États dame – Zelba

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Titre : États dame
Scénariste : Zelba
Dessinatrice : Zelba
Parution : Octobre 2013


Zelba est une auteure de bande-dessinée allemande. Son blog BD est régulièrement adapté au format papier aux éditions Jarjille, le tout étant assorti pour moitié d’inédits. « États dame » est donc une série d’histoires autobiographiques, le troisième paru à ce jour. Le tout pèse près de 130 pages pour le prix de 15€.

La particularité des récits autobiographiques de Zelba, c’est qu’ils sont constitués à la fois d’anecdotes contemporaines comme de souvenirs d’enfance. Ils peuvent durer une seule page ou plus d’une dizaine de pages. Souvent, les récits très courts concernent ses deux enfants qui, comme tous enfants qui se respectent, sortent parfois des remarques très drôles. Les souvenirs d’enfance sont souvent plus tristes, faisant appel à ses rapports avec sa mère et sa grand-mère notamment, qui sont décédées. L’aspect nostalgique y est bien plus fort et le rire moins fréquent.

Un équilibre entre humour et nostalgie.

La particularité de l’autobiographie version Zelba est donc un équilibre entre tendresse, humour, nostalgie et tristesse. Le tout est parfaitement illustré par la couverture, montrant son personnage divisé en trois. Cet équilibre est bien géré. En première lecture, il m’a semblé que l’ouvrage était moins drôle que les précédents et bien plus nostalgique. En relecture, ce n’est pas le cas finalement. Il faut dire que les enfants vieillissent et leurs petites phrases décalées se font plus rares !

EtatsDame2Les récits longs se basent aussi sur des périodes plus longues (plusieurs mois ou plusieurs semaines). Ce sont aussi les plus intéressants. Il est étonnant de voir que Zelba a encore des choses incroyables à raconter et on se demande comment elle a pu ne pas en parler avant ! Je pense notamment à cette histoire de fracture de la mâchoire qui ne laissera personne indifférent. Ou encore la naissance de l’un de ses enfants.

La grande capacité de Zelba, c’est qu’elle présente un personnage attachant, avec ses défauts et ses qualités. L’autodérision est bien présente, mais contrairement à d’autres récits, mais elle n’est pas au centre des histoires, loin de là. Ce côté « vrai » fait que l’on est d’autant plus touché par les récits qu’elle nous propose.

Au niveau du dessin, Zelba adopte des planches construites façon blog. Pas de délimitations de case et un trait relâché parfaitement adapté. Le tout est maîtrisé et n’est pas avare en décors lorsque c’est nécessaire. Mais l’ouvrage est beaucoup centré sur l’humain, et cela se retrouve dans les planches. Les dialogues sont écrits en noir et la narration en gris, facilitant la lecture sans alourdir les pages. Enfin, la colorisation en niveaux de gris est très réussi et donne de la matière à l’ouvrage.

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Si beaucoup de dessinateurs (et notamment blogueurs BD) font des autobiographies sans vraiment s’ouvrir, on ne pourra pas reprocher ça à Zelba. Ses histoires nous touchent, car elles savent aborder des sujets graves, voire tabous, comme la maladie et la mort. Sans sentimentalisme excessif, sachant apporter des touches d’humour qui équilibrent toujours parfaitement le tout, on dévore le tout et à la fermeture du livre, on ne peut qu’avoir de la sympathie pour l’auteure. Un beau travail qui continue à toucher le lecteur au fur et à mesure des ouvrages.

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Note : 15/20

Punk rock Jesus – Sean Murphy

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Titre : Punk rock Jesus
Scénariste : Sean Murphy
Dessinateur : Sean Murphy
Parution : Septembre 2013


J’avais lu beaucoup de bien de « Punk rock Jesus » et c’est avec joie que j’ai pu me le procurer dans ma bibliothèque. Il faut dire que le titre est particulièrement accrocheur (voir racoleur, puisqu’il ne correspond que peu au contenu de l’album) et la couverture, toute en noir et blanc, puissante. Le tout est dessiné et scénarisé par Sean Murphy, dans la tradition du comics indépendant. Le tout est publié chez Urban Comics pour plus de deux cents pages de lecture.

Le pitch de cet ouvrage est le suivant : une société de production télévisuelle crée un (supposé ?) clone de Jesus Christ à partir d’ADN prélevé sur le Saint Suaire. Elle construit une émission de téléréalité, baptisé J2, autour de cette naissance et de ce nouveau messie. Ce dernier est isolé sur une île en compagnie de sa mère, de la scientifique qui a permis sa naissance et d’un garde du corps ancien de l’IRA.

Religion, puritanisme & punk rock

PunkRockJesus2Sean Murphy s’attaque essentiellement à trois sujets : le premier est une critique de la religion et du fondamentalisme. Plus précisément, il attaque les évangélistes américains. Sa deuxième victime est donc le puritanisme américain, que Chris (et pas Jesus !) fera exploser en chantant dans un groupe de punk rock. Enfin, le dernier thème est bien évidemment la téléréalité en tant que tel, avec isolement des personnes et toute puissance de la production sur leurs vies.

