Mort au tsar, T1 : Le gouverneur – Fabien Nury & Thierry Robin

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Titre : Mort au tsar, T1 : Le gouverneur
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : Thierry Robin
Parution : Août 2014


Fabien Nury est un de mes scĂ©naristes prĂ©fĂ©rĂ©s. J’ai Ă©tĂ© conquis par chacun de ses travaux que j’ai eu le plaisir de dĂ©vorer. Une de ses spĂ©cialitĂ©s est de jouer avec les grands Ă©vĂ©nements de l’Histoire. Il a offert une vision passionnante de la pĂ©riode de l’Occupation avec « Il Ă©tait une fois en France ». Il s’est immergĂ© dans la France de la PremiĂšre Guerre Mondiale dans « Silas Corey ». Enfin, sa premiĂšre plongĂ©e dans l’univers russe a eu lieu lors du diptyque « La mort de Staline ». Son aventure slave connaĂźt un nouveau chapitre avec la sortie l’étĂ© dernier du premier tome de « Mort au Tsar » intitulĂ© « Le Gouverneur ».

Je dois vous avouer que je me suis offert cet album sur la seule prĂ©sence de Nury sur la couverture. En dĂ©couvrant la quatriĂšme de couverture, j’ai appris qu’il s’agissait d’une histoire en deux tomes. Cette structure de parution est dĂ©cidĂ©ment trĂšs Ă  la mode actuellement. Les dessins sont l’Ɠuvre de Thierry Robin dont j’avais apprĂ©ciĂ© le style dans « La mort de Staline ». Il possĂšde une rĂ©elle identitĂ© graphique et participe fortement Ă  l’atmosphĂšre que dĂ©gage la lecture.

Une marche inévitable vers un destin tragique.

MortAuTsar1bLa trame nous fait partager les derniers jours du Grand-Duc SergueĂŻ Alexandrovitch avant l’attentat dont il a Ă©tĂ© victime. L’issue fatale est annoncĂ©e dans un prologue. Cela influence Ă©videmment la lecture puisque chaque parole du personnage principal ou chaque Ă©vĂ©nement qu’il vit sont perçus par un prisme particulier. La montĂ©e en tension est savamment dosĂ©e. La marche inĂ©vitable vers son destin tragique ne laisse pas le lecteur indiffĂ©rent. Le Grand-Duc accepte son sort irrĂ©mĂ©diable avec un fatalisme marquant.

L’intensitĂ© ne fait qu’augmenter au fur et Ă  mesure que les pages dĂ©filent. Le fait de voir cet homme allait vers la mort avec nonchalance met presque mal Ă  l’aise. Une chose est sĂ»re, notre intĂ©rĂȘt ne cesse de croĂźtre. Le scĂ©nario monte en puissance sans changement de vitesse brutal. Cette finesse dans l’accĂ©lĂ©ration dramatique est la preuve d’un talent narratif certain. Le suspense atteint un paroxysme lors de la derniĂšre planche qui offre une perspective passionnante pour le prochain tome.

L’histoire se bĂątit intĂ©gralement autour de son protagoniste principal. Les personnages secondaires n’existent pas rĂ©ellement. Leurs prĂ©sences se justifient uniquement par leurs interactions avec le gouverneur moscovite. Cela n’est pas une faiblesse. C’est un choix scĂ©naristique pleinement assumĂ© et qui se dĂ©fend parfaitement. L’intrigue veut nous plonger dans le quotidien et dans l’intimitĂ© de cet homme blessĂ© en route vers l’échafaud. Nury a dĂ©veloppĂ© une humanitĂ© touchante chez le Grand-Duc alors qu’on peut objectivement affirmer que les dirigeants russes ne sont pas rĂ©putĂ©s pour leur grandeur d’ñme et leur altruisme. La dimension politique est mise de cĂŽtĂ© et cela donne un ton particulier Ă  la narration.

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Pour conclure, « Le gouverneur » est un album rĂ©ussi. Je l’ai lu avec beaucoup de plaisir. Je me suis trĂšs vite passionnĂ© pour le Grand-Duc. Mon intĂ©rĂȘt n’a cessĂ© de grandir au cours de ma lecture. Chaque planche m’a captivĂ©. Je trouve que c’est une performance d’entretenir un suspense alors que le dĂ©nouement est annoncĂ© avant que ne dĂ©bute les Ă©vĂ©nements. Tout cela est bien enrobĂ© par le style de Thierry Robin. Je vous conseille donc cette dĂ©couverte. De mon cĂŽtĂ©, j’attends la suite


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note4

De pĂšre en FIV – William Roy

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Titre : De pĂšre en FIV
Scénariste : William Roy
Dessinateur : William Roy
Parution : Juin 2014


Le livre tĂ©moignage est une forme d’autobiographie de plus en plus utilisĂ©. Alors quand cela touche un sujet de sociĂ©tĂ©, difficile de ne pas ĂȘtre un tant soit peu intĂ©ressĂ©. William Roy se dĂ©couvre stĂ©rile et doit se lancer dans la difficile Ă©preuve de la fĂ©condation in vitro, ou FIV pour les intimes. Le tout est paru aux Ă©ditions de la BoĂźte Ă  Bulles, dans la collection Contre CƓur, pour un total de plus de 150 pages.

Lorsque l’on propose un tĂ©moignage sur un sujet difficile, il faut savoir se dĂ©couvrir. Ici, William Roy nous prĂ©sente sa stĂ©rilitĂ© (ou oligoasthĂ©notĂ©ratozoospermie), qui le touche dans sa virilitĂ©. De plus, ĂȘtre la personne de sa famille qui coupe la lignĂ©e le frappe durement. Mais pas de panique : de nos jours, la FIV existe et permet aux couples en difficultĂ© d’avoir un enfant quand bien mĂȘme.

Une autobiographique qui manque cruellement d’empathie.

