Chateaux Bordeaux, T5 : Le classement – Eric Corbeyran & EspĂ©

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Titre : ChĂąteaux Bordeaux, T5 : Le classement
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Espé
Parution : Septembre 2014


« ChĂąteaux Bordeaux » est une saga familiale nĂ©e de la collaboration d’Eric Corbeyran et d’EspĂ©. Elle nous immerge dans le quotidien d’un grand domaine viticole local. EditĂ© chez GlĂ©nat, cette aventure m’a attirĂ© par le nom de son scĂ©nariste plutĂŽt que par sa thĂ©matique. En effet, depuis ma rencontre avec « Le chant des Stryges », je suis avec attention les diffĂ©rentes parutions signĂ©es du cĂ©lĂšbre auteur bordelais. « Uchronie(s) » ou « Le MaĂźtre de jeu », fruits du mĂȘme arbre crĂ©atif, sont deux autres sĂ©ries que je conseille.

Contrairement Ă  ces derniĂšres intrigues, « ChĂąteaux Bordeaux » est dĂ©nuĂ© de toute trace de fantastique. Elle dĂ©bute par le dĂ©cĂšs de Monsieur Baudricourt, cĂ©lĂšbre gĂ©rant du « ChĂȘne Courbe ». La rĂ©partition de cet hĂ©ritage devenait donc un enjeu de taille. Les deux fils souhaitent vendre ce patrimoine qui n’a de grand que le nom prestigieux. Mais leur petite sƓur jusqu’alors exilĂ©e aux Etats-Unis, se fixe le dĂ©fi impossible de donner Ă  nouveau ses lettres de noblesse au domaine. Alexandra devient alors logiquement l’hĂ©roĂŻne de cette aventure.

ChateauxBordeaux5bLe dernier Ă©pisode en date est le cinquiĂšme de la sĂ©rie. Il s’intitule « Le classement » et est apparu dans les librairies il y a quelques mois. Depuis la reprise de l’entreprise familiale par Alex, les Ă©preuves se sont enchainĂ©es. Pour faire simple, chaque tome nous prĂ©sente un souci majeur dans la mission que s’est fixĂ©e la nĂ©o-propriĂ©taire. Ce nouvel opus est centrĂ© autour de l’appartenance du « ChĂȘne Courbe » Ă  un prestigieux classement de 1855 des vins du MĂ©doc.

Des enjeux dramatiques assez secondaires.

Les auteurs font l’effort de greffer sur la trame familiale, une rĂ©elle prĂ©sentation de l’univers viticole. Je dois vous avouer que ce milieu m’est inconnu et que la lecture de ces albums m’a appris Ă©normĂ©ment de choses dans le domaine. Si je regarde le verre Ă  moitiĂ© plein, je dirais que le travail de recherche de Corbeyran est de grande qualitĂ© et remarquablement exploitĂ©. La vision du verre Ă  moitiĂ© vide gĂ©nĂšre le sentiment que les enjeux dramatiques sont finalement assez secondaires en comparaison de la dimension documentaire de l’ensemble.

Le personnage d’Alexandra est attachant. DĂšs le dĂ©but, le lecteur souhaite sa rĂ©ussite et son bonheur. Les esprits chafouins lui reprocheront d’ĂȘtre dĂ©nuĂ© de toute zone d’ombre. Personnellement, j’ai acceptĂ© sans mal le cĂŽtĂ© parfait de l’hĂ©roĂŻne. J’ai Ă©tĂ© touchĂ© par sa fragilitĂ© et admirĂ© sa force face aux difficultĂ©s. Ce manichĂ©isme est partiellement nuancĂ© par une grande diversitĂ© de personnages secondaires. Certains d’entre eux soulĂšvent des interrogations quant Ă  leurs rĂ©els objectifs et alimentent ainsi positivement l’intrigue.

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Le regret que je ressens Ă  l’égard de ce bouquin est la faible densitĂ© narrative. Au final, une fois la lecture terminĂ©e, on ne peut pas dire que l’histoire est beaucoup avancĂ©e. Je comprends bien qu’il faut du temps pour faire un bon vin mais pour construire une belle saga, il n’est pas interdit de montrer un peu de rythme et d’intensitĂ© dans le dĂ©roulement des Ă©vĂ©nements. C’était dĂ©jĂ  le dĂ©faut des tomes prĂ©cĂ©dents et je ne peux pas dire que ce « Le Classement » dĂ©roge aux habitudes. C’est d’ailleurs cette fragilitĂ© qui fait disparaĂźtre petit Ă  petit l’aspect dramatique au profit du documentaire. Je trouve cela dommage.

Avant de conclure cette critique, je vais Ă©voquer rapidement les dessins d’EspĂ©. Loin de moi l’idĂ©e de nĂ©gliger le travail graphique mais disons que les illustrations offrent un support solide Ă  la narration mais ne la subliment pas. Les dĂ©cors sont travaillĂ©s, les personnages sont identifiables sans difficultĂ©. NĂ©anmoins, je ne peux pas dire que les pages soient habitĂ©s par une atmosphĂšre qui transpire et envahit le lecteur. Je pense que le trait d’EspĂ© est trop acadĂ©mique pour sublimer le propos.

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Au final, « Le classement » est un album honnĂȘte qui s’inscrit parfaitement dans la sĂ©rie Ă  laquelle il appartient. La qualitĂ© de cette saga est constante et c’est un aspect apprĂ©ciable car relativement rare. C’est une lecture qui se fait calmement, qui s’avĂšre agrĂ©able mais qui ne remue pas les tripes et ne chatouillent pas les Ă©motions. C’est dommage car je reste persuadĂ© que le terreau scĂ©naristique pourrait donner lieu Ă  une lecture plus grave et intense. Peut-ĂȘtre pour au prochain Ă©pisode ?

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Note : 12/20

 

Hommes Ă  la mer – Riff Rebs

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Titre : Hommes Ă  la mer
ScĂ©nariste : Riff Reb’s
Dessinateur : Riff Reb’s
Parution : Octobre 2014


Riffs Reb’s a frappĂ© fort avec ses adaptations littĂ©raires maritimes « A bord de l’étoile matutine » et « Le loup des mers ». Le voilĂ  qui referme ce triptyque avec « Hommes Ă  la mer ». Ce n’est pas un roman qui est cette fois adaptĂ©, mais huit nouvelles. On y voit passer Edgar Allan Poe, Robert Louis Stevenson, Jack London, Pierre Mac Orlan
 Le tout est publiĂ© chez Soleil, dans la collection Noctambule pour plus de 100 pages.

