Top BD des blogueurs – Octobre 2014

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Le Top BD des blogueurs est un collectif rassemblant des blogs de critiques de bande-dessinĂ©es. DĂšs qu’un titre possĂšde au moins trois notes, il entre dans le top. Vous pouvez dĂ©couvrir chaque mois les cinquante titres les mieux notĂ©s.
1- (N) La lune est blanche 19.17
Emmanuel Lepage, François Lepage, Futuropolis
2- (N) Yossel, 19 avril 1943       19
Joe Kubert, Delcourt
Jiro Taniguchi, Casterman
4- (N) Sharaz-de   18.67
Sergio Toppi, Mosquito
5- (=) Asterios Polyp     18.65
David Mazzuchelli, Casterman
6- (=) Persépolis    18.64
Marjanne Satrapi, L’Association
7- (=) Ceux qui me restent  18.63
Damien Marie, Laurent Bonneau, Bamboo
8- (=) Le loup des mers 18.55
Riff Reb, Soleil
9- (=) Idées Noires       18.5
Franquin, Fluide Glacial
10- (=) NonNonBù         18.5
Shigeru Mizuki, Cornélius
11- (=) Maus        18.49
Art Spiegelmann, Flammarion
12- (=) Le pouvoir des Innocents Cycle 2- Car l’enfer est ici   18.41
13- (=) Tout seul            18.38
Christophe ChaboutĂ©, Vents d’Ouest
14- (=) Le sommet des dieux       18.33
Yumemuka Bura, JirĂŽ Taniguchi, Casterman
Tome 1,Tome 2,Tome 3, Tome 4, Tome 5.
Emmanuel Lepage, Futuropolis
16- (=) Daytripper           18.27
Fabio Moon, Gabriel Ba, Urban Comics
17- (=) V pour Vendetta  18.22
Alan Moore, David Lloyd, Delcourt
18- (=) Le Grand pouvoir du Chninkel   18.19
Van Hamme, Rosinski, Casterman
19- (=) Universal War One   18.14
Denis Bajram, Soleil
BenoĂźt Zidrou, Roger, Dargaud
21- (-) Les vieux fourneaux tome 1   18.11
Wilfrid Lupano, Paul Cauuet, Dargaud
22- (=) Les ombres     18.1
Zabus, Hippolyte, Phébus
23- (=) Abélard     18.04
Régis HautiÚre, Renaud Dillies, Dargaud
Jérémy Bastian, Editions de la Cerise
25- (=) Le muret    18
Pierre Bailly, Céline Fraipont, Casterman
26- (=) Il était une fois en France    17.98
Fabien Nury, Sylvain Vallée, Glénat
27- (=) Habibi       17.95
Craig Thompson, Casterman
28- (=) Herakles    17.92
Edouard Cour, Akileos
29- (=) Les derniers jours d’un immortel     17.92
Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval, Futuropolis
30- (=) Gaza 1956     17.92
Joe Sacco, Futuropolis
31- (+)Melvile     17.88
Romain Renard, Le Lombard
32- (=) Scalped            17.86
Jason Aaron, R.M. Guerra, Urban Comics
33- (=) Manabé Shima 17.83
Florent Chavouet, Editions Philippe Picquier
34- (=) Trois Ombres       17.78
Cyril Pedrosa, Delcourt
L. Seksik, G. Sorel, Casterman
36- (=) Anjin-san    17.75
Georges Akiyama, Le Lézard Noir
37- (=) Joker                17.75
Brian Azzarello, Lee Bermejo, Urban Comics
38- (=) Mon arbre     17.75
Séverine Gauthier, Thomas labourot, Delcourt
39- (=) L’histoire des trois Adolf,              17.75
Osamu Tezuka, Tonkam
40- (=) Blankets  17.73
Craig Thompson, Casterman
L. Brunschwig, L. Hirn, Futuropolis
42- (=) Holmes               17.7
Luc Brunschwig, Cecil, Futuropolis
43- (=) Calvin et Hobbes,              17.7
Bill Watterson, Hors Collection
44- (=) Les seigneurs de Bagdad  17.7
Brian K. Vaughan, Niko Henrichon, Urban Comics
45- (-) Urban              17.69
Luc Brunschwig, Roberto Ricci, Futuropolis
Tome 1, Tome 2, Tome 3,
46- (=) Washita     17.69
Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5.
47- (=) Lorenzaccio              17.67
Régis Peynet, 12 Bis
48- (=) Match!   17.67
Grégory Panaccione, Editions Delcourt
49- (N) Mots rumeurs, mots cutter    17.67
Charlotte Bousquet, Stéphanie Rubini, Gulf Stream Editeur
50- (=) Tokyo Home  17.67
Thierry Gloris, Cyrielle, Kana

Comme tout le monde – Rudy Spiessert, Denis LapiĂšre & Pierre-Paul Renders

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Titre : Comme tout le monde
Scénaristes : Denis LapiÚre & Pierre-Paul Renders
Dessinateur : Rudy Spiessert
Parution : Octobre 2007


Au dĂ©part, il y a un scĂ©nario. De ce scĂ©nario originel accoucheront deux Ɠuvres : la premiĂšre sera un film, la seconde une bande-dessinĂ©e. « Comme tout le monde » n’a pas laissĂ© beaucoup de souvenirs aux cinĂ©philes, qu’en est-il de sa version dessinĂ©e qui se veut une « version longue » de son cousin sur grand Ă©cran. L’ensemble pĂšse quand mĂȘme 140 pages, ce qui laisse aux auteurs le temps de dĂ©velopper les enjeux et les personnages. PubliĂ© chez Dupuis, le livre est dessinĂ© par Rudy Spiessert et scĂ©narisĂ© par Denis LapiĂšre et Pierre-Paul Renders.