DePereEnFIV2On dĂ©couvre donc toutes les Ă©tapes que l’on peut imaginer : comment William apprend la nouvelle, comment il la vit, comment il l’annonce Ă  ses proches, comment se passent les analyses, puis les FIV, etc. En cela, l’histoire manque un peu de surprise. Tout est trĂšs classique et on n’apprend finalement pas beaucoup de chose. Le tout se lit rapidement, entre passages intimes et passages didactiques. La narration hĂ©site d’ailleurs entre le documentaire et le rĂ©cit intimiste. À ne pas faire de choix, il perd en force.

Ce qui est le plus gĂȘnant est certainement le manque d’émotion qui se dĂ©gage de l’ensemble. Les moments difficiles existent, se veulent puissants, mais ça ne fonctionne pas vraiment (pour ceux qui ne l’ont pas vĂ©cu bien entendu. Pour les autres, cela doit ĂȘtre diffĂ©rent). Tout est trop convenu, cela manque de personnalitĂ© pour crĂ©er une empathie supplĂ©mentaire pour les personnages. Et quand au bout de 120 pages un mĂ©decin demande (enfin !) Ă  sa femme d’arrĂȘter de fumer pour enfanter, on croit rĂȘver. Le dĂ©tail est certainement « vrai », mais il a bien du ĂȘtre abordĂ© bien. Cela laisse le lecteur dubitatif.

Ce manque d’émotion vient certainement du dessin, un peu grossier. TrĂšs inĂ©gal, il manque d’expressivitĂ©. Il n’est pas Ă©vident de dessiner des gens qui passent leur temps devant des mĂ©decins, mais les personnages sont trop froids pour un sujet pareil. De mĂȘme, l’utilisation de la bichromie est trĂšs inĂ©gale. On est plus ou moins sur « une couleur = une scĂšne » mais parfois d’autres couleurs sont ajoutĂ©es sans que l’on comprenne pourquoi.

Le trait Ă©pais de William Roy serait moins gĂȘnant si l’auteur ne prenait pas le soin, par moments, de nous dessiner des dĂ©cors trĂšs prĂ©cis. Ces derniers tombent comme un cheveu sur la soupe, modifiant le graphisme gĂ©nĂ©ral d’une planche ou d’une case, sans que l’on comprenne pourquoi. Alors que les dĂ©cors sont habituellement suggĂ©rĂ©s ou Ă  peine esquissĂ© (ce qui est plutĂŽt adaptĂ©), certaines cases semblent avoir Ă©tĂ© dĂ©calquĂ©es. Un choix peu pertinent pour le coup.

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« De pĂšre en FIV » est un tĂ©moignage intĂ©ressant Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre vraiment touchant. Si ce livre ne parlait pas d’un sujet fort (qui plus est sous forme d’autobiographie), son inconstance tant narrative que graphique sauterait aux yeux. Alors on lit le livre d’une traite, s’intĂ©ressant Ă  la vie de ce couple en se demandant s’ils parviendront Ă  avoir un enfant. Mais c’est tout.

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note2

Ce n’est pas toi que j’attendais – Fabien ToulmĂ©

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Titre : Ce n’est pas toi que j’attendais
Scénariste : Fabien Toulmé
Dessinateur : Fabien Toulmé
Parution : Octobre 2014


Fabien ToulmĂ© vit au BrĂ©sil avec sa femme Patricia et sa fille Louise. Un deuxiĂšme enfant est en route. Le futur pĂšre craint pour la trisomie 21, sans trop savoir pourquoi. Il faut dire que leur retour en France en pleine grossesse a compliquĂ© le suivi de l’enfant. Et, en effet, sa fille Julia nait trisomique.

Difficile sujet que celui de la trisomie 21. Fabien ToulmĂ© nous propose un ouvrage autobiographique sur cette expĂ©rience. Plus que sur le regard des autres (qui est souvent l’angle choisi), son livre est basĂ© sur le ressenti du pĂšre qui dĂ©couvre un enfant qui n’est pas celui qu’il attendait (et voulait). Le tout pĂšse quand mĂȘme plus de 150 pages et est paru aux Ă©ditions Delcourt.

CeNEstPasToiQueJAttendais2L’autobiographie, de part son aspect « vrai », est toujours plus touchante. L’auteur ne cherche pas Ă  se glorifier, faisant preuve d’une sincĂ©ritĂ© louable. On voit le mal qu’il a Ă  aimer sa fille (ou mĂȘme simplement Ă  la considĂ©rer comme sa fille). ParallĂšlement Ă  cette relation pĂšre-fille, le parcours du combattant du nouveau parent d’enfant handicapĂ© est aussi dĂ©crit en dĂ©tail.

Comment accepter la naissance de sa fille trisomique ?

L’histoire s’arrĂȘte assez tĂŽt pour ne pas traiter les soucis de dĂ©veloppement de l’enfant. Elle se concentre avant tout sur la naissance et l’acceptation. Une fois que c’est fait, le livre s’arrĂȘte. Ainsi, si les notions de dĂ©pendance Ă  l’ñge adulte sont Ă©voquĂ©es, c’est pas les mĂ©decins.

Fabien ToulmĂ© trouve le ton juste pour traiter le sujet. AutocentrĂ©, faisant la part belle Ă  la narration en voix-off, son propos est riche et bien structurĂ©. L’émotion est bien Ă©videmment prĂ©sente, mais l’humour Ă©galement, apportant un peu de respiration au milieu d’un sujet difficile.

Le dessin de Fabien ToulmĂ© n’a rien de trĂšs original, mais il est adaptĂ© au propos par sa simplicitĂ©. La colorisation se concentre sur l’essentiel, une couleur correspondant Ă  un chapitre. Il y a quelques bonnes idĂ©es de composition, mais globalement la bande-dessinĂ©e se contente de relater des faits sans beaucoup d’action et beaucoup de dialogue. NĂ©anmoins, le tout fonctionne plutĂŽt bien.

