De cape et de crocs, T11 : Vingt mois avant – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T11 : Vingt mois avant
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2014


« De cape et de crocs » est une sĂ©rie exceptionnelle. DotĂ©e d’un univers original, les tomes s’enchaĂźnaient tout en gardant une qualitĂ© scĂ©naristique et graphique incroyable. AprĂšs dix opus, Ayroles (au scĂ©nario) et Masbou (au dessin), avait clĂŽt leur Ă©popĂ©e au grand dam des fans. Mais dĂ©jĂ  ils annonçaient un spin-off sur le personnage d’EusĂšbe. Croyant voir venir un one shot, quelle ne fut ma surprise de voir que ce nouveau livre est considĂ©rĂ© comme le onziĂšme de la sĂ©rie. Bien nommĂ© « vingt mois avant », il revient sur les raisons qui menĂšrent EusĂšbe aux galĂšres oĂč l’on le retrouvait dans l’histoire. Le tout est publiĂ© chez Delcourt.

EusĂšbe est de loin le personnage le plus attachant de la sĂ©rie. Petit lapin blanc dont la naĂŻvetĂ© n’a d’égal que le courage, il est le spĂ©cialiste des petites bĂȘtises. Son histoire Ă©tait devenue un running-gag de la sĂ©rie. On apprenait par bribes son passĂ©. Et quand il avait commencĂ© Ă  s’exprimer, apprenant qu’il avait Ă©tĂ© garde du cardinal, Lope ne pouvait s’empĂȘcher de lui rĂ©pliquer un cinglant « EusĂšbe, ce n’est pas bien de mentir ! » Il y Ă©tait question Ă©galement d’un jumeau malĂ©fique qui l’avait fait condamnĂ© Ă  sa place
 VoilĂ  dĂ©sormais l’occasion de savoir comment EusĂšbe va se retrouver aux galĂšres !

Nouveaux enjeux, de nouveaux personnages et nouveaux lieux.

DeCapeEtDeCrocs11bContinuer la sĂ©rie en ne rĂ©cupĂ©rant qu’un seul personnage est un dĂ©fi Ă  la hauteur d’Ayroles et Masbou. En effet, « De cape et de crocs » dĂ©veloppaient de nombreux personnages attachant qui Ă©voluaient beaucoup dans leurs relations au fil des pages. MalgrĂ© la dĂ©nomination de onziĂšme tome, on a bien le dĂ©but d’une nouvelle sĂ©rie ici. On dĂ©couvre de nouveaux enjeux, de nouveaux personnages et de nouveaux lieux. C’est donc en chemin pour Paris que nous retrouvons EusĂšbe qui part se faire engager chez les gardes du cardinal.

MalgrĂ© tout, on reste connecté ! On retrouve quelques allusions au premier tome de « De cape et de crocs ». On y voit EusĂšbe apprendre Ă  faire le rat ou on croise Ă©galement Montmorency, le fameux basset que Lope dit avoir occis dans les premiĂšres pages de la sĂ©rie
 Sentant ces rĂ©fĂ©rences, je me suis empressĂ© de relire les dix tomes pour profiter pleinement de l’ouvrage. Clairement, l’indĂ©pendance de ce spin-off envers la sĂ©rie originelle est toute relative.

DeCapeEtDeCrocs11cConcernant le scĂ©nario, on retrouve la mĂȘme ambiance. EusĂšbe est naĂŻf et il lui arrive plein de malheurs. Mais il rebondit toujours et sait s’en sortir car, aprĂšs tout, il est tellement mignon
 Le scĂ©nario est dense et vise avant tout Ă  nous prĂ©senter une galerie de personnages qui seront, on l’imagine, dĂ©veloppĂ©s par la suite. On sourit beaucoup, on rit parfois. Ayroles et Masbou n’ont rien perdu de leur superbe.

Le dessin est toujours splendide. Masbou est en pleine possession de ses moyens et prĂ©sente un Paris crĂ©dible et vivant. Son travail sur les couleurs lui permet d’asseoir diffĂ©rentes ambiances sans problĂšme. « De cape et de crocs » tient clairement son rang de sĂ©rie culte Ă©galement grĂące Ă  son dessin personnel et virtuose. Les dĂ©tails s’accumulent et une deuxiĂšme lecture est nĂ©cessaire pour pleinement profiter de tous.

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Ce onziĂšme tome relance une nouvelle intrigue avec talent. MĂȘme si on se retrouve bien devant un livre d’introduction, les qualitĂ©s de la sĂ©rie sont bien lĂ . C’est avec un bonheur Ă©vident que j’ai parcouru ce tome, avant de le relire au plus vite pour profiter de toutes ses subtilitĂ©s. Et on n’attend qu’une seule chose : la suite !

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Note : 17/20

 

LAP ! – AurĂ©lia Aurita

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Titre : LAP !
Scénariste : Aurélia Aurita
Dessinatrice : Aurélia Aurita
Parution : Janvier 2014


Les prĂ©cĂ©dents livres d’AurĂ©lia Aurita ne m’avaient pas laissĂ© un souvenir forcĂ©ment positif. Mais en voyant son livre « LAP ! » (sous-titrĂ© « un roman d’apprentissage »), je n’ai pu m’empĂȘcher de retourner lire un livre de cette dessinatrice. En effet, le LAP est l’acronyme du LycĂ©e AutogĂ©rĂ© de Paris. C’est un lycĂ©e particulier oĂč les profs et les Ă©lĂšves sont (thĂ©oriquement) Ă  Ă©galitĂ© et oĂč chacun s’occupe du fonctionnement du lycĂ©e (mĂ©nage, cuisine
). C’est aussi et surtout un endroit expĂ©rimental oĂč une autre façon d’enseigner est testĂ©e depuis maintenant trente ans. Étant enseignant, j’étais curieux de connaĂźtre un peu mieux le fonctionnement du LAP. Le tout est Ă©ditĂ© aux Impressions Nouvelles et pĂšse environ 140 pages pour un format A5.