Si les sujets de ce comics sont des plus intéressants, le traitement laisse à désirer. Le tout est souvent manichéen (seul le personnage Thomas possède une vraie profondeur) et excessif. Ainsi, la société de production est isolée sur une île où elle contrôle tout, les fondamentalistes chrétiens font des actions commandos… Bref, c’est une analyse proche de la crise d’adolescence que fait Chris pendant la BD. Il se rebelle et rejette tout, sans analyse vraiment poussée. Si bien qu’on est un peu déçu devant le traitement de l’histoire. Surtout, le passage de Chris dans le punk rock paraît complètement forcé et est amené par : « Thomas a laissé des disques de punk, tiens je vais les écouter. »

Ainsi, le message est trop appuyé, soit par les discours, soit par une violence excessive. De même, la durée du bouquin est inutile. On finit par s’ennuyer un peu devant les multiples tentatives d’évasion de la prison. Une impression de redondance s’installe et, au final, en fermant l’ouvrage, on reste sur un goût d’inachevé. Malgré tout, le livre réserve son lot de surprise et de coups de théâtre. Dommage que cela ne soit pas amené de façon plus subtil, encore une fois. Finalement, l’ouvrage vaut pour son personne de Thomas, le garde du corps. On ouvrait d’ailleurs le livre sur lui. Son histoire nous est pleinement racontée, en commençant par son enfance et sa jeunesse à l’IRA. Du coup, ses réactions sont moins prévisibles et ses ressentis bien plus intéressants. Spectateur avant tout de l’expérience, il en deviendra un acteur essentiel par la force des choses.

Au niveau graphique, Sean Murphy impressionne par son dessin en noir et blanc magnifique. C’est expressif, bourré d’influences diverses et variées et c’est maîtrisé de bout en bout. C’est vraiment le gros point fort du bouquin. Les cases sont souvent chargées, mais dans les scènes d’action, les planches font preuve d’un dynamisme incroyable. Bref, c’est beau et stylisé !

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« Punk rock Jesus » m’a vraiment laissé sur ma faim. Le pitch de démarre en fait immanquablement un ouvrage intéressant, mais le traitement ne m’a pas paru à la hauteur. Trop centré sur les Etats-Unis d’Amérique (présenté comme LE pays chrétien par excellence), il se perd un peu à enlever le caractère éminemment universel d’un nouveau Messie. Dommage.

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Note : 11/20

 

L’atelier Mastodonte – Lewis Trondheim, Yoann, Cyril Pedrosa, Alfred, Julien Neel, TĂ©bo & Guillaume Bianco

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Titre : L’atelier Mastodonte
Scénaristes : Alfred, Guillaume Bianco, Julien Neel, Cyril Pedrosa, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann
Dessinateurs : Alfred, Guillaume Bianco, Julien Neel, Cyril Pedrosa, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann
Parution : Juin 2013


Lorsque je tombe sur un ouvrage de Lewis Trondheim, je suis bien incapable de résister à la pulsion de l’achat. Alors lorsqu’il s’associe à d’autres auteurs que j’apprécie (Neel, Bianco, Yoann, Alfred…), il m’est impossible de ne pas passer à la caisse… « L’atelier Mastodonte » raconte le quotidien de quelques auteurs de bande-dessinée réunis en atelier. Ils dessinent tous des strips sur les anecdotes de l’atelier. Ainsi, il n’est pas rare qu’ils se répondent… Publiés dans le journal de Spirou, ceux-ci se voient regroupés dans un ouvrage au format paysage de belle facture. L’écrin est même dessiné par Bilal… Mais alors que donne cet ouvrage réunissant une véritable dream team de la BD ?

Tout démarre par la volonté de Trondheim d’ouvrir un atelier. Les premiers strips font donc part de cette envie et nous présente les auteurs. Ainsi, Guillaume Bianco est intimidé par Lewis Trondheim, Julien Neel se balade avec une marionnette, Cyril Pedrosa souhaite que les auteurs se syndiquent… Et rapidement s’instaure ce qui fera la force de l’ouvrage : la réponse du berger à la bergère ! Ainsi, lorsqu’un auteur se moque d’un autre dans son strip, celui-ci lui répond dans le strip suivant. Cela instaure une vraie dynamique. Il me semble d’ailleurs que dans le journal de Spirou, les strips étaient publiés par deux sur une page. Ceux-ci font chacun une demi-page de huit cases.

Une vraie diversité dans les humours.

La diversité des humours fait la force de l’ouvrage. Même si chacun sera plus ou moins sensible à tel ou tel auteur, globalement il y a une ligne directrice qui se dégage. Comme les auteurs se répondent, on reste souvent dans les mêmes humours au final. Et après des débuts plus classiques, les délires se développent et chaque personnage prend une ampleur intéressante, car son caractère est vu par différents auteurs. Et l’atelier parvient à dégager de vrais délires collectifs (on pense au collectionneur par exemple) qui donne l’impression d’une vraie cohésion de groupe.

L’autre intérêt est évidemment la diversité des graphismes. Tout est assez différent puisque l’on passe de dessins d’humains à de l’animalier… Là encore, c’est un plaisir de découvrir les différentes visions de chacun. Pour ma part, j’aime beaucoup les styles graphiques de beaucoup d’auteurs de cet ouvrage. On notera que de nombreux guests viennent enrichir l’ensemble et pas des moindres : Bouzard, Buchet, Delaf, Feroumont, Frantico, Keramidas, Libon, Nob, Plessix, Sapin, Stan & Vince et Vivès. Rien que ça !

