Titre : Canardo, T18 : La Fille Sans Visage
Scénariste : Sokal
Dessinateur : Sokal
Parution : FĂ©vrier 2009
Je me suis rĂ©cemment offert un opus dâune de mes sĂ©ries de bandes dessinĂ©es prĂ©fĂ©rĂ©es intitulĂ©e. Elle met en Ćuvre lâinspecteur Canardo. Cette sĂ©rie est composĂ©e dâune vingtaine dâalbums. Le premier tome date de 1979. Cette sĂ©rie est Ă©crite par BenoĂźt Sokal. Il sâoccupe Ă la fois du scĂ©nario et des dessins. Mon avis dâaujourdâhui porte sur le tome dix-huit intitulĂ© « La fille sans visage ». Paru en fĂ©vrier 2009, il est Ă©ditĂ© chez Casterman dans la collection « Ligne rouge ». ComposĂ© dâune petite cinquantaine de pages, il est vendu au prix de 10,40 euros.
Lâhistoire commence dans un bar dans lequel erre ce cher Canardo. Preux chevalier, il dĂ©cide de raccompagner une jeune prostituĂ©e chez elle en tout bien tout honneur. Mais sur leur trajet, ils sont percutĂ©s par une voiture Ă toute vitesse. Il en rĂ©sulte pour tous les deux de lourdes sĂ©quelles. Ils sont soignĂ©s dans une clinique de luxe. En effet, le responsable de lâaccident est lâhĂ©ritier du duchĂ© de Belgambourg. Afin dâĂ©viter tout scandale, il a dĂ©cidĂ© de sâoccuper de toute la rĂ©Ă©ducation de ses victimes. Le silence sur cette affaire est dâautant plus important que ce fils de bonne famille se rĂ©vĂšle plutĂŽt instableâŠ
Tout dâabord, il faut que je dĂ©crive un petit peu la sĂ©rie pour ceux qui ne le connaissent pas. La premiĂšre particularitĂ© est le fait que les personnages sont des animaux anthropomorphes. Comme son nom lâindique, Canardo est un canard. Mais on rencontre Ă©galement des oiseaux, des chiens, des chats, des souris ou encore des cochons⊠Ce choix a pour consĂ©quence de nous donner une impression directe sur chaque personnage. En effet, on a tendance Ă adapter lâimage quâon a dâun personnage Ă ses traits animaux.
Riche héritier et duchesse flippante.
Canardo est un inspecteur qui ne paye pas de mine. PlutĂŽt trapu, le regard vague, il ne traine jamais sans son impermĂ©able digne de Columbo. Son lieu de prĂ©dilection reste un bar mal famĂ© dans lequel il a une ardoise longue comme un jour sans pain. On y rencontre maquereau, prostituĂ©es, alcooliques, droguĂ©s et toute autre bonne frĂ©quentation. Il manque tellement de dynamisme et de charisme quâon est toujours surpris de le voir rĂ©soudre les enquĂȘtes quâon lui confie.
Le thĂšme de « La fille sans visage » est plutĂŽt politique. En effet, on voit une personne connue qui cherche Ă gĂ©rer une situation de crise qui pourrait faire les choux gras dans la presse spĂ©cialisĂ©e. On dĂ©couvre donc la duchesse gĂ©rer tout cela avec une main de fer et une froideur flippante. ParallĂšlement, on dĂ©couvre les paparazzis guetter cette clinique oĂč se rend si souvent ce riche hĂ©ritier lubrique sous mĂ©dicament. On est donc curieux de savoir si la vĂ©ritĂ© va Ă©clater au grand jour et de connaĂźtre Ă©galement jusquâoĂč la duchesse est prĂȘte Ă aller pour protĂ©ger lâimage de son duchĂ©.
Lâautre dimension politique apparaĂźt dans la deuxiĂšme partie de lâhistoire. Le duchĂ© qui nous intĂ©resse est voisin de la Belgique. Les soucis de rattachement et dâindĂ©pendance touchant la Flandre et la Wallonie apparaissent au cours de la narration. Cela permet Ă lâintrigue de rebondir et ne la cantonne pas Ă une histoire dâaccident malheureux. En ce sens, lâauteur arrive Ă nous offrir une trame assez dense qui nous captive du dĂ©but Ă la fin. Elle cache quelques tiroirs qui suscitent notre attention. Sur ce plan, la narration est assez rĂ©ussie. Mon seul petit bĂ©mol concerne une partie de la fin que je trouve un petit peu tirĂ©e par les cheveux. NĂ©anmoins, cela ne gĂąche en rien le plaisir que jâai pris Ă lire cet ouvrage.
Le plaisir de la lecture rĂ©side Ă©galement dans la qualitĂ© des dessins. Je trouve le style trĂšs facile dâaccĂšs. De plus, les personnages sont tels quâils nous parlent tous Ă leur maniĂšre. On nâa aucun mal Ă croire Ă lâhistoire et Ă sây plonger. Certains regards sont impressionnants de justesse. De plus, Sokal utilise remarquablement les couleurs. Dâune part, elles personnalisent parfaitement les protagonistes et dâautre part elles habillent remarquablement lâambiance. Les dessins crĂ©ent une atmosphĂšre prenante et captivante.
Au final, jâai donc passĂ© un trĂšs bon moment en lisant cet opus. Il est Ă la hauteur des prĂ©cĂ©dents de la sĂ©rie. Sur ce plan-lĂ , Sokal est un auteur trĂšs talentueux. Cela fait trente ans quâil nous dĂ©crit les aventures de Canardo sans jamais baisser de qualitĂ©. Je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans « La fille sans visage ». Vous passerez un bon moment de maniĂšre garantie. Bonne lectureâŠ