Le fait de choisir des nouvelles d’auteurs diffĂ©rents est Ă  la fois un dĂ©faut et une qualitĂ©. Ainsi, les styles sont trĂšs diffĂ©rents, aussi bien au niveau littĂ©raire (que l’on retrouve dans les narrations) que dans les sujets (mĂȘme si la mer reste Ă©videmment le dĂ©nominateur commun). Du coup, le lecteur est un peu remuĂ© entre nouvelles fantastiques, d’humour noir ou tragiques. MĂȘme chose pour les ambiances qui nous font passer du PĂŽle Sud aux CaraĂŻbes en passant par les cĂŽtes norvĂ©giennes.

Une diversité des thÚmes maritimes.

HommesALaMer1Cette diversitĂ© permet au lecteur de profiter de diffĂ©rentes facettes du rĂ©cit de la mer. Ainsi, certaines nouvelles font la part belle aux dialogues et au vocabulaire des marins. D’autres ne sont faits que d’une narration accompagnant les dessins de l’auteur. Ainsi, immanquablement, le lecteur sera transportĂ© par certains passages et beaucoup plus indiffĂ©rent Ă  d’autres. Ce manque de cohĂ©rence (et non de qualitĂ©) est dommageable.

Au-delĂ  de ces rĂ©serves, on retrouve tout le talent de l’auteur. Graphiquement, c’est splendide. Impossible de rester indiffĂ©rent devant ces planches oĂč les Ă©lĂ©ments se dĂ©chaĂźnent. Riff Reb’s excelle aussi bien dans les dĂ©cors de cĂŽtes dĂ©chirĂ©s, dans la reprĂ©sentation de la mer en tant que tel que dans les gueules de ses marins. C’est une vĂ©ritable claque visuelle qui nous est proposĂ© avec un auteur en pleine possession de ses moyens. Les ouvrages de ce triptyque sont parmi les plus impressionnants que j’ai pu lire.

En plus du trait, c’est l’ambiance qui est formidable. Colorisant les cases en monochrome (plus rarement en bichromie), Riffs Reb’s renforce l’atmosphĂšre. Chaque nouvelle possĂšde ainsi sa couleur (comme chaque chapitre possĂ©dait sa couleur prĂ©cĂ©demment). Mais le trait derriĂšre est riche et la mise en scĂšne formidable. Riff Reb’s est bien au-delĂ  de la simple illustration, la variation des plans et la fluiditĂ© de l’ensemble sont toujours au rendez-vous.

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« Hommes Ă  la mer » conclue donc ce triptyque marin de haute volĂ©e. Moins percutant puisque basĂ© sur plusieurs nouvelles, il n’en reste pas moins intĂ©ressant de par la variĂ©tĂ© des histoires proposĂ©es. Si vous avez succombĂ© au charme et Ă  la puissance des histoires maritimes de Riff Reb’s, il n’y a pas Ă  hĂ©siter.

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Note : 15/20

 

QuĂ©bec Land – Édouard BourrĂ©-Guilbert, Pauline Bardin & Aude Massot

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Titre : Québec Land
ScĂ©naristes : Édouard BourrĂ©-Guilbert & Pauline Bardin
Dessinatrice : Aude Massot
Parution : Juin 2014


 QuĂ©bec Land est un webcomics qui fut publiĂ© sur la plateforme Delitoon. Fort de son succĂšs, il a trouvĂ© preneur chez Sarbacane pour une Ă©dition papier de plus de 250 pages ! « QuĂ©bec Land » narre l’installation d’un couple de français au QuĂ©bec pour un an. On les accompagne donc dans leur dĂ©couverte du Canada francophone. Le tout est scĂ©narisĂ© par Édouard BourrĂ©-Guisbert et Pauline Bardin (le couple en question) et mis en dessin par Aude Massot.

QuĂ©bec Land est construit de façon chronologique. On assiste au dĂ©part de France, puis l’arrivĂ©e Ă  QuĂ©bec, puis l’installation, puis la recherche de travail, etc. Cette construction par chapitres Ă©tait bien pensĂ©e pour une publication web (et donc par sĂ©quences), c’est moins pertinent ici. Les auteurs ont fait le choix de prĂ©senter le tout sous forme d’assemblages d’anecdotes trĂšs gĂ©nĂ©rales. Ainsi, on ne suit jamais le quotidien du couple et le tout reste trĂšs froid. Les personnages sont tellement peu construits que ça pourrait ĂȘtre n’importe qui. Il manque une originalitĂ©. A trop vouloir ĂȘtre universel, « QuĂ©bec Land » manque de personnalitĂ©. On en vient Ă  penser Ă  toute la sĂ©rie des « Guides du  ». On a l’impression d’ĂȘtre devant un « Guide du QuĂ©bec » (le terme est d’ailleurs utilisĂ© en sous-titre). Avec tous les dĂ©fauts du genre.

Un manque d’approfondissement du contenu et des personnages.

QuebecLand2Ce manque d’empathie envers les personnages empĂȘche donc le livre d’ĂȘtre touchant. Malheureusement, les tentatives d’humour tombent un peu Ă  l’eau. C’est donc vers la dĂ©couverte du QuĂ©bec que se placent nos espoirs. HĂ©las, lĂ  aussi ce n’est pas bien palpitant. Car ce que l’on retient au final c’est qu’il y a beaucoup d’écureuil et que l’on tutoie son boulanger. Sinon, il fait froid et il y a des caribous.

La publication web a aussi son impact sur le rythme de l’ensemble. Le format A5 est petit et la forte pagination de l’ensemble cache un peu le manque d’approfondissement de l’ensemble. Car Ă  chaque fin de chapitre, on se dit : « c’est tout ? » Il manque clairement une analyse supplĂ©mentaire pour que le livre gagne en intĂ©rĂȘt. Tout cela est superficiel et malgrĂ© le nombre important de pages, cela se lit trĂšs vite. Il suffit de comparer Ă  ce que peut produire Guy Delisle de ses voyages (mĂȘme si les pays dans lesquels il a vĂ©cu sont plus Ă©loignĂ©s du notre) pour comprendre combien ce « QuĂ©bec Land » effleure son sujet.