Cet « Atelier Mastodonte » est une véritable réussite. Voilà un exemple à suivre en termes d’ouvrage collectif. Tout est entremêlé et c’est cela qui fait toute la force de ce livre. Plein d’humours différents, du scatologique au plus subtil, il est aussi une source de blagues sur les auteurs et leurs différences. A lire absolument.

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Note : 16/20

Slhoka, T7 : L’autre rive – Ulrig Godderidge & Ceyles

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Titre : Slhoka, T7 : L’autre rive
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Juin 2013


« L’autre rive » est le septième tome de »Slhoka ». Il est apparu dans les librairies en juin dernier. Edité chez Soleil, il est l’œuvre conjointe de Godderidge, Ceyles et Vincent. Ils s’occupent respectivement du scénario, des dessins et des couleurs. Il s’agit d’un album de format classique dont le prix avoisine quatorze euros. La couverture est dans les tons marron, orange et gris. On y découvre le héros éponyme une arme à la main. Il y est accompagné d’un tigre ailé qui ne nous est pas inconnu. Les paysages apparaissent apocalyptiques. L’atmosphère qui s’en dégage est sombre et inquiétante.

La quatrième de couverture nous présente les mots suivants : « Ishtor, la déesse maudite libérée de sa prison éternelle, veut reprendre le pouvoir des dieux et celui de Slhoka afin de détruire Link-Archoïde. Errant dans les marais des Basboues avec Krk, le bayan des Méandres, Slhoka élabore un plan pour rejoindre Nagaghuli et les autres Déités emprisonnées dans le Jaipurna. Mais comment convaincre les Dieux devenus ses ennemis, de s’unir à lui… »

La lecture du synopsis met rapidement les choses au clair : il est compliqué de se plonger dans cette histoire sans avoir lu les épisodes précédents. Pour résumer succinctement l’ensemble, je pourrais dire que « Slhoka » est une histoire classique construite autour de la notion d’élu. Le héros est au-dessus de ses aventures un simple pilote militaire. Suite à un crash, il atterrit sur une planète qui lui révélera un pouvoir dont il était ignorant. Il devient alors un leader et un symbole à la puissance unique. Le quatrième tome se concluait sur un combat final à grande ampleur. Le deuxième cycle se déroule dix ans plus tard. Slhoka est en pleine dépression et son pouvoir a quasiment disparu. Les deux albums précédents le voient retrouver sa force contraint et forcé devant les enjeux. En effet, une déesse maudite est dans la place et ça ne rigole pas…

Une atmosphère proche du chamanisme.

L’atmosphère de « L’autre rive » est construite autour du chamanisme. Les premières pages nous immergent dans un univers proche des bayous de la Louisiane. Le travail graphique transcrit très justement cette ambiance. La rencontre avec une sorcière locale qui arrive à contacter des forces occultes accentue le phénomène. Dans la deuxième partie, Slhoka passe son temps à voyager entre deux mondes : sa réalité et le monde de Jaipurna. Ce dernier est un univers dans lequel vive les dieux. Sa nature onirique couplée à l’apocalypse qui accompagne la lecture est dans la lignée de la dimension « shamanisme » de l’ensemble.

L’histoire se centre entièrement autour du personnage de Slhoka. La fin de l’épisode précédent concluait sur le héros qui avait repris goût à la vie. Il semblait retrouver des pensées plus positives. La première partie le voit avancer irrémédiable vers un affrontement avec son ennemie. La seconde nous fait vivre le combat. La trame est simple, un petit peu trop. J’ai le sentiment que cet album aurait pu être réduit de moitié sans qu’on ne perde ni intérêt ni information. L’ensemble est assez dilué. Le duel entre les deux combattants traine en longueur. Le fait qu’il se déroule dans un univers parallèle est intéressant car il ouvre des perspectives scénaristiques. Par contre, sa longueur et sa construction les rapprochent trop souvent d’un combat à la « Dragon Ball ». Et ce n’est pas un compliment.

L’une des conséquences de ce choix narratif est de faire totalement disparaitre du décor les personnages secondaires. Le plaisir que je trouvais en découvrant le début de la saga était la galerie de protagonistes qui gravitaient autour de Slhoka. Ces derniers offraient un ton décalé et drôle qui faisait naitre un vrai plaisir de lecture. Tout cela a disparu petit à petit. Le paroxysme est atteint dans cet épisode. Les doigts d’une main suffisent quasiment à compter les intervenants dans cet album. C’est dommage. De plus, le fil conducteur global de la série est de plus en plus dur à suivre. Les trois derniers albums manquent cruellement de liens entre eux. On a la sensation que l’auteur ne sait pas où il va et ce sentiment n’est pas des plus agréables.

Ceyles se charge des dessins depuis le début du second cycle. Je vous avoue que je suis moins sensible à son trait que je ne l’étais à celui du dessinateur des premiers opus. Je ne suis pas un grand de son style qui manque, à mes yeux, de détails. J’aimerai que les personnages possèdent une identité graphique plus forte. De plus, leurs expressions manquent trop souvent de finesse. Par contre, son travail sur les décors est de qualité. Que ce soit dans les marais ou dans le monde des dieux, il arrive à faire naître une vraie ambiance qui nous porte sans mal. Il s’agit incontestablement d’un des points positifs de l’album.

