L’atelier mastodonte, T2 : Alfred, Guillaume Bianco, BenoĂźt Feroumont, Keramidas, Julien Neel, Nob, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann

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Titre : L’atelier Mastodonte, T2
Scénaristes : Alfred, Guillaume Bianco, Benoßt Feroumont, Keramidas, Julien Neel, Nob, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann
Dessinateurs : Alfred, Guillaume Bianco, Benoßt Feroumont, Keramidas, Julien Neel, Nob, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann
Parution : Juin 2014


« L’atelier Mastodonte » est un projet original nĂ© dans les pages de Spirou. Il est l’Ɠuvre conjointe de neuf auteurs : Alfred, Bianco, Feroumont, Keramidas, Neel, Nob, Tebo, Trondheim et Yoann. Certains me sont familiers depuis longtemps, d’autres sont entrĂ©s rĂ©cemment dans mon univers. Chaque planche de cet ouvrage au format Ă  l’italienne est dessinĂ© avec un trait diffĂ©rent, le tout format un ensemble cohĂ©rent et drĂŽle.

Une diversité des personnalités.

L'atelierMastodonte2bLe bouquin se compose de cent vingt-six planches. Chacune peut ĂȘtre lue indĂ©pendamment tout en Ă©tant liĂ©e Ă  la prĂ©cĂ©dente ou Ă  la suivante. L’originalitĂ© de la structure du propos possĂšde un rĂ©el potentiel. La diversitĂ© des personnalitĂ©s doit relancer en permanence l’attrait du lecteur. De plus, le principe du strip booste l’intensitĂ© de la lecture. A l’opposĂ©, il faut veiller Ă  ne pas diffuser une impression de fouillis brouillon.

Le point de dĂ©part de l’histoire est le suivant : Trondheim crĂ©e un atelier regroupant ses collĂšgues prĂ©cĂ©demment citĂ©s. Cet album nous plonge dans le quotidien crĂ©atif de cette troupe de joyeux lurons. La dimension despotique de Lewis est moins mise en avant que dans le premier tome. MalgrĂ© tout, cela reste un fil conducteur efficace sur le plan humoristique. Chaque apparition du chef  fait sourire sans difficulté ! Certains lecteurs reprochaient Ă  l’opus prĂ©cĂ©dent les blagues trop systĂ©matiquement scatologiques mettant en scĂšne Tebo. Cet aspect est toujours prĂ©sent mais peut-ĂȘtre dissĂ©minĂ© avec davantage de parcimonie.

Mais cette suite ne se rĂ©sume pas Ă  une redondance des mĂ©canismes comiques dĂ©jĂ  utilisĂ©s. Les protagonistes dĂ©cident de dĂ©placer leur lieu de travail dans un superbe chĂąteau. Cela donne lieu Ă  des histoires de chevaliers, de fantĂŽmes et de siestes en forĂȘt. Cela offre un second souffle intĂ©ressant Ă  l’histoire et chatouille aisĂ©ment les zygomatiques. Les auteurs alternent ces vacances studieuses Ă  la campagne avec d’autres scĂšnes dans l’atelier parisien. Elles mettent en scĂšne deux auteurs qui se font passer pour Trondheim. Cela permet Ă  la narration de ne pas ronronner.

La grande diversitĂ© d’auteurs est une force narrative importante. Chacun possĂšde son trait, son ton et sa corde humoristique. L’ensemble s’harmonise plutĂŽt bien et offre une lecture pleine de surprises et de rebondissements. Je connaissais la majoritĂ© d’entre eux de noms mais j’ai pris plaisir Ă  dĂ©couvrir leur style et une petite partie de leur univers. Tous rĂ©unis opĂšrent sur un spectre suffisamment large pour attiser notre curiositĂ© de maniĂšre constante.

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Le bilan est trĂšs positif. Ce second opus donne la banane. Il peut se lire d’une traite dans son lit ou se feuilleter dans les transports en commun. Sa construction scĂ©naristique couplĂ©e Ă  sa petite taille en fait un compagnon en toute circonstance. Le dĂ©nouement laisse croire qu’il n’y aura pas de suite. J’espĂšre l’avoir mal compris et m’ĂȘtre trompĂ© car je regretterai de ne pas suivre les nouvelles aventures de ces joyeux lurons


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Note : 14/20

L’atelier Mastodonte – Lewis Trondheim, Yoann, Cyril Pedrosa, Alfred, Julien Neel, TĂ©bo & Guillaume Bianco

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Titre : L’atelier Mastodonte
Scénaristes : Alfred, Guillaume Bianco, Julien Neel, Cyril Pedrosa, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann
Dessinateurs : Alfred, Guillaume Bianco, Julien Neel, Cyril Pedrosa, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann
Parution : Juin 2013


Lorsque je tombe sur un ouvrage de Lewis Trondheim, je suis bien incapable de rĂ©sister Ă  la pulsion de l’achat. Alors lorsqu’il s’associe Ă  d’autres auteurs que j’apprĂ©cie (Neel, Bianco, Yoann, Alfred
), il m’est impossible de ne pas passer Ă  la caisse
 « L’atelier Mastodonte » raconte le quotidien de quelques auteurs de bande-dessinĂ©e rĂ©unis en atelier. Ils dessinent tous des strips sur les anecdotes de l’atelier. Ainsi, il n’est pas rare qu’ils se rĂ©pondent
 PubliĂ©s dans le journal de Spirou, ceux-ci se voient regroupĂ©s dans un ouvrage au format paysage de belle facture. L’écrin est mĂȘme dessinĂ© par Bilal
 Mais alors que donne cet ouvrage rĂ©unissant une vĂ©ritable dream team de la BD ?

