Secrets, L’AngĂ©lus, T2 – Frank Giroud & JosĂ© Homs

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Titre : Secrets, L’AngĂ©lus, T2
Scénariste : Frank Giroud
Dessinateur : José Homs
Parution : Septembre 2011


Les diptyques se développent en bande-dessinée. Et si parfois on ne comprend pas trop l’intérêt de deux tomes, à d’autres moments, ils prennent tout leur sens. Dans « L’angélus » (de la collection « Secrets » chez Dupuis), le premier tome se terminait sur une bascule. Après un livre avant tout destiné à percer le secret du tableau de l’Angélus, la suite se concentre sur le secret de famille de Clovis à proprement parler. Ce deuxième opus de 56 pages clôt donc l’enquête de ce quadra en pleine mutation.

À l’image de la couverture, Clovis change et s’épanouit en même tant que son obsession grandit. Une fois l’histoire de l’Angélus et de Dali dévoilée, reste à savoir pourquoi Clovis y trouve une résonance. Mais l’homme a déjà beaucoup changé. Physiquement d’abord : il a les cheveux hirsutes et la barbe qui foisonne. Il est bien loin de l’homme que l’on avait découvert au départ… D’ailleurs, il vit dans un camping car qu’il a repeint de couleurs vives. Clovis est en pleine crise identitaire, conjugale et existentielle !

Une crise identitaire, conjugale et existentielle.

LAngelus2bCette mutation de Clovis est particulièrement réussie, car elle se fait au fur et à mesure des pages. Elle est remarquable de cohérence. Les révélations familiales sont moins originales, mais leur parallèle avec le tableau de Millet leur donne un intérêt certain. Mais au-delà du secret, c’est bien de la renaissance d’un homme dont ce diptyque traite.

Le scénario de Giroud reste remarquablement maîtrisé. Dans ce polar aux enjeux finalement assez limités, il instille un suspense en tenant bien son rythme en main. Les révélations s’égrènent au fur et à mesure, sans excès de déballage final.

Le dessin deHoms est toujours aussi impressionnant : personnel et puissant. Ses personnages sont redoutables d’expressivité sans tomber dans l’excès. Les couleurs sont toujours autant au diapason, imposant les ambiances à la force de palettes restreintes. Le découpage est au même niveau, parvenant à diversifier les plans même quand les personnages passent deux pages à discuter. Du beau travail !

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Ce diptyque se lit avec plaisir, d’une traite, et le lecteur a du mal Ă  en sortir. DotĂ© d’un scĂ©nario bien menĂ© et bien rythmĂ©, l’histoire est sublimĂ©e par le trait de Homs. Ce deuxième tome confirme ainsi tout le bien que l’on pouvait penser du premier. Une belle dĂ©couverte !

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Note : 17/20

Barracuda, T2 : Cicatrices – Jean Dufaux & JĂ©rĂ©my

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Titre : Barracuda, T2 : Cicatrices
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Parution : Octobre 2011


Le deuxième tome de « Barracuda » s’intitule « Cicatrices ». Je l’attendais avec une certaine impatience  tant le premier opus m’avait plu et intrigué. Cette série est née de l’association de Jean Dufaux et Jérémy. Le premier se charge du scénario et est la principale raison pour laquelle je me suis plongé dans cette saga. En effet, depuis ma lecture de « Murena », je voue un attrait certain pour les œuvres de cet auteur. Quant à Jérémy, je l’avais découvert en lisant le premier tome de l’histoire intitulé « Esclaves ». Cet ouvrage de bonne qualité est édité chez Dargaud et son prix avoisine les quatorze euros. La couverture du bouquin est très réussie. Elle nous présente un pirate au visage recousu générant une certaine appréhension chez le lecteur. Notre curiosité est fortement attisée car ce personnage n’apparaissait pas dans le livre précédent.

