De cape et de crocs, T3 : L’archipel du danger – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T3 : L’archipel du danger
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Septembre 1998


« L’archipel du danger » est le troisième tome de la célèbre saga « De Cape et de Crocs ». Editée chez Delcourt, dans la collection « Terres de Légendes », cette série s’est close cette année avec la parution de son dixième opus. Cet événement m’a donné envie de me plonger une nouvelle fois dans cette grande aventure. Ma critique d’aujourd’hui porte donc sur un des premiers albums de l’histoire. Il est scénarisé par Alain Ayroles et dessiné par Jean-Luc Masbou. Sa parution date de presque quinze ans. La couverture du bouquin nous présente les quatre héros à barre d’un navire. On y découvre notre un renard gentilhomme, un loup hidalgo, une ravissante gitane et un sympathique lapin. Tout un programme qu’il faut découvrir au plus vite en se plongeant dans notre lecture…

decapeetdecrocs3aLa quatrième de couverture nous présente le résumé suivant : « Acte III. Où l’on verra nos héros voguer à bord du Hollandais Volant vers les îles Tangerines et leur trésor, s’emparer d’un navire pirate, délivrer une belle captive, essuyer une tempête, subir l’ire d’un monstre marin, faire naufrage, explorer une île étrange, assister à un exposé, participer à une expérience et affronter de féroces cannibales. »

Les deux premiers tomes sont de petits chefs d’œuvre. Le premier nous faisait découvrir les personnages et l’intrigue. On démarrait sur les chapeaux de roue. On était tout de suite conquis par la densité de l’histoire et par la dimension chevaleresque de ses héros. Par la suite, on se retrouver sur la mer sur de grands navires en quête d’un trésor. Cela permettait aux pirates d’apparaitre et de générer un nouveau centre d’intérêt dans une trame qui n’en manquait pas. « L’archipel du danger » utilise un autre aspect des grandes aventures classiques en faisant échouer les protagonistes sur une île déserte habitée par des cannibales. Cela offre une identité propre à cet album et permet à notre curiosité d’être une nouvelle fois alimentée.

Des trames secondaires qui rendent la lecture dense et passionnante.

Une des forces du scénario est qu’il arrive à faire cohabiter un grand nombre de personnages tous en interaction bien que se trouvant parfois à des endroits très différents au même moment. Cela fait nombre beaucoup de trames secondaires qui rendent la lecture dense et passionnante. Ayroles arrive à doser parfaitement la place laissée à chacune de ses intrigues. La dissociation géographique des protagonistes permet à chacun de trouver une place et un rôle. On se familiarise donc aisément avec chacun et aucun ne nous laisse indifférent. On est réellement l’impression d’être plongé dans une aventure à grande ampleur qui ne souffle d’aucun temps mort.

decapeetdecrocs3bEn plus de se montrer dense, le scénario est également plein de surprises. Même si trésor, île déserte, pirates ou jeune fille en détresse sont des thématiques classiques du récit d’aventure, cela n’empêche pas les auteurs de nous étonner régulièrement. Il va sans dire que je n’ai pas vous les révéler ici. En effet, le plaisir réside aussi en partie dans la découverte. Mais très souvent on est conquis par l’originalité qui accompagne notre lecture. L’aisance avec laquelle le scénariste joue avec ses ingrédients pour nous offrir un moment succulent est impressionnante. C’est d’autant plus agréable que les trois premiers opus sont d’une même qualité. Cela tend à confirmer que cette série est d’une qualité rare. Concernant les choses qui ne changent pas et qu’on apprécie, il faudrait parler des dialogues. Le travail sur les textes est impressionnant. Je n’ai pas souvenir d’avoir autant succombé aux charmes littéraires d’un album de bande dessinées.

Toutes ces bonnes idées et ces aventures sont mises en valeur par le trait du dessin de Jean-Luc Masbou. Il possède un style assez caractéristique qui correspond parfaitement à l’atmosphère qui se dégage de la série. Il offre des planches très dense tant au niveau des décors que des personnages. L’univers dans lequel on navigue est habilement construite sur le plan graphique. De plus, les différents personnages possèdent une réelle identité. De plus, le côté théâtrale des propose est bien mise en valeur par les postures prises par les protagonistes lors de leurs tirades ou au cours de leurs événements. Les couleurs sont relativement pastelles et participent à l’immersion dans cet univers assez unique.

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En conclusion, « L’archipel du danger » est une belle réussite. Chaque plongée dans l’aventure créée par Ayroles et Masbou est un grand moment de bonheur dont on apprécie chaque détail. La qualité constante dans leur travail fait qu’on peut appréhender avec appétit la lecture des tomes suivants à commencer par celle du quatrième opus intitulé « Le mystère de l’île étrange ». Mais cela est une autre histoire…

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T2 : Pavillon noir ! – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T2 : Pavillon noir !
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Mai 1997


« Pavillon noir ! » est le deuxième tome de « De Cape et de Crocs ». Cette saga composée de dix albums a vu le jour il y a plus de quinze ans et s’est conclue récemment. Le premier ouvrage m’avait conquis sur tous les plans. J’étais donc impatient de me plonger à nouveau dans cet univers. Edité chez Delcourt dans la collection « Terres de Légendes », ce bouquin est scénarisé par Alain Ayroles et dessiné par Jean-Luc Masbou. Son prix avoisine quatorze euros. La couverture nous plonge dans l’univers de la piraterie. On se trouve sur le pont d’un bateau rempli de pirates. Voilà qui promet de belles aventures !

