Z comme Don Diego, T1 : Coup de foudre Ă  l’hacienda – Fabcaro & Fabrice Erre

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Titre : Z comme Don Diego, T1 : Coup de foudre Ă  l’hacienda
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Avril 2012


« Z comme Diego » est une nouvelle sĂ©rie nĂ©e en avril dernier. Son premier tome s’intitule « Coup de foudre Ă  l’hacienda ». EditĂ© chez Dargaud, cet ouvrage se compose d’une quarantaine de pages. Son prix avoisine onze euros. Le nom de son scĂ©nariste a attirĂ© mon regard vers cet album. Il s’agit de Fabcaro dont j’avais apprĂ©ciĂ© « Jean-Louis et son encyclopĂ©die » ou « Steve Lumour, l’art de la winne ». J’avais trouvĂ© ses opus trĂšs drĂŽles. Dans « Coup de foudre Ă  l’hacienda », il ne se charge pas des dessins. Cette tĂąche est confiĂ©e Ă  Fabrice Erre dont je dĂ©couvre le travail Ă  cette occasion. Les couleurs naissent de la plume de Sandrine Greff. La couverture nous prĂ©sente un Don Diego dĂ©sabusĂ©. Il est entourĂ© de Zorro qu’on suppose ĂȘtre des usurpateurs. En effet, qui ne sait pas que Don Diego est Ă  Zorro, ce qu’est Peter Parker Ă  Spiderman


La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le synopsis suivant : « Don Diego, alias Zorro, avait dĂ©jĂ  bien du mal Ă  gĂ©rer sa double personnalitĂ© : l’arrivĂ©e de la belle senora Sexoualidad n’allait certainement pas arranger les choses
 Une parodie avec de l’action, du rire, de l’émotion, des chevaux, des Ă©pĂ©es, des combinaisons, de la paella, de la biĂšre et des hommes invisibles. »

zcommedondiego1bEn me plongeant dans « Coup de foudre Ă  l’hacienda », deux sentiments contradictoires se mĂȘlaient. J’étais curieux de dĂ©couvrir cette parodie de Zorro qui est vraiment le hĂ©ros de mon enfance. J’ai toujours gardĂ© une tendresse pour la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e en noir et blanc datant des annĂ©es cinquante. Le petit monde de Don Diego, Bernardo, le sergent Garcia et des autres m’ont toujours passionnĂ©e et fait rire. ParallĂšlement, j’apprĂ©hende de ce type de sĂ©rie qui prĂ©tend jouer avec les codes d’un univers Ă©tabli et connu. Souvent, le soufflĂ© retombe trĂšs vite et la dimension commerciale de ce choix scĂ©nariste prend rapidement le pas sur l’imagination de l’auteur. J’étais donc curieux de voir si Fabcaro allait arriver Ă  manipuler avec talent tous les aspects de cette cĂ©lĂšbre communautĂ©.

Des vannes variées à aucun moment répétitives.

L’ouvrage nous prĂ©sente deux gags par page. Chacun se dĂ©compose en six cases carrĂ©es de taille identique. Cela impose Ă  la trame de chaque scĂšne d’ĂȘtre dense et bien construite parce que l’auteur n’a pas non plus trop de temps pour les digressions. Je vous avoue que les premiers gags m’apparaissent prĂ©visibles et presque dĂ©cevants. Mais rapidement une atmosphĂšre agrĂ©able se dĂ©gage de la lecture et notre immersion dans l’univers crĂ©Ă© par les auteurs se fait plus intense. La densitĂ© de qualitĂ© est plutĂŽt bonne et chaque page fait naitre un sourire ou un rire franc. Fabcaro arrive Ă  offrir des vannes variĂ©es qui ne s’avĂšrent Ă  aucun moment rĂ©pĂ©titive. C’est une performance parce le dĂ©faut de la redite est souvent irrĂ©mĂ©diable dans ce genre d’ouvrage.

Le scĂ©nariste arrive Ă  construire sa parodie en exploitant parfaitement les codes de la sĂ©rie originale. Tous les personnages avec leurs caractĂ©ristiques propres sont exploitĂ©s. L’aspect humoristique est l’atout principal de cet ouvrage qui chatouillent nos zygomatiques aisĂ©ment. A dĂ©faut de nous faire pleurer de rire, la bonne humeur dĂ©gagĂ©e par la lecture est des plus agrĂ©ables. De plus, le fait que Fabcaro utilise tous les aspects de « Zorro » m’offre une plongĂ©e en enfance que je savoure avec appĂ©tit. Je n’ai pas envie de vous donner des exemples qui vous gĂącheraient la dĂ©couverte. Mais sachez qu’on rigole avec plaisir des maladresses de tous les protagonistes.

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Le dessin  de Fabrice Erre correspond parfaitement au public visĂ© par cet ouvrage. Tous les membres de la famille peuvent trouver quelque chose dans cet opus. NĂ©anmoins, j’ai eu du mal Ă  ĂȘtre conquis par son trait au dĂ©but. Je le trouvais un peu brouillon et trop excessif. Mais une fois envahi par l’atmosphĂšre de la sĂ©rie, son trait quasi caricatural correspond parfaitement au propose tenu par Fabcaro. Je pense donc qu’à dĂ©faut de marquer les esprits, les illustrations nĂ©es du trait de Fabrice Erre accompagne parfaitement le moment divertissant de lecture offert par cet ouvrage.

