Pascal Brutal, T3 : Plus Fort que les Plus Forts – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T3 : Plus Fort que les Plus Forts
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Septembre 2009


Je clos ma trilogie « Pascal Brutal » avec cet avis portant sur le dernier opus de ses aventures. Ce troisième tome intitulé « Plus fort que les plus forts » est paru en septembre 2009 aux éditions « Fluide Glacial ». Composé d’une petite cinquantaine de pages, ce bouquin est vendu à 9,95 euros. « Plus fort que les plus forts » tient une place particulière dans la bibliographie de Riad Sattouf. En effet, il a été primé au festival d’Angoulême cette année. Cela a eu pour conséquence de mettre dans la lumière ce cher Pascal et son créateur.

Pascal Brutal est un personnage qui ne laisse pas indifférent. Il est la virilité. Musclé, plein de testostérone, le bouc bien aiguisé, sa gourmette, ses basket torsion 1992… Voilà comment on peut définir notre « héros ». Il est évolue dans un futur proche dans un monde ultralibéral dont le président de la République est Alain Madelin. Mais dans cet univers, Pascal survit parce qu’il est inimitable…

Découvrir la jeunesse de Pascal Brutal…

Dans le premier opus, Sattouf nous présentait son personnage. Dans le deuxième tome, il partait du principe que Pascal faisait partie de la famille et il nous le faisait suivre dans son quotidien. Dans ce nouvel ouvrage, une nouvelle fois on découvre un Pascal au sommet de sa forme. L’album se décompose en environ une dizaine d’histoires courtes. Cela rend la narration assez rythmée. On découvre la naissance de Pascal et sa petite enfance. Dès les premières heures de sa vie, il était exceptionnel. On le voit faire usage de son charme pour faire succomber miss Bretagne ou une employée du Pole Emploi… Pascal Brutal est le « beauf » qu’on ne supporte pas quand on le croise dans la rue ou dans une soirée. Mais ici, il ne nous inspire ni antipathie ni colère, il nous fait rire. On s’attache à sa personnalité si particulière. C’est un vrai bourrin plein de testostérone qui s’assume pour notre plus grand bonheur…

Un des autres attraits de cet album est son déroulement dans un futur proche très libéral. On découvre de nouvelles lois, de nouveaux modes de fonctionnement. Certains pays ont subi une vraie révolution politique. Bref, sans donner à l’album une dimension politique, il est intéressant de voir un auteur pousser certains principes à l’extrême. On en rigole dans un premier temps, on se pose parfois quelques questions. En tout cas, cela donne une dimension originale supplémentaire à la série.

Ce troisième opus de « Pascal Brutal » est à la hauteur des précédents. Ce n’est pas peu dire. On rigole à chaque bulle et à chaque case. La densité de la trame est certaine. Plusieurs lectures sont nécessaires pour saisir toutes les finesses des dialogues. « Plus fort que les plus forts » est un ouvrage qui peut se lire et se relire sans jamais lasser. Chaque nouvelle découverte est un vrai bonheur. De plus, les dessins sont toujours aussi agréables. C’est avec plaisir qu’on retrouve notre héros et ses acolytes. La signature graphique de Riad Sattouf est reconnaissable et se redécouvre à chaque fois avec plaisir.

Au final, je ne peux que vous conseiller de courir à la rencontre de Pascal Brutal. Vous ne pourrez plus le quitter. Chaque album peut se lire de manière indépendante. Néanmoins, il peut être intéressant de lire les tomes dans l’ordre pour découvrir le héros au rythme choisi par son créateur. De mon côté, il ne me reste plus qu’à attendre la parution du prochain tome que je guette avec attention. Que l’attente va être dure…

gravatar_ericNote : 17/20

Pascal Brutal, T2 : Le Mâle Dominant – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T2 : Le Mâle Dominant
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Août 2007


Il y a peu de temps, j’ai rédigé un avis portant sur le premier opus de la série de bande dessinée « Pascal Brutal ». Aujourd’hui, je m’attaque au deuxième tome intitulé « Le mâle dominant ». Cet ouvrage paru en août 2007 est vendu au prix de 9,95 euros. Il est édité chez « Fluide Glacial » et se compose d’une petite cinquantaine de pages. Son auteur est Riad Sattouf qui est depuis l’an dernier davantage connu pour avoir réalisé « Les Beaux Gosses » que pour ses œuvres littéraires. C’est dommage dans le sens où sa bibliographie gagne à être découverte.