Le travail d’Aude Massot au dessin est plutĂŽt plaisant et agrĂ©able Ă  regarder. TrĂšs moderne et bloguesque, il est percutant et sait proposer des dĂ©cors de QuĂ©bec et des environs suffisamment travaillĂ©s pour que l’on s’y croit. Dommage que la construction pour le web empĂȘche des mises en scĂšne plus poussĂ©es et que l’ensemble se limite parfois Ă  la carte postale. C’est difficile de connaĂźtre les libertĂ©s rĂ©elles qu’a eues la dessinatrice sur le projet.

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Ce « QuĂ©bec Land » prĂ©sente donc peu d’intĂ©rĂȘt. Trop froid, pas assez drĂŽle, il apporte beaucoup moins d’information qu’un guide classique qui sera plus complet et pas forcĂ©ment beaucoup moins chaleureux. IndĂ©niablement, le livre plaira Ă  ceux qui rĂȘvent du QuĂ©bec ou qui se rappelleront avec nostalgie de leur passage lĂ -bas. Pour les autres, passez votre chemin.

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Note : 6/20

Saga Valta, T2 – Jean Dufaux & Mohamed Aouamri

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Titre : Saga Valta, T2
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Mohamed Aouamri
Parution : Juin 2014


 Jean Dufaux est un scĂ©nariste reconnu. « Murena », « Barracuda » ou « Conquistador » sont ses derniĂšres sĂ©ries dans lesquelles j’ai pris plaisir Ă  me plonger. L’auteur possĂšde une capacitĂ© remarquable Ă  insĂ©rer les arcanes de ses intrigues dans un univers dense et envoutant. Le Rome de « Murena » ou les pirates de « Barracuda » m’ont complĂštement happĂ©. « Saga Valta », sujet de ma critique, s’inscrit dans un monde nordique et rude. En prĂ©lude de l’album, Jean Dufaux Ă©voque sa fascination pour ces lĂ©gendes islandaises du treiziĂšme siĂšcle et indique que cette nouvelle aventure n’est que le premier chapitre de son immersion dans cette mythologie.

SagaValta2aL’album Ă©voquĂ© aujourd’hui est le second tome de l’aventure. Sa parution chez « Le Lombard » date du mois de juin dernier. Il ne clĂŽt pas l’histoire comme j’avais cru le comprendre. Le dĂ©nouement est annoncĂ© pour le troisiĂšme acte. « Elle aimait, oui. Mais dans le dĂ©shonneur et la trahison. Jusqu’à mettre le pays Ă  fleur et Ă  sang. Alors, les dieux dĂ©cidĂšrent d’intervenir
 VoilĂ  ce que raconte la Saga. » Tels sont les mots qui habillent la quatriĂšme de couverture de l’ouvrage. La recette semble ĂȘtre un classique de la cuisine du neuviĂšme. Le fait que la trame s’inscrive dans les mythes nordiques sous-entendait l’aspect conventionnel des enjeux. Cette absence supposĂ©e d’originalitĂ© ne me dĂ©rangeait dans le sens oĂč toute vieille recette cuisinĂ©e avec talent se dĂ©guste toujours avec appĂ©tit.

Un héros légendaire en devenir.

L’épisode initial m’avait plu. Le chemin jalonnĂ© m’intriguait. L’empathie Ă  l’égard du personnage principal Ă©tait immĂ©diate. Voir son amour pur ĂȘtre interdit pour des histoires de code social est une maniĂšre efficace de conquĂ©rir l’affection du lecteur. La mĂ©thode reste toujours aussi efficace. Valgar dĂ©veloppe son aura Ă  travers ses valeurs de noblesse et de courage. Il ne semble possĂ©der aucun dĂ©faut mais n’est pas pour autant dĂ©nuĂ© de faiblesses. Ces fissures consolident son statut de hĂ©ros lĂ©gendaire en devenir.

SagaValta2bUne des forces, Ă  mes yeux, de cet album est sa densitĂ© scĂ©naristique. La lecture ne souffre d’aucun temps mort. Les Ă©vĂ©nements s’enchaĂźnent avec une cadence soutenue et attise avec constance le feu de la curiositĂ©. Mais le dĂ©roulement de l’histoire n’est pas assimilable Ă  un tourbillon effrĂ©nĂ©. La narration  alterne des scĂšnes de bataille ou de combat avec des moments plus intimistes et calmes. Sur un principe proche, l’auteur arrive Ă  faire exister Ă  la fois des moments rudes avec des instants plus doux et positifs. Cette grande variĂ©tĂ© enrichit indĂ©niablement le propos et alimente l’attrait du lecteur pour les aventures de Valgar.

Les dessins participent Ă©galement activement au plaisir ressenti en dĂ©couvrant les planches. J’ai dĂ©couvert le travail de Mohamed Aouamri Ă  travers cette sĂ©rie et ne regrette pas la rencontre. Son trait arrive Ă  dĂ©velopper une atmosphĂšre envoutante. Le dĂ©paysement est immĂ©diat. DĂšs les premiĂšres pages, l’immersion dans ce monde nordique est intense. Que ce soit la nuit ou le jour, que nous nous trouvions en forĂȘt, dans une grotte ou une hutte, chaque moment transpire de cette ambiance de guerriers vikings. C’est avec joie que j’ai retrouvĂ© ce climat ensorcelant.

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Pour conclure, je dirai que ce second tome de « Saga Valta » est de bonne facture. Il offre une intrigue dense et captivante. Il pourrait lĂ©gitimement lui ĂȘtre reprochĂ© de manquer d’originalitĂ© ou de ne pas rĂ©volutionner le genre. NĂ©anmoins, cela ne m’a pas dĂ©rangĂ© car le travail fourni conjointement par le scĂ©nariste et le dessinateur gĂ©nĂšre une lecture agrĂ©able. N’est-ce pas lĂ  l’essentiel ? Je pense que les adeptes d’aventures nordiques et mĂ©diĂ©vales devraient y trouver leur compte. Ce n’est dĂ©jĂ  pas si mal


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Note : 14/20

Top 2014

C’est avec plaisir que nous vous prĂ©sentons le top de nos lectures des bande-dessinĂ©es publiĂ©es en 2014. Un top forcĂ©ment incomplet puisque nous n’avons pas lu l’intĂ©gralitĂ© des ouvrages sortis cette annĂ©e-lĂ .

