Billy Brouillard, T2 : Le petit garçon qui ne croyait plus au PĂšre NoĂ«l – Guillaume Bianco

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Titre : Billy Brouillard, T2 : Le petit garçon qui ne croyait plus au PÚre Noël
Scénariste : Guillaume Bianco
Dessinateur : Guillaume Bianco
Parution : Novembre 2010


Avec « Le don de trouble vue », Guillaume Bianco avait frappĂ© fort. Son personnage Billy Brouillard, qui avait la capacitĂ© de voir au-delĂ  des choses, vivant dans un univers Ă  la fois sombre et enfantin parfaitement maĂźtrisĂ©. Le mĂ©lange des genres (livre illustrĂ©, encyclopĂ©die, bande-dessinĂ©e) pouvait certes dĂ©route, mais cela faisait la force de l’ouvrage. Ce tome 2 reprendre la mĂȘme formule dans la mĂȘme collection MĂ©tamorphoses des Ă©ditions Soleil. Le tout pĂšse une centaine pages.

Si la lecture de « Billy Brouillard » ne nĂ©cessite pas forcĂ©ment la lecture des tomes prĂ©cĂ©dents pour apprĂ©cier le tout, une lecture prĂ©alable du tome 1 est recommandĂ©e. En effet, on retrouve Billy qui demande au PĂšre NoĂ«l de ressusciter son chat, mort dans le prĂ©cĂ©dent opus. HĂ©las, son chat ne revenant pas parmi les vivants, Billy va cherche d’autres moyens de parvenir Ă  ses fins.

Mort et forces obscures

MalgrĂ© la couverture et le titre, NoĂ«l n’est pas rĂ©ellement le thĂšme central de l’ouvrage. Ici, on parle avant tout de la mort et des forces obscures. Le croque-mitaine, notamment, y tient une place non-nĂ©gligeable ! Ainsi, malgrĂ© son classement parfois en bande-dessinĂ©e jeunesse, « Billy Brouillard » me semble une sĂ©rie fondamentalement orientĂ©e vers les adultes. Ces derniers apprĂ©cieront plus facilement l’univers noir et blanc, ainsi que les thĂšmes sombres traitĂ©s. De mĂȘme, tel Bill Watterson avec certaines scĂšnes de « Calvin & Hobbes », Guillaume Bianco sait parfaitement capter l’essence de l’imaginaire des enfants. Et naviguant toujours entre rĂ©alitĂ© et monde fantasmĂ©, il sĂšme le doute dans l’esprit du lecteur.

Ainsi, Ă  cĂŽtĂ© des pages de bande-dessinĂ©e plus ou moins classiques (on a autant des planches avec des dessins et les textes au-dessous que des planches plus communes avec phylactĂšres), l’auteur intercale des extraits encyclopĂ©diques qui enrichissent l’univers. Toujours en rapport direct avec ce que l’on vient de lire, cela donne une originalitĂ© certaine Ă  ce qui est, au final, un trĂšs beau livre (en tant qu’objet Ă©galement). Et malgrĂ© l’exigence de lecture, le tout se dĂ©vore sans peine.

Le graphisme de l’auteur m’a conquis depuis longtemps. Son noir et blanc est maĂźtrisĂ©, avec un petit cĂŽtĂ© gravure parfaitement adaptĂ© Ă  ce qui ressemble parfois Ă  un livre illustrĂ©, trĂšs en vogues au XIXĂšmesiĂšcle. Le dessin est plein d’invention et d’imagination.

AprĂšs un premier tome trĂšs rĂ©ussi, Guillaume Bianco transforme l’essai ici avec un livre plein de personnalitĂ©. La suite (sur les sirĂšnes) est mĂȘme annoncĂ©e en fin de tome ! L’auteur a crĂ©e une belle Ɠuvre cohĂ©rente Ă  dĂ©couvrir d’urgence !

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Billy Brouillard, T1 : Le don de trouble-vue – Guillaume Bianco

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Titre : Billy Brouillard, T1 : Le don de trouble-vue
Scénariste : Guillaume Bianco
Dessinateur : Guillaume Bianco
Parution : Novembre 2008


Lorsque j’ai prĂ©sentĂ© mes travaux de dessinateur Ă  des professionnels, on m’a citĂ© Ă  deux reprises la sĂ©rie « Billy Brouillard » dessinĂ©e par Guillaume Bianco, comme rĂ©fĂ©rence en termes de dessin en noir et blanc et en hachures. Cela m’a suffisamment intriguĂ© pour que je m’intĂ©resse Ă  cet auteur que je ne connaissais absolument pas. La sĂ©rie « Billy Brouillard » est publiĂ©e aux Editions Soleil, dans la collection « MĂ©tamorphose ». Cette collection propose de trĂšs beaux livres qui explorent le cĂŽtĂ© sombre de l’enfance.