La quatrième de couverture nous présente le texte suivant : « Hildalgo, corsaire barbaresque, gentilhomme et lapin font voile vers les îles Tangerines et leur trésor. Mais avant d’atteindre le mythique archipel battu par les tempêtes, où rode l’ombre de vaisseaux engloutis et de monstres marins, nos hardis compagnons devront affronter un nouvel adversaire… joyeux, certes, mais cruel et sans merci : les pirates ! »

Des duels, de l’amour, un trésor…

Le premier nous avait offert le début d’une grande saga. Il y avait des duels, de l’amour, un trésor… Bref, il ne manquait aucun ingrédient pour générer une trame passionnante. De plus, on avait rencontré une galerie de personnages dense et variée qui ne faisait qu’attiser notre attrait. La couverture de l’album donne l’impression qu’elle va ajouter la piraterie aux nombreuses cordes de l’intrigue. J’étais donc vraiment curieux de savoir ce qu’allait devenir nos héros et de quelle manière allait avancer leur quête du trésor des îles Tangerines.

decapeetdecrocs2aLe fil conducteur de l’histoire est la recherche de ce fameux trésor en suivant une carte découverte dans une bouteille. Cet aspect est habilement construit dans le scénario d’Alain Ayroles. Les événements se succèdent à un rythme soutenu et les surprises sont nombreuses. Notre attention est en permanence relancée pour notre plus grand plaisir. Mais la richesse de cette saga réside dans les nombreuses trames secondaires qui accompagnent notre lecture. Il y a des histoires d’amour contrariées, des vengeances sous-jacentes, des manigances, etc. Chaque moment modifie bon nombre de variable et nous oblige à nous impliquer pleinement dans l’histoire. L’album ne souffre d’aucun temps mort. A l’image de l’opus précédent, la qualité est au rendez-vous et c’est agréable de voir que les auteurs ne se sont pas endormis sur leurs lauriers.

Le scénario ne se contente pas de nous offrir une histoire passionnante. Il nous fait rencontrer des personnages hauts en couleur. On s’intéresse réellement à leur devenir et aucun ne nous laisse indifférent. Que ce soit le renard, le loup ou le lapin, il nous sont sympathiques et apportent chacun leur éco à la réussite de l’ensemble. Même les méchants nous intéressent. Ils possèdent une personnalité originale. Sans vous dévoiler les qualités et les défauts de chacun, sachez que vous irez de surprise en surprise et que vous prendrez beaucoup de plaisir à naviguer dans cet univers intriguant.

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L’histoire est prenante, les personnages attachants… Mais la liste des qualités de cet album n’est pas terminée. Les dialogues sont assez uniques dans leur genre. On a droit à de grandes tirades théâtrales qui sont des petits bijoux d’écriture. Mais au-delà de ces monologues remarquables, chaque dialogue est travaillé. Aucun échange n’est bâclé et chaque case nous offre un petit bonheur de lecture. Une telle densité scénaristique est rare dans le neuvième art. Je me dois donc de la signaler.

Les dessins sont dans la lignée de tous les bons points cités depuis le début de ma critique. Vu de loin, le style n’a rien d’original. Mais une fois qu’on se plonge dans la lecture, on lui trouve une patte particulière. N’étant pas spécialiste du genre, je ne possède pas le vocabulaire adéquat pour vous décrire l’essence du style de Jean-Luc Masbou. Néanmoins, je trouve qu’il arrive à générer une vraie atmosphère à l’album. Ils nous présentent des personnages très expressifs. Cela coïncide avec l’esprit « théâtre » de la série. De plus, les décors sont très travaillés. Sans être surchargés, ils sont remplis de petits détails souvent drôles. C’est un dosage compliqué d’offrir autant d’informations dans les cases sans tomber dans l’indigestion. Masbou s’en sort merveilleusement.

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En conclusion, « Pavillon noir ! » confirme que « De Cape et de crocs » est amené à devenir une série de grande qualité. Cet album possède beaucoup de qualités et n’a aucun défaut. Il va donc sans dire que j’ai hâte de lire le troisième opus intitulé « L’archipel du danger ». Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T1 : Le secret du janissaire – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T1 : Le secret du janissaire
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 1995


« De Cape et de crocs » est une sĂ©rie qui s’est close rĂ©cemment avec la parution de son dixième et dernier tome. Cela a fait naitre en moi l’envie de redĂ©couvrir cette grande saga du neuvième art en commençant par son premier opus intitulĂ© « Le secret du janissaire ». Il faut remonter huit ans en arrière pour dĂ©couvrir la première parution de cet ouvrage chez Delcourt. On peut se l’offrir pour un petit peu moins de quatorze euros. Alain Ayroles s’occupe du scĂ©nario et Jean-Luc Masbou se charge des dessins. La couverture nous plonge dans une atmosphère nocturne. Deux personnages vĂŞtus tels des mousquetaires cachent leur visage avec leur cape. L’un semble ĂŞtre un loup, l’autre semble ĂŞtre un renard. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Il ne reste plus qu’Ă  se plonger dans la lecture pour le dĂ©couvrir…