CommeToutLeMonde2Tout commence par une Ă©mission, la bien nommĂ©e « comme tout le monde ». Sur le principe de « La famille en or », les participants doivent trouver la rĂ©ponse la plus souvent citĂ©e par un panel de sondĂ©s. Or, le grand champion Jalil ne se trompe jamais. Au point qu’il dĂ©finit la plus pur français moyen. Une aubaine pour les marques qui peuvent l’utiliser comme panel Ă  moindre coĂ»t. Mais Ă  son insu


 Voyeurisme & célébrité

« Comme tout le monde » s’intĂšgre parfaitement dans un monde de voyeurisme et de tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ©. La cĂ©lĂ©britĂ© du français moyen qui exhibe son intimitĂ© est traitĂ©e ici. Si le sujet de la bande-dessinĂ©e n’est simplement jamais crĂ©dible, on se prend au jeu de cette histoire qui sait nous dĂ©voiler les secrets petit Ă  petit. Quelques retournements de situation sont bien vus et surprendront le lecteur. En cela, la pagination importante est adaptĂ©e, permettant de dĂ©velopper pleinement tous les aspects de l’histoire.

CommeToutLeMonde1C’est peut-ĂȘtre au niveau des personnages que l’ensemble pĂȘche un peu. Jalil, trop moyen, manque vraiment de charisme. C’est son personnage, certes, mais on n’a finalement que trĂšs peu de sympathie pour lui, au contraire de sa jeune compagne, Ă  laquelle on s’attache. Mais le tout manque cruellement d’analyse. Claire accepte de se mettre en couple pour de l’argent, sans que la notion de prostitution ne soit relevĂ©e. C’est bien un livre de chez Dupuis qui reste bien gentillet. On aurait pu imaginer une critique mordante, ce ne sera pas le cas. Dommage, car le sujet est plutĂŽt intĂ©ressant et la narration bien menĂ©e.

Au niveau du dessin, Rudy Spiessert est à lui seul un argument pour le bouquin. Clairement influencé par Dupuy et Berberian, il propose un dessin simple en apparence mais trÚs riche, à la mise en scÚne soignée. Une véritable découverte et un auteur à suivre assurément.

« Comme tout le monde » est un ouvrage qui se lit d’une traite, mĂ©nageant son suspense intelligemment. HĂ©las, on sent qu’avec un sujet pareil, le livre aurait pu ĂȘtre plus intĂ©ressant en Ă©tant plus sombre ou cynique. Une sympathique dĂ©couverte.

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Note : 14/20

Le singe de Hartlepool – Wilfrid Lupano & JĂ©rĂ©mie Moreau

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Titre : Le singe de Hartlepool
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Jérémie Moreau
Parution : Septembre 2012


Pendant les guerres napolĂ©oniennes, un navire français navigue prĂšs des cĂŽtes anglaises. A bord, un singe habillĂ© d’un uniforme français fait office de mascotte. La haine de l’anglais est alors Ă  son comble. Ainsi, le mousse, osant chantonner une mĂ©lodie en anglais, se voit jetĂ© par-dessus bord
 Quelques instants plus tard, c’est tout le navire qui sombre suite Ă  un orage soudain. Seul rescapé : le singe. Celui-ci va se retrouver sur les cĂŽtes anglaises, prĂšs d’un village nommĂ© Hartlepool. Les habitants vont alors dĂ©cider de pendre ce Français.

lesingedehartlepool1InspirĂ© d’une histoire vraie (ou du moins d’une lĂ©gende, difficile d’ĂȘtre certain de la vĂ©racitĂ© des faits), « Le singe de Hartlepool » est une vĂ©ritable fable contre la bĂȘtise humain en gĂ©nĂ©ral et le nationalisme en particulier. N’ayant jamais vu un Français de leurs vies, les habitants vont trouver Ă  se convaincre que ce singe est un ĂȘtre humain français. Quitte Ă  faire appel Ă  un ancien combattant sĂ©nile pour trouver des arguments


Les auteurs, Wilfrid Lupano au scĂ©nario et JĂ©rĂ©mie Moreau au dessin, ont dĂ©cidĂ© de jouer le jeu Ă  fond. Ici, c’est une fable. La plupart des gens (ici, de vĂ©ritables ploucs) sont complĂštement stupides et haineux. Seuls certains personnages parviennent Ă  sortir de cet Ă©tat de fait : certains enfants et le mĂ©decin, symbole de culture et donc de tolĂ©rance. Clairement, les auteurs font le choix d’une morale claire et affirmĂ©e et c’est tant mieux.