Billy Brouillard, comme le nom du premier tome l’indique, est dotĂ© du don de trouble vue. Ainsi, sans ses lunettes, il voit ce que les autres ne voient pas. Un ballon et quelques branches et voilĂ  que le petit garçon transforme cela en squelette. Mais au-delĂ  du flou, Billy parvient Ă  voir les crĂ©atures fantastiques : monstres, fantĂŽmes et tout ce qui traĂźne dans une forĂȘt lugubre.

La particularitĂ© de cet ouvrage est d’explorer la bande-dessinĂ©e dans plusieurs directions. Si certains passages sont sous forme de BDs « classiques », le livre est parsemĂ© de plein d’autres choses. On y trouvera notamment des bestiaires, des manuels de nĂ©cromancie, des faux journaux, des textes illustrĂ©s
 Il est Ă©vident que ce genre de narration perturbera nombre de lecteurs, mais cela fait partie intĂ©grante du charme de l’ouvrage. Au-delĂ  d’une histoire, c’est un vĂ©ritable univers que crĂ©e Guillaume Bianco autour d’un petit garçon obsĂ©dĂ© par le fantastique. Car l’ambiguĂŻtĂ© est toujours prĂ©sente : Billy imagine-t-il tout cela ou est-ce que c’est vrai ? C’est une ode Ă  l’enfance, mĂȘme si elle est bien glauque. L’auteur tape juste tout en Ă©tant original. Le monde de « Billy Brouillard » est sombre et fantastique et pourtant, cela nous rappelle notre enfance
 Une vraie performance !

Une lecture exigeante.

L’univers créé pour l’occasion est magnifiĂ© par le graphisme somptueux de Guillaume Bianco. Le mĂ©lange entre un trait enfantin (pour les personnages notamment) et l’aspect trĂšs sombre du rendu en noir et blanc fonctionnent parfaitement. L’auteur est en pleine maĂźtrise de son art. Le tout est mis en valeur par la beautĂ© du livre et du papier. Parfois, la couleur s’invite, que ce soit dans le dessin ou dans le papier lui-mĂȘme.

L’impression Ă  la lecture de ce livre est d’une sorte de fouillis, un cahier d’écolier oĂč seraient griffonnĂ©es quantitĂ©s de choses sur les mystĂšres de la vie vus par un petit garçon. La mise en page est remarquable d’intelligence et le rythme bien menĂ©. Cependant, la lecture est exigeante et il est Ă©vident que certains lecteurs, dĂ©sarçonnĂ©s, auront du mal Ă  adhĂ©rer au concept.

Ce premier tome de « Billy Brouillard » ne peut pas laisser indiffĂ©rent. DotĂ© d’une personnalitĂ© affirmĂ©e, l’ouvrage dĂ©sempare autant qu’il fascine. Comme quoi, on peut sortir des schĂ©mas classiques et enthousiasmer. Une formidable dĂ©couverte qui montre, au grĂšs des pages, le talent incroyable de l’auteur pour nous faire rire, nous faire peur ou simplement nous emporter ailleurs.

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De pĂšre en FIV – William Roy

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Titre : De pĂšre en FIV
Scénariste : William Roy
Dessinateur : William Roy
Parution : Juin 2014


Le livre tĂ©moignage est une forme d’autobiographie de plus en plus utilisĂ©. Alors quand cela touche un sujet de sociĂ©tĂ©, difficile de ne pas ĂȘtre un tant soit peu intĂ©ressĂ©. William Roy se dĂ©couvre stĂ©rile et doit se lancer dans la difficile Ă©preuve de la fĂ©condation in vitro, ou FIV pour les intimes. Le tout est paru aux Ă©ditions de la BoĂźte Ă  Bulles, dans la collection Contre CƓur, pour un total de plus de 150 pages.

Lorsque l’on propose un tĂ©moignage sur un sujet difficile, il faut savoir se dĂ©couvrir. Ici, William Roy nous prĂ©sente sa stĂ©rilitĂ© (ou oligoasthĂ©notĂ©ratozoospermie), qui le touche dans sa virilitĂ©. De plus, ĂȘtre la personne de sa famille qui coupe la lignĂ©e le frappe durement. Mais pas de panique : de nos jours, la FIV existe et permet aux couples en difficultĂ© d’avoir un enfant quand bien mĂȘme.

Une autobiographique qui manque cruellement d’empathie.

DePereEnFIV2On dĂ©couvre donc toutes les Ă©tapes que l’on peut imaginer : comment William apprend la nouvelle, comment il la vit, comment il l’annonce Ă  ses proches, comment se passent les analyses, puis les FIV, etc. En cela, l’histoire manque un peu de surprise. Tout est trĂšs classique et on n’apprend finalement pas beaucoup de chose. Le tout se lit rapidement, entre passages intimes et passages didactiques. La narration hĂ©site d’ailleurs entre le documentaire et le rĂ©cit intimiste. À ne pas faire de choix, il perd en force.

