
Titre : L’arabe du futur, T1 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984)
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Mai 2014
Riad Sattouf a commencé sa carrière de bédéaste en racontant ses jeunes années. Que ce soit son adolescence avec « Le manuel du puceau » ou son enfance avec « Ma circoncision », on a senti dès le départ un besoin de raconter sa jeunesse. Il faut dire que celle-ci est assez particulière, l’auteur ayant vécu en Lybie et en Syrie ses premières années… Dix ans après « Ma circoncision », Riad Sattouf revient au sujet, fort de son expérience pour nous narrer cette vie plus en détail. Le premier tome de « L’arabe du futur » se concentrer sur les années 1978 à 1984, ce qui correspond aux premiers souvenirs du petit Riad. Le livre pèse 160 pages et est publié chez Allary Éditions.
Riad Sattouf est né d’une mère bretonne et d’un père syrien. Ce dernier, grand adepte du panarabisme, va trimballer sa famille en Lybie, sous Khadafi, puis en retourner au pays en Syrie (sous El Assad). Son admiration pour les dictateurs arabes est évidente et sa vision de la politique, mouvante et contradictoire, est le centre de l’ouvrage. Car ne nous y trompons pas, ce livre parle avant tout du père de Riad, Abdel-Razak.
On peut dire que dans ce livre, Riad tue le père ! Non seulement, il en fait un portrait fait de paradoxes politiques, de machisme et surtout de lâcheté. Mais en plus, il pointe le reproche de lui avoir fait vivre une enfance peu reluisante. En vieillissant, Riad vit de plus en plus mal son quotidien. Entre les cousins qui le martyrisent car il a les cheveux blonds (il doit donc être juif, forcément !) et les appartements vides dans des villages pauvres au fin fond de la Syrie… Surtout que l’homme ment régulièrement, annonçant chercher du travail en France, mais n’en cherchant qu’au Moyen-Orient. La figure de la mère est tout autant coupable, étant totalement absente et soumise.
Un portrait sans concession pour tout le monde
Riad Sattouf fait un portrait sans concession et très dur de partout où il passe : Libye, Syrie et Bretagne. Le tout est bien évidemment teinté d’humour. Si beaucoup font la parallèle avec Persépolis, il faut bien prendre en compte que les ouvrages sont très différents dans leur approche. Riad a vécu en France et est venu s’installer dans sa famille syrienne plus tard dans un village très pauvre. Satrapi est née en Iran dans une famille d’intellectuels. Bref, il ne faut chercher à trouver la même analyse. Peu sensible à l’humour de Satrapi, je le suis beaucoup plus à celui de Sattouf par exemple.
Le dessin simple de Sattouf est parfaitement adapté à l’ouvrage. Il est efficace et fait parfaitement passer les émotions et les expressions des personnages. Le tout est colorisé en monochrome, une couleur par pays. C’est efficace et joli à regarder.
J’ai dĂ©vorĂ© cet ouvrage et ait y trouvĂ© beaucoup d’intĂ©rĂŞt. C’est une belle autobiographie que nous propose Riad Sattouf. Dur avec un peu tout le monde, il n’épargne personne. A la fermeture de l’ouvrage, on n’attend qu’une seule chose : lire la suite !Â
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Note : 16/20



Les événements de ce troisième tome sont antérieurs de ceux des deux précédents de plusieurs dizaines d’années. La conséquence logique est que la lecture de cet album peut se faire sans avoir lu les deux épisodes suivants. Malgré tout, une connaissance grossière de la société des souris permet une immersion plus aisée et plus profonde. De plus, la lecture de cet ouvrage peut convenir à un public très large. Les plus jeunes prendront plaisir à suivre les pérégrinations de ces petits héros, les plus âgés savoureront les arcanes du monde qui abritent tous ces personnages.

Maggy nous est jusqu’alors inconnue. Les auteurs doivent donc nous la présenter. La première impression est toujours importante. Les premiers mots sont en voix off. Ils permettent de se faire une idée de cette femme. Elle donne le sentiment de ne pas aimer être embêtée. En peu de termes, Trondheim nous offre l’identité de son héroïne. Les pages suivantes confirment notre perception. Elle apparaît débrouillarde. Son sens de l’éthique atteint rapidement ses limites quand quelques menus billets sont disponibles. Mais on ne lui en veut pas. Son côté futé semble l’emporter sur son côté magouilleur.



Cette intrigue ne s’avère pas très intense. Le trajet vers la capitale n’est qu’une succession de rencontres et d’événements sans grand intérêt. Certes, ils sont autant d’occasion pour l’auteur de distiller une ou deux vannes bien senties. Je ne vous dis que je n’ai pas souri quelques fois au cours des pérégrinations de Ralph et ses amis. Néanmoins, l’ensemble manque de rythme et a un côté presque « encroûté ». Trondheim a beau donné une place intéressante au père du héros et son projet de résistance, il n’arrive réellement à générer une montée en puissance vers le combat final. C’est dommage.