Le ton de l’album est clairement cynique. L’humour y est fortement prĂ©sent malgrĂ© l’aspect dramatique de l’histoire. On rit souvent, voire mĂȘme de bon cƓur, devant les remarques des villageois. On rit de la bĂȘtise humaine et Ă  la fois, on s’en dĂ©sespĂšre.

« Bien qu’il ne parle pas, le singe est le personnage le plus complexe de l’histoire. »

Notre empathie est souvent requise dĂšs que le singe apparaĂźt. Victime innocente, subissant le courroux d’animaux se revendiquant intelligents, il est le personnage le plus complexe de l’histoire, bien qu’il ne parle pas. Et en cela, c’est la grande rĂ©ussite de l’album. Les auteurs ont parfaitement su retranscrire la dualitĂ© des chimpanzĂ©s. PoussĂ© dans ses retranchements, le singe est bestial, il mord jusqu’au sang, griffe, bref, lutte pour sa vie. Mais il est Ă©galement parfois terriblement humain avec son regard perdu dans le vide. Éternelle victime de l’homme (enlevĂ© Ă  sa famille, puis pendu en Angleterre), il paraĂźt pourtant bien plus humain que ses bourreaux.

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Outre une narration et un ton captivants, il faut avouer que le dessin est l’un des points forts de cet album. J’ai pleinement accrochĂ© au graphisme personnel et expressif de JĂ©rĂ©mie Moreau. Il est en parfaite adĂ©quation avec le propos, sachant se montrer expressif dans les moments les plus ridicules ou plus intimiste dans les passages les plus empathiques. Pour un premier album, c’est d’autant plus impressionnant. Un dessinateur que je suivrai avidement dĂ©sormais.

« Le singe de Hartlepool » est un one-shot de qualitĂ©. MaĂźtrisĂ© de bout en bout sur tous les points, il maĂźtrise le mĂ©lange des genres avec brio. A la fois Ă©cƓurĂ©, amusĂ© et attristĂ©, le lecteur repart avec le plein d’émotion ! 

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Note : 17/20

Les vieux fourneaux, T1 : Ceux qui restent – Wilfrid Lupano & Paul Cauuet

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Titre : Les vieux fourneaux, T1 : Ceux qui restent
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Paul Cauuet
Parution : Avril 2014


 Wilfrid Lupano est l’un des scĂ©naristes qui monte. For de plusieurs succĂšs et sachant s’entourer de dessinateurs talentueux, il est devenu synonyme d’auteur Ă  suivre. « Les vieux fourneaux » ne dĂ©roge pas Ă  la rĂšgle. DotĂ©e de critiques trĂšs positives et du Prix des libraires de bande dessinĂ©e 2014, il n’en fallait pas plus pour que je m’y intĂ©resse. Il est accompagnĂ© au dessin par Paul Cauuet, que je ne connaissais pas. Le tout est publiĂ© chez Dargaud pour un total de 56 pages. Ce tome 1 est nommĂ© « ceux qui restent ». Le succĂšs de la sĂ©rie a, depuis, vu paraĂźtre une suite. Je prĂ©cise tout de suite que ce premier tome se suffit Ă  lui-mĂȘme.

LesVieuxFourneaux1aLe titre de l’album est assez explicite : on s’intĂ©resse ici Ă  une bande de personnes ĂągĂ©es qui viennent rendre hommage Ă  l’une de leur amie, dĂ©cĂ©dĂ©e. Le thĂšme de « vieux fourneaux » prend d’autant plus de sens lorsque l’on apprend qu’ils ont tous travaillĂ© dans la mĂȘme usine et ont montrĂ© un activisme syndical particuliĂšrement important. Mais quand l’un d’eux pĂšte les plombs lorsque le notaire dĂ©voile certains secrets, ses copains se serrent les coudes pour lui Ă©viter de faire une connerie.

« Des portraits plein de vie et de caractÚre. »

Trois grands thĂšmes viennent se tĂ©lescoper dans cette sĂ©rie. La vieillesse bien Ă©videmment, mais aussi l’amitiĂ© et la lutte des classes.  Au milieu de tout ça, la petite fille de Lucette vient apporter sa fraĂźcheur et son dĂ©calage par rapport Ă  nos vieux bonhommes. Ces portraits sont plein de vie et cohĂ©rents, chacun ayant son caractĂšre et, surtout, son histoire.

LesVieuxFourneaux1cDans cet album, chaque personnage est prĂ©sentĂ© de façon satisfaisante pour assouvir notre plaisir de lecture. Cependant, on sent que les auteurs en ont sous le pied. Ils savent Ă©viter de produire trop de flashbacks inutiles et se concentre sur le prĂ©sent. Sans ĂȘtre absolument le plus intĂ©ressant dans l’ouvrage, le fil rouge possĂšde suffisamment de suspense pour nous donner envie de lire la suite. Mais ce sont bien les situations cocasses dues Ă  l’ñge des protagonistes qui font tout le sel du bouquin.

Au niveau du dessin, Paul Cauuet réalise un travail remarquable. Bien aidé par une couleur qui met en valeur son trait, il croque des personnages semi-réalistes souvent proches de la caricature.  Son dessin est à la fois riche et dynamique et le dessinateur excelle aussi bien dans les dessin des personnages que des décors. Une véritable découverte !

