Block 109 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Block 109
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : FĂ©vrier 2010


« Block 109 » est un album dont j’ai dĂ©couvert l’existence au grĂ© de mes pĂ©rĂ©grinations sur la toile. J’ai dĂ©couvert que de nombreux sites consacrĂ©s au neuviĂšme art en faisaient une critique plutĂŽt Ă©logieuse. Je me suis offert cet ouvrage il y a quelques semaines maintenant afin de pouvoir m’en faire une idĂ©e plus prĂ©cise. Ce bouquin est Ă©ditĂ© chez Akileos et n’est pas d’un format classique. Ses dimensions sont infĂ©rieures Ă  celle d’un album habituel mais son nombre de pages est bien plus supĂ©rieur. En effet, l’histoire s’étale sur quasiment deux cents pages. Sa parution date du dĂ©but de l’annĂ©e derniĂšre. Les dessins sont l’Ɠuvre de Ronan Toulhoat et le scĂ©nario nait de l’imagination de Vincent Brugeas.

L’histoire commence par un rappel chronologique. Il dĂ©marre par l’assassinat d’Hitler en 1941 et se conclut en 1953. On y dĂ©couvre que le IIIe Reich a dĂ©truit l’Occident et se trouve en guerre contre l’ArmĂ©e Rouge. La guerre semble Ă©ternelle tant aucun des camps ne semblent prendre le dessus. Une solution radicale est proposĂ©e par Zytek, un dirigeant allemand. Son objectif est de provoquer une grande attaque virale. Son souhait ne fait pas l’unanimitĂ©. ParallĂšlement, dans les ruines de Marienburg, errent des contaminĂ©s qui s’attaquent aux deux camps


Une uchronie basĂ©e sur l’assassinat d’Hitler.

J’ai souvent un a priori favorable aux uchronies. Je trouve intĂ©ressant d’imaginer l’avenir du monde Ă  partir de la modification d’un Ă©vĂ©nement passĂ©. Dans « Block 109 », la bifurcation avec notre Histoire dĂ©coule de l’assassinat d’Hitler proposĂ©e par les auteurs. Il est Ă©galement curieux de suivre une intrigue construit autour de la Seconde Guerre Mondiale qui ne fait pas du tout intervenir la France. On se contente de suivre les allemands et de maniĂšre plus indirecte les soviĂ©tiques. L’idĂ©e scĂ©naristique est assez originale et devrait ainsi ravir les adeptes du genre.

Les premiĂšres pages sont assez denses en information. On nous Ă©nonce beaucoup de dates, d’évĂ©nements et de protagonistes. J’ai parfois frĂŽlĂ© l’indigestion et ai souvent du revenir en arriĂšre pour assimiler pleinement le « qui est qui » et « qui fait quoi ». Au bout d’une cinquantaine de pages, on commence Ă  se familiariser avec tout cela et la lecture devient plus agrĂ©able et moins sollicitant intellectuellement. Ce genre de sentiment est plus frĂ©quent quand je me plonge dans un polar. C’est plus rare de la rencontrer en bandes dessinĂ©es. Cela vient en partie de la longueur peu classique de l’ouvrage. Au-delĂ  de la dimension historique qui sert de squelette Ă  la trame, les auteurs nous prĂ©sentent plusieurs personnages au destin et au profil variĂ©s. D’une part, on suit Zytek et les nĂ©gociations mettant en jeu les dirigeants de l’empire. D’autre part, on est immergĂ© dans cette ville ravagĂ©e Ă  suivre les pas de soldats qui errent Ă  se battre contre les Rouges ou des espĂšces de zombies. Les deux aspects prĂ©sentent des attraits trĂšs diffĂ©rents. Le premier est ambitieux et philosophique, le second plus terre Ă  terre et prenant.

L’atmosphĂšre de guerre est bien traduite par les dessins. En feuilletant le bouquin, on n’a aucun mal Ă  se projeter dans ses rues dĂ©foncĂ©es dans lesquelles s’amoncellent les cadavres et survivent tant bien que possible les autres.  Les couleurs oscillent entre le gris et le marron et participent Ă  cette ambiance particuliĂšre. Seul le rouge du sang dĂ©pareille dans le paysage chromatique de l’ouvrage. Une des difficultĂ©s que j’ai rencontrĂ©e concerne les personnages. Ils sont nombreux et j’ai parfois eu du mal Ă  me les approprier. Se ressemblent-ils trop ? Est-ce dĂ» au style du dessinateur ? Le fait est que j’ai parfois eu du mal Ă  savoir instamment Ă  qui j’ai eu Ă  faire. Par contre, je trouve que le trait est remarquable et offre de trĂšs jolies pages sur le plan purement esthĂ©tique.

En conclusion, « Block 109 » est un ouvrage de qualitĂ©. Ses illustrations ne laissent pas indiffĂ©rent et sa trame est originale et construite. NĂ©anmoins, je n’ai pas Ă©tĂ© emportĂ© autant que je l’aurais pensĂ©. Certains passages de l’histoire me paraissent confus ou indigestes. C’est dommage car d’autres moments sont vraiment intenses et envoutant. Le bilan reste positif et m’incite Ă  partir Ă  la rencontre des autres ouvrages se dĂ©roulant dans l’univers de cette sĂ©rie. Ils s’intitulent « Etoile Rouge », « OpĂ©ration Soleil de Plomb » ou encore « New York 1947 ». Mais ceci est une autre histoire


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Note : 14/20

Chateaux Bordeaux, T5 : Le classement – Eric Corbeyran & EspĂ©

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Titre : ChĂąteaux Bordeaux, T5 : Le classement
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Espé
Parution : Septembre 2014


« ChĂąteaux Bordeaux » est une saga familiale nĂ©e de la collaboration d’Eric Corbeyran et d’EspĂ©. Elle nous immerge dans le quotidien d’un grand domaine viticole local. EditĂ© chez GlĂ©nat, cette aventure m’a attirĂ© par le nom de son scĂ©nariste plutĂŽt que par sa thĂ©matique. En effet, depuis ma rencontre avec « Le chant des Stryges », je suis avec attention les diffĂ©rentes parutions signĂ©es du cĂ©lĂšbre auteur bordelais. « Uchronie(s) » ou « Le MaĂźtre de jeu », fruits du mĂȘme arbre crĂ©atif, sont deux autres sĂ©ries que je conseille.

Contrairement Ă  ces derniĂšres intrigues, « ChĂąteaux Bordeaux » est dĂ©nuĂ© de toute trace de fantastique. Elle dĂ©bute par le dĂ©cĂšs de Monsieur Baudricourt, cĂ©lĂšbre gĂ©rant du « ChĂȘne Courbe ». La rĂ©partition de cet hĂ©ritage devenait donc un enjeu de taille. Les deux fils souhaitent vendre ce patrimoine qui n’a de grand que le nom prestigieux. Mais leur petite sƓur jusqu’alors exilĂ©e aux Etats-Unis, se fixe le dĂ©fi impossible de donner Ă  nouveau ses lettres de noblesse au domaine. Alexandra devient alors logiquement l’hĂ©roĂŻne de cette aventure.

ChateauxBordeaux5bLe dernier Ă©pisode en date est le cinquiĂšme de la sĂ©rie. Il s’intitule « Le classement » et est apparu dans les librairies il y a quelques mois. Depuis la reprise de l’entreprise familiale par Alex, les Ă©preuves se sont enchainĂ©es. Pour faire simple, chaque tome nous prĂ©sente un souci majeur dans la mission que s’est fixĂ©e la nĂ©o-propriĂ©taire. Ce nouvel opus est centrĂ© autour de l’appartenance du « ChĂȘne Courbe » Ă  un prestigieux classement de 1855 des vins du MĂ©doc.

Des enjeux dramatiques assez secondaires.

