Roi ours – Mobidic

RoiOurs


Titre : Roi ours
Scénario : Mobidic
Dessinateur : Mobidic
Parution : Mai 2015


Une premiĂšre bande-dessinĂ©e est toujours une Ă©preuve pour un auteur en devenir. Mobidic (au pseudo Ă©vocateur !) se lance dans le bain chez Delcourt avec un one-shot qu’il scĂ©narise et dessine, « Roi ours ». AncrĂ© dans les croyances amĂ©rindiennes, il prĂ©sente l’histoire d’une jeune fille, Xipil, destinĂ©e Ă  ĂȘtre sacrifiĂ©e Ă  la dĂ©esse caĂŻman. Elle est alors sauvĂ©e par le Roi Ours et se voit contrainte de se marier avec lui. Le tout pĂšse 110 pages pour un format A4.

Le scĂ©nario se base sur la dĂ©couverte du monde des dieux par une mortelle (mĂȘme si les dieux y sont mortels Ă©galement). Les entourloupes, les nĂ©gociations, les humiliations
 Xipil a bien du mal Ă  s’intĂ©grer, alors que son espĂšce est considĂ©rĂ©e comme en bas de la chaĂźne alimentaire. Heureusement, elle y trouve le soutien de son mari et de la mĂšre des singes, qui fait un peu partie de la famille.

Une fable un peu Ă©cologique.

RoiOurs2Si le dĂ©but de l’histoire est plutĂŽt bien menĂ©, on reste un peu sur notre faim. Les dĂ©veloppements amenĂ©s trouvent une fin un peu brutale. MĂȘme si le sens de l’ouvrage prend son sens Ă  sa fermeture, il y a, dans la narration, une impression que l’on partait vers ailleurs. Qu’importe, « Roi ours » possĂšde un univers, une ambiance, une personnalitĂ© qui transparaĂźt dĂšs les premiĂšres pages. Le sujet abordĂ© est original et, finalement, bien dĂ©veloppĂ©. Mais alors qu’on imaginait en dĂ©but de livre une histoire complexe, on est plutĂŽt du cĂŽtĂ© de la fable. Pris ainsi, « Roi ours » remplit son contrat.

Pour mener son histoire, Mobidic maĂźtrise pleinement son dĂ©coupage. Aussi Ă  l’aise dans les scĂšnes d’action ou les scĂšnes intimistes, il alterne Ă©galement les pages de dialogue avec les pages muettes. Le tout avec autant de pertinence.

Le dessin est un gros point fort de l’album. Mobidic possĂšde un trait qui rappelle immanquablement le dessin animĂ©, tant par ses animaux que par sa façon de dessiner les humains. Et si quelques rares cases sont maladroites, l’ensemble est assez remarquable. La beautĂ© des images saute aux yeux, les personnages sont expressifs et les cadrages sont parfaitement maĂźtrisĂ©s. Et que dire des couleurs, au diapason du trait ? Elles embellissent le dessin et renforcent les ambiances avec talent. On pourra cependant regretter un encrage et un lettrage un peu trop gros pour le format. Un livre au format comics aurait Ă©tĂ© certainement un meilleur choix pour l’Ă©dition. Un mauvais choix de l’Ă©diteur pour le coup.

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Mobidic, pour son premier album, s’est occupĂ© de tout. Et si ce « Roi ours » possĂšde quelques imperfections, il reste un livre d’une vraie beautĂ©, dotĂ© d’un scĂ©nario original, sorte de fable fantastique et (un peu) Ă©cologique. Un auteur Ă  suivre, tant sa maĂźtrise du sujet est Ă©vidente.