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« Ce n’est pas toi que j’attendais » est un livre touchant. Outre un aspect documentaire sur ce qu’il faut faire lorsqu’un enfant naĂźt trisomique, on dĂ©couvre un pĂšre complĂštement perdu face Ă  la naissance de sa fille et son long chemin pour l’accepter telle quelle est. Un beau tĂ©moignage.

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note4

Le grand mort, T5 : Panique – RĂ©gis Loisel, Jean-Blaise Djian & Vincent MalliĂ©

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Titre : Le grand mort, T5 : Panique
Scénaristes : Régis Loisel & Jean-Blaise Djian
Dessinateur : Vincent Mallié
Parution : Novembre 2014


Comme beaucoup de lecteurs de bandes dessinĂ©es, j’ai dĂ©couvert RĂ©gis Loisel Ă  travers ses planches dans « La QuĂȘte de l’Oiseau du Temps ». Ton trait fait partie de l’Histoire du neuviĂšme. Depuis, je suis donc toujours Ă  l’affĂ»t de toute nouvelle trace de son travail. « Le Grand Mort » est une de ses derniĂšres sĂ©ries. Elle est nĂ©e il y a huit ans. Le dernier Ă©pisode date de novembre dernier. Il est le cinquiĂšme Ă©pisode et s’intitule « Panique ». Il le scĂ©narise avec Jean-Blaise Djian. Les dessins sont l’Ɠuvre de Vincent MalliĂ©. Quant aux couleurs, elles ont Ă©tĂ© confiĂ©es Ă  François Lapierre.

La couverture est construite autour des deux personnages centraux de la trame : Erwan et Blanche. Le premier est le passeur entre notre rĂ©alitĂ© et un monde parallĂšle. Blanche est une enfant pleine de mystĂšre qui semble ĂȘtre le fruit de parents des deux univers. Les deux personnages semblent errer en rase campagne au beau milieu d’une tempĂȘte. MĂȘme les oiseaux fuient les lieux


Une histoire trop diluée.

LeGrandMort5b« Le Grand Mort » possĂšde une dose de fantastique. DĂšs le premier tome, l’intrigue nous avait fait voyager dans un nouvel espace dans lequel le temps n’avançait pas au mĂȘme rythme. On y avait rencontrĂ© des personnages Ă©tranges. On Ă©tait immergĂ© dans des enjeux dont on ne maĂźtrisait pas tous les arcanes. Cette introduction m’avait plu. J’avais trouvĂ© le travail scĂ©naristique et graphique intĂ©ressant. Les trois opus suivants ont vu l’histoire se dĂ©rouler Ă  un rythme relativement lent. J’avais le sentiment que la narration Ă©tĂ© trop diluĂ©e. Au fur et Ă  mesure des sorties d’album, la frustration montait de ne pas avoir la machine se mettre rĂ©ellement en marche.

Je plaçais donc beaucoup d’espoirs dans « Panique ». La situation de dĂ©part faisait croire que le rythme pouvait s’accĂ©lĂ©rait. Rapidement, j’ai Ă©tĂ© déçu sur ce plan-lĂ . Le scĂ©nario nous fait suivre trois groupes en parallĂšle. Le premier se compose d’Erwan et Blanche, le deuxiĂšme de Pauline et GaĂ«lle, le troisiĂšme les prĂȘtresses de l’autre monde. Aucun d’entre eux ne voit sa situation rĂ©ellement Ă©voluer entre la premiĂšre et la derniĂšre page. Le monde est en train d’enchaĂźner les catastrophes : tremblement de terre, tempĂȘte, grĂȘle, etc. NĂ©anmoins, en refermant le livre, j’ai eu le sentiment que les cinquante-quatre planches auraient pu ĂȘtre condensĂ©es en moitiĂ© moins sans que l’intrigue n’y perde quoi que ce soit.

Je trouvais dĂ©jĂ  que Loisel et Djian prenaient du temps pour faire avancer tout ce beau monde. J’en viens presque maintenant Ă  douter d’atteindre un jour la destination. Il ne se passe quasiment rien dans « Panique ». Comme Ă  chaque fois, les scĂ©naristes concluent par une planche pleine d’espoir. Mais je vous avoue que j’y crois de moins en moins. Cette faiblesse narrative pourrait ĂȘtre compensĂ©e par une atmosphĂšre prenante mĂȘlant mystĂšre et crĂ©puscule apocalyptique. Le trait de Vincent MalliĂ© a le potentiel pour la crĂ©er. HĂ©las, le fait de diviser la trame en trois chemins parallĂšles empĂȘche l’immersion dans l’univers des personnages. C’est dommage.

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Pour conclure, « Panique » m’a déçu. Ma lecture n’a gĂ©nĂ©rĂ©e aucun enthousiasme. Ma curiositĂ© n’a pas Ă©tĂ© alimentĂ©e bien au contraire. Une fois le bouquin refermĂ©, je n’en avais aucun souvenir marquant. C’est un indicateur de l’absence de personnalitĂ© de l’album. Je dĂ©sespĂšre de voir « Le Grand Mort » prendre rĂ©ellement son envol. C’est un gĂąchis quand je vois le talent de ses crĂ©ateurs


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note2

Atalante, T7 : Le dernier des grands anciens – Crisse & Grey

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Titre : Atalante, T7 : Le dernier des grands anciens
Scénariste : Crisse
Dessinateur : Grey
Parution : Novembre 2014


Atalante est une hĂ©roĂŻne de la mythologie grecque. La lĂ©gende veut qu’elle soit la fille du roi PĂ©loponnĂšse. AbandonnĂ©e Ă  la naissance, elle fut recueillie par une ourse dans la forĂȘt du PĂ©lion. ProtĂ©gĂ©e par des dĂ©esses, elle est la seule femme Ă  prendre part Ă  la quĂȘte des Argonautes. Le premier tome de la sĂ©rie Ă©ponyme crĂ©e par Crisse conte l’arrivĂ©e de la jeune fille dans l’équipage dirigĂ©e par Jason. Les albums suivants prĂ©sentent les diffĂ©rentes aventures vĂ©cues par tout ce petit monde sur le chemin de la Toison d’or.