La quatrième de couverture nous prĂ©sente les mots suivants : « A bord d’un vaisseau turc, un coffre. Dans le coffre, un Ă©crin, dans l’Ă©crin, une bouteille, dans la bouteille, une carte, et sur cette carte… l’emplacement du fabuleux trĂ©sor des Ă®les Tangerines !… Il n’en faut pas plus Ă  deux fiers gentilshommes, fins bretteurs, batailleurs et rimailleurs, pour se jeter dans une aventure qui, de geĂ´les en galères, les mènera jusqu’aux confins du monde. »

decapeetdecrocs1aL’histoire exerce rapidement une emprise sur le lecteur. Dès les premières pages, on s’attache Ă  notre duo de hĂ©ros. Le premier, un loup, est un bel hidalgo nommĂ© Don Lope. Le second, un renard, est un adepte de la poĂ©sie nommĂ© Don Armando. La prĂ©sentation est rapide et notre immersion dans leurs aventures immĂ©diates. On y fera un grand nombre de rencontres avec des personnages très diffĂ©rents. On dĂ©couvre un armateur avare, père d’un fils fainĂ©ant et peureux. On croise le chemin d’une belle gitane et d’une jeune femme blonde et orpheline qui feront chavirer les cĹ“urs de nos deux gentilshommes. Enfin on dĂ©couvrira un curieux lapin sur des galères et un fier guerrier ottoman en quĂŞte de trĂ©sor. Bref, les ingrĂ©dients sont appĂ©tissants et devraient faire naitre une lecture des plus plaisantes…

On entre tout de suite dans le vif du sujet.

Pour que la rĂ©ussite soit totale, il fallait que cette galerie de protagonistes gravite dans un scĂ©nario dense et bien construit. On est rapidement rassurĂ© sur ce plan-lĂ . Les auteurs ne se perdent pas en digression pour nous prĂ©senter les jalons de la saga. On entre tout de suite dans le vif du sujet. On voit naitre deux histoires d’amour. On dĂ©couvre une tentative de chantage. Et surtout, une chasse au trĂ©sor Ă  grande ampleur semble ĂŞtre en passe d’ĂŞtre lancĂ©. On est heureux de se trouver sur ces navires en quĂŞte du mythe des iles Tangerines sur les mers. Une fois l’album terminĂ©, on a une intense envie de se plonger dans le tome suivant.decapeetdecrocs1b

Au-delĂ  de suspense inhĂ©rent aux diffĂ©rentes Ă©preuves qui se mettent sur le chemin de nos hĂ©ros, le plaisir que se dĂ©gage de ce tome rĂ©side dans la qualitĂ© des dialogues. Je n’ai pas le souvenir d’avoir lu rĂ©cemment une telle densitĂ© et originalitĂ© dans les textes. Beaucoup de bulles sont cultes. Voir nos hĂ©ros parler en rimes est le fruit d’un travail Ă©norme. Le rĂ©sultat est au rendez-vous. Il faut plusieurs lectures pour profiter pleinement de tous les jeux de mots offerts par le talent d’Alain Ayroles. Je me garde de vous citer quelques exemples car le plaisir rĂ©side Ă©galement dans la dĂ©couverte et la surprise.

CĂ´tĂ© dessins, je trouve que la rĂ©ussite est Ă©galement au rendez-vous. Jean-Luc Masbou offre des cases denses sans ĂŞtre surchargĂ©es. Ils gèrent particulièrement bien les diffĂ©rentes entre premier plan, second plan et arrière-plan. Cette subtilitĂ© lui permet d’agrĂ©menter ses planches de plein de petits dĂ©tails qu’on prend plaisir Ă  trouver au grĂ© des lectures. De plus, les personnages possèdent une identitĂ© graphique intĂ©ressante. Leurs expressions très théâtrales gĂ©nèrent une atmosphère vraiment unique qui caractĂ©rise la sĂ©rie.

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En conclusion, « Le secret du janissaire » est une genèse de grande qualitĂ© qui explique aisĂ©ment le succès que rencontre « De Cape et de Crocs » presque dix ans plus tard. Je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans cet ouvrage et par consĂ©quent dans cette sĂ©rie. Vous ne regretterez pas ce voyage synonyme de grand dĂ©paysement. De mon cĂ´tĂ©, il ne me reste plus qu’Ă  partir une nouvelle fois Ă  la dĂ©couvre du deuxième tome intitulĂ© « Pavillon noir ». Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 17/20

Pierre Tombal, T30 : Questions de vie ou de mort – Raoul Cauvin & Marc Hardy

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Titre : Pierre Tombal, T30 : Questions de vie ou de mort
Scénariste : Raoul Cauvin
Dessinateur : Marc Hardy
Parution : Avril 2014


Pierre Tombal est un héros qui est né pour moi dans la bibliothèque de mes parents. J’ai lu et relu la petite quinzaine d’album du célèbre fossoyeur qui agrémentait les étagères familiales. Les années passant, je n’ai jamais coupé le lien avec ce héros assez unique dans son genre. Je m’offre régulièrement un recueil de ses aventures comme on s’autoriserait une jolie pâtisserie au détour d’une rue. Le dernier des épisodes que je me suis offert est le trentième de la série. Il s’intitule « Questions de vie et de mort ». Sorti en avril dernier, il est l’œuvre conjointe du scénariste Raoul Cauvin et du dessinateur Marc Hardy. Les couleurs sont confiées au Studio Cerise.