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Note : 15/20

Les Sentinelles, T1 : Juillet-AoĂ»t 1914, Les Moissons de l’Acier – Xavier Dorison & Enrique Breccia

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Titre : Les Sentinelles, T1 : Juillet-AoĂ»t 1914, Les Moissons de l’Acier
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Enrique Breccia
Parution : Mai 2009


C’est en regardant la trĂšs sympathique Ă©mission « Un monde de bulles » que j’ai dĂ©couvert avec plaisir Xavier Dorison Ă©voquer la sĂ©rie « Les sentinelles ». Etant un grand fan de ce scĂ©nariste depuis que j’ai dĂ©couvert « Le troisiĂšme testament » ou « Sanctuaires », j’ai Ă©coutĂ© avec curiositĂ© ce dernier nous conter la construction de cette saga dont je n’avais jamais entendu parler. Une fois son interview terminĂ©e, je me suis engagĂ© Ă  m’immerger dans cette sĂ©rie au plus vite. Ma dĂ©couverte a dĂ©butĂ© hier soir avec la lecture du premier chapitre intitulĂ© « Juillet-AoĂ»t 1914 – Les moissons d’acier ». EditĂ© chez Delcourt, cet album de bonne qualitĂ© est composĂ© d’une soixantaine de pages. Il est vendu Ă  un prix tout juste infĂ©rieur Ă  quinze euros. La couverture nous prĂ©sente un soldat dĂ©ployant un drapeau français. Son visage est couvert par un casque. Je la trouve trĂšs rĂ©ussie. Elle est l’Ɠuvre de Enrique Breccia, que je dĂ©couvre Ă  l’occasion de cette lecture.

MalgrĂ© le titre, l’histoire dĂ©bute en 1911 au Maroc sur un champ de bataille. On dĂ©couvre un soldat, le visage masquĂ© qui avance d’un pas rĂ©gulier sans sembler tenir compte des balles qui fusent et des cadavres qui tombent autour de lui. Mais tout Ă  coup, il s’effondre. On le croit mort, ce n’est pas le cas. Il explique Ă  un de ses acolytes qu’il n’a plus de batterie, qu’il ne peut donc plus Ă©chapper Ă  son destin. Alors que les ennemis s’apprĂȘtent Ă  arriver sur les lieux, il demande Ă  ĂȘtre exĂ©cutĂ© par son ami qui s’exĂ©cute. On croit comprendre que ce soldat est le fruit d’une expĂ©rimentation scientifique mis au point par un colonel de l’ArmĂ©e française. Ce projet connaitra un second souffle trois ans plus tard quand le fondateur des Sentinelles dĂ©couvre la dĂ©couverte rĂ©volutionnaire d’un petit lieutenant de rĂ©serve


Des super hĂ©ros “made in France”.

« Les Sentinelles » est une sĂ©rie intĂ©ressante car elle nous offre un des premiers super hĂ©ros « made in France ». Suite Ă  des expĂ©riences menĂ©es dans des laboratoires secrets, un colonel et un savant Ă  sa botte ont pour objectif de crĂ©er une espĂšce de super soldat. Le fait de l’intĂ©grer dans la grande Histoire Ă  travers la pĂ©riode de la premiĂšre guerre mondiale dĂ©veloppe un attrait certain. L’histoire s’adresse Ă  un public sensible Ă  ce genre de grande trame historique et dense dans laquelle s’insĂšre parfaitement une dimension fictionnelle travaillĂ©e. Il est Ă©vident que l’humour et la lĂ©gĂšretĂ© ne sont pas de sortie. On est en temps de guerre et le dessinateur fait en sorte qu’on ne l’oublie jamais.

Le scĂ©nario est de grande qualitĂ©. Les premiĂšres pages qui jouent le rĂŽle de prologue sont intenses. A travers les dessins et l’atmosphĂšre qui transpire de la lecture, on est tout de suite dans le vif du sujet. Notre intĂ©rĂȘt est happĂ©. Notre curiositĂ© ne cessera jamais d’ĂȘtre sĂ©duite tout au long du dĂ©filement des pages. La grande toile se met en place. Les personnages apparaissent, les enjeux se dĂ©couvrent. La densitĂ© est grande. La narration ne souffre d’aucun temps mort bien au contraire. On est immergĂ© dans une histoire passionnante. La finalitĂ© de cet opus est de nous prĂ©senter Taillefer, le nouveau super soldat. Le rythme de la dĂ©couverte est bien dosĂ© et la derniĂšre page nous laisse sur un sentiment de frustration de ne pas pouvoir en profiter davantage.