En conclusion, « Coup de foudre Ă  l’hacienda » est une rĂ©ussite. Il s’agit d’un ouvrage de qualitĂ© qui gĂ©nĂšre de la bonne humeur. Tout n’est pas homĂ©rique et l’ensemble n’est pas un chef d’Ɠuvre. MalgrĂ© tout, dans la thĂ©matique de la parodie, il s’agit Ă  mes yeux d’un des meilleurs du genre. Il est difficile de s’approprier un univers et de le tourner en dĂ©rision. Fabcaro s’en sort vraiment bien. Je pense donc que je lirai avec joie le second tome qui devrait paraitre dans quelques mois. Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 13/20

Maurice et Patapon, T5 : Ni dieu, ni maĂźtre ! – Charb

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Titre : Maurice et Patapon, T5 : Ni dieu, ni maĂźtre !
Scénariste : Charb
Dessinateur : Charb
Parution : Mai 2012


« Ni Dieu ni maĂźtre ! » est le titre ambitieux du cinquiĂšme tome des aventures de « Maurice et Patapon ». Les deux personnages sont le fruit de l’imagination de Charb, auteur connu pour son travail avec « Charlie Hebdo ». D’ailleurs ce dernier ouvrage a Ă©tĂ© Ă©ditĂ© aux Editions Les EchappĂ©s dans la collection Charlie Hebdo. Son apparition dans les rayons date de mai dernier. Il est d’un format classique et est vendu pour environ treize euros. La couverture nous prĂ©sente Dieu en train de donner des hosties Ă  un chat pendant qu’un chien s’apprĂȘte Ă  lui donner un coup de marteau sur la tĂȘte. Tout un programme !

Wikipedia (www.wikipedia.fr) offre une prĂ©sentation Ă  la fois synthĂ©tique et limpide de cet ouvrage : « Maurice est un chien bisexuel, anarchiste aimant les excrĂ©ments, la sodomie et le sexe tandis que Patapon est un chat asexuel, fasciste et ultra-libĂ©ral, aimant la mort et la souffrance (des autres). » VoilĂ  qui est clair : Ăąme sensible s’abstenir !

Cet album peut se lire sans avoir lu les quatre prĂ©cĂ©dents. D’ailleurs, chacune de ses pages est indĂ©pendante des autres. Les planches se  dĂ©composent essentiellement en strip dĂ©veloppĂ© sen trois cases. Chacune possĂšde quatre gags. Ponctuellement, une anecdote occupe toute la page. Cela offre une lecture dense. Cette construction empĂȘche les temps morts et les pĂ©riodes de transition. Vu la prĂ©sentation faite des personnages, il apparait Ă©vident que cette lecture s’adresse Ă  un public averti. Les plus jeunes risquent de ne pas sortir indemne d’une telle dĂ©couverte.

Une absence de limite et de tabou.

Les diffĂ©rentes caractĂ©ristiques de Maurice et de Patapon laissent ouvert bon nombre de thĂ©matiques humoristiques. Certains gags sont scatologiques, pornographiques ou amoraux. Le point commun entre toutes ces scĂ©nettes est l’absence de limite et de tabou que s’autorise l’auteur. Charb dit tout ce qu’on peut imaginer de plus crade et immoral sans se l’interdire. Sa vision du monde et de l’humanitĂ© est radicale et assez pessimiste. On ne peut pas dire que les bons sentiments soient de sortie. En ce sens, « Ni Dieu ni maĂźtre ! » ne s’adresse pas Ă  tout le monde. Je comprends aisĂ©ment que certains soient mal Ă  l’aise ou choquĂ©s devant de tels propos. Mais je rassure les adeptes du genre : c’est du haut de gamme ! L’immense majoritĂ© des strips font mouche. On rigole avec plaisir des excĂšs crades et moraux du scĂ©nariste. La variĂ©tĂ© des thĂ©matiques traitĂ©es fait qu’on ne ressent Ă  aucun moment un sentiment de rĂ©pĂ©tition ou de lassitude. La performance est d’autant plus remarquable que Charb a dĂ©jĂ  offert quatre albums construits sur ce principe. A priori, son imagination est sans limite dans le domaine.

Mais le propos ne prendrait pas toute son ampleur sans un dessin Ă  l’avenant. Charb n’a pas de limite dans ses vannes, pourquoi en aurait-il dans son trait ? Les deux personnages principaux sont graphiquement rĂ©ussis et leurs expressions donnent une vraie matiĂšre Ă  leurs discours. Mais l’auteur ne nous montre pas toujours tout. Certains gags justifient une mise en image de l’idĂ©e prĂ©sentĂ©e. D’autres laissent notre imagination travailler et ce n’est pas rien vu les thĂšmes Ă©voquĂ©s ! La coloration est simple car, Ă  l’exception de quelques objets ponctuels, seuls nos hĂ©ros sont colorĂ©s. Maurice est orange et Patapon jaune. Les dĂ©cors sont quasiment inexistants.

En conclusion, « Ni Dieu ni maitre ! » est un ouvrage qui ne laisse pas insensible. Son humour ne fera pas rire tout le monde, je le consens aisĂ©ment. Par contre, ceux qui riront le feront de bon cƓur et prendront un vrai plaisir Ă  dĂ©couvrir chacune des pages. De plus, le fait que « Maurice et Patapon » ne baisse pas de qualitĂ© aprĂšs autant de tomes est un gage de qualitĂ© qu’on se doit de signaler. Cela fait que je n’hĂ©siterai pas Ă  m’offrir le prochain opus des aventures de ces hĂ©ros dĂšs sa sortie. Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 15/20

 

Kraa, T2 : L’Ombre de l’Aigle – BenoĂźt Sokal

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Titre : Kraa, T2 : L’Ombre de l’Aigle
Scénariste : Benoßt Sokal
Dessinateur : BenoĂźt Sokal
Parution : Janvier 2012


BenoĂźt Sokal, auteur de la sĂ©rie « Canardo », avait surpris son monde avec la sortie du premier tome de « Kraa » oĂč son talent de dessinateur explosait dans une histoire totalement dĂ©nuĂ©e d’humour et froide comme la lame d’un couteau. La sortie du deuxiĂšme tome de ce triptyque, « L’ombre de l’aigle » confirme la grande qualitĂ© de cette sĂ©rie.