Le site BD Gest’ (www.bdgest.com) présente l’album avec les mots suivants : « Qui a dit qu’avec la mort, tout s’arrête ? Certainement pas Pierre Tombal, qui gère au quotidien ses pensionnaires du cimetière avec leurs hauts, leurs bas, leurs doutes et leurs chamailleries. Perpétuellement taquinée par la Vie, Mme la Mort n’entend pas céder un pouce de terrain aux effronteries des uns et des autres. Œil pour œil, dent pour dent, telle est sa devise ! Et ce n’est pas toujours de tout repos… » 

PierreTombal30aPierre Tombal est fossoyeur. Nous partageons son quotidien tout au long des quarante-cinq planches qui se découpent en gags allant chacun de une à trois pages. Les auteurs nous font visiter un cimetière tout au long de la lecture. Les rencontres sont nécessairement originales et cocasses. Je trouve l’idée inédite et habilement exploitée depuis tant d’années. J’étais confiant quant au bonheur que m’inspirerait ce nouveau tome.

Pourquoi construire une série humoristique au milieu des tombes funéraires ? Ce sont des lieux généralement associés à la douleur, la tristesse, l’abandon ou la perte. Les blagues s’appuient rarement sur cet endroit-là et les comédies naviguent peu dans ces eaux. Cela rend l’idée intrigante et intéressante. Elle attise la curiosité. Le potentiel comique du concept était nébuleux mais le jeu méritait d’être tenté. La plume de Raoul Cauvin allait valider ce choix. La première réussite est son héros. Pierre Tombal est un fossoyeur sympathique et attachant. Il se montre accueillant envers le lecteur. Ce n’est pas la moindre des qualités tant elle semble antinomique des décors qui l’abritent. Il arrive à rendre son métier passionnant et plein d’aventures.

« La Faucheuse devient la vraie star de l’histoire. « 

Les premiers tomes se contenaient au monde des vivants. Au fur et à mesure de la parution des albums, d’autres protagonistes sont intervenus. Les premiers à entrer dans la danse sont les locataires des lieux : les morts. Ils interagissent avec le fossoyeur et les visiteurs et font ainsi naître une corde scénaristique riche. Enfin, les auteurs ont personnalisé la Mort et la Vie. L’idée est prenante car la Faucheuse devient même la vraie star de l’histoire.

PierreTombal30cCette diversité d’angles d’attaque permet de varier la structure des gags. A ce niveau-là, ce trentième opus est une réussite. Depuis toujours, Pierre Tombal conte aux visiteurs de son cimetière des causes ou des circonstances de décès abracadabrantesques. L’imagination de Cauvin dans le domaine n’est pas éculée. Il offre des anecdotes très drôles mettant en jeu un accident d’avion ou une manœuvre de Heimlich par exemple. Mais la vie dans ce lieu de repos éternel ne se résume à cela. La dimension professionnelle du fossoyeur est utilisée pour nous faire rire. Le vidage de l’ossuaire devient un moment très plaisant pour le lecteur.

Une sociĂ©tĂ© de l’au-delĂ  identique Ă  celle des vivants.

Mais les auteurs ne se contentent d’exploiter le lieu du côté des vivants. Les morts sont les vraies stars de cet album. Un des principes de base posé par le scénariste est que la société de l’au-delà est régie d’une manière identique que celle qui nous est familière. Il est désopilant de voir un mort refusé de voir sa tombe délocalisée, de subir les excès d’un mort interné psychiatrique ou de découvrir la manière utilisée par un défunt pour répondre à son courrier. Là encore, le terreau narratif s’avère très fertile.

Il reste un dernier axe comique à l’aura certaine : la Mort. Même si elle cohabite avec la Vie dans le quotidien de Pierre Tombal, c’est elle qui est la vraie star. Il faut dure que la découvrir sous sa capuche brune escortée de sa légendaire faux génère une plus forte personnalité que la jeune fille qui représente la Vie. Tout en conservant son pouvoir de nuisance certain, la grande faucheuse possède ici des faiblesses. Cet album l’expose dépressive, jalouse, heureuse, dans le doute, reconnaissante, méchante… Bref, l’échantillon émotionnel est large et présente une vision des plus originales de la Mort. Cet axe est parfaitement cultivé dans « Questions de vie et de mort » pour la plus grande joie du lecteur.

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Le dessin de Marc Hardy accompagne merveilleusement les gags. Son style possède une vraie identité et il se retrouve qu’elle s’accorde avec le ton de la narration. Pierre Tombal est un héros au caractère graphique certain. Les différents visiteurs qui agrémentent les histoires sont également bien construits. Enfin, j’apprécie particulièrement les expressions des morts que je trouve hilarantes. Pour conclure, « Questions de vie et de mort » est un bon cru. Il est rare de voir un album composé de gags courts être d’une qualité constante. C’était un plaisir de la lire et ce sera une joie de s’y replonger à l’occasion…

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Note : 14/20

Les vieux fourneaux, T1 : Ceux qui restent – Wilfrid Lupano & Paul Cauuet

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Titre : Les vieux fourneaux, T1 : Ceux qui restent
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Paul Cauuet
Parution : Avril 2014


 Wilfrid Lupano est l’un des scénaristes qui monte. For de plusieurs succès et sachant s’entourer de dessinateurs talentueux, il est devenu synonyme d’auteur à suivre. « Les vieux fourneaux » ne déroge pas à la règle. Dotée de critiques très positives et du Prix des libraires de bande dessinée 2014, il n’en fallait pas plus pour que je m’y intéresse. Il est accompagné au dessin par Paul Cauuet, que je ne connaissais pas. Le tout est publié chez Dargaud pour un total de 56 pages. Ce tome 1 est nommé « ceux qui restent ». Le succès de la série a, depuis, vu paraître une suite. Je précise tout de suite que ce premier tome se suffit à lui-même.