Les auteurs font l’effort de greffer sur la trame familiale, une rĂ©elle prĂ©sentation de l’univers viticole. Je dois vous avouer que ce milieu m’est inconnu et que la lecture de ces albums m’a appris Ă©normĂ©ment de choses dans le domaine. Si je regarde le verre Ă  moitiĂ© plein, je dirais que le travail de recherche de Corbeyran est de grande qualitĂ© et remarquablement exploitĂ©. La vision du verre Ă  moitiĂ© vide gĂ©nĂšre le sentiment que les enjeux dramatiques sont finalement assez secondaires en comparaison de la dimension documentaire de l’ensemble.

Le personnage d’Alexandra est attachant. DĂšs le dĂ©but, le lecteur souhaite sa rĂ©ussite et son bonheur. Les esprits chafouins lui reprocheront d’ĂȘtre dĂ©nuĂ© de toute zone d’ombre. Personnellement, j’ai acceptĂ© sans mal le cĂŽtĂ© parfait de l’hĂ©roĂŻne. J’ai Ă©tĂ© touchĂ© par sa fragilitĂ© et admirĂ© sa force face aux difficultĂ©s. Ce manichĂ©isme est partiellement nuancĂ© par une grande diversitĂ© de personnages secondaires. Certains d’entre eux soulĂšvent des interrogations quant Ă  leurs rĂ©els objectifs et alimentent ainsi positivement l’intrigue.

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Le regret que je ressens Ă  l’égard de ce bouquin est la faible densitĂ© narrative. Au final, une fois la lecture terminĂ©e, on ne peut pas dire que l’histoire est beaucoup avancĂ©e. Je comprends bien qu’il faut du temps pour faire un bon vin mais pour construire une belle saga, il n’est pas interdit de montrer un peu de rythme et d’intensitĂ© dans le dĂ©roulement des Ă©vĂ©nements. C’était dĂ©jĂ  le dĂ©faut des tomes prĂ©cĂ©dents et je ne peux pas dire que ce « Le Classement » dĂ©roge aux habitudes. C’est d’ailleurs cette fragilitĂ© qui fait disparaĂźtre petit Ă  petit l’aspect dramatique au profit du documentaire. Je trouve cela dommage.

Avant de conclure cette critique, je vais Ă©voquer rapidement les dessins d’EspĂ©. Loin de moi l’idĂ©e de nĂ©gliger le travail graphique mais disons que les illustrations offrent un support solide Ă  la narration mais ne la subliment pas. Les dĂ©cors sont travaillĂ©s, les personnages sont identifiables sans difficultĂ©. NĂ©anmoins, je ne peux pas dire que les pages soient habitĂ©s par une atmosphĂšre qui transpire et envahit le lecteur. Je pense que le trait d’EspĂ© est trop acadĂ©mique pour sublimer le propos.

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Au final, « Le classement » est un album honnĂȘte qui s’inscrit parfaitement dans la sĂ©rie Ă  laquelle il appartient. La qualitĂ© de cette saga est constante et c’est un aspect apprĂ©ciable car relativement rare. C’est une lecture qui se fait calmement, qui s’avĂšre agrĂ©able mais qui ne remue pas les tripes et ne chatouillent pas les Ă©motions. C’est dommage car je reste persuadĂ© que le terreau scĂ©naristique pourrait donner lieu Ă  une lecture plus grave et intense. Peut-ĂȘtre pour au prochain Ă©pisode ?

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Note : 12/20

 

ChĂąteaux Bordeaux, T4 : Les millĂ©simes – Eric Corbeyran & EspĂ©

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Titre : Chùteaux Bordeaux, T4 : Les millésimes
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Espé
Parution : Septembre 2013


Eric Corbeyran est un de mes auteurs de bandes dessinĂ©es prĂ©fĂ©rĂ©es. Il est particuliĂšrement productif et possĂšde une forte capacitĂ© Ă  faire exister des univers trĂšs diffĂ©rents. ChĂąteaux Bordeaux est une saga qui s’inscrit dans l’univers viticole. Il y fait exister le destin d’une jeune femme, Alexandra, qui cherche Ă  faire exister Ă  nouveau le domaine familial. Le quatriĂšme tome est apparu le 4 septembre dernier dans les librairies. EditĂ© dans la collection Grafica chez GlĂ©nat, il s’intitule Les millĂ©simes. D’un format classique, il coĂ»te 14 euros. Comme pour les prĂ©cĂ©dents opus, la couverture est habitĂ©e par l’hĂ©roĂŻne. On la dĂ©couvre  ici dans une cave, un verre la main. Elle donne l’impression de vouloir trinquer avec le lecteur. Tout un programme


La quatriĂšme de couverture offre la mise en bouche suivante : « Alexandra Beaudricourt a repris en main l’exploitation familiale aprĂšs la mort de son pĂšre, malgrĂ© la rĂ©ticence de ses frĂšres et surtout en dĂ©pit de son absence totale de connaissances en matiĂšre de viticulture. Une Ă©nergie et un enthousiasme hors du commun additionnĂ©s Ă  un amour immodĂ©rĂ© pour le bon vin sont ses principaux atouts. Suffiront-ils Ă  lui permettre de surmonter les coups tordus du milieu et les vicissitudes du marchĂ© ? »

ChateauxBordeaux4aChĂąteaux Bordeaux s’inscrit dans la lignĂ©e de grandes sagas familiales telles que Les MaĂźtres de l’orgepar exemple. La diffĂ©rence est qu’elle ne traverse pas les gĂ©nĂ©rations et se concentre sur le destin d’un seul protagoniste. NĂ©anmoins, Ă  travers l’histoire, l’auteur arrive Ă  nous faire dĂ©couvrir le passĂ© du domaine viticole et de la famille Beaudricourt. La structure narrative fait qu’il est indispensable d’avoir lu les trois premiers Ă©pisodes pour ne pas se sentir perdu en dĂ©couvrant Les millĂ©simes. L’intrigue se dĂ©roule de maniĂšre classique et s’adresse Ă  un public large.

Un véritable panier de crabe

Quand elle dĂ©cide de prendre en main l’entreprise familiale, Alexandra revient de plusieurs annĂ©es aux Etats-Unis. Elle n’est pas du tout familier des us et coutumes locaux et dĂ©couvre que l’univers viticole est un vĂ©ritable panier de crabes. Cet aspect est habilement dĂ©crit par Corbeyran. J’ai eu le sentiment qu’un petit groupe de personnes font la pluie et le beau temps quant Ă  la cĂŽte des crus locaux. En tant qu’étrangĂšre au milieu, Alexandra souffre. Chaque nouvel espoir est souvent suivi par une dĂ©sillusion imprĂ©vue et souvent douloureuse. Corbeyran utilise Ă©galement de maniĂšre pertinente les arcanes administratives que sont la gestion d’un domaine. A aucun moment, il dĂ©cide de rendre les choses plus simples pour laisser uniquement la place Ă  une jeune fille qui arrive Ă  faire un vin merveilleux. En ne nĂ©gligeant pas les contraintes juridiques, financiĂšres et humaines, il rend la trame crĂ©dible et offre une tension dramatique plutĂŽt rĂ©ussie.

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Le tome prĂ©cĂ©dent s’était conclu par une vision positive. Alors que l’hĂ©roĂŻne Ă©tait au fond du trou, elle se voit aider par son frĂšre qui lui recrute une Ă©quipe compĂ©tente pour faire naĂźtre de ses vignes un vin de grande qualitĂ©. La consĂ©quence est que ce nouvel opus nous fait dĂ©couvrir entre autre le travail de cette nouvelle Ă©quipe et apporte au lecteur un vrai cours de viticulture et d’Ɠnologie. Une scĂšne de dĂ©gustation nous permet de comprendre tous les aspects qui influencent la qualitĂ© d’un vin. Il nous est listĂ© les diffĂ©rentes erreurs qui ont fait des derniĂšres cuvĂ©es des Ă©checs. Ce moment est envoutant. Bien que personnellement je ne boive pas de vin, j’étais fascinĂ© par le cours dĂ©roulĂ© dans cette cave.