Dans un coin reculĂ© de la planĂšte, entre Alaska et SibĂ©rie, un territoire devient la source de convoitises. Un relatif rĂ©chauffement local et des minerais prĂ©cieux dans le sous-sol attirent tous les aventuriers avides de richesses rapidement gagnĂ©es. Mais ce n’est pas si simple. Dans la ville nouvelle, tout va trop vite. L’hiver est rude, rendant le travail impossible. Et la nature reste incontrĂŽlĂ©e. DĂ©marrent alors de grands travaux destinĂ©s Ă  Ă©riger un barrage Ă  la sortie d’une vallĂ©e encaissĂ©e. Ainsi, les inondations issues du dĂ©gel seront contrĂŽlĂ©es et de l’électricitĂ© sera produite en grosse quantitĂ©. Dans cette vallĂ©e perdue vivait une tribu indienne, massacrĂ©e depuis. Et surtout, il y a cet aigle gĂ©ant, vĂ©nĂ©rĂ© auparavant comme un dieu, que la civilisation veut faire disparaĂźtre


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Le premier tome de « Kraa » Ă©tait avant tout basĂ© sur la relation entre le garçon et l’aigle. Ici, l’hiver a continuĂ© son processus d’assimilation et le jeune autochtone est devenu complĂštement sauvage. Ainsi, le couple fondateur de la sĂ©rie est trĂšs en retrait, laissant la place Ă  la jeune infirmiĂšre Ă  peine entrevue dans le premier tome. Celle-ci va devoir se rendre dans la vallĂ©e, sur les lieux des travaux, Ă  ses risques et pĂ©rils


Plus que l’aigle, ce sont les vautours qui sont Ă  l’honneur.

Curieux choix de Sokal de mettre de cĂŽtĂ© son aigle dans cette partie. Cependant, cette dĂ©cision n’en est pas mauvaise pour autant. La galerie des personnages s’étoffe et se fait plus pertinente. Car plus que l’aigle, ce sont les vautours qui sont Ă  l’honneur. Le vĂ©ritable sujet est cette ruĂ©e vers l’or et ses consĂ©quences. Et c’est remarquablement traitĂ©. Les dĂ©sillusions, la pauvretĂ©, la misĂšre, les prises de risques
 On s’en bien que ce monde en devenir ne peut que s’écrouler. La duretĂ© de cet univers est omniprĂ©sente. La violence est partout, tout le temps. Le fait de dĂ©marrer ce tome dans la ville donne d’autant plus l’impression que la vallĂ©e est tout sauf accueillante. Et pourtant, cette ville est dĂ©jĂ  sacrĂ©ment dĂ©sagrĂ©able pour ses habitants


La narration reste efficace mais plus classique. Les parties narratives, donnĂ©es par l’aigle, sont plus rares alors qu’elles Ă©taient vraiment la pierre angulaire du premier tome. Tout passe par l’action et le dialogue dĂ©sormais.

Le dessin de Sokal, en couleur directe, est une nouvelle fois splendide. Outre les paysages magnifiques qui sont une vĂ©ritable invitation au voyage, les personnages ont de vraies trognes, donnant beaucoup de personnalitĂ© Ă  l’ensemble. L’auteur semble trĂšs Ă  l’aise pour tout et produit Ă  coup sĂ»r l’une des bande-dessinĂ©es les plus belles de l’annĂ©e.

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Avec « Kraa », Sokal a crĂ©Ă© un monde original, dur et implacable. Passionnant de bout en bout, dotĂ© d’un vrai suspense, il prend le temps de bĂątir toute une sĂ©rie de personnages et de problĂ©matiques avant le troisiĂšme tome qui clora la sĂ©rie. Difficile encore de savoir oĂč il veut vraiment en venir, mais « Kraa » s’annonce d’ors et dĂ©jĂ  comme un chef d’Ɠuvre.

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Note : 18/20

Vingt-trois prostituĂ©es – Chester Brown

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Titre : Vingt-trois prostituées
Scénariste : Chester Brown
Dessinateur : Chester Brown
Parution : Septembre 2012


 Chester Brown dĂ©couvre un jour qu’il n’est plus intĂ©ressĂ© par l’amour, qu’il trouve vain et compliquĂ©. Il s’aperçoit qu’il prĂ©fĂšre ĂȘtre ami avec ses ex, afin d’éviter tous les problĂšmes de couple. HĂ©las, au bout d’un certain temps, le besoin de sexualitĂ© se prĂ©senter. Il dĂ©cide alors de se tourner vers la prostitution. C’est cette expĂ©rience de plusieurs annĂ©es que nous prĂ©sente l’auteur dans un pavĂ© de prĂšs de 300 pages. IntitulĂ© « Vingt-trois prostituĂ©es », il revient donc sur ces femmes qu’a rencontrĂ©es le dessinateur. Le tout est publiĂ© aux Ă©ditions CornĂ©lius.

23prostituĂ©es2Le livre est Ă  la fois un ouvrage autobiographique qui analyse la pensĂ©e de son auteur par rapport aux rapports humains. La prostitution n’est qu’une facette du raisonnement, qui en sera un aboutissement logique. Car Chester Brown ne nous dit pas « je suis allĂ© voir des prostituĂ©es ». Il explique pourquoi il l’a fait et pourquoi il a plus ou moins arrĂȘtĂ©. Cette analyse est essentielle, car l’auteur livre un plaidoyer en faveur de la prostitution (notamment sur le problĂšme de la dĂ©pĂ©nalisation et/ou de la lĂ©galisation. Le tout est d’ailleurs agrĂ©mentĂ© d’une introduction, d’une prĂ©face, d’une postface, d’appendices et de notes
 Comme si l’auteur considĂ©rait que ses planches ne suffisaient pas


Les dessous du milieu, sans faux-semblants.

