
Titre : Maurice et Patapon, T6 : Mariage pour tous !
Scénariste : Charb
Dessinateur : Charb
Parution : Mai 2013
Je n’ai jamais lu Charlie Hebdo. Je ne suis pas hermétique à ce type de presse mais disons que l’occasion ne s’est jamais présentée de m’y plonger. Ce n’est donc pas par ce chemin que j’ai découvert Charb. En effet, ma rencontre avec cet auteur a eu lieu grâce un de mes anciens collègues qui m’a mis dans les mains le premier tome de Maurice et Patapon. Je suis tombé sous le charme de ses deux personnages uniques dans leur genre. Depuis, je guette la parution de chaque nouvel épisode dans les librairies. Le dernier en date s’intitule Mariage pour tous !. Edité chez Les Echappés Charlie Hebdo, il est apparu dans les rayons en mai dernier. Son prix avoisine quatorze euros. La couverture, sur fond vert, nous présente le chien et le chat en costume de mariés. Cette illustration est pleinement en accord avec le titre et l’actualité.
Notre premier contact visuel pourrait laisser croire que cet album surfe sur un sujet vendeur et dans l’air du temps. Ce n’est absolument pas le cas. De mémoire, quasiment aucun des strips n’évoque le mariage gay. Cet ouvrage se compose d’une soixantaine de pages. La majorité des planches est partagée en trois bandes de trois cases chacune. Elles sont toutes indépendantes les unes des autres. Certains gags se déroulent sur une seule page mais ils sont minoritaires. La structure de l’album incite à le feuilleter. Néanmoins, cela ne m’a pas empêché de le dévorer d’une seule traite.
Des réflexions sur la connerie humaine qui sont de vrais moments de bonheur.
On pourrait croire que Charb axe la majorité de son travail sur le dessin satirique et sur l’actualité. Ce n’est pas tout à fait le cas. L’auteur ne se concentre pas sur des événements précis pour développer son message. Ses histoires se rapprochent davantage de grande vérité sur la société et s’avèrent finalement assez intemporelles. Ces réflexions sur la connerie humaine sont de vrais moments de bonheur. Il énonce un grand nombre d’évidences avec un style brut de décoffrage qui déclenchent sans aucun mal de vrais rires francs. Il faut par contre vous prévenir que le style est loin d’être politiquement correct et pourrait choquer ou mettre mal à l’aise les lecteurs les plus sensibles.
Charb est incontestablement un des meilleurs dans le domaine de l’humour scatologique. Il n’y a quasiment pas un seul gag qui ne voit pas apparaitre les défections du chien. Ce dernier évoque ses « productions » comme une personne. Les phrases fusent et raviront les adeptes du genre. J’ai vraiment ri de bon cœur tout au long de ma lecture. Quand les « merdes » ne sont pas de sortie, le sexe fait une entrée remarquée. Le gras trouve une place de choix dans cet ouvrage ! La sodomie, la zoophilie, la fellation… Rien n’est oublié ! Je suis assez impressionné par la capacité de Charb à générer autant de strips avec finalement aussi peu d’ingrédients de départ. C’est un vrai talent. Il arrive à produire plus de cent cinquante gags de grande qualité. La densité humoristique de l’ensemble est bonne. Il n’y a vraiment pas grand-chose à jeter.
Le dessin est facilement reconnaissable. Quiconque a déjà eu l’occasion de voir une illustration de Charb n’aura aucun mal à identifier son trait. D’apparence assez simple, il s’accorde parfaitement avec le propos de l’album. Quand le contenu est aussi gras et scatologique, il est important que le graphisme n’atténue pas le ton. Les expressions de Maurice et Patapon accentuent encore le côté incorrect de l’album. Les couleurs sont minimalistes. La majorité des strips ne voit aapparaîtreque l’orange de Maurice et le jaune de Patapon. Certaines cases voient aapparaîtrele vert de l’herbe, une burqa bleue ou du sang rouge. Mais tout cela reste anecdotique.