Ce qui est le plus gĂȘnant est certainement le manque d’émotion qui se dĂ©gage de l’ensemble. Les moments difficiles existent, se veulent puissants, mais ça ne fonctionne pas vraiment (pour ceux qui ne l’ont pas vĂ©cu bien entendu. Pour les autres, cela doit ĂȘtre diffĂ©rent). Tout est trop convenu, cela manque de personnalitĂ© pour crĂ©er une empathie supplĂ©mentaire pour les personnages. Et quand au bout de 120 pages un mĂ©decin demande (enfin !) Ă  sa femme d’arrĂȘter de fumer pour enfanter, on croit rĂȘver. Le dĂ©tail est certainement « vrai », mais il a bien du ĂȘtre abordĂ© bien. Cela laisse le lecteur dubitatif.

Ce manque d’émotion vient certainement du dessin, un peu grossier. TrĂšs inĂ©gal, il manque d’expressivitĂ©. Il n’est pas Ă©vident de dessiner des gens qui passent leur temps devant des mĂ©decins, mais les personnages sont trop froids pour un sujet pareil. De mĂȘme, l’utilisation de la bichromie est trĂšs inĂ©gale. On est plus ou moins sur « une couleur = une scĂšne » mais parfois d’autres couleurs sont ajoutĂ©es sans que l’on comprenne pourquoi.

Le trait Ă©pais de William Roy serait moins gĂȘnant si l’auteur ne prenait pas le soin, par moments, de nous dessiner des dĂ©cors trĂšs prĂ©cis. Ces derniers tombent comme un cheveu sur la soupe, modifiant le graphisme gĂ©nĂ©ral d’une planche ou d’une case, sans que l’on comprenne pourquoi. Alors que les dĂ©cors sont habituellement suggĂ©rĂ©s ou Ă  peine esquissĂ© (ce qui est plutĂŽt adaptĂ©), certaines cases semblent avoir Ă©tĂ© dĂ©calquĂ©es. Un choix peu pertinent pour le coup.

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« De pĂšre en FIV » est un tĂ©moignage intĂ©ressant Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre vraiment touchant. Si ce livre ne parlait pas d’un sujet fort (qui plus est sous forme d’autobiographie), son inconstance tant narrative que graphique sauterait aux yeux. Alors on lit le livre d’une traite, s’intĂ©ressant Ă  la vie de ce couple en se demandant s’ils parviendront Ă  avoir un enfant. Mais c’est tout.

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AbĂ©lard, T2 : Une BrĂšve Histoire de PoussiĂšre et de Cendre – RĂ©gis HautiĂšre & Renaud Dillies

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Titre : Abélard, T2 : Une brÚve histoire de poussiÚre et de cendre
Scénariste : Régis HautiÚre
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Septembre 2011


« AbĂ©lard » est un diptyque scĂ©narisĂ© par RĂ©gis HautiĂšre et dessinĂ© par Renaud Dillies. Trois mois seulement aprĂšs la sortie du premier tome, voilĂ  que se clĂŽt dĂ©jĂ  l’ensemble avec « Une brĂšve histoire de poussiĂšre et de cendre ». Nous avions laissĂ© AbĂ©lard le petit volatil en partance pour l’AmĂ©rique avec l’ours taciturne Gaston. Nous les retrouvons donc sur le chemin de la ville et du port, espĂ©rant se faire embarquer au plus vite. En effet, AbĂ©lard a entendu dire qu’il y a des machines volantes en AmĂ©rique. Il pourra ainsi dĂ©crocher la Lune pour Epilie, la jeune fille dont il est Ă©pris.

Dans le premier tome, AbĂ©lard faisait un peu office de personnage totalement innocent. N’ayant jamais connu autre chose que le marais, il en sort dĂ©sormais et va aller de surprises en surprises. La mer, la ville et surtout les gens
 Le petit volatil est totalement Ă©tranger Ă  tout. C’est une Ăąme pleine d’innocence lĂąchĂ©e dans un monde brutal. A la fin du premier tome dĂ©jĂ  se dessinait cette Ă©volution, on y entre ici de plein pied. La poĂ©sie fait rapidement place Ă  une noirceur terrible et finalement assez inattendue. En effet, le premier tome Ă©tait plutĂŽt lĂ©ger dans son propos. Le revirement est assez violent.

Un second tome pour les désillusions.

AbĂ©lard n’est en effet pas fait pour vivre dans le monde de la ville. Il n’est pas Ă©merveillĂ© par cet univers nouveau, il s’y retrouve en dĂ©calage total. Comment donc peut-il y trouver sa place ? Seule son amitiĂ© avec Gaston (le rayon de soleil de cet album ?) donne un peu d’espoir en l’humanitĂ©. Car sans Gaston, nul doute qu’AbĂ©lard ne serait pas allĂ© beaucoup plus loin que les abords du marais. D’ailleurs, le personnage de Gaston est assez central ici. Au premier abord violent, intolĂ©rant voire misanthrope, son Ă©volution lui donne le vrai premier rĂŽle de deuxiĂšme volet. 