Comme je l’ai sous-entendu prĂ©cĂ©demment, les dessins sont remarquables. DĂšs la premiĂšre case, on est bouleversĂ©. Il se dĂ©gage rĂ©ellement quelque chose des pages. La crasse et la violence qui s’en dĂ©gage sont intenses et ne laissent pas indemnes. La dimension « boucherie » est vraiment trĂšs rĂ©ussie. Rien n’apparaĂźt surrĂ©aliste ou excessif. Bien au contraire, c’est une gifle de rĂ©alisme qu’on prend de plein fouet. Je trouve Ă©galement les personnages trĂšs rĂ©ussis. On n’a aucun mal Ă  se les approprier. Les dessins leur donnent une vraie Ă©paisseur. Je pense que je vais me pencher de plus prĂšs sur les parutions nĂ©es de la plume d’Enrique Breccia.

En conclusion, j’ai trouvĂ© ce premier opus remarquable. Il s’agit Ă  mes yeux d’un petit chef d’Ɠuvre. Le scĂ©nario, les dessins, le thĂšme, les personnages
 Tout est bien construit, intense et travaillĂ©. A l’heure actuelle, trois tomes sont parus. Je ne pense pas que je vais tarder Ă  dĂ©vorer les deux qu’il me reste Ă  lire. Pour ceux qui dĂ©couvrent l’univers de Xavier Dorison Ă  travers cet album, je ne peux que conseiller de dĂ©couvrir « Le troisiĂšme testament » qui vous immergera dans le Moyen-Ăąge pour une tĂ©tralogie qui est un chef d’Ɠuvre du neuviĂšme art


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Note : 18/20

Les chroniques d’un maladroit sentimental, T2 : L’enfant Ă  l’Ă©charpe – Vincent Zabus & Daniel Casanave

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Titre : Les chroniques d’un maladroit sentimental, T2 : L’enfant Ă  l’Ă©charpe
Scénariste : Vincent Zabus
Dessinateur : Daniel Casanave
Parution : Août 2014


Le premier tome des « Chroniques d’un maladroit sentimental » Ă©tait une bonne surprise. DotĂ© d’une narration originale et d’un personnage attachant, on adhĂ©rait pleinement Ă  l’ouvrage. Ce dernier aurait mĂȘme pu exister en tant que one-shot. Mais voilĂ  la suite qui arrive, intitulĂ© « L’enfant Ă  l’écharpe ». AprĂšs avoir passĂ© un tome Ă  essayer de juguler ses crises d’angoisse pour arriver Ă  inviter une femme Ă  aller boire un verre, voilĂ  que notre hĂ©ros se lance dans la paternité ! Le tout est publiĂ© sous forme d’album de 48 pages tout ce qu’il y a de plus classique chez Vents d’ouest.

GĂ©rard est donc parvenu Ă  sĂ©duire la belle Florence, mais celle-ci est dĂ©jĂ  mĂšre de trois enfants. Demain, GĂ©rard emmĂ©nage dans la maison familiale de sa chĂ©rie, celle qu’elle avait achetĂ© avec son ex
 Mais notre hĂ©ros ne se dĂ©monte pas et propose Ă  Florence de faire un enfant ensemble
 C’est le dĂ©but des problĂšmes !

Paternité, belle-filles et roi des Belges.

ChroniquesDUnMaladroitSentimental2aÉtrange choix des auteurs de plonger GĂ©rard dans la paternitĂ©. Surtout que lui qui avait tant de mal Ă  faire quoi que ce soit devient initiateur du projet. Mais soit, pourquoi pas. Le dĂ©but de l’ouvrage, consacrĂ© Ă  son emmĂ©nagement est parfaitement rĂ©ussi. On y voit le rapport entre GĂ©rard et ses belle-filles. On retrouve l’ambiance du premier tome et les apparitions du roi de Belgique rappellent celles, prĂ©cĂ©dentes, de la mĂšre. Mais une fois la grossesse lancĂ©e, on perd un peu le film, les hallucinations du personnage rendant le tout trĂšs confus. Clairement, la magie n’opĂšre pas aussi bien.