DerriĂšre la froideur de l’ouvrage (portĂ© par l’auteur dont les raisonnements choqueront de nombreux lecteurs) se rĂ©vĂšle donc un vĂ©ritable documentaire. L’auteur nous invite Ă  dĂ©couvrir les dessous du milieu, sans faux-semblants. Si le personnage de Chester peut paraĂźtre froid, il n’en paraĂźt pas moins sincĂšre. Il est client et souhaite donc avant tout en avoir pour son argent. MalgrĂ© cela, il est avant tout respectueux des femmes qu’il rencontre. Surtout, il discute beaucoup avec elles, ce qui permet d’en savoir plus sur leurs ressentis. Mais Ă  aucun moment il ne dessine leur visage. Une façon de les protĂ©ger sans doute plus que de les dĂ©shumaniser.

Il n’est pas dit que « Vingt-trois prostituĂ©es » convaincra le lecteur que la prostitution est une bonne chose et qu’elle doit obtenir un cadre lĂ©gal. Cependant, il est indĂ©niable que l’ouvrage fait rĂ©flĂ©chir et amĂšne Ă  se poser des questions. On est loin des discours standards. Il est dommage que les appendices cherchent, eux, Ă  convaincre de façon trop Ă©vidente. On aurait prĂ©fĂ©rĂ© un livre qui parle de lui-mĂȘme, sans devoir passer par des pages de texte, façon propagande. Et pourtant, qui sait que je partage de nombreux points de vue de l’auteur.

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Concernant le dessin, il est minimaliste, en noir et blanc. Il est parfaitement maĂźtrisĂ© par l’auteur qui livre des planches d’une froideur et d’une raideur impressionnante. Cela Ă©vite tout pathos qui polluerait le propos. Car derriĂšre cette façade, le lecteur est loin d’ĂȘtre indiffĂ©rent Ă  ce qui se passe ou ce qui se dit.

« Vingt-trois prostituĂ©es » est un ouvrage riche et maĂźtrisĂ© qui ne laissera pas indiffĂ©rent. A la fois autobiographique et documentaire, il ne cherche pas forcĂ©ment Ă  Ă©tablir de vĂ©ritĂ©. Il montre le point de vue et l’expĂ©rience d’un client lambda et ses motivations. Chester Brown a des amis, n’est pas un loser, n’est pas un obsĂ©dĂ© sexuel, mais va voir des prostituĂ©es pour des raisons qui lui sont propres. Un livre fort, qui se lit d’une traite et qui, aprĂšs la lecture, reste dans vos mĂ©ninges.

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Note : 16/20

De capes et de crocs, T10 : De la Lune Ă  la Terre – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T10 : De la Lune Ă  la Terre
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Avril 2012


« De la Lune Ă  la Terre » est un album particulier Ă  mes yeux. Il clĂŽt la dĂ©sormais mythique sĂ©rie « De Cape et de Crocs » nĂ©e de la collaboration d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Avant de partir Ă  la dĂ©couverte de ce dernier Ă©pisode, je m’étais imposĂ© de lire une nouvelle fois l’intĂ©gralitĂ© des opus prĂ©cĂ©dents. Cela m’apparaissait indispensable pour profiter pleinement des derniĂšres aventures de nos hĂ©ros. Ce n’est donc que rĂ©cemment que je me suis plongĂ© dans cet ouvrage apparu dans les rayons en avril dernier. Toujours Ă©ditĂ© chez Delcourt, le bouquin nous offrait une couverture pleine de rĂȘve. On y voit un navire flotter dans l’espace pour le voyage final de notre cĂ©lĂšbre trio dont on devine le portrait dans le ciel Ă©toilĂ©. VoilĂ  qui ne faisait qu’attiser ma curiositĂ© dĂ©jĂ  pas loin d’avoir atteint son paroxysme.

Le synopsis proposĂ© par la quatriĂšme de couverture est le suivant : « Le prince Jean vaincu, la Lune sauvĂ©e, l’heure est venue pour messieurs de Villalobos et Maupertuis de songer au retour. Mais l’ignoble Mendoza n’a pas dit son dernier mot, et quand amour, honneur et amitiĂ© s’opposent, la comĂ©die peut tourner au tragique. Avant de tirer leur rĂ©vĂ©rence, nos gentilshommes devront encore essuyer de terribles coups de thĂ©Ăątre. Arriveront-ils tous Ă  bon port ? »

Réussir son dénouement est rare.

En littĂ©rature ou en bandes dessinĂ©es, une des plus grandes difficultĂ©s est d’arriver Ă  conclure. RĂ©ussir son dĂ©nouement est rare. Il est pourtant important de ne pas nĂ©gliger sa sortie. En effet, c’est souvent ce dernier sentiment qui laissera le dernier goĂ»t Ă  la dĂ©gustation qu’est notre lecture. Une fin trop rapide ou trop abracadabrantesque frustrera ou dĂ©cevra le lecteur. « De Cape et de Crocs » est apparu dans l’univers de ses adeptes il y a plus de quinze ans. Il Ă©tait Ă©vident qu’il fallait sublimer leur sĂ©paration. L’opus prĂ©cĂ©dent se concluait par la mise en Ă©chec du coup d’état contre le roi de la Lune. Il est donc temps de retourner sur Terre. C’est essentiellement autour de ce projet que se construit la trame. Evidemment, les intrigues secondaires vont densifier le propos et nous offrir une lecture des plus passionnantes.

decapeetdecrocs10b« De la Lune Ă  la Terre » a pour mission, entre autre, de fermer un certain nombre de portes qui avaient Ă©tĂ© prĂ©cĂ©demment ouvertes. Certaines rĂ©vĂ©lations Ă©taient prĂ©visibles, d’autres restent obscures. Les auteurs ne nous offrent pas une rĂ©ponse Ă  chacune de nos interrogations. Ce n’était pas pour autant gĂȘnant car chaque page nous fait sentir qu’il faut profiter des derniers moments passĂ©s avec les diffĂ©rents personnages qui sont pour la plupart trĂšs sympathiques. D’ailleurs la derniĂšre page nous offre un sourire enthousiaste qui nous fait fermer l’album accompagnĂ© d’une Ă©motion prenante. L’avancĂ©e vers le dĂ©nouement est subtilement dosĂ©e. On n’est pas dans la brutalitĂ© de certaines sĂ©ries qui offrent deux pages de monologue contenant toutes les rĂ©vĂ©lations accumulĂ©es. Ce n’est ici pas le cas. On est accompagnĂ© par notre lecture vers la fin en douceur.