Le parallĂšle avec « Retour au CollĂšge » de Riad Sattouf s’impose immĂ©diatement. AurĂ©lia Aurita est lĂąchĂ©e en cours et parmi les Ă©lĂšves et un lien se crĂ©e rapidement. Difficile d’ĂȘtre objective, surtout que l’auteure est encore jeune et que les Ă©lĂšves ont, par essence mĂȘme, un rapport aux adultes particuliers. AprĂšs une mise en situation classique sous forme d’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, on dĂ©couvre peu Ă  peu le fonctionnement du LAP avec ses votes, ses embrouilles, ses cours originaux. Le tout est dĂ©crit assez objectivement, dans le sens oĂč les aspects nĂ©gatifs sont signalĂ©s rĂ©guliĂšrement. Cependant, l’auteure n’hĂ©site pas Ă  se reprĂ©senter trĂšs perturbĂ©e par ce qu’il se passe au lycĂ©e. C’est le syndrĂŽme du jeune prof : l’envie que tout le monde rĂ©ussisse, la difficultĂ© de mettre une barriĂšre et ne pas trop tomber dans l’affectif avec les Ă©lĂšves. Clairement, au LAP, c’est encore plus fort ! Il n’est mĂȘme pas cachĂ© que des relations prof/Ă©lĂšve ont rĂ©guliĂšrement Ă©clatĂ©.

La partie gestion mise en avant

AurĂ©lia Aurita semble avoir Ă©tĂ© traumatisĂ©e par l’enseignement puisqu’elle est trĂšs mal Ă  l’aise quand il faut assister Ă  un cours. Du coup, elle n’en parle que de façon anecdotique et c’est bien dommage. C’est avant tout la partie gestion qui est mise en avant. Alors certes, le lycĂ©e est autogĂ©rĂ© et sa partie gestion est bien Ă©videmment au cƓur du projet. Mais les enseignements font Ă©galement la part belle aux expĂ©rimentations. Finalement, c’est un grand recueil de tĂ©moignages qui nous est prĂ©sentĂ©. Pour rester objective, la dessinatrice analyse finalement peu ce qu’elle voit. On la sent sĂ©duite par le lieu et les gens (d’autant plus qu’elle n’est qu’observatrice, ce qui est un rĂŽle plus confortable). Mais il y a un vrai manque de recul, de comparaison avec les lycĂ©es classiques.

Concernant le dessin, je trouve qu’AurĂ©lia Aurita fait du beau travail. Je n’étais pas fan de son trait, mais elle a progressĂ© et propose un dessin expressif et pertinent, surtout que le livre est fait Ă  90% de dialogues. Le lavis accompagne bien le trait dynamique de l’auteure.

Mi-figue, mi-raisin pour ce « LAP ! ». Si ce qui nous est prĂ©sentĂ© est intĂ©ressant et la lecture est plaisante, on sent quand mĂȘme que tout un pan de ce lycĂ©e n’est pas traitĂ©. Ainsi, on n’est presque jamais en salle de classe. Repaire de gauchistes pour les uns, Ă©tablissement novateur pour les autres, il y a peu de chance que la lecture du livre vous fasse changer d’avis. Cela risque plus de confirmer vos a priori. A lire si vous aimez les documentaires en bande-dessinĂ©e.

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Note : 13/20

Pierre Tombal, T30 : Questions de vie ou de mort – Raoul Cauvin & Marc Hardy

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Titre : Pierre Tombal, T30 : Questions de vie ou de mort
Scénariste : Raoul Cauvin
Dessinateur : Marc Hardy
Parution : Avril 2014


Pierre Tombal est un hĂ©ros qui est nĂ© pour moi dans la bibliothĂšque de mes parents. J’ai lu et relu la petite quinzaine d’album du cĂ©lĂšbre fossoyeur qui agrĂ©mentait les Ă©tagĂšres familiales. Les annĂ©es passant, je n’ai jamais coupĂ© le lien avec ce hĂ©ros assez unique dans son genre. Je m’offre rĂ©guliĂšrement un recueil de ses aventures comme on s’autoriserait une jolie pĂątisserie au dĂ©tour d’une rue. Le dernier des Ă©pisodes que je me suis offert est le trentiĂšme de la sĂ©rie. Il s’intitule « Questions de vie et de mort ». Sorti en avril dernier, il est l’Ɠuvre conjointe du scĂ©nariste Raoul Cauvin et du dessinateur Marc Hardy. Les couleurs sont confiĂ©es au Studio Cerise.

Le site BD Gest’ (www.bdgest.com) prĂ©sente l’album avec les mots suivants : « Qui a dit qu’avec la mort, tout s’arrĂȘte ? Certainement pas Pierre Tombal, qui gĂšre au quotidien ses pensionnaires du cimetiĂšre avec leurs hauts, leurs bas, leurs doutes et leurs chamailleries. PerpĂ©tuellement taquinĂ©e par la Vie, Mme la Mort n’entend pas cĂ©der un pouce de terrain aux effronteries des uns et des autres. ƒil pour Ɠil, dent pour dent, telle est sa devise ! Et ce n’est pas toujours de tout repos  » 

PierreTombal30aPierre Tombal est fossoyeur. Nous partageons son quotidien tout au long des quarante-cinq planches qui se dĂ©coupent en gags allant chacun de une Ă  trois pages. Les auteurs nous font visiter un cimetiĂšre tout au long de la lecture. Les rencontres sont nĂ©cessairement originales et cocasses. Je trouve l’idĂ©e inĂ©dite et habilement exploitĂ©e depuis tant d’annĂ©es. J’étais confiant quant au bonheur que m’inspirerait ce nouveau tome.

Pourquoi construire une sĂ©rie humoristique au milieu des tombes funĂ©raires ? Ce sont des lieux gĂ©nĂ©ralement associĂ©s Ă  la douleur, la tristesse, l’abandon ou la perte. Les blagues s’appuient rarement sur cet endroit-lĂ  et les comĂ©dies naviguent peu dans ces eaux. Cela rend l’idĂ©e intrigante et intĂ©ressante. Elle attise la curiositĂ©. Le potentiel comique du concept Ă©tait nĂ©buleux mais le jeu mĂ©ritait d’ĂȘtre tentĂ©. La plume de Raoul Cauvin allait valider ce choix. La premiĂšre rĂ©ussite est son hĂ©ros. Pierre Tombal est un fossoyeur sympathique et attachant. Il se montre accueillant envers le lecteur. Ce n’est pas la moindre des qualitĂ©s tant elle semble antinomique des dĂ©cors qui l’abritent. Il arrive Ă  rendre son mĂ©tier passionnant et plein d’aventures.

“La Faucheuse devient la vraie star de l’histoire. “

Les premiers tomes se contenaient au monde des vivants. Au fur et Ă  mesure de la parution des albums, d’autres protagonistes sont intervenus. Les premiers Ă  entrer dans la danse sont les locataires des lieux : les morts. Ils interagissent avec le fossoyeur et les visiteurs et font ainsi naĂźtre une corde scĂ©naristique riche. Enfin, les auteurs ont personnalisĂ© la Mort et la Vie. L’idĂ©e est prenante car la Faucheuse devient mĂȘme la vraie star de l’histoire.

