Breakfast after noon

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Titre : Breakfast after noon
Scénariste : Andi Watson
Dessinateur : Andi Watson
Parution : Septembre 2002


Les romans graphiques ont explosĂ© dans les annĂ©es 2000, rĂ©vĂ©lant Ă  la fois des pĂ©pites comme des Ɠuvres sans grand intĂ©rĂȘt. L’allongement de la pagination a permis aux auteurs de s’exprimer plus longuement et de travailler Ă  la psychologie de leurs personnages plus en profondeur. Atteignant prĂšs de 200 pages, « Breakfast after noon » d’Andi Watson saura-t-il titiller l’intĂ©rĂȘt jusqu’au bout de la lecture ? Surtout que c’est le trait au pinceau de l’auteur qui m’a au premier abord attirĂ©. Le tout est publiĂ© chez Casterman dans la collection Ă©critures. Continuer la lecture de « Breakfast after noon »

Les aventures de Lucky Luke, T6 : Les tontons Dalton – Laurent Gerra, Jacques Pessis & AchdĂ©

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Titre : Les aventures de Lucky Luke, T6 : Les tontons Dalton
Scénaristes : Laurent Gerra & Jacques Pessis
Dessinateur : Achdé
Parution : Octobre 2014


Il aura fallu les fĂȘtes de fin d’annĂ©e pour que je me replonge dans un Lucky Luke. Si le cow-boy solitaire a bercĂ© mon enfance, cela fait bien longtemps que je suis passĂ© Ă  des bande-dessinĂ©es plus adultes et ambitieuses. Ici, le scĂ©nario est gĂ©rĂ© par Laurent Gerra et Jacques Pessis, soit un humoriste et un journaliste/Ă©crivain. C’est vrai qu’il serait dommage de considĂ©rer que le scĂ©nario de bande-dessinĂ©e est un mĂ©tier Ă  part entiĂšre
 Ce scĂ©nario est mis en scĂšne et dessinĂ© par AchdĂ©.

Everett Dalton, l’un des cousins Dalton (un des tous premiers Lucky Luke) a survĂ©cu Ă  27 balles de revolver. Il a eu un enfant qui devra ĂȘtre Ă©levĂ© par
 les quatre Dalton dans une ville appelĂ©e Rupin City. Et Lucky Luke devra bien Ă©videmment les surveiller, en compagnie de Rantanplan


Le scĂ©nario est dĂšs le dĂ©part bancal au possible. Il n’y a pas d’aventure possible ici. Et si les tentatives de rĂ©demption des Dalton ont dĂ©jĂ  existĂ©es dans la sĂ©rie, elles Ă©taient bien plus subtiles. Dans « Les tonton Dalton », on s’ennuie ferme. Il ne se passe rien et les Ă©volutions des personnages sont, au choix, proches du nĂ©ant ou soudaines. Ainsi, le petit neveu cumule les tares de Joe et Averell, puis devient super gentil et adore Lucky Luke d’une page Ă  l’autre !

Un vide scénaristique.

Ce vide scĂ©naristique est comblĂ© par des allusions omniprĂ©sentes au film « Les tontons flingueurs ». On retrouve ainsi de nombreux acteurs caricaturĂ©s et les rĂ©pliques cultes. Sans aucun intĂ©rĂȘt ! Se baser sur un film aux rĂ©pliques aussi inspirĂ©es pour Ă©crire des dialogues plats, c’est montrer d’autant plus ses propres difficultĂ©s Ă  accoucher d’un scĂ©nario correct ! Car au-delĂ  du scĂ©nario, c’est la fluiditĂ© de l’ensemble qui ne va pas du tout. Certains jeux de mots sont amenĂ©s Ă  la truelle et cassent le rythme.

Je sais que le dessin d’AchdĂ© est souvent citĂ© comme seul point positif de cet album. Je ne suis pas du tout de cet avis. AchdĂ© singe Morris au point qu’on a l’impression de voir une sombre copie. RĂ©sultat, l’ensemble manque cruellement de personnalitĂ©. C’est voulu, mais Ă  trop vouloir coller Ă  l’auteur original, on perd plus qu’on y gagne. On retrouve mĂȘme les codes couleurs de Morris, qu’il avait dĂ©veloppĂ© pour compenser les problĂšmes d’impression de l’époque (on parle des annĂ©es 40 pour les dĂ©buts
)


« Les tonton Dalton » manque totalement d’inspiration. Il ne se passe rien, les allusions aux « Tontons flingueurs » n’apportent rien et le dessin est aujourd’hui datĂ© et sans intĂ©rĂȘt. Il serait peut-ĂȘtre temps que certains Ă©diteurs comprennent qu’une sĂ©rie n’a d’intĂ©rĂȘt Ă  continuer si longtemps que si elle se renouvelle. Sinon, ils tueront leur poule aux Ɠufs d’or. Lamentable.