MalgrĂ© tout, ces « Chroniques d’un maladroit sentimental » gardent un charme particulier avec le personnage de GĂ©rard. Petite pique Ă  leurs lecteurs, les auteurs en font un collectionneur de BD (un peu nĂ©vrosé ).

ChroniquesDUnMaladroitSentimental2bC’est surtout le dessin de Daniel Casanave qui m’avait poussĂ© Ă  feuilleter le premier album. Son style semi-rĂ©aliste, trĂšs relĂąchĂ©, fait merveille. C’est dynamique et parfaitement adaptĂ© au propos. Les deux auteurs se sont bien trouvĂ©s et fonctionnent en pleine osmose. Les planches sont riches en cases, permettant d’instaurer de nombreux silences. Du beau travail de dĂ©coupage !

J’ai Ă©tĂ© un peu déçu par ce deuxiĂšme tome. Alors que GĂ©rard Ă©tait un personnage des plus angoissĂ©s dans le premier tome, il est beaucoup plus « normal » ici. C’est finalement un homme qui, comme n’importe quel homme, stresse avant l’arrivĂ©e de son premier enfant. La multiplication des hallucinations (le roi des belges, les souvenirs, les ex, etc.) brouillent un peu le propos lĂ  oĂč elles l’enrichissaient prĂ©cĂ©demment. Mais si vous avez apprĂ©ciĂ© le premier tome, ce second opus reste une lecture agrĂ©able en compagnie de GĂ©rard.

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Note : 12/20

 

Blankets – Craig Thomson

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Titre : Blankets
Scénariste : Craig Thomson
Dessinateur : Craig Thomson
Parution : Mars 2004


Une fois lu « Habibi », j’avais bien envie de continuer de dĂ©couvrir Craig Thomson. AprĂšs une incursion (dispensable) en carnet de voyage, je rĂ©cupĂ©rais enfin « Blankets », proclamĂ© chef d’Ɠuvre par de nombreuses critiques. « Blankets » est un ouvrage autobiographique sur la jeunesse de l’auteur. On y trouve un peu de son enfance et beaucoup de son adolescence. Au centre de cet Ă©pais bouquin (pas loin de 600 pages quand mĂȘme
), sa premiĂšre relation amoureuse. Le tout est publiĂ© chez Casterman dans la collection Ă©critures.

Blankets1Craig Thomson nous met tout de suite dans un certain misĂ©rabilisme. Enfant, il dort avec son petit frĂšre et ils ont froid quand bien mĂȘme. Quelques anecdotes se succĂšdent, montrant une Ă©ducation Ă  la dure oĂč mieux valait filer droit. HĂ©las, la plupart des pages traitant de l’enfance n’ont pas vraiment d’intĂ©rĂȘt pour la suite. On pourrait bien sĂ»r penser que cela forge le caractĂšre de Craig, mais tout cela est quand mĂȘme bien dĂ©cousu. On rentre rĂ©ellement dans le vif du sujet quand il rencontre son premier amour.

Peu d’empathie pour le personnage.

Les amourettes, quand on est a vĂ©cues, c’est trĂšs touchant. Mais ici, l’histoire entre Craig et Raina n’a pas beaucoup d’intĂ©rĂȘt. Tout cela est trĂšs plat et manque cruellement de recul. Et pourtant il y aurait de quoi dire : Raina a pour frĂšre et sƓur deux enfants handicapĂ©s et adoptĂ©s. Il ne reste plus qu’à ajouter des parents en plein divorce pour parfaire le tout. Du coup, les pistes de dĂ©veloppement se multiplient (on peut ajouter la religion qui saupoudre le tout en permanence) sans vraiment nous intĂ©resser. Et au fur et Ă  mesure de la lecture, on se fatigue un peu de tout ça. Le personnage de Craig est trĂšs passif, peureux et on n’a finalement que peu d’empathie pour lui.