A la lecture de ce tome, l’intĂ©rĂȘt du diptyque paraĂźt Ă©vident. Alors que le premier tome traitait des illusions (sur l’extĂ©rieur, la ville, l’AmĂ©rique, Epilie
), le deuxiĂšme tome est celui des dĂ©sillusions (sur les mĂȘmes sujets). MalgrĂ© sa poĂ©sie, « AbĂ©lard » est une sĂ©rie au propos bien noir.

Le dessin de Dillies est une fois de plus de haute volĂ©e. L’osmose entre HautiĂšre et Dillies est vraiment une grande rĂ©ussite. L’univers entre innocence, poĂ©sie et noirceur et parfaitement rendu par le trait faussement naĂŻf de Dillies. Son trait Ă©pais et indistinct, trĂšs dynamique, dessine des animaux Ă  l’apparence enfantine. Cet album, plus noir, est colorisĂ© de façon plus sombre globalement et installe par moment un vrai sentiment de malaise.

Tout ce que j’ai dit auparavant ne peut rĂ©ellement rĂ©sumer ce que j’ai ressenti Ă  la lecture de cet album. J’en ai eu des frissons. Il m’a simplement transportĂ© et m’a isolĂ© du monde le temps d’aller de la premiĂšre Ă  la derniĂšre page. C’est simplement un voyage dont on ne peut pas revenir indemne. Un chef d’Ɠuvre ?

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AbĂ©lard, T1 : La Danse des Petits Papiers – RĂ©gis HautiĂšre & Renaud Dillies

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Titre : Abélard, T1 : La Danse des Petits Papiers
Scénariste : Régis HautiÚre
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Juin 2011


Renaud Dillies m’avait beaucoup marquĂ© de son trait avec « Betty Blues » et « Bulles et Nacelles » oĂč il dĂ©veloppait un univers plein de poĂ©sie. A la suite d’une rencontre lors d’un festival, j’ai pu dĂ©couvrir son nouvel ouvrage, « AbĂ©lard » (premier tome d’un diptyque) en avant-premiĂšre, oĂč il assure le dessin pendant que RĂ©gis HautiĂšre s’occupe du scĂ©nario. Ce n’est pas la premiĂšre collaboration des deux hommes, qui ont dĂ©jĂ  signĂ©s « Mister Plumb » ensemble.

L’histoire fait intervenir AbĂ©lard, un poussin qui vit dans les marais, entre jeu de cartes et parties de pĂȘche. Ayant toujours vĂ©cu Ă  cet endroit, il ne peut s’empĂȘcher de s’interroger sur l’ailleurs, si inconnu Ă  ses yeux. Une rencontre avec une femme, Epilie, va changer sa vie. Pour elle, il va dĂ©cider de voyager, jusqu’à vouloir partir en AmĂ©rique.

Un road trip sous forme d’initiation.

« AbĂ©lard », aprĂšs une introduction dans les marais, ressemble fort Ă  un road trip sous forme d’initiation. N’ayant vĂ©cu que dans les marais, AbĂ©lard a Ă©tĂ© protĂ©gĂ© du vaste monde et est particuliĂšrement naĂŻf. Cette naĂŻvetĂ© est Ă  la fois trĂšs touchante et drĂŽle. Sa mĂ©connaissance du monde et des gens est vraiment amusante. Ainsi, il se retrouve Ă  voyager avec des gitans sans mĂȘme savoir qu’ils sont trĂšs mal acceptĂ©s par la population. Lui prend les gens comme ils sont, sans trop se poser de questions.

Au-delĂ  de l’apparence parfois simple de l’histoire se dessine une trame qui paraĂźt plus complexe. Ainsi, tout le monde semble connaĂźtre Epilie, lui donnant une image de dangerositĂ© que l’on ne comprend pas. Nul doute que le deuxiĂšme tome explicitera tout ça, mais tout cela participe Ă  une ambiance des plus Ă©tranges. Autre particularitĂ© d’AbĂ©lard : son chapeau lui donne chaque jour un message sous forme de proverbe ou citation. Ces messages, venus dont ne sait oĂč vont avoir une vraie influence sur l’histoire. Une petite curiositĂ© qui donne de la poĂ©sie Ă  l’ensemble.

Car « AbĂ©lard » a une poĂ©sie certaine, Ă  l’image du hĂ©ros qui monte dans un arbre pour « dĂ©crocher la Lune » Ă  sa dulcinĂ©e. Le graphisme surannĂ© fait mouche. Le choix de la palette de couleur met parfaitement en valeur le trait de Dillies. Celui-ci est toujours aussi indistinct et naĂŻf Ă  la fois. Les diffĂ©rents personnages, tous des animaux, sont tous trĂšs rĂ©ussis graphiquement. AbĂ©lard, en poussin naĂźf, est simplement adorable.

Dillies abandonne ici le gaufrier de six cases qu’il affectionne pour un dĂ©coupage plus variĂ©. C’est une rĂ©ussite et le tout tĂ©moigne d’une grande maĂźtrise. Le dessinateur n’hĂ©site pas Ă  prendre une page pour une case (voire mĂȘme deux avec cette incroyable carte de voyage pleine d’humour).