Le premier tome intitulé « La nouvelle virilité » nous faisait découvrir Pascal Brutal. Ce monstre de muscles et de charisme n’est pas viril. Il est la virilité. Il s’agit d’un homme au physique de déménageur, adepte de la castagne et tombeur de ses dames… Par contre, on ne peut pas dire qu’il soit un monument d’intelligence. Mais on ne peut pas tout avoir… Cet opus nous décrivait le quotidien de Pascal, nous faisait acquérir tous ses codes. C’est vraiment drôle et réussi. C’est pourquoi, j’étais enthousiaste en découvrant ce nouvel album.

Dans « Le mâle dominant », l’auteur part du principe que Pascal ne nous est pas inconnu. La présentation est plus succincte. On rentre directement dans le vif du sujet. On suit notre héros dans ses aventures. Son charisme et son charme animal lui permet de se sortir de situations compliquées. Il a un côté « James Bond ». Il s’en sort toujours et avec classe ! On prend vraiment énormément de plaisir à suivre ce « beauf ». Alors qu’il nous agacerait dans notre quotidien, il nous fait rire ici. La lecture prend un ton différent dans cet album. Maintenant que Pascal nous est familier, cela nous permet d’anticiper ses réactions et ses pensées. Il nous dégage un côté familier qui est très agréable.

La particularité de cette série est qu’elle se déroule dans un futur proche dans lequel Alain Madelin fête son troisième septennat à la présidence de la République. Cela permet à l’auteur d’évoquer certains codes actuels comme étant des repères du passé. Cette vision décalée de notre quotidien est intéressante et donne lieu à beaucoup de gags. Il n’est pas toujours facile d’avoir du recul sur ce qui parait être des évidences du présent. Par exemple, suite à un coup d’état, la monarchie belge a été remplacée par une « gynarchie » extrême. C’est-à-dire que les femmes dirigent tout. L’homme est totalement soumis. On découvre également une Bretagne autonome… Bref, les repères géopolitiques sont modifiées pour notre plus grand plaisir tant Sattouf arrive à exploiter tout cela pour nous faire rire.

Comique de situation et dialogues savoureux

L’humour résidant dans cet opus réside dans plusieurs domaines. D’une part, il s’agit d’un comique de situation. Les aventures qui arrivent à Pascal et les modifications historiques donnent lieu à beaucoup de gags « premier degré ». D’autre part, les dialogues sont savoureux. Que ce soit les phrases sortant tout droit du cerveau de notre cher Pascal ou la narration de la « voix off », on n’arrête pas de rire. La densité des gags est d’une rare intensité. Plusieurs lectures sont nécessaires pour en profiter pleinement. De plus, le fait que l’album se décompose en des histoires indépendantes de quatre ou cinq pages, fait qu’on n’est pas obligé de tout lire d’un coup. On peut le découvrir à tout moment par petite touche pour notre plus grand plaisir.

De plus, les dessins sont facilement accessibles. Le trait est simple, les cases sont très colorées. Tout cela participe activement au plaisir de notre lecture. Malgré un style apparemment simple, Sattouf arrive à donner des expressions à ses personnages parfois « cartoonesques ». Bref, « Le mâle dominant » se montre à la hauteur de « La nouvelle virilité ». C’était loin d’être simple… Avec « Pascal Brutal », c’est une série de grande qualité qui s’offre à nous. J’ai hâte de me plonge dans le troisième tome qu’on m’a offert à mon anniversaire. Il s’intitule « Plus fort que les plus forts ». Mais cela est une autre histoire… Bonne lecture !

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Note : 17/20

Pascal Brutal, T1 : La Nouvelle Virilité – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T1 : La Nouvelle Virilité
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Juin 2006


 Grâce à mon frère, j’ai récemment fait une rencontre qui ne laisse pas indifférent. J’ai découvert Pascal Brutal. Ce héros de bande dessinée est un véritable personnage. « Pascal Brutal » est une série actuellement composée de quatreopus. Ils sont nés de la plume de Riad Sattouf célèbre pour avoir réalisé le récent « Les Beaux gosses » au cinéma. Cet auteur prolifique est également connu pour le succès de son album « La vie secrète des jeunes » dont est paru récemment le second tome. Mais tout cela n’est pas le sujet d’aujourd’hui. En effet, je veux vous parler du tome initial de la grande saga de Pascal Brutal intitulée « La nouvelle virilité ». Paru chez « Fluide Glacial », ce bouquin est composé d’une petite cinquantaine de pages. Il est vendu au prix d’environ dix euros.

