Titre : Réalités obliques
Scénariste : Clarke
Dessinateur : Clarke
Parution : Octobre 2015
Je nâai jamais rien lu de Clarke. Et pourtant, il est le dessinateur de la bien connue « MĂ©lusine ». Câest ainsi un changement de style radical que le dessinateur effectue en proposant « RĂ©alitĂ©s obliques », un one-shot en noir et blanc dĂ©rangeant, oĂč fantastique et onirisme se cĂŽtoient. Paru au Lombard, lâouvrage titille les 160 pages.
Clarke nous propose plus dâune vingtaine de petites histoires de 4 pages carrĂ©es, chaque page contenant elle-mĂȘme quatre cases carrĂ©es. Chaque scĂšne possĂšde une composante plus ou moins fantastique (on est souvent dans lâidĂ©e du cauchemar, Ă la frontiĂšre du rĂ©el). Le tout se veut dĂ©rangeant et câest plutĂŽt rĂ©ussi. Difficile de ne pas faire le rapprochement avec la dĂ©marche de Franquin et de ses « IdĂ©es noires ». MĂȘme si le contenu reste diffĂ©rent, on reste sur un auteur qui change de style vers des histoires plus glauques et avec un noir et blanc poussĂ©s dans ses retranchements.
4 pages carrées par histoire. 4 cases carrées par planche.
Si toutes les histoires sont loin dâatteindre le mĂȘme niveau, la qualitĂ© est de mise. Clarke maĂźtrise son rythme de 16 cases pour faire monter la tension et aboutir sur une derniĂšre case qui, souvent, donne le sens au reste. En cela, les histoires de Clarke ne coulent pas toujours de source et nous surprennent. Une lecture trop rapide ou en diagonal amĂšne parfois lâincomprĂ©hension. Tout est pesĂ©, tant dans les textes que dans le dessin. Et le rĂ©sultat est rĂ©ussi : on est mal Ă lâaise face Ă ces histoires qui touchent Ă nos phobies les plus primitives.
Concernant le dessin, difficile de ne pas penser au « Sin City » de Frank Miller. Il semble que ce soit lâinfluence majeure de Clarke sur cet album. MalgrĂ© tout, les cadrages, les clairs-obscurs forcent le respect et on sent un auteur en pleine possession de son art. Surtout que beaucoup de scĂšnes possĂšdent peu dâaction, le dessinateur change les points et angles de vue intelligemment.
« RĂ©alitĂ©s obliques » est une Ćuvre qui permet Ă Clarke de prĂ©senter une autre palette de son talent. Si on pense beaucoup Ă Franquin et Miller pendant la lecture, difficile de ne pas adhĂ©rer Ă lâouvrage, dont lâambition initiale est atteinte. Un beau livre, simplement.