Tout dĂ©marre par la volontĂ© de Trondheim d’ouvrir un atelier. Les premiers strips font donc part de cette envie et nous prĂ©sente les auteurs. Ainsi, Guillaume Bianco est intimidĂ© par Lewis Trondheim, Julien Neel se balade avec une marionnette, Cyril Pedrosa souhaite que les auteurs se syndiquent
 Et rapidement s’instaure ce qui fera la force de l’ouvrage : la rĂ©ponse du berger Ă  la bergĂšre ! Ainsi, lorsqu’un auteur se moque d’un autre dans son strip, celui-ci lui rĂ©pond dans le strip suivant. Cela instaure une vraie dynamique. Il me semble d’ailleurs que dans le journal de Spirou, les strips Ă©taient publiĂ©s par deux sur une page. Ceux-ci font chacun une demi-page de huit cases.

Une vraie diversité dans les humours.

La diversitĂ© des humours fait la force de l’ouvrage. MĂȘme si chacun sera plus ou moins sensible Ă  tel ou tel auteur, globalement il y a une ligne directrice qui se dĂ©gage. Comme les auteurs se rĂ©pondent, on reste souvent dans les mĂȘmes humours au final. Et aprĂšs des dĂ©buts plus classiques, les dĂ©lires se dĂ©veloppent et chaque personnage prend une ampleur intĂ©ressante, car son caractĂšre est vu par diffĂ©rents auteurs. Et l’atelier parvient Ă  dĂ©gager de vrais dĂ©lires collectifs (on pense au collectionneur par exemple) qui donne l’impression d’une vraie cohĂ©sion de groupe.

L’autre intĂ©rĂȘt est Ă©videmment la diversitĂ© des graphismes. Tout est assez diffĂ©rent puisque l’on passe de dessins d’humains Ă  de l’animalier
 LĂ  encore, c’est un plaisir de dĂ©couvrir les diffĂ©rentes visions de chacun. Pour ma part, j’aime beaucoup les styles graphiques de beaucoup d’auteurs de cet ouvrage. On notera que de nombreux guests viennent enrichir l’ensemble et pas des moindres : Bouzard, Buchet, Delaf, Feroumont, Frantico, Keramidas, Libon, Nob, Plessix, Sapin, Stan & Vince et VivĂšs. Rien que ça !

Cet « Atelier Mastodonte » est une vĂ©ritable rĂ©ussite. VoilĂ  un exemple Ă  suivre en termes d’ouvrage collectif. Tout est entremĂȘlĂ© et c’est cela qui fait toute la force de ce livre. Plein d’humours diffĂ©rents, du scatologique au plus subtil, il est aussi une source de blagues sur les auteurs et leurs diffĂ©rences. A lire absolument.

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Note : 16/20

Charly 9 – Richard GuĂ©rineau

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Titre : Charly 9
Scénariste : Richard Guérineau
Dessinateur : Richard Guérineau
Parution : Novembre 2013


 Avec « Charly 9 », Jean TeulĂ© a Ă©crit l’un de ses best-sellers. Relatant la culpabilitĂ© de Charles IX aprĂšs avoir ordonnĂ© le massacre de la Saint BarthĂ©lĂ©my, il permettait de dĂ©couvrir un roi soumis Ă  sa mĂšre Catherine de MĂ©dicis qui se ne remettra jamais de sa dĂ©cision. Lourde tĂąche donc pour Richard GuĂ©rineau de reprendre le flambeau en adaptant ce livre en bande-dessinĂ©e. Le tout est publiĂ© chez Delcourt dans la collection Mirages pour 128 pages de lecture.

Charly9aLe tout dĂ©marre par une scĂšne qui pose le personnage. AcculĂ© par sa mĂšre, son frĂšre et tous leurs conseillers, Charles IX ordonne le massacre de la Saint BarthĂ©lĂ©my. Mais c’est avant tout pour qu’on le laisse tranquille. Car tout est fait pour le manipuler. D’abord choquĂ© par l’idĂ©e que l’on assassine une personne, la discussion grandit et le nombre de victimes pressenties Ă©galement
 Lui ne veut pas, toute la cour le veut. Mais il est le Roi et il faut sa signature. Il l’appose et le voilĂ  condamnĂ© Ă  la culpabilitĂ©.

Des anecdotes à la pelle pour une seule année.

Le livre est construit selon des chapitres qui montrent le Roi peu Ă  peu sombrer dans la folie. MĂȘme si l’ensemble manque un peu de fluiditĂ©, la pertinence est Ă©vidente. Car ce sont les anecdotes qui montrent Charles IX devenir fou et malade. Richard GuĂ©rineau va Ă  l’essentiel et malgrĂ© les 128 pages, on ne s’ennuie Ă  aucun moment. Chaque planche est nĂ©cessaire. On retrouve aussi le sel de l’ouvrage de TeulĂ© avec beaucoup d’anecdotes historiques Ă  ressortir en soirĂ©e : l’origine du 1er avril et du 1er mai par exemple sont un dĂ©lice.

Charly9bAu-delĂ  de l’anecdote, le livre propose une galerie de personnages des plus connus. Outre la cour royale (Catherine de MĂ©dicis, la future reine Margot, Charles IX
), on retrouve des artistes (Ronsard) ou des personnalitĂ©s autres (Ambroise ParĂ©). Il n’en est pas trop fait lĂ -dessus. Cela permet surtout de voir quels liens avaient ces personnes avec le Roi. Plus Ă©tonnant, le langage parlĂ© par les personnages est Ă  la fois modernisĂ© et conservĂ© comme Ă  l’époque. Le tout est pourtant trĂšs fluide et agrĂ©able.