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Note : 2/20

Solo, T1 : Les survivants au chaos – Oscar Martin

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Titre : Solo, T1 : Les survivants du chaos
Scénariste : Oscar Martin
Dessinateur : Oscar Martin
Parution : Septembre 2014


Un auteur espagnol venu de l’animation qui fait de la bande-dessinĂ©e
 Cela vous dit quelque chose ? On pense Ă  Guarnido bien sĂ»r. Il faudra dĂ©sormais ajouter le nom d’Oscar Martin. AprĂšs un passage dans le dessin-animĂ©, l’auteur se lance dans la bande-dessinĂ©e. « Solo » est l’une de ses histoires, qui paraĂźt en 2014 chez Delcourt dans la collection Contrebande. Le dessin anthropomorphe rappelle immanquablement Disney, mĂȘme si l’univers en est bien Ă©loigné  Le tout semble ĂȘtre une Ă©dition regroupant deux premiers tomes parus prĂ©cĂ©demment. L’ensemble pĂšse une centaine de pages et se nomme « Les survivants du chaos ».

Solo1d« Solo » s’intĂšgre dans une logique post-apocalyptique. La vie est rude, le gibier est rare tout comme la technologie. Fils aĂźnĂ© d’une famille de rats, Solo dĂ©cide de quitter le foyer pour permettre Ă  ses petits frĂšres et sƓurs de survivre. Son pĂšre a forgĂ© en lui un formidable guerrier prĂȘt Ă  abattre n’importe quelle bestiole, fut-elle trois fois plus grande.

Le monde de « Solo » mĂ©lange de nombreux style. Les factions sont humaines ou animales, voire fantastiques. Il y a relativement peu d’explications sur le monde et l’univers, si ce n’est en version texte dans les derniĂšres pages de l’ouvrage, une fois l’histoire terminĂ©e. Le scĂ©nario se concentre sur l’action et les combats, trĂšs nombreux et, finalement, peu dĂ©crits.

Ultra-violent sans ĂȘtre gore.

« Solo », outre l’action, joue sur l’ambiance. La narration est menĂ©e par le personnage principal. Bien qu’auto-centrĂ©e, elle apporte une empathie vĂ©ritable pour le personnage et son Ă©volution. Car Solo devient ultra-violent et y perd le sens de la vie. L’auteur ne fait cependant pas dans le gore pour tant. MalgrĂ© tout, le scĂ©nario est assez rĂ©pĂ©titif et peu original. Il plaira aux amateurs de mondes violents et dĂ©sespĂ©rĂ©s. L’auteur a cependant posĂ© des jalons qui mĂ©riteraient d’ĂȘtre dĂ©veloppĂ©s dans la suite. « Solo » peut cependant se lire comme un one-shot tant on a l’impression que la boucle est bouclĂ©e Ă  la fin du livre.

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L’ambiance et l’action sont magnifiĂ©es par le dessin splendide de l’auteur. Oscar Martin vient de l’animation et cela se voit. Il n’hĂ©site pas Ă  utiliser des dessins chronophotographiques, dĂ©composant les mouvements de ses personnages. Ses paysages sont du mĂȘme niveau et nous plonge dans l’univers en rien de temps. Les couleurs sont bien pensĂ©es et renforcent d’autant plus l’immersion et l’ambiance. Il est Ă  noter que le dĂ©coupage est parfaitement maĂźtrisĂ©, avec de belles trouvailles graphiques. Du grand art ! Clairement, Oscar Martin a tout pour devenir un grand de la bande-dessinĂ©e.

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MalgrĂ© un scĂ©nario finalement peu original, on se prend au jeu de ce « Solo ». La voix off nous implique et le dessin met magistralement en scĂšne cette histoire. Difficile de rester indiffĂ©rent devant tant de maĂźtrise. Il ne reste plus qu’à espĂ©rer que la suite proposera un scĂ©nario plus touffu. Car aprĂšs cent pages de lecture, on est finalement pas loin d’une fable post-apocalyptique, plus que d’une grande histoire.

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Top BD des blogueurs – DĂ©cembre 2014

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Le Top BD des blogueurs est un collectif rassemblant des blogs de critiques de bande-dessinĂ©es. DĂšs qu’un titre possĂšde au moins trois notes, il entre dans le top. Vous pouvez dĂ©couvrir chaque mois les cinquante titres les mieux notĂ©s.