Il est maintenant temps de vous présenter cet homme « remarquable ». Pascal Brutal vit dans une société dans laquelle Alain Madelin est président de la République. Pascal n’est pas viril, il est la virilité. Cheveux courts, bouc parfaitement dessiné, ultra-bodybuildé, une gourmette qui brille, des baskets Torsion 1992… Voilà qui est Pascal Brutal. Il s’agit du male dans toute sa splendeur. Il préfère réfléchir avec ses muscles qu’avec son cerveau. Et cet album va nous apprendre à le découvrir…

Une histoire contée en voix off.

L’album est construit d’une manière très particulière. Il ne s’agit pas d’une aventure de ce cher Pascal. L’histoire se décompose en une succession de scènes de quelques pages ayant pour unique but de nous faire connaître le héros. Chaque chapitre s’étale sur quatre ou cinq pages. L’histoire nous est également contée par une « voix off » qui commente tout ce qui arrive à notre cher Pascal. Cette « voix » est une des grandes réussites de l’ouvrage. Le ton est décalé et caricatural. On rigole vraiment en comparant le regard subjectif du narrateur et la réalité des actes commis par PB dans la case juste dessous.

pascalbrutal1aCar « La nouvelle virilité » est vraiment une grande réussite sur le plan des dialogues et des textes. Il y a une grande densité de gags, de petites tournures. La qualité est de sortie et aucune case et aucune bulle ne sont négligées. C’est un bouquin qui se savoure petit à petit. Le dévorer d’une traite aurait pour conséquence de se gâcher. Chaque phrase et chaque anecdote sont écrites pour être savourées. Vous n’êtes pas obligé de tout lire d’un coup. Feuilleter quelques pages suffisent à vous chatouiller les zygomatiques et à penser très fort un « Quel con, ce Pascal ! ».

Car Pascal n’est pas futé. C’est le moins qu’on puisse dire. On est quelque part dans la caricature du beauf musclé qui a raison parce qu’il a des poings qui partent vite et qui font mal. Les filles sont folles de son corps et de ses nombreux talents physiques. Pascal est l’homme parfait tant qu’on ne lui demande pas de trop réfléchir. On prend plaisir à se moquer de lui. Ce n’est pas forcément très sain. Mais une chose est sûre, on rigole bien ! N’est-ce pas là le plus important ?

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Concernant les dessins, je les trouve très réussis. C’est la première fois que je découvrais le coup de crayon de Riad Sattouf. Je n’ai pas été déçu. Le style est simple mais sait se montrer au diapason de l’esprit de la bande dessinée. On rentre très vite dans l’histoire. Dès les premières cases, on s’immerge dans la vie de Pascal. Cette réussite est également du aux dessins. Les cases sont colorées et ne devraient pas rebutés ceux d’entre vous qui ne sont pas forcément familiers de la bande dessinée.

Au final, je suis très loin de regretter ma rencontre avec Pascal. J’ai vraiment bien rigolé et j’ai hâte de me plonger dans les deux autres opus de la série. De bonnes tranches de rigolade m’attendent. Je ne peux donc que vous inciter à aller découvrir cet homme qui n’est comme aucun autre. Bonne lecture ! 

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Note : 17/20

Maggy Garrison, T1 : Fais un sourire, Maggy – Lewis Trondheim & Stéphane Oiry

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Titre : Maggy Garrison, T1 : Fais un sourire, Maggy
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Stéphane Oiry
Parution : Mars 2014


« Maggy Garrisson » a attisé la curiosité des adeptes du neuvième art lors de sa sortie le six mars dernier. En effet, c’était l’occasion de voir Lewis Trondheim scénariser une histoire dans un monde dénué de fantastique et qui n’utilisait graphiquement aucun mécanisme anthropomorphe. D’ailleurs, il confie les dessins à Stéphane Oiry que je découvre à l’occasion de cet album. « Maggy Garrisson » semble vouée à devenir une série. En effet, cet ouvrage intitulé « Fais un sourire, Maggy » est numérotée. Il s’agit donc du tome initial des aventures d’une nouvelle héroïne. Le bouquin de format classique est édité chez Dupuis dans la collection Grand Public. La couverture nous fait découvrir Maggy sous un parapluie en train de s’allumer une cigarette dans une rue pluvieuse londonienne.