Concernant le dessin, c’est peu de dire que le trait de Richard GuĂ©rineau m’a sĂ©duit dans cet ouvrage. Je l’avais connu dans un registre plus rĂ©aliste et son passage Ă  un dessin plus caricatural est une vraie rĂ©ussite. Les gueules sont expressives, les dĂ©cors nous replongent dans la France d’antan et les choix graphiques sont pertinents. On a mĂȘme droit Ă  un hommage Ă  « Johan et Pirlouit » de Peyo ou Ă  « Lucky Luke » de Morris
 MalgrĂ© tout, les changements de style (notamment dans la colorisation) sont un peu perturbants. S’ils sont parfois parfaitement cohĂ©rents (comme pour la scĂšne finale), d’autres sont moins clairs dans leur intention. Visiblement, Richard GuĂ©rineau avait dĂ©cidĂ© de se faire plaisir ! Mais qu’il nous propose de nouveau des bande-dessinĂ©es rĂ©alisĂ©es dans ce style plus relĂąchĂ©, cela lui va trĂšs bien ! On retrouve cependant un vrai talent dans la mise en scĂšne et le dĂ©coupage. On sent qu’il y a du mĂ©tier derriĂšre !

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« Charly 9 » est une belle adaptation. Reprenant trĂšs bien le principe des Ɠuvres de Jean TeulĂ©, le lecteur restera difficilement indiffĂ©rent au cynisme et Ă  la violence de l’ensemble. Et bien que Charles IX nous paraisse torturĂ© et plus de culpabilitĂ©, il est aussi complĂštement inconscient et devient fou. Richard GuĂ©rineau parvient Ă  nous dresser le portrait complet d’un homme qui mourra de culpabilitĂ©. Et pourtant, on ne ressent pas forcĂ©ment d’empathie pour le personnage.

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Note : 15/20

Anatomie de l’Ă©ponge – Guillaume Long

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Titre : Anatomie de l’Ă©ponge
Scénariste : Guillaume Long
Dessinateur : Guillaume Long
Parution : Juillet 2006


J’ai connu Guillaume Long avec « À boire et Ă  manger ». C’est ici une Ɠuvre parue bien plus tĂŽt, en 2006, dont il est question : « Anatomie de l’éponge ». C’est un recueil d’histoires courtes qui expliquent (entre autres), les influences de l’auteur. On a donc affaire Ă  une autobiographie oĂč l’autodĂ©rision est le maĂźtre mot. Le tout pĂšse 115 pages et est paru chez Vertige Graphic.

Guillaume Long nous propose une sĂ©rie d’histoires courtes aux thĂšmes variĂ©s. DĂšs la premiĂšre, on sent l’influence (l’hommage ?) Ă  Blutch. Mais c’est surtout Lewis Trondheim (sous le pseudonyme Luis TroĂ«n) qui sera au centre des attentions. AdulĂ© par l’auteur, sa passion pour l’auteur devient un running gag trĂšs efficace au fil des pages.

Un auteur qui se cherche et se trouve.

Au-delĂ  des histoires sur la bande-dessinĂ©e, Guillaume Long diverge et parle aussi de son enfance. On sent un auteur qui se cherche. Graphiquement, on voit une tentative de faire des bande-dessinĂ©es avec un dessin et le texte en-dessous, puis on tĂątonne vers un entre-deux. Cette façon dont l’auteur se cherche dans la narration (et aussi dans l’humour) est des plus intĂ©ressantes. Et on le voit progresser, puisque les derniĂšres histoires font mouche. Plus le livre avance et plus on rit. L’auteur parvient Ă  trouver un ton et un humour qui nous font beaucoup sourire et mĂȘme rire par moment. Au point qu’aprĂšs cet ouvrage, il me paraissait essentiel de m’intĂ©resser Ă  la suite de la production de l’auteur.

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HĂ©las, qui dit recueil dit souvent qualitĂ© inĂ©gale. C’est le cas ici. Certaines histoires laissent un peu froid, lĂ  oĂč d’autres nous transportent. Que dire que cette formidable histoire oĂč Guillaume Long se perd en voiture et va dormir dans un domaine perdu ? L’autodĂ©rision marche Ă  plein rĂ©gime. Si ce n’est pas forcĂ©ment original, Guillaume Long se l’approprie pleinement.

Graphiquement, Guillaume Long a un style qui se reconnaĂźt vite, mais il se cherche ici. Le noir et blanc est de rigueur, bien que parfois relevĂ© de niveaux de gris. On sent des modifications, des essais
 Et le tout est plutĂŽt rĂ©ussi. La maturitĂ© de son style se sent une nouvelle fois et sa façon de dessiner en noir et blanc hachurĂ© est dynamique et vivante. Le trait est simple, mais la gestion des noirs et des volumes est rĂ©flĂ©chie et rĂ©ussie. Bref, un dessin qui paraĂźt simple au tout venant, mais qui vaut le coup d’Ɠil.

Cette « Anatomie de l’éponge » a les dĂ©fauts du recueil. Son cĂŽtĂ© inĂ©gal gĂȘnera Ă  coup sĂ»r. Mais il y a de vraies qualitĂ© tant dans la narration que dans le dessin chez Guillaume Long qui suffisent Ă  lui donner de l’intĂ©rĂȘt. Quand on voit le nombre d’autobiographies insipides qui peuvent fleurirent sur les rayons, ce n’est pas le cas ici. Le livre montre un auteur qui se cherche et, surtout, qui se trouve !