Au final, ce tome est très moyen. Il confirme la difficulté rencontrée par l’auteur à offrir un second souffle à sa saga. La conclure après la fin du premier cycle m’apparait de plus en plus comme la solution qui aurait dû être choisie. Néanmoins, je suis fidèle en lecteur et attendrais avec curiosité le prochain tome avec toujours le même espoir d’y retrouver le plaisir simple que me procurait les premières étapes des aventures de Slhoka. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 6/20

Châteaux Bordeaux, T4 : Les millĂ©simes – Eric Corbeyran & EspĂ©

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Titre : Châteaux Bordeaux, T4 : Les millésimes
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Espé
Parution : Septembre 2013


Eric Corbeyran est un de mes auteurs de bandes dessinées préférées. Il est particulièrement productif et possède une forte capacité à faire exister des univers très différents. Châteaux Bordeaux est une saga qui s’inscrit dans l’univers viticole. Il y fait exister le destin d’une jeune femme, Alexandra, qui cherche à faire exister à nouveau le domaine familial. Le quatrième tome est apparu le 4 septembre dernier dans les librairies. Edité dans la collection Grafica chez Glénat, il s’intitule Les millésimes. D’un format classique, il coûte 14 euros. Comme pour les précédents opus, la couverture est habitée par l’héroïne. On la découvre  ici dans une cave, un verre la main. Elle donne l’impression de vouloir trinquer avec le lecteur. Tout un programme…

La quatrième de couverture offre la mise en bouche suivante : « Alexandra Beaudricourt a repris en main l’exploitation familiale après la mort de son père, malgré la réticence de ses frères et surtout en dépit de son absence totale de connaissances en matière de viticulture. Une énergie et un enthousiasme hors du commun additionnés à un amour immodéré pour le bon vin sont ses principaux atouts. Suffiront-ils à lui permettre de surmonter les coups tordus du milieu et les vicissitudes du marché ? »

ChateauxBordeaux4aChâteaux Bordeaux s’inscrit dans la lignée de grandes sagas familiales telles que Les Maîtres de l’orgepar exemple. La différence est qu’elle ne traverse pas les générations et se concentre sur le destin d’un seul protagoniste. Néanmoins, à travers l’histoire, l’auteur arrive à nous faire découvrir le passé du domaine viticole et de la famille Beaudricourt. La structure narrative fait qu’il est indispensable d’avoir lu les trois premiers épisodes pour ne pas se sentir perdu en découvrant Les millésimes. L’intrigue se déroule de manière classique et s’adresse à un public large.

Un véritable panier de crabe

Quand elle décide de prendre en main l’entreprise familiale, Alexandra revient de plusieurs années aux Etats-Unis. Elle n’est pas du tout familier des us et coutumes locaux et découvre que l’univers viticole est un véritable panier de crabes. Cet aspect est habilement décrit par Corbeyran. J’ai eu le sentiment qu’un petit groupe de personnes font la pluie et le beau temps quant à la côte des crus locaux. En tant qu’étrangère au milieu, Alexandra souffre. Chaque nouvel espoir est souvent suivi par une désillusion imprévue et souvent douloureuse. Corbeyran utilise également de manière pertinente les arcanes administratives que sont la gestion d’un domaine. A aucun moment, il décide de rendre les choses plus simples pour laisser uniquement la place à une jeune fille qui arrive à faire un vin merveilleux. En ne négligeant pas les contraintes juridiques, financières et humaines, il rend la trame crédible et offre une tension dramatique plutôt réussie.

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Le tome précédent s’était conclu par une vision positive. Alors que l’héroïne était au fond du trou, elle se voit aider par son frère qui lui recrute une équipe compétente pour faire naître de ses vignes un vin de grande qualité. La conséquence est que ce nouvel opus nous fait découvrir entre autre le travail de cette nouvelle équipe et apporte au lecteur un vrai cours de viticulture et d’œnologie. Une scène de dégustation nous permet de comprendre tous les aspects qui influencent la qualité d’un vin. Il nous est listé les différentes erreurs qui ont fait des dernières cuvées des échecs. Ce moment est envoutant. Bien que personnellement je ne boive pas de vin, j’étais fasciné par le cours déroulé dans cette cave.

Cette série a nécessité une forte et dense recherche documentaire. Le monde du vin et de l’œnologie n’est pas aisé à comprendre et à maîtriser. Les auteurs se sont investis de manière sérieuse et appliquée pour offrir une narration crédible. Certes, à certains moments, cela offre des scènes au contenu magistral. Néanmoins, l’intérêt l’emporte bien souvent sur ce léger défaut de forme. A aucun moment, je n’ai eu le sentiment que Châteaux Bordeaux se contentait d’être un cours universitaire sur le vin, sa conception et son environnement. Comme toute saga, la série offre son lot de trahisons, de drames et de secrets. Tout cela reste classique mais est plutôt bien amené. L’empathie générée par l’héroïne fait que je me suis laissé prendre sans mal par cette vieille recette sérieusement cuisinée.

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Par contre, je ne suis pas totalement sous le charme du trait d’Espé. Les planches sont travaillées. Le travail sur les décors est évident. C’est important quand une histoire s’implique dans l’univers local. Les personnages sont suffisamment bien dessinés pour que le lecteur n’ait aucun mal à les différencier et à se les approprier. Néanmoins, je trouve qu’ils manquent de personnalité et que les dessins sont froids. Je trouve que les illustrations se contentent de servir de support au texte et à la narration. Je regrette que qu’ils ne subliment pas la trame. La thématique et l’héroïne se prêtent à des envolées sensorielles et émotionnelles. Hélas, le travail d’Espé reste en retrait dans le domaine.