Il faut nĂ©anmoins rassurer les lecteurs. « De la Lune Ă  la Terre » n’est pas un album pantouflard. L’aventure est encore de sortie. On dĂ©couvre un combat spatial homĂ©rique entre des adversaires historiques. L’amour est au centre de l’intrigue Ă©galement. Les sentiments sont intenses et pas toujours rĂ©ciproques. La tragĂ©die cohabite avec le romantisme. L’amitiĂ© offre Ă©galement des moments touchants. Le cĂŽtĂ© thĂ©Ăątral est Ă©videmment une nouvelle fois au centre de la narration. On profite une nouvelle fois de tirades cultes qui raviront les adeptes du genre. Le travail d’écriture d’Alain Ayroles est un monument du genre qui ne peut laisser personne de marbre.

Le travail de Jean-Luc Masbou sur les illustrations est une nouvelle fois remarquable. Sa capacitĂ© Ă  faire naitre des Ă©motions par ses personnages est une performance. Son souci du dĂ©tail donne une profondeur Ă  ses dĂ©cors et chacune des cases dont on se dĂ©lecte avec appĂ©tit. De plus, il utilise les couleurs avec un vrai talent. Certaines planches quasi monochromatiques sont habitĂ©es d’une atmosphĂšre qui nous emporte complĂštement. Je suis curieux de savoir si Masbou et Ayroles sont amenĂ©s Ă  travailler Ă  nouveau ensemble que ce soit sur un spin off de « De Cape et de Crocs » soit dans un tout autre univers. Par contre, une chose est certaine, je l’espĂšre


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En conclusion, « De la Lune Ă  la Terre » offre Ă  cette sĂ©rie un dĂ©nouement Ă  son ampleur. J’ai terminĂ© ma lecture avec le sourire. Le plaisir de voir cette saga se conclure avec talent l’emporte sur la triste nostalgie de voir que l’histoire est terminĂ©e. La qualitĂ© de cette Ă©popĂ©e m’incite Ă  m’y replonger rĂ©guliĂšrement. L’aventure n’a jamais fait de mal ! Pour ceux qui n’ont pas encore rencontrĂ© Messieurs de Villalobos et de Maupertuis, il est temps de rĂ©parer cette erreur et de combler ce manque


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Note : 17/20

AĂąma, T2 : La multitude invisible – Frederik Peeters

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Titre : AĂąma, T2 : La multitude invisible
Scénariste : Frederik Peeters
Dessinateur : Frederik Peeters
Parution : Octobre 2012


Frederik Peeters avait frappĂ© un grand coup avec le premier tome d’ « AĂąma ». Il avait accouchĂ© d’un rĂ©cit de science-fiction dense et original, basĂ© sur des personnages intĂ©ressants et charismatiques. Ce deuxiĂšme tome, intitulĂ© « La multitude des choses », transformera-t-il l’essai ? Toujours Ă©ditĂ© aux Ă©ditions Gallimard, cette suite compte une nouvelle fois un peu plus de 80 pages.

Nous retrouvons donc Velroc et son frĂšre Conrad sur la planĂšte Ona(ji) en recherche de la substance aĂąma et de celle qui l’a volĂ©e afin de l’utiliser en grandeur nature. La planĂšte se recouvre alors de nouvelles formes de vie. Et plus le groupe se rapproche de l’épicentre, plus cette vie est complexe, dense et donc dangereuse.

aama2aC’est un passionnant voyage que nous propose Frederik Peeters. Dans ce tome encore, l’histoire est avant tout basĂ©e sur les relations entre les personnages. Tout dĂ©marre d’ailleurs lĂ -dessus. Des histoires de coucheries qui mettent le groupe en pĂ©ril alors qu’il y a bien plus grave Ă  s’occuper
 Ainsi est « AĂąma ». La science-fiction et l’univers crĂ©Ă© par l’auteur servent avant tout une Ă©popĂ©e humaine. Seul personnage un peu diffĂ©rent, Churchill irradie de son charisme les pages de l’ouvrage. Ce singe/robot est particuliĂšrement rĂ©ussi. A la fois surpuissant et terriblement humain. Le seul ĂȘtre raisonnable du groupe ?

aama2bCe deuxiĂšme tome est Ă©galement l’occasion de mieux connaĂźtre Volric. Ce dernier narre son histoire et les flashbacks permettent de mieux comprendre les problĂšmes qu’il a avec sa fille. Cet aspect est particuliĂšrement rĂ©ussi. J’ai Ă©tĂ© trĂšs touchĂ© par son histoire qui, si elle se passe dans un univers futuriste, est pourtant terriblement d’actualitĂ©. Ces flashbacks permettent Ă©galement de varier les ambiances, passant de la planĂšte sauvage Ă  la mĂ©tropole pullulant.

Une montĂ©e en tension tout au long de l’ouvrage.

La force de cet album tient Ă©galement dans la montĂ©e en tension tout au long de l’ouvrage. Commençant par un simple voyage dĂ©tendu oĂč Velroc raconte sa vie Ă  Myo, le stress et le danger d’installe petit Ă  petit jusqu’à l’apothĂ©ose de fin. Et pourtant, difficile de savoir oĂč va vraiment nous mener cet ouvrage. Tel Velroc, on est parachutĂ© dans une aventure sans vraiment en comprendre les tenants et les aboutissants. En cela, la narration est exemplaire.