La quatrième de couverture nous présente la porte d’entrée suivante : « C’est son premier job depuis deux ans… Il faudrait qu’elle fasse un effort. Sauf que son patron a l’air d’un parfait incapable. Et qu’il n’y a pas mal de fric à gratter en parallèle. » Le ton posé. Il n’y avait plus qu’à espérer que la réalité soit à la hauteur des attentes suscitées.

Bien que m’étant offert ce bouquin peu de temps après son apparition dans les rayons de librairie, j’ai attendu quelques semaines avant de m’y plonger. J’ai donc eu l’occasion de lire sur le net ou dans la presse spécialisée bon nombre de critiques et d’avis à propos de cette nouvelle héroïne. Elles étaient dans leur grande majorité élogieuses et enthousiastes. Elles tressaient des louanges à ce personnage féminin à la personnalité marquée et au caractère fort. Elles louaient les auteurs d’avoir immergé leur intrigue dans la capitale britannique.

Découvrir le Londres contemporain

Je dois avouer que ce dernier aspect m’attirait. En effet, j’ai rarement eu l’occasion de découvrir le Londres contemporain dans un album de bandes dessinées. Bien souvent, les relations entre le neuvième art et « Smoke » se déroulent à la fin du dix-neuvième siècle, époque ayant vu naître Jack l’éventreur ou Sherlock Holmes. Les calèches dans les rues sombres bravant le brouillard légendaire permettait de générer des atmosphères envoutantes. Néanmoins, la richesse naît de la diversité et j’étais curieux de savoir comment les auteurs allaient exploiter les lieux et l’ambiance de la ville anglaise. Certaines scènes extérieures n’ont aucun à nous persuader que nous sommes outre-Manche. De plus, la météo grise ou les pubs locaux participent à cette immersion. Malgré tout, les événements, les personnages et le fait que les échanges soient en français ont tendance parfois à nous faire penser que les personnages pourraient se trouver dans n’importe quelle autre grande ville européenne. Peut-être qu’en intégrant quelques expressions anglaises dans les dialogues à la manière de « Blake et Mortimer » cela aurait facilité la crédibilité géographique de l’ensemble.

maggygarrison1aMaggy nous est jusqu’alors inconnue. Les auteurs doivent donc nous la présenter. La première impression est toujours importante. Les premiers mots sont en voix off. Ils permettent de se faire une idée de cette femme. Elle donne le sentiment de ne pas aimer être embêtée. En peu de termes, Trondheim nous offre l’identité de son héroïne. Les pages suivantes confirment notre perception. Elle apparaît débrouillarde. Son sens de l’éthique atteint rapidement ses limites quand quelques menus billets sont disponibles. Mais on ne lui en veut pas. Son côté futé semble l’emporter sur son côté magouilleur.

La neuvième planche marque le vrai début de l’intrigue. Les présentations sont faites. Il s’agit de rentrer dans le vif du sujet. La trame pose des jalons intéressants et sollicitent activement notre curiosité. Les zones d’ombre sont nombreuses et on ne demande qu’à suivre les pérégrinations de Maggy pour dénouer la pelote emberlificotée autour de son peu charismatique patron. Hélas, l’intensité narrative a tendance à diminuer au fur et à mesure que les pages défilent. Il se passe davantage de choses dans le premier tiers de l’album que dans les deux autres réunis. L’histoire donne lieu à des moments sympathiques et bien écrits mais le fil conducteur est faiblard et n’a pas arrivé à réellement m’intéresser. Au final, je me suis détourné de l’enquête menée par l’héroïne. Son dénouement m’a laissé quasiment insensible.

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Ce sentiment est regrettable car Maggy possède un vrai potentiel scénaristique. De plus, les auteurs font exister des personnages secondaires intéressants qui auraient pu donner une autre ampleur à l’ensemble s’ils avaient été mieux ou plus exploités. Je me demande même si la lecture n’aurait pas été plus agréable si le fil conducteur des recherches de la jeune femme avait été plus en retrait. Cela aurait laissé davantage de place aux différents échanges de Maggy avec ses rencontres. En effet, ces moments sont les meilleurs de l’album. Ce premier tome a donc ses qualités et ses défauts. Les premières m’inciteront à jeter un coup d’œil sur le prochain opus lors de sa future sortie. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 11/20

Pascal Brutal, T4 : Le roi des hommes – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T4 : Le roi des hommes
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Septembre 2014


Si Riad Sattouf fait beaucoup parler de lui ces dernières semaines avec son livre « L’arabe du futur », c’est bien la sortie du quatrième tome de « Pascal Brutal » qui me mettait dans tous mes états. Récompensée à Angoulême pour son troisième tome, cette série est un must-have d’humour. Ce nouvel opus, intitulé « Le roi des hommes », nous permet de découvrir un peu plus la vie de Pascal, l’homme le plus viril du monde. Le tout est publié chez Fluide Glacial.