Pour conclure, Les millésimes poursuit avec qualité les aventures d’Alexandra. L’héroïne est attachante et génère une réelle curiosité chez le lecteur quant à la réussite de son entreprise. Les personnages nous sont désormais familiers et c’est donc avec un vrai plaisir que je les ai retrouvés. La dernière page fait naître un vrai suspense pourtant imprévisible. Tout est donc fait que je sois attentif à la sortie du cinquième tome dans les mois à venir. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 14/20

Charly 9 – Richard GuĂ©rineau

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Titre : Charly 9
Scénariste : Richard Guérineau
Dessinateur : Richard Guérineau
Parution : Novembre 2013


 Avec « Charly 9 », Jean Teulé a écrit l’un de ses best-sellers. Relatant la culpabilité de Charles IX après avoir ordonné le massacre de la Saint Barthélémy, il permettait de découvrir un roi soumis à sa mère Catherine de Médicis qui se ne remettra jamais de sa décision. Lourde tâche donc pour Richard Guérineau de reprendre le flambeau en adaptant ce livre en bande-dessinée. Le tout est publié chez Delcourt dans la collection Mirages pour 128 pages de lecture.

Charly9aLe tout démarre par une scène qui pose le personnage. Acculé par sa mère, son frère et tous leurs conseillers, Charles IX ordonne le massacre de la Saint Barthélémy. Mais c’est avant tout pour qu’on le laisse tranquille. Car tout est fait pour le manipuler. D’abord choqué par l’idée que l’on assassine une personne, la discussion grandit et le nombre de victimes pressenties également… Lui ne veut pas, toute la cour le veut. Mais il est le Roi et il faut sa signature. Il l’appose et le voilà condamné à la culpabilité.

Des anecdotes à la pelle pour une seule année.

Le livre est construit selon des chapitres qui montrent le Roi peu à peu sombrer dans la folie. Même si l’ensemble manque un peu de fluidité, la pertinence est évidente. Car ce sont les anecdotes qui montrent Charles IX devenir fou et malade. Richard Guérineau va à l’essentiel et malgré les 128 pages, on ne s’ennuie à aucun moment. Chaque planche est nécessaire. On retrouve aussi le sel de l’ouvrage de Teulé avec beaucoup d’anecdotes historiques à ressortir en soirée : l’origine du 1er avril et du 1er mai par exemple sont un délice.

Charly9bAu-delà de l’anecdote, le livre propose une galerie de personnages des plus connus. Outre la cour royale (Catherine de Médicis, la future reine Margot, Charles IX…), on retrouve des artistes (Ronsard) ou des personnalités autres (Ambroise Paré). Il n’en est pas trop fait là-dessus. Cela permet surtout de voir quels liens avaient ces personnes avec le Roi. Plus étonnant, le langage parlé par les personnages est à la fois modernisé et conservé comme à l’époque. Le tout est pourtant très fluide et agréable.

Concernant le dessin, c’est peu de dire que le trait de Richard Guérineau m’a séduit dans cet ouvrage. Je l’avais connu dans un registre plus réaliste et son passage à un dessin plus caricatural est une vraie réussite. Les gueules sont expressives, les décors nous replongent dans la France d’antan et les choix graphiques sont pertinents. On a même droit à un hommage à « Johan et Pirlouit » de Peyo ou à « Lucky Luke » de Morris… Malgré tout, les changements de style (notamment dans la colorisation) sont un peu perturbants. S’ils sont parfois parfaitement cohérents (comme pour la scène finale), d’autres sont moins clairs dans leur intention. Visiblement, Richard Guérineau avait décidé de se faire plaisir ! Mais qu’il nous propose de nouveau des bande-dessinées réalisées dans ce style plus relâché, cela lui va très bien ! On retrouve cependant un vrai talent dans la mise en scène et le découpage. On sent qu’il y a du métier derrière !

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« Charly 9 » est une belle adaptation. Reprenant très bien le principe des œuvres de Jean Teulé, le lecteur restera difficilement indifférent au cynisme et à la violence de l’ensemble. Et bien que Charles IX nous paraisse torturé et plus de culpabilité, il est aussi complètement inconscient et devient fou. Richard Guérineau parvient à nous dresser le portrait complet d’un homme qui mourra de culpabilité. Et pourtant, on ne ressent pas forcément d’empathie pour le personnage.

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Note : 15/20

Châteaux Bordeaux, T3 : L’amateur – Eric Corbeyran & EspĂ©

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Titre : Châteaux Bordeaux, T3 : L’amateur
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Espé
Parution : Mars 2013


« Châteaux Bordeaux » est une série née il y a deux ans de la collaboration d’Eric Corbeyran et Espé. Son objectif était de faire naître une histoire dans l’univers du vin et de ses vignobles. Le premier tome m’avait plu. La dimension familiale de l’intrigue couplée à son immersion dans un milieu qui m’était inconnu avait fini de me conquérir. Ma critique d’aujourd’hui évoque le dernier épisode en date. Paru chez Glénat le treize mars dernier, « L’amateur » est le troisième opus de la saga. Sa couverture nous présente son héroïne, Alexandra, dans une cave habitée de nombreuses bouteilles qu’on suppose pleines de secrets.