LesVieuxFourneaux1aLe titre de l’album est assez explicite : on s’intéresse ici à une bande de personnes âgées qui viennent rendre hommage à l’une de leur amie, décédée. Le thème de « vieux fourneaux » prend d’autant plus de sens lorsque l’on apprend qu’ils ont tous travaillé dans la même usine et ont montré un activisme syndical particulièrement important. Mais quand l’un d’eux pète les plombs lorsque le notaire dévoile certains secrets, ses copains se serrent les coudes pour lui éviter de faire une connerie.

« Des portraits plein de vie et de caractère. »

Trois grands thèmes viennent se télescoper dans cette série. La vieillesse bien évidemment, mais aussi l’amitié et la lutte des classes.  Au milieu de tout ça, la petite fille de Lucette vient apporter sa fraîcheur et son décalage par rapport à nos vieux bonhommes. Ces portraits sont plein de vie et cohérents, chacun ayant son caractère et, surtout, son histoire.

LesVieuxFourneaux1cDans cet album, chaque personnage est présenté de façon satisfaisante pour assouvir notre plaisir de lecture. Cependant, on sent que les auteurs en ont sous le pied. Ils savent éviter de produire trop de flashbacks inutiles et se concentre sur le présent. Sans être absolument le plus intéressant dans l’ouvrage, le fil rouge possède suffisamment de suspense pour nous donner envie de lire la suite. Mais ce sont bien les situations cocasses dues à l’âge des protagonistes qui font tout le sel du bouquin.

Au niveau du dessin, Paul Cauuet réalise un travail remarquable. Bien aidé par une couleur qui met en valeur son trait, il croque des personnages semi-réalistes souvent proches de la caricature.  Son dessin est à la fois riche et dynamique et le dessinateur excelle aussi bien dans les dessin des personnages que des décors. Une véritable découverte !

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« Les vieux fourneaux » est une bande-dessinée réussie. Doté de personnages hauts en couleur et d’un dessin parfaitement adapté, elle aurait pu être un one-shot percutant. Mais les auteurs ont préféré en faire une série. Espérons que la suite saura confirmer les qualités de ce premier tome drôle et attachant.

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Note : 16/20

Johnny Jungle, T2 – Jean-Christophe Deveney & JĂ©rĂ´me Jouvray

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Titre : Johnny Jungle, T2
Scénariste : Jean-Christophe Deveney
Dessinateur : Jérôme Jouvray
Parution : Septembre 2014


Le premier tome de « Johnny Jungle » avait été une bonne surprise. Narrant l’histoire d’un équivalent de Tarzan champion de natation et de cinéma (vous avez dit « Johnny Weismuller » ?), cette histoire faisait preuve de beaucoup d’humour décalé. A la fermeture du premier opus du diptyque, on se demandait presque l’intérêt de continuer le tout, malgré la fin surprenante. Alors, cette deuxième partie transforme-t-elle l’essai ?

Johnny n’est pas vraiment parvenu à se faire à la vie citadine. Acteur star, il succombe trop facilement aux jeunes actrices qui lui sont associées, mettant à mal sa vie avec Jane. Et quand les enfants illégitimes commencent à faire leurs apparitions, c’est le bouquet…

Ce tome s’intéresse à la dégringolade du personnage. Après son ascension, cette chute était inévitable. On le voit vieillir et devenir has been. Si bien que ce livre est beaucoup moins drôle que le premier. Teinté de nostalgie et de regrets, il met l’émotion plus en avant. Hélas, les blagues sont quand même là, mais nous atteignent beaucoup moins. La lecture est loin d’être désagréable, mais il est difficile de ne pas être déçu lorsqu’on le compare au premier. Ainsi, après une vingtaine de pages, je me suis surpris à me dire que l’histoire n’avançait pas vraiment. Heureusement, la suite est plus pertinente. Malgré tout, ce tome est loin de confirmer nos attentes.

La comparaison entre les deux ouvrages fait mal.

Ce diptyque peut être vu de cette façon : le premier tome correspond à la partie d’innocence du personnage. Il découvre les choses avec émerveillement et on rit avec lui. Le deuxième tome est la désillusion. Ainsi, le principe de deux livres serait pleinement pertinent. Cependant, ce tome manque de rebondissement et les péripéties sont loin de s’accumuler. Il manque aussi de personnages pittoresques (comme le réalisateur escroc du premier tome par exemple). Cette dichotomie m’a dérangé, la comparaison entre les deux ouvrages fait mal.

Malgré tout, on retrouve une analyse au vitriol d’Hollywood avec ses acteurs ratés, ses budgets limités par la crise et ses films de propagande pendant la Seconde Guerre Mondiale. Certaines trouvailles font mouche, mais leur densité est plus faible. Surtout, la surprise n’est plus là.