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Titre : Blast, T4 : Pourvu que les bouddhistes se trompent
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet

« Pourvu que les bouddhistes se trompent » conclue avec maestria cette grande saga. La derniĂšre partie de l’ouvrage est une invitation Ă  la redĂ©couvrir avec un regard neuf. Cette sĂ©rie est une Ɠuvre majeure de ma bibliothĂšque. Je pense que je m’y plongerai rĂ©guliĂšrement quitte Ă  prendre du plaisir de lecteur Ă  souffrir. « Blast », c’est une expĂ©rience qui ne laisse pas indemne


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Les sentinelles 4


Titre : Les sentinelles, T4 : Avril 1915 : Les Dardanelles
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Enrique Breccia

Cet ouvrage m’a conquis. Je le trouve d’une grande qualitĂ©. Avant de m’y plonger, j’ai relu ses trois prĂ©dĂ©cesseurs. J’ai Ă©tĂ© impressionnĂ© par la force et l’intensitĂ© qui s’en dĂ©gage. « Avril 1915 Les Dardanelles » ne dĂ©roge pas Ă  cette rĂšgle. Il confirme que « Les Sentinelles » est une sĂ©rie unique dans son genre qui arrive Ă  sublimer un concept de dĂ©part original et novateur. Il ne reste plus maintenant qu’à attendre la suite. Mais cela est une autre histoire


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Mars


Titre : Mars !
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre

« Mars ! » est une belle rĂ©ussite. J’ai passĂ© un trĂšs bon moment en le lisant et n’hĂ©siterai pas Ă  m’y plonger Ă  nouveau pour redĂ©couvrir les pĂ©rĂ©grinations de ce groupe de bras cassĂ©s. Je ne peux donc que vous inciter Ă  partir Ă  la rencontre de cette aventure pas comme les autres


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TuMourrasMoinsBete3


Titre : Tu mourras moins bĂȘte, T3 : Science un jour, science toujours !
Scénariste : Marion Montaigne
Dessinatrice : Marion Montaigne

Marion Montaigne dĂ©veloppe une Ɠuvre basĂ©e sur l’humour et la vulgarisation scientifique. « Tu mourras moins bĂȘte » apporte sa pierre Ă  l’édifice avec brio. Ce troisiĂšme tome permet Ă  la sĂ©rie de passer un cap supplĂ©mentaire Ă  tous les niveaux. On peut donc se dire que l’on mourra moins bĂȘte aprĂšs lecture de l’ouvrage, mais aussi avec le sourire aux lĂšvres.

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Titre : Pascal Brutal, T4 : Le roi des hommes
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf

Avec son quatriĂšme opus, « Pascal Brutal » ne faiblit pas. L’univers et le personnage créés par Riad Sattouf possĂšdent une vĂ©ritable originalitĂ© et l’auteur sait les utiliser sans se rĂ©pĂ©ter. Une des grandes bande-dessinĂ©es d’humour de ces derniĂšres annĂ©es, dans la plus pure tradition Fluide Glacial !

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L'ArabeDuFutur1


Titre : L’arabe du futur, T1 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984)
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf

J’ai dĂ©vorĂ© cet ouvrage et ait y trouvĂ© beaucoup d’intĂ©rĂȘt. C’est une belle autobiographie que nous propose Riad Sattouf. Dur avec un peu tout le monde, il n’épargne personne. A la fermeture de l’ouvrage, on n’attend qu’une seule chose : lire la suite !

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Titre : Les vieux fourneaux, T1 : Ceux qui restent
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Paul Cauuet

« Les vieux fourneaux » est une bande-dessinĂ©e rĂ©ussie. DotĂ© de personnages hauts en couleur et d’un dessin parfaitement adaptĂ©, elle aurait pu ĂȘtre un one-shot percutant. Mais les auteurs ont prĂ©fĂ©rĂ© en faire une sĂ©rie. EspĂ©rons que la suite saura confirmer les qualitĂ©s de ce premier tome drĂŽle et attachant. Des qualitĂ©s que le tome 2 a su confirmer !

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Titre : De cape et de crocs, T11 : Vingt mois avant
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou

Ce onziĂšme tome relance une nouvelle intrigue avec talent. MĂȘme si on se retrouve bien devant un livre d’introduction, les qualitĂ©s de la sĂ©rie sont bien lĂ . C’est avec un bonheur Ă©vident que j’ai parcouru ce tome, avant de le relire au plus vite pour profiter de toutes ses subtilitĂ©s. Et on n’attend qu’une seule chose : la suite !

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UneAnneeAuLycee


Titre : Une année au lycée
Scénariste : Fabrice Erre
Dessinateur : Fabrice Erre

« Une annĂ©e au lycĂ©e » est un ouvrage rĂ©ussi. En utilisant parfaitement les absurditĂ©s du monde du lycĂ©e, Fabrice Erre lui donne de la force par son trait. Quand on voit la tĂȘte du prof, trĂšs satisfait de voir les Ă©lĂšves grĂ©vistes ne pas arriver Ă  faire se calmer une classe, tout est dit ! Un bel ouvrage, forcĂ©ment un peu rĂ©servĂ© Ă  ceux pour qui l’éducation nationale n’est pas qu’un souvenir de jeunesse.

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LaLuneEstBlanche


Titre : La Lune est blanche
Scénariste : Emmanuel Lepage
Dessinateur : Emmanuel Lepage
Photographie : François Lepage

« La Lune est blanche » est un ouvrage comme on n’en retrouve peu. Abordant un sujet trĂšs particulier et dotĂ© d’images splendides, il ne laissera personne indiffĂ©rent. Je regrette cependant que l’ouvrage soit avant tout un carnet de voyage, centrĂ© sur les auteurs. J’aurais prĂ©fĂ©rĂ© un ouvrage avec plus de recul.

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Les grands « vainqueurs » de ce top sont donc Fabrice Erre et Riad Sattouf qui parviennent à caser deux ouvrages différents dans ce top ! Mais la victoire revient à Fabrice Erre qui a su convaincre les deux rédacteurs du blog indifféremment !