PierreTombal30cCette diversitĂ© d’angles d’attaque permet de varier la structure des gags. A ce niveau-lĂ , ce trentiĂšme opus est une rĂ©ussite. Depuis toujours, Pierre Tombal conte aux visiteurs de son cimetiĂšre des causes ou des circonstances de dĂ©cĂšs abracadabrantesques. L’imagination de Cauvin dans le domaine n’est pas Ă©culĂ©e. Il offre des anecdotes trĂšs drĂŽles mettant en jeu un accident d’avion ou une manƓuvre de Heimlich par exemple. Mais la vie dans ce lieu de repos Ă©ternel ne se rĂ©sume Ă  cela. La dimension professionnelle du fossoyeur est utilisĂ©e pour nous faire rire. Le vidage de l’ossuaire devient un moment trĂšs plaisant pour le lecteur.

Une sociĂ©tĂ© de l’au-delĂ  identique Ă  celle des vivants.

Mais les auteurs ne se contentent d’exploiter le lieu du cĂŽtĂ© des vivants. Les morts sont les vraies stars de cet album. Un des principes de base posĂ© par le scĂ©nariste est que la sociĂ©tĂ© de l’au-delĂ  est rĂ©gie d’une maniĂšre identique que celle qui nous est familiĂšre. Il est dĂ©sopilant de voir un mort refusĂ© de voir sa tombe dĂ©localisĂ©e, de subir les excĂšs d’un mort internĂ© psychiatrique ou de dĂ©couvrir la maniĂšre utilisĂ©e par un dĂ©funt pour rĂ©pondre Ă  son courrier. LĂ  encore, le terreau narratif s’avĂšre trĂšs fertile.

Il reste un dernier axe comique Ă  l’aura certaine : la Mort. MĂȘme si elle cohabite avec la Vie dans le quotidien de Pierre Tombal, c’est elle qui est la vraie star. Il faut dure que la dĂ©couvrir sous sa capuche brune escortĂ©e de sa lĂ©gendaire faux gĂ©nĂšre une plus forte personnalitĂ© que la jeune fille qui reprĂ©sente la Vie. Tout en conservant son pouvoir de nuisance certain, la grande faucheuse possĂšde ici des faiblesses. Cet album l’expose dĂ©pressive, jalouse, heureuse, dans le doute, reconnaissante, mĂ©chante
 Bref, l’échantillon Ă©motionnel est large et prĂ©sente une vision des plus originales de la Mort. Cet axe est parfaitement cultivĂ© dans « Questions de vie et de mort » pour la plus grande joie du lecteur.

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Le dessin de Marc Hardy accompagne merveilleusement les gags. Son style possĂšde une vraie identitĂ© et il se retrouve qu’elle s’accorde avec le ton de la narration. Pierre Tombal est un hĂ©ros au caractĂšre graphique certain. Les diffĂ©rents visiteurs qui agrĂ©mentent les histoires sont Ă©galement bien construits. Enfin, j’apprĂ©cie particuliĂšrement les expressions des morts que je trouve hilarantes. Pour conclure, « Questions de vie et de mort » est un bon cru. Il est rare de voir un album composĂ© de gags courts ĂȘtre d’une qualitĂ© constante. C’était un plaisir de la lire et ce sera une joie de s’y replonger Ă  l’occasion


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Note : 14/20

Top BD des blogueurs – Octobre 2014

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Le Top BD des blogueurs est un collectif rassemblant des blogs de critiques de bande-dessinĂ©es. DĂšs qu’un titre possĂšde au moins trois notes, il entre dans le top. Vous pouvez dĂ©couvrir chaque mois les cinquante titres les mieux notĂ©s.
1- (N) La lune est blanche 19.17
Emmanuel Lepage, François Lepage, Futuropolis
2- (N) Yossel, 19 avril 1943       19
Joe Kubert, Delcourt
Jiro Taniguchi, Casterman
4- (N) Sharaz-de   18.67
Sergio Toppi, Mosquito
5- (=) Asterios Polyp     18.65
David Mazzuchelli, Casterman
6- (=) Persépolis    18.64
Marjanne Satrapi, L’Association
7- (=) Ceux qui me restent  18.63
Damien Marie, Laurent Bonneau, Bamboo
8- (=) Le loup des mers 18.55
Riff Reb, Soleil
9- (=) Idées Noires       18.5
Franquin, Fluide Glacial
10- (=) NonNonBù         18.5
Shigeru Mizuki, Cornélius
11- (=) Maus        18.49
Art Spiegelmann, Flammarion
12- (=) Le pouvoir des Innocents Cycle 2- Car l’enfer est ici   18.41
13- (=) Tout seul            18.38
Christophe ChaboutĂ©, Vents d’Ouest
14- (=) Le sommet des dieux       18.33
Yumemuka Bura, JirĂŽ Taniguchi, Casterman
Tome 1,Tome 2,Tome 3, Tome 4, Tome 5.
Emmanuel Lepage, Futuropolis
16- (=) Daytripper           18.27
Fabio Moon, Gabriel Ba, Urban Comics
17- (=) V pour Vendetta  18.22
Alan Moore, David Lloyd, Delcourt
18- (=) Le Grand pouvoir du Chninkel   18.19
Van Hamme, Rosinski, Casterman
19- (=) Universal War One   18.14
Denis Bajram, Soleil
BenoĂźt Zidrou, Roger, Dargaud
21- (-) Les vieux fourneaux tome 1   18.11
Wilfrid Lupano, Paul Cauuet, Dargaud
22- (=) Les ombres     18.1
Zabus, Hippolyte, Phébus
23- (=) Abélard     18.04
RĂ©gis HautiĂšre, Renaud Dillies, Dargaud
Jérémy Bastian, Editions de la Cerise
25- (=) Le muret    18
Pierre Bailly, CĂ©line Fraipont, Casterman
26- (=) Il était une fois en France    17.98
Fabien Nury, Sylvain Vallée, Glénat
27- (=) Habibi       17.95
Craig Thompson, Casterman
28- (=) Herakles    17.92
Edouard Cour, Akileos
29- (=) Les derniers jours d’un immortel     17.92
Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval, Futuropolis
30- (=) Gaza 1956     17.92
Joe Sacco, Futuropolis
31- (+)Melvile     17.88
Romain Renard, Le Lombard
32- (=) Scalped            17.86
Jason Aaron, R.M. Guerra, Urban Comics
33- (=) Manabé Shima 17.83
Florent Chavouet, Editions Philippe Picquier
34- (=) Trois Ombres       17.78
Cyril Pedrosa, Delcourt
L. Seksik, G. Sorel, Casterman
36- (=) Anjin-san    17.75
Georges Akiyama, Le LĂ©zard Noir
37- (=) Joker                17.75
Brian Azzarello, Lee Bermejo, Urban Comics
38- (=) Mon arbre     17.75
SĂ©verine Gauthier, Thomas labourot, Delcourt
39- (=) L’histoire des trois Adolf,              17.75
Osamu Tezuka, Tonkam
40- (=) Blankets  17.73
Craig Thompson, Casterman
L. Brunschwig, L. Hirn, Futuropolis
42- (=) Holmes               17.7
Luc Brunschwig, Cecil, Futuropolis
43- (=) Calvin et Hobbes,              17.7
Bill Watterson, Hors Collection
44- (=) Les seigneurs de Bagdad  17.7
Brian K. Vaughan, Niko Henrichon, Urban Comics
45- (-) Urban              17.69
Luc Brunschwig, Roberto Ricci, Futuropolis
Tome 1, Tome 2, Tome 3,
46- (=) Washita     17.69
Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5.
47- (=) Lorenzaccio              17.67
RĂ©gis Peynet, 12 Bis
48- (=) Match!   17.67
Grégory Panaccione, Editions Delcourt
49- (N) Mots rumeurs, mots cutter    17.67
Charlotte Bousquet, Stéphanie Rubini, Gulf Stream Editeur
50- (=) Tokyo Home  17.67
Thierry Gloris, Cyrielle, Kana