Avant de plonger pleinement dans cet album, je vous cite le résumé qui précède la premier page de « Cicatrices ». « Lors de l’attaque de leur vaisseau par les pirates du capitaine Blackdog, une aristocrate espagnole, Dona Emilia Del Scuebo, sa fille Maria et leur serviteur Emilio sont faits prisonniers. Tous les trois sont emmenés sur l’île de Puerto Blanco, dans les mers des Caraïbes, pour y être vendus. Ferrango, le riche marchand d’esclaves, achète Maria et lui fait subir les pires traitements. La mère de celle-ci, secourue par des moines de l’île, mourra peu de temps après. Emilio qui se fait passer pour une fille, évitant ainsi de se faire tuer, est acheté par l’étrange Mister Flynn. Le fils de Blackdog, Raffy, gravement blessé par Maria, doit lui aussi rester sur l’île pour y être soigné. Parti à la recherche du plus gros diamant du monde, son père a repris la mer sans lui… faisant fi de la malédiction du Kashar ! »

Comme ce résumé le montre, le premier tome était plutôt dense. Il faisait intervenir un nombre assez fourni de personnages. De plus, l’histoire est suffisamment rythmée pour que de nombreux événements accompagnent notre lecture. La conséquence était qu’on avait une hâte certaine de découvrir la suite. Les premières phrases de « Cicatrices » nous annoncent que trois années sont passées depuis la dernière page de « Esclavages ». Cet album se déroule quasiment intégralement à Puerto Blanco. Il est original d’être dans une histoire de pirates qui ne quittent finalement pas la terre ferme.

Comme dans l’opus précédent, la trame se construit autour des trois adolescents Emilio, Maria et Raffy. Chacun a fait son petit bout de chemin en gré de son caractère. Leur statut a évolué. Les deux esclaves ne le sont plus. Maria est la maitresse dominatrice de Ferrango, ce qui fait d’elle une femme de pouvoir à l’échelle de l’île. Emilio, toujours grimé sous les traits d’Emilia, est une espèce de pupille de Mister Flynn en formation. Quant à Raffy, il contient désespérément sa colère et sa haine à l’idée de voir son père être parti sans lui dans sa quête quasiment légendaire.

Ce saut temporel oblige finalement l’histoire à nous faire une nouvelle fois les présentations. Alors qu’on pouvait penser cette étape avait eu lieu précédemment, les auteurs s’y replongent dans cet opus. Cela donne même l’impression que le premier tome n’était qu’un préambule. Cela pourrait paraitre dommageable car cela repousse quelque peu la montée en puissance de l’intrigue. Ce n’est finalement pas tant le cas que cela du fait de la richesse du scénario. Je trouve que l’ensemble est dense et se construit comme une toile d’araignée. La variété des personnages est toujours aussi savamment menée et leurs interactions sont passionnantes. On est tenu en haleine de la première à la dernière page. Le fait de construire l’histoire en suivant celles de trois « héros » fait que la lecture ne souffre d’aucun temps mort.

J’ai retrouvé avec plaisir les dessins de Jérémy. Je trouve qu’il accompagne parfaitement la narration. Ses décors créent parfaitement l’univers de Puerto Blanco qui est criant de réalisme. On a vraiment l’impression d’errer dans les rues de cette île régie par les lois de la piraterie. De plus, les personnages sont plutôt réussis. Ils sont de caractère très différent et le trait du dessinateur arrive à nous offrir le grand spectre d’expressions qui en découle. La fragilité et la douceur d’Emilio diverge fortement de la peur que génère la froideur dominatrice de Marie ou de la fureur de Raffy. Son trait nous offre une lecture agréable.

En conclusion, « Cicatrices » est un album très réussi. La qualité habille chacune de ses pages. L’histoire est passionnante et on s’y plonge avec appétit. Néanmoins, j’ai impatience de découvrir le prochain opus pour savoir si l’intrigue va changer de braquet et ce qu’est devenu Blackdog dans sa quête du Kashar. En effet, cette dernière n’est absolument pas traité dans cet ouvrage. En tout cas, « Barracuda » peut espérer devenir une œuvre qui compte dans la longue histoire des pirates dans la bande dessinée. Les adeptes en seront ravis…

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Note : 17/20

Les Aventures de Philip et Francis, T2 : Le Piège MachiavĂ©lique – Pierre Veys & Nicolas Barral

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Titre : Les Aventures de Philip et Francis, T2 : Le Piège Machiavélique
Scénariste : Pierre Veys
Dessinateur : Nicolas Barral
Parution : Février 2011