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« Les vieux fourneaux » est une bande-dessinĂ©e rĂ©ussie. DotĂ© de personnages hauts en couleur et d’un dessin parfaitement adaptĂ©, elle aurait pu ĂȘtre un one-shot percutant. Mais les auteurs ont prĂ©fĂ©rĂ© en faire une sĂ©rie. EspĂ©rons que la suite saura confirmer les qualitĂ©s de ce premier tome drĂŽle et attachant.

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Note : 16/20

Johnny Jungle, T2 – Jean-Christophe Deveney & JĂ©rĂŽme Jouvray

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Titre : Johnny Jungle, T2
Scénariste : Jean-Christophe Deveney
Dessinateur : JérÎme Jouvray
Parution : Septembre 2014


Le premier tome de « Johnny Jungle » avait Ă©tĂ© une bonne surprise. Narrant l’histoire d’un Ă©quivalent de Tarzan champion de natation et de cinĂ©ma (vous avez dit « Johnny Weismuller » ?), cette histoire faisait preuve de beaucoup d’humour dĂ©calĂ©. A la fermeture du premier opus du diptyque, on se demandait presque l’intĂ©rĂȘt de continuer le tout, malgrĂ© la fin surprenante. Alors, cette deuxiĂšme partie transforme-t-elle l’essai ?

Johnny n’est pas vraiment parvenu Ă  se faire Ă  la vie citadine. Acteur star, il succombe trop facilement aux jeunes actrices qui lui sont associĂ©es, mettant Ă  mal sa vie avec Jane. Et quand les enfants illĂ©gitimes commencent Ă  faire leurs apparitions, c’est le bouquet


Ce tome s’intĂ©resse Ă  la dĂ©gringolade du personnage. AprĂšs son ascension, cette chute Ă©tait inĂ©vitable. On le voit vieillir et devenir has been. Si bien que ce livre est beaucoup moins drĂŽle que le premier. TeintĂ© de nostalgie et de regrets, il met l’émotion plus en avant. HĂ©las, les blagues sont quand mĂȘme lĂ , mais nous atteignent beaucoup moins. La lecture est loin d’ĂȘtre dĂ©sagrĂ©able, mais il est difficile de ne pas ĂȘtre déçu lorsqu’on le compare au premier. Ainsi, aprĂšs une vingtaine de pages, je me suis surpris Ă  me dire que l’histoire n’avançait pas vraiment. Heureusement, la suite est plus pertinente. MalgrĂ© tout, ce tome est loin de confirmer nos attentes.

La comparaison entre les deux ouvrages fait mal.

Ce diptyque peut ĂȘtre vu de cette façon : le premier tome correspond Ă  la partie d’innocence du personnage. Il dĂ©couvre les choses avec Ă©merveillement et on rit avec lui. Le deuxiĂšme tome est la dĂ©sillusion. Ainsi, le principe de deux livres serait pleinement pertinent. Cependant, ce tome manque de rebondissement et les pĂ©ripĂ©ties sont loin de s’accumuler. Il manque aussi de personnages pittoresques (comme le rĂ©alisateur escroc du premier tome par exemple). Cette dichotomie m’a dĂ©rangĂ©, la comparaison entre les deux ouvrages fait mal.

MalgrĂ© tout, on retrouve une analyse au vitriol d’Hollywood avec ses acteurs ratĂ©s, ses budgets limitĂ©s par la crise et ses films de propagande pendant la Seconde Guerre Mondiale. Certaines trouvailles font mouche, mais leur densitĂ© est plus faible. Surtout, la surprise n’est plus lĂ .

Concernant le dessin, j’ai trouvĂ© l’ensemble inĂ©gal. Si le premier tome m’avait enchantĂ©, c’est moins le cas ici. Le trait de JĂ©rĂŽme Jouvray est toujours aussi agrĂ©able, mais les intĂ©rieurs notamment sont trĂšs vides. Le manque de jungle se fait cruellement sentir ! Du coup, la couleur (assurĂ©e par Anne-Claire Jouvray) est beaucoup moins marquante que dans le premier opus. C’est surtout une impression d’inĂ©gale qualitĂ© qui nous imprĂšgne. Certaines planches sont toujours aussi belles et dynamiques. D’autres semblent dĂ©sespĂ©rĂ©ment vides. Peut-ĂȘtre que le temps imparti pour dessiner cet album Ă©tait-il trop court ? Car l’ensemble fait quand mĂȘme 76 pages.

La chute de « Johnny Jungle » est traitĂ©e avec nostalgie. Mais les auteurs semblent beaucoup moins Ă  l’aise dans ce registre. Difficile de s’attacher Ă  un personnage qui succombe en permanence Ă  ses pulsions. Maintenant qu’il vieillit, il est difficile d’avoir de l’empathie pour son immaturitĂ©. J’ai retrouvĂ© une partie du plaisir que j’avais eu pour le premier tome, mais la dĂ©ception est bien rĂ©elle. Dommage.