Concernant le dessin, j’ai trouvé l’ensemble inégal. Si le premier tome m’avait enchanté, c’est moins le cas ici. Le trait de Jérôme Jouvray est toujours aussi agréable, mais les intérieurs notamment sont très vides. Le manque de jungle se fait cruellement sentir ! Du coup, la couleur (assurée par Anne-Claire Jouvray) est beaucoup moins marquante que dans le premier opus. C’est surtout une impression d’inégale qualité qui nous imprègne. Certaines planches sont toujours aussi belles et dynamiques. D’autres semblent désespérément vides. Peut-être que le temps imparti pour dessiner cet album était-il trop court ? Car l’ensemble fait quand même 76 pages.

La chute de « Johnny Jungle » est traitée avec nostalgie. Mais les auteurs semblent beaucoup moins à l’aise dans ce registre. Difficile de s’attacher à un personnage qui succombe en permanence à ses pulsions. Maintenant qu’il vieillit, il est difficile d’avoir de l’empathie pour son immaturité. J’ai retrouvé une partie du plaisir que j’avais eu pour le premier tome, mais la déception est bien réelle. Dommage.

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Note : 10/20

Johnny Jungle, T1 – Jean-Christophe Deveney & JĂ©rĂ´me Jouvray

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Titre : Johnny Jungle, T1
Scénariste : Jean-Christophe Deveney
Dessinateur : Jérôme Jouvray
Parution : Janvier 2013


Johnny Jungle a eu une vie mouvementée. Enfant sauvage, il fut élevé par des singes avant de se retrouver en pleine civilisation et de devenir champion de natation et star d’Hollywood. Aujourd’hui, Johnny est traqué et il se rappelle de sa jeunesse… « Johnny Jungle » est la première partie d’un diptyque. Ce premier tome fait plus de 70 pages et est publié aux éditions Glénat.

Tout rapport entre la vie de Johnny Weismuller n’est évidemment que pure coïncidence. Johnny ici est donc un mix de Tarzan et de Weismuller, ces deux derniers étant bien sûr très entremêlés. Dans cette fausse biographie, l’humour est le maître mot de l’aventure. Johnny se raconte avec une part de narration non-négligeable que vient renforcer les dialogues.

Johnny dĂ©couvre la civilisation et le succès… au risque de s’y perdre ?

La mĂ©thode du flashback Ă©tant uniquement un prĂ©texte Ă  relancer le suspense Ă  la fin du tome, on dĂ©couvre la vie de Johnny avant tout de façon chronologique. On dĂ©couvre sa vie dans la jungle avec sa mère et son copain frère de liane Kinka. Un curieux missionnaire allemand lui apprend Ă  crier comme Tarzan… Mais c’est surtout sa rencontre avec Jane qui va tout changer. Johnny dĂ©couvre la civilisation et le succès… au risque de s’y perdre ?

Si l’histoire en soit ne surprendra pas le lecteur (puisque ce n’est pas le but), c’est l’humour qui donne tout le sel à l’ouvrage. Le cynisme des auteurs pour l’humanité couplé à la naïveté de Johnny fonctionne parfaitement. Les seconds rôles sont parfaitement réussis, de l’imprésario au réalisateur, en passant par le missionnaire. De plus, entre les épisodes de la vie de Johnny, il nous est donné à voir un des personnages interviewé des années après l’histoire qui nous parle  de Johnny. Ces petits moments sont très drôles et donnent d’autant plus de piquant à l’ouvrage. On peut citer également les affiches de films, régulièrement parsemées dans le livre qui jouent le même rôle d’authentifier cette biographie.

Le dessin possède un trait expressif, parfaitement adapté à l’humour de l’ouvrage. Cependant, le dessin parvient à fonctionner également dans les passages où l’émotion se fait plus forte. Il faut mentionner en particulier le travail sur les décors, qui navigue de la jungle luxuriante à Paris ou New York. Ces derniers sont enrichit par des couleurs de toute beauté, partie intégrante du dessin. Le dessin est assuré par Jérôme Jouvray, épaulé aux couleurs par Anne-Claire… Jouvray ! On comprend alors comment les couleurs sont aussi intégrées dans le dessin de l’ouvrage. Une belle réussite.

« Johnny Jungle » est une très bonne surprise. Plein d’idée, à l’humour efficace, il présente une vision de la société (et notamment du cinéma) bien cynique. Proposé en diptyque, il ne reste plus qu’à espérer que la deuxième partie transforme l’essai !

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Note : 14/20

Tu mourras moins bĂŞte, T3 : Science un jour, science toujours !

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Titre : Tu mourras moins bĂŞte, T3 : Science un jour, science toujours !
Scénariste : Marion Montaigne
Dessinatrice : Marion Montaigne
Parution : Septembre 2014


 Après une petite pause en 2013 consacrée à d’autres projets, Marion Montaigne nous revient avec sa série de vulgarisation scientifique, « Tu mourras moins bête », sous-titrée « Mais tu mourras quand même » ! Ce troisième tome est intitulé « Science un jour, science toujours ! ». Contrairement aux précédents opus qui étaient chacun basés sur un thème (les films et séries télé, puis la médecine), celui-ci est beaucoup plus ouvert. Symbole de ce changement de ligne, le tout est publié chez Delcourt et non plus chez Ankama. Malgré tout, que les collectionneurs se rassurent, la maquette est quasiment identique et votre bibliothèque n’en sera pas gênée. Le tout est un pavé de 250 pages !