Les naufragĂ©s d’Ythaq, T12 : Les clefs du NĂ©ant – Christophe Arleston & Adrien Floch

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Titre : Les naufragĂ©s d’Ythaq, T12 : Les clefs du NĂ©ant
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Adrien Floch
Parution : Septembre 2014


 « Les naufragĂ©s d’Ythaq » est une des nombreuses sĂ©ries au long cours scĂ©narisĂ©es par Christophe Arleston. Le crĂ©ateur de Lanfeust est productif et s’est spĂ©cialisĂ© dans la fantasy grand public. Il possĂšde une capacitĂ© rĂ©elle Ă  faire cohabiter aventure et humour. A contrario, ses productions ont le dĂ©faut de voir leur qualitĂ© narrative rĂ©gresser au fur et Ă  mesure des tomes. « Les forĂȘts d’Opale » sont un exemple d’histoire attrayante au dĂ©but et de plus en plus dĂ©cevante depuis.

« Les naufragĂ©s d’Ythaq » appartient Ă  cette catĂ©gorie. Les premiers opus Ă©taient vraiment rĂ©ussis. Les pĂ©rĂ©grinations de Granite et ses acolytes sur une planĂšte n’apparaissant sur une aucune carte Ă©taient accompagnĂ©es d’un mystĂ©rieux intĂ©ressant. Le casting offrait une grande variĂ©tĂ© de personnalitĂ©s et dĂ©clenchait une grande empathie Ă  l’égard des hĂ©ros. HĂ©las, la deuxiĂšme partie du premier cycle s’avĂ©rait bancale et sans grand intĂ©rĂȘt. Le dĂ©nouement Ă©tait dĂ©cevant et avait fait oublier le bonheur ressenti lors de la dĂ©couverte.

LesNaufragĂ©sd'Ythaq12bArleston et Floch ont Ă©crit une suite Ă  cette premiĂšre fin. Depuis le dixiĂšme Ă©pisode, l’intrigue s’inscrit dans un second cycle. Ma premiĂšre impression Ă©tait mitigĂ©e. La trame n’avait, Ă  mes yeux, pas trouvĂ© son second souffle. NĂ©anmoins, le plaisir de retrouver les protagonistes m’incitent Ă  accepter les faiblesses scĂ©naristiques. C’est ainsi que je me suis procurĂ© le dernier album paru. IntitulĂ© « Les clĂ©s du nĂ©ant », il est apparu dans les rayons de librairie en octobre dernier.

« Narvarth, Granite, Callista et Krurgor sont de retour sur leur planĂšte. Seul Narvarth dispose des clefs qui permettent de passer dans l’univers parallĂšle, celui d’Ythaq. Mais cette infinitĂ© de mondes nouveaux Ă  portĂ©e de main et les richesses qu’ils augurent excitent bien des convoitises  » VoilĂ  la mise en bouche prĂ©sentĂ©e par la quatriĂšme de couverture. Elle pose les jalons des enjeux mis en place suite aux Ă©vĂ©nements du neuviĂšme acte de la saga.

Une curiosité ravivée.

La machine narrative avait un petit peu de mal Ă  se mettre en route. L’ensemble apparaissait brouillon et manquait cruellement de rythme. J’espĂ©rais que la machine se mettrait en route et trouverait sa vitesse de croisiĂšre lors de cette lecture. Ce tome s’avĂšre meilleur que les prĂ©cĂ©dents. Les Ă©vĂ©nements sont plus frĂ©quents et l’ensemble avance Ă  un rythme plus soutenu. Il conclut finalement la mise en place dĂ©butĂ©e dans « «Nehorf-Capitol Transit ». Je regrette que cela ne se soit pas fait plus rapidement car la situation qui conclut ce tome aurait pu quasiment ĂȘtre atteinte en trois fois moins de pages. NĂ©anmoins, tout vient Ă  qui sait attendre
 Ma curiositĂ© qui Ă©tait en hibernation a Ă©tĂ© ravivĂ©e. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’elle est intense mais la phase de rĂ©veil est en cours. Le scĂ©nario introduit des rebondissements pas inintĂ©ressants.

LesNaufragĂ©sd'Ythaq12cLe support politique est classique mais exploitĂ© sĂ©rieusement. La perspective d’avoir accĂšs Ă  un monde parallĂšle plein de richesses inexploitĂ©es alimente les appĂ©tits. Les discours officiels sont contredits par des opĂ©rations officieuses. L’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral est mis en balance avec des intĂ©rĂȘts plus personnels. L’environnement des hĂ©ros semble ĂȘtre occupĂ© par davantage de mĂ©chants que de gentils. Il est difficile de cerner les personnes fiables. Cette dimension nĂ©buleuse quant aux objectifs rĂ©els des uns et des autres est un aspect qui entretient l’attrait de la lecture.

Le dĂ©roulement du fil conducteur laisse ainsi moins de place aux s d’action. Ce n’est pas une mauvaise chose de mon point de vue. Un des dĂ©fauts de bon nombre de sĂ©ries est de remplir les LesNaufragĂ©sd'Ythaq12dvides scĂ©naristiques par des batailles rĂ©pĂ©titives et sans originalitĂ©. Ce n’est ici pas le cas et cela permet de savourer les moments de combat ou de poursuite. La diminution de la frĂ©quence de ces temps belliqueux fait que l’exigence Ă  leurs Ă©gards est moindre et permet de les savourer avec plaisir malgrĂ© leurs imperfections.

Comme souvent avec Arleston, le ton est lĂ©ger et l’humour est un argument de poids. L’ingrĂ©dient comique est une nouvelle fois utilisĂ© mais avec une relative parcimonie. Il ne s’agit pas de l’épisode le plus dĂ©lurĂ©. Je le regrette un petit peu. Peut-ĂȘtre est-ce dĂ» Ă  la place laissĂ©e Ă  la politique ? En tout cas, j’ai moins souri qu’aux plus grandes heures de la saga.

