Secrets, L’AngĂ©lus, T2 – Frank Giroud & JosĂ© Homs

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Titre : Secrets, L’AngĂ©lus, T2
Scénariste : Frank Giroud
Dessinateur : José Homs
Parution : Septembre 2011


Les diptyques se dĂ©veloppent en bande-dessinĂ©e. Et si parfois on ne comprend pas trop l’intĂ©rĂȘt de deux tomes, Ă  d’autres moments, ils prennent tout leur sens. Dans « L’angĂ©lus » (de la collection « Secrets » chez Dupuis), le premier tome se terminait sur une bascule. AprĂšs un livre avant tout destinĂ© Ă  percer le secret du tableau de l’AngĂ©lus, la suite se concentre sur le secret de famille de Clovis Ă  proprement parler. Ce deuxiĂšme opus de 56 pages clĂŽt donc l’enquĂȘte de ce quadra en pleine mutation.

À l’image de la couverture, Clovis change et s’épanouit en mĂȘme tant que son obsession grandit. Une fois l’histoire de l’AngĂ©lus et de Dali dĂ©voilĂ©e, reste Ă  savoir pourquoi Clovis y trouve une rĂ©sonance. Mais l’homme a dĂ©jĂ  beaucoup changĂ©. Physiquement d’abord : il a les cheveux hirsutes et la barbe qui foisonne. Il est bien loin de l’homme que l’on avait dĂ©couvert au dĂ©part
 D’ailleurs, il vit dans un camping car qu’il a repeint de couleurs vives. Clovis est en pleine crise identitaire, conjugale et existentielle !

Une crise identitaire, conjugale et existentielle.

LAngelus2bCette mutation de Clovis est particuliĂšrement rĂ©ussie, car elle se fait au fur et Ă  mesure des pages. Elle est remarquable de cohĂ©rence. Les rĂ©vĂ©lations familiales sont moins originales, mais leur parallĂšle avec le tableau de Millet leur donne un intĂ©rĂȘt certain. Mais au-delĂ  du secret, c’est bien de la renaissance d’un homme dont ce diptyque traite.

Le scĂ©nario de Giroud reste remarquablement maĂźtrisĂ©. Dans ce polar aux enjeux finalement assez limitĂ©s, il instille un suspense en tenant bien son rythme en main. Les rĂ©vĂ©lations s’égrĂšnent au fur et Ă  mesure, sans excĂšs de dĂ©ballage final.

Le dessin deHoms est toujours aussi impressionnant : personnel et puissant. Ses personnages sont redoutables d’expressivitĂ© sans tomber dans l’excĂšs. Les couleurs sont toujours autant au diapason, imposant les ambiances Ă  la force de palettes restreintes. Le dĂ©coupage est au mĂȘme niveau, parvenant Ă  diversifier les plans mĂȘme quand les personnages passent deux pages Ă  discuter. Du beau travail !

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Ce diptyque se lit avec plaisir, d’une traite, et le lecteur a du mal Ă  en sortir. DotĂ© d’un scĂ©nario bien menĂ© et bien rythmĂ©, l’histoire est sublimĂ©e par le trait de Homs. Ce deuxiĂšme tome confirme ainsi tout le bien que l’on pouvait penser du premier. Une belle dĂ©couverte !

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Note : 17/20

Barracuda, T2 : Cicatrices – Jean Dufaux & JĂ©rĂ©my

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Titre : Barracuda, T2 : Cicatrices
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Parution : Octobre 2011


Le deuxiĂšme tome de « Barracuda » s’intitule « Cicatrices ». Je l’attendais avec une certaine impatience  tant le premier opus m’avait plu et intriguĂ©. Cette sĂ©rie est nĂ©e de l’association de Jean Dufaux et JĂ©rĂ©my. Le premier se charge du scĂ©nario et est la principale raison pour laquelle je me suis plongĂ© dans cette saga. En effet, depuis ma lecture de « Murena », je voue un attrait certain pour les Ɠuvres de cet auteur. Quant Ă  JĂ©rĂ©my, je l’avais dĂ©couvert en lisant le premier tome de l’histoire intitulĂ© « Esclaves ». Cet ouvrage de bonne qualitĂ© est Ă©ditĂ© chez Dargaud et son prix avoisine les quatorze euros. La couverture du bouquin est trĂšs rĂ©ussie. Elle nous prĂ©sente un pirate au visage recousu gĂ©nĂ©rant une certaine apprĂ©hension chez le lecteur. Notre curiositĂ© est fortement attisĂ©e car ce personnage n’apparaissait pas dans le livre prĂ©cĂ©dent.