Le monde de Pascal Brutal est assez original… Après l’accession d’Alain Madelin au pouvoir, la France décline et sombre dans un chaos intellectuel et social. Riad Sattouf crée une vision de notre future très pessimiste et pourtant si proche de notre société actuelle. C’est la complète décadence : violence, sexe et QI négatif s’y côtoient en permanence. Et au milieu de tout cela, Pascal Brutal…

Ce bon vieux Pascal, c’est la virilité à l’état pur : des gros muscles, une grosses motos et des femmes qui le veulent tout de suite et maintenant. Mais surtout, c’est une homosexualité refoulée qui ressort régulièrement…

La voix off, point fort de la série

Ainsi, tour à tour, Pascal va essayer de pécho dans la ville des gays, être star du rap, joueur de foot, etc. Riad Sattouf s’amuse à intégrer l’Homme dans toutes les situations possibles, mais toujours dans sa France façon Madelin. C’est d’ailleurs la description de cet univers ultralibérale, par la voix off, qui fait tout le sel de cette bande-dessinée. Au-delà des situations, Riad Sattouf s’amuse à décrire un monde improbable. Cerise sur le gâteau : un certain Riad Sattouf a permis au monde arabe de devenir la société la plus avancée et la plus progressiste (dans le tome 3). Nous retrouvons ainsi un stade Riad Sattouf construit à base de sacs plastiques recyclés…

Si on sourit souvent devant la vie de Pascal, on rit aussi. Cette série possède une telle identité et une telle densité que l’on a du mal à rester indifférent. Le lien avec « La vie secrète des jeunes » est évident. Riad Sattouf sait observer ses contemporains et projettent le tout dans l’avenir. Et ce n’est pas rose…

 Le dessin, simple en apparence, est parfaitement adapté. Les expressions du visage de Pascal sont complexes et participent à notre hilarité. Bref, du lourd.

Avec son quatrième opus, « Pascal Brutal » ne faiblit pas. L’univers et le personnage créés par Riad Sattouf possèdent une véritable originalité et l’auteur sait les utiliser sans se répéter. Une des grandes bande-dessinées d’humour de ces dernières années, dans la plus pure tradition Fluide Glacial !

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17/20

L’invention du vide – Nicolas Debon

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Titre : L’invention du vide
Scénariste : Nicolas Debon
Dessinateur : Nicolas Debon
Parution : Juin 2012


Étant soumis au vertige, l’escalade est quelque chose qui m’est interdite par la force des choses. Histoire de pouvoir profiter des sensations au mieux malgré mon handicap, je me suis procuré« L’invention du vide » de Nicolas Debon. Paru chez Dargaud, dans la collection Long Courrier, ce one-shot de belle taille narre l’ascension d’un pic du massif du Mont Blanc par Mummery, Burgener et Venetz. Continuer la lecture de « L’invention du vide – Nicolas Debon »

Bone, T4 : La nuit des rats-garous – Jeff Smith

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Titre : Bone, T4 : La nuit des rats-garous
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Mars 1997


« Bone » est le seul comics à trôner dans ma bibliothèque, même si un tome de « Sin City » s’est discrètement glissé entre deux bande-dessinées franco-belge. Découverte par hasard dans la médiathèque du quartier, ce mélange d’aventure et d’humour m’a pleinement séduit. Après trois premiers tomes exceptionnels, le propos se corse. « La nuit des rats-garous » annoncent de sombres évènements, comme l’indique parfaitement la couverture. Le tout est toujours édité chez Delcourt pour 88 pages. C’est l’un des tomes les plus légers en termes de pagination.

Clairement, on sent un petit problème de découpage dans cette édition. On reprend l’histoire en pleine forêt, sous le déluge… Qu’importe, le plaisir reste le même. Mamie Ben fuit et est rattrapée par Thorn et Fone Bone. Qu’a-t-elle donc à cacher ? Cernés par les rats-garous qui écument la forêt, le trio tente de survivre.