Le siĂšcle des ombres, T5 : La trahison – Eric Corbeyran & Michel Suro

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Titre : Le siĂšcle des ombres, T5 : La trahison
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Michel Suro
Parution : Mars 2014


« Le chant des stryges » est un univers crĂ©Ă© par Eric Corbeyran. Ce thriller fantastique s’étale sur une quinzaine d’albums dĂ©composĂ©s en trois saisons. Je suis un grand fan de cette aventure aux arcanes complexes. Mais ce projet ne s’arrĂȘte pas Ă  cette sĂ©rie. Des sagas cousines sont nĂ©es telles que « Le clan des chimĂšres » ou « Le MaĂźtre de jeu ».  De qualitĂ©, elles ont dĂ©veloppĂ© l’univers de ses grands monstres ailĂ©s que sont les stryges. La derniĂšre-nĂ©e s’intitule « Le SiĂšcle des ombres ». Elle aussi scĂ©narisĂ©e par Eric Corbeyran, elle est dessinĂ©e par Michel Suro dĂ©jĂ  Ă  l’Ɠuvre dans « Le clan des chimĂšres ». Cette histoire vient de voir paraĂźtre son cinquiĂšme Ă©pisode il y a quelques mois. Cet album, Ă©ditĂ© chez Delcourt, s’intitule « La trahison ».

« 1751. Quelques dĂ©cennies avant la RĂ©volution française, un vent d’idĂ©es nouvelles souffle Ă  travers l’Europe. Un vent de progrĂšs et de liberté  Mais au cƓur de ce SiĂšcle des lumiĂšres, la dĂ©couverte d’une Ă©trange mĂ©tĂ©orite Ă  l’autre bout du monde ravive de vieux antagonismes. Au service du cardinal d’OrciĂšres, Cylinia et Abeau de Roquebrune se lancent alors aux trousses du baron d’Holbach, philosophe et encyclopĂ©diste Ă©clairĂ©, qu’ils soupçonnent d’ĂȘtre insaisissable Sandor G. Weltman. Cette traque se double d’une lutte acharnĂ©e pour la possession de cette pierre aux mystĂ©rieux pouvoirs  »

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Prioritairement, « Le siĂšcle des ombres » s’adresse aux lecteurs assidus de « Le chant des stryges ». L’histoire s’insĂšre chronologiquement entre « Le clan des chimĂšres » et la sĂ©rie mĂšre. Elle permet de retrouver des personnages connus tels que Weltman, Cylinia et Abeau. MalgrĂ©, un lecteur qui dĂ©couvrirait l’univers des Stryges Ă  travers cette sĂ©rie ne sera pas totalement perdu. En effet, l’intrigue s’avĂšre finalement assez indĂ©pendante.

La trame se dĂ©roule au dix-huitiĂšme siĂšcle durant le siĂšcle des LumiĂšres. Les premiĂšres avaient bien exploitĂ©es la dimension historique et philosophique de l’époque. D’Holbach est un proche de Diderot ou Rousseau. Il participe Ă  la rĂ©daction de l’EncyclopĂ©die. Son opposition idĂ©ologique avec les instances religieuses de l’Eglise est exploitĂ©e par le scĂ©nario. Je trouvais cet aspect trĂšs intĂ©ressant. L’immersion dans la pĂ©riode historique ne se rĂ©duit pas Ă  sa dimension politique. Il est dommage que cette richesse soit moins prĂ©sente dans ce dernier opus. La narration s’y centre exclusivement sur l’opposition entre Cylinia et d’Holbach. Le choix de ne pas laisser de place importante aux philosophes et aux pontes chrĂ©tiens est regrettable de mon point de vue. Leur prĂ©sence et leurs Ă©changes participaient au rĂ©alisme du voyage temporel que nous offrait « Le siĂšcle des ombres ».

“Le dĂ©roulĂ© des Ă©vĂ©nements apparaĂźt diluĂ©.”

LeSiecleDesOmbres5bConcernant l’avancĂ©e de la trame, j’avais notĂ© un ralentissement du rythme dans le tome prĂ©cĂ©dent. J’espĂ©rais donc que ce nouvel acte reprenne la vitesse de croisiĂšre qui habitait les trois opus initiaux. HĂ©las, je dois dire que l’heure Ă©tait plus Ă  la dĂ©cĂ©lĂ©ration qu’à l’accĂ©lĂ©ration. Le dĂ©roulĂ© des Ă©vĂ©nements m’apparaĂźt diluĂ©. Certaines planches auraient gagnĂ© Ă  ĂȘtre raccourcies. Elles n’apportent pas grand-chose Ă  l’atmosphĂšre de la narration et ne font pas du tout avancer le propos. En poussant Ă  l’extrĂȘme mon sentiment, j’ai tendance Ă  croire que les deux derniers tomes n’auraient pu en faire qu’un sans que l’histoire soit Ă©dulcorĂ©e. Cela aurait densifiĂ© le scĂ©nario et aurait ainsi maintenu mon attention plus concentrĂ©e sur la durĂ©e.