La quatrième de couverture de l’album présente plutôt bien les enjeux de la trame : « Suite à la mort de son père, Alexandra Baudricourt est déterminée à reprendre en main le « Chêne Courbe », vaste propriété viti-vinicole que sa famille possède au cœur du Médoc. La belle héritière avait bien conscience de l’humilité dont il lui faudrait faire preuve pour apprendre le métier de vigneron, car la fabrication d’un grand cru ne s’improvise pas, mais elle n’imaginait pas que son domaine allait faire tant de convoitises, de jeu de dupes et de manipulations… »

L’intrigue fait du surplace.

Le premier tome nous présentait la situation. Les lieux et les personnages nous étaient décrits. La construction était rigoureuse, la curiosité attisée. Le deuxième se centrait davantage encore sur le personnage d’Alexandra qui se lançait pleinement dans son aventure entrepreneuriale. On suivait ses pas avec plaisir. Le dénouement faisait attendre avec impatience le troisième volet. J’étais donc optimiste en découvrant les premières pages de « L’amateur ».

ChateauxBordeaux3bL’histoire démarre par l’apparition d’un nouveau personnage. Il prend les traits d’un américain prénommé Logan. Il se présente comme étant photographe et rencontre l’héroïne au cours de son travail artistique. Il est intrigant. On se doute que le Bostonien ne nous dit pas tout et possède quelques secrets. Cet apport est attrayant et amène une nouvelle corde à l’arc narratif. Le nouveau venu apparaît tout au long de l’album et s’avère être un fil conducteur des pérégrinations d’Alexandra.

Si on met de côté l’arrivée de ce protagoniste, l’intrigue a tendance à faire du surplace. Le scénario distille beaucoup d’informations mais de manière, à mes yeux, trop brouillonne. On a droit à des flashbacks historiques, à des discussions familiales, à des problèmes techniques ou encore à des cadavres dans les placards. Bref, les ingrédients sont nombreux. Mais l’assaisonnement est mal dosé. C’est dommage. Au final, quand j’ai refermé le bouquin, j’ai pensé très fort : « Tout ça pour ça ! ». La conclusion de cet acte aurait pu arriver bien plus tôt dans l’histoire et cela aurait offert une lecture plus dense et prenante.

L’histoire se déroule dans le vignoble bordelais. Le fait d’être inscrit dans une réalité impose une certaine rigueur dans le travail de documentation. Le travail d’Espé sur les décors est sérieux. On n’a aucun mal à se sentir dans les rues bordelaises ou dans les vignes locales. Le dépaysement n’est pas envoutant mais il existe. Ce n’est déjà pas si mal. Les personnages sont dessinés avec précision. Je ne peux pas dire qu’ils soient attachants graphiquement mais je n’ai aucun à les différencier et me les approprier malgré leur nombre important.

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En conclusion, mon impression est un petit peu mitigée. Ce troisième tome est de mon point de vue le moins abouti de la série. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il est mauvais. Ce n’est pas le cas. Par contre, je n’ai pas retrouvé l’attrait qui se dégageait de la lecture des deux premiers opus. Cela ne m’empêchera pas d’attendre la suite avec curiosité en espérant que l’intrigue trouvera un second souffle et offrira une lecture pleine de plaisir…

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Note : 13/20

Les naufragĂ©s d’Ythaq, T11 : L’haleine de l’ogre – Christophe Arleston & Adrien Floch

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Titre : Les naufragĂ©s d’Ythaq, T11 : L’haleine de l’ogre
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Adrien Floch
Parution : Septembre 2013


L’haleine de l’ogre est le onzième tome de Les naufragés d’Ythaq. Cette série mêlant science-fiction est fantasy est née il y a un petit peu moins de dix ans. C’est la présence de Christophe Arleston au scénario qui m’avait attiré. Entre Lanfeust des Etoiles, Les maîtres cartographes ou encore Les forêts d’Opale, l’auteur est un spécialiste de ce type d’univers et de saga. Les débuts de l’aventure avaient été prometteurs. L’idée était intéressante et les personnages attachants. Hélas, la qualité avait tendance à diminuer au fur et à mesure que les derniers tomes sortaient et la conclusion lors du neuvième épisode était, à mes yeux, une cruelle déception. Curieusement, Arleston et le dessinateur Adrien Floch firent naître un second cycle à la série avec la parution d’un dixième tome l’année dernière. L’ouvrage que j’évoque aujourd’hui s’inscrit donc dans la continuité de ce dernier.

La quatrième de couverture nous présente les mots suivants : « Narvarth, Granite, Callista et Krurgor sont de retour sur leur planète. Seul Narvarth dispose des clefs qui permettent de passer dans l’univers parallèle, celui d’Ythaq. Mais cette infinité de mondes nouveaux à portée de main et les richesses qu’ils augurent excitent bien des convoitises… »

Le dixième acte, Nehorf-Capitol Transit, marquait le retour d’exil des héros. Le lecteur n’était donc plus sur Ythaq mais dans un monde qui lui était jusqu’alors inconnu. Les auteurs nous plongeaient donc dans des arcanes politiques que j’avais trouvés assez brouillonnes et bancales. Le second départ de la saga m’apparaissait assez décousu boiteux. J’espérais que ce nouvel album installe la trame sur des bases plus solides.