Le tome des révélations

Ce tome est LE tome des révélations. Après un début plutôt léger, le propos se durcit. On apprend enfin qu’est-ce que la vallée, les forces en présence, son passé, etc. Le récit prend une autre tournure. Mais la deuxième partie du tome est elle pleinement humoristique. Lucius et Phoney se lancent dans le concours à la taverne. Chacun son côté et les gens consomment où ils le veulent. Même si la compétition semble là pour montrer le caractère de Phoney, cela aura évidemment bien plus d’importance…

Jeff Smith continue ici son mélange savoureux. De l’humour, du romantisme, de l’aventure, de l’héroïc fantasy… Le travail sur les ambiances est remarquable notamment pour cette fameuse « Nuit des rats-garous ». Son découpage donne une vraie puissance à l’ouvrage. Inspiré de l’animation, de nombreuses cases se suivent avec le même cadrage, changeant juste un petit détail de l’une à l’autre. Ce travail proche du dessin-animé par moment donne une fluidité à la lecture et permet de jouer aussi bien sur la peur que sur le rire !

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Au niveau du dessin, Jeff Smith produit des noirs et blancs particulièrement beaux dans ce tome nocturne. La représentation de la foudre, de la pluie est formidable ! Je suis conquis depuis bien longtemps par le trait rond et expressif de l’auteur. Sa capacité à mélanger cartoon et dessin réaliste est un modèle du genre !

« La nuit des rats-garous » est un tome charnière dans la série « Bone ». Il pose (en partie) les enjeux, ce qui n’était pas vraiment le cas auparavant. On passe de quêtes immédiates à une quête plus générale, ce qui change fortement la donne pour les personnages.

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Note : 19/20

Bone, T3 : Rêves et cauchemars – Jeff Smith

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Titre : Bone, T3 : Rêves et cauchemars
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Septembre 1996


« Bone » a été l’une de mes plus grandes surprises de lecture. Ce comics mélangent autant les codes graphiques que les genres dans une fusion de très grande qualité. On y retrouve des bones, personnages de cartoon exilés de Boneville, qui arrivent dans une vallée teintée d’héroïc-fantasy. Le début de l’histoire est très légère, pleine d’humour, bien que déjà les rats-garous sèment le trouble. Le tout est publié chez Delcourt. Je prends ici pour référence la première version publiée en noir et blanc.

Smiley et Phoney, suite aux paris truqués, sont obligés de travailler pour Mamie Ben, puis pour Lucius. Les voilà donc à la ferme pour reconstruire le tout après l’attaque des rats-garous. Si Smiley est toujours de bonne humeur, Phoney cherche à tout prix un moyen de repartir à Boneville couvert d’or. Problème : Fone Bone est amoureux de la belle Thorn et sa motivation de retour d’exil est toute relative…

L’ambiance est encore à la “bone” humeur

Dans ce troisième tome, l’ambiance est encore à la bonne humeur. Les trois bones sont ensemble et les situations cocasses sont légions. Mais les rêves s’invitent aussi bien chez Thorn que chez Fone Bone. Les enjeux réels restent ici encore flous mais le mystère s’épaissit et titille notre curiosité. Ce tome reste l’un des plus courts parus, l’histoire avance donc peu. A la fin de l’ouvrage, les bones sont une nouvelle fois séparés, laissant présager de nouvelles péripéties.

Clairement, le début de cette épopée est la partie que je préfère. Mêlant humour, suspense et aventure, c’est un cocktail détonnant ! C’est toujours le cas ici où, après des passages très drôles, une scène vient nous rappeler que l’heure est à l’inquiétude… Ce sont les derniers moments d’insouciance avant que les problèmes n’arrivent…

Concernant le dessin, ce tome est particulièrement beau. En effet, une bonne partie de l’histoire se passe en pleine averse et en pleine nuit, donnant lieu à des planches en noir et blanc de toute beauté. Jeff Smith est ici au sommet. Son trait au pinceau est une merveille. L’environnement est pourtant très simple (la forêt et la ferme…), mais parfaitement rendu. Et surtout, l’auteur parvient à mixer dessin cartoon et réaliste avec une aisance stupéfiante. Du grand art.