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Note : 14/20

Z comme Don Diego, T1 : Coup de foudre Ă  l’hacienda – Fabcaro & Fabrice Erre

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Titre : Z comme Don Diego, T1 : Coup de foudre Ă  l’hacienda
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Avril 2012


« Z comme Diego » est une nouvelle sĂ©rie nĂ©e en avril dernier. Son premier tome s’intitule « Coup de foudre Ă  l’hacienda ». EditĂ© chez Dargaud, cet ouvrage se compose d’une quarantaine de pages. Son prix avoisine onze euros. Le nom de son scĂ©nariste a attirĂ© mon regard vers cet album. Il s’agit de Fabcaro dont j’avais apprĂ©ciĂ© « Jean-Louis et son encyclopĂ©die » ou « Steve Lumour, l’art de la winne ». J’avais trouvĂ© ses opus trĂšs drĂŽles. Dans « Coup de foudre Ă  l’hacienda », il ne se charge pas des dessins. Cette tĂąche est confiĂ©e Ă  Fabrice Erre dont je dĂ©couvre le travail Ă  cette occasion. Les couleurs naissent de la plume de Sandrine Greff. La couverture nous prĂ©sente un Don Diego dĂ©sabusĂ©. Il est entourĂ© de Zorro qu’on suppose ĂȘtre des usurpateurs. En effet, qui ne sait pas que Don Diego est Ă  Zorro, ce qu’est Peter Parker Ă  Spiderman


La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le synopsis suivant : « Don Diego, alias Zorro, avait dĂ©jĂ  bien du mal Ă  gĂ©rer sa double personnalitĂ© : l’arrivĂ©e de la belle senora Sexoualidad n’allait certainement pas arranger les choses
 Une parodie avec de l’action, du rire, de l’émotion, des chevaux, des Ă©pĂ©es, des combinaisons, de la paella, de la biĂšre et des hommes invisibles. »

zcommedondiego1bEn me plongeant dans « Coup de foudre Ă  l’hacienda », deux sentiments contradictoires se mĂȘlaient. J’étais curieux de dĂ©couvrir cette parodie de Zorro qui est vraiment le hĂ©ros de mon enfance. J’ai toujours gardĂ© une tendresse pour la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e en noir et blanc datant des annĂ©es cinquante. Le petit monde de Don Diego, Bernardo, le sergent Garcia et des autres m’ont toujours passionnĂ©e et fait rire. ParallĂšlement, j’apprĂ©hende de ce type de sĂ©rie qui prĂ©tend jouer avec les codes d’un univers Ă©tabli et connu. Souvent, le soufflĂ© retombe trĂšs vite et la dimension commerciale de ce choix scĂ©nariste prend rapidement le pas sur l’imagination de l’auteur. J’étais donc curieux de voir si Fabcaro allait arriver Ă  manipuler avec talent tous les aspects de cette cĂ©lĂšbre communautĂ©.

Des vannes variées à aucun moment répétitives.

L’ouvrage nous prĂ©sente deux gags par page. Chacun se dĂ©compose en six cases carrĂ©es de taille identique. Cela impose Ă  la trame de chaque scĂšne d’ĂȘtre dense et bien construite parce que l’auteur n’a pas non plus trop de temps pour les digressions. Je vous avoue que les premiers gags m’apparaissent prĂ©visibles et presque dĂ©cevants. Mais rapidement une atmosphĂšre agrĂ©able se dĂ©gage de la lecture et notre immersion dans l’univers créé par les auteurs se fait plus intense. La densitĂ© de qualitĂ© est plutĂŽt bonne et chaque page fait naitre un sourire ou un rire franc. Fabcaro arrive Ă  offrir des vannes variĂ©es qui ne s’avĂšrent Ă  aucun moment rĂ©pĂ©titive. C’est une performance parce le dĂ©faut de la redite est souvent irrĂ©mĂ©diable dans ce genre d’ouvrage.

Le scĂ©nariste arrive Ă  construire sa parodie en exploitant parfaitement les codes de la sĂ©rie originale. Tous les personnages avec leurs caractĂ©ristiques propres sont exploitĂ©s. L’aspect humoristique est l’atout principal de cet ouvrage qui chatouillent nos zygomatiques aisĂ©ment. A dĂ©faut de nous faire pleurer de rire, la bonne humeur dĂ©gagĂ©e par la lecture est des plus agrĂ©ables. De plus, le fait que Fabcaro utilise tous les aspects de « Zorro » m’offre une plongĂ©e en enfance que je savoure avec appĂ©tit. Je n’ai pas envie de vous donner des exemples qui vous gĂącheraient la dĂ©couverte. Mais sachez qu’on rigole avec plaisir des maladresses de tous les protagonistes.

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Le dessin  de Fabrice Erre correspond parfaitement au public visĂ© par cet ouvrage. Tous les membres de la famille peuvent trouver quelque chose dans cet opus. NĂ©anmoins, j’ai eu du mal Ă  ĂȘtre conquis par son trait au dĂ©but. Je le trouvais un peu brouillon et trop excessif. Mais une fois envahi par l’atmosphĂšre de la sĂ©rie, son trait quasi caricatural correspond parfaitement au propose tenu par Fabcaro. Je pense donc qu’à dĂ©faut de marquer les esprits, les illustrations nĂ©es du trait de Fabrice Erre accompagne parfaitement le moment divertissant de lecture offert par cet ouvrage.