Contrairement Ă  Tintin, Blake et Mortimer est une sĂ©rie qui a survĂ©cu Ă  son auteur originel, Edgar P. Jacob. Mais si certains ont repris les aventures des deux hommes Ă  la façon du maĂ®tre, d’autres prennent un malin plaisir Ă  le parodier. Pierre Veys et Nicolas Barral, dĂ©jĂ  auteurs de « Baker Street », une parodie de Sherlock Holmes, reprennent les personnages de Philip et Francis pour un deuxième tome de pastiche de nos deux hĂ©ros. Continuer la lecture de « Les Aventures de Philip et Francis, T2 : Le Piège MachiavĂ©lique – Pierre Veys & Nicolas Barral »

Le grand rouge – Wouzit

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Titre : Le grand rouge
Scénariste : Wouzit
Dessinateur : Wouzit
Parution : Mars 2011


Créé en 2009, le site web Manolosanctis avait donné plein d’espoirs aux dessinateurs de BD amateurs, heureux de trouver une plateforme de publication en ligne d’une rare efficacité. Mais surtout, Manolosanctis s’est mué l’espace de quelques temps en éditeur, ce qui causa sa perte. L’éditeur ferma, le site web avec. Si tous les livres de l’éditeur ne sont pas mémorables, force est de constater que quelques auteurs atypiques avaient été révélés par l’éphémère maison d’édition, que ce soit par des albums personnels ou collectifs. Parmi eux, Wouzit, qui publia « Le grand mort » chez Manolosanctis, un one-shot de 120 pages.

LeGrandRouge1Tout commence alors qu’Ivan échoue sur une île qui se révèle des plus étranges. Il va alors tenter de survivre dans cet environnement peu hospitalier, tel un Robinson. Le livre nous dévoile alors comme ce petit malfrat s’est retrouvé dans cette situation, capturé et condamné pour avec son compagnon William.

Construite sous forme de chapitres comme autant de flashbacks, la narration saute donc d’un univers à l’autre. D’un côté, Ivan est perdu seul sur une île et on essaie de comprendre ce qu’est cette île. De l’autre, Ivan fuit et on se demande s’il va s’en sortir, présageant que cette histoire passée expliquera l’histoire future. Cette narration montre sa pertinence en ménageant le suspense. Car Wouzit prend son temps et les révélations qu’attend le lecteur seront bien tardives.

Une narration et un rythme parfaitement maîtrisés.

Sans être forcément des plus impressionnants, le scénario est donc parfaitement servi par un procédé de flashbacks bien mené. Le rythme fait ici toute la différence. Surtout que les parties sur l’île sont souvent muettes, contrairement aux parties en ville. C’est d’ailleurs une des forces de l’ouvrage : Wouzit parvient à raconter les choses en muet. Il n’use quasiment jamais des onomatopées, si bien que les scènes d’action sont très silencieuses !

Au niveau du dessin, le style de Wouzit est particulier et assez simple. On oscille entre un dessin qui se veut moderne et une ligne claire plus classique. Malgré tout, les cases sont fouillées et sa construction de l’île force le respect par sa créativité. Cette île nous paraît terriblement étrange alors qu’elle n’est pas finalement si éloignée de nos codes. L’utilisation des couleurs en aplats simples renforce l’aspect ligne claire, même si le travail est vraiment abouti. La colorisation, simple au premier abord, est très réussie, donnant des ambiances avec beaucoup de subtilité, que ce soit pour les scènes sur l’île ou les scènes de nuit.

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C’est un livre des plus sympathiques qui nous est donc proposé. Sans être transcendant au niveau du dessin ou du scénario, toute la réalisation permet à l’ouvrage de passer un cap. La narration et le rythme sont bien menés, le style de dessin et les choix de couleurs sont pertinents. Du beau travail.

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Note : 14/20

Magasin sexuel, T1 – Turf

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Titre : Magasin sexuel, T1
Scénariste : Turf
Dessinateur : Turf
Parution : Mars 2011


Lorsque l’on nomme son livre « Magasin sexuel » (francisation du fameux sex shop), on génère forcément des attentes chez le lecteur. Celui-ci s’attend à un contenu coquin, voire sulfureux… Turf cherche ici le décalage. Dans une petite bourgade de campagne, un sex shop ambulant s’installe à la foire une fois par semaine. De quoi bousculer la vie de ses habitants ? Le tout est construit en diptyque chez Delcourt au format classique d’un 48 pages.