Sur le plan graphique, cet opus remplit aisĂ©ment le cahier des charges. Le trait d’Adrien Floch correspond parfaitement au ton créé par le scĂ©nario d’Arleston. Le dessinateur maĂźtrise autant les personnages que les dĂ©cors. Il arrive Ă©galement Ă  gĂ©rer avec talent les scĂšnes d’action que ce soit des poursuites ou des combats. Son style participe activement Ă  l’atmosphĂšre dynamique de l’ensemble.

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Pour conclure, « Les clefs du nĂ©ant » marque une Ă©volution positive de la sĂ©rie. Sans atteindre la rĂ©ussite des premiers Ă©pisodes, il se montre plus agrĂ©able que les derniers en date. Il ne reste donc plus qu’à espĂ©rer qu’il ne s’agit pas d’un feu de paille et que la suite confirmera cette progression. Mais cela est une autre histoire


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Note : 11/20

La lune est blanche – Emmanuel Lepage & François Lepage

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Titre : La Lune est blanche
Scénariste : Emmanuel Lepage
Dessinateur : Emmanuel Lepage
Photographie : François Lepage
Parution : Septembre 2014


AprĂšs « Les Ăźles de la dĂ©solation », il est proposĂ© Ă  Emmanuel Lepage de rĂ©diger un livre sur l’Antarctique et la base Dumont d’Urville. Il intĂšgre alors au projet avec son frĂšre François, photographe de son Ă©tat. Le projet est des plus excitants : les deux frĂšres doivent participer au Raid, une expĂ©dition de ravitaillement de la base Concordia situĂ©e en plein milieu du continent. C’est donc un documentaire Ă  quatre mains qui nous est proposĂ©, pour plus de 200 pages. Le tout est publiĂ© chez Futuropolis.

LaLuneEstBlanche2J’avais Ă©tĂ© sĂ©duit par le dessin magnifique de Lepage pour « Un printemps Ă  Tchernobyl ». Je relance donc la machine avec cet ouvrage aurĂ©olĂ© de critiques toutes plus enthousiasmantes les unes que les autres. Je retrouve ainsi le style de l’auteur : le rĂ©cit est beaucoup centrĂ© sur lui-mĂȘme (et son frĂšre) et propose quelques explications historiques qui agrĂ©mente le reste. Beaucoup de contemplations, de descriptions de personnes. Tout cela un peu au dĂ©triment de l’aspect technique.

Un carnet de voyage plus qu’un documentaire.

Difficile de ne pas dĂ©crire ce qui m’a gĂȘnĂ© sans spoiler un petit peu le tout. Le dĂ©but est trĂšs long et parle avant tout de l’excitation des deux frĂšres Ă  l’idĂ©e de faire le raid. C’est finalement le fil rouge du livre : pourront-ils faire le raid ? Cet aspect hautement Ă©gocentrique m’a profondĂ©ment gĂȘnĂ©. Car pour pouvoir faire le raid, les auteurs n’hĂ©sitent pas Ă  abandonner le but premier du livre : dĂ©crire la base Dumont d’Urville. Ainsi, je me suis senti spolié : le livre porte majoritairement sur le raid et le voyage en bateau. C’est trĂšs intĂ©ressant bien entendu, mais quand le raid se termine, le livre aussi. Quid de Concordia ? Du retour ? Rien ! D’ailleurs, un dossier en fin de livre expĂ©die le tout avec quelques textes et des photos.

LaLuneEstBlanche1PassĂ© cette dĂ©ception, force est de constater que le livre est splendide. C’est certainement l’une de plus belles bande-dessinĂ©es que j’ai pu lire. Car au-delĂ  de son talent graphique, Emmanuel Lepage sait aussi parfaitement gĂ©rer sa mise en page, inventive et variĂ©e. Je suis en revanche beaucoup plus dubitatif sur l’apport des photos de François Lepage, qui arrivent comme un cheveu sur la soupe et n’apporte rien de plus que ce que les dessins de son frĂšre exprime. Ses textes sont intĂ©ressants, mais le travail Ă  quatre mains m’a semblĂ© peu pertinent. AprĂšs, il est difficile de mesurer l’impact de chacun dans le scĂ©nario et la construction de l’ouvrage.

MĂȘme si le livre souffre parfois de longueurs, on est happĂ© du dĂ©but jusqu’à la fin par cette histoire et ce voyage vers des terres si hostiles. Difficile de ne pas ressentir l’envie de dĂ©couvrir tout cela par nous-mĂȘmes et de s’intĂ©resser au sujet de plus prĂšs. Emmanuel Lepage sait capter l’attention du lecteur.

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« La Lune est blanche » est un ouvrage comme on n’en retrouve peu. Abordant un sujet trĂšs particulier et dotĂ© d’images splendides, il ne laissera personne indiffĂ©rent. Je regrette cependant que l’ouvrage soit avant tout un carnet de voyage, centrĂ© sur les auteurs. J’aurais prĂ©fĂ©rĂ© un ouvrage avec plus de recul.

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Note : 16/20

Universal War Two, T2 : La terre promise – Denis Barjam

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Titre : Universal War Two, T2 : La terre promise
Scénariste : Denis Barjam
Dessinateur : Denis Barjam
Parution : Septembre 2014


 Ma dĂ©couverte de la science-fiction dans le neuviĂšme date de ma rencontre avec Baltimore, Paulo, Amina, Kalish et tous les autres. Ils formaient l’escadrille Purgatory dans une grande saga interstellaire intitulĂ©e « Universal War One ». Le premier cycle se composait de six Ă©pisodes d’une densitĂ© et d’un attrait constants. J’en avais savourĂ© la conclusion car je la trouvais rĂ©ussie, originale et bien construite.

C’est avec joie que j’ai accueilli la naissance d’une suite Ă  cette belle et longue aventure. En effet, le premier tome de « Universal War Two » est apparu il y a deux ans. Sa lecture m’a confirmĂ© que Denis Bajram n’avait Ă©garĂ© ni son talent ni son sĂ©rieux en offrant un album de qualitĂ© qui posait de nouveaux jalons intĂ©ressants. Le deuxiĂšme acte de ce nouveau cycle, « La terre promise », est sorti en librairie le vingt-quatre septembre dernier. Il est le thĂšme de ma critique du jour.