J’ai Ă©tĂ© particuliĂšrement sĂ©duit par « AbĂ©lard » tout au long des 64 pages de ce premier tome. Il me tarde dĂ©jĂ  d’en lire la suite. Son personnage, si naĂŻf, est particuliĂšrement attachant. Le scĂ©nario d’HautiĂšre est taillĂ© pour le style de Dillies. Une petite perle, simplement, rĂ©servĂ©e aux grands enfants. 

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Ce n’est pas toi que j’attendais – Fabien ToulmĂ©

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Titre : Ce n’est pas toi que j’attendais
Scénariste : Fabien Toulmé
Dessinateur : Fabien Toulmé
Parution : Octobre 2014


Fabien ToulmĂ© vit au BrĂ©sil avec sa femme Patricia et sa fille Louise. Un deuxiĂšme enfant est en route. Le futur pĂšre craint pour la trisomie 21, sans trop savoir pourquoi. Il faut dire que leur retour en France en pleine grossesse a compliquĂ© le suivi de l’enfant. Et, en effet, sa fille Julia nait trisomique.

Difficile sujet que celui de la trisomie 21. Fabien ToulmĂ© nous propose un ouvrage autobiographique sur cette expĂ©rience. Plus que sur le regard des autres (qui est souvent l’angle choisi), son livre est basĂ© sur le ressenti du pĂšre qui dĂ©couvre un enfant qui n’est pas celui qu’il attendait (et voulait). Le tout pĂšse quand mĂȘme plus de 150 pages et est paru aux Ă©ditions Delcourt.

CeNEstPasToiQueJAttendais2L’autobiographie, de part son aspect « vrai », est toujours plus touchante. L’auteur ne cherche pas Ă  se glorifier, faisant preuve d’une sincĂ©ritĂ© louable. On voit le mal qu’il a Ă  aimer sa fille (ou mĂȘme simplement Ă  la considĂ©rer comme sa fille). ParallĂšlement Ă  cette relation pĂšre-fille, le parcours du combattant du nouveau parent d’enfant handicapĂ© est aussi dĂ©crit en dĂ©tail.

Comment accepter la naissance de sa fille trisomique ?

L’histoire s’arrĂȘte assez tĂŽt pour ne pas traiter les soucis de dĂ©veloppement de l’enfant. Elle se concentre avant tout sur la naissance et l’acceptation. Une fois que c’est fait, le livre s’arrĂȘte. Ainsi, si les notions de dĂ©pendance Ă  l’ñge adulte sont Ă©voquĂ©es, c’est pas les mĂ©decins.

Fabien ToulmĂ© trouve le ton juste pour traiter le sujet. AutocentrĂ©, faisant la part belle Ă  la narration en voix-off, son propos est riche et bien structurĂ©. L’émotion est bien Ă©videmment prĂ©sente, mais l’humour Ă©galement, apportant un peu de respiration au milieu d’un sujet difficile.

Le dessin de Fabien ToulmĂ© n’a rien de trĂšs original, mais il est adaptĂ© au propos par sa simplicitĂ©. La colorisation se concentre sur l’essentiel, une couleur correspondant Ă  un chapitre. Il y a quelques bonnes idĂ©es de composition, mais globalement la bande-dessinĂ©e se contente de relater des faits sans beaucoup d’action et beaucoup de dialogue. NĂ©anmoins, le tout fonctionne plutĂŽt bien.

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« Ce n’est pas toi que j’attendais » est un livre touchant. Outre un aspect documentaire sur ce qu’il faut faire lorsqu’un enfant naĂźt trisomique, on dĂ©couvre un pĂšre complĂštement perdu face Ă  la naissance de sa fille et son long chemin pour l’accepter telle quelle est. Un beau tĂ©moignage.

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note4

Alvin, T1 : L’hĂ©ritage d’AbĂ©lard – RĂ©gis HautiĂšre & Renaud Dillies

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Titre : Alvin, T1 : L’hĂ©ritage d’AbĂ©lard
Scénariste : Régis HautiÚre
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Juin 2015


« AbĂ©lard » est un diptyque des plus bouleversants qui avait su faire parler de lui. Le personnage d’AbĂ©lard, naĂŻf perdu dans la duretĂ© de la rĂ©alitĂ©, avait su Ă©mouvoir les lecteurs. Et les deux auteurs, RĂ©gis HautiĂšre au scĂ©nario et Renaud Dillies au dessin, s’Ă©taient trouvĂ©s, chacun semblant fait pour travailler avec l’autre. VoilĂ  que cette nouvelle sĂ©rie, « Alvin », reprend les choses lĂ  oĂč elles en Ă©taient restĂ©es. On retrouve donc le compagnon d’infortune d’AbĂ©lard, Gaston, dans sa tentative de survivre aux États-Unis. On est au dĂ©but du vingtiĂšme siĂšcle, la vie est rude.