L’ouvrage fait dans l’opposition de style. Il y a d’abord le maire, Orloff, sorti tout droit des aventures de Spirou tant il ressemble au maire de Champignac graphiquement. C’en est gênant. Il est donc réac comme pas possible et assez bête. Mais il va s’éprendre de la jolie Amandine qui tient le sex shop. Mais elle n’est pas pour autant très coquine. Seuls ses vêtements courts suggèrent une libération sexuelle, mais cela ne va pas plus loin. Ses motivations pour le métier sont floues (elle préfère vendre des godemichés plutôt que des bottes en caoutchouc… Soit !).

Pas de réel enjeu malgré le thème.

MagasinSexuel1aCe premier tome pose des jalons mais n’avance pas beaucoup. Le passé de la jeune fille se dévoile mais sans vraiment nous toucher. Il n’y a pas de réel enjeu et la description de la campagne, qui se veut humoristique, manque cruellement de sel. Si bien que l’humour tombe à plat systématiquement. Que dire de ce bistrot vide où va boire le maire ? On y imagine déjà des scènes vivantes avec des habitués, mais rien ici. Le thème est effleuré et le pitch de départ reste inexploité. Dommage, car il y aurait de la matière à aller plus loin.

Au niveau du dessin, Turf possède un style particulier qui m’a peu séduit au final. C’est très (trop ?) coloré, plein de rose et de couleurs saturées. On voit par contre qu’il a plaisir de dessiner Amandine, dont il brosse les jambes avec délice. Malgré tout, Turf propose un ensemble cohérent avec son sujet, qu’il traite avec légèreté.

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J’ai été très déçu par ce « Magasin sexuel ». Trop léger et dilué, il finit comme une description caricatural de la campagne. Mais il aurait fallu en mettre une couche de plus pour en faire un ouvrage plus percutant. L’humour ne touche pas, les émotions sont rares… Le tout se lit sans forcément s’ennuyer mais on se demande un peu l’intérêt de tout cela en fin de tome. Peut-être que le deuxième opus apportera des réponses à cette interrogation ?

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Note : 8/20

C’est du propre ! – Zelba

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Titre : C’est du propre !
Scénariste : Zelba
Dessinatrice : Zelba
Parution : Juin 2011


Zelba est une illustratrice allemande qui s’est lancée dans la bande-dessinée. « C’est du propre » est un ouvrage autobiographique narrant de multiples anecdotes de l’auteure, qu’elles soient actuelles ou passées. Le tout est publié aux Editions Jarjilles et pèse 160 pages.

Ce qui marque tout de suite à la lecture de l’ouvrage, c’est la part très importante donnée à la narration. La quantité de texte est importante, expliquant les faits dans les détails, l’image servant avant tout à l’illustrer le propos et à intégrer les dialogues. Ainsi, on a parfois l’impression de lire une histoire dessinée, ce qui n’est pas désagréable en soit. On se rapproche donc du roman graphique.

Dans l’intimitĂ© de l’auteure.

Les anecdotes sont très souvent fouillées et s’étalent sur plusieurs mois. Zelba ne laisse rien au hasard dans sa narration, comme si elle avait peur que le lecteur n’ait pas tous les éléments en mains pour comprendre. Cela densifie le propos et implique d’autant le lecteur qui a l’impression de vraiment toucher à l’intimité de l’auteure. En effet, Zelba parvient à créer un lien spécial avec son lectorat, avec à la fois des histoires émouvantes et pleines de sensibilité, comme avec des traits d’humour. Cet équilibré, peu évident à trouver, est le gros point fort du livre.

Outre les histoires plus longues et détaillées, riches en narration, on retrouve des anecdotes plus rapides, basées avant tout sur l’humour et sur les enfants de l’auteure. Leurs remarques drôles, leurs comportements étranges suffisent à nous faire sourire.

Le trait de Zelba se reconnaît très vite. Il est axé essentiellement sur les personnages. Les attitudes sont variées et toujours bien rendues. Le tout est rehaussé de gris au crayon, ce qui va très bien avec le trait de l’auteure. Les cases ici ne sont pas fermées, une liberté que Zelba exploite, variant les constructions de planches plus souvent qu’il n’y parait.

En conclusion, j’ai été séduit par cet ouvrage. L’équilibre en émotion et rires est parfaitement maîtrisé. L’auteure possède une capacité à créer un lien avec son lecteur qui, s’il vous prend, ne vous lâchera plus.