Avant de plonger pleinement dans cet album, je vous cite le rĂ©sumĂ© qui prĂ©cĂšde la premier page de « Cicatrices ». « Lors de l’attaque de leur vaisseau par les pirates du capitaine Blackdog, une aristocrate espagnole, Dona Emilia Del Scuebo, sa fille Maria et leur serviteur Emilio sont faits prisonniers. Tous les trois sont emmenĂ©s sur l’üle de Puerto Blanco, dans les mers des CaraĂŻbes, pour y ĂȘtre vendus. Ferrango, le riche marchand d’esclaves, achĂšte Maria et lui fait subir les pires traitements. La mĂšre de celle-ci, secourue par des moines de l’üle, mourra peu de temps aprĂšs. Emilio qui se fait passer pour une fille, Ă©vitant ainsi de se faire tuer, est achetĂ© par l’étrange Mister Flynn. Le fils de Blackdog, Raffy, gravement blessĂ© par Maria, doit lui aussi rester sur l’üle pour y ĂȘtre soignĂ©. Parti Ă  la recherche du plus gros diamant du monde, son pĂšre a repris la mer sans lui
 faisant fi de la malĂ©diction du Kashar ! »

Comme ce rĂ©sumĂ© le montre, le premier tome Ă©tait plutĂŽt dense. Il faisait intervenir un nombre assez fourni de personnages. De plus, l’histoire est suffisamment rythmĂ©e pour que de nombreux Ă©vĂ©nements accompagnent notre lecture. La consĂ©quence Ă©tait qu’on avait une hĂąte certaine de dĂ©couvrir la suite. Les premiĂšres phrases de « Cicatrices » nous annoncent que trois annĂ©es sont passĂ©es depuis la derniĂšre page de « Esclavages ». Cet album se dĂ©roule quasiment intĂ©gralement Ă  Puerto Blanco. Il est original d’ĂȘtre dans une histoire de pirates qui ne quittent finalement pas la terre ferme.

Comme dans l’opus prĂ©cĂ©dent, la trame se construit autour des trois adolescents Emilio, Maria et Raffy. Chacun a fait son petit bout de chemin en grĂ© de son caractĂšre. Leur statut a Ă©voluĂ©. Les deux esclaves ne le sont plus. Maria est la maitresse dominatrice de Ferrango, ce qui fait d’elle une femme de pouvoir Ă  l’échelle de l’üle. Emilio, toujours grimĂ© sous les traits d’Emilia, est une espĂšce de pupille de Mister Flynn en formation. Quant Ă  Raffy, il contient dĂ©sespĂ©rĂ©ment sa colĂšre et sa haine Ă  l’idĂ©e de voir son pĂšre ĂȘtre parti sans lui dans sa quĂȘte quasiment lĂ©gendaire.

Ce saut temporel oblige finalement l’histoire Ă  nous faire une nouvelle fois les prĂ©sentations. Alors qu’on pouvait penser cette Ă©tape avait eu lieu prĂ©cĂ©demment, les auteurs s’y replongent dans cet opus. Cela donne mĂȘme l’impression que le premier tome n’était qu’un prĂ©ambule. Cela pourrait paraitre dommageable car cela repousse quelque peu la montĂ©e en puissance de l’intrigue. Ce n’est finalement pas tant le cas que cela du fait de la richesse du scĂ©nario. Je trouve que l’ensemble est dense et se construit comme une toile d’araignĂ©e. La variĂ©tĂ© des personnages est toujours aussi savamment menĂ©e et leurs interactions sont passionnantes. On est tenu en haleine de la premiĂšre Ă  la derniĂšre page. Le fait de construire l’histoire en suivant celles de trois « hĂ©ros » fait que la lecture ne souffre d’aucun temps mort.

J’ai retrouvĂ© avec plaisir les dessins de JĂ©rĂ©my. Je trouve qu’il accompagne parfaitement la narration. Ses dĂ©cors crĂ©ent parfaitement l’univers de Puerto Blanco qui est criant de rĂ©alisme. On a vraiment l’impression d’errer dans les rues de cette Ăźle rĂ©gie par les lois de la piraterie. De plus, les personnages sont plutĂŽt rĂ©ussis. Ils sont de caractĂšre trĂšs diffĂ©rent et le trait du dessinateur arrive Ă  nous offrir le grand spectre d’expressions qui en dĂ©coule. La fragilitĂ© et la douceur d’Emilio diverge fortement de la peur que gĂ©nĂšre la froideur dominatrice de Marie ou de la fureur de Raffy. Son trait nous offre une lecture agrĂ©able.

En conclusion, « Cicatrices » est un album trĂšs rĂ©ussi. La qualitĂ© habille chacune de ses pages. L’histoire est passionnante et on s’y plonge avec appĂ©tit. NĂ©anmoins, j’ai impatience de dĂ©couvrir le prochain opus pour savoir si l’intrigue va changer de braquet et ce qu’est devenu Blackdog dans sa quĂȘte du Kashar. En effet, cette derniĂšre n’est absolument pas traitĂ© dans cet ouvrage. En tout cas, « Barracuda » peut espĂ©rer devenir une Ɠuvre qui compte dans la longue histoire des pirates dans la bande dessinĂ©e. Les adeptes en seront ravis


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Note : 17/20

Les Aventures de Philip et Francis, T2 : Le PiĂšge MachiavĂ©lique – Pierre Veys & Nicolas Barral

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Titre : Les Aventures de Philip et Francis, T2 : Le PiÚge Machiavélique
Scénariste : Pierre Veys
Dessinateur : Nicolas Barral
Parution : FĂ©vrier 2011


