Titre : Trois Ombres
Scénariste : Cyril Pedrosa
Dessinateur : Cyril Pedrosa
Parution : Septembre 2007
AprĂšs avoir dĂ©couvert Cyril Pedrosa avec son autobiographique Ă©colo « Autobio » (Ă laquelle je nâavais pas du tout accrochĂ©), je me devais de dĂ©couvrir dâautres ouvrages de cet auteur afin dâinfirmer (ou pas) cette premiĂšre mauvaise impression. « Trois Ombres » est un roman graphique de 268 pages. Loin de lâhumour de son autobiographie, on a affaire ici Ă un drame familial sur fond de fantastique.
Le livre dĂ©marre sur la prĂ©sentation dâune petite famille parfaite : Louis et Lise ont un fils, Joachim. Tout va bien dans leur petite ferme isolĂ©e, rien ne semble pouvoir gĂȘner la vie des trois personnages. Jusquâau jour oĂč trois ombres apparaissent au loin, des cavaliers. Sâensuit un stress liĂ© Ă ces spectres. Que sont-ils ? Que veulent-ils ? Pourquoi rĂŽdent-ils autour de la maison ?
Une fuite sans espoir sous fond de lien pĂšre-fils.
AprĂšs un dĂ©but sous forme dâutopie familiale, la peur et la colĂšre sâimmiscent pour culminer jusquâĂ la fuite du pĂšre et du fils. Une fuite sans rĂ©el espoir comme on le comprend tout de suite. Ainsi, « Trois Ombres » abordent avant tout le lien pĂšre-fils. JusquâoĂč le pĂšre peut-il aller pour sauver son fils ? JusquâĂ son propre sacrifice ?
« Trois Ombres » est avant tout un conte. En effet, on ne croit pas une seconde Ă lâunivers crĂ©Ă© par Pedrosa. La famille vit ainsi dans une ferme isolĂ©e de tout dans un bonheur parfait et insouciant. De mĂȘme, les aspects fantastiques sont Ă©videmment totalement inexpliquĂ©s. Les derniĂšres pages viennent appuyer dâautant plus la thĂšse dâune fable. On ne sait trop si lâhistoire est une grande mĂ©taphore (sur la maladie ?) ou pas. En cela, le scĂ©nario manque un peu dâappui, hĂ©sitant entre rĂ©alisme (lors de la traversĂ©e) ou fantastique pur (notamment sur la fin). Cette indĂ©cision mâa quelque peu gĂȘnĂ© quand jâai refermĂ© lâouvrage, ne sachant trop quâen penser.
Cependant, Pedrosa parvient avant tout Ă distiller un vrai charme dans « Trois Ombres ». Les ambiances, quelles quâelles soient, sont remarquablement rendues. Tristesse, joie, colĂšre, dĂ©sespoir⊠Cependant, je nâai pas Ă©tĂ© Ă©mu plus que ça. Jâai Ă©tĂ© happĂ© par les Ă©vĂ©nements, pris dans le pĂ©riple des personnages. Mais les parties Ă©motionnelles mâont laissĂ© un peu froid. Cela vient des procĂ©dĂ©s narratifs parfois un peu appuyĂ©s de lâouvrage. Cyril Pedrosa en fait parfois un tout petit trop. Je chipote un peu, mais par moment, dans la lecture, je me suis fait la rĂ©flexion.
Au niveau du dessin, câest particuliĂšrement rĂ©ussi. Le noir et blanc est bien maĂźtrisĂ©, il y a une vraie texture et du volume qui se dĂ©gage des planches. Le style sait se modifier et sâadapter aux situations. TrĂšs noir pour certains passages, plus flou pour dâautres. Le travail sur les planches est rĂ©ellement remarquable et vaut le coup dâĆil. En revanche, je ne suis pas fan du trait que Pedrosa donne Ă ses personnages. Câest une question de goĂ»t.
Au final, cet ouvrage est Ă dĂ©couvrir. Certes, il y a plusieurs Ă©lĂ©ments qui mâont gĂȘnĂ© ou fait tiquer pendant la lecture, mais il possĂšde dâindĂ©niables qualitĂ©s, tant dans le dessin que dans lâambiance particuliĂšre quâil dĂ©gage. Il mâa rĂ©conciliĂ© avec Cyril Pedrosa. Et câest dĂ©jĂ pas mal !