Le dessin au pinceau de Frederik Peeters est un vrai plaisir. Les personnages sont bien identifiĂ©s et expressifs. Il passe sans peine des mĂ©tropoles urbaines au paysage dĂ©sertique de la planĂšte Ona(ji). Les scĂšnes d’action sont bien rendues. Une mention spĂ©ciale est Ă  accorder aux couleurs. Bien que faites d’aplats trĂšs simples (mettant du coup en valeur le trait de Peeters), elles participent grandement Ă  l’ambiance. Ainsi, les tons jaune/orangĂ© de la planĂšte s’enrichissent de nouvelles teintes au fur et Ă  mesure que la vĂ©gĂ©tation apparaĂźt. Cette derniĂšre est d’ailleurs trĂšs rĂ©ussie et possĂšde une cohĂ©rence tout au long de l’ouvrage, mĂȘme si l’auteur semble avoir pris un certain plaisir Ă  reprĂ©senter une nature vulvaire et phallique


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Au final, ce deuxiĂšme tome confirme tous les espoirs placĂ©s dans cette sĂ©rie. DotĂ© d’un univers rĂ©ussi, de personnages marquants et d’un graphisme maĂźtrisĂ©, « AĂąma » devrait s’imposer comme une sĂ©rie de science-fiction majeure si elle continue avec un tel niveau de qualitĂ©. Mais aprĂšs un deuxiĂšme tome aussi rĂ©ussi, on ne peut ĂȘtre que confiant.

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Note : 18/20

Le SiĂšcle des Ombres, T3 : Le Fanatique – Eric Corbeyran & Michel Suro

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Titre : Le SiĂšcle des Ombres, T3 : Le Fanatique
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Michel Suro
Parution : Janvier 2012


« Le Fanatique » est le troisiĂšme tome de « Le siĂšcle des ombres ». Cette sĂ©rie est scĂ©narisĂ©e par Eric Corbeyran et dessinĂ©e par Luca Malisan. Elle s’inscrit dans l’univers des Stryges comme « Le chant des Stryges », « Le maitre de jeu » et « Le clan des chimĂšres ». Je possĂšde l’intĂ©gralitĂ© des tomes parus dans ce monde et guette chaque nouvelle arrivĂ©e dans les librairies. « Le Fanatique » est sorti rĂ©cemment dans les bacs. EditĂ© chez Delcourt, il est d’un format classique et l’histoire se dĂ©roule sur presque cinquante pages. La couverture nous prĂ©sente le baron d’Olbach en train de fuir un navire en flamme. Pour cela il pĂ©nĂštre dans une espĂšce de sous-marin sphĂ©rique. Il restait donc Ă  se plonger dans la lecture pour connaitre les mĂ©saventures qui arrivent Ă  ce cher baron


La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente la sĂ©rie avec les mots suivants : « 1751. Quelques dĂ©cennies avant la RĂ©volution française, un vent d’idĂ©es nouvelles souffle Ă  travers l’Europe. Un vent de progrĂšs et de liberté  Mais au cƓur de ce siĂšcle des lumiĂšres, la dĂ©couverte d’une Ă©trange mĂ©tĂ©orite Ă  l’autre bout du monde ravive de vieux antagonismes. Au service du cardinal d’OrciĂšres, Cylinia et Abeau de Roquebrune se lancent alors aux trousses du baron d’Holbach, philosophe et encyclopĂ©diste Ă©clairĂ©, qu’ils soupçonnent d’ĂȘtre l’insaisissable Sandor G. Weltman. Cette traque se double d’une lutte acharnĂ©e pour la possession de cette pierre aux mystĂ©rieux pouvoirs
 »

lesiecledesombres3aL’histoire se dĂ©roule au dix-huitiĂšme siĂšcle. Il s’agissait d’un des attraits de la sĂ©rie car j’ai rarement lu des aventures se dĂ©roulant Ă  cette Ă©poque-lĂ . L’originalitĂ© est d’autant plus forte que rare est l’insertion du fantastique dans cet univers. Cet apport est savamment dosĂ© et offre une intrigue bien construite. Il me parait assez intĂ©ressant d’avoir lu au moins « Le chant des stryges » pour maĂźtriser les tenants et les aboutissants de la trame. Quelques prĂ©requis m’apparaissent nĂ©cessaires pour maĂźtriser les sous-entendus entre certains des personnages principaux.

« La richesse du personnage prend une réelle ampleur dans cet ouvrage. »

Les deux premiers albums se dĂ©roulaient en grande partie en AmĂ©rique du Sud. On y avait trouvĂ© une pierre aux vertus intrigantes. Les pĂ©rĂ©grinations des protagonistes nous avaient amenĂ© Ă  faire des dĂ©couvertes qui ne laissaient pas indiffĂ©rent. A la fin du prĂ©cĂ©dent opus, il Ă©tait l’heure de rentrer en Europe. La consĂ©quence est que « Le fanatique » se dĂ©roule sur le Vieux Continent. Cet opus se construit essentiellement autour du personnage du baron d’Holbach. C’est assez passionnant pour le lecteur que je suis lesiecledesombres3bpour une raison simple. D’Holbach est un personnage obscur dans « Le chant des stryges ». Il existe parce qu’il est Ă©voquĂ© mais on ne le voit jamais. On a Ă©tĂ© frustrĂ© de ne jamais le croiser pendant des pages et des pages. Le fait de le cĂŽtoyer aussi aisĂ©ment dans « Le SiĂšcle des ombres » fait qu’on est vraiment curieux de tout ce qu’il peut nous apprendre. La richesse du personnage prend une rĂ©elle ampleur dans ce troisiĂšme ouvrage. On le dĂ©couvre en bienfaiteur des sciences vivant pour un idĂ©al humaniste. On partage bon nombre de ses pensĂ©es et de ses rĂ©flexions. On est curieux de se sentir de son cĂŽtĂ© aprĂšs l’avoir considĂ©rĂ© comme un mĂ©chant depuis des annĂ©es. Ce revirement est original et subtilement dosĂ©.