Cette sĂ©rie a nĂ©cessitĂ© une forte et dense recherche documentaire. Le monde du vin et de l’Ɠnologie n’est pas aisĂ© Ă  comprendre et Ă  maĂźtriser. Les auteurs se sont investis de maniĂšre sĂ©rieuse et appliquĂ©e pour offrir une narration crĂ©dible. Certes, Ă  certains moments, cela offre des scĂšnes au contenu magistral. NĂ©anmoins, l’intĂ©rĂȘt l’emporte bien souvent sur ce lĂ©ger dĂ©faut de forme. A aucun moment, je n’ai eu le sentiment que ChĂąteaux Bordeaux se contentait d’ĂȘtre un cours universitaire sur le vin, sa conception et son environnement. Comme toute saga, la sĂ©rie offre son lot de trahisons, de drames et de secrets. Tout cela reste classique mais est plutĂŽt bien amenĂ©. L’empathie gĂ©nĂ©rĂ©e par l’hĂ©roĂŻne fait que je me suis laissĂ© prendre sans mal par cette vieille recette sĂ©rieusement cuisinĂ©e.

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Par contre, je ne suis pas totalement sous le charme du trait d’EspĂ©. Les planches sont travaillĂ©es. Le travail sur les dĂ©cors est Ă©vident. C’est important quand une histoire s’implique dans l’univers local. Les personnages sont suffisamment bien dessinĂ©s pour que le lecteur n’ait aucun mal Ă  les diffĂ©rencier et Ă  se les approprier. NĂ©anmoins, je trouve qu’ils manquent de personnalitĂ© et que les dessins sont froids. Je trouve que les illustrations se contentent de servir de support au texte et Ă  la narration. Je regrette que qu’ils ne subliment pas la trame. La thĂ©matique et l’hĂ©roĂŻne se prĂȘtent Ă  des envolĂ©es sensorielles et Ă©motionnelles. HĂ©las, le travail d’EspĂ© reste en retrait dans le domaine.

Pour conclure, Les millĂ©simes poursuit avec qualitĂ© les aventures d’Alexandra. L’hĂ©roĂŻne est attachante et gĂ©nĂšre une rĂ©elle curiositĂ© chez le lecteur quant Ă  la rĂ©ussite de son entreprise. Les personnages nous sont dĂ©sormais familiers et c’est donc avec un vrai plaisir que je les ai retrouvĂ©s. La derniĂšre page fait naĂźtre un vrai suspense pourtant imprĂ©visible. Tout est donc fait que je sois attentif Ă  la sortie du cinquiĂšme tome dans les mois Ă  venir. Mais cela est une autre histoire


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Note : 14/20

ChĂąteaux Bordeaux, T3 : L’amateur – Eric Corbeyran & EspĂ©

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Titre : ChĂąteaux Bordeaux, T3 : L’amateur
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Espé
Parution : Mars 2013


« ChĂąteaux Bordeaux » est une sĂ©rie nĂ©e il y a deux ans de la collaboration d’Eric Corbeyran et EspĂ©. Son objectif Ă©tait de faire naĂźtre une histoire dans l’univers du vin et de ses vignobles. Le premier tome m’avait plu. La dimension familiale de l’intrigue couplĂ©e Ă  son immersion dans un milieu qui m’était inconnu avait fini de me conquĂ©rir. Ma critique d’aujourd’hui Ă©voque le dernier Ă©pisode en date. Paru chez GlĂ©nat le treize mars dernier, « L’amateur » est le troisiĂšme opus de la saga. Sa couverture nous prĂ©sente son hĂ©roĂŻne, Alexandra, dans une cave habitĂ©e de nombreuses bouteilles qu’on suppose pleines de secrets.

La quatriĂšme de couverture de l’album prĂ©sente plutĂŽt bien les enjeux de la trame : « Suite Ă  la mort de son pĂšre, Alexandra Baudricourt est dĂ©terminĂ©e Ă  reprendre en main le « ChĂȘne Courbe », vaste propriĂ©tĂ© viti-vinicole que sa famille possĂšde au cƓur du MĂ©doc. La belle hĂ©ritiĂšre avait bien conscience de l’humilitĂ© dont il lui faudrait faire preuve pour apprendre le mĂ©tier de vigneron, car la fabrication d’un grand cru ne s’improvise pas, mais elle n’imaginait pas que son domaine allait faire tant de convoitises, de jeu de dupes et de manipulations
 »

L’intrigue fait du surplace.

Le premier tome nous prĂ©sentait la situation. Les lieux et les personnages nous Ă©taient dĂ©crits. La construction Ă©tait rigoureuse, la curiositĂ© attisĂ©e. Le deuxiĂšme se centrait davantage encore sur le personnage d’Alexandra qui se lançait pleinement dans son aventure entrepreneuriale. On suivait ses pas avec plaisir. Le dĂ©nouement faisait attendre avec impatience le troisiĂšme volet. J’étais donc optimiste en dĂ©couvrant les premiĂšres pages de « L’amateur ».

ChateauxBordeaux3bL’histoire dĂ©marre par l’apparition d’un nouveau personnage. Il prend les traits d’un amĂ©ricain prĂ©nommĂ© Logan. Il se prĂ©sente comme Ă©tant photographe et rencontre l’hĂ©roĂŻne au cours de son travail artistique. Il est intrigant. On se doute que le Bostonien ne nous dit pas tout et possĂšde quelques secrets. Cet apport est attrayant et amĂšne une nouvelle corde Ă  l’arc narratif. Le nouveau venu apparaĂźt tout au long de l’album et s’avĂšre ĂȘtre un fil conducteur des pĂ©rĂ©grinations d’Alexandra.

Si on met de cĂŽtĂ© l’arrivĂ©e de ce protagoniste, l’intrigue a tendance Ă  faire du surplace. Le scĂ©nario distille beaucoup d’informations mais de maniĂšre, Ă  mes yeux, trop brouillonne. On a droit Ă  des flashbacks historiques, Ă  des discussions familiales, Ă  des problĂšmes techniques ou encore Ă  des cadavres dans les placards. Bref, les ingrĂ©dients sont nombreux. Mais l’assaisonnement est mal dosĂ©. C’est dommage. Au final, quand j’ai refermĂ© le bouquin, j’ai pensĂ© trĂšs fort : « Tout ça pour ça ! ». La conclusion de cet acte aurait pu arriver bien plus tĂŽt dans l’histoire et cela aurait offert une lecture plus dense et prenante.

L’histoire se dĂ©roule dans le vignoble bordelais. Le fait d’ĂȘtre inscrit dans une rĂ©alitĂ© impose une certaine rigueur dans le travail de documentation. Le travail d’EspĂ© sur les dĂ©cors est sĂ©rieux. On n’a aucun mal Ă  se sentir dans les rues bordelaises ou dans les vignes locales. Le dĂ©paysement n’est pas envoutant mais il existe. Ce n’est dĂ©jĂ  pas si mal. Les personnages sont dessinĂ©s avec prĂ©cision. Je ne peux pas dire qu’ils soient attachants graphiquement mais je n’ai aucun Ă  les diffĂ©rencier et me les approprier malgrĂ© leur nombre important.