Contrairement Ă  Tintin, Blake et Mortimer est une sĂ©rie qui a survĂ©cu Ă  son auteur originel, Edgar P. Jacob. Mais si certains ont repris les aventures des deux hommes Ă  la façon du maĂźtre, d’autres prennent un malin plaisir Ă  le parodier. Pierre Veys et Nicolas Barral, dĂ©jĂ  auteurs de « Baker Street », une parodie de Sherlock Holmes, reprennent les personnages de Philip et Francis pour un deuxiĂšme tome de pastiche de nos deux hĂ©ros. Continuer la lecture de « Les Aventures de Philip et Francis, T2 : Le PiĂšge MachiavĂ©lique – Pierre Veys & Nicolas Barral »

Le grand rouge – Wouzit

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Titre : Le grand rouge
Scénariste : Wouzit
Dessinateur : Wouzit
Parution : Mars 2011


CrĂ©Ă© en 2009, le site web Manolosanctis avait donnĂ© plein d’espoirs aux dessinateurs de BD amateurs, heureux de trouver une plateforme de publication en ligne d’une rare efficacitĂ©. Mais surtout, Manolosanctis s’est muĂ© l’espace de quelques temps en Ă©diteur, ce qui causa sa perte. L’éditeur ferma, le site web avec. Si tous les livres de l’éditeur ne sont pas mĂ©morables, force est de constater que quelques auteurs atypiques avaient Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©s par l’éphĂ©mĂšre maison d’édition, que ce soit par des albums personnels ou collectifs. Parmi eux, Wouzit, qui publia « Le grand mort » chez Manolosanctis, un one-shot de 120 pages.

LeGrandRouge1Tout commence alors qu’Ivan Ă©choue sur une Ăźle qui se rĂ©vĂšle des plus Ă©tranges. Il va alors tenter de survivre dans cet environnement peu hospitalier, tel un Robinson. Le livre nous dĂ©voile alors comme ce petit malfrat s’est retrouvĂ© dans cette situation, capturĂ© et condamnĂ© pour avec son compagnon William.

Construite sous forme de chapitres comme autant de flashbacks, la narration saute donc d’un univers Ă  l’autre. D’un cĂŽtĂ©, Ivan est perdu seul sur une Ăźle et on essaie de comprendre ce qu’est cette Ăźle. De l’autre, Ivan fuit et on se demande s’il va s’en sortir, prĂ©sageant que cette histoire passĂ©e expliquera l’histoire future. Cette narration montre sa pertinence en mĂ©nageant le suspense. Car Wouzit prend son temps et les rĂ©vĂ©lations qu’attend le lecteur seront bien tardives.

Une narration et un rythme parfaitement maßtrisés.

Sans ĂȘtre forcĂ©ment des plus impressionnants, le scĂ©nario est donc parfaitement servi par un procĂ©dĂ© de flashbacks bien menĂ©. Le rythme fait ici toute la diffĂ©rence. Surtout que les parties sur l’üle sont souvent muettes, contrairement aux parties en ville. C’est d’ailleurs une des forces de l’ouvrage : Wouzit parvient Ă  raconter les choses en muet. Il n’use quasiment jamais des onomatopĂ©es, si bien que les scĂšnes d’action sont trĂšs silencieuses !

Au niveau du dessin, le style de Wouzit est particulier et assez simple. On oscille entre un dessin qui se veut moderne et une ligne claire plus classique. MalgrĂ© tout, les cases sont fouillĂ©es et sa construction de l’üle force le respect par sa crĂ©ativitĂ©. Cette Ăźle nous paraĂźt terriblement Ă©trange alors qu’elle n’est pas finalement si Ă©loignĂ©e de nos codes. L’utilisation des couleurs en aplats simples renforce l’aspect ligne claire, mĂȘme si le travail est vraiment abouti. La colorisation, simple au premier abord, est trĂšs rĂ©ussie, donnant des ambiances avec beaucoup de subtilitĂ©, que ce soit pour les scĂšnes sur l’üle ou les scĂšnes de nuit.

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C’est un livre des plus sympathiques qui nous est donc proposĂ©. Sans ĂȘtre transcendant au niveau du dessin ou du scĂ©nario, toute la rĂ©alisation permet Ă  l’ouvrage de passer un cap. La narration et le rythme sont bien menĂ©s, le style de dessin et les choix de couleurs sont pertinents. Du beau travail.

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Note : 14/20

Magasin sexuel, T1 – Turf

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Titre : Magasin sexuel, T1
Scénariste : Turf
Dessinateur : Turf
Parution : Mars 2011


Lorsque l’on nomme son livre « Magasin sexuel » (francisation du fameux sex shop), on gĂ©nĂšre forcĂ©ment des attentes chez le lecteur. Celui-ci s’attend Ă  un contenu coquin, voire sulfureux
 Turf cherche ici le dĂ©calage. Dans une petite bourgade de campagne, un sex shop ambulant s’installe Ă  la foire une fois par semaine. De quoi bousculer la vie de ses habitants ? Le tout est construit en diptyque chez Delcourt au format classique d’un 48 pages.

L’ouvrage fait dans l’opposition de style. Il y a d’abord le maire, Orloff, sorti tout droit des aventures de Spirou tant il ressemble au maire de Champignac graphiquement. C’en est gĂȘnant. Il est donc rĂ©ac comme pas possible et assez bĂȘte. Mais il va s’éprendre de la jolie Amandine qui tient le sex shop. Mais elle n’est pas pour autant trĂšs coquine. Seuls ses vĂȘtements courts suggĂšrent une libĂ©ration sexuelle, mais cela ne va pas plus loin. Ses motivations pour le mĂ©tier sont floues (elle prĂ©fĂšre vendre des godemichĂ©s plutĂŽt que des bottes en caoutchouc
 Soit !).