Si l’idée d’un thème par livre était séduisante sur le papier, elle ne l’était pas forcément réellement. L’effet de répétition s’installait. Ici, on sent Marion Montaigne plus libre de parler de ce qu’elle veut. Du coup, l’ensemble est très varié dans ses sujets : cryogénie, adolescence, menstruations… Les questions aussi essentielles que « peut-on avaler des araignées en dormant ? » trouvent enfin leur réponse ! Cette variété donne un vrai coup de fouet à la série. L’effet de répétition est nul et on se surprend à lire l’ouvrage d’une traite, ce que l’on ne faisait pas forcément pour les précédents. Marion Montaigne parvient donc à se bonifier à son troisième opus. Une belle performance.

Apprendre en s’amusant.

Lorsque l’on lit les ouvrages de Marion Montaigne, on remarque très vite un amour pour la vulgarisation scientifique, mais également un humour très personnel. Cette originalité fait mouche ! On sourit beaucoup et on rit régulièrement à la lecture des pages. « Apprendre en s’amusant » n’a jamais été autant d’actualité. Car derrière l’humour se cache des vérités bien entendu. Montaigne visite des laboratoires et nous fait partager les études scientifiques les plus incongrues qui existent.

Marion Montaigne aime également intégrer de nombreuses références (notamment cinéma et séries télé) dans ses planches. J’avoue ne pas toujours y être sensible, ne regardant pas les séries citées. Du coup, il y a des chances pour que ses ouvrages vieillissent un peu avec le temps. Ce tome m’a semblé moins blindé de références, comme si l’auteure se sentait plus en confiance pour éviter de mettre des références partout.

Digne héritière de Reiser, l’auteure développe un trait très relâché soutenu par des touches de couleur à l’aquarelle. Clairement, ça ne plaira pas à tout le monde, mais son dessin participe fortement à l’humour du bouquin. Les expressions de ses personnages sont particulièrement réussies !

Marion Montaigne développe une œuvre basée sur l’humour et la vulgarisation scientifique. « Tu mourras moins bête » apporte sa pierre à l’édifice avec brio. Ce troisième tome permet à la série de passer un cap supplémentaire à tous les niveaux. On peut donc se dire que l’on mourra moins bête après lecture de l’ouvrage, mais aussi avec le sourire aux lèvres.

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Note : 18/20

Tu mourras moins bĂŞte, T2 : Quoi de neuf, Docteur Moustache ? – Marion Montaigne

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Titre : Tu mourras moins bĂŞte, T2 : Quoi de neuf, Docteur Moustache ?
Scénariste : Marion Montaigne
Dessinatrice : Marion Montaigne
Parution : Septembre 2012


J’ai découvert le travail de Marie Montaigne à travers son blog. Chacun de ses nouveaux billets était un condensé d’humour et de science. L’auteur montrait une vraie capacité à rendre accessible la biologie, la physique ou la chimie à tout le monde grâce à un vrai talent de vulgarisation couplé à un ton réellement décalé. C’était donc avec beaucoup de joie que j’avais découvert la transcription de son univers sur papier via la parution de « Tu mourras moins bête – La science, c’est pas du cinéma ! ». Elle y regroupait toute une série d’histoire dont le point commun était le cinéma. L’ouvrage s’avérait être de qualité et a été accompagné dans les rayons d’un honnête succès critique. En septembre dernier, est sorti le second opus des aventures du docteur Moustache intitulé « Quoi de neuf, Docteur Moustache ? ». Le professeur nous plonge maintenant dans le corps humain. Et c’est loin d’être triste !

Comme dans l’épisode précédent, l’ouvrage se décompose en une succession de petites histoires tout au long des deux cent cinquante pages. Chacune est la réponse à une question telle que « Comment le corps traque les virus ? » ou « Comment ça marche, les rêves ? ». Cela permet de ne pas lire le bouquin d’une seule traite. On peut le feuilleter à tout moment en choisissant une page au hasard. La densité des propos fait qu’il est dur de digérer tout l’album d’une traite. Pour la savourer, il me parait indispensable de le lire en plusieurs étapes. Il ne faut pas voir dans cette remarque une critique. Les dialogues sont travaillés et une lecture trop longue risque d’empêcher d’en profiter pleinement.

On peut apprendre en s’amusant.

Le fait que Marion Montaigne vulgarise la science ne l’empêche pas de s’appuyer sur des vérités scientifiques étayées. Les références bibliographiques qui concluent le livre en sont la preuve. Cet album veut donner raison à la théorie qui dit qu’on peut apprendre en s’amusant. Il est donc à la fois drôle et intéressant de découvrir les réflexions du cerveau pour reconnaitre les gens ou le quotidien d’un globule blanc traquant les bactéries étrangères. Certaines anecdotes tendent davantage vers le côté universitaire, d’autre vers un côté plus graveleux. Mais dans l’immense majorité des exposés, l’équilibre science – humour est respecté.

On trouve quasiment une trentaine d’histoires. Elles ne sont évidemment pas toutes d’un même attrait. Certaines répondent à une interrogation très décalée : « Est-ce grave d’avoir un petit zizi ? » ou « Pourquoi l’ovulation de la femme est invisible ? ». D’autres sont plus classiques médicalement : « Comment fonctionne le système immunitaire ? » ou « Comment le corps traque les virus ? ». Enfin, certaines nous plongent dans l’Histoire auprès d’Ambroise Paré ou d’Aristote. Certains pourraient trouver que beaucoup des propos sont situés sous la ceinture. Je n’ai pas eu ce sentiment. De plus, il faut se l’avouer, bon nombre des interrogations concernant notre corps sont liées de près ou de loin à cet endroit.

