Titre : Le steak haché de DamoclÚs
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Juillet 2005
Faut-il ĂȘtre nĂ©vrosĂ© pour ĂȘtre auteur de bande-dessinĂ©e ? En lisant les diffĂ©rentes autobiographies, on peut se le demander⊠Ainsi, Fabcaro dĂ©marre « Le steak hachĂ© de DamoclĂšs » sur ces mots : « une bande-dessinĂ©e sur mes problĂšmes de communication ? Jâai aucune envie dâĂ©taler mes nĂ©vrosesâŠÂ ». Lâauteur rentre ici dans un travail dâintrospection. Et qui dit introspection, dit forcĂ©ment anecdotes⊠Histoire de justifier ses dires.
Le titre de lâouvrage vient justement de la premiĂšre anecdote oĂč Fabcaro, encore enfant, doit aller acheter une baguette de pain. Il reviendra avec un steak haché⊠De lĂ dĂ©marre ses problĂšmes de communication. Ceux-ci sont avant tout lâincapacitĂ© Ă se concentrer sur ce que racontent les autres et son impossibilitĂ© Ă dire « non ». De ces handicaps en rĂ©sultent nombre de quiproquos avec un peu tout le monde.
Comment s’assumer comme auteur de bande-dessinĂ©e ?
Cependant, rapidement les anecdotes de lâauteur font apparaĂźtre dâautres problĂšmes rĂ©currents dont la difficultĂ© Ă assumer son statut dâauteur de bande-dessinĂ©e (il faut avouer quâil nâest pas aidĂ©Â !). Ainsi, dĂšs que la situation financiĂšre devient difficile, le spectre du « concours de prof » ressort. Ayant des enfants, Fabcaro ne peut pas se permettre la prĂ©caritĂ©. Câest un vrai sujet, traitĂ© avec beaucoup dâhumour certes, mais qui doit ĂȘtre terrible pour les auteurs de BD.
Etant donnĂ© toutes les nĂ©vroses dont je viens de parler, on pourrait penser que Fabcaro sâapitoie sur son sort et se donne finalement une image pathĂ©tique. Ce nâest Ă©videmment pas le cas. Capable dâune autodĂ©rision impressionnante, lâauteur ne se cherche aucune excuse (Ă part la lĂąchetĂ©, câest dire !). RĂ©sultat, le tout est diablement drĂŽle. On est parfois stupĂ©fait par les situations dans lesquelles arrive Ă se mettre l’auteur simplement parce quâil est incapable de communiquer correctement. Ainsi, quand on lâappelle par un prĂ©nom diffĂ©rent, il nâarrive pas Ă dire « ce nâest pas Fabien, câest Fabrice ». Et de lĂ dĂ©coule un problĂšme insoluble.
Cette autobiographie, centrĂ©e sur les problĂšmes de communication, est un peu bordĂ©lique quand mĂȘme. Les anecdotes sont plus ou moins pertinentes et Ă des pĂ©riodes trĂšs diffĂ©rentes de la vie de lâauteur. Cependant, Fabcaro ouvre correctement son bouquin (en prĂ©sentant le sujet) et le referme lorsque sa copine lit lâouvrage en question. Cela compense lâaspect un peu dĂ©cousu de lâensemble.
Au niveau du dessin, jâai Ă©tĂ© sĂ©duit par le travail de Fabcaro. EntiĂšrement en noir et blanc, le trait est dynamique et bien plus complexe quâil peut paraĂźtre Ă premiĂšre vue. LâexpressivitĂ© des personnages (et notamment de lâauteur) sont en effet de grands renforts Ă lâhumour dĂ©jĂ trĂšs drĂŽle.
Difficile de savoir si Fabcaro exagĂšre ou pas ses nĂ©vroses. Et aprĂšs tout, on sâen moque et on rit souvent devant les alĂ©as de son avatar. Il arrive Ă gĂ©rer des gags rĂ©currents et Ă illustrer les angoisses du personnage tant graphiquement que dans les dialogues de façon vraiment talentueuse. Une autobiographie intĂ©ressante et, parfois, hallucinante !
Note : 14/20