Sur quelques aspects, l’évolution s’est avérée positive. En effet, l’intrigue est plus simple et cadrée. Les enjeux sont clairement établis. La narration offre deux fils conducteurs parallèles. Cela permet de densifier le propos sans pour autant y faire suffoquer le lecteur. De plus, chaque « naufragé » trouve une place intéressante et aucun n’est oublié. Cela permet de retrouver la bonne humeur que dégageaient ces acolytes hauts en couleur. Le caractère volcanique de Granite, la peste Callista, Narvarth et Krurgor forment un casting réussi qui avait été un petit peu négligé à mon goût dans le dixième tome.

Une intrigue trop faible

Je viens de faire le tour des qualités de cet ouvrage. Dans bien d’autres domaines, je suis sorti déçu de ma lecture. L’intrigue manque d’ampleur. Elle semble se concentrer sur le fait que des personnes puissantes veulent récupérer des clés vers un monde parallèle. En termes d’épaisseur, nous n’allons pas plus loin. Je n’ai pas le sentiment que la partie de l’histoire qui nous est cachée soit bien passionnante. Le premier cycle était construit sur une idée originale dont la révélation était un vrai bon moment de surprise. Je doute que cela se reproduise ici. La conséquence est qu’après deux tomes, je m’interroge sur la voie suivie par les auteurs. Je me demande même s’ils la connaissent. J’ai le sentiment sincère que les événements des deux premiers tomes auraient pu se contenir dans un seul.

La faiblesse de l’intrigue devrait laisser de la place aux personnages. Ce type de saga génère souvent un casting varié et réussi. Les nouveaux venus ne m’ont pas fait une forte impression. Un geôlier apparu dans l’acte précédent semblait posséder un potentiel intéressant. Il a disparu des radars. Il laisse donc la place à des nobles de l’espace au charisme insuffisant. Les méchants manquent d’aura. Les héros ont vécu de grandes aventures et ont combattu des ennemis puissants. Ce second cycle souffre de la comparaison sur ce plan. C’est toujours dommage car la qualité du méchant reste un critère important dans la réussite d’une aventure.

Le dessin d’Adrien Floch est une des constantes de la série. Son trait me plaît beaucoup. Je trouve qu’il s’accommode parfaitement avec l’univers écrit par Christophe Arleston. Il fait naître des décors dépaysant à souhait et sa capacité à donner une identité forte à ses personnages n’est plus à démontrer. Néanmoins, j’ai trouvé cet album plus pantouflard sur le plan graphique que les précédents. Est-ce dû aux faiblesses du scénario ? Peut-être. Néanmoins, la dimension épique du propos ne ressent pas autant que je l’espérais dans les illustrations. Malgré tout, l’ensemble reste plus que correct et ce n’est pas dans ce domaine qu’est née ma déception.

Au final, L’haleine de l’ogre n’a pas éteint mes inquiétudes de lecteur apparues en refermant le tome précédent. J’ai même tendance à dire qu’elles ont été ravivées. Je rêve de voir Arleston offrir une trame simple vécue par des personnages réussis et dont la lecture serait accompagnée de vannes à un rythme effréné. Se réalisera-t-il dans le prochain opus ? La question reste entière…

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 Note : 11/20

Universal War Two, T1 : Le temps du dĂ©sert – Denis Barjam

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Titre : Universal War Two, T1 : Le temps du désert
Scénariste : Denis Barjam
Dessinateur : Denis Barjam
Parution : Septembre 2013


Universal War One est ma série de science-fiction préférée. J’ai eu le plaisir de découvrir régulièrement la sortie de chacun des tomes de cette grande saga du neuvième art. J’avais succombé sous le charme de ce scénario complexe et travaillé. Il maîtrisait le voyage dans le temps avec une maestria assez remarquable. Le dénouement du sixième et dernier tome offrait une conclusion à la hauteur de l’intrigue. Cela ne m’a pas empêché d’être agréablement surpris de voir que cette grande aventure allait connaître une suite intitulée sobrement Universal War Two. Le premier tome s’intitule Le temps d’un désert. Il est édité chez Casterman et sa parution date du vingt et un septembre dernier. Il est toujours l’œuvre de Denis Bajram.

UW21cLa quatrième de couverture propose le résumé suivant : « La Première Guerre Universelle a été apocalyptique. L’humanité a manqué d’être anéantie en même temps que la Terre. Et la situation des survivants reste dramatique partout dans le système solaire. Sur Mars, on observe avec inquiétude le soleil mourir, dévoré par l’ultime wormhole laissé par la dictature. Après quelques années de paix, c’est une nouvelle tragédie qui se prépare. Et cette fois, elle embrasera toute la galaxie. »

Ecrire une suite est quelque chose de complexe. En effet, le lecteur s’y plonge avec la nostalgie du plaisir ressenti en lisant la série originale. Il est toujours difficile de répondre à des attentes élevées. C’est donc plein d’espoirs que j’ai découvert la première page de ce nouvel album. Il se situe quelques années après le dénouement du cycle précédent. La conséquence est que la continuité n’est pas trop compliquée à reformer. Je n’ai eu aucun mal à prendre mes repères dans cette période post-apocalyptique. Par contre, je me dois de préciser qu’il est indispensable d’avoir lu le premier cycle pour maîtriser tous les tenants et les aboutissants de la trame.