En conclusion, « Coup de foudre Ă  l’hacienda » est une rĂ©ussite. Il s’agit d’un ouvrage de qualitĂ© qui gĂ©nĂšre de la bonne humeur. Tout n’est pas homĂ©rique et l’ensemble n’est pas un chef d’Ɠuvre. MalgrĂ© tout, dans la thĂ©matique de la parodie, il s’agit Ă  mes yeux d’un des meilleurs du genre. Il est difficile de s’approprier un univers et de le tourner en dĂ©rision. Fabcaro s’en sort vraiment bien. Je pense donc que je lirai avec joie le second tome qui devrait paraitre dans quelques mois. Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 13/20

Une annĂ©e au lycĂ©e – Fabrice Erre

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Titre : Une année au lycée
Scénariste : Fabrice Erre
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Avril 2014


Fabrice Erre est dessinateur de bande-dessinĂ©e. Mais comme nombre de ses collĂšgues, il possĂšde un « vrai » mĂ©tier lui permettant de vivre dignement : enseignant d’histoire-gĂ©ographie en lycĂ©e. ForcĂ©ment, la tentation de raconter son quotidien face aux Ă©lĂšves Ă©tait trop tentant. VoilĂ  qu’il nous propose un ouvrage autobiographique, « Une annĂ©e au lycĂ©e ». Le tout est publiĂ© chez Dargaud et pĂšse pas moins de 153 pages !

L’auteur dĂ©marre donc l’annĂ©e avec la fin des vacances et termine le tout avec le dĂ©but des vacances. On retrouve donc les premiers contacts avec la classe jusqu’au bac. Fabrice Erre a l’avantage d’avoir des secondes, des terminales (qui prĂ©parent le bac) et d’ĂȘtre professeur principal. Cela permet de balayer un large spectre de situations. DĂšs le dĂ©part, l’auteur nous prĂ©vient : oui, tout est romancĂ© (heureusement d’ailleurs). Chaque scĂšne est donc un condensĂ© de vĂ©cu, clairement concentrĂ© pour en amĂ©liorer l’aspect comique.

On sent le vécu !

Fabrice Erre joue la carte de l’autodĂ©rision dĂšs le dĂ©part. Il se dessine bien plus vieux qu’il ne l’est et n’hĂ©site pas Ă  se montrer sous un jour peu reluisant. Et c’est lĂ  oĂč la bande-dessinĂ©e est rĂ©ussie. Erre est un professeur normal : aussi bien il peut avoir des fulgurances pour adapter son cours Ă  ses Ă©lĂšves (et mĂȘme faire preuve d’ouverture dans les discussions), aussi bien il merdouille bien par moments ! L’humour fonctionne trĂšs bien et il n’est pas rare de rire devant les gags et remarques lues. C’est lĂ  oĂč « Une annĂ©e au lycĂ©e » supplante des BDs comme « Les profs ». On sent le vĂ©cu, l’absurde des remarques, les situations qui dĂ©rapent


L’auteur nous propose deux types de scĂšnes. Les premiĂšres sont classiques et montrent le prof avec ses collĂšgues ou les Ă©lĂšves. Les deuxiĂšmes sont des purs dĂ©lires oĂč Erre fait des parallĂšles entre un univers (la guerre par exemple) et l’enseignement. Elles sont globalement aussi rĂ©ussie et cela permet de rythmer l’album qui pourrait paraĂźtre rĂ©pĂ©titif si les scĂšnes de classe s’enchaĂźnaient mĂ©thodiquement.

Au niveau du dessin, c’est quand mĂȘme un peu lĂ©ger. Les dĂ©lires sont plus travaillĂ©s graphiquement mais les scĂšnes de classe sont peu ouvertes Ă  l’expĂ©rimentation graphique. L’auteur se contente de dessiner les personnages, qu’il fait trĂšs expressifs. En soit, ce choix est pertinent car l’auteur se focalise sur les rĂ©actions et les dialogues, qui font l’essence d’une classe. Le tout est colorisĂ© en bichromie (sauf des exceptions lors des dĂ©lires de l’auteur).

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« Une annĂ©e au lycĂ©e » est un ouvrage rĂ©ussi. En utilisant parfaitement les absurditĂ©s du monde du lycĂ©e, Fabrice Erre lui donne de la force par son trait. Quand on voit la tĂȘte du prof, trĂšs satisfait de voir les Ă©lĂšves grĂ©vistes ne pas arriver Ă  faire se calmer une classe, tout est dit ! Un bel ouvrage, forcĂ©ment un peu rĂ©servĂ© Ă  ceux pour qui l’éducation nationale n’est pas qu’un souvenir de jeunesse.

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Note : 16/20

Et pour poursuivre l’expĂ©rience : http://uneanneeaulycee.blog.lemonde.fr/

Mars ! – Fabrice Erre & Fabcaro

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Titre : Mars !
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Août 2014


J’ai dĂ©couvert le duo formĂ© par Fabrice Erre et Fabcaro en lisant les deux chapitres de « Z comme Diego », digression humoristique dans l’univers du cĂ©lĂšbre hĂ©ros masquĂ©. J’avais beaucoup ri en suivant les maladresses de l’incompĂ©tent Diego dans son rĂŽle de Zorro. RĂ©cemment, j’ai retrouvĂ© avec plaisir Fabrice Erre quand il dĂ©crit son quotidien d’enseignant dans le sympathique et divertissant « Une annĂ©e au lycĂ©e ». C’est donc avec plaisir que j’ai vu par hasard dans les rayons d’une librairie « Mars ! ». Cet ouvrage coĂ©crit par les deux auteurs est de format carrĂ© et se compose de soixante-quatre planches. EditĂ© chez « Fluide Glacial », il coĂ»te quinze euros.