Au niveau du dessin, j’aime le trait de Craig Thomson. DessinĂ© au pinceau, il a beaucoup de force. C’est vraiment le point fort du livre. Le noir et blanc permet de bien traiter la neige (le livre n’est-il pas sous-titrĂ© « manteau de neige » aprĂšs tout ?) et convient au propos. MalgrĂ© tout, il n’y a pas l’incroyable force des planches de « Habibi ». Le sujet s’y prĂȘte moins, certes.

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Quelle dĂ©ception que ce « Blankets ». C’est long, lent, peu passionnant et pas touchant pour un sou. On sent l’intention derriĂšre de traiter de nombreux sujets « graves », mais c’est finalement une amourette banale Ă  laquelle on a droit. Les thĂšmes annexes, survolĂ©s, auraient peut-ĂȘtre mĂ©ritĂ© plus d’attention et non pas quelques pages rapides entre deux coups de tĂ©lĂ©phone Ă  sa chĂ©rie.

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Note : 10/20

Les Aventures de Philip et Francis, T2 : Le PiĂšge MachiavĂ©lique – Pierre Veys & Nicolas Barral

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Titre : Les Aventures de Philip et Francis, T2 : Le PiÚge Machiavélique
Scénariste : Pierre Veys
Dessinateur : Nicolas Barral
Parution : FĂ©vrier 2011


Contrairement Ă  Tintin, Blake et Mortimer est une sĂ©rie qui a survĂ©cu Ă  son auteur originel, Edgar P. Jacob. Mais si certains ont repris les aventures des deux hommes Ă  la façon du maĂźtre, d’autres prennent un malin plaisir Ă  le parodier. Pierre Veys et Nicolas Barral, dĂ©jĂ  auteurs de « Baker Street », une parodie de Sherlock Holmes, reprennent les personnages de Philip et Francis pour un deuxiĂšme tome de pastiche de nos deux hĂ©ros. Continuer la lecture de « Les Aventures de Philip et Francis, T2 : Le PiĂšge MachiavĂ©lique – Pierre Veys & Nicolas Barral »

Les aventures de la fin du monde – Vincent Caut

LesAventuresDeLaFinDuMonde


Titre : Les aventures de la fin du monde
Scénariste : Vincent Caut
Dessinateur : Vincent Caut
Parution : Avril 2012


Vincent Caut est un auteur de bande-dessinĂ©e prĂ©coce. AprĂšs avoir gagnĂ© des prix de la BD scolaire Ă  AngoulĂȘme, il parvient Ă  faire Ă©diter son blog sur sa vie d’étudiant. « Les aventures de la fin du monde » (qui eut l’honneur d’un blog, aujourd’hui fermĂ©) narre l’histoire de Monsieur Toupin et Madame Billot, sa secrĂ©taire. Dieu les a choisis pour reconstruire le monde. En effet, ils n’avaient alors vĂ©cu sur le brouillon de la Terre, il faut tout refaire (en mieux). Le tout est publiĂ© chez 12 bis pour 110 pages au prix de 13,90 €.

La bande-dessinĂ©e est construite sous forme de strips de 6 cases carrĂ©es. Chaque strip amĂšne une chute et une histoire en dĂ©coule. Ce procĂ©dĂ© a Ă©tĂ© abondamment utilisĂ© par Lewis Trondheim que ce soit dans le passĂ© (« Le pays des trois sourires », « Politique Ă©trangĂšre », « Fennec ») ou mĂȘme aujourd’hui avec « L’atelier mastodonte ». On retrouve chez Vincent Caut cette influence de façon trĂšs marquĂ©e. L’humour, l’absurde, le minimalisme graphique, tout rappelle Lewis Trondheim.

La GenĂšse version 2.0

LesAventuresDeLaFinDuMonde2Vincent Caut essaye donc de crĂ©er sa propre identitĂ© sur un sujet Ă©culé : Adam, Ève et Dieu. Au dĂ©part, l’idĂ©e de faire une sorte de GenĂšse 2.0 est plutĂŽt bien pensĂ©e. Malheureusement, le sujet est finalement peu utilisĂ©. En revanche, la reprĂ©sentation de Dieu sous forme de pomme est lĂ  parfaitement exploitĂ©e du dĂ©but Ă  la fin.