Atalante7bLa sympathie gĂ©nĂ©rĂ©e par le personnage principal a fait de moi un lecteur rĂ©gulier de ses pĂ©rĂ©grinations. L’auteur arrive Ă  raconter ces lĂ©gendes en mĂȘlant de maniĂšre Ă©quilibrĂ©e narration, humour et action. L’ensemble se dĂ©roule dans un univers graphique colorĂ© et rond qui possĂšde une identitĂ© forte. Bref, je guettais toujours avec impatience la sortie de tout nouvel Ă©pisode de la saga.

Crisse délaisse son bébé.

Le sixiĂšme tome a marquĂ© une rupture dans ma relation avec la sĂ©rie « Atalante ». Crisse semblait avoir dĂ©finitivement dĂ©laissĂ© son petit. Il confie les dessins Ă  Grey et le scĂ©nario apparaĂźt bĂąclĂ©. Cet opus se lisait en quelques minutes et n’éveillait ni attrait ni intĂ©rĂȘt. J’espĂ©rais que la sortie de « La Dernier des Grands Anciens » en novembre dernier marquerait un retour Ă  la qualitĂ© initiale.

L’intrigue reprend oĂč elle s’était interrompue. Atalante vient de croiser un gĂ©ant dans les arcanes du royaume d’HadĂšs. Elle s’y Ă©tait aventurĂ©e dans l’espoir de sauver un de ses acolytes mordu par un mort-vivant. L’ĂȘtre rencontrĂ© s’avĂšre ĂȘtre Eurymedon, fils de GaĂŻa. Il nous immerge dans la bataille de PhlĂ©gra entre les Dieux et les GĂ©ants. L’essentiel de la trame se construit autour des consĂ©quences de cette guerre. Sorti de cela, il s’agit d’une balade dans un labyrinthe souterrain. Le troisiĂšme tome nous plongeait Ă©galement dans les entrailles de la terre. La comparaison entre ces deux Ă©pisodes n’est pas favorable au dernier en date.

Atalante7cJe ne suis jamais arrivĂ© Ă  entrer pleinement dans l’histoire. L’enchaĂźnement des pĂ©ripĂ©ties est, Ă  mes yeux, trop saccadĂ©. La narration manque de continuitĂ©. L’alternance entre le royaume d’HadĂšs, le navire des Argonautes et les flashbacks manque de lien. Si je regarde les choses positivement, je peux dire que la densitĂ© scĂ©naristique est plus importante que dans l’épisode prĂ©cĂ©dent. Par contre, objectivement, je ne retrouve pas l’attrait des premiers tomes. J’ai peur que cette sĂ©rie n’aille pas vers le meilleur. J’apprĂ©hende le fait que « Atalante » ait atteint son firmament et que l’heure soit Ă  la descente aux enfers.

Le dernier bĂ©mol est la disparition du trait de Crisse. De mon point de vue, Grey n’a pas le talent de son prĂ©dĂ©cesseur. Je suis moins fan des traits des personnages. Son Atalante a le visage beaucoup plus dur. Ses courbes lĂ©gendaires des premiers tomes ont disparu. De plus les dĂ©cors sont bien moins travaillĂ©s. Grey semble moins soucieux des dĂ©tails et c’est regrettable. Le fait que les seconds plans soient nĂ©gligĂ©s ne facilite pas l’immersion. L’atmosphĂšre qui se dĂ©gage des Enfers est dĂ©cevante. J’en attendais bien mieux.

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Pour conclure, « Le Dernier des Grands Anciens » a tendance Ă  confirmer que l’ñge d’or de « Atalante » est passĂ©. Cela m’attriste parce que je trouvais la saga jusqu’alors trĂšs divertissante. Il devient donc urgent que les Argonautes mettent la main sur leur Toison d’or au risque de voir la descente aux enfers du neuviĂšme art se poursuivre


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Note : 9/20

Magasin gĂ©nĂ©ral, T9 : Notre Dame des Lacs – RĂ©gis Loisel & Jean-Louis Tripp

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Titre : Magasin général, T9 : Notre Dame des Lacs
Scénaristes : Régis Loisel & Jean-Louis Tripp
Dessinateurs : Régis Loisel & Jean-Louis Tripp
Parution : Octobre 2014


« Magasin GĂ©nĂ©ral » est une sĂ©rie qui accompagne le monde du neuviĂšme art ces dix derniĂšres annĂ©es. Le bĂ©bĂ© de RĂ©gis Loisel et Jean-Louis Tripp possĂšde un ton et une ambiance assez uniques : une chronique sociale d’un petit village quĂ©bĂ©cois dans les annĂ©es vingt. Cette aventure se conclue avec la parution de son dernier acte en octobre dernier. « Notre-Dame-des-Lacs » est le neuviĂšme chapitre du quotidien de la charmante Marie et de la communautĂ© qui l’accompagne.

« Te rends-tu compte, Serge ? Du chambardement qu’il y a eu Ă  Notre-Dame depuis un an ? On est rendu un village pas d’maire
 Presque pas d’curĂ© avec un restaurant de Paris pis une veuve qui a tombĂ© en amour avec un p’tit cordonnier. – Ha ! Ha ! Tu oublies les coureurs des bois qui ont coupĂ© leur barbe pour sĂ©duire une autre veuve
 – Je l’sais bien
 Pis moi qui pensais jamais avoir d’enfant, me v’lĂ  en famille pas d’pĂšre ! »

MagasinGeneral9cCet Ă©change entre Marie et Serge, les deux principaux acteurs de l’histoire, rĂ©sume assez bien les Ă©vĂ©nements partagĂ©s durant les huit tomes prĂ©cĂ©dents. Ce nouvel album a pour mission de conclure avec talent et subtilitĂ© la tranche de vie partagĂ©e avec ce petit monde. Il s’agit ici de soigner le « au revoir ». Cet aspect n’est pas dĂ©cevant bien au contraire. Une certaine nostalgie accompagne les pages et les auteurs attĂ©nuent la rupture en offrant une trentaine de pages reprĂ©sentant des moments de joie ou de peine des habitants du village. Cela offre une seconde fin Ă  l’album.