L’histoire est simple. Elle nous conte l’envol d’une navette française vers Mars. Nous suivons donc le point de vue des astronautes, du prĂ©sident de la RĂ©publique, des ingĂ©nieurs au sol et du français lambda qui vit l’évĂ©nement devant sa tĂ©lĂ©vision. Je ne vous dĂ©voilerai pas tout ce qui se passe mais sachez que tout ce beau monde ne sort pas grandi de cette aventure spatiale !

La dĂ©sacralisation de la conquĂȘte spatiale est hilarante.

Mars1De la mĂȘme maniĂšre que dans « Z comme Diego », les pages se dĂ©composent en scĂ©nette de trois cases contant chacune une anecdote dĂ©lurĂ©e et dĂ©calĂ©e autour de ce projet d’ampleur. L’aĂ©ronautique n’en sort pas grandi mais par contre nos zygomatiques adorent ! La densitĂ© humoristique du propos est forte et la qualitĂ© constante du dĂ©but Ă  la fin. Les rebondissements et les surprises sont nombreux ! La dĂ©sacralisation de la conquĂȘte spatiale est hilarante.

Cette lecture s’adresse Ă  un public trĂšs large. Les vannes utilisent une grande variĂ©tĂ© d’ingrĂ©dients pour faire rire. L’immense majoritĂ© des chutes sont surprenantes. Chaque nouvelle scĂšne alimente la curiositĂ© du fait de sa qualitĂ© comique. L’attrait constant facilite l’immersion dans l’univers de cette aventure spatiale pas comme les autres. L’humour alimente l’humour et les rires se succĂšdent au rythme de dĂ©filement des pages.

Mars3Comme que je l’évoquais prĂ©cĂ©demment, les auteurs ne se contentent pas de nous faire le quotidien du cockpit de la station et du poste de commandement au sol. Nous dĂ©couvrons Ă©galement les arcanes de la gestion politique pour le moins originale de nos dirigeants. Nous ne passons pas non plus Ă  cĂŽtĂ© des sentiments vĂ©cus par le français moyen qui voit devant sa tĂ©lĂ©vision l’Histoire s’écrire. Cette diversitĂ© de points de vue alimente le concentrĂ© de drĂŽleries qui compose ce  « Mars ! ».

Le dessin de Fabrice Erre est aisĂ©ment reconnaissable. Je sais que certains lecteurs le trouvent bĂąclĂ© et s’avĂšrent assez hermĂ©tique Ă  son style. Je peux le comprendre aisĂ©ment. NĂ©anmoins, personnellement, je trouve que le trait coĂŻncide parfaitement Ă  avec le ton dĂ©lurĂ© et dĂ©calĂ© de l’album. En tout cas, les couleurs vives qui accompagnent la lecture sont apprĂ©ciables et participent Ă  la bonne humeur dĂ©gagĂ©e.

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Pour conclure, « Mars ! » est une belle rĂ©ussite. J’ai passĂ© un trĂšs bon moment en le lisant et n’hĂ©siterai pas Ă  m’y plonger Ă  nouveau pour redĂ©couvrir les pĂ©rĂ©grinations de ce groupe de bras cassĂ©s. Je ne peux donc que vous inciter Ă  partir Ă  la rencontre de cette aventure pas comme les autres


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Note : 16/20

La Capote qui Tue – Ralf König

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Titre : La Capote qui Tue
Scénariste : Ralf König
Dessinateur : Ralf König
Parution : Mai 1999


Ralf König est un auteur de bandes-dessinĂ©es humoristiques allemand dont les protagonistes sont pour la plupart homosexuels. Dans le recueil « La capote qui tue », on trouve deux histoires : « La capote qui tue » et « le retour de la capote qui tue ». Tout de suite on comprend combien il va falloir faire preuve de second degrĂ© pour avaler la pilule ! Je connaissais dĂ©jĂ  Ralf König par « Les nouveaux mecs » qui tenait plus de l’analyse sociologique des rapports hĂ©tĂ©ro/homo.

Car ici, c’est de sĂ©rie B qu’il s’agit (voire de sĂ©rie Z). C’est complĂštement barrĂ© mais parfaitement assumĂ©. Le tout est prĂ©sentĂ© comme un film, avec nom d’acteurs, de rĂ©alisateur
 Rapidement, on voit que c’est les milieux les plus mal famĂ©s de l’homosexualitĂ© que l’on va explorer. HĂŽtels de passe avec travestis, milieu du cuir
 König ne fait pas dans la dentelle.

On suit l’histoire de MĂ©caroni, un inspecteur homosexuel et un peu rustre sur les bords. Sa particularitĂ© est d’avoir un sexe Ă©norme (40 cm) et d’arriver Ă  se taper Ă  chaque histoire un bel Ă©talon. Son cĂŽtĂ© blasĂ© et homo le met en complet dĂ©calage avec ses collĂšgues qui lui reprochent sa vie de dĂ©bauche. Essentiellement, MĂ©caroni est l’homme qui permet de montrer la vision du monde consensuel sur l’homosexualitĂ©.