Alvin1cIl serait dommage de commencer « Alvin » sans avoir lu prĂ©cĂ©demment « AbĂ©lard ». L’histoire est indĂ©pendante mais des rappels sont faits, souvent en sous-entendus qui plus est.

Alvin est un petit garçon, nĂ© d’une prostituĂ©e. Autant dire que son avenir n’est pas rose et que son prĂ©sent est dĂ©jĂ  compliquĂ©. Comme AbĂ©lard dans son temps, il apporte une touche de naĂŻvetĂ© (de par son Ăąge) dans l’histoire par ses questionnements, mĂȘme si la vie l’a dĂ©jĂ  sacrĂ©ment endurci.

L’amitiĂ© comme valeur de survie.

Les auteurs retrouvent sans peine le ton dont ils ont fait leurs histoires. On y rencontre de la grĂące, de la poĂ©sie, des drames, une vie qui vous broie mais que l’amitiĂ© permet de combattre. « Alvin » possĂšde un ton assez unique, typique des auteurs, qui touche profondĂ©ment le lecteur. En instaurant ce chapeau magique qui donne des dictons comme leçons de sagesse du jour, ils apportent un peu de magie dans leur univers. Quant aux silences et aux sous-entendus, ils donnent beaucoup de puissance aux Ă©motions.

Alvin1bLes personnages sont des plus vivants. Chacun a ses cicatrices et essaie d’apprivoiser les autres. Ils sont bougons, rĂąleurs, mais avant tout ils sont seuls et souffrent. L’empathie pour eux est totale et on traverse leurs existences en ne leur souhaitant que du bien. Pour cela, les auteurs ne nous aident pas !

Difficile de ne pas parler du dessin de Renaud Dillies, qui est l’un de mes prĂ©fĂ©rĂ©s, toutes catĂ©gories confondues ! Son dessin animalier, trĂšs enfantin dans l’esprit, est dotĂ© d’un encrage trĂšs personnel. C’est tout bonnement magnifique ! Ses personnages sont simples, mais plein de vie et d’expressivitĂ© ! Et que dire du dĂ©coupage… Une vraie maĂźtrise tant les pages muettes sont parlantes. Chaque case apporte ses informations et ses Ă©motions. Du grand art !

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RĂ©gis HautiĂšre et Renaud Dillies nous enchante une nouvelle fois avec une oeuvre commune. Parfaitement au diapason, ils crĂ©ent une nouvelle fois un livre oĂč leurs valeurs transparaissent. Un univers noir, fait d’exclus qui tentent de survivre en se serrant les coudes. Difficile de rester indiffĂ©rent Ă  ce Alvin. On n’attend plus qu’une chose : la suite.

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note5

Le grand mĂ©chant renard – Benjamin Renner

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Titre : Le grand méchant renard
Scénariste : Benjamin Renner
Dessinateur : Benjamin Renner
Parution : Janvier 2015


 

Sous le nom de Reineke, Benjamin Renner avait publiĂ© un ouvrage des plus sympathiques, « Un bĂ©bĂ© Ă  livrer ». Ce livre faisait intervenir les animaux de basse-cour dans une histoire rocambolesque pleine de rebondissements. À l’occasion de NoĂ«l, l’auteur avait proposĂ© sur son blog une nouvelle histoire oĂč, cette fois, les animaux essayaient de sauver les fĂȘtes de fin d’annĂ©e aprĂšs avoir exĂ©cutĂ© (pensaient-ils
) le PĂšre NoĂ«l
 « Le grand mĂ©chant renard », paru dans la collection Shampooing, reprend les personnages dĂ©jĂ  connus mais peut ĂȘtre lu indĂ©pendamment du reste. Comme son nom l’indique, le personnage principal est ici le renard. Le tout pĂšse quand mĂȘme plus de 180 pages.

Dans cette histoire, le renard ne fait peur Ă  personne, au grand dam de l’intĂ©ressĂ©. Il vient Ă  la ferme tous les jours, essayant de rĂ©cupĂ©rer une poule, mais se fait martyriser en permanence. Si bien que plus personne ne fait vraiment attention Ă  lui. Afin de manger enfin du poulet, il dĂ©cide de voler des Ɠufs. Car, aprĂšs tout, qu’y a-t-il de plus inoffensif qu’un poussin ? Bien Ă©videmment, rien ne va se passer comme prĂ©vu.

Un ouvrage destiné autant aux publics jeunesse et adulte.

LeGrandMechantRenard1Le style de Benjamin Renner se caractĂ©rise par une succession d’actions. Chaque dĂ©cision en amĂšne une autre, enfonçant le personnage de plus en plus dans son trou. Son personnage de renard est complĂštement dĂ©passĂ© par les Ă©vĂ©nements, les subissant en permanence. Cela crĂ©e une empathie Ă©vidente et l’humour de l’auteur fonctionne Ă  plein. On sourit en permanence, l’histoire ne faisant que peu de pauses dans les pĂ©ripĂ©ties de notre goupil.