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En conclusion, mon impression est un petit peu mitigĂ©e. Ce troisiĂšme tome est de mon point de vue le moins abouti de la sĂ©rie. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il est mauvais. Ce n’est pas le cas. Par contre, je n’ai pas retrouvĂ© l’attrait qui se dĂ©gageait de la lecture des deux premiers opus. Cela ne m’empĂȘchera pas d’attendre la suite avec curiositĂ© en espĂ©rant que l’intrigue trouvera un second souffle et offrira une lecture pleine de plaisir


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Note : 13/20

ChĂąteaux Bordeaux, T2 : L’oenologue – Eric Corbeyran & EspĂ©

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Titre : Chñteaux Bordeaux, T2 : L’Ɠnologue
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Espé
Parution : Mars 2012


« L’Ɠnologue » est le deuxiĂšme tome de la sĂ©rie « ChĂąteaux Bordeaux » nĂ©e il y a peu de temps. Le premier album m’avait beaucoup plu. Je m’étais laissĂ© prendre par cette histoire. Je n’ai donc eu aucun mal Ă  m’offrir rapidement la suite apparue dans les librairies il y a un petit peu plus de deux mois. EditĂ© chez GlĂ©nat, cet ouvrage de format classique est vendu pour environ quatorze euros. La couverture nous prĂ©sente une jeune femme entrant dans une cave remplie de tonneaux. La thĂ©matique viticole prĂ©sentĂ©e par le titre se confirme par l’image. Les tons marron et jaunes gĂ©nĂšrent une atmosphĂšre envoutante. Le travail d’EspĂ© est donc dans la lignĂ©e de ses travaux habituels. Mais, malgrĂ© ses talents, ce n’est pas le nom du dessinateur qui m’avait attirĂ© vers cet ouvrage. C’est le nom d’Eric Corbeyran comme scĂ©nariste qui m’avait incitĂ© Ă  dĂ©couvrir cette nouvelle histoire. Depuis « Le chant des stryges », « Uchronies » ou encore « Black Stone » plus rĂ©cemment je suis trĂšs attentif aux diffĂ©rentes parutions nĂ©es de la plume de cet auteur prolifique


La quatriĂšme de couverture de l’album nous offre les mots suivants : « DĂ©terminĂ©e Ă  reprendre en main le « ChĂȘne Courbe », un vaste domaine viticole situĂ© au cƓur du MĂ©doc, Alexandra Baudricourt se retrouve rapidement au pied du mur. D’un cĂŽtĂ©, elle doit affronter l’hostilitĂ© de son entourage de l’autre, elle sait que pour rĂ©ussir elle va devoir tout apprendre car la production d’un grand cru ne s’improvise pas. Tandis qu’elle tente de percer les secrets de la propriĂ©tĂ© familiale, la jeune femme s’initie Ă  la dĂ©gustation aux cĂŽtĂ©s d’un Ɠnologue rĂ©putĂ© afin de pouvoir se consacrer pleinement Ă  sa nouvelle passion
 »

Une grande saga familiale.

chateaubordeaux2a« ChĂąteaux Bordeaux » entre la catĂ©gorie de ces grandes sagas familiales. Bon nombre de sĂ©ries de bandes dessinĂ©es nous ont immergĂ©s Ă  travers les mĂ©andres de cĂ©lĂšbres familles sur plusieurs gĂ©nĂ©rations. On peut citer « Les maitres de l’orge » en est un cĂ©lĂšbre exemple. NĂ©anmoins, la sĂ©rie que j’évoque aujourd’hui n’a pas fait tout Ă  fait le mĂȘme choix. On retrouve l’unitĂ© de lieu et la notion de domaine familial. Par contre, on ne navigue Ă  travers les Ă©poques. Le premier tome dĂ©marrait par le dĂ©cĂšs du patriarche et se concluait par le choix de sa fille de reprendre le domaine malgrĂ© sa non connaissance de cet univers. Cet opus reprend donc oĂč le prĂ©cĂ©dent nous avait laissĂ©. On retrouve donc avec plaisir cette chĂšre Alexandra pour qui on avait ressenti trĂšs vite de l’empathie.

Cette empathie envers l’hĂ©roĂŻne Ă©tait nĂ©e trĂšs vite dans l’opus prĂ©cĂ©dent. Elle arrivait des Etats-Unis pour les obsĂšques de son pĂšre. Ses frĂšres l’incitent Ă  vendre le domaine qui est un gouffre financier. Mais Alexandra, dans un Ă©lan de romantisme, dĂ©cide de refuser cet Ă©tat de fait et se met en tĂȘte de redonner au « ChĂȘne Courbe » son lustre d’antan. Elle n’y connait rien mais ses compĂ©tences Ă©conomiques et son envie doivent ĂȘtre ses outils. De plus, elles comptent sur ses frĂšres pour l’accompagner. Mais ces derniers la lĂąchent et la mettent devant un ultimatum. Elle souffre mais ne renonce pas. Dans ce deuxiĂšme opus, comme son nom l’indique, elle profite des conseils dans un des plus grands Ɠnologues du monde. Ce dernier l’accompagne dans son immersion dans cet univers. Ce parcours initiatique est assez passionnant. On s’implique pleinement en suivant les pas de notre jolie nĂ©ophyte. Cet aspect de sa personnalitĂ© fait que le lecteur n’est pas uniquement spectateur et a une aisance Ă  se mettre Ă  la place du hĂ©ros. C’est un choix scĂ©naristique trĂšs intĂ©ressant Ă  ce niveau-lĂ .

Ce voyage dans le monde du vin permet de mettre en valeur la qualitĂ© et l’ampleur du travail de recherche de l’auteur. Sans tomber dans la tentation d’un cours magistral, Corbeyran arrive Ă  nous faire dĂ©couvrir ce monde sous tous ses aspects. Les rencontres entre Alexandra et l’Ɠnologue nous prĂ©sentent l’axe du vin pur, de sa qualitĂ©, de ses goĂ»ts. Je suis totalement inculte dans le domaine et j’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  lire leurs diffĂ©rentes rencontres. Mais la dimension gustative est loin d’ĂȘtre la seule pour maitriser ce monde. GĂ©rer un domaine a une dimension Ă©conomique Ă©vidente mais Ă©galement un aspect politique certain. Tout cela offre tous les ingrĂ©dients pour offrir une intrigue dans laquelle les coups bas sont lĂ©gions et dans lesquels la confiance est une valeur toute relative. Les liens sont avant tout axĂ©s sur le pouvoir de nuisance. En tant que lecteur, notre attention est ainsi totalement sollicitĂ©e. Nos repĂšres sont remis en cause en permanence. On n’arrive pas Ă  statuer sur le camp de chacun des protagonistes. Qui est vraiment gentil ? A quoi pense untel ? Tel autre est-il si mĂ©chant ? Bref, cela nous offre une histoire prenante dans laquelle on souhaite de tout cƓur la rĂ©ussite d’Alexandra.

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Les dessins d’EspĂ© accompagnent parfaitement notre lecture. Ils participent activement Ă  notre immersion dans le monde du MĂ©doc. Que ce soit les domaines viticoles, les chĂąteaux ou encore les rues de la ville, tout participe Ă  crĂ©er Ă  ce monde dans lequel se construit cette histoire et dans lequel gravitent les diffĂ©rents protagonistes. Je pense que le travail de documentation mis en Ɠuvre pour l’écriture du scĂ©nario est Ă©galement mis Ă  profit dans la crĂ©ation des dĂ©cors. EspĂ© n’a pas un style rĂ©volutionnaire ou qui marquent de maniĂšre indĂ©lĂ©bile le lecteur. Par contre, son style classique correspond parfaitement Ă  cette saga familiale. Le travail de Dimitri Gofolin sur les couleurs accompagne parfaitement cet univers graphique.