UW22a« La PremiĂšre Guerre Universelle a Ă©tĂ© apocalyptique, manquant d’anĂ©antir l’humanitĂ©. Dans le systĂšme solaire, la situation des survivants reste bien prĂ©caire. Ce semblant de paix vient d’ĂȘtre brisĂ© par un effrayant et mystĂ©rieux ennemi, capable de faire disparaĂźtre le Soleil lui-mĂȘme ! RĂ©fugiĂ©s sur la lointaine Canaan, les plus sages humains ne savent que plus que faire. Ce conflit embrasera-t-il toute la galaxie ? Ici continue la DeuxiĂšme Guerre Universelle. »

Un certain manichéisme.

C’est avec ses mots que l’auteur nous prĂ©sente les enjeux de ce nouvel affrontement. Je dois vous prĂ©venir que se lancer dans cette suite sans aucune connaissance du conflit prĂ©cĂ©dent me semble pĂ©rilleux. En effet, « UW1 » possĂšde une densitĂ© telle qu’elle est un prĂ©requis, de mon point de vue, indispensable Ă  l’enchaĂźnement vers cette nouvelle lecture. L’univers est complexe et le scĂ©nario riche. Bajram s’évertue Ă  en rappeler les grandes dates au cours de ce nouvel album mais je ne suis pas sĂ»r que cela suffise pour maĂźtriser l’ensemble de la trame.

UW22cLe tome prĂ©cĂ©dent m’avait plu et rassurĂ© quant Ă  la qualitĂ© de ce nouveau dĂ©part. J’apprĂ©hende souvent les suites ou les spins offs. Ils sont trop souvent d’immenses dĂ©ceptions dont le succĂšs surfe sur la nostalgie de ses lecteurs envers l’Ɠuvre originale. « UW2 » ne semblait pas appartenir Ă  cette catĂ©gorie. J’étais donc plein d’entrain en dĂ©couvrant les premiĂšres pages de « La terre promise ». Je n’ai eu aucun mal Ă  m’y immerger. J’ai retrouvĂ© avec plaisir les personnages et avec curiositĂ© une situation pour le moins instable. Les gentils et les mĂ©chants Ă©taient bien marquĂ©s. On pourrait dĂ©noncer un certain manichĂ©isme. La gentille est vraiment trĂšs gentille et le mĂ©chant dĂ©nuĂ© de toute qualitĂ© apparente. NĂ©anmoins, cela permet une empathie assez forte Ă  l’égard de ThĂ©a. A l’opposĂ©, son cousin est profondĂ©ment antipathique.

Sur le mĂȘme principe, la trame est plus claire que dans le prĂ©cĂ©dent cycle. Je ne sous-entends pas que la narration manque d’attraits ou de densitĂ©. Mais, je ne retrouve pas la complexitĂ© jouissive des six premiers albums. Les Ă©vĂ©nements s’enchaĂźnent de maniĂšre linĂ©aire et laisse moins le lecteur dans l’ombre. Sous certains aspects, je regrette de ne pas avoir besoin de lire plusieurs fois chaque planche avant d’en comprendre tous les messages. La lecture est maintenant plus aisĂ©e. Elle est agrĂ©able mais pas aussi mĂ©morable.

Sur le plan graphique, le trait de Barjam conserve sa prĂ©cision. Il arrive Ă  crĂ©er un univers trĂšs prĂ©cis et rĂ©aliste. Chaque vaisseau et chaque bĂątiment sont prĂ©cisĂ©ment affinĂ©s. Les scĂšnes spatiales restent mes prĂ©fĂ©rĂ©es. Je les savoure d’autant plus qu’elles sont plus rares que prĂ©cĂ©demment du fait du scĂ©nario. L’ambiance est crĂ©dible mais le dĂ©paysement est moins intense qu’au dĂ©but. Il faut dire que le lecteur a pris ses habitudes


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Pour conclure, « La terre promise » est une suite honnĂȘte et rĂ©ussie aux aventures des descendants de Kalish. Sa dimension futuriste et sa capacitĂ© Ă  jouer avec le voyage dans le temps continue Ă  me ravir. Le cĂŽtĂ© mystĂ©rieux de ce triangle reste constant et alimente la curiositĂ©. Le fait que « UW2 » me fasse moins chavirer que « UW1 » ne m’empĂȘche de conseiller les adeptes du genre. La qualitĂ© est toujours là


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Note : 13/20

Une annĂ©e au lycĂ©e – Fabrice Erre

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Titre : Une année au lycée
Scénariste : Fabrice Erre
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Avril 2014


Fabrice Erre est dessinateur de bande-dessinĂ©e. Mais comme nombre de ses collĂšgues, il possĂšde un « vrai » mĂ©tier lui permettant de vivre dignement : enseignant d’histoire-gĂ©ographie en lycĂ©e. ForcĂ©ment, la tentation de raconter son quotidien face aux Ă©lĂšves Ă©tait trop tentant. VoilĂ  qu’il nous propose un ouvrage autobiographique, « Une annĂ©e au lycĂ©e ». Le tout est publiĂ© chez Dargaud et pĂšse pas moins de 153 pages !

L’auteur dĂ©marre donc l’annĂ©e avec la fin des vacances et termine le tout avec le dĂ©but des vacances. On retrouve donc les premiers contacts avec la classe jusqu’au bac. Fabrice Erre a l’avantage d’avoir des secondes, des terminales (qui prĂ©parent le bac) et d’ĂȘtre professeur principal. Cela permet de balayer un large spectre de situations. DĂšs le dĂ©part, l’auteur nous prĂ©vient : oui, tout est romancĂ© (heureusement d’ailleurs). Chaque scĂšne est donc un condensĂ© de vĂ©cu, clairement concentrĂ© pour en amĂ©liorer l’aspect comique.

On sent le vécu !