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Note : 10/20

Johnny Jungle, T1 – Jean-Christophe Deveney & JĂ©rĂŽme Jouvray

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Titre : Johnny Jungle, T1
Scénariste : Jean-Christophe Deveney
Dessinateur : JérÎme Jouvray
Parution : Janvier 2013


Johnny Jungle a eu une vie mouvementĂ©e. Enfant sauvage, il fut Ă©levĂ© par des singes avant de se retrouver en pleine civilisation et de devenir champion de natation et star d’Hollywood. Aujourd’hui, Johnny est traquĂ© et il se rappelle de sa jeunesse
 « Johnny Jungle » est la premiĂšre partie d’un diptyque. Ce premier tome fait plus de 70 pages et est publiĂ© aux Ă©ditions GlĂ©nat.

Tout rapport entre la vie de Johnny Weismuller n’est Ă©videmment que pure coĂŻncidence. Johnny ici est donc un mix de Tarzan et de Weismuller, ces deux derniers Ă©tant bien sĂ»r trĂšs entremĂȘlĂ©s. Dans cette fausse biographie, l’humour est le maĂźtre mot de l’aventure. Johnny se raconte avec une part de narration non-nĂ©gligeable que vient renforcer les dialogues.

Johnny dĂ©couvre la civilisation et le succĂšs… au risque de s’y perdre ?

La mĂ©thode du flashback Ă©tant uniquement un prĂ©texte Ă  relancer le suspense Ă  la fin du tome, on dĂ©couvre la vie de Johnny avant tout de façon chronologique. On dĂ©couvre sa vie dans la jungle avec sa mĂšre et son copain frĂšre de liane Kinka. Un curieux missionnaire allemand lui apprend Ă  crier comme Tarzan
 Mais c’est surtout sa rencontre avec Jane qui va tout changer. Johnny dĂ©couvre la civilisation et le succĂšs… au risque de s’y perdre ?

Si l’histoire en soit ne surprendra pas le lecteur (puisque ce n’est pas le but), c’est l’humour qui donne tout le sel Ă  l’ouvrage. Le cynisme des auteurs pour l’humanitĂ© couplĂ© Ă  la naĂŻvetĂ© de Johnny fonctionne parfaitement. Les seconds rĂŽles sont parfaitement rĂ©ussis, de l’imprĂ©sario au rĂ©alisateur, en passant par le missionnaire. De plus, entre les Ă©pisodes de la vie de Johnny, il nous est donnĂ© Ă  voir un des personnages interviewĂ© des annĂ©es aprĂšs l’histoire qui nous parle  de Johnny. Ces petits moments sont trĂšs drĂŽles et donnent d’autant plus de piquant Ă  l’ouvrage. On peut citer Ă©galement les affiches de films, rĂ©guliĂšrement parsemĂ©es dans le livre qui jouent le mĂȘme rĂŽle d’authentifier cette biographie.

Le dessin possĂšde un trait expressif, parfaitement adaptĂ© Ă  l’humour de l’ouvrage. Cependant, le dessin parvient Ă  fonctionner Ă©galement dans les passages oĂč l’émotion se fait plus forte. Il faut mentionner en particulier le travail sur les dĂ©cors, qui navigue de la jungle luxuriante Ă  Paris ou New York. Ces derniers sont enrichit par des couleurs de toute beautĂ©, partie intĂ©grante du dessin. Le dessin est assurĂ© par JĂ©rĂŽme Jouvray, Ă©paulĂ© aux couleurs par Anne-Claire
 Jouvray ! On comprend alors comment les couleurs sont aussi intĂ©grĂ©es dans le dessin de l’ouvrage. Une belle rĂ©ussite.

« Johnny Jungle » est une trĂšs bonne surprise. Plein d’idĂ©e, Ă  l’humour efficace, il prĂ©sente une vision de la sociĂ©tĂ© (et notamment du cinĂ©ma) bien cynique. ProposĂ© en diptyque, il ne reste plus qu’à espĂ©rer que la deuxiĂšme partie transforme l’essai !

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Note : 14/20

Tu mourras moins bĂȘte, T3 : Science un jour, science toujours !

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Titre : Tu mourras moins bĂȘte, T3 : Science un jour, science toujours !
Scénariste : Marion Montaigne
Dessinatrice : Marion Montaigne
Parution : Septembre 2014


 AprĂšs une petite pause en 2013 consacrĂ©e Ă  d’autres projets, Marion Montaigne nous revient avec sa sĂ©rie de vulgarisation scientifique, « Tu mourras moins bĂȘte », sous-titrĂ©e « Mais tu mourras quand mĂȘme » ! Ce troisiĂšme tome est intitulĂ© « Science un jour, science toujours ! ». Contrairement aux prĂ©cĂ©dents opus qui Ă©taient chacun basĂ©s sur un thĂšme (les films et sĂ©ries tĂ©lĂ©, puis la mĂ©decine), celui-ci est beaucoup plus ouvert. Symbole de ce changement de ligne, le tout est publiĂ© chez Delcourt et non plus chez Ankama. MalgrĂ© tout, que les collectionneurs se rassurent, la maquette est quasiment identique et votre bibliothĂšque n’en sera pas gĂȘnĂ©e. Le tout est un pavĂ© de 250 pages !