Le compte-rendu des Ă©volutions est visible sur Chroniques de l’invisible.

1- (=) Yossel, 19 avril 1943       19
Joe Kubert, Delcourt
2- (=) Le journal de mon pÚre 18.67
Jiro Taniguchi, Casterman
3- (-) Ceux qui me restent  18.66
Damien Marie, Laurent Bonneau, Bamboo
4- (=) Asterios Polyp     18.65
David Mazzuchelli, Casterman
5- (=) Persépolis    18.64
Marjanne Satrapi, L’Association
6- (=) Le loup des mers 18.55
Riff Reb, Soleil
7- (=) NonNonBù         18.5
Shigeru Mizuki, Cornélius
8- (=) Maus        18.49
Art Spiegelmann, Flammarion
9- (=) Le pouvoir des Innocents Cycle 2- Car l’enfer est ici   18.41
10- (=) La lune est blanche 18.4
Emmanuel Lepage, François Lepage, Futuropolis
11- (=) Tout seul            18.38
Christophe ChaboutĂ©, Vents d’Ouest
12- (=) Le sommet des dieux       18.33
Yumemuka Bura, JirĂŽ Taniguchi, Casterman
Tome 1,Tome 2,Tome 3, Tome 4, Tome 5.
13- (N) Un ocĂ©an d’amour       18.33
Wilfrid Lupano, Grégory Panaccione, Delcourt
14- (=) Un printemps à Tchernobyl  18.28
Emmanuel Lepage, Futuropolis
15- (=) Daytripper           18.27
Fabio Moon, Gabriel Ba, Urban Comics
16- (=) V pour Vendetta  18.22
Alan Moore, David Lloyd, Delcourt
17- (=) Le Grand pouvoir du Chninkel   18.19
Van Hamme, Rosinski, Casterman
18- (=) Universal War One   18.14
Denis Bajram, Soleil
 Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5, Tome 6.
BenoĂźt Zidrou, Roger, Dargaud
20- (=) Les ombres     18.1
Zabus, Hippolyte, Phébus
21- (=) Abélard     18.04
Régis HautiÚre, Renaud Dillies, Dargaud
22- (=) Chroniques outremer   18
Bruno Le Floch, Dargaud
Jérémy Bastian, Editions de la Cerise
24- (=) Le muret    18
Pierre Bailly, Céline Fraipont, Casterman
25- (=) Il était une fois en France    17.98
Fabien Nury, Sylvain Vallée, Glénat
26- (-) Les vieux fourneaux tome 1   17.96
Wilfrid Lupano, Paul Cauuet, Dargaud
27- (=) Herakles    17.92
Edouard Cour, Akileos
28- (=) Les derniers jours d’un immortel     17.92
Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval, Futuropolis
29- (=) Gaza 1956     17.92
Joe Sacco, Futuropolis
30- (+) Scalped            17.89
Jason Aaron, R.M. Guerra, Urban Comics
Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5, Tome 6, Tome 7,
31- (=)Melvile     17.88
Romain Renard, Le Lombard
32- (+) Les carnets de Cerise    17.83
Joris Chamblain, Aurélie Neyret, Soleil
33- (=) Manabé Shima 17.83
Florent Chavouet, Editions Philippe Picquier
34- (=) Trois Ombres       17.78
Cyril Pedrosa, Delcourt
35- (=) Les derniers jours de Stefan Zweig   17.75
L. Seksik, G. Sorel, Casterman
36- (=) Anjin-san    17.75
Georges Akiyama, Le Lézard Noir
37- (=) Joker                17.75
Brian Azzarello, Lee Bermejo, Urban Comics
38- (=) Mon arbre     17.75
Séverine Gauthier, Thomas labourot, Delcourt
39- (=) L’histoire des trois Adolf,              17.75
Osamu Tezuka, Tonkam
40- (=) Blankets  17.73
Craig Thompson, Casterman
L. Brunschwig, L. Hirn, Futuropolis
42- (-) Habibi       17.71
Craig Thompson, Casterman
43- (=) Holmes               17.7
Luc Brunschwig, Cecil, Futuropolis
44- (=) Calvin et Hobbes,              17.7
Bill Watterson, Hors Collection
45- (=) Les seigneurs de Bagdad  17.7
Brian K. Vaughan, Niko Henrichon, Urban Comics
46- (-) Urban              17.69
Luc Brunschwig, Roberto Ricci, Futuropolis
Tome 1, Tome 2, Tome 3,
47- (=) Washita     17.69
Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5.
48- (+) Le Photographe   17.67
49- (N) Jane le renard et moi    17.67
Isabelle Arsenault, Fanny Britt, La PastĂšque
50- (=) Lorenzaccio              17.67
Régis Peynet, 12 Bis