En conclusion, « L’Ɠnologue » est dans la lignĂ©e de la qualitĂ© du premier ouvrage. On se trouve dans une sĂ©rie classique mais agrĂ©able. Il s’agit d’un bon cru dans le genre. J’ai pris vraiment beaucoup de plaisir Ă  m’immerger Ă  nouveau dans les pas d’Alexandra. J’espĂšre que le prochain tome sera de la mĂȘme trempe mais cela est une autre histoire
 

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Note : 14/20

ChĂąteaux Bordeaux, T1 : Le Domaine – Eric Corbeyran & EspĂ©

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Titre : ChĂąteaux Bordeaux, T1 : Le Domaine
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Espé
Parution : Mars 2011


 « ChĂąteaux Bordeaux » est une nouvelle sĂ©rie de bandes dessinĂ©es nĂ©e de l’imagination d’Eric Corbeyran. Ce dernier est un scĂ©nariste particuliĂšrement prolifique. Il faut ĂȘtre en effet perpĂ©tuellement aux aguets pour guetter chacune de ses nouvelles parutions. NĂ©anmoins, l’apparition de « Le domaine », premier opus de cette nouvelle saga n’est pas passĂ©e inaperçue. Nombreux ont Ă©tĂ© les articles l’évoquant dans la presse gĂ©nĂ©raliste. Il va sans dire que les mĂ©dias plus habituĂ©s du neuviĂšme art ne l’ont pas passĂ©e sous silence non plus. Etant un grand adepte de Corbeyran depuis ma dĂ©couverte de « Le chant des stryges », je me suis donc empressĂ© de m’offrir ce nouvel ouvrage. Paru le mois dernier, il est Ă©ditĂ© chez GlĂ©nat dans un format classique d’une cinquantaine de pages. Son prix est Ă©galement sans grande surprise. Il est possible de se le procurer pour un petit peu plus de treize euros. Le scĂ©nariste s’est associĂ© Ă  un dessinateur que je ne connaissais que de nom jusqu’à maintenant nommĂ© EspĂ©. Cette lecture Ă©tait donc l’occasion de dĂ©couvrir son style. Le premier contact eu lieu en regardant la couverture nous prĂ©sentant une ravissante jeune femme apprĂ©ciant un verre de vin au beau milieu des vignes, le tout sous un ciel orangĂ©.

chateauxbordeaux1a« Le domaine » Ă©tant le premier tome de la sĂ©rie, il ne nĂ©cessite donc aucun prĂ©-requis avant de s’y plonger. Comme on pouvait s’en douter, l’histoire nous immerge dans la rĂ©gion bordelaise. On y suit les pas d’Alexandra, venue assister Ă  l’enterrement de son pĂšre. Mais Ă  peine la cĂ©rĂ©monie terminĂ©e, les guerres de succession se dĂ©clenchent. Ses deux frĂšres veulent vendre le domaine viticole dont ils hĂ©ritent. La propriĂ©tĂ© est criblĂ©e de dettes et un acheteur est intĂ©ressĂ©. Le souci apparaĂźt quand Alexandra, pas Ɠnologue pour deux sous, dĂ©cide de reprendre en main l’affaire et de lui donner Ă  nouveau le prestige qu’elle possĂ©dait jadis. Mais tout n’est pas si simple et beaucoup de gens ne semblent pas se satisfaire de sa dĂ©cision


Une dĂ©couverte de l’univers viticole.

L’attrait premier de l’album rĂ©side dans la dĂ©couverte de l’univers viticole qu’il nous offre. Tout au long de la lecture, on navigue dans les vignes mais Ă©galement dans les bureaux qui rĂ©gulent cet univers a priori particuliers. En plus de cet aspect documentaire, « Le domaine » nous fait dĂ©couvrir une histoire familiale avec les secrets, les non dits et les manipulations qui l’accompagnent nĂ©cessairement. On rencontre des personnages ambigus et on se doute que chacun n’est pas forcĂ©ment celui qu’il parait ĂȘtre. Ensuite, on suit la mission que se fixe une jeune femme Ă  la mort de son pĂšre. Novice en la maniĂšre, elle se fixe comme quĂȘte de redonner ses lettres de noblesse au domaine familiale. Tout cela rend la lecture de cet album intĂ©ressante et offre une lecture s’adressant Ă  un public large.

Comme je le sous-entends prĂ©cĂ©demment, j’ai trouvĂ© le scĂ©nario plutĂŽt rĂ©ussi. Bien qu’introductif, cet album nous amĂšne un certain nombre d’informations. Quelques retournements de situation apparaissent, les personnages prennent place. Les dialogues sont riches. Etant personnellement Ă©tranger Ă  l’univers du Bordelais, je goĂ»te avec plaisir les informations sur ce milieu qui parsĂšment notre lecture. Elles concernent autant la fabrication pure et simple du breuvage que ses aspects Ă©conomiques. Sans ĂȘtre magistral, l’auteur arrive Ă  mettre en avant le cĂŽtĂ© documentĂ© de son travail. Cela donne une dimension trĂšs rĂ©aliste Ă  l’ensemble.

chateauxbordeaux1bDu fait de la trame scĂ©naristique, on dĂ©couvre une grande galerie de personnages. Le protagoniste principal est donc Alexandra. ExilĂ©e jusqu’alors aux Etats-Unis, elle dĂ©cide changer de vie en s’installant au domaine. TrĂšs rapidement, on ressent de l’empathie pour elle. On sent une jeune femme accompagnĂ©e d’un idĂ©al se plonger dans un milieu difficile dans lequel les rĂšgles paraissent rares et obscures. Son cĂŽtĂ© « chevalier blanc » et « seule contre tous » dĂ©clenche forcĂ©ment la sympathie du lecteur. Je ne vais pas lister les autres intervenants de la trame car ce serait alors bien trop vous la divulguer. Mais sachez qu’ils sont nombreux et plutĂŽt bien amenĂ©s.

La lecture est prenante. DĂšs les premiĂšres pages, on prend plaisir Ă  naviguer dans les pas d’Alexandra. Sur ce plan-lĂ , l’ambiance est trĂšs rĂ©ussie. Notre lecture n’est pas neutre. On n’est pas indiffĂ©rent Ă  ce que l’on dĂ©couvre. La narration n’est pas monotone. Bien au contraire, notre curiositĂ© est souvent alimentĂ©e par une nouvelle information ou un nouvel Ă©vĂ©nement. Le dĂ©paysement est certain est c’est une avec une lĂ©gĂšre frustration qu’on dĂ©couvre la derniĂšre page et que notre voyage doit s’arrĂȘter lĂ .

Il va sans dire que l’apport des dessins est certain. Dans un premier temps, je trouve que les dĂ©cors et les paysages sont trĂšs rĂ©ussis. Qu’ils soient champĂȘtres ou urbains, on n’a aucun mal Ă  ressentir ou reconnaĂźtre les endroits dans lesquels on se trouve. Qu’on se balade dans des vignes ou sur une barque, qu’on dĂ©couvre des caves ou des bureaux d’avocats, tout est rĂ©aliste et tout participe Ă  dĂ©velopper le plaisir de la lecture. De plus, je trouve les personnages bien dessinĂ©s. On n’a aucune difficultĂ© ni Ă  les reconnaĂźtre ni Ă  sentir les caractĂšres. Chacun dĂ©gage une impression personnelle qui densifie l’histoire.

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Pour conclure, cette dĂ©couverte de « Le domaine » a Ă©tĂ© un moment trĂšs agrĂ©able. Je me suis trĂšs vite passionnĂ© pour l’histoire et je ne vous cache pas que je guetterai l’apparition de la suite avec une grande attention. J’espĂšre que cette saga familiale prendra l’ampleur que semble lui offrir son premier opus et qu’elle ne tombera pas Ă  la maniĂšre d’un soufflet. C’est toujours la crainte que je ressens aprĂšs un tome initial rĂ©ussi et prometteur. De plus, le fait que l’intrigue se dĂ©roule dans le milieu viticole est quelque chose qui m’a beaucoup plu, il est toujours intĂ©ressant de dĂ©couvrir un univers jusqu’alors inconnu. Il ne me reste plus qu’à vous conseiller d’aller Ă  sa rencontre Ă  votre tour.