En lisant une critique sur le site www.planetebd.com, j’ai appris que ce cycle doit se composer de six tomes. J’en dĂ©duis logiquement que « La trahison » en est donc l’avant-dernier. Cela peut expliquer le ton de cet opus. A dĂ©faut de faire vivre une succession de rebondissements et de rĂ©vĂ©lations, il a tendance Ă  remettre toutes les piĂšces de l’intrigue en place. Les objectifs des uns et des autres sont clarifiĂ©s et tout ce beau monde semble se prĂ©parer pour la lutte finale. Ce choix est cohĂ©rent et classique. Mon regret est qu’il y ait eu besoin de quarante-huit planches pour que la situation s’éclaire.

LeSiecleDesOmbres5cLes dessins sont l’Ɠuvre de Michel Suro. Comme je l’ai dit prĂ©cĂ©demment, il avait dĂ©jĂ  illustrĂ© « Le clan des chimĂšres ». A l’époque, je n’étais pas tombĂ© sous le charme de son trait auquel j’étais peu sensible. Ce sentiment peut s’expliquer par la rupture graphique qu’il offrait Ă  l’univers par rapport au style de Richard GuĂ©rineau en charge des planches de « Le chant des stryges ». A priori, mes goĂ»ts artistiques ont Ă©voluĂ© car son travail sur « Le siĂšcle des ombres » et particuliĂšrement « La trahison » ne m’a pas dĂ©rangĂ©. Au contraire, je trouve qu’il accompagne agrĂ©ablement la lecture. Je ne peux pas dire que je sois tombĂ© sous le charme de certaines de son Ɠuvre mais je lui reconnais un vrai talent pour crĂ©er des dĂ©cors et des personnages. De plus, il est autant Ă  l’aise dans des scĂšnes de dialogues que d’action. C’est apprĂ©ciable car cette sĂ©rie alterne les deux de maniĂšre Ă©quivalente.

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Au final, mon sentiment en refermant l’ouvrage est mitigĂ©. J’ai pris plaisir Ă  retrouver les personnages et Ă  voir avancer la trame. NĂ©anmoins, je suis frustrĂ© par la sensation de statu quo de la situation et par la mise en retrait des aspects philosophiques et religieux des dĂ©bats. MalgrĂ© tout, cela ne m’empĂȘchera pas de guetter la sortie du prochain et dernier tome qui devrait rĂ©pondre Ă  bon nombre de questions et Ă©clairer les zones d’ombre qui accompagnent les Stryges. Mais cela est une autre histoire


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Note : 11/20

Les vieux fourneaux, T1 : Ceux qui restent – Wilfrid Lupano & Paul Cauuet

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Titre : Les vieux fourneaux, T1 : Ceux qui restent
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Paul Cauuet
Parution : Avril 2014


 Wilfrid Lupano est l’un des scĂ©naristes qui monte. For de plusieurs succĂšs et sachant s’entourer de dessinateurs talentueux, il est devenu synonyme d’auteur Ă  suivre. « Les vieux fourneaux » ne dĂ©roge pas Ă  la rĂšgle. DotĂ©e de critiques trĂšs positives et du Prix des libraires de bande dessinĂ©e 2014, il n’en fallait pas plus pour que je m’y intĂ©resse. Il est accompagnĂ© au dessin par Paul Cauuet, que je ne connaissais pas. Le tout est publiĂ© chez Dargaud pour un total de 56 pages. Ce tome 1 est nommĂ© « ceux qui restent ». Le succĂšs de la sĂ©rie a, depuis, vu paraĂźtre une suite. Je prĂ©cise tout de suite que ce premier tome se suffit Ă  lui-mĂȘme.

LesVieuxFourneaux1aLe titre de l’album est assez explicite : on s’intĂ©resse ici Ă  une bande de personnes ĂągĂ©es qui viennent rendre hommage Ă  l’une de leur amie, dĂ©cĂ©dĂ©e. Le thĂšme de « vieux fourneaux » prend d’autant plus de sens lorsque l’on apprend qu’ils ont tous travaillĂ© dans la mĂȘme usine et ont montrĂ© un activisme syndical particuliĂšrement important. Mais quand l’un d’eux pĂšte les plombs lorsque le notaire dĂ©voile certains secrets, ses copains se serrent les coudes pour lui Ă©viter de faire une connerie.

“Des portraits plein de vie et de caractĂšre.”

Trois grands thĂšmes viennent se tĂ©lescoper dans cette sĂ©rie. La vieillesse bien Ă©videmment, mais aussi l’amitiĂ© et la lutte des classes.  Au milieu de tout ça, la petite fille de Lucette vient apporter sa fraĂźcheur et son dĂ©calage par rapport Ă  nos vieux bonhommes. Ces portraits sont plein de vie et cohĂ©rents, chacun ayant son caractĂšre et, surtout, son histoire.

LesVieuxFourneaux1cDans cet album, chaque personnage est prĂ©sentĂ© de façon satisfaisante pour assouvir notre plaisir de lecture. Cependant, on sent que les auteurs en ont sous le pied. Ils savent Ă©viter de produire trop de flashbacks inutiles et se concentre sur le prĂ©sent. Sans ĂȘtre absolument le plus intĂ©ressant dans l’ouvrage, le fil rouge possĂšde suffisamment de suspense pour nous donner envie de lire la suite. Mais ce sont bien les situations cocasses dues Ă  l’ñge des protagonistes qui font tout le sel du bouquin.

Au niveau du dessin, Paul Cauuet réalise un travail remarquable. Bien aidé par une couleur qui met en valeur son trait, il croque des personnages semi-réalistes souvent proches de la caricature.  Son dessin est à la fois riche et dynamique et le dessinateur excelle aussi bien dans les dessin des personnages que des décors. Une véritable découverte !

LesVieuxFourneaux1b

« Les vieux fourneaux » est une bande-dessinĂ©e rĂ©ussie. DotĂ© de personnages hauts en couleur et d’un dessin parfaitement adaptĂ©, elle aurait pu ĂȘtre un one-shot percutant. Mais les auteurs ont prĂ©fĂ©rĂ© en faire une sĂ©rie. EspĂ©rons que la suite saura confirmer les qualitĂ©s de ce premier tome drĂŽle et attachant.

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Note : 16/20

Moby Dick – Olivier Jouvray & Pierre Alary

MobyDick


Titre : Moby Dick
Scénariste : Olivier Jouvray
Dessinateur : Pierre Alary
Parution : Avril 2014


« Moby Dick » est un roman de l’écrivain amĂ©ricain Herman Melville datant du milieu du dix-neuviĂšme siĂšcle. Je n’ai jamais eu l’occasion de le lire mais la mythique baleine qui donne son nom au bouquin fait partie de l’imaginaire collectif. J’ai donc accueilli avec joie et curiositĂ© l’adaptation en bande dessinĂ©e coĂ©crite par le scĂ©nariste Olivier Jouvray et le dessinateur Pierre Alary. Je connaissais le premier Ă  travers son travail sur « Lincoln ». Quant au second, ce sont ses illustrations sur « Silas Corey » qui me l’ont fait rencontrer. L’ouvrage qui m’intĂ©resse aujourd’hui est un bel objet de cent vingt-quatre pages Ă©ditĂ© chez Soleil dans la collection Noctambule. La couverture est une jolie image nous prĂ©sentant une immense baleine attirer vers le fond un homme qui venait de la harponner. Elle dĂ©gage dĂ©jĂ  une atmosphĂšre forte.