Le jeu vidĂ©o – Bastien VivĂšs

LeJeuVidéo


Titre : Le jeu vidéo
Scénariste : Bastien VivÚs
Dessinateur : Bastien VivĂšs
Parution : Décembre 2011


Bastien VivĂšs a tenu ce qui Ă©tait certainement l’un des meilleurs blogs BD de la blogosphĂšre. Utilisant le copier-coller pour crĂ©er de longues conversations souvent absurdes, il a parfaitement su utiliser le principe du dĂ©filement vertical pour crĂ©er un effet de temporalitĂ© (renforcĂ© par les cases muettes). Fin 2011, la collection Shampooing lui ouvre les portes avec la publication de ses notes de blog. Et lĂ , curieusement, il est dĂ©cidĂ© de sortir pas moins de six volumes pesant prĂšs de 200 pages dont les parutions sont Ă©talĂ©es sur un peu plus d’un an. A dix euros le bouquin, ça fait cher le recueil de blog
 Trop pour moi qui dĂ©cidais de les lire en bibliothĂšque. Surtout que l’aspect thĂ©matique des ouvrages est plus ou moins rĂ©ussi. IntĂ©ressons-nous ici au jeu vidĂ©o dans ce qui est le premier opus publiĂ©.

LeJeuVidĂ©o1Le livre se prĂ©sente sous un format poche rappelant le manga. Chaque page comporte deux dessins (voire mĂȘme un seul pour des questions de mise en page) apposĂ©s verticalement. Chaque scĂšne prĂ©sente de nombreux copier-coller ou presque. Certaines modifications apparaissent entre deux cases parfois, mais cela reste lĂ©ger. Cela explique la pagination, car il n’y a pas tant de scĂšnes que ça. C’est clairement un choix d’édition et on comprend bien vite qu’avec un autre format, on aurait eu droit Ă  un seul recueil Ă  vingt euros.

Street fighter & joystick

MalgrĂ© cet effet de rĂ©pĂ©tition, le lecteur en a pour son argent. Les nombreux dialogues rendent la lecture relativement lente et si on a l’impression de tourner les pages Ă  toute vitesse, le bouquin nous occupe un certain temps. Pour « Le jeu vidĂ©o », Bastien VivĂšs est trĂšs Ă  l’aise et il n’y a pas vraiment de dĂ©chets dans ses histoires. La qualitĂ© des scĂšnes est constante et on sourit beaucoup. Mieux vaut connaĂźtre un peu les annĂ©es 90 car il en est beaucoup fait mention. On parle de joystick et de Street Fighter (visiblement un jeu qui a marquĂ© l’auteur). L’aspect nostalgique est trĂšs prĂ©sent, notamment dans les conflits gĂ©nĂ©rationnels.

Le dessin de Bastien VivĂšs est ici rĂ©ussi, mĂȘme si les copier-coller rendent l’exercice un peu biaisĂ©. Son dessin ultra-dynamique fait de touches de noir est reconnaissable et remarquable. Cela reste quand mĂȘme trĂšs statique. Il est cependant impressionnant de voir que l’auteur peut nous faire rire sans mĂȘme utiliser les expressions de ses personnages


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Si les choix Ă©ditoriaux sont contestables, la qualitĂ© de l’ouvrage ne l’est pas. DrĂŽle et un brin nostalgique, « Le jeu vidĂ©o » se lit avec grand plaisir et vous rappellera vos moments de jeunesse devant la console, un magazine sur les genoux, Ă  essayer de faire un coup spĂ©cial jusqu’à l’épuisement.

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Note : 15/20

ChĂąteau de sable – Frederik Peeters & Pierre-Oscar LĂ©vy

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Titre : ChĂąteau de sable
Scénariste : Pierre-Oscar Lévy
Dessinateur : Frederik Peeters
Parution : Septembre 2009


J’ai dĂ©couvert Frederik Peeters par sa sĂ©rie « Aama » oĂč il officiait seul comme scĂ©nariste et dessinateur. CharmĂ© par son dessin inventif et dynamique, j’avais envie de dĂ©couvrir d’autres ouvrages de cet auteur. C’est chose faite avec « ChĂąteau de sable », scĂ©narisĂ© par Pierre Oscar-LĂ©vy, qui part un instant du cinĂ©ma pour faire un incursion dans la bande-dessinĂ©e. Ce one-shot d’une centaine de pages est publiĂ© chez Atrabile.