Tourner la page avec tendresse.

L’atmosphĂšre de cet opus est particuliĂšre. Elle agrĂ©mente la lecture d’une mĂ©lancolie attendrissante. Comme dans chacun de ses chapitres, la saga nous propose tour Ă  tour des moments de joie et d’autres plus tristes. Cette richesse Ă©motionnelle nous implique et ne nous laisse pas indiffĂ©rent quant aux pĂ©ripĂ©ties qui font la vie du hameau. Depuis huit ans, nous nous sommes attachĂ©s Ă  Marie, Serge, GaĂ«tan, le curĂ©, NoĂ«l et tous les autres
 Nous avons partagĂ© les mariages, les deuils, les bonheurs, les drames
 Il est maintenant temps de tourner la page et nous le faisons ici avec tendresse.

Mon point de vue global sur la sĂ©rie est positif. J’avais Ă©tĂ© enthousiasmĂ© par les premiers tomes. Par la suite, j’ai trouvĂ© que la narration se diluait quelque peu. Un ronronnement s’installait. C’était peut-ĂȘtre dĂ» Ă  la thĂ©matique de l’ouvrage. Une chronique sociale ne peut pas ĂȘtre un concentrĂ© d’énergie et de rebondissements. MalgrĂ© tout, j’ai toujours pris beaucoup de plaisir Ă  dĂ©couvrir les nouvelles pĂ©rĂ©grinations de Marie et ses amis. J’ai toujours Ă©tĂ© heureux avec eux ou partagĂ© leurs peines. C’est une lecture qui s’avĂšre finalement assez sensorielle.

Les dessins conjoints de Loisel et Tripp participent Ă  rendre rĂ©aliste les lieux et les dĂ©cors qui abritent la vie de la communautĂ©. L’immersion dans cet univers tant sur le plan gĂ©ographique que temporel est une belle rĂ©ussite. Le trait des deux auteurs fait naĂźtre des planches prĂ©cises et attrayantes. Le travail graphique est remarquable. Le dernier ingrĂ©dient Ă  nous ravir est le dĂ©paysement rĂ©sultant des dialogues. Le travail de Jimmy Beaulieu sur les textes donne des expressions hilarantes de nos cousins quĂ©bĂ©cois. Je ne prĂ©sente pas de florilĂšges des meilleurs mots et vous incitent plutĂŽt Ă  les dĂ©couvrir.

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Au final, « Notre-Dame-des-Lacs » conclue trĂšs correctement « Magasin GĂ©nĂ©ral ». Cette tranche de vie aura gardĂ© un attrait certain de sa premiĂšre Ă  sa derniĂšre page. Je conseille cette lecture Ă  tout adepte des petites aventures du quotidien et en quĂȘte de fraternitĂ©, d’amour et de solidarité 

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Note : 13/20

Kickass 3, T2 : Le dĂ©but de la fin – Mark Millar & John Romita Jr

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Titre : Kickass 3, T2 :  Le début de la fin
Scénariste : Mark Millar
Dessinateur : John Romita Jr
Parution : Septembre 2014


La grande saga « Kick-Ass » se termine avec la parution de « Le dĂ©but de la fin ». Cette deuxiĂšme partie conclut « Kick-Ass 3 », dernier chapitre des aventures de Dave Lizewski. Sa parution chez Panini Comics date de septembre dernier. La couverture prĂ©sente « Kick-Ass » et « Hit Girl » armĂ©s et prĂȘts Ă  mener leur ultime combat. La quatriĂšme de couverture propose le synopsis suivant : « Alors qu’on dĂ©couvre comment Mindy est devenue Hit-Girl dans un long flash-back relatant sa transformation et son premier meurtre, tout se met en place pour l’ultime confrontation entre les Genovese et nos hĂ©ros. Kick-Ass endosse son costume pour la derniĂšre fois. Y laissera-t-il la peau ou triomphera-t-il de l’adversité ? »

Coups de pieu, dĂ©capitations et fusillades…

Ce nouvel ouvrage s’inscrit parfaitement dans la lignĂ©e des prĂ©cĂ©dents. La violence transpire de chaque planche. C’est toujours aussi sanglant. John Romita Jr s’en donne Ă  cƓur joie. Il n’hĂ©site pas Ă  faire dans le trash. Les coups de pieu dans la tĂȘte, les dĂ©capitations, les fusillades
 Rien n’est Ă©dulcorĂ©. Les auteurs restent honnĂȘtes avec leurs lecteurs. A contrario, la place occupĂ©e par ces scĂšnes de violence empĂȘche le scĂ©nario de dĂ©velopper une psychologie plus subtile chez ses personnages. Peut-ĂȘtre ne peut-on pas tout avoir


NĂ©anmoins, Mark Millar arrive Ă  offrir un dĂ©nouement plutĂŽt bien construit. Le flashback initial sur le passĂ© de Hit-Girl nous fait tout de suite entrer dans le vif du sujet. Ce personnage est incontestablement l’atout majeur de la sĂ©rie. MĂȘme si Dave est attachant et possĂšde son lot de qualitĂ©, Mindy est en tout point fascinante. Voir cette gamine ĂȘtre une reine de l’exĂ©cution sommaire sans Ă©motion est Ă  la fois transgressif, original et captivant. Nous arrivons presque Ă  mettre de cĂŽtĂ© inconsciemment sa dimension amorale et violente. Elle est d’ailleurs le personnage central de ce dernier acte et cela participe au plaisir de notre lecture.