Pas de réel enjeu malgré le thÚme.

MagasinSexuel1aCe premier tome pose des jalons mais n’avance pas beaucoup. Le passĂ© de la jeune fille se dĂ©voile mais sans vraiment nous toucher. Il n’y a pas de rĂ©el enjeu et la description de la campagne, qui se veut humoristique, manque cruellement de sel. Si bien que l’humour tombe Ă  plat systĂ©matiquement. Que dire de ce bistrot vide oĂč va boire le maire ? On y imagine dĂ©jĂ  des scĂšnes vivantes avec des habituĂ©s, mais rien ici. Le thĂšme est effleurĂ© et le pitch de dĂ©part reste inexploitĂ©. Dommage, car il y aurait de la matiĂšre Ă  aller plus loin.

Au niveau du dessin, Turf possĂšde un style particulier qui m’a peu sĂ©duit au final. C’est trĂšs (trop ?) colorĂ©, plein de rose et de couleurs saturĂ©es. On voit par contre qu’il a plaisir de dessiner Amandine, dont il brosse les jambes avec dĂ©lice. MalgrĂ© tout, Turf propose un ensemble cohĂ©rent avec son sujet, qu’il traite avec lĂ©gĂšretĂ©.

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J’ai Ă©tĂ© trĂšs déçu par ce « Magasin sexuel ». Trop lĂ©ger et diluĂ©, il finit comme une description caricatural de la campagne. Mais il aurait fallu en mettre une couche de plus pour en faire un ouvrage plus percutant. L’humour ne touche pas, les Ă©motions sont rares
 Le tout se lit sans forcĂ©ment s’ennuyer mais on se demande un peu l’intĂ©rĂȘt de tout cela en fin de tome. Peut-ĂȘtre que le deuxiĂšme opus apportera des rĂ©ponses à cette interrogation ?

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Note : 8/20

C’est du propre ! – Zelba

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Titre : C’est du propre !
Scénariste : Zelba
Dessinatrice : Zelba
Parution : Juin 2011


Zelba est une illustratrice allemande qui s’est lancĂ©e dans la bande-dessinĂ©e. « C’est du propre » est un ouvrage autobiographique narrant de multiples anecdotes de l’auteure, qu’elles soient actuelles ou passĂ©es. Le tout est publiĂ© aux Editions Jarjilles et pĂšse 160 pages.

Ce qui marque tout de suite Ă  la lecture de l’ouvrage, c’est la part trĂšs importante donnĂ©e Ă  la narration. La quantitĂ© de texte est importante, expliquant les faits dans les dĂ©tails, l’image servant avant tout Ă  l’illustrer le propos et Ă  intĂ©grer les dialogues. Ainsi, on a parfois l’impression de lire une histoire dessinĂ©e, ce qui n’est pas dĂ©sagrĂ©able en soit. On se rapproche donc du roman graphique.

Dans l’intimitĂ© de l’auteure.

Les anecdotes sont trĂšs souvent fouillĂ©es et s’étalent sur plusieurs mois. Zelba ne laisse rien au hasard dans sa narration, comme si elle avait peur que le lecteur n’ait pas tous les Ă©lĂ©ments en mains pour comprendre. Cela densifie le propos et implique d’autant le lecteur qui a l’impression de vraiment toucher Ă  l’intimitĂ© de l’auteure. En effet, Zelba parvient Ă  crĂ©er un lien spĂ©cial avec son lectorat, avec Ă  la fois des histoires Ă©mouvantes et pleines de sensibilitĂ©, comme avec des traits d’humour. Cet Ă©quilibrĂ©, peu Ă©vident Ă  trouver, est le gros point fort du livre.

Outre les histoires plus longues et dĂ©taillĂ©es, riches en narration, on retrouve des anecdotes plus rapides, basĂ©es avant tout sur l’humour et sur les enfants de l’auteure. Leurs remarques drĂŽles, leurs comportements Ă©tranges suffisent Ă  nous faire sourire.

Le trait de Zelba se reconnaĂźt trĂšs vite. Il est axĂ© essentiellement sur les personnages. Les attitudes sont variĂ©es et toujours bien rendues. Le tout est rehaussĂ© de gris au crayon, ce qui va trĂšs bien avec le trait de l’auteure. Les cases ici ne sont pas fermĂ©es, une libertĂ© que Zelba exploite, variant les constructions de planches plus souvent qu’il n’y parait.

En conclusion, j’ai Ă©tĂ© sĂ©duit par cet ouvrage. L’équilibre en Ă©motion et rires est parfaitement maĂźtrisĂ©. L’auteure possĂšde une capacitĂ© Ă  crĂ©er un lien avec son lecteur qui, s’il vous prend, ne vous lĂąchera plus.