Benjamin Renner rĂ©ussit la difficile tĂąche de crĂ©er un ouvrage aussi bien destinĂ© aux adultes qu’à un public plus jeunesse. Le tout est bon enfant, jamais vulgaire ou violent. Il joue sur les codes classiques du conte pour enfant (rien que le titre est assez Ă©vocateur !), mais son traitement humoristique touche les adultes sans problĂšme.

Concernant le dessin, difficile de passer Ă  cĂŽtĂ© du dĂ©coupage trĂšs dessin animĂ© (qui explique la forte pagination de l’ouvrage). Venant de l’animation, Benjamin Renner dĂ©compose les mouvements Ă  merveille. MalgrĂ© tout, l’abondance de cases lui permet aussi de caler les nombreux dialogues prĂ©sents. Au niveau du dessin proprement dit, je suis un grand fan. Le trait est vif, lĂąchĂ© avec dynamisme sur le papier et rehaussĂ© d’aquarelle. Une belle maĂźtrise d’un style animalier oĂč chaque animal est bien identifiĂ© avec peu de traits. Symbole de cette clartĂ© dans la simplicité : cette case oĂč le renard imite les mimiques du loup avec brio !

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« Le grand mĂ©chant renard » est un ouvrage bon enfant qui vous fera sourire et rire tout au long de ses pages. On est pris dans l’histoire, plein d’empathie pour ce pauvre renard qui voudrait ĂȘtre craint mais qui apprendra finalement qu’il vaut peut-ĂȘtre mieux ĂȘtre aimé 

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Note : 16/20

L’arabe du futur, T2 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1984-1985) – Riad Sattouf

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Titre : L’arabe du futur, T2 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1984-1985)
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Juin 2015


Riad Sattouf s’est lancĂ© dans une importante autobiographie de jeunesse avec « L’arabe du futur ». Le premier tome Ă©tant reparti du festival d’AngoulĂȘme avec le Fauve d’Or, ce deuxiĂšme opus Ă©tait attendu au tournant. Se concentrant sur une annĂ©e de Riad en Syrie (contre 5-6 ans dans le tome prĂ©cĂ©dent), il prend le temps de dĂ©velopper le propos. Il faut dire que Riad vieillit et les souvenirs se font aussi plus prĂ©cis. Le tout est toujours volumineux (140 pages) et publiĂ© chez Allary Editions.

LArabeDuFutur2bOn avait quittĂ© Riad en Bretagne alors qu’il devait retourner en Syrie et commencer l’école. Cette derniĂšre prend une place non-nĂ©gligeable dans l’ouvrage et les Ăąmes sensibles sont priĂ©es de rester fortes : brimades et violences physiques sont de la partie dans les classes surpeuplĂ©es. L’auteur n’hĂ©site pas non plus Ă  questionner l’enseignement qui est fourni aux Ă©lĂšves (apprendre une sourate du Coran, certes, mais pourquoi ne pas en expliquer le sens ?). Il apprend donc aussi l’arabe en classe et, parallĂšlement, le français avec sa mĂšre.

Un pÚre lùche et menteur, une mÚre passive qui se réveille un peu.

CĂŽtĂ© famille, le petit frĂšre de Riad semble inexistant. Choix Ă©trange de la part de l’auteur qui n’en parle presque jamais. Quand il est mentionnĂ©, on se surprend Ă  se rappeler son existence. Le pĂšre, adulĂ© dans le premier tome par le petit Riad, est moins apprĂ©ciĂ© par son fils. Il paraĂźt toujours aussi lĂąche et menteur. Il passe son temps Ă  annoncer plein de choses et rien ne se concrĂ©tise. Ainsi, il est censĂ© devoir construire une grande villa pour sa famille qui continue Ă  vivre dans un appartement Ă  moitiĂ© vide et dĂ©labré  On est presque rassurĂ© de voir sa mĂšre, trĂšs passive auparavant, perdre patience, exigeant une cuisiniĂšre par exemple
 Cependant, elle protĂšge Riad de bien loin, empĂȘchant quand mĂȘme son pĂšre d’utiliser Ă  tout escient l’adage « c’était comme ça pour moi et, regarde, je suis docteur. »

L’ouvrage dĂ©crit donc de maniĂšre consciencieuse, par les yeux d’un petit garçon, la sociĂ©tĂ© syrienne des annĂ©es 80. On sent que le piston et les trafics en tous genres sont les seuls moyens de s’en sortir. Son pĂšre essaye bien de copiner, mais il ne fait pas partie du beau monde et n’arrive pas Ă  monter dans l’échelle sociale. AprĂšs des dĂ©buts de vie un peu mouvementĂ©s, la famille s’installe durablement en Syrie et on sent poindre les tensions. Ce deuxiĂšme livre dĂ©veloppe donc plus en longueur les relations entre les personnages.