Concernant l’histoire, cette capote tueuse apporte un vrai suspense : MĂ©caroni va-t-il se faire manger le sexe aprĂšs s’ĂȘtre fait mangĂ© une premiĂšre couille ? La tension est palpable de bout en bout. La premiĂšre histoire fait appel aux hĂŽtels de passe, la seconde (qui voit le retour de la capote) est encore plus barrĂ©e et part dans des histoires de savants fous. Elle a le mĂ©rite d’expliquer l’existence de cette fameuse capote.

Homo refoulĂ©, bars gay et vie d’hĂ©tĂ©ro chiante Ă  mourir

Remise dans le contexte, il faut signaler que ces histoires sont parues en pleine campagne de prĂ©vention contre le SIDA (premiĂšre publication en 1988 et 1990). C’est donc en pleine peur du sexe et apprentissage du prĂ©servatif que se situe l’intrigue. Il y a donc une forme de message dans cette histoire. Ainsi, un flic dĂ©clare : « Cette putain de campagne anti-SIDA coĂ»te au gouvernement des millions de dollars, rien que pour que les gens mettent des capotes avant de baiser. Maintenant, ils ont tous peur que ces trucs les bouffent !!! » Cela n’est Ă©videmment pas anodin et permet de voir plus loin que la simple sĂ©rie B dans cet ouvrage. On retrouve Ă©galement des thĂšmes rĂ©currents dans les ouvrages de König : l’homosexuel refoulĂ©, les bars gay, la vie de l’hĂ©tĂ©ro chiante Ă  mourir


Le graphisme de König, trĂšs reconnaissable avec ses gros nez, fait mouche. Un soin particulier a Ă©tĂ© apportĂ© aux ambiances pour coller Ă  l’esprit cinĂ©matographique. Les premiĂšres pages sont simplement magnifiques. Les scĂšnes de nuit et de bars sont Ă©galement trĂšs rĂ©ussies. Le tout est dessinĂ© dans un noir et blanc trĂšs maĂźtrisĂ©.

capotequitue2

Je prĂ©fĂšre prĂ©venir que König n’hĂ©site pas Ă  montrer des scĂšnes d’accouplement entre hommes Ă  de multiples reprises. Si certains sont gĂȘnĂ©s par ce genre de choses, mieux vaut Ă©viter « La capote qui tue »qui a tendance Ă  ĂȘtre bien plus explicite que dans d’autres des ouvrages de l’auteur. Si je ne trouve pas ça particuliĂšrement choquant (ce n’est pas trash en soit), cela dĂ©pend de la sensibilitĂ© de chacun.

« La capote qui tue » est donc une BD complĂštement dĂ©jantĂ©e et menĂ©e avec brio. Il y a un vrai suspense, des personnages secondaires rĂ©ussis, un humour omniprĂ©sent
 Le tout se lit avec plaisir, mĂȘme s’il vaut mieux ne pas lire les deux histoires Ă  la suite, Ă  cause d’une certaine redondance entre elles. A lire d’urgence pour les moins coincĂ©s d’entre vous !

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Note : 15/20

Prototype – Ralf König

Prototype


Titre : Prototype
Scénariste : Ralf König
Dessinateur : Ralf König
Parution : Septembre 2011


Ralf König est un auteur que j’aime beaucoup. SpĂ©cialisĂ© dans la description du milieu gay, l’allemand produit ici « Prototype », sortant de son sujet habituel. Le prototype est Adam, le premier homme. Alors, que donne ce livre hors des sentiers battus ? Ralf König est-il aussi pertinent et drĂŽle lorsqu’il aborde des sujets thĂ©ologiques ?

Le livre s’articule essentiellement sur les dialogues entre Dieu et le serpent Lucky (alias Lucifer). Dieu crĂ©e sa nouvelle crĂ©ature, mais Lucky est plutĂŽt critique dessus, poussant Dieu a de nombreux changements. La suite, on la connaĂźt : Eve, la pomme, l’exil, etc.

Un relecture du mythe sympathique.

prototype2Dans « Prototype », König se moque donc de la crĂ©ation de l’Homme en la prenant au pied de la lettre. Dieu ajoute et supprime des fonctionnalitĂ©s au fur et Ă  mesure. Capricieux et visiblement irascible, notre PĂšre en prend pour son grade
 Comme dans tout livre un tant soit plus blasphĂ©matoire qui se respecte, l’esprit malin paraĂźt bien plus sympathique et plein de bon sens ! Ainsi, la relecture du mythe est finalement assez lĂ©gĂšre, malgrĂ© une grosse entorse Ă  l’histoire officielle sur le fruit dĂ©fendu !

Ralf König base tout son livre sur les dialogues, souvent absurdes au vue de la situation. C’est son point fort et l’ironie inonde les pages de l’ouvrage. Si on sourit souvent, on ne peut constater que le manque d’originalitĂ© de l’ensemble. Les ouvrages reprenant la GĂ©nĂšse sont trĂšs nombreux et force et de constater que celui-ci n’apporte rien de neuf. Reste des dialogues sympathiques et quelques passages bien sentis ! La thĂšse du livre en soit est plus originale, bien qu’un peu tirĂ©e par les cheveux.

Au niveau du dessin, on retrouve le trait tout en rondeur de l’auteur. Le sujet n’apporte pas forcĂ©ment un maestria graphique, mais les expressions des personnages restent un vrai dĂ©lice. On notera des couleurs assez criardes. Est-ce l’impression ou un choix esthĂ©tique ? Difficile de le savoir. En tout cas, Ralf König possĂšde un trait parfaitement adaptĂ© Ă  son propos.