Les gags fonctionnent plutĂŽt bien, sans que l’on ne rie vraiment. On sourit parfois, mais cela manque de folie ou de chutes vraiment percutantes. Il faut dire que le dessin est minimaliste et participe peu Ă  l’humour. Les gags visuels sont trĂšs rares et les expressions des personnages sont particuliĂšrement limitĂ©es (Adam n’a pas d’yeux par exemple). C’est aussi lĂ  qu’on touche un peu aux limites de l’ouvrage. Avec un dessin trĂšs simple, Vincent Caut doit s’appuyer uniquement sur son scĂ©nario pour convaincre. Surtout qu’il a dĂ©jĂ  produit des ouvrages aux personnages bien plus expressifs. Or, avec un sujet maintes fois abordĂ©, il manque ici un peu d’originalitĂ©, de folie ou de constance dans l’humour.

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Ces « aventures de la fin du monde » laissent un goĂ»t d’inachevĂ©. On lit l’ouvrage avec plaisir, mais sans vraiment rire. Et Ă  la fermeture du livre, on l’oublie rapidement. C’est dommage car on sent le potentiel devant certaines idĂ©es pas toujours suffisamment exploitĂ©es.

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Note : 11/20

Le grand rouge – Wouzit

LeGrandRouge


Titre : Le grand rouge
Scénariste : Wouzit
Dessinateur : Wouzit
Parution : Mars 2011


CrĂ©Ă© en 2009, le site web Manolosanctis avait donnĂ© plein d’espoirs aux dessinateurs de BD amateurs, heureux de trouver une plateforme de publication en ligne d’une rare efficacitĂ©. Mais surtout, Manolosanctis s’est muĂ© l’espace de quelques temps en Ă©diteur, ce qui causa sa perte. L’éditeur ferma, le site web avec. Si tous les livres de l’éditeur ne sont pas mĂ©morables, force est de constater que quelques auteurs atypiques avaient Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©s par l’éphĂ©mĂšre maison d’édition, que ce soit par des albums personnels ou collectifs. Parmi eux, Wouzit, qui publia « Le grand mort » chez Manolosanctis, un one-shot de 120 pages.

LeGrandRouge1Tout commence alors qu’Ivan Ă©choue sur une Ăźle qui se rĂ©vĂšle des plus Ă©tranges. Il va alors tenter de survivre dans cet environnement peu hospitalier, tel un Robinson. Le livre nous dĂ©voile alors comme ce petit malfrat s’est retrouvĂ© dans cette situation, capturĂ© et condamnĂ© pour avec son compagnon William.

Construite sous forme de chapitres comme autant de flashbacks, la narration saute donc d’un univers Ă  l’autre. D’un cĂŽtĂ©, Ivan est perdu seul sur une Ăźle et on essaie de comprendre ce qu’est cette Ăźle. De l’autre, Ivan fuit et on se demande s’il va s’en sortir, prĂ©sageant que cette histoire passĂ©e expliquera l’histoire future. Cette narration montre sa pertinence en mĂ©nageant le suspense. Car Wouzit prend son temps et les rĂ©vĂ©lations qu’attend le lecteur seront bien tardives.

Une narration et un rythme parfaitement maßtrisés.

Sans ĂȘtre forcĂ©ment des plus impressionnants, le scĂ©nario est donc parfaitement servi par un procĂ©dĂ© de flashbacks bien menĂ©. Le rythme fait ici toute la diffĂ©rence. Surtout que les parties sur l’üle sont souvent muettes, contrairement aux parties en ville. C’est d’ailleurs une des forces de l’ouvrage : Wouzit parvient Ă  raconter les choses en muet. Il n’use quasiment jamais des onomatopĂ©es, si bien que les scĂšnes d’action sont trĂšs silencieuses !

