Titre : Ătats dame
Scénariste : Zelba
Dessinatrice : Zelba
Parution : Octobre 2013
Zelba est une auteure de bande-dessinĂ©e allemande. Son blog BD est rĂ©guliĂšrement adaptĂ© au format papier aux Ă©ditions Jarjille, le tout Ă©tant assorti pour moitiĂ© dâinĂ©dits. « Ătats dame » est donc une sĂ©rie dâhistoires autobiographiques, le troisiĂšme paru Ă ce jour. Le tout pĂšse prĂšs de 130 pages pour le prix de 15âŹ.
La particularitĂ© des rĂ©cits autobiographiques de Zelba, câest quâils sont constituĂ©s Ă la fois dâanecdotes contemporaines comme de souvenirs dâenfance. Ils peuvent durer une seule page ou plus dâune dizaine de pages. Souvent, les rĂ©cits trĂšs courts concernent ses deux enfants qui, comme tous enfants qui se respectent, sortent parfois des remarques trĂšs drĂŽles. Les souvenirs dâenfance sont souvent plus tristes, faisant appel Ă ses rapports avec sa mĂšre et sa grand-mĂšre notamment, qui sont dĂ©cĂ©dĂ©es. Lâaspect nostalgique y est bien plus fort et le rire moins frĂ©quent.
Un Ă©quilibre entre humour et nostalgie.
La particularitĂ© de lâautobiographie version Zelba est donc un Ă©quilibre entre tendresse, humour, nostalgie et tristesse. Le tout est parfaitement illustrĂ© par la couverture, montrant son personnage divisĂ© en trois. Cet Ă©quilibre est bien gĂ©rĂ©. En premiĂšre lecture, il mâa semblĂ© que lâouvrage Ă©tait moins drĂŽle que les prĂ©cĂ©dents et bien plus nostalgique. En relecture, ce nâest pas le cas finalement. Il faut dire que les enfants vieillissent et leurs petites phrases dĂ©calĂ©es se font plus rares !
Les rĂ©cits longs se basent aussi sur des pĂ©riodes plus longues (plusieurs mois ou plusieurs semaines). Ce sont aussi les plus intĂ©ressants. Il est Ă©tonnant de voir que Zelba a encore des choses incroyables Ă raconter et on se demande comment elle a pu ne pas en parler avant ! Je pense notamment Ă cette histoire de fracture de la mĂąchoire qui ne laissera personne indiffĂ©rent. Ou encore la naissance de lâun de ses enfants.
La grande capacitĂ© de Zelba, câest quâelle prĂ©sente un personnage attachant, avec ses dĂ©fauts et ses qualitĂ©s. LâautodĂ©rision est bien prĂ©sente, mais contrairement Ă dâautres rĂ©cits, mais elle nâest pas au centre des histoires, loin de lĂ . Ce cĂŽtĂ© « vrai » fait que lâon est dâautant plus touchĂ© par les rĂ©cits quâelle nous propose.
Au niveau du dessin, Zelba adopte des planches construites façon blog. Pas de dĂ©limitations de case et un trait relĂąchĂ© parfaitement adaptĂ©. Le tout est maĂźtrisĂ© et nâest pas avare en dĂ©cors lorsque câest nĂ©cessaire. Mais lâouvrage est beaucoup centrĂ© sur lâhumain, et cela se retrouve dans les planches. Les dialogues sont Ă©crits en noir et la narration en gris, facilitant la lecture sans alourdir les pages. Enfin, la colorisation en niveaux de gris est trĂšs rĂ©ussi et donne de la matiĂšre Ă lâouvrage.
Si beaucoup de dessinateurs (et notamment blogueurs BD) font des autobiographies sans vraiment sâouvrir, on ne pourra pas reprocher ça Ă Zelba. Ses histoires nous touchent, car elles savent aborder des sujets graves, voire tabous, comme la maladie et la mort. Sans sentimentalisme excessif, sachant apporter des touches dâhumour qui Ă©quilibrent toujours parfaitement le tout, on dĂ©vore le tout et Ă la fermeture du livre, on ne peut quâavoir de la sympathie pour lâauteure. Un beau travail qui continue Ă toucher le lecteur au fur et Ă mesure des ouvrages.
Note : 15/20