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Note : 16/20

Saga Valta, T2 – Jean Dufaux & Mohamed Aouamri

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Titre : Saga Valta, T2
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Mohamed Aouamri
Parution : Juin 2014


 Jean Dufaux est un scĂ©nariste reconnu. « Murena », « Barracuda » ou « Conquistador » sont ses derniĂšres sĂ©ries dans lesquelles j’ai pris plaisir Ă  me plonger. L’auteur possĂšde une capacitĂ© remarquable Ă  insĂ©rer les arcanes de ses intrigues dans un univers dense et envoutant. Le Rome de « Murena » ou les pirates de « Barracuda » m’ont complĂštement happĂ©. « Saga Valta », sujet de ma critique, s’inscrit dans un monde nordique et rude. En prĂ©lude de l’album, Jean Dufaux Ă©voque sa fascination pour ces lĂ©gendes islandaises du treiziĂšme siĂšcle et indique que cette nouvelle aventure n’est que le premier chapitre de son immersion dans cette mythologie.

SagaValta2aL’album Ă©voquĂ© aujourd’hui est le second tome de l’aventure. Sa parution chez « Le Lombard » date du mois de juin dernier. Il ne clĂŽt pas l’histoire comme j’avais cru le comprendre. Le dĂ©nouement est annoncĂ© pour le troisiĂšme acte. « Elle aimait, oui. Mais dans le dĂ©shonneur et la trahison. Jusqu’à mettre le pays Ă  fleur et Ă  sang. Alors, les dieux dĂ©cidĂšrent d’intervenir
 VoilĂ  ce que raconte la Saga. » Tels sont les mots qui habillent la quatriĂšme de couverture de l’ouvrage. La recette semble ĂȘtre un classique de la cuisine du neuviĂšme. Le fait que la trame s’inscrive dans les mythes nordiques sous-entendait l’aspect conventionnel des enjeux. Cette absence supposĂ©e d’originalitĂ© ne me dĂ©rangeait dans le sens oĂč toute vieille recette cuisinĂ©e avec talent se dĂ©guste toujours avec appĂ©tit.

Un héros légendaire en devenir.

L’épisode initial m’avait plu. Le chemin jalonnĂ© m’intriguait. L’empathie Ă  l’égard du personnage principal Ă©tait immĂ©diate. Voir son amour pur ĂȘtre interdit pour des histoires de code social est une maniĂšre efficace de conquĂ©rir l’affection du lecteur. La mĂ©thode reste toujours aussi efficace. Valgar dĂ©veloppe son aura Ă  travers ses valeurs de noblesse et de courage. Il ne semble possĂ©der aucun dĂ©faut mais n’est pas pour autant dĂ©nuĂ© de faiblesses. Ces fissures consolident son statut de hĂ©ros lĂ©gendaire en devenir.

SagaValta2bUne des forces, Ă  mes yeux, de cet album est sa densitĂ© scĂ©naristique. La lecture ne souffre d’aucun temps mort. Les Ă©vĂ©nements s’enchaĂźnent avec une cadence soutenue et attise avec constance le feu de la curiositĂ©. Mais le dĂ©roulement de l’histoire n’est pas assimilable Ă  un tourbillon effrĂ©nĂ©. La narration  alterne des scĂšnes de bataille ou de combat avec des moments plus intimistes et calmes. Sur un principe proche, l’auteur arrive Ă  faire exister Ă  la fois des moments rudes avec des instants plus doux et positifs. Cette grande variĂ©tĂ© enrichit indĂ©niablement le propos et alimente l’attrait du lecteur pour les aventures de Valgar.

Les dessins participent Ă©galement activement au plaisir ressenti en dĂ©couvrant les planches. J’ai dĂ©couvert le travail de Mohamed Aouamri Ă  travers cette sĂ©rie et ne regrette pas la rencontre. Son trait arrive Ă  dĂ©velopper une atmosphĂšre envoutante. Le dĂ©paysement est immĂ©diat. DĂšs les premiĂšres pages, l’immersion dans ce monde nordique est intense. Que ce soit la nuit ou le jour, que nous nous trouvions en forĂȘt, dans une grotte ou une hutte, chaque moment transpire de cette ambiance de guerriers vikings. C’est avec joie que j’ai retrouvĂ© ce climat ensorcelant.

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Pour conclure, je dirai que ce second tome de « Saga Valta » est de bonne facture. Il offre une intrigue dense et captivante. Il pourrait lĂ©gitimement lui ĂȘtre reprochĂ© de manquer d’originalitĂ© ou de ne pas rĂ©volutionner le genre. NĂ©anmoins, cela ne m’a pas dĂ©rangĂ© car le travail fourni conjointement par le scĂ©nariste et le dessinateur gĂ©nĂšre une lecture agrĂ©able. N’est-ce pas lĂ  l’essentiel ? Je pense que les adeptes d’aventures nordiques et mĂ©diĂ©vales devraient y trouver leur compte. Ce n’est dĂ©jĂ  pas si mal


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Note : 14/20

Les naufragĂ©s d’Ythaq, T11 : L’haleine de l’ogre – Christophe Arleston & Adrien Floch

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Titre : Les naufragĂ©s d’Ythaq, T11 : L’haleine de l’ogre
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Adrien Floch
Parution : Septembre 2013


L’haleine de l’ogre est le onziĂšme tome de Les naufragĂ©s d’Ythaq. Cette sĂ©rie mĂȘlant science-fiction est fantasy est nĂ©e il y a un petit peu moins de dix ans. C’est la prĂ©sence de Christophe Arleston au scĂ©nario qui m’avait attirĂ©. Entre Lanfeust des Etoiles, Les maĂźtres cartographes ou encore Les forĂȘts d’Opale, l’auteur est un spĂ©cialiste de ce type d’univers et de saga. Les dĂ©buts de l’aventure avaient Ă©tĂ© prometteurs. L’idĂ©e Ă©tait intĂ©ressante et les personnages attachants. HĂ©las, la qualitĂ© avait tendance Ă  diminuer au fur et Ă  mesure que les derniers tomes sortaient et la conclusion lors du neuviĂšme Ă©pisode Ă©tait, Ă  mes yeux, une cruelle dĂ©ception. Curieusement, Arleston et le dessinateur Adrien Floch firent naĂźtre un second cycle Ă  la sĂ©rie avec la parution d’un dixiĂšme tome l’annĂ©e derniĂšre. L’ouvrage que j’évoque aujourd’hui s’inscrit donc dans la continuitĂ© de ce dernier.

La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente les mots suivants : « Narvarth, Granite, Callista et Krurgor sont de retour sur leur planĂšte. Seul Narvarth dispose des clefs qui permettent de passer dans l’univers parallĂšle, celui d’Ythaq. Mais cette infinitĂ© de mondes nouveaux Ă  portĂ©e de main et les richesses qu’ils augurent excitent bien des convoitises
 »

Le dixiĂšme acte, Nehorf-Capitol Transit, marquait le retour d’exil des hĂ©ros. Le lecteur n’était donc plus sur Ythaq mais dans un monde qui lui Ă©tait jusqu’alors inconnu. Les auteurs nous plongeaient donc dans des arcanes politiques que j’avais trouvĂ©s assez brouillonnes et bancales. Le second dĂ©part de la saga m’apparaissait assez dĂ©cousu boiteux. J’espĂ©rais que ce nouvel album installe la trame sur des bases plus solides.

Sur quelques aspects, l’évolution s’est avĂ©rĂ©e positive. En effet, l’intrigue est plus simple et cadrĂ©e. Les enjeux sont clairement Ă©tablis. La narration offre deux fils conducteurs parallĂšles. Cela permet de densifier le propos sans pour autant y faire suffoquer le lecteur. De plus, chaque « naufragĂ© » trouve une place intĂ©ressante et aucun n’est oubliĂ©. Cela permet de retrouver la bonne humeur que dĂ©gageaient ces acolytes hauts en couleur. Le caractĂšre volcanique de Granite, la peste Callista, Narvarth et Krurgor forment un casting rĂ©ussi qui avait Ă©tĂ© un petit peu nĂ©gligĂ© Ă  mon goĂ»t dans le dixiĂšme tome.