Si l’idĂ©e d’un thĂšme par livre Ă©tait sĂ©duisante sur le papier, elle ne l’était pas forcĂ©ment rĂ©ellement. L’effet de rĂ©pĂ©tition s’installait. Ici, on sent Marion Montaigne plus libre de parler de ce qu’elle veut. Du coup, l’ensemble est trĂšs variĂ© dans ses sujets : cryogĂ©nie, adolescence, menstruations
 Les questions aussi essentielles que « peut-on avaler des araignĂ©es en dormant ? » trouvent enfin leur rĂ©ponse ! Cette variĂ©tĂ© donne un vrai coup de fouet Ă  la sĂ©rie. L’effet de rĂ©pĂ©tition est nul et on se surprend Ă  lire l’ouvrage d’une traite, ce que l’on ne faisait pas forcĂ©ment pour les prĂ©cĂ©dents. Marion Montaigne parvient donc Ă  se bonifier Ă  son troisiĂšme opus. Une belle performance.

Apprendre en s’amusant.

Lorsque l’on lit les ouvrages de Marion Montaigne, on remarque trĂšs vite un amour pour la vulgarisation scientifique, mais Ă©galement un humour trĂšs personnel. Cette originalitĂ© fait mouche ! On sourit beaucoup et on rit rĂ©guliĂšrement Ă  la lecture des pages. « Apprendre en s’amusant » n’a jamais Ă©tĂ© autant d’actualitĂ©. Car derriĂšre l’humour se cache des vĂ©ritĂ©s bien entendu. Montaigne visite des laboratoires et nous fait partager les Ă©tudes scientifiques les plus incongrues qui existent.

Marion Montaigne aime Ă©galement intĂ©grer de nombreuses rĂ©fĂ©rences (notamment cinĂ©ma et sĂ©ries tĂ©lĂ©) dans ses planches. J’avoue ne pas toujours y ĂȘtre sensible, ne regardant pas les sĂ©ries citĂ©es. Du coup, il y a des chances pour que ses ouvrages vieillissent un peu avec le temps. Ce tome m’a semblĂ© moins blindĂ© de rĂ©fĂ©rences, comme si l’auteure se sentait plus en confiance pour Ă©viter de mettre des rĂ©fĂ©rences partout.

Digne hĂ©ritiĂšre de Reiser, l’auteure dĂ©veloppe un trait trĂšs relĂąchĂ© soutenu par des touches de couleur Ă  l’aquarelle. Clairement, ça ne plaira pas Ă  tout le monde, mais son dessin participe fortement Ă  l’humour du bouquin. Les expressions de ses personnages sont particuliĂšrement rĂ©ussies !

Marion Montaigne dĂ©veloppe une Ɠuvre basĂ©e sur l’humour et la vulgarisation scientifique. « Tu mourras moins bĂȘte » apporte sa pierre Ă  l’édifice avec brio. Ce troisiĂšme tome permet Ă  la sĂ©rie de passer un cap supplĂ©mentaire Ă  tous les niveaux. On peut donc se dire que l’on mourra moins bĂȘte aprĂšs lecture de l’ouvrage, mais aussi avec le sourire aux lĂšvres.

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Note : 18/20

Tu mourras moins bĂȘte, T1 : La science, c’est pas du cinĂ©ma ! – Marion Montaigne

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Titre : Tu mourras moins bĂȘte, T1 : La science, c’est pas du cinĂ©ma !
Scénariste : Marion Montaigne
Dessinatrice : Marion Montaigne
Parution : Septembre 2011


Marion Montaigne s’est créé une forte rĂ©putation dans la blogosphĂšre grĂące Ă  ton blog « Tu mourras moins bĂȘte ». Dans ce dernier, elle se reprĂ©sente en Professeur Moustache (avec un moustache donc, curieux pour une femme !) ayant pour but de vulgariser la science. Avec un thĂšme original, Marion Montaigne s’est ainsi garanti une forte visibilitĂ©. Ajoutez Ă  cela beaucoup d’humour et vous avez un blog Ă  succĂšs !

Comme beaucoup de blogs cĂ©lĂšbres, « Tu mourras moins bĂȘte » est dĂ©sormais Ă©ditĂ© en format papier chez Ankama Editions. Cette conversion d’un numĂ©rique gratuit vers un objet papier payant est toujours dĂ©licate et pas toujours rĂ©ussie. Qu’en est-il ici ?

Ce premier tome est intitulĂ© « La science, c’est pas du cinĂ©ma ». Marion Montaigne s’attaque donc aux films et aux sĂ©ries qui, souvent, vulgarisent eux-mĂȘmes la science. On retrouve donc plusieurs chapitres : action, science-fiction et sĂ©ries tĂ©lĂ© (oĂč on retrouvera une analyse de Jurassic Park
). Ce regroupement en chapitres n’est pas forcĂ©ment trĂšs judicieux car il reprend des thĂšmes proches, apportant un peu de redite. Un mĂ©lange simple aurait peut-ĂȘtre Ă©tĂ© plus pertinent.

On prend alors pleinement conscience du travail effectué.