On est en Ă©tĂ©. Il fait chaud. Au bord d’une petite crique, des familles viennent profiter de la mer (et accessoirement, rĂąlent de voir qu’elles ne sont pas les seules Ă  connaĂźtre cette crique !). Mais voilĂ  que l’on retrouve une jeune femme morte. Or, un AlgĂ©rien traĂźne dans les parages, sans que l’on comprenne bien ce qu’il fait ici


Des ĂȘtres humains face Ă  des questions existentielles.

ChĂąteauDeSable1Curieux livre que ce « ChĂąteau de sable ». FormĂ© autour d’un huis clos trĂšs théùtral, il bascule rapidement dans le fantastique. Au-delĂ  de cet aspect, c’est avant tout des ĂȘtres humains qui sont placĂ©s devant des questions existentielles. Difficile d’en rĂ©vĂ©ler plus sans gĂącher la surprise
 MalgrĂ© le nombre de personnages importants, les auteurs les dĂ©veloppent suffisamment pour enrichir le propos et amener de nombreux points de vue. Tous les Ăąges, professions et caractĂšres semblent reprĂ©sentĂ©s.

L’aspect humain est une chose, mais ce qui nous prend avant tout est le suspense. La montĂ©e en tension est remarquablement menĂ©e. On est vraiment pris dans l’histoire et on dĂ©vore les pages Ă  toute vitesse. En cela, l’album est remarquablement gĂ©rĂ©. Les rĂ©vĂ©lations sont donnĂ©es avec parcimonie. Une belle gestion du suspense !

Concernant le dessin, Frederik Peeters propose des personnages affirmĂ©s, aux traits aisĂ©ment reconnaissables. Son trait au pinceau est d’une grande beautĂ© et le noir et blanc lui rend honneur tant les cases sont pleine de matiĂšre. La reprĂ©sentation de la chaleur et de tant de personnages aux Ăąges et corpulence diffĂ©rentes force le respect. Un grand dessinateur, s’il Ă©tait encore besoin de le dire.

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« ChĂąteau de sable » est un trĂšs beau one-shot. Remarquablement dessinĂ©, dotĂ© d’une narration aux petits oignons et d’un suspense implacable, il ne vous laissera pas indiffĂ©rent.

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Note : 16/20

Like a steak machine – Fabcaro

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Titre : Like a Steak Machine
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Septembre 2009


Aujourd’hui, nombreux sont les auteurs Ă  se lancer dans l’autobiographie. Fabcaro n’échappe Ă  la rĂšgle. Je le connaissais alors pour « Amour, Passion et CX Diesel » (au scĂ©nario) et « Jean-Louis et son encyclopĂ©die », des ouvrages 100% humouristiques. Avec « Le steak hĂąchĂ© de DamoclĂšs » et « Droit dans le mĂ»r » (aux Ă©ditions de La CafĂ©tiĂšre), il se prĂ©sentait comme quelqu’un de complĂštement nĂ©vrosĂ©, avec des problĂšmes de communication et de sociabilitĂ© trĂšs limitĂ©e. Bref, un personnage trĂšs loin de ce que l’on peut imaginer d’un auteur humoristique. Avec « Like a steak machine », Fabcaro reprend son processus introspectif. Douloureux souvenirs


Le principe de « Like a steak machine » est dĂ©crit dĂšs la premiĂšre planche. Ici, une chanson sert de base Ă  chaque planche. Chaque morceau rappelle un Ă©vĂšnement passé : un premier concert, une nuit blanche, une rupture ou n’importe quoi d’autre. Chaque planche raconte une anecdote. Si bien que l’ouvrage est beaucoup plus orientĂ© « souvenir » qu’ « analyse ».

Des anecdotes musicales pleine d’autodĂ©rision.

Le thĂšme Ă©tant les souvenirs par la musique, on retrouve ainsi pas mal d’anecdotes musicales (notamment les concerts). Mais surtout, l’aspect introspectif est beaucoup moins fort, ce qui en fait un ouvrage plus lĂ©ger que les prĂ©cĂ©dents. L’humour est toujours fortement prĂ©sent, avec une bonne dose d’autodĂ©rision.