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Note : 16/20

Slhoka, T5 : L’Eveil – Ulrig Godderidge & Ceyles

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Titre : Slhoka, T5 : L’Eveil
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Juin 2011


« Slhoka » est une sĂ©rie que je suis depuis la parution de son tome initial. Sans ĂȘtre un chef d’Ɠuvre du genre, il s’agit d’une saga qui se lit avec plaisir mĂȘlant magie, dĂ©cors futuristes et quĂȘte plus classique. L’opus prĂ©cĂ©dent marquait la fin d’un cycle dans l’histoire. Il est composĂ© de quatre bouquins. Le dernier livre marque donc en quelque sort un nouveau dĂ©part. Son titre est d’ailleurs sans ambiguitĂ© dans ce domaine puisqu’il s’intitule« L’éveil ». EditĂ© chez Soleil, cet album est d’un format classique et se compose d’une cinquantaine de pages. Son prix est de 13,50 euros. Toute la sĂ©rie est scĂ©narisĂ©e par Godderidge. « Slhoka »est d’ailleurs la seule immersion de ma part dans l’univers de cet auteur. Les dessins, comme dans le tome prĂ©cĂ©dent sont l’Ɠuvre de Ceyles.

Le quatriĂšme tome de la sĂ©rie marquait la fin d’une guerre interplanĂ©taire entre deux empires : la ZeĂŻde et l’Okrane. Shloka a jouĂ© un rĂŽle dĂ©cisif dans ce conflit. En effet, il possĂ©dait un pouvoir immense confiĂ© par les Dieux. Ce nouvel ouvrage se dĂ©roule dix ans plus tard. Shloka et son ami Ar’n vivent reclus sur une plage perdue. Notre hĂ©ros a perdu de sa splendeur. Il semble baigner dans l’alcool. Son pouvoir semble un lointain souvenir. Mais leur quotidien va ĂȘtre bouleversĂ© par la ravissante Sven, qui en souvenir du temps passĂ©, a envie de constituer Ă  nouveau la fine Ă©quipe. En effet, parallĂšlement, les Rhoukes, anciennement paisibles et nomades, sont devenus de fĂ©roces guerriers qui ont tendance Ă  basculer trop rĂ©guliĂšrement du mauvais cĂŽtĂ© de la frontiĂšre


HĂ©roĂŻc fantasy & science-fiction

« Slhoka » est une sĂ©rie qui rĂ©pond aux codes de l’heroĂŻc-fantasy tout en Ă©voluant dans un monde futuriste. On retrouve la notion de pouvoir absolu et d’élu. On suit Ă©galement l’évolution d’un groupe d’apparence hĂ©tĂ©roclite mais auquel du sein chacun est important. Les conflits sont interplanĂ©taires et ont Ă©videmment des consĂ©quences irrĂ©mĂ©diables sur l’avenir du monde. Tout cela est du classique. La trame globale de la sĂ©rie est relativement cousue de fil blanc mais cela n’empĂȘche pas la lecture d’ĂȘtre agrĂ©able.

Dans cet opus qui dĂ©bute un nouveau cycle, l’auteur doit faire rebondir la sĂ©rie. C’est un nouveau dĂ©but et il est important de marquer une rupture avec le prĂ©cĂ©dent. Cette rupture est ici temporelle. Dix ans se sont dĂ©roulĂ©s. Chacun a Ă©voluĂ© et a fait sa vie de son cĂŽtĂ©. « L’éveil » marque donc quelque part des retrouvailles. Suite Ă  un Ă©vĂ©nement, tout ce beau monde va se retrouver. Il est Ă©vident qu’avoir lu les prĂ©cĂ©dents tomes est primordial pour saisir tous les sous-entendus de la narration. D’ailleurs une des richesses de cet album est son cĂŽtĂ© moins sĂ©rieux. Les dialogues entre les personnages sont plus drĂŽles. Les gags sont plus frĂ©quents. Autant le premier cycle Ă©tait assez narratif et offrait des personnages finalement tiĂšdes, ce nouveau tome assume davantage ses protagonistes. Cela permet Ă©galement une lecture plus agrĂ©able et distrayante.

Il faut que sur le plan de la trame, c’est plutĂŽt lĂ©ger. « L’éveil » n’est une longue mise en place de quelque chose qu’on ne maitrise pas totalement. Alors que le fait d’ĂȘtre le cinquiĂšme tome d’une sĂ©rie devrait lui permettre d’entrer rapidement dans le vif du sujet, ce n’est ici pas le cas. Le temps de redĂ©couverte des personnages fait que pendant ce temps il ne se passe pas grand-chose. On va Ă  la rencontre de chaque peuple, de chaque protagoniste mais on sent bien que les choses sĂ©rieuses n’ont pas rĂ©ellement commencĂ©es. C’est finalement assez frustrant car une fois la lecture terminĂ©e, on ressent une certaine frustration. Il ne se passe finalement pas grand-chose.

L’autre nouveautĂ© de cet album est la rupture drastique au niveau du dessin. Le style est totalement diffĂ©rent. J’ai mĂȘme eu du mal Ă  accepter les nouveaux traits de certains protagonistes. NĂ©anmoins, cela ne pose pas de rĂ©els soucis une fois l’accoutumance faite. AstĂ©rix a bien Ă©voluĂ© entre le premier tome et les suivants. Pourquoi Slhoka ne pourrait-il pas lui aussi changer de look ? CĂŽtĂ© style, il est plutĂŽt jeune et dynamique. Les couleurs, Ɠuvre de Torta, sont vives et simples. Tout cela rend la lecture agrĂ©able et lĂ©gĂšre.