MobyDick_1Le site BD Gest’ prĂ©sente l’album avec les mots suivants : « Une adaptation fougueuse d’un monument de la littĂ©rature amĂ©ricaine, rythmĂ©e au grĂ© des vents et des passions humaines ! Herman Melville, qui fut marin, s’inspira de faits rĂ©els pour donner naissance Ă  Moby Dick – un chef d’Ɠuvre de la littĂ©rature amĂ©ricaine, un livre culte qui inscrivit un nouveau mythe dans la mĂ©moire des hommes : celui de la baleine blanche. Il y raconte – sous la forme d’une parabole chargĂ©e de thĂšmes universels – la quĂȘte furieuse, mystique, dĂ©sespĂ©rĂ©e du capitaine Achab et son dernier affrontement avec Moby Dick. » 

Comme je l’ai Ă©crit en introduction, je n’ai pas lu le roman de Melville. Je me garderai de toute comparaison entre les deux Ɠuvres. Je ne donnerai pas mon opinion sur la rigueur ou pas de l’adaptation. J’ai donc dĂ©couvert cet opus comme une production originale. Elle s’adresse aux lecteurs adeptes de grands espaces et d’aventure.

Un conteur omniscient.

L’histoire est narrĂ©e par un des marins ayant participĂ© Ă  la chasse du monstre marin. Il s’agissait de sa premiĂšre sortie sur un baleinier. Il travaillait dans la marine marchande et Ă©tait en quĂȘte d’adrĂ©naline et d’aventure. Il se prĂ©nomme IshmaĂ«l et sa premiĂšre apparition le prĂ©sente naufragĂ© sur une barque au milieu de nulle part. Il est recueilli par un navire et dĂ©cide alors de leur relater sa terrible histoire. Le choix d’opter pour une narration a posteriori offre une omniscience au conteur. Cela autorise une analyse sur les Ă©vĂ©nements que rendrait impossible une trame vĂ©cue dans le feu de l’action.

MobyDick_3L’intrigue fait exister une jolie galerie de personnages intĂ©ressants. Il y a Ă©videmment IshmaĂ«l. Le capitaine Achab fait peur tant il est possĂ©dĂ© par sa haine pour la bĂȘte. Sa folie est bien rendue par les auteurs. Plus en retrait, l’indien Queequeg est charismatique et le second du bateau, Starbuck, apporte un Ă©cot intĂ©ressant. Le bĂ©mol de cette quantitĂ© de protagonistes est qu’il faut trouver de la place pour tout le monde. En passant de l’un Ă  l’autre, les auteurs gĂ©nĂšrent de la frustration. Chacun aurait mĂ©ritĂ© d’ĂȘtre central et finalement aucun ne l’est totalement. Peut-ĂȘtre qu’en rĂ©partissant le temps consacrĂ© Ă  chacun de maniĂšre moins Ă©galitaire, cela aurait intensifiĂ© certaines scĂšnes et aurait clarifiĂ© le statut dans l’histoire des uns et des autres. NĂ©anmoins, le travail graphique de Pierre Alary offre Ă  chacun une identitĂ© graphique forte. Sur ce plan, chaque apparition d’Achab ne laisse pas indiffĂ©rent.

Partir sur la mer en quĂȘte de cette baleine lĂ©gendaire fait naĂźtre une atmosphĂšre d’aventure. Le cĂŽtĂ© isolĂ© au milieu de nulle part de ce baleinier parti Ă  la chasse est bien rendu. Les peurs propres Ă  ce genre de trajet, la cohabitation dans un espace fermĂ©, les interrogations sur l’issue de la quĂȘte
 Tout cela transpire de chacune des pages. Le trait d’Alary engendre des dĂ©cors forts. Il s’en dĂ©gage une angoisse, un sentiment d’enferment qui rend la lecture intense. Les choix de couleur accentuent cette sensation pour le plus grand plaisir du lecteur.

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Concernant l’histoire en elle-mĂȘme, elle suit son cours sans rĂ©elle surprise. Ce n’est pas une critique, mais la trame est classique. Elle offre des moments forts et des moments plus apaisĂ©s mais ceux-ci sont dans les grandes lignes prĂ©visibles. Mais cela n’empĂȘche pas la lecture d’ĂȘtre agrĂ©able et plutĂŽt prenante. Je me suis laissĂ© porter sans avoir Ă  me forcer. Cela fait de cet ouvrage un album de qualitĂ© tant sur la forme que sur le fond. Je pense qu’en mettant Achab plus au centre de l’histoire et en intensifiant la dimension « course d’un fou vers la mort », ce bouquin serait passĂ© de bon Ă  excellent. Mais cela n’est qu’un lĂ©ger bĂ©mol sĂ»rement marqueur d’une trop grande exigence de ma part


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Note : 14/20

Johnny Jungle, T2 – Jean-Christophe Deveney & JĂ©rĂŽme Jouvray

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Titre : Johnny Jungle, T2
Scénariste : Jean-Christophe Deveney
Dessinateur : JĂ©rĂŽme Jouvray
Parution : Septembre 2014


Le premier tome de « Johnny Jungle » avait Ă©tĂ© une bonne surprise. Narrant l’histoire d’un Ă©quivalent de Tarzan champion de natation et de cinĂ©ma (vous avez dit « Johnny Weismuller » ?), cette histoire faisait preuve de beaucoup d’humour dĂ©calĂ©. A la fermeture du premier opus du diptyque, on se demandait presque l’intĂ©rĂȘt de continuer le tout, malgrĂ© la fin surprenante. Alors, cette deuxiĂšme partie transforme-t-elle l’essai ?