Jeff Smith a pris son rythme de croisière avec ce « Rêves et cauchemars ». Les enjeux ne sont pas encore très clairs pour le lecteur, mais la tension monte lentement…

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Note : 19/20

Ralph Azham, T6 : L’ennemi de mon ennemi – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T6 : L’ennemi de mon ennemi
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Février 2014


Lors de sa naissance, « Ralph Azham » s’est vu reproché d’être un sous-« Donjon ». En effet, le fait que Lewis Trondheim crée une série humoristique inscrite dans un univers de fantasy incitait naturellement à faire un parallèle avec la saga tentaculaire « Donjon ». Cette dernière possède une place particulière dans le neuvième art des deux dernières décennies. Ces afficionados dont je fais partie lui vouent une affection certaine. Les premières aventures de ce nouvel héros prénommé Ralph donnaient l’impression d’utiliser les mêmes ficelles que celles de ces prédécesseurs Herbert et Marvin sans atteindre leurs auras. Néanmoins, au fur et à mesure que les années passent, les tomes paraissent et permettent à cette nouvelle série de voir sa propre identité prendre de l’épaisseur. La raréfaction des parutions d’épisodes de « Donjon » facilite la chose. « Ralph Azham » se compose maintenant de six tomes dont le dernier est paru le six février dernier chez Dupuis. Vendu au prix de douze euros, il nous offre une couverture nous immergeant au beau milieu d’une bataille de grande ampleur dans laquelle notre héros n’a pas l’air au mieux. Il ne restait plus qu’à s’y plonger pour en savoir davantage…

Le site BDGest’ propose le résumé suivant des enjeux de cet opus : « Les oracles, ça ne raconte pas de bobards : conformément à leurs prédictions, Ralph a bel et bien décapité le terrible Vom Syrus. Ou plutôt son sosie empaillé, utilisé par le roi pour entretenir la légende… Privé de l’alliance qu’il voulait nouer avec cet homme de paille et de retour sur les terres d’Astolia, Ralph va devoir trouver son père, une nouvelle stratégie, et un pantalon agréable ! Car l’aventure ne s’arrête pas pour la petite bande qui va découvrir que les ennemis de nos ennemis ne sont souvent que d’autres… ennemis ! »

Jouer avec humour des codes de la fantasy

Je déconseille à tout lecteur de découvrir cet album sans avoir lu les cinq précédents de la série. Les tomes s’enchainent comme les chapitres d’un roman. Nous sommes bien loin de notre rencontre avec le héros quand il était un paria dans son propre village, perdu au milieu de nulle part. Depuis, il a fait bien des rencontres et a vu sa célébrité grandir au gré des événements. « Ralph Azham » s’adresse à un public large. L’auteur joue avec humour des codes de la fantasy.

Le cinquième tome s’est conclu par une vraie révélation imprévue. Elle remettait en cause beaucoup des enjeux et des repères jusqu’alors mis en place. Le grand méchant Von Syrus n’existait pas. Le roi semblait avoir créé un méchant de toute pièce. C’est donc pour cela que nous assistons au retour de notre petit groupe vers leur légendaire ennemi pour obtenir des explications. Sur ce plan-là, le lecteur s’interroge tout autant. Notre curiosité est mécaniquement attisée tant cette découverte scénaristique. La trame du tome se décompose grossièrement en deux parties. La première décrit le retour à Astolia, la seconde s’avèrera être une grande bataille avec Ralph dans le rôle principal.

ralphazham6bCette intrigue ne s’avère pas très intense. Le trajet vers la capitale n’est qu’une succession de rencontres et d’événements sans grand intérêt. Certes, ils sont autant d’occasion pour l’auteur de distiller une ou deux vannes bien senties. Je ne vous dis que je n’ai pas souri quelques fois au cours des pérégrinations de Ralph et ses amis. Néanmoins, l’ensemble manque de rythme et a un côté presque « encroûté ». Trondheim a beau donné une place intéressante au père du héros et son projet de résistance, il n’arrive réellement à générer une montée en puissance vers le combat final. C’est dommage.

Comme je l’évoque précédemment, à la manière de bon nombre de blockbuster, cet opus se termine sur une grande guerre. Je n’ai rien contre ce choix. Par contre, dans le sens où cette scène finale s’étale sur une vingtaine de pages, il est indispensable qu’elle soit originale, cadencée et spectaculaire. Je ne trouve pas que cela soit le cas dans « L’ennemi de mon ennemi ». Malgré tout l’affection que j’ai pour lui, je ne trouve pas que Trondheim arrive à structurer sa scène d’action finale. Les combats ne rebondissent pas, l’enchainement des différents duels ou assauts est brouillon. Bref, j’ai été assez déçu. Alors que cet album avait les ingrédients pour se conclure sur un feu d’artifice plein d’espoir pour la suite, il se conclue sur un sentiment mitigé. J’avais l’impression que les vingt dernières pages auraient pu être synthétisées en moins de dix, ce qui aurait permis de construire davantage le dénouement.