Les dessins ne sont pas nécessairement faciles d’accès. Le trait apparait brouillon et négligé à la manière de celui d’un Reiser. Néanmoins, on s’y habitue rapidement et la capacité de Montaigne à donner un ton caricatural à ses illustrations participe à la bonhommie de la lecture. Les textes étant denses, il est important que les dessins ne surchargent pas davantage la page. L’auteur arrive à trouver cet équilibre en faisant disparaitre tout découpage apparent des cases et en se contentant de faire apparaitre le minimum de décors utile à la cohérence du propos.

Tout cela fait que « Quoi de neuf, docteur Moustache ? » un ouvrage de qualité qui s’avère assez unique dans son genre. Après le très réussi « La science, c’est pas du cinéma ! », l’essai est transformé avec ce voyage au plus profond de chacun d’entre nous. Je ne peux donc vous en conseiller la lecture. De mon côté, il ne me reste plus qu’à attendre la parution du prochain épisode. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 14/20

Tu mourras moins bĂŞte, T1 : La science, c’est pas du cinĂ©ma ! – Marion Montaigne

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Titre : Tu mourras moins bĂŞte, T1 : La science, c’est pas du cinĂ©ma !
Scénariste : Marion Montaigne
Dessinatrice : Marion Montaigne
Parution : Septembre 2011


Marion Montaigne s’est créé une forte réputation dans la blogosphère grâce à ton blog « Tu mourras moins bête ». Dans ce dernier, elle se représente en Professeur Moustache (avec un moustache donc, curieux pour une femme !) ayant pour but de vulgariser la science. Avec un thème original, Marion Montaigne s’est ainsi garanti une forte visibilité. Ajoutez à cela beaucoup d’humour et vous avez un blog à succès !

Comme beaucoup de blogs célèbres, « Tu mourras moins bête » est désormais édité en format papier chez Ankama Editions. Cette conversion d’un numérique gratuit vers un objet papier payant est toujours délicate et pas toujours réussie. Qu’en est-il ici ?

Ce premier tome est intitulé « La science, c’est pas du cinéma ». Marion Montaigne s’attaque donc aux films et aux séries qui, souvent, vulgarisent eux-mêmes la science. On retrouve donc plusieurs chapitres : action, science-fiction et séries télé (où on retrouvera une analyse de Jurassic Park…). Ce regroupement en chapitres n’est pas forcément très judicieux car il reprend des thèmes proches, apportant un peu de redite. Un mélange simple aurait peut-être été plus pertinent.

On prend alors pleinement conscience du travail effectué.

Car ce premier tome est très fourni. 255 pages sont au rendez-vous avec beaucoup de textes. Bref, il y a peu de chances que vous le lisiez d’une traite. On prend alors pleinement conscience du travail qu’effectue régulièrement Marion Montaigne sur son blog. Alors que sur internet, la lecture verticale est choisie, ici on retrouve une lecture plus traditionnelle. Le tout est segmenté (le plus souvent en trois cases verticales) et on s’aperçoit que de nombreuses pages constituent une seule note de blog.

La vulgarisation scientifique menée par Marion Montaigne est efficace et facilement compréhensible. Quelques chiffres et données sont soutenus par un humour grinçant très efficace. Il n’est pas rare que l’on rit devant les aventures du Professeur Moustache. C’est vraiment là où réside la grande qualité de cet ouvrage : on apprend des choses tout en rigolant. Seul bémol : les liens que Marion Montaigne ajoutaient à la fin de chaque note qui faisaient office de bibliographie ne sont évidemment pas disponibles ici. Pour ma part, je n’allais pas les visiter et ça ne m’a jamais empêché d’apprécier son blog !

Ce premier tome est orienté séries/films et possède donc de nombreuses références. Même si connaître les films en question n’est pas forcément nécessaire pour apprécier les différentes histoires, c’est quand même mieux. Concernant les films, je les avais (presque) tout vus ou au moins, j’en connaissais les grandes lignes. En revanche, je ne connaissais absolument pas les séries et cela ne m’a pas empêché de rire.

Le dessin, très relâché de Marion Montaigne avec des touches de couleur, n’est pas sans rappeler Reiser. De même que ses techniques narratives d’ailleurs. Tout le monde n’aimera pas ce style de dessin à l’aspect brouillon. Personnellement, je trouve que c’est un régal !

Chaque début de note commence par une carte postale qui pose une question au Professeur Moustache. Pour l’occasion, ce sont des auteurs qui les ont dessinées. On ne peut que saluer cette initiative. De même, l’ouvrage en lui-même est de très bonne qualité. Le papier est épais, l’ouvrage bien finalisé. Clairement, l’acheteur n’aura pas l’impression de se faire avoir !

Au final, ce passage au format papier est réussi. L’ouvrage est de bonne qualité et l’humour de Marion Montaigne fait mouche. Certes, les répétitions sont plus flagrantes en papier que sur une mise à jour d’un blog, mais l’humour fait mouche bien souvent.

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Note : 15/20