Au niveau du dessin, le style de Wouzit est particulier et assez simple. On oscille entre un dessin qui se veut moderne et une ligne claire plus classique. MalgrĂ© tout, les cases sont fouillĂ©es et sa construction de l’üle force le respect par sa crĂ©ativitĂ©. Cette Ăźle nous paraĂźt terriblement Ă©trange alors qu’elle n’est pas finalement si Ă©loignĂ©e de nos codes. L’utilisation des couleurs en aplats simples renforce l’aspect ligne claire, mĂȘme si le travail est vraiment abouti. La colorisation, simple au premier abord, est trĂšs rĂ©ussie, donnant des ambiances avec beaucoup de subtilitĂ©, que ce soit pour les scĂšnes sur l’üle ou les scĂšnes de nuit.

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C’est un livre des plus sympathiques qui nous est donc proposĂ©. Sans ĂȘtre transcendant au niveau du dessin ou du scĂ©nario, toute la rĂ©alisation permet Ă  l’ouvrage de passer un cap. La narration et le rythme sont bien menĂ©s, le style de dessin et les choix de couleurs sont pertinents. Du beau travail.

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Note : 14/20

Route 78

Route78


Titre : Route 78
ScĂ©nariste : Éric Cartier & Audrey Alwett
Dessinateur : Éric Cartier
Parution : FĂ©vrier 2015


En 1978, Éric Cartier et sa copine Pat partent aux Etats-Unis. ArrivĂ©s Ă  New-York, ils veulent traverser le pays en stop et repartir de San Francisco. Ils viennent retrouver l’univers de Kerouac et tracer la route. Mais Ă©videmment, tout cela est bien plus compliquĂ© que ce qu’ils avaient imaginĂ©. Rapidement sans le sou, le road trip va s’avĂ©rer ĂȘtre une vĂ©ritable Ă©preuve. Continuer la lecture de « Route 78 »

Magasin sexuel, T2 – Turf

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Titre : Magasin sexuel, T2
Scénariste : Turf
Dessinateur : Turf
Parution : Novembre 2012


Le premier tome de « Magasin sexuel » traĂźnait un peu en longueur. Pas vraiment drĂŽle, pas vraiment grinçant, il se situait dans un satyre lĂ©gĂšre de la campagne. La sex-shop ambulant, prĂ©sentĂ© comme majeur (Ă  voir le titre et la couverture), n’était finalement que trĂšs secondaire. Ce deuxiĂšme opus vient clore cette histoire publiĂ©e chez Delcourt.

Tout commence par le maire Orloff qui essaie de convaincre son conseil municipal de construire une gare TGV, sachant qu’il n’y a pas de voie ferrĂ©e Ă  moins de 70 kilomĂštres du village. Pour rappel, il y a 234 habitants au village. Orloff s’énerve, insulte un peu tout le monde
 VoilĂ  « Magasin sexuel » : c’est caricatural, excessif, mais pas bien drĂŽle.

Entre humour et satyre.

MagasinSexuel2aL’intrigue principale concerne donc le maire rĂ©ac et rĂ©tro qui tombe sous le charme d’Amandine, jeune fille Ă  la tĂȘte d’un sex shop et qui, logiquement, n’apprĂ©cie pas vraiment M. Orloff qu’elle trouve lourd et bĂȘte. Une autre intrigue se mĂȘle : celle de la disparition des lettres d’enseigne. Cela fait quelques jeux de mot, l’occasion pour le lecteur de sourire.

A la fermeture du diptyque, on se demande un peu l’intĂ©rĂȘt d’avoir fait deux tomes. L’intrigue traĂźne. Cela pourrait permettre de dĂ©velopper les personnages, mais ce n’est pas du tout le cas. Le fait qu’Amandine soit orpheline n’apporte rien par exemple. Et comme l’auteur reste un peu entre humour et satyre, sans vraiment choisir son camp, le lecteur a bien du mal Ă  adhĂ©rer.