Au final, Mariage pour tous ! a répondu à mes attentes. J’ai beaucoup ri et ai aimé être choqué ou outré par certains propos de Charb. Je ne suis pas d’accord avec tous ses excès mais cela ne m’empêche de prendre beaucoup de plaisir à le lire déblatérer ses quatre vérités. Je ne peux donc que conseiller à tout le monde de partir à la découverte de Maurice et Patapon. Vous serez peut-être conquis mais pourquoi ne pas courir le risque de trouver cela drôle ?
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Note : 14/20

Les adeptes de science-fiction devraient trouver leur compte de cette aventure. Le futur apocalyptique créé par les auteurs est à la fois réaliste et original. Les premiers tomes ont fait naître une atmosphère dense qui envahit le lecteur sans mal. Sans tomber dans de longs monologues, le scénario pose des jalons clairs et précis de la situation. Cette efficacité narrative se retrouve dans ce dernier épisode. Aucune phase de mise en route et d’observation n’est nécessaire pour démarrer l’intrigue. Dès les premières pages, les événements s’emballent et tout ce beau monde entre dans le vif du sujet. Les neuf mois qui séparent du dénouement du deuxième tome sont avalés sans mal.



Pierre Tombal est fossoyeur. Nous partageons son quotidien tout au long des quarante-cinq planches qui se découpent en gags allant chacun de une à trois pages. Les auteurs nous font visiter un cimetière tout au long de la lecture. Les rencontres sont nécessairement originales et cocasses. Je trouve l’idée inédite et habilement exploitée depuis tant d’années. J’étais confiant quant au bonheur que m’inspirerait ce nouveau tome.
Cette diversité d’angles d’attaque permet de varier la structure des gags. A ce niveau-là, ce trentième opus est une réussite. Depuis toujours, Pierre Tombal conte aux visiteurs de son cimetière des causes ou des circonstances de décès abracadabrantesques. L’imagination de Cauvin dans le domaine n’est pas éculée. Il offre des anecdotes très drôles mettant en jeu un accident d’avion ou une manœuvre de Heimlich par exemple. Mais la vie dans ce lieu de repos éternel ne se résume à cela. La dimension professionnelle du fossoyeur est utilisée pour nous faire rire. Le vidage de l’ossuaire devient un moment très plaisant pour le lecteur.

Tout commence par une émission, la bien nommée « comme tout le monde ». Sur le principe de « La famille en or », les participants doivent trouver la réponse la plus souvent citée par un panel de sondés. Or, le grand champion Jalil ne se trompe jamais. Au point qu’il définit la plus pur français moyen. Une aubaine pour les marques qui peuvent l’utiliser comme panel à moindre coût. Mais à son insu…
C’est peut-être au niveau des personnages que l’ensemble pêche un peu. Jalil, trop moyen, manque vraiment de charisme. C’est son personnage, certes, mais on n’a finalement que très peu de sympathie pour lui, au contraire de sa jeune compagne, à laquelle on s’attache. Mais le tout manque cruellement d’analyse. Claire accepte de se mettre en couple pour de l’argent, sans que la notion de prostitution ne soit relevée. C’est bien un livre de chez Dupuis qui reste bien gentillet. On aurait pu imaginer une critique mordante, ce ne sera pas le cas. Dommage, car le sujet est plutôt intéressant et la narration bien menée.
L’histoire se déroule au dix-huitième siècle. Il s’agissait d’un des attraits de la série car j’ai rarement lu des aventures se déroulant à cette époque-là. L’originalité est d’autant plus forte que rare est l’insertion du fantastique dans cet univers. Cet apport est savamment dosé et offre une intrigue bien construite. Il me parait assez intéressant d’avoir lu au moins « Le chant des stryges » pour maîtriser les tenants et les aboutissants de la trame. Quelques prérequis m’apparaissent nécessaires pour maîtriser les sous-entendus entre certains des personnages principaux.