Les illustrations de Michel Suro sont de bonne qualitĂ©. J’ai dĂ©couvert ce dessinateur dans cette sĂ©rie et je ne le regrette pas. Les personnages sont assez classiques mais ils s’avĂšrent assez dynamiques. Je trouve que le trait n’est pas figĂ© et cela correspond parfaitement Ă  cette quĂȘte Ă©sotĂ©rique. Les diffĂ©rents dĂ©cors sont bien construits et on n’a aucun mal Ă  diffĂ©rencier les diffĂ©rentes destinations que nous font dĂ©couvrir ces aventures. Chaque lieu est habitĂ© d’une ambiance et d’une atmosphĂšre et c’est toujours agrĂ©able. Les couleurs sont appliquĂ©es par Luca Malisan qui offrent une lecture agrĂ©able et divertissante.

En conclusion, « Le Fanatique » offre une suite de qualitĂ© Ă  l’histoire qu’on suit depuis quelques temps maintenant. Le scĂ©nario n’est pas diluĂ©. En effet, on apprend toute une sĂ©rie d’informations intĂ©ressantes. Cela donne une dimension plus bavarde et moins active que dans l’opus prĂ©cĂ©dent. Ce changement de rythme n’est pas gĂȘnant du fait de l’attrait des discours qu’on dĂ©couvre. Je suis donc curieux de connaitre la suite pour savoir jusqu’oĂč ira le jeu du chat et la souris entre d’Holbach et ses chasseurs. Mais cela est une autre histoire
  

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Note : 14/20

Le singe de Hartlepool – Wilfrid Lupano & JĂ©rĂ©mie Moreau

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Titre : Le singe de Hartlepool
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Jérémie Moreau
Parution : Septembre 2012


Pendant les guerres napolĂ©oniennes, un navire français navigue prĂšs des cĂŽtes anglaises. A bord, un singe habillĂ© d’un uniforme français fait office de mascotte. La haine de l’anglais est alors Ă  son comble. Ainsi, le mousse, osant chantonner une mĂ©lodie en anglais, se voit jetĂ© par-dessus bord
 Quelques instants plus tard, c’est tout le navire qui sombre suite Ă  un orage soudain. Seul rescapé : le singe. Celui-ci va se retrouver sur les cĂŽtes anglaises, prĂšs d’un village nommĂ© Hartlepool. Les habitants vont alors dĂ©cider de pendre ce Français.

lesingedehartlepool1InspirĂ© d’une histoire vraie (ou du moins d’une lĂ©gende, difficile d’ĂȘtre certain de la vĂ©racitĂ© des faits), « Le singe de Hartlepool » est une vĂ©ritable fable contre la bĂȘtise humain en gĂ©nĂ©ral et le nationalisme en particulier. N’ayant jamais vu un Français de leurs vies, les habitants vont trouver Ă  se convaincre que ce singe est un ĂȘtre humain français. Quitte Ă  faire appel Ă  un ancien combattant sĂ©nile pour trouver des arguments


Les auteurs, Wilfrid Lupano au scĂ©nario et JĂ©rĂ©mie Moreau au dessin, ont dĂ©cidĂ© de jouer le jeu Ă  fond. Ici, c’est une fable. La plupart des gens (ici, de vĂ©ritables ploucs) sont complĂštement stupides et haineux. Seuls certains personnages parviennent Ă  sortir de cet Ă©tat de fait : certains enfants et le mĂ©decin, symbole de culture et donc de tolĂ©rance. Clairement, les auteurs font le choix d’une morale claire et affirmĂ©e et c’est tant mieux.

Le ton de l’album est clairement cynique. L’humour y est fortement prĂ©sent malgrĂ© l’aspect dramatique de l’histoire. On rit souvent, voire mĂȘme de bon cƓur, devant les remarques des villageois. On rit de la bĂȘtise humaine et Ă  la fois, on s’en dĂ©sespĂšre.

« Bien qu’il ne parle pas, le singe est le personnage le plus complexe de l’histoire. »

Notre empathie est souvent requise dĂšs que le singe apparaĂźt. Victime innocente, subissant le courroux d’animaux se revendiquant intelligents, il est le personnage le plus complexe de l’histoire, bien qu’il ne parle pas. Et en cela, c’est la grande rĂ©ussite de l’album. Les auteurs ont parfaitement su retranscrire la dualitĂ© des chimpanzĂ©s. PoussĂ© dans ses retranchements, le singe est bestial, il mord jusqu’au sang, griffe, bref, lutte pour sa vie. Mais il est Ă©galement parfois terriblement humain avec son regard perdu dans le vide. Éternelle victime de l’homme (enlevĂ© Ă  sa famille, puis pendu en Angleterre), il paraĂźt pourtant bien plus humain que ses bourreaux.

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Outre une narration et un ton captivants, il faut avouer que le dessin est l’un des points forts de cet album. J’ai pleinement accrochĂ© au graphisme personnel et expressif de JĂ©rĂ©mie Moreau. Il est en parfaite adĂ©quation avec le propos, sachant se montrer expressif dans les moments les plus ridicules ou plus intimiste dans les passages les plus empathiques. Pour un premier album, c’est d’autant plus impressionnant. Un dessinateur que je suivrai avidement dĂ©sormais.

« Le singe de Hartlepool » est un one-shot de qualitĂ©. MaĂźtrisĂ© de bout en bout sur tous les points, il maĂźtrise le mĂ©lange des genres avec brio. A la fois Ă©cƓurĂ©, amusĂ© et attristĂ©, le lecteur repart avec le plein d’émotion ! 