Johnny n’est pas vraiment parvenu Ă  se faire Ă  la vie citadine. Acteur star, il succombe trop facilement aux jeunes actrices qui lui sont associĂ©es, mettant Ă  mal sa vie avec Jane. Et quand les enfants illĂ©gitimes commencent Ă  faire leurs apparitions, c’est le bouquet


Ce tome s’intĂ©resse Ă  la dĂ©gringolade du personnage. AprĂšs son ascension, cette chute Ă©tait inĂ©vitable. On le voit vieillir et devenir has been. Si bien que ce livre est beaucoup moins drĂŽle que le premier. TeintĂ© de nostalgie et de regrets, il met l’émotion plus en avant. HĂ©las, les blagues sont quand mĂȘme lĂ , mais nous atteignent beaucoup moins. La lecture est loin d’ĂȘtre dĂ©sagrĂ©able, mais il est difficile de ne pas ĂȘtre déçu lorsqu’on le compare au premier. Ainsi, aprĂšs une vingtaine de pages, je me suis surpris Ă  me dire que l’histoire n’avançait pas vraiment. Heureusement, la suite est plus pertinente. MalgrĂ© tout, ce tome est loin de confirmer nos attentes.

La comparaison entre les deux ouvrages fait mal.

Ce diptyque peut ĂȘtre vu de cette façon : le premier tome correspond Ă  la partie d’innocence du personnage. Il dĂ©couvre les choses avec Ă©merveillement et on rit avec lui. Le deuxiĂšme tome est la dĂ©sillusion. Ainsi, le principe de deux livres serait pleinement pertinent. Cependant, ce tome manque de rebondissement et les pĂ©ripĂ©ties sont loin de s’accumuler. Il manque aussi de personnages pittoresques (comme le rĂ©alisateur escroc du premier tome par exemple). Cette dichotomie m’a dĂ©rangĂ©, la comparaison entre les deux ouvrages fait mal.

MalgrĂ© tout, on retrouve une analyse au vitriol d’Hollywood avec ses acteurs ratĂ©s, ses budgets limitĂ©s par la crise et ses films de propagande pendant la Seconde Guerre Mondiale. Certaines trouvailles font mouche, mais leur densitĂ© est plus faible. Surtout, la surprise n’est plus lĂ .

Concernant le dessin, j’ai trouvĂ© l’ensemble inĂ©gal. Si le premier tome m’avait enchantĂ©, c’est moins le cas ici. Le trait de JĂ©rĂŽme Jouvray est toujours aussi agrĂ©able, mais les intĂ©rieurs notamment sont trĂšs vides. Le manque de jungle se fait cruellement sentir ! Du coup, la couleur (assurĂ©e par Anne-Claire Jouvray) est beaucoup moins marquante que dans le premier opus. C’est surtout une impression d’inĂ©gale qualitĂ© qui nous imprĂšgne. Certaines planches sont toujours aussi belles et dynamiques. D’autres semblent dĂ©sespĂ©rĂ©ment vides. Peut-ĂȘtre que le temps imparti pour dessiner cet album Ă©tait-il trop court ? Car l’ensemble fait quand mĂȘme 76 pages.

La chute de « Johnny Jungle » est traitĂ©e avec nostalgie. Mais les auteurs semblent beaucoup moins Ă  l’aise dans ce registre. Difficile de s’attacher Ă  un personnage qui succombe en permanence Ă  ses pulsions. Maintenant qu’il vieillit, il est difficile d’avoir de l’empathie pour son immaturitĂ©. J’ai retrouvĂ© une partie du plaisir que j’avais eu pour le premier tome, mais la dĂ©ception est bien rĂ©elle. Dommage.

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Note : 10/20

Tu mourras moins bĂȘte, T3 : Science un jour, science toujours !

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Titre : Tu mourras moins bĂȘte, T3 : Science un jour, science toujours !
Scénariste : Marion Montaigne
Dessinatrice : Marion Montaigne
Parution : Septembre 2014


 AprĂšs une petite pause en 2013 consacrĂ©e Ă  d’autres projets, Marion Montaigne nous revient avec sa sĂ©rie de vulgarisation scientifique, « Tu mourras moins bĂȘte », sous-titrĂ©e « Mais tu mourras quand mĂȘme » ! Ce troisiĂšme tome est intitulĂ© « Science un jour, science toujours ! ». Contrairement aux prĂ©cĂ©dents opus qui Ă©taient chacun basĂ©s sur un thĂšme (les films et sĂ©ries tĂ©lĂ©, puis la mĂ©decine), celui-ci est beaucoup plus ouvert. Symbole de ce changement de ligne, le tout est publiĂ© chez Delcourt et non plus chez Ankama. MalgrĂ© tout, que les collectionneurs se rassurent, la maquette est quasiment identique et votre bibliothĂšque n’en sera pas gĂȘnĂ©e. Le tout est un pavĂ© de 250 pages !

Si l’idĂ©e d’un thĂšme par livre Ă©tait sĂ©duisante sur le papier, elle ne l’était pas forcĂ©ment rĂ©ellement. L’effet de rĂ©pĂ©tition s’installait. Ici, on sent Marion Montaigne plus libre de parler de ce qu’elle veut. Du coup, l’ensemble est trĂšs variĂ© dans ses sujets : cryogĂ©nie, adolescence, menstruations
 Les questions aussi essentielles que « peut-on avaler des araignĂ©es en dormant ? » trouvent enfin leur rĂ©ponse ! Cette variĂ©tĂ© donne un vrai coup de fouet Ă  la sĂ©rie. L’effet de rĂ©pĂ©tition est nul et on se surprend Ă  lire l’ouvrage d’une traite, ce que l’on ne faisait pas forcĂ©ment pour les prĂ©cĂ©dents. Marion Montaigne parvient donc Ă  se bonifier Ă  son troisiĂšme opus. Une belle performance.

Apprendre en s’amusant.

Lorsque l’on lit les ouvrages de Marion Montaigne, on remarque trĂšs vite un amour pour la vulgarisation scientifique, mais Ă©galement un humour trĂšs personnel. Cette originalitĂ© fait mouche ! On sourit beaucoup et on rit rĂ©guliĂšrement Ă  la lecture des pages. « Apprendre en s’amusant » n’a jamais Ă©tĂ© autant d’actualitĂ©. Car derriĂšre l’humour se cache des vĂ©ritĂ©s bien entendu. Montaigne visite des laboratoires et nous fait partager les Ă©tudes scientifiques les plus incongrues qui existent.

Marion Montaigne aime Ă©galement intĂ©grer de nombreuses rĂ©fĂ©rences (notamment cinĂ©ma et sĂ©ries tĂ©lĂ©) dans ses planches. J’avoue ne pas toujours y ĂȘtre sensible, ne regardant pas les sĂ©ries citĂ©es. Du coup, il y a des chances pour que ses ouvrages vieillissent un peu avec le temps. Ce tome m’a semblĂ© moins blindĂ© de rĂ©fĂ©rences, comme si l’auteure se sentait plus en confiance pour Ă©viter de mettre des rĂ©fĂ©rences partout.