Fabrice Erre joue la carte de l’autodĂ©rision dĂšs le dĂ©part. Il se dessine bien plus vieux qu’il ne l’est et n’hĂ©site pas Ă  se montrer sous un jour peu reluisant. Et c’est lĂ  oĂč la bande-dessinĂ©e est rĂ©ussie. Erre est un professeur normal : aussi bien il peut avoir des fulgurances pour adapter son cours Ă  ses Ă©lĂšves (et mĂȘme faire preuve d’ouverture dans les discussions), aussi bien il merdouille bien par moments ! L’humour fonctionne trĂšs bien et il n’est pas rare de rire devant les gags et remarques lues. C’est lĂ  oĂč « Une annĂ©e au lycĂ©e » supplante des BDs comme « Les profs ». On sent le vĂ©cu, l’absurde des remarques, les situations qui dĂ©rapent


L’auteur nous propose deux types de scĂšnes. Les premiĂšres sont classiques et montrent le prof avec ses collĂšgues ou les Ă©lĂšves. Les deuxiĂšmes sont des purs dĂ©lires oĂč Erre fait des parallĂšles entre un univers (la guerre par exemple) et l’enseignement. Elles sont globalement aussi rĂ©ussie et cela permet de rythmer l’album qui pourrait paraĂźtre rĂ©pĂ©titif si les scĂšnes de classe s’enchaĂźnaient mĂ©thodiquement.

Au niveau du dessin, c’est quand mĂȘme un peu lĂ©ger. Les dĂ©lires sont plus travaillĂ©s graphiquement mais les scĂšnes de classe sont peu ouvertes Ă  l’expĂ©rimentation graphique. L’auteur se contente de dessiner les personnages, qu’il fait trĂšs expressifs. En soit, ce choix est pertinent car l’auteur se focalise sur les rĂ©actions et les dialogues, qui font l’essence d’une classe. Le tout est colorisĂ© en bichromie (sauf des exceptions lors des dĂ©lires de l’auteur).

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« Une annĂ©e au lycĂ©e » est un ouvrage rĂ©ussi. En utilisant parfaitement les absurditĂ©s du monde du lycĂ©e, Fabrice Erre lui donne de la force par son trait. Quand on voit la tĂȘte du prof, trĂšs satisfait de voir les Ă©lĂšves grĂ©vistes ne pas arriver Ă  faire se calmer une classe, tout est dit ! Un bel ouvrage, forcĂ©ment un peu rĂ©servĂ© Ă  ceux pour qui l’éducation nationale n’est pas qu’un souvenir de jeunesse.

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Note : 16/20

Et pour poursuivre l’expĂ©rience : http://uneanneeaulycee.blog.lemonde.fr/

Mars ! – Fabrice Erre & Fabcaro

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Titre : Mars !
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Août 2014


J’ai dĂ©couvert le duo formĂ© par Fabrice Erre et Fabcaro en lisant les deux chapitres de « Z comme Diego », digression humoristique dans l’univers du cĂ©lĂšbre hĂ©ros masquĂ©. J’avais beaucoup ri en suivant les maladresses de l’incompĂ©tent Diego dans son rĂŽle de Zorro. RĂ©cemment, j’ai retrouvĂ© avec plaisir Fabrice Erre quand il dĂ©crit son quotidien d’enseignant dans le sympathique et divertissant « Une annĂ©e au lycĂ©e ». C’est donc avec plaisir que j’ai vu par hasard dans les rayons d’une librairie « Mars ! ». Cet ouvrage coĂ©crit par les deux auteurs est de format carrĂ© et se compose de soixante-quatre planches. EditĂ© chez « Fluide Glacial », il coĂ»te quinze euros.

L’histoire est simple. Elle nous conte l’envol d’une navette française vers Mars. Nous suivons donc le point de vue des astronautes, du prĂ©sident de la RĂ©publique, des ingĂ©nieurs au sol et du français lambda qui vit l’évĂ©nement devant sa tĂ©lĂ©vision. Je ne vous dĂ©voilerai pas tout ce qui se passe mais sachez que tout ce beau monde ne sort pas grandi de cette aventure spatiale !

La dĂ©sacralisation de la conquĂȘte spatiale est hilarante.

Mars1De la mĂȘme maniĂšre que dans « Z comme Diego », les pages se dĂ©composent en scĂ©nette de trois cases contant chacune une anecdote dĂ©lurĂ©e et dĂ©calĂ©e autour de ce projet d’ampleur. L’aĂ©ronautique n’en sort pas grandi mais par contre nos zygomatiques adorent ! La densitĂ© humoristique du propos est forte et la qualitĂ© constante du dĂ©but Ă  la fin. Les rebondissements et les surprises sont nombreux ! La dĂ©sacralisation de la conquĂȘte spatiale est hilarante.

Cette lecture s’adresse Ă  un public trĂšs large. Les vannes utilisent une grande variĂ©tĂ© d’ingrĂ©dients pour faire rire. L’immense majoritĂ© des chutes sont surprenantes. Chaque nouvelle scĂšne alimente la curiositĂ© du fait de sa qualitĂ© comique. L’attrait constant facilite l’immersion dans l’univers de cette aventure spatiale pas comme les autres. L’humour alimente l’humour et les rires se succĂšdent au rythme de dĂ©filement des pages.

Mars3Comme que je l’évoquais prĂ©cĂ©demment, les auteurs ne se contentent pas de nous faire le quotidien du cockpit de la station et du poste de commandement au sol. Nous dĂ©couvrons Ă©galement les arcanes de la gestion politique pour le moins originale de nos dirigeants. Nous ne passons pas non plus Ă  cĂŽtĂ© des sentiments vĂ©cus par le français moyen qui voit devant sa tĂ©lĂ©vision l’Histoire s’écrire. Cette diversitĂ© de points de vue alimente le concentrĂ© de drĂŽleries qui compose ce  « Mars ! ».

Le dessin de Fabrice Erre est aisĂ©ment reconnaissable. Je sais que certains lecteurs le trouvent bĂąclĂ© et s’avĂšrent assez hermĂ©tique Ă  son style. Je peux le comprendre aisĂ©ment. NĂ©anmoins, personnellement, je trouve que le trait coĂŻncide parfaitement Ă  avec le ton dĂ©lurĂ© et dĂ©calĂ© de l’album. En tout cas, les couleurs vives qui accompagnent la lecture sont apprĂ©ciables et participent Ă  la bonne humeur dĂ©gagĂ©e.

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Pour conclure, « Mars ! » est une belle rĂ©ussite. J’ai passĂ© un trĂšs bon moment en le lisant et n’hĂ©siterai pas Ă  m’y plonger Ă  nouveau pour redĂ©couvrir les pĂ©rĂ©grinations de ce groupe de bras cassĂ©s. Je ne peux donc que vous inciter Ă  partir Ă  la rencontre de cette aventure pas comme les autres


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Note : 16/20