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Note : 17/20

Tu mourras moins bĂȘte, T2 : Quoi de neuf, Docteur Moustache ? – Marion Montaigne

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Titre : Tu mourras moins bĂȘte, T2 : Quoi de neuf, Docteur Moustache ?
Scénariste : Marion Montaigne
Dessinatrice : Marion Montaigne
Parution : Septembre 2012


J’ai dĂ©couvert le travail de Marie Montaigne Ă  travers son blog. Chacun de ses nouveaux billets Ă©tait un condensĂ© d’humour et de science. L’auteur montrait une vraie capacitĂ© Ă  rendre accessible la biologie, la physique ou la chimie Ă  tout le monde grĂące Ă  un vrai talent de vulgarisation couplĂ© Ă  un ton rĂ©ellement dĂ©calĂ©. C’était donc avec beaucoup de joie que j’avais dĂ©couvert la transcription de son univers sur papier via la parution de « Tu mourras moins bĂȘte – La science, c’est pas du cinĂ©ma ! ». Elle y regroupait toute une sĂ©rie d’histoire dont le point commun Ă©tait le cinĂ©ma. L’ouvrage s’avĂ©rait ĂȘtre de qualitĂ© et a Ă©tĂ© accompagnĂ© dans les rayons d’un honnĂȘte succĂšs critique. En septembre dernier, est sorti le second opus des aventures du docteur Moustache intitulĂ© « Quoi de neuf, Docteur Moustache ? ». Le professeur nous plonge maintenant dans le corps humain. Et c’est loin d’ĂȘtre triste !

Comme dans l’épisode prĂ©cĂ©dent, l’ouvrage se dĂ©compose en une succession de petites histoires tout au long des deux cent cinquante pages. Chacune est la rĂ©ponse Ă  une question telle que « Comment le corps traque les virus ? » ou « Comment ça marche, les rĂȘves ? ». Cela permet de ne pas lire le bouquin d’une seule traite. On peut le feuilleter Ă  tout moment en choisissant une page au hasard. La densitĂ© des propos fait qu’il est dur de digĂ©rer tout l’album d’une traite. Pour la savourer, il me parait indispensable de le lire en plusieurs Ă©tapes. Il ne faut pas voir dans cette remarque une critique. Les dialogues sont travaillĂ©s et une lecture trop longue risque d’empĂȘcher d’en profiter pleinement.

On peut apprendre en s’amusant.

Le fait que Marion Montaigne vulgarise la science ne l’empĂȘche pas de s’appuyer sur des vĂ©ritĂ©s scientifiques Ă©tayĂ©es. Les rĂ©fĂ©rences bibliographiques qui concluent le livre en sont la preuve. Cet album veut donner raison Ă  la thĂ©orie qui dit qu’on peut apprendre en s’amusant. Il est donc Ă  la fois drĂŽle et intĂ©ressant de dĂ©couvrir les rĂ©flexions du cerveau pour reconnaitre les gens ou le quotidien d’un globule blanc traquant les bactĂ©ries Ă©trangĂšres. Certaines anecdotes tendent davantage vers le cĂŽtĂ© universitaire, d’autre vers un cĂŽtĂ© plus graveleux. Mais dans l’immense majoritĂ© des exposĂ©s, l’équilibre science – humour est respectĂ©.

On trouve quasiment une trentaine d’histoires. Elles ne sont Ă©videmment pas toutes d’un mĂȘme attrait. Certaines rĂ©pondent Ă  une interrogation trĂšs dĂ©calĂ©e : « Est-ce grave d’avoir un petit zizi ? » ou « Pourquoi l’ovulation de la femme est invisible ? ». D’autres sont plus classiques mĂ©dicalement : « Comment fonctionne le systĂšme immunitaire ? » ou « Comment le corps traque les virus ? ». Enfin, certaines nous plongent dans l’Histoire auprĂšs d’Ambroise ParĂ© ou d’Aristote. Certains pourraient trouver que beaucoup des propos sont situĂ©s sous la ceinture. Je n’ai pas eu ce sentiment. De plus, il faut se l’avouer, bon nombre des interrogations concernant notre corps sont liĂ©es de prĂšs ou de loin Ă  cet endroit.

Les dessins ne sont pas nĂ©cessairement faciles d’accĂšs. Le trait apparait brouillon et nĂ©gligĂ© Ă  la maniĂšre de celui d’un Reiser. NĂ©anmoins, on s’y habitue rapidement et la capacitĂ© de Montaigne Ă  donner un ton caricatural Ă  ses illustrations participe Ă  la bonhommie de la lecture. Les textes Ă©tant denses, il est important que les dessins ne surchargent pas davantage la page. L’auteur arrive Ă  trouver cet Ă©quilibre en faisant disparaitre tout dĂ©coupage apparent des cases et en se contentant de faire apparaitre le minimum de dĂ©cors utile Ă  la cohĂ©rence du propos.

Tout cela fait que « Quoi de neuf, docteur Moustache ? » un ouvrage de qualitĂ© qui s’avĂšre assez unique dans son genre. AprĂšs le trĂšs rĂ©ussi « La science, c’est pas du cinĂ©ma ! », l’essai est transformĂ© avec ce voyage au plus profond de chacun d’entre nous. Je ne peux donc vous en conseiller la lecture. De mon cĂŽtĂ©, il ne me reste plus qu’à attendre la parution du prochain Ă©pisode. Mais cela est une autre histoire


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Note : 14/20

L’invention du vide – Nicolas Debon

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Titre : L’invention du vide
Scénariste : Nicolas Debon
Dessinateur : Nicolas Debon
Parution : Juin 2012


Étant soumis au vertige, l’escalade est quelque chose qui m’est interdite par la force des choses. Histoire de pouvoir profiter des sensations au mieux malgrĂ© mon handicap, je me suis procuré« L’invention du vide » de Nicolas Debon. Paru chez Dargaud, dans la collection Long Courrier, ce one-shot de belle taille narre l’ascension d’un pic du massif du Mont Blanc par Mummery, Burgener et Venetz. Continuer la lecture de « L’invention du vide – Nicolas Debon »