Kickass3-2bMalgrĂ© tout, Dave n’est pas oubliĂ©. Les auteurs arrivent sans mal Ă  faire cohabiter deux hĂ©ros assez diffĂ©rents. Dave a fortement Ă©voluĂ© depuis notre premiĂšre rencontre. Il est maintenant loin du jeune geek qui rĂȘve d’ĂȘtre un vrai superhĂ©ros. Les Ă©preuves l’ont fortement endurci et en ont fait quelqu’un de diffĂ©rent. Son courage, sa rĂ©sistance, sa force se sont dĂ©veloppĂ©s. La formation qu’il a subie de la part de Hit-Girl l’a rapprochĂ© du quotidien de ses idoles de comics. L’attrait majeur de son changement est la dĂ©couverte des responsabilitĂ©s et des drames qui accompagnent le quotidien d’un gentil qui s’attaque aux gros mĂ©chants. Sur ce plan, « Le dĂ©but de la fin » montre bien l’issue irrĂ©mĂ©diable de la loi du plus fort. Toute la trame accompagne la montĂ©e en puissance vers ce qui sera le dernier combat. La saga montre l’impossibilitĂ© de Dave Ă  couper de ses dĂ©mons et de mener une vie normale sans tuer tous ses ennemis.

MalgrĂ© le fait que les ingrĂ©dients utilisĂ©s soient les mĂȘmes que lors des tomes prĂ©cĂ©dents, la recette de celui-lĂ  fait naĂźtre des saveurs un petit peu diffĂ©rentes. A l’exception du premier Ă©pisode, « Kick-Ass » se rĂ©sumait bien souvent Ă  une catharsis de violence avec une dose d’humour et quelques gouttes dramatiques pour complĂ©ter. Ce dernier acte est plus posĂ©. Il prend le temps de prĂ©parer le « au revoir » aux hĂ©ros. L’atmosphĂšre dĂ©gagĂ©e est particuliĂšre et distingue cette ultime aventure des prĂ©cĂ©dentes.

Au final, « Le dĂ©but de la fin » clĂŽt correctement la sĂ©rie. MalgrĂ© les excĂšs qui ont agrĂ©mentĂ© le quotidien de Dave et Mindy, le dĂ©nouement de leur lutte contre le crime sous leurs masques est bien amenĂ©. Nous pouvons les quitter sans sentiment de frustration ou de gĂąchis. La fin ne rĂ©volutionne pas le genre mais conclut sans bĂącler la saga. Les adeptes du genre sauront savourer le fait que les auteurs n’ont pas Ă©tirĂ© leur filon jusqu’à Ă©puisement. C’est une qualitĂ© Ă  signaler


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Note : 12/20

Les sentinelles, T4 : Avril 1915 : Les Dardanelles – Xavier Dorison & Enrique Breccia

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Titre : Les sentinelles, T4 : Avril 1915 : Les Dardanelles
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Enrique Breccia
Parution : Octobre 2014


« Les Sentinelles » marque l’entrĂ©e des superhĂ©ros Ă  la française dans la Grande Guerre. Xavier Dorison confirme l’ampleur de son imagination. D’une part, il n’hĂ©site pas Ă  s’approprier les codes de ses surhommes d’habitude associĂ©s Ă  la culture amĂ©ricaine. D’autre part, ils les insĂšrent au beau milieu de la PremiĂšre Guerre Mondiale, concept jusqu’alors improbable. Les trois premiers Ă©pisodes de cette sĂ©rie ont transformĂ© l’essai et fait naĂźtre une saga de grande qualitĂ©. Chaque opus est un petit bijou et se lit avec appĂ©tit. Chacun dĂ©livre une grande variĂ©tĂ© de saveurs pour la plus grande joie de ses lecteurs.

LesSentinelles4bCela faisait trois ans et demi que la parution d’une nouvelle mission des Sentinelles Ă©taient attendue. L’espoir Ă©tait assouvi en octobre dernier avec la sortie du quatriĂšme chapitre intitulĂ© « Avril 1915 Les Dardanelles ». Wikipedia m’a appris que les Dardanelles fut un « affrontement [
] qui opposa l’Empire Ottoman aux troupes britanniques et françaises dans la pĂ©ninsule de Gallipoli dans l’actuelle Turquie du 25 avril 1915 au 9 janvier 1916 ». Cela confirme la volontĂ© de Dorison d’intĂ©grer ses hĂ©ros dans la rĂ©alitĂ© du conflit.

Intégrer les héros dans la réalité du conflit.

« Cette bataille-lĂ  devait ĂȘtre gagnĂ©e d’avance
 Le dĂ©barquement du Commonwealth sur les plages truques des Dardanelles devait assurer une victoire aussi rapide qu’indiscutable. Face aux Ottomans, la France n’avait-elle pas dĂ©ployĂ© ses plus glorieux soldats ? Les Sentinelles ! C’était sans compter l’aide des allemands Ă  leur alliĂ© turc, sans compter la chaleur, les fiĂšvres, les maladies et les falaises imprenables
 Sans compter la nouvelle arme du gĂ©nie germanique : Cimeterre. Cette fois-ci, les plus grands hĂ©ros français vont devoir renoncer Ă  la victoire pour apprendre la dure leçon de la dĂ©faite
 » VoilĂ  le synopsis prĂ©sentĂ© par la quatriĂšme de couverture de l’album. Je dois vous dire que j’y ai perçu un menu appĂ©tissant.

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La premiĂšre force du bouquin est la profondeur de ses personnages. Que ce soit Taillefer, le Merle ou Djibouti, chacune des trois Sentinelles possĂšde une personnalitĂ© passionnante. Le rĂ©alisme de chacun d’entre eux est remarquable. Ils sont attachants. Leurs faiblesses sont centrales malgrĂ© leurs superpouvoirs. Leur sens des valeurs ne laisse pas indiffĂ©rent. Une bonne histoire est avant un bon hĂ©ros. « Les Sentinelles » ont la chance d’en avoir trois.