En conclusion, cet album, malgrĂ© ses quelques changements, restent dans la lignĂ©e des prĂ©cĂ©dents. J’ai eu plaisir Ă  retrouver les personnages qui sont pour l’ensemble bien sympathiques. MalgrĂ© tout, je trouve l’intrigue un petit peu lĂ©gĂšre. Je pense que par son esprit et son dessin, cet album conviendra davantage Ă  un public adolescent. C’est rythmĂ©, il y a de l’action et la plume du dessinateur sont autant d’arguments qui vont dans ce sens. Par contre, je doute qu’un grand adepte de ce type de bandes dessinĂ©es soit comblĂ© par cet album. Ce dernier n’arrive pas Ă  dĂ©velopper un petit quelque chose qui le dĂ©marque de tous ses cousins qui alimentent les rayons de librairie. Finalement, cet album se lit avec plaisir mais laisse finalement peu de souvenirs une fois refermé  

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Note : 11/20 

Block 109, OpĂ©ration Soleil de Plomb – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Block 109, Opération Soleil de Plomb
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : FĂ©vrier 2011


« OpĂ©ration Soleil de Plomb » est un album se dĂ©roulant dans l’univers de « Block 109 ». En effet, Brugeat et Toulhoat prolongent leur univers uchronique  à travers une sĂ©rie d’opus. J’ai apprĂ©ciĂ© l’Ɠuvre initiale. Je trouve que le monde gĂ©nĂ©rĂ© par les auteurs Ă©tait intĂ©ressant. C’est pourquoi, je m’étais dĂ©cidĂ© Ă  dĂ©couvrir les « spin off » en dĂ©coulant. Ma rencontre avec « Etoile Rouge » m’avait déçue. Mais je ne dĂ©sespĂ©rais de retrouver dans « Soleil de Plomb » le plaisir que j’attendais dans le prĂ©cĂ©dent. Ce bouquin est d’un format classique. Il est Ă©ditĂ© chez « Akileo ». Son prix est de quatorze euros. Continuer la lecture de « Block 109, OpĂ©ration Soleil de Plomb – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas »

Block 109, New-York 1947 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Block 109, New York 1947
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Septembre 2011


« New York 1947 » est le dernier Ă©pisode se dĂ©roulant dans l’univers de « Block 109 » Ă  ĂȘtre apparu dans les rayons des librairies. Sa parution aux Ă©ditions Akileos date du mois de septembre dernier. Comme l’intĂ©gralitĂ© des albums de la sĂ©rie, il est scĂ©narisĂ© par Vincent Brugeas et dessinĂ© par Ronan Toulhoat. Sa couverture est trĂšs attractive. Elle nous prĂ©sente un New York en ruines et nous offre la tĂȘte de la Statue de la LibertĂ© au premier plan. Je trouve que la lumiĂšre de ce dessin est captivante. Le bouquin est de qualitĂ©. Il est de format classique et est composĂ© d’une soixantaine de pages.

« Block 109 » est une uchronie dont l’évĂ©nement fondateur est l’assassinat de Hitler en 1941. En est dĂ©coulĂ© un ouvrage de presque deux cents pages trĂšs rĂ©ussi. A partir de cet univers, les auteurs ont fait naitre trois autres ouvrages intitulĂ©s « Etoile Rouge », « OpĂ©ration Soleil de Plomb » et « New York 1947 ». « Ritter Germania » est prĂ©vu pour l’annĂ©e prochaine. Le premier marquait le penchant soviĂ©tique du monde, le deuxiĂšme se dĂ©roulait en Afrique. Logiquement, le troisiĂšme dont je vous parle aujourd’hui est l’amĂ©ricain du lot.

L’histoire se dĂ©roule en dĂ©cembre 1947. Les six membres du commando spĂ©cialement constituĂ© pour l’OpĂ©ration Extraction, sont larguĂ©s au sommet d’un des rares buildings de New York encore debout. Ils ont une mission de vingt-quatre heures pour l’exĂ©cuter. Ce devait ĂȘtre rapide et facile, mais rien ne va se passer comme prĂ©vu
 VoilĂ  comment nous est prĂ©sentĂ©e l’intrigue sur la quatriĂšme de couverture.

Un huis clos urbain.

J’ai Ă©tĂ© conquis par « Block 109 ». « Etoile Rouge » m’avait déçu contrairement Ă  « OpĂ©ration Soleil de Plomb » que j’ai trouvĂ© trĂšs rĂ©ussi. Globalement, en me plongeant dans ce nouvel album, j’étais plutĂŽt optimiste. Mes attentes n’ont pas Ă©tĂ© déçues. L’idĂ©e scĂ©naristique est un classique du cinĂ©ma. Il s’agit d’un huit clos urbain. Une Ă©quipe restreinte doit atteindre un objectif vital dans une ville en ruine dont toutes les Ăąmes vivantes souhaitent leur mort. Cela nous offre un thriller haletant. L’atmosphĂšre oppressante est bien retranscrite. Les dessins de Toulhoat sont un vrai bonheur sur ce plan-lĂ . L’intensitĂ© ne diminue jamais vraiment. On angoisse en imaginant ce que cache chacun des murs ou des immeubles peuvent cacher.