Il y a Ă©galement un petit cĂŽtĂ© dĂ©suet et nostalgique pas dĂ©sagrĂ©able dans cet ouvrage. Raconter des souvenirs n’apporte pas toujours cet aspect-lĂ  mais ici on reconnaĂźt l’époque sans peine. En effet, les citations de chansons, groupes et artistes sont autant de repĂšres (ou pas justement !) dissĂ©minĂ©s dans chaque page. Cet aspect marquĂ© dans une Ă©poque m’a rappelĂ© de loin « Le Petit Christian » de Blutch.

Je ne cacherais pas que cet ouvrage est moins fort que les deux prĂ©cĂ©dents. Le fait qu’il se construise sur des anecdotes de jeunesse le rend moins original. Il n’est donc pas rare de lire certains souvenirs quasiment Ă  l’identique d’autres artistes. La force de Fabcaro tient avant de sa capacitĂ© Ă  mettre de l’humour et de l’autodĂ©rision partout.

Et cet humour est fortement appuyĂ© par le trait de l’auteur. En effet, ces personnages sont trĂšs expressifs (bien que moins « cartoons » que dans d’autres de ses BDs), notamment son alter-Ă©go. Le trait relĂąchĂ©, en noir et blanc, est trĂšs agrĂ©able et lisible. Je le prĂ©fĂšre de loin Ă  son dessin « cartoon ».

Au final, « Like a steak machine » est peut-ĂȘtre l’ouvrage autobiographique de Fabcaro le moins original, mais aussi clairement le plus accessible. Moins axĂ© sur ses nĂ©vroses, le livre permet au lecteur de beaucoup plus s’identifier au personnage. Tout dĂ©pendra donc de ce que vous recherchez !

avatar_belz_jolNote : 16/20

L’infiniment moyen – Fabcaro

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Titre : L’infiniment Moyen
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Avril 2011


Dans « L’infiniment moyen », Didier Tronchet dit dans sa prĂ©face que Fabcaro « met beaucoup d’application Ă  ne pas ĂȘtre connu ».Et c’est bien dommage, car Fabcaro a du talent Ă  revendre ! « L’infiniment moyen » est un recueil de planches dĂ©jĂ  parues entre 2003 et 2011, notamment dans Psikopat, Bedaine et CQFD. Un florilĂšge sur 8 ans de dessin, on pourrait craindre un ensemble disparate. Heureusement, ce n’est pas du tout le cas.

« L’infiniment moyen » comporte trois types de planches. Les premiĂšres sont muettes et la chute est souvent un contre-pied complĂštement absurde. Les deuxiĂšmes sont plus classiques, avec dialogues et chutes finales (oĂč l’auteur se met parfois en scĂšne). Enfin, quelques illustrations complĂštent le tableau. Le tout est Ă©videmment entiĂšrement humoristique.

Un humour oscillant entre humour classique et humour franchement glauque.

La variation des situations et des personnages peut ĂȘtre pris comme un dĂ©faut et pourtant il est aussi rĂ©vĂ©lateur de la capacitĂ© de Fabcaro Ă  faire des blagues en crĂ©ant un contexte rapidement. Pas d’univers sur lequel se reposer, pas de blagues rĂ©currentes, uniquement de l’instantanĂ©. Et force est de constater que le tout est trĂšs drĂŽle, oscillant entre le classique et le franchement glauque. Il y en a pour tous les goĂ»ts.

Je tiens Ă  fĂ©liciter les personnes qui ont participĂ© Ă  la maquette de cet ouvrage. En effet, les diffĂ©rents types de planches sont parfaitement Ă©quilibrĂ©s entre illustration, muet et parlant. On croirait presque que c’est un ouvrage dessinĂ© pour l’occasion. On dĂ©couvre ainsi un Fabcaro possĂ©dant un vĂ©ritable univers, une ambiance pleine d’humour noir et dĂ©calĂ©. On est souvent surpris et les rires sont frĂ©quents lors de la lecture. Encore une fois, Fabcaro confirme tout le bien que je pense de lui.

Le style graphique de l’auteur est toujours aussi sympathique. Le trait est dynamique, tout en noir et blanc. C’est un vrai plaisir. Une mention spĂ©ciale est Ă  accorder aux visages qui semblent toujours sur la brĂšche, que ce soit d’angoisse, de colĂšre ou de dĂ©sespoir. Les personnages ne semblent jamais sereins (et ceux qui semblent heureux sont source d’angoisse pour les autres). Cela participe fortement Ă  l’ambiance noire qui se dĂ©gage des planches.

Au final, « L’infiniment moyen » est un recueil des plus rĂ©ussis. Certes, ce n’est peut-ĂȘtre pas le meilleur moyen de dĂ©couvrir Fabcaro, mais il comblera sans peine les adeptes de l’auteur et les lecteurs amateurs d’humour grinçant.