Une intrigue trop faible

Je viens de faire le tour des qualitĂ©s de cet ouvrage. Dans bien d’autres domaines, je suis sorti déçu de ma lecture. L’intrigue manque d’ampleur. Elle semble se concentrer sur le fait que des personnes puissantes veulent rĂ©cupĂ©rer des clĂ©s vers un monde parallĂšle. En termes d’épaisseur, nous n’allons pas plus loin. Je n’ai pas le sentiment que la partie de l’histoire qui nous est cachĂ©e soit bien passionnante. Le premier cycle Ă©tait construit sur une idĂ©e originale dont la rĂ©vĂ©lation Ă©tait un vrai bon moment de surprise. Je doute que cela se reproduise ici. La consĂ©quence est qu’aprĂšs deux tomes, je m’interroge sur la voie suivie par les auteurs. Je me demande mĂȘme s’ils la connaissent. J’ai le sentiment sincĂšre que les Ă©vĂ©nements des deux premiers tomes auraient pu se contenir dans un seul.

La faiblesse de l’intrigue devrait laisser de la place aux personnages. Ce type de saga gĂ©nĂšre souvent un casting variĂ© et rĂ©ussi. Les nouveaux venus ne m’ont pas fait une forte impression. Un geĂŽlier apparu dans l’acte prĂ©cĂ©dent semblait possĂ©der un potentiel intĂ©ressant. Il a disparu des radars. Il laisse donc la place Ă  des nobles de l’espace au charisme insuffisant. Les mĂ©chants manquent d’aura. Les hĂ©ros ont vĂ©cu de grandes aventures et ont combattu des ennemis puissants. Ce second cycle souffre de la comparaison sur ce plan. C’est toujours dommage car la qualitĂ© du mĂ©chant reste un critĂšre important dans la rĂ©ussite d’une aventure.

Le dessin d’Adrien Floch est une des constantes de la sĂ©rie. Son trait me plaĂźt beaucoup. Je trouve qu’il s’accommode parfaitement avec l’univers Ă©crit par Christophe Arleston. Il fait naĂźtre des dĂ©cors dĂ©paysant Ă  souhait et sa capacitĂ© Ă  donner une identitĂ© forte Ă  ses personnages n’est plus Ă  dĂ©montrer. NĂ©anmoins, j’ai trouvĂ© cet album plus pantouflard sur le plan graphique que les prĂ©cĂ©dents. Est-ce dĂ» aux faiblesses du scĂ©nario ? Peut-ĂȘtre. NĂ©anmoins, la dimension Ă©pique du propos ne ressent pas autant que je l’espĂ©rais dans les illustrations. MalgrĂ© tout, l’ensemble reste plus que correct et ce n’est pas dans ce domaine qu’est nĂ©e ma dĂ©ception.

Au final, L’haleine de l’ogre n’a pas Ă©teint mes inquiĂ©tudes de lecteur apparues en refermant le tome prĂ©cĂ©dent. J’ai mĂȘme tendance Ă  dire qu’elles ont Ă©tĂ© ravivĂ©es. Je rĂȘve de voir Arleston offrir une trame simple vĂ©cue par des personnages rĂ©ussis et dont la lecture serait accompagnĂ©e de vannes Ă  un rythme effrĂ©nĂ©. Se rĂ©alisera-t-il dans le prochain opus ? La question reste entiĂšre


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 Note : 11/20

Les naufragĂ©s d’Ythaq, T12 : Les clefs du NĂ©ant – Christophe Arleston & Adrien Floch

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Titre : Les naufragĂ©s d’Ythaq, T12 : Les clefs du NĂ©ant
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Adrien Floch
Parution : Septembre 2014


 « Les naufragĂ©s d’Ythaq » est une des nombreuses sĂ©ries au long cours scĂ©narisĂ©es par Christophe Arleston. Le crĂ©ateur de Lanfeust est productif et s’est spĂ©cialisĂ© dans la fantasy grand public. Il possĂšde une capacitĂ© rĂ©elle Ă  faire cohabiter aventure et humour. A contrario, ses productions ont le dĂ©faut de voir leur qualitĂ© narrative rĂ©gresser au fur et Ă  mesure des tomes. « Les forĂȘts d’Opale » sont un exemple d’histoire attrayante au dĂ©but et de plus en plus dĂ©cevante depuis.

« Les naufragĂ©s d’Ythaq » appartient Ă  cette catĂ©gorie. Les premiers opus Ă©taient vraiment rĂ©ussis. Les pĂ©rĂ©grinations de Granite et ses acolytes sur une planĂšte n’apparaissant sur une aucune carte Ă©taient accompagnĂ©es d’un mystĂ©rieux intĂ©ressant. Le casting offrait une grande variĂ©tĂ© de personnalitĂ©s et dĂ©clenchait une grande empathie Ă  l’égard des hĂ©ros. HĂ©las, la deuxiĂšme partie du premier cycle s’avĂ©rait bancale et sans grand intĂ©rĂȘt. Le dĂ©nouement Ă©tait dĂ©cevant et avait fait oublier le bonheur ressenti lors de la dĂ©couverte.

LesNaufragĂ©sd'Ythaq12bArleston et Floch ont Ă©crit une suite Ă  cette premiĂšre fin. Depuis le dixiĂšme Ă©pisode, l’intrigue s’inscrit dans un second cycle. Ma premiĂšre impression Ă©tait mitigĂ©e. La trame n’avait, Ă  mes yeux, pas trouvĂ© son second souffle. NĂ©anmoins, le plaisir de retrouver les protagonistes m’incitent Ă  accepter les faiblesses scĂ©naristiques. C’est ainsi que je me suis procurĂ© le dernier album paru. IntitulĂ© « Les clĂ©s du nĂ©ant », il est apparu dans les rayons de librairie en octobre dernier.

« Narvarth, Granite, Callista et Krurgor sont de retour sur leur planĂšte. Seul Narvarth dispose des clefs qui permettent de passer dans l’univers parallĂšle, celui d’Ythaq. Mais cette infinitĂ© de mondes nouveaux Ă  portĂ©e de main et les richesses qu’ils augurent excitent bien des convoitises  » VoilĂ  la mise en bouche prĂ©sentĂ©e par la quatriĂšme de couverture. Elle pose les jalons des enjeux mis en place suite aux Ă©vĂ©nements du neuviĂšme acte de la saga.

Une curiosité ravivée.

La machine narrative avait un petit peu de mal Ă  se mettre en route. L’ensemble apparaissait brouillon et manquait cruellement de rythme. J’espĂ©rais que la machine se mettrait en route et trouverait sa vitesse de croisiĂšre lors de cette lecture. Ce tome s’avĂšre meilleur que les prĂ©cĂ©dents. Les Ă©vĂ©nements sont plus frĂ©quents et l’ensemble avance Ă  un rythme plus soutenu. Il conclut finalement la mise en place dĂ©butĂ©e dans « «Nehorf-Capitol Transit ». Je regrette que cela ne se soit pas fait plus rapidement car la situation qui conclut ce tome aurait pu quasiment ĂȘtre atteinte en trois fois moins de pages. NĂ©anmoins, tout vient Ă  qui sait attendre
 Ma curiositĂ© qui Ă©tait en hibernation a Ă©tĂ© ravivĂ©e. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’elle est intense mais la phase de rĂ©veil est en cours. Le scĂ©nario introduit des rebondissements pas inintĂ©ressants.

LesNaufragĂ©sd'Ythaq12cLe support politique est classique mais exploitĂ© sĂ©rieusement. La perspective d’avoir accĂšs Ă  un monde parallĂšle plein de richesses inexploitĂ©es alimente les appĂ©tits. Les discours officiels sont contredits par des opĂ©rations officieuses. L’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral est mis en balance avec des intĂ©rĂȘts plus personnels. L’environnement des hĂ©ros semble ĂȘtre occupĂ© par davantage de mĂ©chants que de gentils. Il est difficile de cerner les personnes fiables. Cette dimension nĂ©buleuse quant aux objectifs rĂ©els des uns et des autres est un aspect qui entretient l’attrait de la lecture.