En plus de nous offrir cette trame rythmĂ©e, l’album nous offre une belle galerie de personnages. A l’image des films de ce genre, il va sans dire que le commando chargĂ© de la mission n’est pas constituĂ© de n’importe qui. Chacun nous est prĂ©sentĂ© dans la premiĂšre page : der Ritter, der Sniper, der Sptizel, der Professor, de Journalist et der Spezialist. Il va sans dire qu’ils sont allemands. On se demande ce qui a fait que chacun se trouve Ă  cet endroit, Ă  ce moment avec ces personnes-lĂ . La ressemblance avec « Universal War One » m’est apparue Ă©vidente. Ce qui n’était pas pour me dĂ©plaire tant je voue une affection certaine Ă  cette grande saga spatiale. Le fait de centrer l’histoire sur un petit nombre de personnages fait qu’on a le temps de le dĂ©couvrir. On n’est pas indiffĂ©rent Ă  leur devenir. On a l’impression de faire partie de l’équipe. Cela rend la lecture assez active.

CĂŽtĂ© dĂ©cors, la rĂ©ussite est au rendez-vous. Le New York apocalyptique que nous offre le dessinateur est criant de vĂ©ritĂ©. Que ce soit sur le plan architectural ou sur le plan de l’atmosphĂšre, on y est. On ressent le silence qui habite chaque rue. On ressent la prĂ©sence cachĂ©e des ennemis. Les dessins et les couleurs nous offrent une Ɠuvre de grande qualitĂ©. De plus, les personnages sont Ă©galement trĂšs rĂ©ussis. Il possĂšde tous une vraie dimension Ă  leur premiĂšre apparition. On devine les cadavres qui doivent agrĂ©menter leur placard. Le degrĂ© d’humanitĂ© est fluctuant. Leurs peurs sont plus ou moins apparentes.

En tous les cas, « New York 1947 » est un ouvrage de bonne qualitĂ©. Il s’agit d’un thriller de grande qualitĂ©. L’uchronie proposĂ©e est vraiment intĂ©ressante. Elle est bien construite, dense et cohĂ©rente. En tout cas, cet album ne fait qu’augmenter ma curiositĂ© quant Ă  la parution « Ritter Germania ». Je ne peux donc que vous inciter Ă  vous plonger dans cet univers. Les adeptes du genre en sortiront conquis


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Note : 16/20

ChĂąteaux Bordeaux, T1 : Le Domaine – Eric Corbeyran & EspĂ©

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Titre : ChĂąteaux Bordeaux, T1 : Le Domaine
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Espé
Parution : Mars 2011


 « ChĂąteaux Bordeaux » est une nouvelle sĂ©rie de bandes dessinĂ©es nĂ©e de l’imagination d’Eric Corbeyran. Ce dernier est un scĂ©nariste particuliĂšrement prolifique. Il faut ĂȘtre en effet perpĂ©tuellement aux aguets pour guetter chacune de ses nouvelles parutions. NĂ©anmoins, l’apparition de « Le domaine », premier opus de cette nouvelle saga n’est pas passĂ©e inaperçue. Nombreux ont Ă©tĂ© les articles l’évoquant dans la presse gĂ©nĂ©raliste. Il va sans dire que les mĂ©dias plus habituĂ©s du neuviĂšme art ne l’ont pas passĂ©e sous silence non plus. Etant un grand adepte de Corbeyran depuis ma dĂ©couverte de « Le chant des stryges », je me suis donc empressĂ© de m’offrir ce nouvel ouvrage. Paru le mois dernier, il est Ă©ditĂ© chez GlĂ©nat dans un format classique d’une cinquantaine de pages. Son prix est Ă©galement sans grande surprise. Il est possible de se le procurer pour un petit peu plus de treize euros. Le scĂ©nariste s’est associĂ© Ă  un dessinateur que je ne connaissais que de nom jusqu’à maintenant nommĂ© EspĂ©. Cette lecture Ă©tait donc l’occasion de dĂ©couvrir son style. Le premier contact eu lieu en regardant la couverture nous prĂ©sentant une ravissante jeune femme apprĂ©ciant un verre de vin au beau milieu des vignes, le tout sous un ciel orangĂ©.

chateauxbordeaux1a« Le domaine » Ă©tant le premier tome de la sĂ©rie, il ne nĂ©cessite donc aucun prĂ©-requis avant de s’y plonger. Comme on pouvait s’en douter, l’histoire nous immerge dans la rĂ©gion bordelaise. On y suit les pas d’Alexandra, venue assister Ă  l’enterrement de son pĂšre. Mais Ă  peine la cĂ©rĂ©monie terminĂ©e, les guerres de succession se dĂ©clenchent. Ses deux frĂšres veulent vendre le domaine viticole dont ils hĂ©ritent. La propriĂ©tĂ© est criblĂ©e de dettes et un acheteur est intĂ©ressĂ©. Le souci apparaĂźt quand Alexandra, pas Ɠnologue pour deux sous, dĂ©cide de reprendre en main l’affaire et de lui donner Ă  nouveau le prestige qu’elle possĂ©dait jadis. Mais tout n’est pas si simple et beaucoup de gens ne semblent pas se satisfaire de sa dĂ©cision


Une dĂ©couverte de l’univers viticole.