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Note : 15/20

Le chien qui louche – Etienne Davodeau

LeChienQuiLouche


Titre : Le chien qui louche
Scénariste : Etienne Davodeau
Dessinateur : Etienne Davodeau
Parution : Octobre 2013


 Etant un fervent et rĂ©gulier visiteur du Louvre, j’aime lire la collection qui y est consacrĂ© chez Futuropolis en partenariat avec les instances du MusĂ©e. Faisant appel Ă  de (trĂšs) grands noms de la bande-dessinĂ©e, cela reste hĂ©las souvent des Ɠuvres de commande oĂč les bĂ©dĂ©astes peinent Ă  pleinement s’accomplir. J’avais confiance en Etienne Davodeau. Ce dernier aborde le point de vue d’un gardien de musĂ©e
 Le tout pĂšse quand mĂȘme 134 pages.

Fabien est donc agent de surveillance au Louvre. Pour la premiĂšre fois, il rencontre sa belle-famille, dont les deux frĂšres et le pĂšre sont peu commodes et trĂšs beaufs, Ă  la tĂȘte d’une entreprise de vente de meubles. Mais un aĂŻeul a Ă©tĂ© peintre au cours du XIXĂšme siĂšcle. On n’a gardĂ© de lui qu’une toile d’un chien qui louche. Ce tableau est Ă©videmment une croĂ»te sans intĂ©rĂȘt. Mais Fabien doit essayer de la faire entrer au Louvre.

LeChienQuiLouche2Etienne Davodeau apporte vraiment sa patte au thĂšme. Ainsi, il pose la question de la lĂ©gitimitĂ© de la prĂ©sence d’une Ɠuvre au Louvre. Qui dĂ©cide, comment et pourquoi ? Il amĂšne aussi par la famille trĂšs beauf le problĂšme de la vision de la culture par certaines personnes. On voit ainsi des gens toucher les Ɠuvres et ne pas les respecter du tout. Quant Ă  la culture, clairement, ils n’y comprennent rien, reprochant la nuditĂ© des statues et faisant des remarques complĂštement dĂ©placĂ©es et dĂ©calĂ©es sur ce qu’ils voient.

Dialogues truculents et burlesque.

HĂ©las ces rĂ©flexions ne vont pas bien loin et l’histoire part finalement dans l’absurde, voire le burlesque une fois l’apparition de la curieuse RĂ©publique du Louvre. Le soufflet retombe et Ă  la fermeture de l’ouvrage, on se demande si l’auteur n’aurait pas pu aller plus loin, surtout avec une si abondante pagination. MalgrĂ© tout, la galerie de personnages est plaisante et certains dialogues truculents. Etienne Davodeau appose ton style, mais sans rĂ©ellement arriver Ă  s’approprier le sujet. C’est certainement un choix de ne pas vouloir intellectualiser trop fortement le propos.

Concernant le dessin, c’est du beau travail. Le trait dynamique est parfaitement mis en valeur par le lavis. La narration est fluide et agrĂ©able. L’auteur n’est pas n’importe qui, cela ressent tout de suite ! Et alors que le livre parle avant tout d’une peinture, c’est bien les sculptures du Louvre qui obsĂšdent Davodeau qui les dessine Ă  tort et Ă  travers. On reconnaĂźt sans peine les Ɠuvres, mais du coup le parallĂšle entre les sculptures et la peinture du chien qui louche ne se fait pas. C’est dommage, on passe peut-ĂȘtre Ă  cĂŽtĂ© de quelque chose d’intĂ©ressant.

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« Le chien qui louche » est un peu inĂ©gal. Si certaines scĂšnes et dialogues sont formidables (lorsque les provinciaux dĂ©couvrent qu’il y a des meubles en exposition au Louvre par exemple), mais le sens gĂ©nĂ©ral de l’ouvrage manque un peu de substance et de rĂ©flexion. A la fermeture du livre, on a l’impression que l’auteur n’est pas allĂ© au bout de sa dĂ©marche. Dommage.

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Note : 12/20

L’Album de l’AnnĂ©e – Fabcaro

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Titre : L’Album de l’AnnĂ©e
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Février 2011


Il existe un exercice classique chez les auteurs de BD, c’est de rĂ©aliser un dessin par jour pendant un an. Nombreux sont ceux Ă  s’y essayer (notamment depuis l’avĂšnement des blogs BD), mais peu sont ceux qui vont au bout. Mais si faire ses 365 dessins est un but, un autre objectif est Ă©videmment de leur donner un vĂ©ritable intĂ©rĂȘt. Et pour ça, il faut un vĂ©ritable talent ! Ce talent, Fabcaro l’a sans aucun doute. Alors que vaut son ouvrage « L’album de l’annĂ©e », regroupant 365 dessins retraçant une annĂ©e de sa vie ?