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Note : 16/20

Slhoka, T5 : L’Eveil – Ulrig Godderidge & Ceyles

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Titre : Slhoka, T5 : L’Eveil
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Juin 2011


« Slhoka » est une série que je suis depuis la parution de son tome initial. Sans être un chef d’œuvre du genre, il s’agit d’une saga qui se lit avec plaisir mêlant magie, décors futuristes et quête plus classique. L’opus précédent marquait la fin d’un cycle dans l’histoire. Il est composé de quatre bouquins. Le dernier livre marque donc en quelque sort un nouveau départ. Son titre est d’ailleurs sans ambiguité dans ce domaine puisqu’il s’intitule« L’éveil ». Edité chez Soleil, cet album est d’un format classique et se compose d’une cinquantaine de pages. Son prix est de 13,50 euros. Toute la série est scénarisée par Godderidge. « Slhoka »est d’ailleurs la seule immersion de ma part dans l’univers de cet auteur. Les dessins, comme dans le tome précédent sont l’œuvre de Ceyles.

Le quatrième tome de la série marquait la fin d’une guerre interplanétaire entre deux empires : la Zeïde et l’Okrane. Shloka a joué un rôle décisif dans ce conflit. En effet, il possédait un pouvoir immense confié par les Dieux. Ce nouvel ouvrage se déroule dix ans plus tard. Shloka et son ami Ar’n vivent reclus sur une plage perdue. Notre héros a perdu de sa splendeur. Il semble baigner dans l’alcool. Son pouvoir semble un lointain souvenir. Mais leur quotidien va être bouleversé par la ravissante Sven, qui en souvenir du temps passé, a envie de constituer à nouveau la fine équipe. En effet, parallèlement, les Rhoukes, anciennement paisibles et nomades, sont devenus de féroces guerriers qui ont tendance à basculer trop régulièrement du mauvais côté de la frontière…

Héroïc fantasy & science-fiction

« Slhoka » est une série qui répond aux codes de l’heroïc-fantasy tout en évoluant dans un monde futuriste. On retrouve la notion de pouvoir absolu et d’élu. On suit également l’évolution d’un groupe d’apparence hétéroclite mais auquel du sein chacun est important. Les conflits sont interplanétaires et ont évidemment des conséquences irrémédiables sur l’avenir du monde. Tout cela est du classique. La trame globale de la série est relativement cousue de fil blanc mais cela n’empêche pas la lecture d’être agréable.

Dans cet opus qui débute un nouveau cycle, l’auteur doit faire rebondir la série. C’est un nouveau début et il est important de marquer une rupture avec le précédent. Cette rupture est ici temporelle. Dix ans se sont déroulés. Chacun a évolué et a fait sa vie de son côté. « L’éveil » marque donc quelque part des retrouvailles. Suite à un événement, tout ce beau monde va se retrouver. Il est évident qu’avoir lu les précédents tomes est primordial pour saisir tous les sous-entendus de la narration. D’ailleurs une des richesses de cet album est son côté moins sérieux. Les dialogues entre les personnages sont plus drôles. Les gags sont plus fréquents. Autant le premier cycle était assez narratif et offrait des personnages finalement tièdes, ce nouveau tome assume davantage ses protagonistes. Cela permet également une lecture plus agréable et distrayante.

Il faut que sur le plan de la trame, c’est plutôt léger. « L’éveil » n’est une longue mise en place de quelque chose qu’on ne maitrise pas totalement. Alors que le fait d’être le cinquième tome d’une série devrait lui permettre d’entrer rapidement dans le vif du sujet, ce n’est ici pas le cas. Le temps de redécouverte des personnages fait que pendant ce temps il ne se passe pas grand-chose. On va à la rencontre de chaque peuple, de chaque protagoniste mais on sent bien que les choses sérieuses n’ont pas réellement commencées. C’est finalement assez frustrant car une fois la lecture terminée, on ressent une certaine frustration. Il ne se passe finalement pas grand-chose.

L’autre nouveauté de cet album est la rupture drastique au niveau du dessin. Le style est totalement différent. J’ai même eu du mal à accepter les nouveaux traits de certains protagonistes. Néanmoins, cela ne pose pas de réels soucis une fois l’accoutumance faite. Astérix a bien évolué entre le premier tome et les suivants. Pourquoi Slhoka ne pourrait-il pas lui aussi changer de look ? Côté style, il est plutôt jeune et dynamique. Les couleurs, œuvre de Torta, sont vives et simples. Tout cela rend la lecture agréable et légère.