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Pour conclure, ce tome est loin d’être mon préféré de la série. Je trouve qu’il ne laisse pas beaucoup de place à l’humour tant dans les situations que dans les dialogues. Parallèlement, l’intrigue n’avance pas non plus à un rythme effréné. L’ensemble apparaît brouillon et dilué. L’attrait est préservé par l’empathie pour les personnages et par quelques moments très réussis, fruits du talent de son auteur. De plus, les dessins de Trondheim sont simples et sympathiques et rendent ainsi aisé et agréable la lecture. Le travail sur les couleurs de Brigitte Findakly n’est pas révolutionnaire mais participe à l’atmosphère graphique de l’ensemble. Je pense donc que « L’ennemi de mon ennemi » n’est pas l’épisode le plus marquant de la saga. Mais cette légère déception ne m’empêchera pas d’attendre la parution du prochain tome. Je reste toujours curieux de savoir vers où tout cela nous mène…

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Note : 11/20

Ralph Azham, T5 : Le pays des démons bleus – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T5 : Le pays des démons bleus
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Mai 2013


C’est peu de dire que Lewis Trondheim occupe une place à part dans mon panthéon de la bande-dessinée. Son œuvre riche et magistrale m’a fortement influencé et m’a donné envie de me mettre à la bande-dessinée en tant qu’auteur. Mais depuis quelques années, le fer de lance de la génération de L’Association a baissé le pied et publie beaucoup moins. Sa dernière série en date, « Ralph Azham », avait plus ou moins déçu tant sa parenté avec « Donjon » l’empêchait de prendre pleinement son envol. Mais avec le quatrième tome, cette série trouvait un souffle salvateur qui nous donnait de l’espoir pour la suite. « Le pays des démons bleus », le cinquième opus, allait-il confirmer le regain de forme de « Ralph Azham » ?

Ralph a quitté le royaume d’Astolia. Il recherche l’ennemi héréditaire, Vom Syrus, afin de renverser le roi d’Astolia. On retrouve donc la joyeuse bande sur un bateau, en partance pour le continent. Etant donné que l’on est au cinquième tome, on commence à se rapprocher de la fin et cela se sent. Ralph, que l’on a connu misérable, accepte son rôle et prend de l’ampleur. Sa relation avec Yassou (sûrement le personnage le plus réussi de cette bande-dessinée) évolue et mûri pour notre plus grand plaisir.

Une série qui se bonifie après plusieurs lectures.

Lewis Trondheim continue son exploration de l’héroïc fantasy plus ou moins détournée. Il faut bien avouer que l’homme possède une patte particulière, un sens du dialogue qui n’est qu’à lui. Cependant, à force de lire l’auteur, on est moins surpris. Difficile de dire si c’est l’habitude ou une baisse de régime de Trondheim. Heureusement, l’histoire tient la route et est prenante. Pas d’impression de dilution ici. Les bonnes idées sont légions et derrière l’humour, la dureté de l’univers est réelle. A la fermeture de l’ouvrage, on ressent l’envie de lire la suite, on sent que le tout avance et se rapproche d’un dénouement. Trondheim a su ménager quelques surprises à son lecteur. « Ralph Azham » est une série qui se bonifie après plusieurs lectures. Les détails et les subtilités ne se dévoilent pas toujours au premier abord.

Au niveau du dessin, Trondheim développe son trait animalier classique. Au fil des ans, son dessin s’est enrichi (notamment au niveau des décors. Le tout est fluide et dense, efficace. C’est un véritable plaisir. Au niveau des couleurs, j’ai été moins séduit. Le nouveau continent est plus coloré, plus vif. Et au final, je trouve l’ambiance un peu moins forte que dans les premiers tomes. Cela reste un détail, car les couleurs sont quand même un des points forts de cette série.

Ce cinquième tome de « Ralph Azham » tient ses promesses. De la fantasy avec de l’humour Trondheim, cela reste un plaisir. L’épilogue semble se profiler. En espérant qu’il ne tarde pas trop à arriver !

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Note : 14/20