Cet ouvrage, publiĂ© aux Ă©ditions de La CafetiĂšre, fait 53 pages, comme le nombre de semaines dans une annĂ©e. Intelligemment, l’ouvrage est dĂ©coupĂ© comme un agenda. On a droit au numĂ©ro de la semaine, les dates, un petit dessin de Fabcaro Ă  son bureau pour dessiner et une citation (par exemple : « Avril sous les eaux, Tintin au Congo »). VoilĂ  pour l’habillage. Mine de rien, cette prĂ©sentation a un vrai sens et augmente l’intĂ©rĂȘt de l’ouvrage. Outre les citations, les petits dessins forment Ă  eux seuls une petite histoire et mĂ©ritent une seconde lecture
 En plus de cet en-tĂȘte, on retrouve donc Ă  chaque fois sept dessins. En gros, un descriptif rapide (« je boucle mon album « Jean-Louis » sur le rotules) et un dessin qui l’illustre (Fabcaro, Ă©croulĂ© sur son bureau, essaye en vain d’ouvrir une biĂšre pour fĂȘter ça).

Des running-gags à trois mois d’intervalle

Il est Ă©vident qu’avec ce genre d’ouvrage, chaque illustration ne possĂšde pas un intĂ©rĂȘt Ă©norme et tout n’est pas drĂŽle. L’important est que l’auteur parvienne Ă  faire rire rĂ©guliĂšrement. Mission rĂ©ussie ! Fabcaro parvient rĂ©guliĂšrement Ă  nous faire sourire et rire avec son humour tout en autodĂ©rision. Or, ce n’est pas Ă©vident car Ă  certains moments, il n’a vraiment rien Ă  raconter ! Il utilise alors l’intĂ©rĂȘt d’un dessin par jour pour amener une rĂ©pĂ©tition bienvenue
 D’ailleurs, il est impressionnant de voir comme le projet est remarquablement gĂ©rĂ© sur une telle durĂ©e. Fabcaro parvient Ă  mettre des gags de rĂ©pĂ©tition Ă  trois mois d’intervalle
 Du grand art !

Evidemment, l’aspect autobiographique est essentiel ici. Les nĂ©vroses de Fabcaro sont d’autant plus visibles (il se prĂ©sente comme hypocondriaque). Cependant, ce qui change avec ses autres ouvrages autobiographiques, c’est que certains Ă©vĂšnements dramatiques arrivent pendant cette annĂ©e 2009. Au point que l’auteur se demande s’il doit continuer l’ouvrage. On le sent particuliĂšrement angoissĂ©, voire dĂ©primĂ© et on le voit lutter pour poursuivre sa bande-dessinĂ©e. Cela donne un aspect touchant, diffĂ©rent de l’autodĂ©rision habituelle.

C’est aussi l’occasion d’apprĂ©hender la vie d’un artiste auteur de bande-dessinĂ©e. Fabcaro y parle beaucoup de son travail (hĂ©sitations, nouveaux projets, angoisses, bouclages, etc). Pour ceux qui s’y intĂ©ressent un minimum, c’est trĂšs intĂ©ressant par exemple de voir que Fabcaro dĂ©clare avoir un « style de merde tout figé », ou encore qu’il dĂ©teste faire les couleurs


Graphiquement, c’est impeccable. Les dessins sont imprimĂ©s petit mais ne posent pas de problĂšme de lecture. On retrouve le trait de Fabcaro, noir et blanc et relĂąchĂ©. Evidemment, comme tout est petit, les dĂ©cors et dĂ©tails sont rares. Mais avec peu, Fabcaro sait renforcer son propos avec un dessin toujours expressif.

Si « L’album de l’annĂ©e » n’est pas l’album de l’annĂ©e, il est une preuve de plus que Fabcaro est un auteur de grand talent. Cet ouvrage se dĂ©vore de la premiĂšre Ă  la derniĂšre page sans jamais lasser. Pour les fans de l’auteur, c’est un livre Ă  ne pas manquer. Pour ceux qui ne connaissent pas encore Fabcaro, je vous conseille de dĂ©marrer par ses premiĂšres autobiographies.

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Note : 15/20