En conclusion, cet album, malgré ses quelques changements, restent dans la lignée des précédents. J’ai eu plaisir à retrouver les personnages qui sont pour l’ensemble bien sympathiques. Malgré tout, je trouve l’intrigue un petit peu légère. Je pense que par son esprit et son dessin, cet album conviendra davantage à un public adolescent. C’est rythmé, il y a de l’action et la plume du dessinateur sont autant d’arguments qui vont dans ce sens. Par contre, je doute qu’un grand adepte de ce type de bandes dessinées soit comblé par cet album. Ce dernier n’arrive pas à développer un petit quelque chose qui le démarque de tous ses cousins qui alimentent les rayons de librairie. Finalement, cet album se lit avec plaisir mais laisse finalement peu de souvenirs une fois refermé… 

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Note : 11/20 

Block 109, OpĂ©ration Soleil de Plomb – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Block 109, Opération Soleil de Plomb
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Février 2011


« OpĂ©ration Soleil de Plomb » est un album se dĂ©roulant dans l’univers de « Block 109 ». En effet, Brugeat et Toulhoat prolongent leur univers uchronique  à travers une sĂ©rie d’opus. J’ai apprĂ©ciĂ© l’œuvre initiale. Je trouve que le monde gĂ©nĂ©rĂ© par les auteurs Ă©tait intĂ©ressant. C’est pourquoi, je m’étais dĂ©cidĂ© Ă  dĂ©couvrir les « spin off » en dĂ©coulant. Ma rencontre avec « Etoile Rouge » m’avait déçue. Mais je ne dĂ©sespĂ©rais de retrouver dans « Soleil de Plomb » le plaisir que j’attendais dans le prĂ©cĂ©dent. Ce bouquin est d’un format classique. Il est Ă©ditĂ© chez « Akileo ». Son prix est de quatorze euros. Continuer la lecture de « Block 109, OpĂ©ration Soleil de Plomb – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas »

Block 109, New-York 1947 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Block 109, New York 1947
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Septembre 2011


« New York 1947 » est le dernier épisode se déroulant dans l’univers de « Block 109 » à être apparu dans les rayons des librairies. Sa parution aux éditions Akileos date du mois de septembre dernier. Comme l’intégralité des albums de la série, il est scénarisé par Vincent Brugeas et dessiné par Ronan Toulhoat. Sa couverture est très attractive. Elle nous présente un New York en ruines et nous offre la tête de la Statue de la Liberté au premier plan. Je trouve que la lumière de ce dessin est captivante. Le bouquin est de qualité. Il est de format classique et est composé d’une soixantaine de pages.

« Block 109 » est une uchronie dont l’événement fondateur est l’assassinat de Hitler en 1941. En est découlé un ouvrage de presque deux cents pages très réussi. A partir de cet univers, les auteurs ont fait naitre trois autres ouvrages intitulés « Etoile Rouge », « Opération Soleil de Plomb » et « New York 1947 ». « Ritter Germania » est prévu pour l’année prochaine. Le premier marquait le penchant soviétique du monde, le deuxième se déroulait en Afrique. Logiquement, le troisième dont je vous parle aujourd’hui est l’américain du lot.

L’histoire se déroule en décembre 1947. Les six membres du commando spécialement constitué pour l’Opération Extraction, sont largués au sommet d’un des rares buildings de New York encore debout. Ils ont une mission de vingt-quatre heures pour l’exécuter. Ce devait être rapide et facile, mais rien ne va se passer comme prévu… Voilà comment nous est présentée l’intrigue sur la quatrième de couverture.

Un huis clos urbain.

J’ai été conquis par « Block 109 ». « Etoile Rouge » m’avait déçu contrairement à « Opération Soleil de Plomb » que j’ai trouvé très réussi. Globalement, en me plongeant dans ce nouvel album, j’étais plutôt optimiste. Mes attentes n’ont pas été déçues. L’idée scénaristique est un classique du cinéma. Il s’agit d’un huit clos urbain. Une équipe restreinte doit atteindre un objectif vital dans une ville en ruine dont toutes les âmes vivantes souhaitent leur mort. Cela nous offre un thriller haletant. L’atmosphère oppressante est bien retranscrite. Les dessins de Toulhoat sont un vrai bonheur sur ce plan-là. L’intensité ne diminue jamais vraiment. On angoisse en imaginant ce que cache chacun des murs ou des immeubles peuvent cacher.