Le dessin de Riad est toujours adaptĂ© au propos, les expressions des personnages faisant des merveilles. Le choix de la bichromie est pertinent. L’ouvrage est rose, teintĂ© de vert et de rouge. Seul le passage en France (qui paraĂźt du coup complĂštement dĂ©calĂ© dans ses atmosphĂšres !) est bleu afin d’accentuer les contrastes entre les deux pays.

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Riad Sattouf confirme tout le bien que l’on pouvait penser de son autobiographie. Si on retrouve la noirceur, l’humour et l’aspect documentaire de son premier tome, cet opus possĂšde sa propre identitĂ© en se concentrant plus longuement sur la Syrie.

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Note : 15/20

Barracuda, T5 : Cannibales – Jean Dufaux & JĂ©rĂ©my

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Titre : Barracuda, T5 : Cannibales
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Parution : Juin 2015


DĂ©jĂ  le cinquiĂšme tome pour « Barracuda ». ScĂ©narisĂ© par le vĂ©tĂ©ran Jean Dufaux et dessinĂ© par le novice JĂ©rĂ©my, cette sĂ©rie de pirates a créé la sensation dĂšs le dĂ©part avec son dessin splendide et son scĂ©nario impitoyable. Mais une fois quatre tomes derriĂšre, comment Ă©viter que le tout s’enlise inĂ©luctablement ? Car on sait bien qu’une sĂ©rie qui fonctionne bien est souvent rallongĂ©e. Est-ce le cas ici ? Le tout est publiĂ© chez Dargaud sous la forme d’un album classique.

Le titre de l’ouvrage spoile un peu l’histoire en s’intitulant « Cannibales »  Toujours est-il qu’on plonge rĂ©ellement dans l’histoire de base autour du capitaine Blackdog et du diamant du Kashar. Jean Dufaux nous avait habituĂ©s Ă  donner Ă  chaque tome son unitĂ©. C’est le cas ici. MalgrĂ© quelques Ă©vĂ©nements sur l’üle de Puerto Blanco, l’essentiel de l’ouvrage se passe sur une Ăźle perdue peuplĂ©e de cannibales.

Des codes classiques de la piraterie.

Barracuda5bEncore une fois, les auteurs utilisent les codes classiques de la piraterie pour nous sĂ©duire. Île perdue, cannibales, maladies, recherche de trĂ©sor, trahisons
 Le tout se lit avec plaisir, Jean Dufaux n’oubliant pas d’ajouter une bonne dose de barbarie pour nous Ă©mouvoir. MalgrĂ© tout, le propos est moins fort que dans les tomes prĂ©cĂ©dents.  Certes, il y a des cannibales, mais on ne sent jamais vraiment les personnages en danger. Ces derniers évoluent dĂ©sormais moins et on se retrouve dans une action/aventure plus classique. On pense Ă  Barbe-Rouge par moments. La premiĂšre partie de la sĂ©rie, qui construisaient les (jeunes) personnages Ă©tait plus intĂ©ressante que la seconde, plutĂŽt basĂ©e sur l’action.

AprĂšs avoir passĂ© beaucoup de temps sur Puerto Blanco (ce qui semblait finalement le thĂšme de la sĂ©rie malgrĂ© la rĂ©fĂ©rence au navire Barracuda), on s’en Ă©loigne donc. MalgrĂ© tout, la fin du livre donne l’idĂ©e d’un final sur l’üle (le tome 6 doit clore le rĂ©cit). Nous avons donc ici un tome de transition.

C’est Blackdog qui donne ici de la puissance au rĂ©cit. Sa gueule, son caractĂšre, son obsession en font un personnage fort. TrĂšs peu prĂ©sent aprĂšs le premier tome, il revient pour mieux terroriser tous les autres protagonistes. VĂ©ritable fantĂŽme, il est le facteur X de l’histoire : incontrĂŽlable et dangereux.

Au niveau du dessin, JĂ©rĂ©my continue de nous enchanter avec des planches de toute beautĂ©. Il n’hĂ©site pas Ă  jouer des couleurs, mettant en valeur les rouges de façon obsessionnelle. Ses ambiances sont rĂ©ussies et ses personnages ont tous des gueules bien identifiĂ©s. Cependant, je l’ai trouvĂ© un peu moins marquant, mais peut-ĂȘtre est-ce seulement que je me suis habituĂ© Ă  son style. Un auteur qui s’est rĂ©vĂ©lĂ© dĂšs le premier tome et qu’on aura le plaisir de retrouver dans d’autres sĂ©ries plus tard.

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Ce tome 5 m’a laissĂ© un peu sur ma faim. « Barracuda » commençait Ă  s’essouffler et le sixiĂšme et dernier tome arrivera Ă  point nommĂ©. Tout est dĂ©sormais bien posĂ© pour un final en apothĂ©ose. En espĂ©rant que les auteurs arriveront Ă  refermer les nombreuses histoires secondaires qu’ils ont dĂ©veloppĂ©es. Quant aux personnages, on se demande bien qui arrivera Ă  survivre Ă  la boucherie qui s’annonce !

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Note : 14/20