L’auteur ne se refuse rien

Cet opus est un nouveau départ. Il nécessite donc de remettre la machine en marche. Bajram ne s’en sort pas trop mal. La narration n’est pas rouillée et les nouveaux enjeux sont rapidement présentés. La situation est claire et les personnages sont installés. J’étais évidemment curieux de savoir ce qu’étaient devenus mes héros familiers. Ils sont évoqués sans excès. Je n’ai donc eu aucun mal à me plonger dans cet univers que j’appréciais temps. J’ai ressenti le plaisir de retrouver un monde familier auquel j’associais de très bons souvenirs.

UW21aL’auteur ne se refuse rien. Il s’offre une machine apte à faire disparaître le soleil à moyen terme. Ce n’est pas rien ! Le fait de détruire la Terre dans la première saga ne lui avait pas suffi. D’ailleurs les événements s’enchaînent assez vite. Le fait que le wormhole soit connu fait disparaitre le côté mystérieux qui habitait la première saga. Le suspense ressenti était donc moins intense que je l’espérais. J’ai été moins surpris que je le supposais au cours de ma lecture. Néanmoins, je ne me suis pas ennuyé, loin s’en faut. La trame est relativement dense. L’auteur ne se perd pas en digression. C’est agréable car beaucoup de premiers tomes ont ce défaut. La fin de l’album laisse le lecteur plein de questions bien qu’il l’ait abreuvé d’informations tout au long de la cinquantaine de pages qui compose ce tome.

Concernant les dessins, le travail est sérieux et appliqué. Les illustrations spatiales sont remarquables et facilitent le dépaysement. Je n’ai eu aucun mal à m’imaginer dans l’espace sur des planètes inconnues. Les décors et les vaisseaux sont également très détaillés et raviront les adeptes de Star Wars. Concernant les personnages, je suis moins sous le charme. Malgré tout, ils possèdent suffisamment d’identité graphique pour que je me les approprie au cours de ma lecture.

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En conclusion, ce nouveau cycle débute sur des bases sérieuses. Je suis optimiste quant à l’évolution de cette nouvelle aventure qui pourrait se montrer à la hauteur de son prédécesseur. Il ne me reste donc plus qu’à attendre la parution du prochain tome. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 15/20

Mâle occidental contemporain – François BĂ©gaudeau & ClĂ©ment Oubrerie

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Titre : Mâle occidental contemporain
Scénariste : François Bégaudeau
Dessinateur : Clément Oubrerie
Parution : Octobre 2013


La bande-dessinée se démocratise. Plus adulte, moins décriée, elle attire désormais des lecteurs qui n’y auraient pas jeté un seul regard auparavant. Les éditeurs l’ont compris et confient de plus en plus de scénarii à des personnes extérieures. Ce coup-ci, c’est François Bégaudeau (scénariste, écrivain, critique, etc.) qui s’y colle avec « Mâle occidental contemporain », un one-shot de 80 pages. Afin de soutenir l’effort, on retrouve au dessin Clément Oubrerie. Le dessinateur m’avait séduit avec « Jeangot » et a séduit un plus grand public encore avec la série « Pablo ». Le tout est édité chez Delcourt dans la collection Mirage.

Curieux ouvrage que voilà. On suit plus ou moins l’histoire d’un jeune homme cherchant à draguer. Mais aucun background n’est donné, ce n’est qu’une succession de saynètes où l’homme se fait émasculer (métaphoriquement) par des femmes fortes pleines de caractère. Beau retournement de situation où la femme moderne maîtrise le mâle. De là à dire que ce retournement est crédible, il y a un pas que je ne franchirai pas…

Manque de rythme, manque de fond…

Retourner les clichés de la drague pourrait être pertinent s’il y avait un message. Mais ce n’est pas le cas. Notre homme ne suscite aucune empathie. Le voir draguer pour draguer n’a aucun intérêt. Le scénario prouve ici sa vacuité : pourquoi drague-t-il ? Que cherche-t-il ? On a l’impression d’être devant des sortes de gags montrant un mec cherchant à draguer par tous les moyens. Et cela ne fonctionne pas. La redondance finit par ennuyer et, finalement, on sourit peu devant les situations, très inégales.

MaleOccidentalContemporain1Du coup, l’ensemble manque de rythme et la conclusion n’apportera aucun message supplémentaire (et donnera même une impression encore plus négative). Tout est convenu et cliché, un comble ! Car il y a une volonté de montrer que le féminisme a fait son œuvre ! Le tout est bien évidemment baigné dans un parisianisme de tous les instants. Difficile d’imaginer ce genre de situations autre part qu’à Paris. Plus qu’une étude du « Mâle occidental contemporain », le livre est plutôt une étude des Parisiennes.

Concernant le dessin, Clément Oubrerie nous ravie de son trait. A se demander ce qu’il est allé faire dans cette galère… Je préfère de loin son trait anthropomorphe, mais force est de constater qu’il relève le niveau sans peine. Hélas, avec un ouvrage où il ne se passe pas grand-chose et où le rythme est problématique, il n’y a pas de miracle non plus.

Il faut croire que les éditeurs pensent que n’importe quel écrivain/scénariste/journaliste/humoriste peut écrire une bande-dessinée. C’est nier complètement la spécificité du scénario de bande-dessinée. Les écueils sont flagrants ici : manque de fond, manque d’empathie, manque de rythme… Il faudrait arrêter d’essayer de toucher le grand public avec des noms, mais plutôt avec des œuvres de qualité.   

avatar_belz_jol

Note : 6/20