En plus de nous offrir cette trame rythmée, l’album nous offre une belle galerie de personnages. A l’image des films de ce genre, il va sans dire que le commando chargé de la mission n’est pas constitué de n’importe qui. Chacun nous est présenté dans la première page : der Ritter, der Sniper, der Sptizel, der Professor, de Journalist et der Spezialist. Il va sans dire qu’ils sont allemands. On se demande ce qui a fait que chacun se trouve à cet endroit, à ce moment avec ces personnes-là. La ressemblance avec « Universal War One » m’est apparue évidente. Ce qui n’était pas pour me déplaire tant je voue une affection certaine à cette grande saga spatiale. Le fait de centrer l’histoire sur un petit nombre de personnages fait qu’on a le temps de le découvrir. On n’est pas indifférent à leur devenir. On a l’impression de faire partie de l’équipe. Cela rend la lecture assez active.

Côté décors, la réussite est au rendez-vous. Le New York apocalyptique que nous offre le dessinateur est criant de vérité. Que ce soit sur le plan architectural ou sur le plan de l’atmosphère, on y est. On ressent le silence qui habite chaque rue. On ressent la présence cachée des ennemis. Les dessins et les couleurs nous offrent une œuvre de grande qualité. De plus, les personnages sont également très réussis. Il possède tous une vraie dimension à leur première apparition. On devine les cadavres qui doivent agrémenter leur placard. Le degré d’humanité est fluctuant. Leurs peurs sont plus ou moins apparentes.

En tous les cas, « New York 1947 » est un ouvrage de bonne qualité. Il s’agit d’un thriller de grande qualité. L’uchronie proposée est vraiment intéressante. Elle est bien construite, dense et cohérente. En tout cas, cet album ne fait qu’augmenter ma curiosité quant à la parution « Ritter Germania ». Je ne peux donc que vous inciter à vous plonger dans cet univers. Les adeptes du genre en sortiront conquis…

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Note : 16/20

Châteaux Bordeaux, T1 : Le Domaine – Eric Corbeyran & EspĂ©

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Titre : Châteaux Bordeaux, T1 : Le Domaine
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Espé
Parution : Mars 2011


 « Châteaux Bordeaux » est une nouvelle série de bandes dessinées née de l’imagination d’Eric Corbeyran. Ce dernier est un scénariste particulièrement prolifique. Il faut être en effet perpétuellement aux aguets pour guetter chacune de ses nouvelles parutions. Néanmoins, l’apparition de « Le domaine », premier opus de cette nouvelle saga n’est pas passée inaperçue. Nombreux ont été les articles l’évoquant dans la presse généraliste. Il va sans dire que les médias plus habitués du neuvième art ne l’ont pas passée sous silence non plus. Etant un grand adepte de Corbeyran depuis ma découverte de « Le chant des stryges », je me suis donc empressé de m’offrir ce nouvel ouvrage. Paru le mois dernier, il est édité chez Glénat dans un format classique d’une cinquantaine de pages. Son prix est également sans grande surprise. Il est possible de se le procurer pour un petit peu plus de treize euros. Le scénariste s’est associé à un dessinateur que je ne connaissais que de nom jusqu’à maintenant nommé Espé. Cette lecture était donc l’occasion de découvrir son style. Le premier contact eu lieu en regardant la couverture nous présentant une ravissante jeune femme appréciant un verre de vin au beau milieu des vignes, le tout sous un ciel orangé.

chateauxbordeaux1a« Le domaine » étant le premier tome de la série, il ne nécessite donc aucun pré-requis avant de s’y plonger. Comme on pouvait s’en douter, l’histoire nous immerge dans la région bordelaise. On y suit les pas d’Alexandra, venue assister à l’enterrement de son père. Mais à peine la cérémonie terminée, les guerres de succession se déclenchent. Ses deux frères veulent vendre le domaine viticole dont ils héritent. La propriété est criblée de dettes et un acheteur est intéressé. Le souci apparaît quand Alexandra, pas œnologue pour deux sous, décide de reprendre en main l’affaire et de lui donner à nouveau le prestige qu’elle possédait jadis. Mais tout n’est pas si simple et beaucoup de gens ne semblent pas se satisfaire de sa décision…

Une dĂ©couverte de l’univers viticole.