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« Prototype » ne rĂ©volutionne rien. MalgrĂ© tout, la lecture est plaisante et l’humour fait mouche. Une lecture sympathique pour les amateurs de relecture biblique. Ni plus, ni moins.

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Note : 13/20

Maurice et Patapon, T6 : Mariage pour tous ! – Charb

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Titre : Maurice et Patapon, T6 : Mariage pour tous !
Scénariste : Charb
Dessinateur : Charb
Parution : Mai 2013


Je n’ai jamais lu Charlie Hebdo. Je ne suis pas hermĂ©tique Ă  ce type de presse mais disons que l’occasion ne s’est jamais prĂ©sentĂ©e de m’y plonger. Ce n’est donc pas par ce chemin que j’ai dĂ©couvert Charb. En effet, ma rencontre avec cet auteur a eu lieu grĂące un de mes anciens collĂšgues qui m’a mis dans les mains le premier tome de Maurice et Patapon. Je suis tombĂ© sous le charme de ses deux personnages uniques dans leur genre. Depuis, je guette la parution de chaque nouvel Ă©pisode dans les librairies. Le dernier en date s’intitule Mariage pour tous !. EditĂ© chez Les EchappĂ©s Charlie Hebdo, il est apparu dans les rayons en mai dernier. Son prix avoisine quatorze euros. La couverture, sur fond vert, nous prĂ©sente le chien et le chat en costume de mariĂ©s. Cette illustration est pleinement en accord avec le titre et l’actualitĂ©.

Notre premier contact visuel pourrait laisser croire que cet album surfe sur un sujet vendeur et dans l’air du temps. Ce n’est absolument pas le cas. De mĂ©moire, quasiment aucun des strips n’évoque le mariage gay. Cet ouvrage se compose d’une soixantaine de pages. La majoritĂ© des planches est partagĂ©e en trois bandes de trois cases chacune. Elles sont toutes indĂ©pendantes les unes des autres. Certains gags se dĂ©roulent sur une seule page mais ils sont minoritaires. La structure de l’album incite Ă  le feuilleter. NĂ©anmoins, cela ne m’a pas empĂȘchĂ© de le dĂ©vorer d’une seule traite.

Des réflexions sur la connerie humaine qui sont de vrais moments de bonheur.

On pourrait croire que Charb axe la majoritĂ© de son travail sur le dessin satirique et sur l’actualitĂ©. Ce n’est pas tout Ă  fait le cas. L’auteur ne se concentre pas sur des Ă©vĂ©nements prĂ©cis pour dĂ©velopper son message. Ses histoires se rapprochent davantage de grande vĂ©ritĂ© sur la sociĂ©tĂ© et s’avĂšrent finalement assez intemporelles. Ces rĂ©flexions sur la connerie humaine sont de vrais moments de bonheur. Il Ă©nonce un grand nombre d’évidences avec un style brut de dĂ©coffrage qui dĂ©clenchent sans aucun mal de vrais rires francs. Il faut par contre vous prĂ©venir que le style est loin d’ĂȘtre politiquement correct et pourrait choquer ou mettre mal Ă  l’aise les lecteurs les plus sensibles.

Charb est incontestablement un des meilleurs dans le domaine de l’humour scatologique. Il n’y a quasiment pas un seul gag qui ne voit pas apparaitre les dĂ©fections du chien. Ce dernier Ă©voque ses « productions » comme une personne. Les phrases fusent et raviront les adeptes du genre. J’ai vraiment ri de bon cƓur tout au long de ma lecture. Quand les « merdes » ne sont pas de sortie, le sexe fait une entrĂ©e remarquĂ©e. Le gras trouve une place de choix dans cet ouvrage ! La sodomie, la zoophilie, la fellation
 Rien n’est oubliĂ© ! Je suis assez impressionnĂ© par la capacitĂ© de Charb Ă  gĂ©nĂ©rer autant de strips avec finalement aussi peu d’ingrĂ©dients de dĂ©part. C’est un vrai talent. Il arrive Ă  produire plus de cent cinquante gags de grande qualitĂ©. La densitĂ© humoristique de l’ensemble est bonne. Il n’y a vraiment pas grand-chose Ă  jeter.

Le dessin est facilement reconnaissable. Quiconque a dĂ©jĂ  eu l’occasion de voir une illustration de Charb n’aura aucun mal Ă  identifier son trait. D’apparence assez simple, il s’accorde parfaitement avec le propos de l’album. Quand le contenu est aussi gras et scatologique, il est important que le graphisme n’attĂ©nue pas le ton. Les expressions de Maurice et Patapon accentuent encore le cĂŽtĂ© incorrect de l’album. Les couleurs sont minimalistes. La majoritĂ© des strips ne voit aapparaĂźtreque l’orange de Maurice et le jaune de Patapon. Certaines cases voient aapparaĂźtrele vert de l’herbe, une burqa bleue ou du sang rouge. Mais tout cela reste anecdotique.

Au final, Mariage pour tous ! a rĂ©pondu Ă  mes attentes. J’ai beaucoup ri et ai aimĂ© ĂȘtre choquĂ© ou outrĂ© par certains propos de Charb. Je ne suis pas d’accord avec tous ses excĂšs mais cela ne m’empĂȘche de prendre beaucoup de plaisir Ă  le lire dĂ©blatĂ©rer ses quatre vĂ©ritĂ©s. Je ne peux donc que conseiller Ă  tout le monde de partir Ă  la dĂ©couverte de Maurice et Patapon. Vous serez peut-ĂȘtre conquis mais pourquoi ne pas courir le risque de trouver cela drĂŽle ? 

gravatar_eric

Note : 14/20