Au niveau du dessin, je n’ai pas Ă©tĂ© sĂ©duit par le trait de Turf. Son dĂ©coupage est variĂ©, souvent riches en cases. Je trouve le dessin un peu irrĂ©gulier. De beaux efforts sont faits sur les dĂ©cors et ses les ambiances, mais on n’en peut plus de voir la tĂȘte du maire !

« Magasin sexuel » m’a beaucoup déçu. Clairement, le thĂšme ne se situait pas du tout dans un clash entre la campagne et la sexualitĂ©. Du coup, le fond de l’ouvrage se rĂ©vĂšle bien lĂ©ger. Mais c’est cela, « Magasin sexuel » : c’est lĂ©ger, sans prĂ©tention et plein de couleurs vives. Pour ma part, je passe mon tour.

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Note : 8/20

Magasin sexuel, T1 – Turf

MagasinSexuel


Titre : Magasin sexuel, T1
Scénariste : Turf
Dessinateur : Turf
Parution : Mars 2011


Lorsque l’on nomme son livre « Magasin sexuel » (francisation du fameux sex shop), on gĂ©nĂšre forcĂ©ment des attentes chez le lecteur. Celui-ci s’attend Ă  un contenu coquin, voire sulfureux
 Turf cherche ici le dĂ©calage. Dans une petite bourgade de campagne, un sex shop ambulant s’installe Ă  la foire une fois par semaine. De quoi bousculer la vie de ses habitants ? Le tout est construit en diptyque chez Delcourt au format classique d’un 48 pages.

L’ouvrage fait dans l’opposition de style. Il y a d’abord le maire, Orloff, sorti tout droit des aventures de Spirou tant il ressemble au maire de Champignac graphiquement. C’en est gĂȘnant. Il est donc rĂ©ac comme pas possible et assez bĂȘte. Mais il va s’éprendre de la jolie Amandine qui tient le sex shop. Mais elle n’est pas pour autant trĂšs coquine. Seuls ses vĂȘtements courts suggĂšrent une libĂ©ration sexuelle, mais cela ne va pas plus loin. Ses motivations pour le mĂ©tier sont floues (elle prĂ©fĂšre vendre des godemichĂ©s plutĂŽt que des bottes en caoutchouc
 Soit !).

Pas de réel enjeu malgré le thÚme.

MagasinSexuel1aCe premier tome pose des jalons mais n’avance pas beaucoup. Le passĂ© de la jeune fille se dĂ©voile mais sans vraiment nous toucher. Il n’y a pas de rĂ©el enjeu et la description de la campagne, qui se veut humoristique, manque cruellement de sel. Si bien que l’humour tombe Ă  plat systĂ©matiquement. Que dire de ce bistrot vide oĂč va boire le maire ? On y imagine dĂ©jĂ  des scĂšnes vivantes avec des habituĂ©s, mais rien ici. Le thĂšme est effleurĂ© et le pitch de dĂ©part reste inexploitĂ©. Dommage, car il y aurait de la matiĂšre Ă  aller plus loin.

Au niveau du dessin, Turf possĂšde un style particulier qui m’a peu sĂ©duit au final. C’est trĂšs (trop ?) colorĂ©, plein de rose et de couleurs saturĂ©es. On voit par contre qu’il a plaisir de dessiner Amandine, dont il brosse les jambes avec dĂ©lice. MalgrĂ© tout, Turf propose un ensemble cohĂ©rent avec son sujet, qu’il traite avec lĂ©gĂšretĂ©.

MagasinSexuel1b

J’ai Ă©tĂ© trĂšs déçu par ce « Magasin sexuel ». Trop lĂ©ger et diluĂ©, il finit comme une description caricatural de la campagne. Mais il aurait fallu en mettre une couche de plus pour en faire un ouvrage plus percutant. L’humour ne touche pas, les Ă©motions sont rares
 Le tout se lit sans forcĂ©ment s’ennuyer mais on se demande un peu l’intĂ©rĂȘt de tout cela en fin de tome. Peut-ĂȘtre que le deuxiĂšme opus apportera des rĂ©ponses à cette interrogation ?

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Note : 8/20