…

Manque de rythme, manque de fond…

Retourner les clichés de la drague pourrait être pertinent s’il y avait un message. Mais ce n’est pas le cas. Notre homme ne suscite aucune empathie. Le voir draguer pour draguer n’a aucun intérêt. Le scénario prouve ici sa vacuité : pourquoi drague-t-il ? Que cherche-t-il ? On a l’impression d’être devant des sortes de gags montrant un mec cherchant à draguer par tous les moyens. Et cela ne fonctionne pas. La redondance finit par ennuyer et, finalement, on sourit peu devant les situations, très inégales.

MaleOccidentalContemporain1Du coup, l’ensemble manque de rythme et la conclusion n’apportera aucun message supplémentaire (et donnera même une impression encore plus négative). Tout est convenu et cliché, un comble ! Car il y a une volonté de montrer que le féminisme a fait son œuvre ! Le tout est bien évidemment baigné dans un parisianisme de tous les instants. Difficile d’imaginer ce genre de situations autre part qu’à Paris. Plus qu’une étude du « Mâle occidental contemporain », le livre est plutôt une étude des Parisiennes.

Concernant le dessin, Clément Oubrerie nous ravie de son trait. A se demander ce qu’il est allé faire dans cette galère… Je préfère de loin son trait anthropomorphe, mais force est de constater qu’il relève le niveau sans peine. Hélas, avec un ouvrage où il ne se passe pas grand-chose et où le rythme est problématique, il n’y a pas de miracle non plus.

Il faut croire que les éditeurs pensent que n’importe quel écrivain/scénariste/journaliste/humoriste peut écrire une bande-dessinée. C’est nier complètement la spécificité du scénario de bande-dessinée. Les écueils sont flagrants ici : manque de fond, manque d’empathie, manque de rythme… Il faudrait arrêter d’essayer de toucher le grand public avec des noms, mais plutôt avec des œuvres de qualité.   

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Note : 6/20

 

Templiers, T1 : La chute – Jordan Mechner & LuUyen Pham

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Titre : Templiers, T1 : La chute
Scénariste : Jordan Mechner
Dessinateur : LuUyen Pham
Parution : Janvier 2014


Les Templiers m’ont toujours intrigué. Toute histoire les mettant en jeu m’attire. Ils cumulent un bon nombre d’arguments à mes yeux : le Moyen-Âge est une époque qui me plaît, la dimension religieuse est toujours intéressante, le mystère qui les entoure attise la curiosité… Enfin, il est aisé de greffer une petite dose d’ésotérisme pour finaliser la recette.

C’est pourquoi, au hasard de mes pérégrinations dans les rayons de librairie, j’ai été appâté par un ouvrage à la couverture sobre. D’un format davantage proche de celui d’un roman que d’un album de bandes dessinées, il s’intitule « Templiers ». Ce seul titre a éveillé mon attrait. En le feuilletant, je suis tombé sous le charme des dessins. En quelques pages, j’avais commencé à voyager dans le temps et avait plaisir à me retrouver dans les pas de ces célèbres chevaliers.

templiers1aLa quatrième de couverture présente les mots suivants : « Les Chevaliers du Temple. Vénérés pour leur noblesse, leur férocité dans la bataille, et leur dévotion religieuse, les Templiers étaient des chevaliers de Dieu, exempts de tout péché et à l’âme pure. Du moins la plupart d’entre eux. Martin n’est pas exactement la plus opiniâtre ou le plus pieux des chevaliers, mais il parvient à s’échapper quand le roi de France décide d’abattre l’Ordre des Templiers afin de mettre la main sur leur légendaire trésor. Après un temps de souffrance et d’errance, il retrouve d’anciens compagnons et met au point un plan des plus audacieux… voler le plus grand trésor du monde au nez du roi. »

Le bouquin est le premier tome de l’histoire. Il s’intitule « La chute ». Edité chez Akileos, il se compose de deux cents quarante pages. J’ai souvent du mal avec une telle structure. Il est en effet rare qu’un album arrive à conserver une qualité constante sur une telle longueur. En tout cas, sorti de « Blast », je ne vois pas parmi mes lectures récentes un autre exemple d’opus aussi long à m’avoir conquis. Ce livre se découpe en chapitres qui offrent des repères intéressants dans la lecture.

L’avantage d’allonger l’intrigue sur plus de deux cents pages est de permettre la construction de beaucoup de personnages qu’ils soient centraux ou secondaires. La trame est relativement dense et fait exister un grand nombre de protagonistes. Le travail graphique de LeUyem Pham que je découvre ici fait exister chaque membre de l’aventure et implique ainsi fortement le lecteur. La sympathie dégagée par Martin et ses amis apporte un écot certain au plaisir de la découverte de leurs pérégrinations.

On entre vite dans le vif du sujet.

L’intrigue ne se résume pas à suivre les pas de personnages auxquels on s’est attaché. La trame ne perd pas de temps à se mettre en place. Le scénariste Jordan Mechner ne s’autorise pas à un long round d’observation. Malgré le grand nombre de pages, il ne perd pas de temps à plonger ses héros dans le vif du sujet. La conséquence est que l’immersion du lecteur est rapidement profonde. Les événements s’enchaînent à un rythme soutenu. Martin est un fugitif. Il est donc en permanence sur le qui-vive. L’histoire ne s’autorise donc aucun temps mort pour notre plus grand plaisir. Le suspense, sans être insoutenable, est toujours présent. La narration est agréable et les pages défilent sans qu’on s’en rende compte.

Le travail graphique qui m’avait conquis lors de ma première rencontre avec l’ouvrage a enchanté ma découverte du tome. Je trouve que le trait de Pham accompagne parfaitement le côté rythmé des scènes et l’aventure qui transpire de chaque page. L’identité des personnages s’accordent aussi parfaitement avec l’atmosphère générale. Les décors suggèrent aisément le dépaysement autour temporel que géographique.

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Au final, « Templiers » est un premier opus intéressant. Je me suis laissé prendre par l’intrigue et suis curieux de lire la suite. La bonne nouvelle est que le deuxième épisode est sorti en avril dernier. Il ne me reste donc plus qu’à me le procurer. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 15/20