Les Dardanelles imposent une unitĂ© de lieu. Nous ne quittons pas cette plage turque qui ressemble au fur et Ă  mesure des pages Ă  un cimetiĂšre en plein dĂ©veloppement. Cette sensation d’attente, cette disparition de tout espoir, ce fatalisme grandissant
 Tout est sublimĂ© par la narration de Dorison. Il arrive Ă  faire Ă©voluer ses personnages au grĂ© des Ă©vĂ©nements sans marquer de rupture trop forte. La rĂ©alitĂ© de la guerre transpire des planches. Elle ne nous laisse pas indemne. Le travail graphique d’Enrique Breccia sublime le dĂ©sespoir de cette bataille qui ne peut pas ĂȘtre gagnĂ©e mais que les autoritĂ©s refusent de perdre


L’intrigue en elle-mĂȘme est habilement construite. Les enjeux sont rapidement posĂ©s. Tout ce petit monde est rĂ©uni pour gagner plus qu’une bataille : une guerre. Dorison ne fait pas uniquement exister ses Sentinelles. Il laisse une place intĂ©ressante aux soldats britanniques ou australiens. L’immersion dans l’époque apparaĂźt crĂ©dible. Nous sommes touchĂ©s par bon nombre de protagonistes. L’auteur ne choisit pas son camp. Il nous fait dĂ©couvrir des horreurs. Certains passages sont quasiment muets pour laisse totalement la place au trait de Breccia. Il peut ainsi faire passer des sentiments forts par ses seules illustrations. Cet album marque un Ă©quilibre entre le texte et le dessin d’une rare finesse.

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Vous l’aurez compris, cet ouvrage m’a conquis. Je le trouve d’une grande qualitĂ©. Avant de m’y plonger, j’ai relu ses trois prĂ©dĂ©cesseurs. J’ai Ă©tĂ© impressionnĂ© par la force et l’intensitĂ© qui s’en dĂ©gage. « Avril 1915 Les Dardanelles » ne dĂ©roge pas Ă  cette rĂšgle. Il confirme que « Les Sentinelles » est une sĂ©rie unique dans son genre qui arrive Ă  sublimer un concept de dĂ©part original et novateur. Il ne reste plus maintenant qu’à attendre la suite. Mais cela est une autre histoire


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Note : 18/20

Uchronie(s), New Beijing, T3 – Eric Corbeyran & AurĂ©lien MoriniĂšre

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Titre : Uchronie(s), New Beijing, T3
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Aurélien MoriniÚre
Parution : Octobre 2014


« Uchronie(s) » est un des projets les plus ambitieux de la derniĂšre dĂ©cennie dans le l’univers fantastique du neuviĂšme art. Eric Corbeyran a fait naĂźtre trois trilogies se rejoignant dans un dixiĂšme opus. La particularitĂ© de ces histoires est qu’elles faisaient intervenir les mĂȘmes personnages dans trois rĂ©alitĂ©s parallĂšles. L’idĂ©e Ă©tait originale et la rĂ©alisation s’est montrĂ©e Ă  la hauteur de la force scĂ©naristique supposĂ©e.

Alors que l’aventure apparaissait conclue avec la sortie en librairie de « Epilogue » il y a presque quatre ans. C’était donc une surprise quand j’ai vu naĂźtre une suite il y a un petit peu plus de deux ans. Le cĂ©lĂšbre auteur crĂ©ait trois nouvelles rĂ©alitĂ©s intitulĂ©es « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». La critique d’aujourd’hui porte sur la conclusion de la premiĂšre citĂ©e.

UchroniesNewBeijingT3aLe troisiĂšme Ă©pisode de « New Beijing » est apparu en octobre dernier. Sa couverture Ă©tait originale car elle prĂ©sentait deux versions du mĂȘme protagoniste, chacun Ă©tant extrait de son propre monde. Il s’agit de Zack Kosinski, personnage central, de chaque trame quelle que soit leur origine. Comme son nom l’indique, le monde est ici sous domination chinoise. Les dirigeants politiques ont emprisonnĂ© Charles et Veronika Kosinski, parents du hĂ©ros. Ils sont de brillants scientifiques dont la plus belle dĂ©couverte est la fusion noire. Leur crĂ©ation permet de transition d’une rĂ©alitĂ© Ă  l’autre. Ce pouvoir donne libre cours Ă  toutes les imaginations.

Pas aussi enthousiasmant que la série originelle.

Comme l’indique son titre, la sĂ©rie exploite pleinement le concept de l’uchronie. TrĂšs Ă  la mode actuellement, cette mĂ©canique narrative offre des rĂ©sultats assez inĂ©gaux en termes de rĂ©sultat. Autant « Block 109 » est une belle rĂ©ussite Ă  mes yeux, autant « Jour J » est moins enthousiasmant. « New Beijing » est un cru Ă  la qualitĂ© correcte. Sans dĂ©gager le mĂȘme enthousiasme que la dĂ©calogie originelle, elle prĂ©sente une intrigue sĂ©rieuse et plutĂŽt prenante.

La premiĂšre rĂ©ussite de l’album est de crĂ©er de maniĂšre crĂ©dible une Chine rĂ©gnant sur le monde. Le fait de voir les parents Kosinski prisonniers permet de s’immerger dans les arcanes des dirigeants du Parti. L’ensemble apparaĂźt crĂ©dible. Le rĂ©alisme facilite notre entrĂ©e dans ce monde cousin du notre. Le cĂŽtĂ© « documentaire » de la lecture est intĂ©ressant et fait partie des atouts de la trilogie.