L’attrait premier de l’album réside dans la découverte de l’univers viticole qu’il nous offre. Tout au long de la lecture, on navigue dans les vignes mais également dans les bureaux qui régulent cet univers a priori particuliers. En plus de cet aspect documentaire, « Le domaine » nous fait découvrir une histoire familiale avec les secrets, les non dits et les manipulations qui l’accompagnent nécessairement. On rencontre des personnages ambigus et on se doute que chacun n’est pas forcément celui qu’il parait être. Ensuite, on suit la mission que se fixe une jeune femme à la mort de son père. Novice en la manière, elle se fixe comme quête de redonner ses lettres de noblesse au domaine familiale. Tout cela rend la lecture de cet album intéressante et offre une lecture s’adressant à un public large.

Comme je le sous-entends précédemment, j’ai trouvé le scénario plutôt réussi. Bien qu’introductif, cet album nous amène un certain nombre d’informations. Quelques retournements de situation apparaissent, les personnages prennent place. Les dialogues sont riches. Etant personnellement étranger à l’univers du Bordelais, je goûte avec plaisir les informations sur ce milieu qui parsèment notre lecture. Elles concernent autant la fabrication pure et simple du breuvage que ses aspects économiques. Sans être magistral, l’auteur arrive à mettre en avant le côté documenté de son travail. Cela donne une dimension très réaliste à l’ensemble.

chateauxbordeaux1bDu fait de la trame scénaristique, on découvre une grande galerie de personnages. Le protagoniste principal est donc Alexandra. Exilée jusqu’alors aux Etats-Unis, elle décide changer de vie en s’installant au domaine. Très rapidement, on ressent de l’empathie pour elle. On sent une jeune femme accompagnée d’un idéal se plonger dans un milieu difficile dans lequel les règles paraissent rares et obscures. Son côté « chevalier blanc » et « seule contre tous » déclenche forcément la sympathie du lecteur. Je ne vais pas lister les autres intervenants de la trame car ce serait alors bien trop vous la divulguer. Mais sachez qu’ils sont nombreux et plutôt bien amenés.

La lecture est prenante. Dès les premières pages, on prend plaisir à naviguer dans les pas d’Alexandra. Sur ce plan-là, l’ambiance est très réussie. Notre lecture n’est pas neutre. On n’est pas indifférent à ce que l’on découvre. La narration n’est pas monotone. Bien au contraire, notre curiosité est souvent alimentée par une nouvelle information ou un nouvel événement. Le dépaysement est certain est c’est une avec une légère frustration qu’on découvre la dernière page et que notre voyage doit s’arrêter là.

Il va sans dire que l’apport des dessins est certain. Dans un premier temps, je trouve que les décors et les paysages sont très réussis. Qu’ils soient champêtres ou urbains, on n’a aucun mal à ressentir ou reconnaître les endroits dans lesquels on se trouve. Qu’on se balade dans des vignes ou sur une barque, qu’on découvre des caves ou des bureaux d’avocats, tout est réaliste et tout participe à développer le plaisir de la lecture. De plus, je trouve les personnages bien dessinés. On n’a aucune difficulté ni à les reconnaître ni à sentir les caractères. Chacun dégage une impression personnelle qui densifie l’histoire.

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Pour conclure, cette dĂ©couverte de « Le domaine » a Ă©tĂ© un moment très agrĂ©able. Je me suis très vite passionnĂ© pour l’histoire et je ne vous cache pas que je guetterai l’apparition de la suite avec une grande attention. J’espère que cette saga familiale prendra l’ampleur que semble lui offrir son premier opus et qu’elle ne tombera pas Ă  la manière d’un soufflet. C’est toujours la crainte que je ressens après un tome initial rĂ©ussi et prometteur. De plus, le fait que l’intrigue se dĂ©roule dans le milieu viticole est quelque chose qui m’a beaucoup plu, il est toujours intĂ©ressant de dĂ©couvrir un univers jusqu’alors inconnu. Il ne me reste plus qu’à vous conseiller d’aller Ă  sa rencontre Ă  votre tour.

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Note : 16/20