Digne hĂ©ritiĂšre de Reiser, l’auteure dĂ©veloppe un trait trĂšs relĂąchĂ© soutenu par des touches de couleur Ă  l’aquarelle. Clairement, ça ne plaira pas Ă  tout le monde, mais son dessin participe fortement Ă  l’humour du bouquin. Les expressions de ses personnages sont particuliĂšrement rĂ©ussies !

Marion Montaigne dĂ©veloppe une Ɠuvre basĂ©e sur l’humour et la vulgarisation scientifique. « Tu mourras moins bĂȘte » apporte sa pierre Ă  l’édifice avec brio. Ce troisiĂšme tome permet Ă  la sĂ©rie de passer un cap supplĂ©mentaire Ă  tous les niveaux. On peut donc se dire que l’on mourra moins bĂȘte aprĂšs lecture de l’ouvrage, mais aussi avec le sourire aux lĂšvres.

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Note : 18/20

Les femmes en blanc, T36 : Neuf fois de gros stress – Raoul Cauvin & Philippe Bercovici

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Titre : Les femmes en blanc, T36 : Neuf mois de gros stress
Scénariste : Raoul Cauvin
Dessinateur : Philippe Bercovici
Parution : Mars 2014


Depuis plus de dix ans, les rayons de librairie sont envahis par bon nombre de sĂ©ries centrĂ©es sur un corps de mĂ©tier. Les enseignants, les CRS, les pompiers, les psys
 Tout le monde possĂšde ses albums dĂ©crivant son quotidien de maniĂšre humoristique. Le moins que je puisse dire est qu’il y a Ă  boire et Ă  manger. Bien souvent, il s’agit d’albums relativement mĂ©diocres dont les ficelles sont trop grosses pour chatouiller efficacement les zygomatiques. NĂ©anmoins, parmi les plus anciennes, certaines m’ont conquis depuis que je suis enfant. « Pierre Tombal » ou « Les femmes en blanc » font partie de celles-lĂ . Ma critique d’aujourd’hui porte sur le dernier de tome de la derniĂšre citĂ©e. Il s’intitule « Neuf mois de gros stress » et est sorti dans les bacs en avril dernier. Cet album est scĂ©narisĂ© par Raoul Cauvin et dessinĂ© par Philippe Bercovici.

Le site BDGest’ propose le rĂ©sumĂ© suivant : « Le miracle de la vie
 dans les coulisses de l’hĂŽpital. GĂ©rer le stress, c’est la spĂ©cialitĂ© des femmes en blanc, et Ă  l’hĂŽpital, elles ont de quoi faire ! Entre les futurs pĂšres en panique, les inquiets chroniques et les Ă©clopĂ©s en tout genre, pas moyen de lever le pied. C’est ça, le miracle de la vie
 dans les coulisses de l’hĂŽpital ! »

Divertir sans trop réfléchir.

Pour les personnes qui n’ont jamais eu l’occasion de lire un des tomes de la sĂ©rie, je vais rapidement vous prĂ©senter la structure narrative. L’ouvrage est de format classique et se compose de quarante-six planches. Il se dĂ©compose en une suite de gags qui peuvent s’étaler sur une Ă  trois pages. Chacun est indĂ©pendant du prĂ©cĂ©dent et du suivant. Cela fait qu’un tel album peut se feuilleter au grĂ© des envies et du temps libre. Il peut ĂȘtre ouvert Ă  n’importe quel page sans gĂącher la lecture. Son seul but est de divertir sans trop rĂ©flĂ©chir. C’est un objectif louable et apprĂ©ciĂ© quand il est atteint.

Comme son titre l’indique, les blagues s’insĂšrent pleinement dans la vie des infirmiĂšres. L’auteur arrive Ă  utiliser une certaine variĂ©tĂ© de cordes Ă  son arc humoristique pour nous faire rire. Il y a Ă©videmment la gestion des patients, les relations avec les mĂ©decins, les interactions entre elles mais Ă©galement leur quotidien de femme en dehors de leur lieu de travail. Chacune de ses thĂ©matiques est exploitĂ©e de maniĂšre Ă©quitable tant en quantitĂ© qu’en qualitĂ©. Raoul Cauvin a une imagination fertile car cela des dizaines d’histoires qu’il a construites dans l’univers hospitalier et il arrive encore Ă  me surprendre.

En effet, une des forces de l’album est d’offrir des chutes imprĂ©visibles. Sans forcĂ©ment nous faire pleurer de rire, l’auteur arrive par la derniĂšre case Ă  nous surprendre ou Ă  nous faire sourire. J’ai souvent essayĂ© de connaĂźtre le dĂ©nouement de son gag au fur et Ă  mesure de son dĂ©roulement et bien souvent je n’y suis pas arrivĂ©. Il utilise souvent une espĂšce d’anaphores scĂ©naristiques. Une infirmiĂšre nous contente une succession d’anecdotes liĂ©es en trĂšs peu de temps dans le but d’aboutir Ă  une conclusion marrante. MalgrĂ© le nombre parfois important d’évĂ©nements contĂ©s, dĂ©jĂ  drĂŽles en soi, je n’arrive pas Ă  dĂ©couvrir la conclusion de la narratrice. ParallĂšlement, Cauvin nous prĂ©sente Ă©galement des gags en une planche. Ils sont efficaces et lĂ©gers. La mise en situation est rapide et la fin joue davantage avec les mots que les situations.

Mon seul bĂ©mol pourrait concerner les dessins de Bercovici. Je ne leur trouve pas de dĂ©fauts particuliers. Par contre, je regrette qu’ils se contentent – tout est relatif – d’accompagner le propos sans chercher Ă  le sublimer ou Ă  intensifier son cĂŽtĂ© humoristique ou parfois caricatural. J’ai toujours le plaisir de retrouver ce trait qui a accompagnĂ© mes lectures d’enfance quand je farfouillais dans la bibliothĂšque parentale. NĂ©anmoins, j’ai toujours l’espoir que la sĂ©rie exploite un de ses axes de progression.

Pour conclure, « Neuf mois de gros stress » fait honneur Ă  la sĂ©rie en se montrant trĂšs fidĂšle aux ingrĂ©dients de son succĂšs. Cet album ne possĂšde rien d’exceptionnel mais demeure assez efficace. J’ai pris du plaisir Ă  m’y plonger et l’ai trouvĂ© divertissant. Je pourrais regretter qu’il se lise rapidement mais ce lĂ©ger dĂ©faut est compenser par le fait qu’il se relira toujours avec amusement quand on recherchera un passe-temps plaisant.

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Note : 12/20