UchroniesNewBeijingT3bLes enjeux de l’histoire sont clairement Ă©tablis depuis l’épisode prĂ©cĂ©dent. Nous ne pouvons pas dire qu’ils Ă©voluent Ă©normĂ©ment dans ce nouvel album. Le dĂ©roulement du film conducteur se fait davantage Ă  un train de sĂ©nateur car qu’au rythme d’une course effrĂ©nĂ©e. Je ne renie pas le fait que les Ă©vĂ©nements avancent et que les rapports de force Ă©voluent un petit peu. MalgrĂ© tout, je ne peux pas affirmer non plus que nous assistons Ă  un grand chamboulement et Ă  un feu d’artifice de rĂ©vĂ©lation. La trilogie terminĂ©e, bon nombre de questions restent en suspens. Les rĂ©ponses arriveront peut-ĂȘtre dans les rĂ©alitĂ©s parallĂšles ou dans l’épilogue


Sur le plan graphique, le travail de d’AurĂ©lien MoriniĂšre est correct. Il permet une lecture aisĂ©e sans pour autant sublimer les textes. Les personnages sont aisĂ©ment reconnaissables malgrĂ© une densitĂ© de casting assez importante. Par contre, que ce soit le dĂ©coupage ou la mise en scĂšne des cases, rien de rĂ©volutionnaire n’est Ă  signaler. Les couleurs de Johann GorgiĂ© est dans cette lignĂ©e-lĂ . Le choix semble avoir Ă©tĂ© fait de privilĂ©gier le scĂ©nario aux illustrations. Pourquoi pas


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Au bilan, cet album conclut honorablement « New Beijing ». Les trois tomes sont d’une qualitĂ© assez constante. J’ai retrouvĂ© avec plaisir des personnages que j’avais appris Ă  apprĂ©cier durant les dix tomes prĂ©cĂ©dents. Je pense que cette premiĂšre nouvelle trilogie Ă  trouver son dĂ©nouement offre une suite honorable Ă  la dĂ©calogie initiale sans nĂ©anmoins en retrouver la magie et l’originalitĂ©. Il ne me reste plus qu’à dĂ©couvrir l’achĂšvement de « New Moscow » et « New Delhi ». Mais cela est une autre histoire


gravatar_ericNote : 12/20

Les chroniques d’un maladroit sentimental, T2 : L’enfant Ă  l’Ă©charpe – Vincent Zabus & Daniel Casanave

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Titre : Les chroniques d’un maladroit sentimental, T2 : L’enfant Ă  l’Ă©charpe
Scénariste : Vincent Zabus
Dessinateur : Daniel Casanave
Parution : Août 2014


Le premier tome des « Chroniques d’un maladroit sentimental » Ă©tait une bonne surprise. DotĂ© d’une narration originale et d’un personnage attachant, on adhĂ©rait pleinement Ă  l’ouvrage. Ce dernier aurait mĂȘme pu exister en tant que one-shot. Mais voilĂ  la suite qui arrive, intitulĂ© « L’enfant Ă  l’écharpe ». AprĂšs avoir passĂ© un tome Ă  essayer de juguler ses crises d’angoisse pour arriver Ă  inviter une femme Ă  aller boire un verre, voilĂ  que notre hĂ©ros se lance dans la paternité ! Le tout est publiĂ© sous forme d’album de 48 pages tout ce qu’il y a de plus classique chez Vents d’ouest.

GĂ©rard est donc parvenu Ă  sĂ©duire la belle Florence, mais celle-ci est dĂ©jĂ  mĂšre de trois enfants. Demain, GĂ©rard emmĂ©nage dans la maison familiale de sa chĂ©rie, celle qu’elle avait achetĂ© avec son ex
 Mais notre hĂ©ros ne se dĂ©monte pas et propose Ă  Florence de faire un enfant ensemble
 C’est le dĂ©but des problĂšmes !

Paternité, belle-filles et roi des Belges.

ChroniquesDUnMaladroitSentimental2aÉtrange choix des auteurs de plonger GĂ©rard dans la paternitĂ©. Surtout que lui qui avait tant de mal Ă  faire quoi que ce soit devient initiateur du projet. Mais soit, pourquoi pas. Le dĂ©but de l’ouvrage, consacrĂ© Ă  son emmĂ©nagement est parfaitement rĂ©ussi. On y voit le rapport entre GĂ©rard et ses belle-filles. On retrouve l’ambiance du premier tome et les apparitions du roi de Belgique rappellent celles, prĂ©cĂ©dentes, de la mĂšre. Mais une fois la grossesse lancĂ©e, on perd un peu le film, les hallucinations du personnage rendant le tout trĂšs confus. Clairement, la magie n’opĂšre pas aussi bien.

MalgrĂ© tout, ces « Chroniques d’un maladroit sentimental » gardent un charme particulier avec le personnage de GĂ©rard. Petite pique Ă  leurs lecteurs, les auteurs en font un collectionneur de BD (un peu nĂ©vrosé ).

ChroniquesDUnMaladroitSentimental2bC’est surtout le dessin de Daniel Casanave qui m’avait poussĂ© Ă  feuilleter le premier album. Son style semi-rĂ©aliste, trĂšs relĂąchĂ©, fait merveille. C’est dynamique et parfaitement adaptĂ© au propos. Les deux auteurs se sont bien trouvĂ©s et fonctionnent en pleine osmose. Les planches sont riches en cases, permettant d’instaurer de nombreux silences. Du beau travail de dĂ©coupage !

J’ai Ă©tĂ© un peu déçu par ce deuxiĂšme tome. Alors que GĂ©rard Ă©tait un personnage des plus angoissĂ©s dans le premier tome, il est beaucoup plus « normal » ici. C’est finalement un homme qui, comme n’importe quel homme, stresse avant l’arrivĂ©e de son premier enfant. La multiplication des hallucinations (le roi des belges, les souvenirs, les ex, etc.) brouillent un peu le propos lĂ  oĂč elles l’enrichissaient prĂ©cĂ©demment. Mais si vous avez apprĂ©ciĂ© le premier tome, ce second opus reste une lecture agrĂ©able en compagnie de GĂ©rard.

avatar_belz_jol

Note : 12/20