L’attrait premier de l’album rĂ©side dans la dĂ©couverte de l’univers viticole qu’il nous offre. Tout au long de la lecture, on navigue dans les vignes mais Ă©galement dans les bureaux qui rĂ©gulent cet univers a priori particuliers. En plus de cet aspect documentaire, « Le domaine » nous fait dĂ©couvrir une histoire familiale avec les secrets, les non dits et les manipulations qui l’accompagnent nĂ©cessairement. On rencontre des personnages ambigus et on se doute que chacun n’est pas forcĂ©ment celui qu’il parait ĂȘtre. Ensuite, on suit la mission que se fixe une jeune femme Ă  la mort de son pĂšre. Novice en la maniĂšre, elle se fixe comme quĂȘte de redonner ses lettres de noblesse au domaine familiale. Tout cela rend la lecture de cet album intĂ©ressante et offre une lecture s’adressant Ă  un public large.

Comme je le sous-entends prĂ©cĂ©demment, j’ai trouvĂ© le scĂ©nario plutĂŽt rĂ©ussi. Bien qu’introductif, cet album nous amĂšne un certain nombre d’informations. Quelques retournements de situation apparaissent, les personnages prennent place. Les dialogues sont riches. Etant personnellement Ă©tranger Ă  l’univers du Bordelais, je goĂ»te avec plaisir les informations sur ce milieu qui parsĂšment notre lecture. Elles concernent autant la fabrication pure et simple du breuvage que ses aspects Ă©conomiques. Sans ĂȘtre magistral, l’auteur arrive Ă  mettre en avant le cĂŽtĂ© documentĂ© de son travail. Cela donne une dimension trĂšs rĂ©aliste Ă  l’ensemble.

chateauxbordeaux1bDu fait de la trame scĂ©naristique, on dĂ©couvre une grande galerie de personnages. Le protagoniste principal est donc Alexandra. ExilĂ©e jusqu’alors aux Etats-Unis, elle dĂ©cide changer de vie en s’installant au domaine. TrĂšs rapidement, on ressent de l’empathie pour elle. On sent une jeune femme accompagnĂ©e d’un idĂ©al se plonger dans un milieu difficile dans lequel les rĂšgles paraissent rares et obscures. Son cĂŽtĂ© « chevalier blanc » et « seule contre tous » dĂ©clenche forcĂ©ment la sympathie du lecteur. Je ne vais pas lister les autres intervenants de la trame car ce serait alors bien trop vous la divulguer. Mais sachez qu’ils sont nombreux et plutĂŽt bien amenĂ©s.

La lecture est prenante. DĂšs les premiĂšres pages, on prend plaisir Ă  naviguer dans les pas d’Alexandra. Sur ce plan-lĂ , l’ambiance est trĂšs rĂ©ussie. Notre lecture n’est pas neutre. On n’est pas indiffĂ©rent Ă  ce que l’on dĂ©couvre. La narration n’est pas monotone. Bien au contraire, notre curiositĂ© est souvent alimentĂ©e par une nouvelle information ou un nouvel Ă©vĂ©nement. Le dĂ©paysement est certain est c’est une avec une lĂ©gĂšre frustration qu’on dĂ©couvre la derniĂšre page et que notre voyage doit s’arrĂȘter lĂ .

Il va sans dire que l’apport des dessins est certain. Dans un premier temps, je trouve que les dĂ©cors et les paysages sont trĂšs rĂ©ussis. Qu’ils soient champĂȘtres ou urbains, on n’a aucun mal Ă  ressentir ou reconnaĂźtre les endroits dans lesquels on se trouve. Qu’on se balade dans des vignes ou sur une barque, qu’on dĂ©couvre des caves ou des bureaux d’avocats, tout est rĂ©aliste et tout participe Ă  dĂ©velopper le plaisir de la lecture. De plus, je trouve les personnages bien dessinĂ©s. On n’a aucune difficultĂ© ni Ă  les reconnaĂźtre ni Ă  sentir les caractĂšres. Chacun dĂ©gage une impression personnelle qui densifie l’histoire.

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Pour conclure, cette dĂ©couverte de « Le domaine » a Ă©tĂ© un moment trĂšs agrĂ©able. Je me suis trĂšs vite passionnĂ© pour l’histoire et je ne vous cache pas que je guetterai l’apparition de la suite avec une grande attention. J’espĂšre que cette saga familiale prendra l’ampleur que semble lui offrir son premier opus et qu’elle ne tombera pas Ă  la maniĂšre d’un soufflet. C’est toujours la crainte que je ressens aprĂšs un tome initial rĂ©ussi et prometteur. De plus, le fait que l’intrigue se dĂ©roule dans le milieu viticole est quelque chose qui m’a beaucoup plu, il est toujours intĂ©ressant de dĂ©couvrir un univers jusqu’alors inconnu. Il ne me reste plus qu’à vous conseiller d’aller Ă  sa rencontre Ă  votre tour.

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Note : 16/20