Car ce premier tome est trĂšs fourni. 255 pages sont au rendez-vous avec beaucoup de textes. Bref, il y a peu de chances que vous le lisiez d’une traite. On prend alors pleinement conscience du travail qu’effectue rĂ©guliĂšrement Marion Montaigne sur son blog. Alors que sur internet, la lecture verticale est choisie, ici on retrouve une lecture plus traditionnelle. Le tout est segmentĂ© (le plus souvent en trois cases verticales) et on s’aperçoit que de nombreuses pages constituent une seule note de blog.

La vulgarisation scientifique menĂ©e par Marion Montaigne est efficace et facilement comprĂ©hensible. Quelques chiffres et donnĂ©es sont soutenus par un humour grinçant trĂšs efficace. Il n’est pas rare que l’on rit devant les aventures du Professeur Moustache. C’est vraiment lĂ  oĂč rĂ©side la grande qualitĂ© de cet ouvrage : on apprend des choses tout en rigolant. Seul bĂ©mol : les liens que Marion Montaigne ajoutaient Ă  la fin de chaque note qui faisaient office de bibliographie ne sont Ă©videmment pas disponibles ici. Pour ma part, je n’allais pas les visiter et ça ne m’a jamais empĂȘchĂ© d’apprĂ©cier son blog !

Ce premier tome est orientĂ© sĂ©ries/films et possĂšde donc de nombreuses rĂ©fĂ©rences. MĂȘme si connaĂźtre les films en question n’est pas forcĂ©ment nĂ©cessaire pour apprĂ©cier les diffĂ©rentes histoires, c’est quand mĂȘme mieux. Concernant les films, je les avais (presque) tout vus ou au moins, j’en connaissais les grandes lignes. En revanche, je ne connaissais absolument pas les sĂ©ries et cela ne m’a pas empĂȘchĂ© de rire.

Le dessin, trĂšs relĂąchĂ© de Marion Montaigne avec des touches de couleur, n’est pas sans rappeler Reiser. De mĂȘme que ses techniques narratives d’ailleurs. Tout le monde n’aimera pas ce style de dessin Ă  l’aspect brouillon. Personnellement, je trouve que c’est un rĂ©gal !

Chaque dĂ©but de note commence par une carte postale qui pose une question au Professeur Moustache. Pour l’occasion, ce sont des auteurs qui les ont dessinĂ©es. On ne peut que saluer cette initiative. De mĂȘme, l’ouvrage en lui-mĂȘme est de trĂšs bonne qualitĂ©. Le papier est Ă©pais, l’ouvrage bien finalisĂ©. Clairement, l’acheteur n’aura pas l’impression de se faire avoir !

Au final, ce passage au format papier est rĂ©ussi. L’ouvrage est de bonne qualitĂ© et l’humour de Marion Montaigne fait mouche. Certes, les rĂ©pĂ©titions sont plus flagrantes en papier que sur une mise Ă  jour d’un blog, mais l’humour fait mouche bien souvent.

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Note : 15/20

L’arabe du futur, T1 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984)

L'ArabeDuFutur1


Titre : L’arabe du futur, T1 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984)
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Mai 2014


Riad Sattouf a commencĂ© sa carriĂšre de bĂ©dĂ©aste en racontant ses jeunes annĂ©es. Que ce soit son adolescence avec « Le manuel du puceau » ou son enfance avec « Ma circoncision », on a senti dĂšs le dĂ©part un besoin de raconter sa jeunesse. Il faut dire que celle-ci est assez particuliĂšre, l’auteur ayant vĂ©cu en Lybie et en Syrie ses premiĂšres annĂ©es
 Dix ans aprĂšs « Ma circoncision », Riad Sattouf revient au sujet, fort de son expĂ©rience pour nous narrer cette vie plus en dĂ©tail. Le premier tome de « L’arabe du futur » se concentrer sur les annĂ©es 1978 Ă  1984, ce qui correspond aux premiers souvenirs du petit Riad. Le livre pĂšse 160 pages et est publiĂ© chez Allary Éditions.

Riad Sattouf est nĂ© d’une mĂšre bretonne et d’un pĂšre syrien. Ce dernier, grand adepte du panarabisme, va trimballer sa famille en Lybie, sous Khadafi, puis en retourner au pays en Syrie (sous El Assad). Son admiration pour les dictateurs arabes est Ă©vidente et sa vision de la politique, mouvante et contradictoire, est le centre de l’ouvrage. Car ne nous y trompons pas, ce livre parle avant tout du pĂšre de Riad, Abdel-Razak.

On peut dire que dans ce livre, Riad tue le pĂšre ! Non seulement, il en fait un portrait fait de paradoxes politiques, de machisme et surtout de lĂąchetĂ©. Mais en plus, il pointe le reproche de lui avoir fait vivre une enfance peu reluisante. En vieillissant, Riad vit de plus en plus mal son quotidien. Entre les cousins qui le martyrisent car il a les cheveux blonds (il doit donc ĂȘtre juif, forcĂ©ment !) et les appartements vides dans des villages pauvres au fin fond de la Syrie
 Surtout que l’homme ment rĂ©guliĂšrement, annonçant chercher du travail en France, mais n’en cherchant qu’au Moyen-Orient. La figure de la mĂšre est tout autant coupable, Ă©tant totalement absente et soumise.