pour une raison simple. D’Holbach est un personnage obscur dans « Le chant des stryges ». Il existe parce qu’il est évoqué mais on ne le voit jamais. On a été frustré de ne jamais le croiser pendant des pages et des pages. Le fait de le côtoyer aussi aisément dans « Le Siècle des ombres » fait qu’on est vraiment curieux de tout ce qu’il peut nous apprendre. La richesse du personnage prend une réelle ampleur dans ce troisième ouvrage. On le découvre en bienfaiteur des sciences vivant pour un idéal humaniste. On partage bon nombre de ses pensées et de ses réflexions. On est curieux de se sentir de son côté après l’avoir considéré comme un méchant depuis des années. Ce revirement est original et subtilement dosé.
L’intérêt d’un premier tome est de chercher à nous faire pénétrer un nouvel univers. C’est un sentiment agréable de découvrir de nouveaux personnages, de nouveaux mondes, de nouvelles questions… On est toujours plein d’espoirs en découvrant de nouvelles pages. Est-on tombé sur une nouvelle pépite ? Attendra-t-on avec impatience la suite ? Comme je vous l’ai expliqué précédemment, cette série possédait à mes yeux un a priori très favorable. Néanmoins, cet état de fait était à double tranchant. La déception pouvait n’en être que plus grande. Ce n’est pas le cas. J’ai pris énormément de plaisir à découvrir cette nouvelle histoire. Le fait qu’il se trouve à l’intersection chronologique de tout ce qui était paru avant fait qu’on essaie inconsciemment de faire le lien avec ce qu’on sait déjà. On a même un sentiment assez original. On a l’impression d’en connaître bien plus que les personnages dans le sens où un pan de leur avenir lointain nous a déjà été conté. C’est assez anachronique comme aspect mais pas inintéressant.
De manière volontaire, je ne cherche pas à vous dévoiler de manière trop précise la trame. En effet, la grande partie du plaisir de la lecture réside dans l’excitation de découvrir la page suivante. Néanmoins, sachez que les jalons d’une histoire passionnante sont posés. De nombreuses questions sont posées, peu de réponses sont données. Bref, l’attente du deuxième opus est intense quand vous refermez l’album. Le problème que vous pourriez appréhender et le lien de cette série avec les autres précédemment citées. Il est évident que le fait de maitriser l’univers des Stryges vous offre une double lecture sur certaines scènes ou certaines révélations. Malgré cela, je pense que « La pierre » peut être lu de manière indépendante sans vous empêcher pour autant de maitriser sa trame.

Le site BD Gest’ présente l’album avec les mots suivants : « Une adaptation fougueuse d’un monument de la littérature américaine, rythmée au gré des vents et des passions humaines ! Herman Melville, qui fut marin, s’inspira de faits réels pour donner naissance à Moby Dick – un chef d’œuvre de la littérature américaine, un livre culte qui inscrivit un nouveau mythe dans la mémoire des hommes : celui de la baleine blanche. Il y raconte – sous la forme d’une parabole chargée de thèmes universels – la quête furieuse, mystique, désespérée du capitaine Achab et son dernier affrontement avec Moby Dick. »
L’intrigue fait exister une jolie galerie de personnages intéressants. Il y a évidemment Ishmaël. Le capitaine Achab fait peur tant il est possédé par sa haine pour la bête. Sa folie est bien rendue par les auteurs. Plus en retrait, l’indien Queequeg est charismatique et le second du bateau, Starbuck, apporte un écot intéressant. Le bémol de cette quantité de protagonistes est qu’il faut trouver de la place pour tout le monde. En passant de l’un à l’autre, les auteurs génèrent de la frustration. Chacun aurait mérité d’être central et finalement aucun ne l’est totalement. Peut-être qu’en répartissant le temps consacré à chacun de manière moins égalitaire, cela aurait intensifié certaines scènes et aurait clarifié le statut dans l’histoire des uns et des autres. Néanmoins, le travail graphique de Pierre Alary offre à chacun une identité graphique forte. Sur ce plan, chaque apparition d’Achab ne laisse pas indifférent.

