Titre : Garçon manqué
Scénariste : Liz Prince
Dessinatrice : Liz Prince
Parution : Octobre 2014
AprĂšs avoir Ă©tĂ© déçu par « Seule pour toujours » de Liz Prince, je voulais lui demander une nouvelle chance. En effet, les critiques que jâavais pu lire encensait plutĂŽt « Garçon manqué », qui est un vrai one-shot et non pas un recueil de blog. Dans ce livre, Liz Prince raconte sa jeunesse et son adolescente oĂč son cĂŽtĂ© pas assez fĂ©minin (selon elle) lâa beaucoup fait souffrir. Câest donc une autobiographie qui nous est proposĂ©e chez Ăa et LĂ , pour un total de⊠250 pages !
Lâautobiographie de jeunesse centrĂ© sur un problĂšme particulier (ici le cĂŽtĂ© « garçon manqué ») a le vent en poupe. HĂ©las, il faut bien avouer que certains ont des jeunesses bien plus intĂ©ressantes que dâautres. Et surtout, la difficultĂ© est de savoir sublimer son existence par un traitement narratif ou graphique adĂ©quat. Liz Prince hĂ©site un peu sur le mode Ă suivre, tantĂŽt humoristique, tantĂŽt franchement plombante. Le livre se rĂ©vĂšle bien trop premier degrĂ©. Alors quâen est-il du propos ?
Un livre au premier degré trop exhaustif.
Liz nâaime pas les robes. VoilĂ le point de dĂ©part de lâintrigue. Elle nâaime donc pas les poupĂ©es, le rose et tout ce qui va avec. Elle aime les jeux de garçons et jouer avec eux. HĂ©las, il nâexiste visiblement pas dâespace intermĂ©diaire. Elle se retrouve ainsi mise Ă lâĂ©cart des deux communautĂ©s. Au-delĂ du cĂŽtĂ© garçon manquĂ©, câest avant tout lâhistoire des marginaux qui est narrĂ©e. HĂ©las, le tout reste trĂšs terre-Ă -terre et ce nâest que dans les ultimes pages que la notion de marginalitĂ© (au sens large du terme) prend vraiment sa place.
Liz Prince aurait pu gĂ©nĂ©raliser son propos mais ce nâest pas le cas. On retrouve finalement dans le livre tout ce que lâon pourrait dire Ă lâavance avant de le lire : on la prend pour un garçon, pour une lesbienne et elle accepte mal son corps. Du coup, si le livre se lit facilement, il ne propose aucune vĂ©ritable surprise. Et les moments plus intimes, plus personnels, sont noyĂ©s devant la pagination trop importante du livre. En effet, de nombreux passages sont redondants et nâapportent rien. En voulant tout dire, lâauteure affaiblit son propos.
Au niveau du dessin, câest vraiment le minimum syndical. Le tout est en noir et blanc, avec un traitement sans matiĂšre ni niveau de gris. Le dessin est trĂšs simple et, finalement, nâapporte rien Ă la narration. On peut avoir un dessin underground puissant ou minimaliste, mais cela n’empĂȘche pas la crĂ©ativitĂ©.
Ce « Garçon manqué » a tout du projet trop personnel. Il nây a pas de travail dâĂ©criture sur lâouvrage, lâauteure Ă©tant trop exhaustive et se contenant dâun traitement purement chronologique. LâexpĂ©rience personnelle de Liz Prince nâest pas assez puissante ou originale (en tout cas, vue du livre) pour rĂ©ellement crĂ©er un intĂ©rĂȘt chez le lecteur. Lâouvrage aurait Ă©tĂ© plus court, il aurait Ă©tĂ© certainement beaucoup plus intĂ©ressant.