Un portrait sans concession pour tout le monde

Riad Sattouf fait un portrait sans concession et trĂšs dur de partout oĂč il passe : Libye, Syrie et Bretagne. Le tout est bien Ă©videmment teintĂ© d’humour. Si beaucoup font la parallĂšle avec PersĂ©polis, il faut bien prendre en compte que les ouvrages sont trĂšs diffĂ©rents dans leur approche. Riad a vĂ©cu en France et est venu s’installer dans sa famille syrienne plus tard dans un village trĂšs pauvre. Satrapi est nĂ©e en Iran dans une famille d’intellectuels. Bref, il ne faut chercher Ă  trouver la mĂȘme analyse. Peu sensible Ă  l’humour de Satrapi, je le suis beaucoup plus Ă  celui de Sattouf par exemple.

Le dessin simple de Sattouf est parfaitement adaptĂ© Ă  l’ouvrage. Il est efficace et fait parfaitement passer les Ă©motions et les expressions des personnages. Le tout est colorisĂ© en monochrome, une couleur par pays. C’est efficace et joli Ă  regarder.

J’ai dĂ©vorĂ© cet ouvrage et ait y trouvĂ© beaucoup d’intĂ©rĂȘt. C’est une belle autobiographie que nous propose Riad Sattouf. Dur avec un peu tout le monde, il n’épargne personne. A la fermeture de l’ouvrage, on n’attend qu’une seule chose : lire la suite ! 

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Note : 16/20

Les forĂȘts d’Opale, T8 : Les hordes de la nuit – Christophe Arleston & Philippe Pellet

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Titre : Les forĂȘts d’Opale, T8 : Les hordes de la nuit
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Philippe Pellet
Parution : Octobre 2013


 « Les forĂȘts d’Opale » furent longtemps l’une de mes sĂ©ries de fantasy prĂ©fĂ©rĂ©es. DotĂ© d’un dessin plus original que la moyenne, Arleston avait su entretenir son histoire au fur et Ă  mesure des tomes. HĂ©las, l’opus prĂ©cĂ©dent, « Les dents de pierre » Ă©tait particuliĂšrement dĂ©cevant. Voyant que sa suite ne fermait toujours pas la sĂ©rie, j’ai dĂ©cidĂ© de continuer cette lecture en bibliothĂšque. Force est de constater, hĂ©las, que j’ai bien fait.

L’histoire nous avait mis en quĂȘte des Titans pour sauver le monde de l’emprise des prĂȘtres de la LumiĂšre. Mais notre groupe de hĂ©ros a dĂ©couvert que ces derniers ont disparu et que Cohars a sombrĂ©. Comment Darko pourra-t-il alors libĂ©rer le monde ? Sa sƓur Sleilo semble arriver Ă  contrĂŽler la pierre noire (alors que Cohars y avait succombĂ©).

Traverser les cercles des Enfers.

Ce tome ce concentre avant tout sur les Enfers. Comme il est fait rĂ©guliĂšrement mention des Enfers et de ses cercles au cours des tomes prĂ©cĂ©dents, l’idĂ©e n’est pas mauvaise. Malheureusement, l’exploitation n’est vraiment pas Ă  la hauteur. Outre le fait que les diffĂ©rents cercles manquent cruellement de profondeur, ils ne sont mĂȘme pas traitĂ©s. Ainsi, nos hĂ©ros dĂ©couvrent des bestioles volantes qui leur permettent de franchir plein de cercles d’un coup. Alors certes, on n’est pas chez Dante, mais il y a des limites quand mĂȘme
 Et je passe sur la conclusion de fin qui nous fait immanquablement dire « Ok
 Tout ça pour ça ! » Cela est devenu une habitude chez Arleston de prolonger ses sĂ©ries en faisant des tomes qui ne font pas avancer le schmilblick, mais ce sera sans moi dĂ©sormais.

La dimension humoristique est relativement peu prĂ©sente dans ce tome. AprĂšs un tome 7 plus noir, on continue dans la mĂȘme veine. HĂ©las, cela ne fonctionne pas vraiment et on a du mal Ă  se passionner pour les personnages. Pourtant, ce sont eux qui font tout le sel de cette sĂ©rie. Il va falloir que les auteurs se rĂ©veillent pour nous proposer une suite digne de ce nom. On a l’impression qu’ils naviguent en eaux troubles, sans trop savoir oĂč ils vont.

MalgrĂ© les tentatives scĂ©naristiques d’apporter de la tension et de l’intĂ©rĂȘt Ă  l’histoire, tout tombe Ă  plat. L’émotion n’y est pas, de mĂȘme que le danger. Pourtant, le dessin de Philippe Pellet reste de qualitĂ© et avec une vraie personnalitĂ©. Mais l’histoire va trop vite pour pouvoir dĂ©velopper de façon intĂ©ressante un univers graphiquement viable.

Comme d’autres sĂ©ries de fantasy (et plus spĂ©cifiquement d’Arleston), le prolongement artificiel des intrigues abouti Ă  un affaiblissement gĂ©nĂ©ral de l’intrigue. La chute est rude ici. Nul doute que les prochains tomes continueront Ă  se vendre aux plus ardents collectionneurs, mais il est difficile de cacher sa dĂ©ception Ă  la fermeture de l’ouvrage.

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Note : 6/20