Le dĂ©roulement du fil conducteur laisse ainsi moins de place aux s d’action. Ce n’est pas une mauvaise chose de mon point de vue. Un des dĂ©fauts de bon nombre de sĂ©ries est de remplir les LesNaufragĂ©sd'Ythaq12dvides scĂ©naristiques par des batailles rĂ©pĂ©titives et sans originalitĂ©. Ce n’est ici pas le cas et cela permet de savourer les moments de combat ou de poursuite. La diminution de la frĂ©quence de ces temps belliqueux fait que l’exigence Ă  leurs Ă©gards est moindre et permet de les savourer avec plaisir malgrĂ© leurs imperfections.

Comme souvent avec Arleston, le ton est lĂ©ger et l’humour est un argument de poids. L’ingrĂ©dient comique est une nouvelle fois utilisĂ© mais avec une relative parcimonie. Il ne s’agit pas de l’épisode le plus dĂ©lurĂ©. Je le regrette un petit peu. Peut-ĂȘtre est-ce dĂ» Ă  la place laissĂ©e Ă  la politique ? En tout cas, j’ai moins souri qu’aux plus grandes heures de la saga.

Sur le plan graphique, cet opus remplit aisĂ©ment le cahier des charges. Le trait d’Adrien Floch correspond parfaitement au ton crĂ©Ă© par le scĂ©nario d’Arleston. Le dessinateur maĂźtrise autant les personnages que les dĂ©cors. Il arrive Ă©galement Ă  gĂ©rer avec talent les scĂšnes d’action que ce soit des poursuites ou des combats. Son style participe activement Ă  l’atmosphĂšre dynamique de l’ensemble.

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Pour conclure, « Les clefs du nĂ©ant » marque une Ă©volution positive de la sĂ©rie. Sans atteindre la rĂ©ussite des premiers Ă©pisodes, il se montre plus agrĂ©able que les derniers en date. Il ne reste donc plus qu’à espĂ©rer qu’il ne s’agit pas d’un feu de paille et que la suite confirmera cette progression. Mais cela est une autre histoire


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Note : 11/20

Universal War Two, T2 : La terre promise – Denis Barjam

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Titre : Universal War Two, T2 : La terre promise
Scénariste : Denis Barjam
Dessinateur : Denis Barjam
Parution : Septembre 2014


 Ma dĂ©couverte de la science-fiction dans le neuviĂšme date de ma rencontre avec Baltimore, Paulo, Amina, Kalish et tous les autres. Ils formaient l’escadrille Purgatory dans une grande saga interstellaire intitulĂ©e « Universal War One ». Le premier cycle se composait de six Ă©pisodes d’une densitĂ© et d’un attrait constants. J’en avais savourĂ© la conclusion car je la trouvais rĂ©ussie, originale et bien construite.

C’est avec joie que j’ai accueilli la naissance d’une suite Ă  cette belle et longue aventure. En effet, le premier tome de « Universal War Two » est apparu il y a deux ans. Sa lecture m’a confirmĂ© que Denis Bajram n’avait Ă©garĂ© ni son talent ni son sĂ©rieux en offrant un album de qualitĂ© qui posait de nouveaux jalons intĂ©ressants. Le deuxiĂšme acte de ce nouveau cycle, « La terre promise », est sorti en librairie le vingt-quatre septembre dernier. Il est le thĂšme de ma critique du jour.

UW22a« La PremiĂšre Guerre Universelle a Ă©tĂ© apocalyptique, manquant d’anĂ©antir l’humanitĂ©. Dans le systĂšme solaire, la situation des survivants reste bien prĂ©caire. Ce semblant de paix vient d’ĂȘtre brisĂ© par un effrayant et mystĂ©rieux ennemi, capable de faire disparaĂźtre le Soleil lui-mĂȘme ! RĂ©fugiĂ©s sur la lointaine Canaan, les plus sages humains ne savent que plus que faire. Ce conflit embrasera-t-il toute la galaxie ? Ici continue la DeuxiĂšme Guerre Universelle. »

Un certain manichéisme.

C’est avec ses mots que l’auteur nous prĂ©sente les enjeux de ce nouvel affrontement. Je dois vous prĂ©venir que se lancer dans cette suite sans aucune connaissance du conflit prĂ©cĂ©dent me semble pĂ©rilleux. En effet, « UW1 » possĂšde une densitĂ© telle qu’elle est un prĂ©requis, de mon point de vue, indispensable Ă  l’enchaĂźnement vers cette nouvelle lecture. L’univers est complexe et le scĂ©nario riche. Bajram s’évertue Ă  en rappeler les grandes dates au cours de ce nouvel album mais je ne suis pas sĂ»r que cela suffise pour maĂźtriser l’ensemble de la trame.

UW22cLe tome prĂ©cĂ©dent m’avait plu et rassurĂ© quant Ă  la qualitĂ© de ce nouveau dĂ©part. J’apprĂ©hende souvent les suites ou les spins offs. Ils sont trop souvent d’immenses dĂ©ceptions dont le succĂšs surfe sur la nostalgie de ses lecteurs envers l’Ɠuvre originale. « UW2 » ne semblait pas appartenir Ă  cette catĂ©gorie. J’étais donc plein d’entrain en dĂ©couvrant les premiĂšres pages de « La terre promise ». Je n’ai eu aucun mal Ă  m’y immerger. J’ai retrouvĂ© avec plaisir les personnages et avec curiositĂ© une situation pour le moins instable. Les gentils et les mĂ©chants Ă©taient bien marquĂ©s. On pourrait dĂ©noncer un certain manichĂ©isme. La gentille est vraiment trĂšs gentille et le mĂ©chant dĂ©nuĂ© de toute qualitĂ© apparente. NĂ©anmoins, cela permet une empathie assez forte Ă  l’égard de ThĂ©a. A l’opposĂ©, son cousin est profondĂ©ment antipathique.

Sur le mĂȘme principe, la trame est plus claire que dans le prĂ©cĂ©dent cycle. Je ne sous-entends pas que la narration manque d’attraits ou de densitĂ©. Mais, je ne retrouve pas la complexitĂ© jouissive des six premiers albums. Les Ă©vĂ©nements s’enchaĂźnent de maniĂšre linĂ©aire et laisse moins le lecteur dans l’ombre. Sous certains aspects, je regrette de ne pas avoir besoin de lire plusieurs fois chaque planche avant d’en comprendre tous les messages. La lecture est maintenant plus aisĂ©e. Elle est agrĂ©able mais pas aussi mĂ©morable.

Sur le plan graphique, le trait de Barjam conserve sa prĂ©cision. Il arrive Ă  crĂ©er un univers trĂšs prĂ©cis et rĂ©aliste. Chaque vaisseau et chaque bĂątiment sont prĂ©cisĂ©ment affinĂ©s. Les scĂšnes spatiales restent mes prĂ©fĂ©rĂ©es. Je les savoure d’autant plus qu’elles sont plus rares que prĂ©cĂ©demment du fait du scĂ©nario. L’ambiance est crĂ©dible mais le dĂ©paysement est moins intense qu’au dĂ©but. Il faut dire que le lecteur a pris ses habitudes


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Pour conclure, « La terre promise » est une suite honnĂȘte et rĂ©ussie aux aventures des descendants de Kalish. Sa dimension futuriste et sa capacitĂ© Ă  jouer avec le voyage dans le temps continue Ă  me ravir. Le cĂŽtĂ© mystĂ©rieux de ce triangle reste constant et alimente la curiositĂ©. Le fait que « UW2 » me fasse moins chavirer que « UW1 » ne m’empĂȘche de conseiller les adeptes du genre. La qualitĂ© est toujours là


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Note : 13/20